10/07/2013
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Le Roi et le Pharois

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Le soleil se couchait sur le gigantesque port de Pharot et les lumières de la ville et celles des navires dans la baie se renvoyaient comme deux mondes des éclats de phares et de lanternes. Le port du sud de la ville avait toujours été plus plaisant que celui du nord, on y trouvait de grands navires de croisière et ceux, destinés aux plaisirs, mouillant aux docks accueillaient le monde de la nuit. Le Pharois est un endroit calme, sur la terre ferme, presque endormi semble-t-il parfois. C’est que les activités se déroulent en mer et au large résonnent les musiques des bateaux-guiguettes et les rires et les chants des navires-casinos, bordels ou juste de volumineuses boîtes de nuits flottantes dont les différents ponts tracent à l’horizon des fêtes en escaliers.

Sa Majesté du Royaume de Altis, Huxoss Ier, son ministre des Affaires étrangères, monsieur Mihalis Spinos, ainsi que leurs équipes diplomatiques avaient rapidement été reçus par le Capitaine Ministre Mainio et le Doyen Pêcheur à l’aéroport de Pharot où, après le protocole d’usage, on avait invité la délégation altos à prendre un hélicoptère qui les avait mené jusqu’à un navire diplomatique.
C’était un grand bateau noir, d’une élégante sobriété qui, sur les eaux sombres, disparaissait presque entièrement, à l’exception des guirlandes multicolores qui en dessinaient les formes dans la nuit.

Il y avait là beaucoup de beau monde, la plupart des ministres du Syndikaali en vérité, sauf le Capitaine Nooa, ministre du Parti Pirate, qui n’appréciait guère la royauté et avait prétexté un déplacement dans les stations libres pour s’éviter la soirée.

Les navires diplomatiques Pharois ne se destinaient pas à la haute mer. En fait, celui-ci n’avait jamais quitté le port, bien qu’il aurait pu en théorie, si ce n’est au moment de faire le trajet depuis Helmi, lieu de sa conception. A dire vrai, l’Elegantti – c’était son nom – avait plus été conçu comme une sorte d’île artificielle qu’un véritable bateau de transport. Son pont avant, le principal, avait l’étendu d’un terrain de football et les deux ponts supérieurs où la vue était magnifique de jour s’élevaient dans le ciel comme de larges tours qui surplombaient la baie.

- Des appartements royaux sont alloués à Sa Majesté et sa suite, directement sur le navire, expliquait benoîtement le Capitaine Mainio. « Bien entendu si vous désirez vous rendre à Pharot ou même ailleurs au Syndikaali, vous y serez les bienvenues. »

Aux côtés du bedonnant capitaine, le Citoyen Ministre Sakari qui, aux lumières des guirlandes, faisait terriblement ses vingt ans, ainsi que le Citoyen Ministre Kaapo, la Capitaine Ministre Reima et la Capitaine Ministre Marketta faisaient la conversation avec les différents dignitaires Altos.
Vêtu d’une splendide tenue rouge sang, le Doyen Pêcheur, toiletté de frais, causait d’un ton badin avec le jeune Roi.

- Vous avez de la chance d’être venu de nuit. Le Syndikaali est pareil à une romance érotique avec une catin, mieux vaut l’apprécier de loin, et si possible dans une lumière tamisée.

Mainio se racla la gorge peu subtilement à ses côtés, de sorte de lui épargner un développement plus explicite.

- Nous avons prévu un petit feu d’artifice Votre Altesse. Ce n’est pas grand-chose j’y vois la métaphore des hommages tirés aux canons de l’ancien temps. Ce siècle sera celui de l'ouverture, c'est une évidence, et de ce fait nous travaillons activement à policer notre diplomatie. Après tout si le sport peut remplacer la guerre dans le cœur des hommes, puissent les arts pyrotechniques se substituer aux armes, nous avons tous à y gagner.

Sakari, lui, rôdait autour du Roi, manifestement intrigué.

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Le Doyen Makku et le Capitaine Ministre Mainio, huile sur pixel.
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Les invités étaient accueillis par le Capitaine Ministre Mainio et le Doyen Pêcheur, qui avaient pris soin de les recevoir dans les règles de l'art. La délégation altos était composée de Sa Majesté Huxoss Ier, de son ministre des Affaires étrangères, monsieur Mihalis Spinos, et de leurs équipes diplomatiques. Ils avaient été rapidement emmenés à bord d'un hélicoptère jusqu'au navire diplomatique.
Le bateau noir et élégant, était orné de guirlandes multicolores qui lui donnaient un air de fête. Son pont principal avait la taille d'un terrain de football, et les deux-ponts supérieurs, d'où la vue était magnifique de jour comme de nuit dans cette magnifique baie. Les invités étaient ravis de cet accueil et de la soirée qui s'annonçait.

Sa Majesté remercia le Capitaine Mainio pour son accueil chaleureux et accepta l'offre des appartements royaux à bord du navire. Ils étaient ravis de pouvoir profiter de la vue sur la baie et de passer un agréable séjour à bord du navire. Mihalis Spinos, le ministre des Affaires étrangères, remercia également le Capitaine Mainio pour son hospitalité.
Le début du séjour se déroula dans une ambiance festive, avec de la musique et de la danse sur les ponts supérieurs. Les invités avaient la possibilité de profiter des différentes activités proposées à bord du navire. Sa Majesté et son ministre des Affaires étrangères étaient ravis et impatients de se rendre à Pharot ou dans d'autres parties du Syndikaali afin de découvrir davantage le Syndikaali et ses richesses.

Le Doyen Pêcheur, vêtu d'une splendide tenue rouge sang, semblait très à l'aise en compagnie du jeune Roi. Il causait avec lui d'un ton badin, tandis que les autres ministres du Syndikaali, tels que le Citoyen Ministre Sakari, le Citoyen Ministre Kaapo, la Capitaine Ministre Reima et la Capitaine Ministre Marketta, faisaient la conversation avec les autres dignitaires Altos.

Le Capitaine Mainio semblait mal à l'aise face au discours un peu trop explicite du Doyen Pêcheur. Il se racla la gorge pour lui faire comprendre que ses propos étaient un peu trop crus. Le Doyen Pêcheur se rendit compte de son erreur et changea rapidement de sujet, parlant des merveilles du Syndikaali et de ses richesses.

Le Citoyen Ministre Sakari semblait très intéressé par Sa Majesté et rôdait autour de lui, visiblement intrigué. Pendant ce temps, le Doyen Pêcheur annonça qu'un petit feu d'artifice était prévu pour la soirée, comme un hommage aux canons de l'ancien temps. Il expliqua que le Syndikaali travaillait activement à améliorer sa diplomatie et qu'il croyait en l'importance de la paix et de l'ouverture. Il espérait que les arts pyrotechniques pourraient remplacer les armes et le sport la guerre.

- "Si seulement cela pouvait être si facile" rétorqua Sa Majesté Huxoss Ier.
- "Il n'y aurait pas autant de peine en ce monde, et puis, chaque Homme est différent" rajouta t-il.
- "Enfin soit, je m'égare, profitons donc de ce feu d'artifice" dit-il avant que le spectacle pyrotechnique ne commence et que chacun soit la tête vers le ciel contemplant cela.

Sa Majesté et les autres invités étaient impatients de voir le feu d'artifice et de passer une agréable soirée à bord du navire diplomatique.
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À gauche, Sa Majesté le Roi Huxoss Ier, et à droite, le Ministre des Affaires Étrangère, Monsieur Mihalis Spinos.
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Dans l’immensité noire du ciel, plusieurs gerbes de couleur apparurent soudain, immédiatement suivies du bruit des détonations. On avait beau se trouver au large, les acclamations venues du port et des Pharois entassés sur les quais pour voir le spectacle parvenaient jusqu’au bateau. Le Capitaine Mainio en laissa passer quelques-unes avant de se tourner de nouveau vers le Roi.

- Un poète de chez nous disais « les idées sont comme les horizons, on ne les atteint jamais mais en regardant le chemin parcouru, on réalise qu’elles nous donnaient un cap. » J’aime à croire que nous pouvons nous raccrocher à cela. Lisez-vous de la poésie Votre Majesté ? Je vous en offrirai si vous le souhaitez, il m’arrive d’en écrire moi-même, sans prétention cependant, ma plume n’égale pas celle de nos maîtres.

Comme une chaloupe, la ministre Marketta apparu dans le dos des trois hommes et posant sa main sur l’épaule du Capitaine Mainio, sourit au roi.

- Ces vieux messieurs ne vous ennuient pas trop j’espère ? Ils babillent beaucoup mais oublient d’en venir au fait. Avez-vous évoqué le sujet de la défense navale, mon cher capitaine ?

Le Capitaine Mainio lui offrit un sourire pincé.

- J’y venais tranquillement très chère. Mais il me semble que l’on peut passer une soirée agréable sans devoir tout de suite mettre les pieds dans le plat.

La ministre de la Planification haussa les épaules d’un air mutin et s’en alla glisser vers le buffet.

- Navré pour cela, mais je dois bien reconnaître qu’au-delà du plaisir que nous avons à vous recevoir, et qu’auront les Pharois à visiter votre île – car vous l’aurez constaté par vous-même, le temps ici est rude et l’air est froid – des préoccupations d’ordre géopolitique ont également motivé cette rencontre.

A ses côtés, le Doyen Makku hocha la tête d’un air concentré, le regard toujours tourné vers les bouquets colorés qui explosaient dans le ciel.

- Certaines nations du monde, et le Pharois Syndikaali compte parmi elles, s’inquiètent à juste titre des ambitions interventionnistes de l’Organisation des Nations Commerçantes, un groupe de pays fortement militarisés s’étant à plusieurs reprises arrogés le droit d’intervenir par la force dans des pays jugés hostiles pour en faire tomber le gouvernement. L’un des membres les plus actifs de l'ONC, le Novigrad, se trouve à vos portes et mes renseignements m’ont informé que leur marine militaire avait déjà réalisé des incursions dans vos eaux de manière parfaitement provocatrices.

Il laissa passer une explosion, puis reprit.

- Le Syndikaali est attaché à la souveraineté et la liberté de chacun. Autant dire que les ambitions impérialistes de l’ONC nous déplaisent et nous travaillons depuis plusieurs mois maintenant à offrir à nos amis des garanties politiques, voire du matériel militaire, afin de les rendre capables de résister à des menaces de basse et moyenne intensité. Voyez-vous ces gredins s’attaquent rarement à des ennemis de leur calibre et préfèrent cibler des armées faiblement équipées, comme ce fut le cas au Prodnov. Agitez sous leur nez quelques canons ou une alliance et les voilà qui déguerpissent. Face à l’armée pharoise, leurs troupes n’ont pas osé poser un pied plus loin et leur marine a filé la queue entre les jambes…

Au-dessus d’eux commençait le bouquet final et de nouveau, Mainio se tut, laissant le devant de la scène aux gerbes enflammées. Quand la dernière explosa, des applaudissements se firent entendre, puis les conversations reprirent.

- J’espère ne pas vous avoir gâché le spectacle avec cette sordide conversation. Les temps sont durs, néanmoins et les températures ne vont faire que baisser.

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Alors que la délégation Altos regardait attentivement le feu d'artifice dans ce magnifique paysage, sous les acclamations des Pharois se trouvant sur les quais et étant venu assister au spectacle, le Capitaine Mainio se tourna vers Sa Majesté Huxoss Ier afin de démarrer une conversation.

Après l'avoir écouté, celui-ci répondit: "À vrai dire, cela fait un moment que je n'ai pas lu de poésie, mais avec votre phrase, vous m'avez rappelé pourquoi j'appréciai beaucoup ce genre littéraire. Le sens que l'on peut donner aux vers ou aux proses qui composent celle-ci change tellement des histoires classiques que cela m'aide à m'évader un tant soit peu".
Eut-il le temps de finir sa phrase, que la ministre Marketta apparue dans leurs dos en posant sa main sur l’épaule du Capitaine Mainio.

Alors que celle-ci interrompit la conversation afin de savoir si le Capitaine avait déjà abordé le sujet de la défense navale, on remarqua un mécontentement dans l'attitude de celui-ci.
Après cette intervention, le Roi observa la ministre s'éloigner, puis se tourna vers le Capitaine Mainio, qui s'excusa et décida d'en venir directement au fait.

Le roi hocha la tête en écoutant attentivement les paroles du Capitaine Mainio, tout en continuant de regarder le feu d'artifice se déroulant.
Alors que le spectacle prenait fin et que les applaudissements se firent entendre, la conversation repris.

Le Roi se tourna vers le Capitaine afin d'écouter ce qu'il avait à dire avant de lui sourire et de lui répondre: "Ne vous inquiétez pas, mon cher capitaine. Le spectacle était magnifique. Les temps peuvent être difficiles, mais cela ne nous empêche pas de nous réjouir des petits plaisirs de la vie".
Avant de rajouter: "Pour en revenir à ce que vous disiez, je comprends votre inquiétude face aux ambitions de l'ONC, et je n'en pense pas moins après ce qu'il s'est passé à nos frontières. Il est sûr qu'il faut pouvoir se défendre contre toute menace, qu'elle vienne d'un groupe impérialiste ou d'une autre source. Et j'apprécie fortement que vous mettiez en place des aides pour vos amis afin de les aider à résister face à des menaces. Mais une question me trotte dans la tête, qu'attendez vous en retour de vos amis pour l'aide que vous leur donnez ? Car ce n'est pas contre vous, mais je doute qu'une nation donne, sans rien en retour".
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- Alors, votre Majesté, je vous ferai parvenir quelques livres. Lisez-vous l’italien ? Ou le grecque ? Sinon je vous les ferai traduire, nous avons un département de traductologie et de linguistique à l’Université d’Albigärk qui sera ravis de s’atteler à ce projet contre quelques subventions supplémentaires.

La conversation dériva cependant rapidement vers d’autres rivages et alors que le feu d’artifice s’achevait, le sujet de leur discussion était devenu plus dur, et le vent marin un peu plus froid. Ecoutant le roi s’exprimer quant à sa diatribe, la dernière remarque du monarque fit sourire le vieux capitaine.

- C’est la seule et unique question qui importe, vous avez raison. Quel est notre intérêt ? A vrai dire, nous en avons plusieurs, mais combattre les tentatives d’hégémonie économique et militaire dans le monde est déjà en soit une victoire. Le Syndikaali n’a pas l’ambition d’imposer son modèle aux autres nations, mais nous entendons également que d’autres n’en profitent pas pour le faire. Combattre l’impérialisme revient indirectement à s’en protéger et à œuvrer pour la paix des siens.

Un serveur se présenta à eux et Mainio attrapa une coupe de vin chaud épicé qui fumait dans l’air glacé.

- Il n’y a pas de vignes si haut au nord, nous faisons importer du raisin.

Il porta le gobelet à ses lèvres.

- Pour en revenir à notre intérêt, il dépend aussi de vous et des liens que votre nation serait disposée à nouer avec la nôtre. Le Syndikaali dispose déjà de plusieurs ports francs où les taxes sont réduites pour les marins Pharois, et également de bases militaires à travers le monde, d’où nous opérons en partenariat avec nos hôtes pour défendre leur zone économique exclusive. Vous savez qu’une flotte miliaire, même de défense est coûteuse et les chantiers navals du Pharois produisent parmi les meilleurs navires de guerre. Si cela vous semble trop ambitieux, nous pourrions négocier un droit de mouillage dans vos ports, et si vous le souhaitez, divers partenariats économiques et politiques, à commencer par des échanges universitaires.

Maintenant, c’étaient les lèvres du capitaine qui fumaient quand il parlait.

- Je l’ai déjà exprimé mais l’île d’Althis est stratégiquement situé au cœur de la Leucytalée et nous serions prêts à y investir afin de renforcer notre présence économique dans cette région du monde encore un peu éloignée de la nôtre. Relier les routes commerciales du nord avec celles du sud ferait notre prospérité commune, sans aucun doute.
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