C.A.R.P.E.

Notre conjointement envoyée au Capitaine Ministre Mainio et à la Capitaine Ministre Reima

Chers ministres.

Le Traité de Fraternité signé avec la Listonie remet au goût du jour certains projets jusque là laissés en suspend. Je vous fais donc parvenir aujourd'hui le dossier Musta Polku "chemin noir" envisagé il y a dix ans et désormais rendu possible. Nos services ont travaillé à son actualisation au regard du contexte politique international mais il s'agit là de l'opération hors de notre sphère d'influence la plus ambitieuse de ce siècle. Je pèse mes mots non pas pour y mettre de l’emphase, mais parce que ce projet nécessite tout le soin et les précautions dont je sais capable notre réseau diplomatique et nos services clandestins.

Il s'agit là d'un coup risqué mais qui pourrait sans nul doute nous fournir un avantage absolument considérable dans les prochaines années à venir, sur le reste du monde.

Le projet Musta Polku vise ni plus ni moins qu'à offrir une dimension mondiale à notre capacité de contre-bande jusque là cantonnée au seul territoire du Syndikaali et ses dépendances. Soyons clairs : si une partie conséquente de notre économie repose sur le marché noir et l'implantation de sociétés écrans à l’international fournissant à nos concitoyens des services de contournement de la loi, la mise en place du Chemin Noir démultiplie les possibilités stratégiques et ouvrira à notre nation des marchés jusque là inenvisageables.

Nous sommes en passe de professionnaliser définitivement la piraterie en l'amenant à l'échelle des plus importantes multinationale. L'objectif est de consolider notre réseau afin de permettre à la Merenlävät de rivaliser prochainement avec de petites nations. C'est un travail de long termes, cinq ans sont à peine suffisant pour en poser les bases, en ce sens je ne peux que rappeler la nécessité absolument fondamentale de garder de bonnes relations avec l'Empire Listonien afin de renouveler le traité autant que possible. Cela comprend notamment une intervention rapide dans la région bordant le territoire tryllonien. Mes services sont déjà en train d'établir les bases d'une opération sur place, l'objectif est de reprendre le contrôle total de l'économie de la province pour la rendre au gouvernement Listonien. Il s'agit également d'un message à envoyer au reste du monde : le Syndikaali ne laissera pas une ingérence étrangère autre que la sienne dans ces territoires. Je tiens à informer précisément le Capitaine Ministre Mainio qu'à ce titre nous envisageons d'avoir moins recours à la discrétion que dans d'autres situations, charge à lui d'arrondir les angles derrières selon la doctrine "main caleuse dans un gant de cuir de seiche".

J'attire également votre attention sur la dangerosité de cette dynamique. Les formes les plus visibles de piraterie attirent de plus en plus l'attention à l'internationale, pour pouvons pour l'heure encore compter sur la militarisation relativement anecdotique des autres nations du monde dans le domaine maritime, cela ne sera pas éternellement le cas. Le développement de l'aviation et des technologies radars nous rendent vulnérables, d'où le second aspect du Chemin Noir auquel je reviendrai d'ici peu.

La visibilité que certains de nos concitoyens projette malgré eux sur nos affaires est un problème. Je ne peux qu'inviter la Capitaine Ministre Reima à faire passer le message aux prochains États Généraux de la Piraterie : le développement économique du Pharois Syndikaali à l'international ne sera d'autant plus prospère qu'il se concentrera sur le trafic, le marché noir et la contrebande. A plus d'une raison les crimes de sang et les offensives directes nous semble dépassées dans le monde qui vient et nous conseillons de limiter leur prolifération aux zones que nous cherchons à déstabiliser politiquement et/ou pour leur offrir notre protection.

J'en reviens au second aspect du projet Musta Polku : la généralisation de la mise sur écoute du reste du monde. Il est évident que même les plus grandes antennes relais ne pouvaient jusque là capter très loin des mers du Nord. Désormais nous pouvons installer nos infrastructures au cœur des nations concernées. Cela ne se fera pas sans investissements massifs dans la technologie radar et dans l'installation de réseaux de communication sur place. J'insiste que ce projet ne peut voir le jour sans une participation pleine et entière du gouvernement, charge à vos deux partis de voter ces budgets. Le Chemin Noir est assurément une opportunité de premier ordre, nous devons sans tarder la rentabiliser au maximum.

Dernier aspect : l'asymétrie régionale. Il est évident que selon le contexte, toutes les régions ne pourront bénéficier d'un intérêt équivalent. Je rappelle et j'insiste sur la nécessité de ne pas influencer négativement les régions proche de l'Alguarena ou du sud-Nazum. Le Syndikaali n'a aucun intérêts à se mettre ces géants à dos et nous avons déjà à faire en Eurysie et Afarée. De plus la présence de nos alliés sur place en la nation du Grand Kah et des Eglises Australes Unies nous permet de nous dispenser d'investir trop largement dans ces territoires. Je vous ferai quoi qu'il en soit une description détaillée des propositions de la C.A.R.P.E. au cas par cas.

Pour l'heure, je ne peux encore m'engager plus en avant. Je vous joins à ce texte plusieurs documents dont les prévisions budgétaires pour les cinq années prochaines. Je vous ai fait une fourchette basse, comprenez que plus mes moyens seront importants plus notre capacité d'influence s'en verra renforcée à long termes. Il s'agit d'investissements pour l'avenir, ni plus ni moins.

Enfin, il faudra également traiter du problème de la Fraternité des mers du Nord. Je n'aime pas la tournure des évènements pris en Paltoterra. Il convient de décider si nous soutenons indirectement leur action - et les risques que cela impliquerait - ou si nous nous retirons de la région pour le moment. J'insiste sur le fait que les anarchistes sont difficilement gérables, selon la décision prise une intervention de la Merenlävät pourrait être nécessaire à un moment ou un autre, mais nécessite de garder à l'esprit que toute attaque contre la Fraternité pourrait avoir des répercussions sur la Commune de Kotios et le Liberalintern.

Sujet sensible, nous en rediscuterons.

J'attends votre coup de fil.

L'inflation touchant l'ancienne capitale d'Albigärk a désormais été totalement résorbée grâce à nos derniers investissements dans la province. La ville reste néanmoins absolument dépendante du Syndikaali sur tous les plans, sa production industrielle pure est quasiment inexistante et concerne exclusivement le secteur des services, des sciences et de la culture, tout le reste est importé de l'étranger.

Le Capitaine Ilmarinen souhaite savoir ce que votre ministère envisage pour la suite. Nous avons bien entendu les dernières déclarations des Trois Communs mais il tient à vous rappeler les perspectives d'investissements stratégiques envisagés avant les élections et qui vous ont été transmises lors de votre entrée en poste. Albigärk peut devenir notre rempart culturel et diplomatique aux yeux du reste du monde. Cela ne pourra toutefois se faire sans un minimum de pilotage de notre part, au contraire de quoi Albigärk risque de stagner faute de capacités à attirer à elle les énergies et capitaux nécessaires à son développement.

Je vous rappelle également que le territoire reste contesté et que certaines nations - les Provinces Unies du Lofoten pour ne pas les citer - jouent contre nous la carte d'une annexion inique et illégitime. Chaque investissement réalisé sur place sera autant de façons de renforcer notre contrôle régional, et ce sans parler de la population locale qui pourrait avoir des tentations contestataires voire contre-réunificatrice si la ville ne profite pas du même dynamisme économique que le Syndikaali.

Ceci entendu, nous conseillons dans les cinq ans à venir un investissement minimum de 90 milliards d'écailles pharoises sur ce territoire, principalement attribués au secteur culturel. Cantonner Albigärk au secteur tertiaire est autant un moyen pour nous de développer notre soft power via cette nation écran que de s'assurer que celle-ci reste dépendante de nos importations, et donc de nos décisions politiques.

Veuillez agréer madame la Capitaine Ministre l'expression de mes salutations distinguées,

Faisant suite aux derniers rapports envoyés au gouvernement Pharois, nous confirmons nos analyses : tous les signes semblent confirmer l'implosion imminente de l'Empire Listonien. Les troubles qui touchent la capitale sont plus importants qu'il n'y parait et la communication du gouvernement tente d'en masquer l'ampleur.

Cette note se veut un résumé des dossiers détaillés fournis en annexe, à des fins de délibération politique.


Au regard de nos intérêts vis-à-vis de l'Empire Listonien, nous recommandons la mise en application du protocole d'amortissement.

• Gèle des transferts de fonds vers l'Empire Listonien jusqu'à nouvel ordre
• Mise en place de structures d'accueils et de zones de réception des flux de migration au niveau de la Caprice Coast et d'Albigärk qui risquent de faire office de porte d'entrée pour les réfugiés
• Sécurisation de nos possessions outre-mer et évaluation au cas par cas de nos intérêts au sein du projet chemin noir.

Nous recommandons une reprise des négociations avec la Capitaine Varpu dont la flotte continue de mouiller au Paltoterra. Les forces anarchistes pourraient trouver une utilité en apportant leur soutien à la colonie listonienne locale en échange d'un mandat et d'un soutien officieux de notre part.

Concernant le Syndikaali, la colonie listonienne du Détroit est assurément une place stratégique. Son effondrement pourrait servir de prétexte aux nations voisines pour tenter une manœuvre d'ingérence. Nous recommandons des exercices militaires dans la région afin de pouvoir intervenir immédiatement en cas de nécessité.

Précision nécessaire : en cas de destructuration rapide de l'Empire, les armes produites par celui-ci pourrait venir déséquilibrer nos marchés noirs à court termes, il serait beau joueur de glisser l'information aux principaux trafiquants ainsi qu'à qui de droit, chacun jugera selon sa connaissance des réseaux pharois.

Concernant les provinces nord-aleuciennes, leur faible population empêche toute manœuvre réellement discrète. La C.A.R.P.E. s'adaptera aux décisions du gouvernement sur la marche à suivre concernant cette région où nous avons une petite implantation militaire locale, selon les enjeux évoqués lors de la dernière réunion concernant les menaces de la part des Provinces-Unies du Lofoten à notre égard.

En ce qui concerne notre implantation en Afarée et au Nazum, celle-ci reste limitée. Nous pourrions néanmoins considérer cette occasion pour reprendre contact avec la République du Jashuria qui, si celle-ci souhaite maintenir l'ordre régionalement, pourrait garantir nos droits sur cette zone si nous engageons les négociations.
Nos relations avec le Jashuria sont pour le moment cordiales, renforcées par une jeune génération de cadres issus du projet Universitas qui permet les échanges depuis trois ans à présent. Un rapprochement géographique pourrait être stratégique autant d'un point de vue politique qu'économique et culturel, actant une éventuelle force de projection pharoise aux antipodes de notre métropole.

Même réflexion dans la région de l'Althlaj où nous avons des intérêts financiers, vous ne l'ignorez pas.

Dernière considération sur les deux colonies nord-eurysienne, celles-ci étant très peu peuplées au vu du climat, nous pourrions éventuellement nous imposer sans difficultés, d'autant que les concurrents sur ces zones géographiques sont peu nombreux.

Au vu du contexte géopolitique général, la C.A.R.P.E. ne peut recommander la poursuite du projet chemin noir en l'état actuel. Le gouvernement Pharois doit concentrer son influence dans les régions jugées stratégiques et adapter sa politique migratoire selon les objectifs économiques suivis par le pays.

Veuillez agréer messieurs et mesdames les capitaines et citoyens ministres l'expression de mes salutations distinguées,

Conformément à vos instructions concernant la puissance belliciste que représente la Bundesrepublik Walserreich, nous avons fait un pas significatif dans le projet d'étranglement de ses intérêts. Les premières bases sont posées et semblent solides grâce à deux nouveaux partenaires en Eurysie occidentales : le Royaume de Fides et le Royaume de Bratolia.

Si ces deux nations partagent sans aucun doute des vues, des valeurs et des ambitions bien distinctes l'une de l'autre, elles nous semblent toutefois pouvoir être envisagées comme des partenaires et alliés prometteurs. Chacune possède d'indiscutables points forts et avantages stratégiques les vouant, si leur développement économique se maintient, à devenir d'ici quelques temps des puissances militaires, scientifiques et culturelles conséquentes en Eurysie, si ce n'est majeures. Concernant le Royaume de Fides dont l'élection récente d'un premier ministre social-démocrate nous fait espérer pouvoir renforcer durablement nos relations avec lui, une adhésion au Liberalintern a été mise sur la table. A suivre.

Je vous joins ci-dessous la projection du "lacet d'étrangement" que nous espérons pouvoir mettre en place dans un avenir proche. Entouré de nos amis, la Bundesrepublik Walserreich se verrait amputée de son principal levier contre nous : nous fermer le passage de la Manche Blanche. La multiplication des points de marché noir entre Kotios et la Bratolia, ainsi que le poids économique de nos partenaires devrait à lui seul suffir à la dissuader de toute action menaçante à notre encontre.


Veuillez agréer monsieur le Citoyen Ministre l'expression de mes salutations distinguées,

Conformément à votre demande, le maire de Port-Hafen, monsieur José Esteban, a été contacté. Au vu de l'influence économique du Syndikaali sur cette région, il n'a pas été très compliqué de le rallier à nos vues en jouant d'un chantage aux flux commerciaux et aides financières. Le cas échéant, un budget pourrait être débloqué afin de le soudoyer personnellement s'il venait à faire preuve de plus de réticences. Pour l'heure, José Esteban a néanmoins tout à gagner à collaborer avec le Syndikaali et il le sait. Il n'en reste pas moins qu'il s'inquiète également pour sa réélection prochaine et pourrait faire valoir le sentiment anti-pharois présent chez une partie de la population comme un argument pour limiter ses démonstrations d'amitié et de coopération à notre égard.

Nous recommandons donc d'opérer sans tarder une opération de propagande à destination de Jadis et Port-Hafen pour modérer les ardeurs factieuses et orienter les forces indépendantistes vers plus de neutralité politique.

Veuillez agréer Capitaine Ministre l'expression de mes salutations distinguées,

Pour être tout à fait honnête avec vous, je ne suis pas certain que répondre à ce genre de questions fasse parti de mes prérogatives. A vrai dire, j'ai beaucoup de travail.

Toutefois puisque vous me demandez mon avis, non, je ne pense pas que vous rendre au Grand Kah pour rencontrer Ken Irobutchi soit réellement une forme de détournement de fonds publics. Le budget alloué à votre ministère prend en compte ce genre de largesses et vous savez aussi bien que moi que la notion de "corruption" n'a pas vraiment de sens au Syndikaali, la moitié des notes de frais du Parti Pirate servent à financer je ne sais quoi.

Notez d'ailleurs que si le bon usage des budgets de l’État vous préoccupe réellement, mobiliser les services secrets pour répondre à vos questionnements éthiques n'est pas exactement une manière orthodoxe d'utiliser la puissance publique. Il existe d'excellent professeurs de philosophie morale à Albigärk, je vous ferai une liste.

Si vous me permettez toutefois un conseil mon garçon, détendez-vous un peu, votre boulot est déjà suffisamment stressant comme ça, croquez la vie à pleine dents. Les électeurs savent pertinemment que vous n'allez pas sauver le monde à vous tout seul, c'est bien pour cela que le gouvernement a si peu de pouvoir dans notre pays.

L’émergence de l'Oligarchie de Nakenberg nous oblige à revoir nos plans vis-à-vis du Walserreich. Leur proximité géographie et culturelle est en soit une épine dans note pied et pourrait, à l'image des rapprochements que nous savons avoir été initiés avec la Confédération impériale kaulthique, voir émerger à termes une superpuissance germanique et libérale, contraire à nos intérêts.

Pour l'heure, je ne peux que conseiller d'initier l'infiltration des loges maçonniques qui composent cette nation, l'organisation pyramidale et cryptique du pouvoir au Nakenberg est autant un obstacle qu'un avantage dans cette entreprise, puisque le culte du secret facilite l'intégration de corps étrangers dans ce système. Néanmoins, nous peinons encore à saisir l'étendue des ramifications de cette organisation.

Pour l'heure, les orientations progressistes - je mesure mes propos - du Nakenberg semblent un excellent lieu de tension avec le Walserreich, connu pour ses penchants conservateurs et autoritaires. Nous pensons qu'en négatif, un rapprochement avec le Syndikaali est possible et pourrait parachever l'opération "lacet d'étranglement" qui se poursuit par ailleurs, indépendamment de notre influence au Nakenberg.

Je recommande à ce titre l'ouverture d'une nouvelle agence sur place.

Veuillez agréer Capitaine Ministre l'expression de mes salutations distinguées,

A l'heure actuelle, rien ne semble pouvoir accréditer une telle thèse. Si le Capitaine Mainio et le Parti du Progrès ont réellement favorisé la nomination de Vorpenko, ils l'ont fait sans l'aide de la C.A.R.P.E. cela je peux vous le garantir. Je sais que votre formation politique soutenait Zakharov mais tout porte à croire pour l'heure qu'il s'agit d'un coup du sort, ou d'une intervention étrangère, quoiqu'aucun signes n'aillent dans ce sens non plus.

A l'avenir, je ne peux que vous conseiller d'envisager des opérations plus intrusives en Lutharovie, si y voir survenir certains "évènements" vous tenait particulièrement à cœur.

Au demeurant, je me permets de vous demander vos instructions quant à la stratégie de défense pharoise vis-à-vis de la Lutharovie. Certains s'inquiètent pour nos intérêts à Merengrad et redoutent que Vorpenko ne se lance dans des projets inconséquents afin de rassurer sa base militante en leur envoyant des signes d'isolationnisme. Quelle que soit votre décision, je me permets de vous rappeler qu'aucune stratégie n'est inenvisageable à ce stade, y compris les plus radicales. Vos manœuvres avec Zakharov vous ont attiré la sympathie de la faction communiste la plus démocrate du PCL, nous pouvons si nécessaire nous appuyer sur leur soutien.

Si un tel contre-pouvoir existait au Syndikaali, la puissance de l'Etat se retrouverait concentrée dans un nombre beaucoup plus limité de mains, vous pensez bien. De telles structures de l'ombre sont typiques du fonctionnement des pays autoritaires, ce n'est pas pour rien que la C.A.R.P.E. travaille avant tout à l'extérieur, les services secrets pharois n'ont jamais eut vocation à faire du contrôle politique. Je vous invite à ne pas sombrer dans la paranoïa et à vous reposer. Il n'y a pas d'agence dans l'agence.

Capitaine Mainio, puis-je vous dire un mot ?

L'infiltration des cercles proches d'Edmundo Estrella m'a permis de considérablement mieux mesurer l'entrisme dont ces derniers ont pu faire l'objet par le Parti Pirate. J'ai pu assister à des conversations que vous jugerez sans doute... intéressantes. Il semble qu'on vous craigne, Capitaine, mais qu'on craigne également le Parti Communiste, et qu'on redoute une alliance "contre nature" des forces autoritaires. Si les pirates se font discrets sur la scène politique ils avancent leurs pions néanmoins.
Comme pour beaucoup de Pharois, la montée en puissance de notre pays est perçue comme une opportunité aussi bien qu'un danger, les équilibres du XXème siècle s'écroulent les uns après les autres et toutes les factions semblent craindre le coup de force. Porto Mundo sera "la base arrière, dans la base arrière", en d'autres termes, si une puissance autoritaire venait à tenter de prendre le pouvoir (vous faites partie des suspects), Porto Mundo pourrait servir de bastion le temps de rallier la flotte pirate éparpillée à travers le monde. Le Parti Pirate a complètement infiltré l'entourage d'Estrella et certains de ses plus proches conseillers sont les petites mains des capitaines Nooa et Reima. Il semble également qu'Eero "trois putains" joue depuis plusieurs mois de ses bonnes grâce auprès d'Estrella pour détourner une partie du commerce depuis les autres ports libres jusqu'à Porto Mundo et les entreprises où il possède des parts.

La concentration de nos forces militaires à Porto Mundo est un coup à double tranchant, elle peut autant nous permettre d'agir vite contre Estrella et sa cour, comme nous couper d'une partie de nos troupes en cas de manœuvres politiques, ou militaire dans le Détroit. Je vous laisse en tirer les conclusions de votre choix. S'il m'est toutefois permis une remarque, la Capitaine Hannele semble parfaitement comprendre les enjeux autour de la base d'entrainement et elle a à plusieurs reprises confondu des tentatives un peu grossières d'Estrella pour orienter la situation dans un sens qui lui était favorable. Le maire n'en a pas pris ombrage et ils jouent aux échecs ensemble une fois par semaine à présent, impossible de savoir ce qui se dit lors de ces entrevues, il faudra demander à la Capitaine en personne pour le savoir, ou la mettre sur écoute.
Quoiqu'il en soit, elle peut tout aussi bien être un agent important à Porto Mundo, comme une sacrée gêne pour nos affaires, si elle se prenait de se rapprocher du camp d'Estrella. Vous savez vous même comme ce genre de chose peut arriver rapidement, quand on est amené à se fréquenter régulièrement.

Pour ce qui est d'Estrella, le bougre ne semble pas dupe. Du moins il s'amuse publiquement de la présence d'espions pirates à ses côtés. J'ignore cependant dans quelle mesure il a connaissance de l'ampleur du réseau qui l'observe. C'est un fieffé paranoïaque, mais pas un idiot, par ailleurs la faction pirate est poreuse aux tentations, il ne serait pas absurde de penser que si Estrella surenchérit, certains des infiltrés du PP deviennent des agents doubles. Bref, c'est un panier de crabe.

Me concernant, je ne vous cacherai pas qu'il a ouvertement émis des soupçons à mon sujet, mais Estrella suspecte tout le monde. Il s'est également entouré d'aristocrates listoniens déchus, de la petite noblesse manifestement, et de bourgeois locaux qui ont déserté l'Empire de manière plus ou moins implicite. Là aussi, difficile de savoir qui est un espion à la solde de Cortés, je tâcherai d'approfondir tout cela dans les prochains mois, néanmoins je sollicite auprès de vous une augmentation du budget de mon agence afin de soudoyer certains des Listoniens pour garder un œil sur "l'autre camp".

Concernant les plans d'Estrella lui-même, ils sont difficiles à deviner. Son attitude change souvent d'un jour à l'autre et il lui arrive d'annoncer publiquement des mesures avant de faire l'exact inverse ensuite. Je le soupçonne de chercher à nous embrouiller et à tester notre fidélité. Une chose est certaine, la constitution d'une force armée autonome était une étape centrale de sa stratégie. Néanmoins il est impossible si celle-ci est imputable à un plan plus large ou à sa simple paranoïa qui le fait se méfier des officiers Pharois.

Edmundo Estrella s'est entouré d'un nombre considérable d'opportunistes et de pic-assiettes. La plupart sont des bons à rien ou des contrebandiers de seconde zone venus gratter le gîte et le couvert. D'autre sont plus dangereux, outre la présence d'Eero et des intimes du Parti Pirate, monsieur Jorge de Santacrucia, le chef du Front Impérial National, n'est pas sans inquiéter. Il y a un risque d'alliance ethnique et même si je crois comprendre qu'Estrella a du mépris pour de Santacrucia, il pourra chercher à se servir de lui pour peser dans le jeu politique pharois aux prochaines élections. Veuillez également noter la présence d'Eeriki, notre amie commune, et celle d'Antonio Mantigar. Je vous laisse en tirer les conclusions appropriées.

Un dernier point pour conclure : deux militants opposés à la politique d'Estrella ont disparu la semaine dernière à Porto Mundo. Je sais que les violences physiques peuvent parfois faire partie intégrante du jeu politique pharois mais elles sont à prendre plus au sérieux lorsqu'elles émanent des Listoniens. Les imépriaux n'ont pas la même culture que nous, il ne s'agit pas de banales intimidations entre factions rivales. Je vous conseillerai de mobiliser une équipe de garde-côtes sur cette affaire, vous pourriez obtenir quelques billes contre le maire. Leurs noms sont Gabriella Marquez et Guilherme Vasco.