07/06/2013
03:10:18
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[RP] Sahra' Immaculé

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30 Juin 2006, Sahra' - Région libre



Le hurlement était tel qu'il obligeait une crispation des dents, et ce, malgré le casque aéronautique qui recouvrait les oreilles.
L'air surchauffé crachait une flamme presque continue et régulière, sortant des rainures tout autour du canon. Une foultitude d'étuis de gros calibres se déversaient à chaque détonation comme une fontaine éparse d'alliage étincelante au soleil du Sahra'. La mitrailleuse brutalisait littéralement les bras pourtant musclés de la soldate.

L'appareil entama une rotation autour d'un point au loin tandis que la mitrailleuse continuait son hurlement saccadé de banshee à travers la porte ouverte de l'habitacle passager en dessous et en arrière du cockpit.
Les soldates assises portaient leurs pistolets mitrailleurs pliés entre leurs jambes. Elles étaient ballotées par les appels d'air que subissait l'appareil.


Une officier habillée d’un uniforme bleu marine, portant une chéchia rouge garance aplatie sur la tête, les cheveux nattés en une longue tresse sur le côté, se tenait debout proche de la mitrailleuse. A travers le micro attaché à son casque recouvrant que les oreilles, elle donnait des instructions au tireur. D’une main, le bras et dos courbés, elle tenait une barre permettant de descendre ou monter et de l’autre elle pointait du doigt, surfant sur la plateforme en fonction des pressions exercées lors des virages. Les étuis continuaient de pleuvoir, le souffle et les détonations étaient si intenses qu’elles faisaient vibrer les cages thoraciques et les armes stabilisées entre les jambes. La carlingue, malmenée, chantait de concert avec cette mélodie ténébreuse et léthale tandis que les pilotes ajustaient leur trajectoire.


Un crépitement métallique étouffé cingla la gauche de la carlingue tandis que l’officier redirigeait le tir de la mitrailleuse une fois de plus.

Les cœurs se soulevèrent un instant, sous une forte accélération et les têtes ballotées hochèrent de manière synchrone lorsque l’appareil ralentit sèchement, le nez de la carlingue se soulevant un instant comme un bateau face à une vague titanesque.

Et l’officier se retourna vers sa section et fit un mouvement mécanique du code militaire Althaljir afin de descendre et de passer à l’action.


Tandis que la mitrailleuse fumait par l’ouverture sur leur gauche, les soldats enlevèrent leurs harnais d’un mouvement éduqué et sortirent par la droite de l’appareil.
Sable et poussière virevoltaient, casquettes et chéchias maintenues par une main expérimentée, dos courbés, elles sortirent en trombe et en formation pour former un arc de cercle et presque immédiatement rompirent la formation pour se diriger vers la direction opposée, vers une ferme brutalisée par de multiples impacts et cratères lourds, une façade d’une longère ruinée par les gros calibres de la mitrailleuse montée.
Les pales de l’hélicoptère en forme de cachalot réaccélérèrent et l’appareil décolla de la piste de rocailles qui zigzaguait autour d’un cours d’eau asséché pour gravir une colline de rochers où quelques buissons secs bruissaient à l’unisson et dansaient avec violence.
L’officier avait déjà sauté un muret délimitant autrefois un enclos de fortune. Un cratère noirâtre y séjournait, entouré d’un petit cheptel de chèvres éventrées, et d’où une odeur âcre émanait.
Les tirs de la mitrailleuse plus haut reprirent pour viser au loin.

La section bleue marine sautèrent en une vague élégante pour rejoindre l’officier et déplia les pistolets mitrailleurs d’un mouvement sec et mécanique. Au-dessus un deuxième cachalot passa en trombe, le cri du désespoir hurlant sur les deux flancs, crachant des gerbes vociférantes de mort.


Dans ce chaos organisé, l’officier donna l’ordre de l’assaut.



ILÂH JAMILA !
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01/08/2006, Désert du Sahra'



La fumée piquait légèrement les yeux, mais dans un sens plutôt agréable et régressif, de ces temps où la simplicité d'un feu supplantait aux équipements modernes d'une cuisine ou d'un système de chauffage.

Un petit râlement alors que le dernier amghar, ancêtre respecté, prenait place autour du foyer. Assis sur de lourds tapis, des coussins bordaient l'extérieur du cercle permettant à certains de s'étirer et se mettre dans une position plus confortable. Toutefois la conversion de ce soir ne permettait pas à un relâchement et la gravité du sujet transparaissait sur les visages et les corps et épaules voûtées, pour tendre l'oreille ou picorer les quelques mets traditionnels qui circulaient.

Au-dessus de petites flammes virevoltantes et braises rougeoyantes, les visages avaient perdu les ombres des joues creusées ou cernes de ces longues nuits à réfléchir et veiller. La lumière accentuait néanmoins les rides et les sillons de nombreuses années de rires et sourires dans un Sahra' intransigeant.

Vieux et moins vieux, ils se regardaient, hochaient la tête pour certains. Bien que cette région soit vaste, les communautés se connaissaient et les dirigeants ici présents l'étaient depuis suffisamment longtemps pour s'être déjà rencontrés.



... je n'ai pas peur pour ma part. Est-ce que ça changera fondamentalement les choses ? Oui, et justement, c'est ce que nous souhaitons, pour nos familles, nos enfants et leurs enfants à venir.


L'accent était caractéristique des peuples de cette partie du Sahra'. La voix suave des hommes, une légère vibration non loin de la glotte, les mots étaient doux, littéraires et prononcés avec clarté. Un homme prit la parole à son tour, les yeux dorés, cette couleur qui ne faisait aucun doute sur ses origines.


Selon la Volonté d'Ilâh, nous avons tous le même avis en ce jour.
J'ose aborder le sujet de notre place à la tête de la communauté et je ne pense pas qu'elle changera. Nous ne sommes plus sous l'ancien régime. Les nouvelles générations garderont nos traditions si elles le souhaitent et c'est avec quiétude que nous regardons la mixité culturelle qu'elles ont pu garder à travers les âges. Regardez les Althaljirs d'Ifilku. Regardez les Althaljirs de Tifuzzel. Nos us et coutumes seront respectées, nos enfants auront la chance d'appartenir à une nation débonnaire qui se soucie encore du respect.


Les têtes hochèrent et certains tirèrent sur leurs pipes, en expirant la fumée, pensifs.
Le silence ne rendait pas inconfortable comme pour certaines cultures Eurysiennes ou Aleuciennes. Au contraire, il y avait dans le silence, le respect de la réflexion, un sentiment plaisant de confiance et d'appartenance et c'est ainsi que nul ne dit mot pendant quelques minutes.


Un vieil homme se frotta la barbe.



Notre droit religieux est important. Ilâh ou Allah, les mots et les genres peuvent froisser.
Ilâh est proche, mais tous n'acceptent pas les décisions du passé.




Le silence reprit place. La réflexion était importante. Il y avait un consensus sur la suite, mais ces sujets se devaient d’être articulés une fois de plus afin que rien ne soit omis.
Peu de temps après, un vent plus frais s’engouffra un instant et fit danser les petites flammes, laissant les ombres gesticulaient et se remettre doucement de cette interruption.

Les hommes firent un signe à la personne qui venait d’entrer et la pria de se joindre à eux.
Les salutations se firent avec convenance et la personne s’accroupit et retira le shesh masquant son visage.
La qqari invitée était d’origine d’Asefsaf, région bordant le désert. Celle-ci avait fait de nombreuses rencontres ces derniers mois avec les chefs et amghars afin de répondre aux questions, aux attentes, mais aussi coordonner sur les difficultés rencontrées du fait de la crise sécuritaire précédente de 2005. Cette représentante des institutions Althaljirs avait été un instrument diplomatique essentiel dans la décision qui était sur le point de prendre place, ici, au beau milieu des Terres Libres du Sahra’.
La qqari porta ses paumes de mains au visage et les écarta doucement en salutation Althaljir respectueuse.

Le visage marqué par les années, la grâce et la sagesse ressortaient à travers ses yeux vifs à la couleur dorée.



Qu’Ilâh vous apporte la plénitude intérieure.

La Qari Ijja Shenna vous entend et la Maktaba a répondu favorablement à votre requête.

Votre décision finale sera respectée, quelle qu’elle soit.

L’Althalj ne délaissera jamais les siens et considère tout peuple des Terres Libres du Sahra’ comme des frères, des sœurs ou des Althaljirs.
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L'attroupement de journalistes dans cette petite ruelle exiguë pouvait paraître incongru.

Quartier qarien d'Icemlet, les grosses plaques de pierres lissées par le passage multi centenaire des populations, les rainures de chariots d'autres, les murs en briquettes ocres, les vieilles portes en bois finement travaillées, quelques dorures sur des fenêtres à l'ombre dont les moucharabiés traditionnels représentaient l'excellence de l'artisanat et l'art Althaljir... tous ces détails faisaient penser à une vie d'antan, un reflet nostalgique de l'ancienne vie, certes luxueuse ici même, mais qui disposait d'une image de vie "simple".

Le soleil brûlait et l'ombre de cette ruelle était salvatrice pour tout ce beau monde qui écoutait une qqari au coin d'un mur recouvert de plâtre et de chaux. La qqari, habillée avec des habits traditionnels, aux couleurs d'Ifilku, s'exprimait devant des journalistes respectant une certaine distance et écoutant sans interrompre ; un spectacle qui marquait les esprits des habitués de la mode journalistique occidentale. Et c'est avec discernement que la Femme (l'Homme outre-Althalj) pouvait reconnaître ses capacités d'adaptabilité, car quelques journalistes, portant d'énormes micros et perches arborant le logo de leur chaîne télévisée respective, se muait dans le monde journalistique Althaljir sans en rompre les codes (sauf pour ces logos ostentatoires) et le respect qui incombait à cette situation et à la profession.

L'homme, accompagné de deux femmes de la Murafaqa, cette garde spécifique à la Maktaba et la Sororité, apprécia la scène alors qu'il se rapprochait, marchant doucement sur les pierres anciennes chargées d'histoire. La qqari expliquait clairement les conclusions de la Sororité quant aux mesures prises au premier semestre 2007 afin d'endiguer l'inflation, notamment l'augmentation des taux d'intérêt du Coffre, mais aussi les restrictions imposées par les niveaux qualitatifs et de conformités AG (Althalj Garantie). La qqari vantait un niveau d'exigence en ligne avec les attentes Althaljirs au niveau impact environnemental, traçabilité de la chaine de production et logistique, impact sociétal et économique sur les communautés internationales.

L'homme ne s'intéressa pas au fond de la discussion, néanmoins l'impact environnemental semblait être un point d'orgue auquel son peuple adhérait. Ce qui l'intéressa tout particulièrement était cette scène lui rappelant quelque part les souvenirs d'enfance, de la maîtresse d'école, expliquant dans un silence parfait ce qu'il adviendrait de leur journée, de particularités de leur futur et destin.

Avant d'arriver à la qqari et sa conférence de presse, il s'arrêta face à une porte en métal doré martelé sur la droite. Cette double porte était quelconque en taille, bien que riche en détails et d'une matière noble. Elle donnait sur un bâtiment d'un étage seulement dont les fenêtres ne différaient aucunement des demeures ou bâtisses alentours.
Les femmes de la Murafaqa toquèrent à la porte et un pan s'ouvrit presque immédiatement pour les laisser passer un à une.

La chaleur extérieure fut immédiatement chahutée par une fraîcheur agréable provenant de l'intérieur. Ce dernier était plongé dans une pénombre qui ne dévoila des traits architecturaux qu'à travers l'accoutumance visuelle. Des puits de lumière au fond de la grande salle s'étendait face au trio. L'écho des pas emplit l'espace tandis que le sol était foulé par les chausses et ne perturba aucunement le vibrato d'un chant Ilâhmique. La grande salle était magnifique de par sa simplicité, et toutefois un design complexe permettant le recueillement dans cet havre paisible et esbroufant l'humilité.
Un homme chantait et priait debout face au puit de lumière central, sabre courbé et pistolet ancien à la ceinture.

Guère haut de plafond, l'espace était bercé de traits de lumières, d'une voûte étoilée.




Sans s'attarder ou se presser, les trois personnes passèrent derrière le puit de lumière central par des accès symétriques de parts et d'autres. Le picotement du soleil sur le visage s'ajouta à l'éblouissement prodigué d'un retour à l'extérieur. Les senteurs étaient multiples, les bruissements et piaillements omniprésents. Il n'y avait que peu de rappel au fait qu'ils étaient au coeur de la capitale des Tamurt n Althalj.
Ce jardin aurait sûrement favorisé, à n'en point douter, le courant intimiste des artistes et poètes Althaljirs. Aucune démesure ou grandeur, tout était à petite échelle, voilant la civilisation alentour et ne laissant aux passagers qu'un havre paisible de verdure .Entre les palmiers nains, des fleurs de saisons parsemaient les interstices de pierres anciennes formant un petit ruisseau, un canal de dix centimètres de largeur seulement, clapotant et miroitant telle une lumière divine.


Au fond de ce jardin d'une vingtaine de mètres, qui se révéla être en fait un vaste patio, une petite bâtisse exceptionnelle à bien des égards apparut derrière un immense olivier dont le tronc si complexe ne laissait aucun doute quant à sa valeur historique et son témoignage de l'Histoire Althaljir.
L'architecture Ilâhmique de cette petite "maison" faisait impression avec ses petites colonnes et le travail détaillé du stuc. La diversité des carrelages pastels dessinait la façade, accentuant les alcôves et le pourtour des fenêtres. Ce bijou d'élégance, d'artisanat, rappelait aussi l'expertise Althaljir dans le domaine de la rénovation et avant tout, de la Préservation.




La porte s'ouvrit tandis qu'un autre homme, armé lui aussi d'un sabre et d'un pistolet ancien avec une crosse en ivoire tel un pistolet à silex, les invitait à rentrer.

Derrière les fenêtres et le moucharabié, le soleil illuminait, à travers ce filtre magnifique, une petite bibliothèque, de dix mètres carrés.
Les livres, de différentes tailles et âges, étaient parfaitement rangés sur des étagères et entre des boiseries décorées de dorures et motifs finement travaillés. Le plafond en bois était si bien conservé qu'il était presque impossible de lui donner son âge alors que le style décoratif et le paysage étoilé trahissait l'époque de sa confection. Au sol, un carrelage blanc et marron, formant de larges carrés blanc autour de petits damiers posés en forme circulaire. Sur le côté, une marche en contrebas, un bassin aux carreaux jaunes et bruns invitait à y baigner et laver ses pieds.

Ils n'en firent rien néanmoins tandis qu'un pan du sol en carrelage s'ouvrit doucement et par étape pour former un escalier plongeant dans la pénombre.


L'homme s'en étonna et regarda les deux femmes qui passèrent devant sans hésitation. Elles connaissaient bien étendu les lieux.

La chaleur de l'extérieur, la tiédeur de la bibliothèque et enfin la fraîcheur de ce passage souterrain saisit. Le frisson agréable parcourut l'échine de l'homme tandis qu'il descendait un escalier large en un long colimaçon dont le diamètres faisaient de nombreux mètres. Les marches étaient légèrement creusées par les passages, les parois en briquettes ocres, laissant la place à un grès clair à la lumière provenant des contre marches.

Le tunnel emprunté laissa soudainement la place sur la gauche à un gouffre, une immense grotte souterraine, une légère brise frôlant le visage. L'homme ralentit face à cet espace vertigineux, l'abysse attirant l'oeil, la curiosité, et le corps tel un aimant. Il continua de descendre en se collant au mur central de cette descente en un large colimaçon.
A force de descendre, le colimaçon se resserra tel un escargot, l'abysse noir révélant quelques contours dans la pénombre. Le mur soutenant les marches troqua le grès pour des boiseries comportant des oeuvres d'art, des objets divers protégés par des cloches en verre ici et là, allant d'armes antiques, à une coiffe, un masque Sahranne, un jeu d'échec en ivoire, une robe, une paire de chausses antique en cuir rabougri ou une couronne en bronze agrémentée de pierreries.

En bas, au centre de cet escargot géant, l'abysse noir à gauche devint un mur riche de reliques Althaljirs tandis que l'intérieur de l'escalier laissait apparent un nouvel espace vide bordé d'une rembarde. L'homme fut un peu étourdi de cet échange spatial et se colla cette fois-ci à l'extérieur de l'escalier qui disposait à présent d'un mur plein. L'escargot arrivait à sa fin et ce qui impressionna le plus fut cette immense lumière provenant de la surface au loin baignant avec douceur un grand hall rond.
Il posa le pied sur le sol après la dernière marche et se retrouva dans un espace ouvert, reconnaissant au dessus de lui une partie du colimaçon emprunté avec une multitude de chandeliers et ornements circulaires portant des écritures Alth anciennes, découpées dans le métal ; six grands anneaux suspendus et enchevêtrés au dessus d'un sol blanc dessinaient de magnifiques motifs au sol avec une finesse mathématique et artistique époustouflante.

Tout autour de l'espace, des portes paroles debout face au centre de la salle devant leurs consoeurs assises sur des chaises espacées, la Sororité accueillait cet homme pour la première fois.



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Document interne de la Force Matriarcale Ilâhmique a écrit :

Préambule

Avec l'avènement de nouvelles contraintes sécuritaires et une orientation politique et militaire outre-Althalj, dans le cadre d'opérations Althaljirs, Afaréennes et outre-Afarée, la Force Matriarcale Ilâhmique (FMI) est dans l'obligation de définir une ligne de conduite ou une règle d'engagement de ses effectifs face au danger.

Afin de permettre aux forces de sécurité ou armées de conduire les Tamurt n Althalj vers des objectifs politiques et sécuritaires définis par la Sororité et la Maktaba, le Cardinal Althaljir est mis à jour régulièrement et en coordination avec la FMI.
Les effectifs de cette dernière, soldates armées ou non armées, font face à différents degrés de dangers lors de leur parcours Althaljir. La conduite des effectifs de la FMI doit être irréprochable à chaque instant, véhiculant une exemplarité, mais aussi afin d'être le reflet des objectifs de la gouvernance Althaljir.
La trajectoire du Cardinal Althaljir doit être tenue à chaque instant, sauf dans certaines exceptions prédéfinies, lors de situations elles mêmes exceptionnelles.
"L'effet communication" est d'importance, mais l'intégrité des effectifs armées, de même que les objectifs du Cardinal Althaljir restent des priorités absolues.

Les définitions de "ligne de conduite" et de "danger" sont préalablement précisées dans le Cardinal Althaljir (document officiel de cadre de la Force Matriarcale Ilâhmique officiellement transmis aux Cheffes des Corps de la FMI).


Les trois lignes de conduite ou règles d'engagement

Face aux dangers et aux situations opérationnelles, trois lignes de conduite ont été déterminées au sein du Cardinal Althaljir.
Les effectifs de la FMI suivront ces lignes de conduite strictement, sauf si un ordre militaire permet une flexibilité opérationnelle.
Il est de la responsabilité de la hiérarchie et de la soldate (ou effectif au sens général) d'être au fait de ses prérogatives et de celles de ses subalternes.
Dans le cadre d'opérations armées, les lignes de conduite devront être adaptées et envisagées afin de faire face à toutes éventualités situationnelles de danger ou d'opération.


Almane
La ligne de conduite Almane interdit l'usage des armes léthales, et ce, en toute circonstance et situation opérationnelle.
Cette ligne de conduite induit une préparation des effectifs de la FMI au préalable afin de gérer tout danger de manière adaptée.

Difaei
La ligne de conduit Difaei interdit l'usage des armes léthales, dans la ligne de conduit Almane, sauf dans des situations exceptionnelles :
- Les effectifs de la FMI sont agressés avec l'usage d'armes léthales.
- Les effectifs de la FMI doivent rompre l'Almane pour des raisons sécuritaires, dans la trajectoire du Cardinal Althaljir.
Cette ligne de conduite par défaut au sein de la Force Matriarcale Ilâhmique est constamment révisée afin de mieux clarifier et adapter l'usage des armes léthales dans des situations de danger ou allant dans la direction ou à l'encontre des objectifs opérationnels.

Eudwaniun
La ligne de conduite Euwaniun autorise l'usage des armes léthales dans le cadre du Cardinal Althaljir.
Les objectifs et l'Eudwanium sont précisés en amont si cela est possible.



Les défits opérationnels peuvent changer une ligne de conduite ci-dessus en fonction d'une situation de danger ou d'adaptation des objectifs.
La Force Matriarcale Ilâhmique applique ces règles d'engagement à travers les différents théâtres d'opérations, tant internes ou outre-Althalj.
Les lignes de conduite sont applicables à tout Corps de la FMI, quelque soit les armes, véhicules ou moyens employées. Les "armes léthales" englobent ainsi tout usage physique et psychologique, par un élément ou objet intermédiaire ou non, ainsi matériels et immatériels.



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Le sourire d'Ilah est contagieux.

Chaque mouvement, chaque pas était lent. L'important n'était pas dans la finalité, mais bien dans le cheminement.
La roche avait été polie par les intempéries, mais aussi les passages réguliers et millénaires des pélerins. Quelques pavés d'antan rappelaient le travail titanesque qui fut celui des aïeules.


Les changements de paysages étaient frappants sur l'ensemble de la longue marche.
Sous une couverture nuageuse grise, l'herbe verte et dense laissait peu à peu la place à des rochers gris et des cèdres qui venaient se confondre dans le brouillard nuageux et fantomatique. Dans la brume, les gouttelettes d'eau perlaient sur chaque aspérité des cèdres, comme des constellations translucides dont il ne manquait que le son du riqq afin de les faire tomber par milliers. Cette eau, suspendue, paraissait se purifier aux senteurs de la végétation et de ce bois dont la senteur était si familière. Cette réserve naturelle, presque constante était inépuisable et avait fortement influencé les modes de pensées de la Préservation Althaljir. Soucieuses de disposer de réserves d'eau aux abords du Sahra', les grands projets Althaljirs étaient pour la plupart toujours tournés autour de cette denrée rare et ici abondante.


La marche était longue et grimpait de manière assez rude par endroits, toutefois le chemin était praticable et bien entretenu. Les sons étaient étouffés et c'est dans ce cocon naturel que l'introspection se mêlait à l'effort physique. Ici les pensées étaient vives, l'adrénaline et le coeur battant donnaient le "la" à l'esprit. La nature était belle, s'infiltrant entre les rochers et permettant à une symbiose, un équilibre de se consolider, de s'affiner avec le temps.

Quelques ombres se faufilaient par moment autour de leur passage. Le brouillard était mouvant et se densifiait, pour s'éclaircir un peu plus au grès de la marche.
Le groupe n'y prêtait pas attention, pas pour l'instant. La montagne dévoilait ce qu'elle souhaitait, si cela devait en être ainsi.

Habillées de vêtement chauds traditionnels et de manteaux mi-longs en mailles larges, elles portaient toutes le gris de la couleur de la laine Althaljir et un couvre chef, une sorte de balaklava, de la même matière. Aucun signe distinctif ne ressortait, mis à part sur les moufles dont les couleurs représentaient leur appartenance à une lignée qarienne régionale.

Au détour d'un rocher proéminent où s'attachaient deux cèdres de petite taille, le brouillard se leva sur plusieurs mètres, dévoilant un pan de la forêt de ce rocher majestueux. Toujours enveloppés par le nuage, il n'était pas encore possible de voir le ciel. Les détails de chaque chose toutefois ressortaient avec vigueur dans ces couleurs ternes de vert foncé, de gris rocailleux et de mousses marrons. Toutefois, dans ce paysage détaillé et austère, il y avait une beauté incomparable, un moment de clarté rare qui était aujourd'hui généralement bien futile au commun de l'humanité, plus intéressée par l'atteinte de l'objectif, pressée, impatiente et ignorante de la vraie beauté, tournée vers les convoitises de l'éphémère et du paraître.

Et la montagne bénit les marcheuses.
Au sommet du rocher, assis, les jambes dans le vide, une colonie de singes blonds et roux et fixaient du regard le nuage et les visiteuses, dans un silence solennel.

Après plusieurs heures, les cèdres transperçèrent le brouillard et le ciel bleu apparut, éblouissant et apportant avec lui, le vent, une froidure mordante et un chemin enneigé.
Tout autour la mer de nuages ondulait doucement à perte de vue, s'insinuant entre les pics blancs et gris. Les sommets déchirés de l'Altilal Almujamada étaient le bien le plus précieux de l'Althalj, porteurs d'eau, de fraîcheur, de vie, bouclier naturel face aux malveillances historiques. La cime de la Dorsale Glacée était si éloignée que nulle ne pouvait encore vraiment être certaine que ce qu'elles voyaient en été bien les sommets. La vue époustouflante rappelait la petitesse de la Femme et la grandeur de ce qui avait été façonné, il y a de cela des milliers, des millions d'années, avec violence, avec conviction. Les Althaljirs puisaient leur énergie et inspiration dans ce toit du monde, qu'une once de ce qui était magnifique sur la planète, elles le savaient et se réjouissaient de la possibilité que d'autres populations puissent voir ce qu'elles pouvaient voir et peut être apprécier, ici même.

Au loin, le Temple d'Ilah se dessinait sur un monticule rocheux, comme un promontoire donnant sur la mer de nuages dont les vagues s'écrasaient délicatement sur ses parois verticales.
Le Temple d'Ilah était peu connu en dehors de l'Althalj, presque exclusivement accessible par les différentes institutions qariennes, et aujourd'hui la Sororité et la Maktaba, depuis des siècles déjà.
Les déplacements au sein de ce petit édifice étaient rares néanmoins et cette marche exceptionnelle et difficile permettait de prendre la mesure des décisions à venir.

Le vent se leva et à mesure qu'elles approchaient et montaient les pentes balisées du promontoire, la marée monta et les nuages envahirent les lieux, la brume grise et paisible se transformant en nuit noire et virevoltante de neige et de glace. La furie des lieux laissa place à toutes sortes d'interprétations et la Sororité arriva au Temple d'Ilah, grise mine.





Perché au milieu de falaises, ce nid d'oiseau, aussi rustique qu'il pouvait paraître, était une ode à la majesté d'Ilah. En son sein, boiseries, toiles décorées, tapis et stucs Althaljirs donnaient cette impression d'être aux portes du paradis. La chaleur de l'âtre, l'odeur de graines de nigelle et d'ail, les couleurs du safran et du cumin, les Soeurs prirent place sur un long tapis aux abords d'un feu central dans une large vasque en pierre et y restèrent en silence longuement.

L'Althalj devait anticiper son avenir dans un contexte de tensions internationales grandissantes.
Le succès de l'Althalj en faisait un acteur convoité.
La Bienveillance de l'Althalj déterminait ses futurs engagements, malgré Elles.

Il y avait tant à réfléchir.
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Le vent se leva tandis que le ciel prenait une couleur violacée. De toute part, les cimes des montagnes enneigées habillaient un paysage vierge de nuages.

Le blanc reflétait la couleur céleste, se détachant encore un instant de la pénombre qui engloutissait les Tamurt n Althalj.

Au loin, quelques lumières semblaient se dessiner, rappelant que bien que la densité nationale soit faible, les villages, ou plus communément appelés dawwars (Alth :دُوّارْ), étaient bien présents le long de l’Altilal Almujamada.


En ce jour exceptionnel, la vue était presque entièrement dégagée de l’effet d’évaporation. Les détails cristallins de chaque chose étaient sidérants et les Althaljirs, ici présentes, ne purent retenir ce sentiment d’humilité et de petitesse, et de responsabilité devant un tel spectacle.

Suivant la Salat al-magrib, prière du crépuscule, les Althaljirs, habillées de vêtements chauds traditionnels, restaient assises sur leurs talons dans un silence solennel, tandis que les étoiles illuminaient de plus en plus le firmament.

Vêtements en laine principalement, d’une multitude de couleurs, allant du rouge au blanc cassé en passant par un vert émeraude, les quelques onces de visages apparentes étaient toutes marquées de l’indigo et de henné, en de jolies motifs personnels et familiers.


Le vent fit couler quelques larmes et pourtant aucune ne bougea.


Au même moment, à plusieurs centaines de kilomètres de là, des femmes et hommes, Alnaas Althalj, étaient aussi assis le long des Côtes Brisées.
Dans cette nuit sombre, l’écume des vagues se distinguait dans la noirceur de l’océan, du Golfe d’Emeraude ou du Deltacruzando.

Tout autant silencieuses que leurs consoeurs de l’Altilal Almujamada, les Althaljirs portaient pantalons en toile marron et des vêtements en laine d’un blanc cassé, d’où s’accrochaient de petites perles d’eaux salées, comme d’innombrables stras naturels.

Plus au Nord, là où l’herbe rase est envahie par les vastes étendues de sables, Alnaas Althalj se recueillaient tout autant vers l’Ouest, vers le soleil couché, remerciant Ilahat pour sa générosité pour les Tamurt n Althalj et sa mansuétude vis-à-vis des hérésies de l’Homme.

Par-delà les montagnes à l’Est, sur un navire au large d’Ifilku, les pêcheures contemplaient l’horizon dans des tabliers goudronnés, laissant des bras nus. Au gré de la houle et au clapotis sur la carlingue burinée par les saisons, les Althaljirs coites prièrent pour un retour sans embuches.




A des centaines d'encablures en Mer d'Emeraude,


Les informations récupérées par les services de renseignements Althaljirs avaient engrangé une révision des stratégies et tactiques de la Force Matriarcale Ilâhmique au sein de l’Afarée de l’Ouest, dans les airs… et surtout en mer.

Les forces navales des Tamurt n Althalj n’avaient pas les capacités des grandes puissances actuelles et la FMI avait misé sur une supériorité toute autre en attendant que les avancées technologiques ne deviennent matures et permettent au programme ambitieux de la Maktaba de voir le jour.



« Tactique de dérapage »


L’océan défilait à une vitesse folle. A quelques mètres seulement de la cime des vagues, les carlingues fusaient et semblaient lécher l’eau, laissant dans le sillage une brume se recroquevillant sur elle-même dans un cercle et tube majestueux éphémère.

« En position »

Les pilotes étaient habituées. Voilà plusieurs saisons qu’elles s’entraînaient avec les derniers chasseurs / intercepteurs en date des armées Althaljirs, en étudiant les appareils, leurs moindres lenteurs, nervosités de réaction, résistances, agilités et lourdeurs, sensibilités.

« Simulation activée »

L’affichage tête haute se mit à jour avec une sorte de grésillement et de nouveaux indicateurs apparurent à plusieurs kilomètres à la ronde. Les pilotes ajustèrent divers paramètres sur une console et utilisèrent de nouveaux appareils permettant de mieux afficher les résultats radars de leurs avions, mais aussi en synchronisation avec les appareils terrestres de la FMI.

« Flotte aux coordonnées 49°23S 15°36E, changement de mission reçu et compris. Engagement »

Les deux appareils utilisèrent la gouverne de direction des ailerons arrière pour changer de trajectoire tout en restant parallèle à la mer, laissant le tube de brume se déformer majestueusement sur les flots, formant une courbe, un mur étrange et fantastique.

Le danger était omniprésent.
La vitesse, à une si faible altitude, un faux mouvement ou vent difficile, pouvaient créer un accident fatal à tout moment. Les pilotes gardèrent leur calme néanmoins, habituées à une telle manœuvre, maintes fois répétées.

A quelques kilomètres de la cible, les deux appareils s’écartèrent l’un de l’autre, utilisant la même technique de dérapage avec la gouverne de direction des ailerons arrière.


« Missile d’interception détectée, parée à évader »

Les avions continuaient leurs courses folles au-dessus des flots et commencèrent à utiliser les gouvernes de direction afin de virer tantôt à gauche, tantôt à droite.

«Impact dans 30 secondes »

Un immense feu d’artifice s’éleva sur les flancs des appareils tandis que le missile d’interception fictif n’atteignait pas sa cible dans la simulation.

« Evasion. Cible à 5 kilomètres »


Les Althaljirs continuaient de déraper et de surfer sur l’océan.


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Les chausses résonnaient sur le sol en pierre noble.

Dans la chaleur d'ordinaire étouffante et l'humidité lourde et omniprésente de la saison, ce couloir gardait un semblant de fraîcheur grâce au système d'aération et de réfrigération Althaljir des Sufayrs.

Entre les murs en briquettes ocres recouvertes ici et là de manière artistique ou brute de chaux, des alcôves aux architectures arabiques finement travaillées en stuc étaient entretenues avec soin afin de permettre à quelques oeuvres d'art d'y séjourner et avec le concours de voûtes en dôme inversé d'y emprisonner naturellement l'air chaud de la journée.

L'homme, qui se pressait, portait une foultitude de documents sous le bras, des dossiers recouverts d'un fin tissus, fermés avec des liens en ficelle.
A ses côtés, un autre homme lui ouvrait les portes en moucharabieh en utilisant un passe électronique telle une étiquette bagage en cuir.


"... de l'OMA, sans confirmation aucune à l'heure... à l'heure actuelle..."

L'homme aux dossiers répétaient son discours. Il semblait stressé et prendre la situation comme extrêmement critique, tant personnellement, du fait de l'instant qui allait suivre, que professionnellement.
Le couloir tourna à droite et à travers d'innombrables fenêtres en moucharabieh provenant de l'extérieur, une immense salle baignait d'une lumière diffue où d'immenses tissus en soie pendaient d'un plafond haut, délimitant un cercle intérieur où de multiples coussins et assises basses en bois séjournaient.

Assises en tailleur, derrière les soies translucides et oscillantes de manière paisible du fait d'un ventilateur de plafond doré, les robes et vêtements reposant avec praticité sur les genoux, cinq femmes parlaient en un cercle ouvert.

L'homme avait l'habitude et s'inclina brièvement tandis que la doyenne lui indiqua le coussin libre.
Passant ses jambes sous ses fesses, comme lors de la prière, il remercia Ilâh et distribua les dossiers.


"Notre requête a été envoyée à l'Organisation Mondiale de l'Aviation, dés lors que la situation ne semble pas s'améliorer dans la région cible.
Sans confirmation aucune à l'heure actuelle, nous espérons pouvoir obtenir une décision rapide de l'OMA, dés lors que la sécurité de civils est d'ores et déjà mise à l'épreuve.

La Maktaba a été... ferme... je peux vous l'assurer."

Une qari prit la parole après un rapide coup d'oeil au contenu du dossier.
Elle était connue pour son franc parler et connaissait bien le conseiller. Ce dernier était un homme respecté et avait monté les échelons d'une administration, de la Maktaba, avec diligence.


"Merci Hassan.

Les Tamurt n Althalj, comme vous le savez, prennent très au sérieux la situation en Afarée de l'Ouest.
L'Organisation des Nations Commerçantes n'auront pris le temps de contacter les nations Afaréennes afin de s'assurer de la limitation des conséquences des actions à venir.

Des suites de vos rapports et prédictions précises sur la réponse de l'UNCS, nous nous devons de rester préparer à l'éventualité d'un conflit qui touchera autant les mers, les airs que la terre Afaréenne.

Quelle a été la réponse des organismes d'aide partenaires de l'Althalj ?"


Hassan fit la moue pendant une seconde comme pour bien choisir ses mots et reprit avec un calme opposé à son stress précédent ce briefing.

"Deux ONGs ont compris les enjeux et confirment être en attente.
Human Life Watch, quant à elle, n'a pas souhaité confirmer leur participation du fait d'une grande partie de ses ressources malheureusement monopolisée par la crise du Kodeda.

Le Coffre confirme que les réserves de crise seraient mises à mal si tôt dans la période budgétaire, si la crise du Kodeda venait à s'amplifier.
Il faudra convaincre la Sororité de débloquer des fonds pour l'Althaljisme."


Les qaris de la Maktaba restèrent silencieuses.

La même qari demanda sans conviction.


"Cette partie de l'Afarée de l'Ouest est bien loin afin d'utiliser le budget de l'Althalj Alkabir, n'est ce pas ?"


L'homme porta à sa lèvre supérieure un index comme pour la frotter délicatement et réfléchir un instant.

"Les territoires de Kronos sont... une anomalie Afaréenne, ceci est clair.
Mentionner l'Althalj Alkabir n'est pas forcément limité à une distance géographique bien que l'idylle de notre précepte galvanise les esprits Althaljirs...
... il y aurait toutefois une situation où les organisations de puissances mondiales nécessiteront une clarification de nos intentions."


Imperturbable, elle continua en son sens.

"En effet, les Tamurt n Althalj souhaitent avant toutes choses que cette... autre crise... impacte le moins possible la stabilité et la sécurité des Afaréennes, qu'elles soient Kronosiennes, libertaires, capitalistes ou je ne sais quel paternalisme identitaire. Nous pourrions limiter l'apport de vivres aux frontières, mais nous devons nous assurer que les souffrances seront minimisées."

La doyenne fit un signe de la main et le silence se fit.
Au centre du cercle, de l'encens brûlait lentement, laissant échapper un doux parfum musqué.

La Qari Ijja Shenna affichait un visage bien morne en ce jour. Les craintes liées à ce conflit s'ajoutaient au poids des responsabilités.



"Continuons dans la lignée convenue avec Hassan au premier abord.
L'Althalj n'interviendra pas sur un territoire Kronosien sans son aval bien entendu, de ce fait, nous devrons préparer toutes aides humanitaires à hauteur de nos moyens.


Je veux toutefois être claire sur les vrais enjeux.

La priorité est de préserver la vie.
Ce qui pose problème à l'ordre du jour est l'interventionisme grandissant des organisations de puissances mondiales, tant en Eurysie, qu'en Aleucie et malheureusement en Afarée...

L'Afarée de l'Ouest subit de multiples crises, plusieurs fois l'année.

Les Tamurt n Althalj doivent continuer leur rapprochement avec la Principauté de Cémétie et la République Direct du Banairah afin d'affirmer une instance Afaréenne dans ce genre de situation.

Nulle d'entre nous ne souhaite les prémices d'un retour à l'antan.

Hassan,
Nous vous remercions pour votre travail.
Il nous faudra nous assurer par ailleurs que Fortuna soit bien au fait de nos intentions humanitaires, mais aussi des craintes d'instabilité dans l'Afarée de l'Ouest des suites de l'intervention de l'ONC."



5330
Mai 2011, Territoires Libres Sahrannes


"Après les premières heures des opérations de sécurisation pour les Forces Matriarcales Ilahmiques, la nécessité de se rapprocher de la population et de rationaliser un déploiement a été effectué."


La cheffe joignait le geste à la parole et expliquait avec une locution presque corporatiste et soignée les desseins des Tamurt n Althalj au sein des Territoires Libres Sahrannes.
Elle montra la carte de ces régions proches et lointaines des frontières et, sans aucunes indications précises sur celle-ci, sembla connaître exactement les lieux et points de repères indispensables afin de mener à bien leurs missions, mais surtout à la survie. En effet, la vie au sein de ces territoires désertiques ou extrêmement arides était une course contre la montre pour s'approvisionner correctement en vivre et surtout en eau.

Elle releva la tête et son shesh ne bougea pas d'un poil, convenablement ajusté sur son uniforme, une longue tunique aux manches longues et de couleur sombre. La peau du visage, des mains et poignets étaient maculés d'indigo, des années de sudation et teinte des vêtements traditionnels et efficaces face à la chaleur et le soleil.
Les soldates du groupe étaient éparpillées entre les dromadaires et attelaient leurs montures, faisant bien attention à fixer les outres d'eau sous la selle en bois aux pommeaux élevés et cruciformes de couleur verte et aux ornements et symboles triangulaires sur le dossier.
Les animaux assis avaient un certains âge. Blancs blonds, ils mâchouillaient quelques broussailles en se décrochant la mâchoire, de gauche à droite et droite à gauche dans un roulement naturel impressionnant.



"On part bientôt, finissez d'harnacher les vivres."


Le dromadaire portait tout l'attirail : vivres, eau, équipements et armes si nécessaire.
Les méharistes gardaient toujours leurs pistolets mitrailleurs sous la selle, tandis qu'ils ne quittaient jamais leurs fusils traditionnels, finement travaillés et ornés de marqueteries. Ces fusils longues portée avaient été maintes fois améliorés et ajustés sans que la culasse ne vienne rompre avec l'élégance et l'ingéniosité de l'arme originelle. Encore employé par les troupes de la Force Matriarcale dans certaines situations, les fusils Althaljirs traversaient les siècles, tout comme les dagues longues que toutes portaient sous un pli de leur vêtement.

La marche le matin, lorsque la température le permettait encore, permettait aux animaux de s'échauffer et de ménager leur énergie.
En file Althaljir, les femmes marchaient aux côtés des montures.
Entre 35 et 50 ans, les méharistes n'étaient guère jeunes, car une expérience et maturité étaient des conditions sine qua non de la survie du groupe dans cet environnement hostile, dangereux et sans aucune mansuétude.
Des générations entières de soldates de la Force Matriarcale estimaient le rôle et le statut de méhariste Althaljir et c'est avec un sens accru des responsabilités que l'expertise Althaljir était employée dans les Territoires Libres Sahrannes afin de rassurer les populations, défendre les hameaux et contrer et arrêter le banditisme et les terroristes.



"Soyons claires, les gens qui attaquent les populations du Sahra', ce ne sont pas des musulmans. Un musulman n'attaquerait jamais un autre musulman, c'est écrit, Muhammad ou Jamilah."


La recrudescence de passages de bandits et terroristes nomades à travers les régions Sahrannes avait grandement bouleversé l'Althaljisme et suite au discours de la Qari Ijja Shenna sur la Responsabilité, les Tamurt n Althalj n'avaient pas hésité à sortir les grands dromadaires afin de mettre un terme à l'impunité malfaisante.
L'action Althaljir avait porté ses fruits, toutefois la Maktaba avait misé sur un déploiement à long terme, mettant en seconde phase en avant la sagesse et l'efficacité de ses troupes d'élites. Ces dernières étaient plusieurs centaines à patrouiller constamment dans les vastes Territoires Libres Sahrannes et c'est dans la lignée de la Bienveillance Althaljir que les opérations suivaient leur cours.



"On s'arrêtera à Gwadat pour prendre de l'eau. Il n'y aura plus rien dans le puit de Ouadane en cette saison.

Oui... tout à fait, les terroristes sont autant sous pression au niveau de l'eau que n'importe quel habitant du Sahra'.

Ils cherchent aussi des points d'eau et nous savons quels chemins ils choisiront.
Leurs 4x4 dégagent de la poussière visible à des kilomètres tandis que nous... à part Tusman qui flatule par moment... pas de dégagement de poussière."


La troupe se mit à rire sans ménagement et Tusman eut un sourire satisfait.
Les quelques hommes de la troupe riaient un peu moins ouvertement, néanmoins certains regards avisés auraient remarqué la nette augmentation de leurs effectifs dans toutes les strates de la sociétés et non plus relégués à certains métiers d'hommes... agriculture, élevage. Les soldats hommes étaient ainsi de plus en plus valorisés dans la Force Matriarcale Ilahmique et dans ce groupe le second était Amir, autrefois éleveur de dromadaires dans la région d'Asefsaf.

La cheffe enchaîna en montrant deux petits paquets attachés par des petites cordelettes à l'arrière de sa selle et elle ajouta que les relations avec les habitants et chefs de tribus se devaient d'être entretenues. Certains chefs avaient accédés au cercle de la Sororité depuis la politique d'Althalj Alkabir (la Grande Althalj), permettant à l'extension du cercle de Bienveillance aux populations Alnaas Althalj ou des Territoires Libres Sahrannes. Cette première avait été largement cachée dans un premier temps afin de s'ajuster, toutefois la Sororité disposait à présent d'un système publique d'invitation de ces chefs de tribus outre-Althalj et faisant partie intégrante de l'Althalj Alkabir.

Ainsi les populations de ces régions sous influence et responsabilité Althaljirs étaient considérées comme... des populations Althaljirs.

La cheffe finit son explication, le journaliste finissant de filmer et de prendre des notes.



"Les patrouilles sont de plus en plus calmes. Les terroristes ne daignent plus s'approcher... ils savent que les méharistes Althaljirs ne pardonnent pas."




Troupes Méharistes Althaljirs
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Janvier 2013 - Althalj Alkabir - Territoire Libre Sahranne



Le souffle torride du désert rappelait à toutes que l'humilité était de mise.
A perte de vue, les reliefs rocheux et cette couleur noire d'un basalte qui ne semble pas vieillir, s'amenuiser avec le temps et les effets d'érosion.
Le sable, quant à lui, s'insinuait entre les brèches de ce plateau d'ébène, dont la chaleur si intense remontait sur les visages avec une intensité accrue.

Le doigt pointé vers un relief rocheux brun, épargné par le revêtement basaltique, l'officier désignait la zone avec expertise. Portant la veste bedaïa bleue lapis lazuli traditionnelle surmontant une chemise blanche ceinturée d'un large tissue bleu, débordant sur un sarouel couleur garance, elle avait troqué sa chéchia pour un casque audio avec micro couvrant en partie sa bouche.



- Confirmation du visuel, mise en position de tir !


Le vrombissement des turbopropulseurs se fit moins intense et l'appareil entama un virage opposé à la cible.
L'air s'engouffra par l'ouverture dans le flanc de l'appareil et tandis que l'équipage s'affairait, l'officier se pencha avec un équilibre tout à fait remarquable afin de garder un centre de gravité droit. A travers l'ouverture, le ciel bleu paraissait infini.



- 2 minutes avant position de tir ! .... Reconfirmez le visuel fatat shaba.


L'avion changea d'angle et l'officier se pencha dans l'autre sens. Le désert apparut avec vivacité alors que des monticules de roches brunes y survivaient. L'appareil garda cet angle avec comme point de repère les rochers montrant de nouveaux angles, lentement, à mesure que l'avion tournait autour à plusieurs kilomètres de distance.


- Confirmation du visuel, 1 minute avant position de tir.


Dans cette immensité du territoire de l'Althalj Alkabir, les Forces Matriarcales Ilahmiques protégeaient les Althaljirs et habitants de ces vastes horizons désertiques.
L'intérêt certains quant à la défense des Tamurt n Althalj et une recherche de reconnaissance des peuples ne faisant pas partis des frontières de la nation avaient été la priorité de la Qari Ijja Shenna depuis voici de nombreuses années.
Terrain privilégié pour le passage discret du mercenariat et du banditisme, les différents chefs des populations nomades ou sédentarisées avaient fait appel à Icemlet lors de la crise des Courageux et l'afflux constant d'un opportunisme dont la vilénie rappelait la gravité de la nature humaine.
Le Matriarcat n'avait pas hésité une seule seconde et était sortie de la torpeur nationale, nationaliste et frontalière afin d'embrasser un Althaljisme altruiste et bienveillant.
Cette nouvelle voie, emprunte d'une religiosité, une culture et un état d'esprit largement influencés par Ilah et sa figure maternelle et courageuse, berçait les Tamurt n Althalj et façonnait les nouvelles générations.

Cette préparation à la dure réalité d'un monde délétère, instable et jaloux, devait permettre aux Tamurt n Althalj de parfaire l'oeuvre de leurs aïeules et d'Ilah au Levant.



- Position de tir. Jamilah qawia !


Reprise par ses consoeurs habillées en gris, elles crièrent toutes à l'unisson le nom de la Fille d'Āmina bint Wahb, bénie par Ilah, Elle même, de Sa grâce.


JAMILAH QAWIA ! JAMILAH QAWIA !


Le déchainement de percussions fit vibrer la carlingue et dévier l'appareil qui travailla d'arrache pied afin de se stabiliser sur la cible au loin.
Les projectiles partaient avec une telle puissance que les vérins hydrauliques étaient utilisés pleinement lors de chaque tir, espacés de seulement deux secondes. Le chargeur au dessus du canon laissait descendre les obus avec une mécanique toute huilée et une expertise Althaljir éprouvée.
Les artilleuses visaient et ajustaient.

Au loin, d'immenses explosions engouffrèrent les reliefs rocheux dans un voile de pierres et poussières, masquant la dévastation.

La Force
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