25/06/2013
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Origine et histoire du canal de Sever

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« Miracle du socialisme réel » ou « charnier noyé », le canal de Sever est une part controversée de l’histoire de la République Populaire de la région du Prodnov.


Lors de sa transition autoritaire en 1864, la région du Prodnov est une des plus arriérée d’Eurysie. Forte d’une histoire féodale importante, elle n’en reste pas moins en retard sur la plupart des autres nations du continent, largement agraire et n’ayant jamais opéré sa révolution industrielle. Il faut dire que la première révolution communiste du Prodnov a abouti à une forme de communisme de conseil, largement décentralisé et peu inspiré des théories centralisatrices des Etats modernes. Avantagé par son éloignement des grands conflits eurysiens, la région du Prodnov parvient à prospérer doucement sans opérer de bouleversement radical au niveau de ses structures d’ancien régime. C’est lorsqu’elle doit finalement faire face aux menaces de la Réaction que Sergaireil Manachivré, le Chef Suprême de la république, décide de lancer de grands projets d’urbanisme et d’infrastructures, destinés à faire entrer le Prodnov dans la modernité.

Ce tournant, qualifié par les historiens de « virage autoritaire » met fin au communisme des conseils et aux formes de démocratie des communes pour centraliser le pouvoir à Staïglad, la capitale administrative. En cinquante ans, le pays se transforme à marche forcée. S’inspirant du modèle planificateur des autres républiques populaires de l’Est, la région du Prodnov est divisée en sous-territoire, chacun avec une fonction organique pour l’Etat. La région de Peprolov est alors choisie pour accueillir l’unique port militaire et commercial de la République.

Un problème de taille se pose toutefois : non seulement Peprolov se trouve à XX kilomètres de la côte, mais le village côtier le plus proche, Babaïega, est enclavé dans les marais de Vilka qui bordent toute le littoral. Malgré les difficultés, Sergaireil Manachivré l’affirme : Peprolov deviendra la porte du Prodnov sur l’Eurysie. L’administration n’a d’autre choix que d’obéir et les premiers projets d’aménagement du territoire débutent à ce moment.

Plusieurs propositions arrivent sur le bureau de Manachivré qui choisit la plus ambitieuse : construire un canal à travers les marais pour relier Peprolov au village de Babaïega, transformé en zone portuaire. Babaïega est renommé Peprolov-port dans la foulé et intégré à part entière à la ville de Peprolov dont l’administration en a désormais la charge. La plupart des pêcheurs du village sont mobilisés sur le chantier, ainsi que des ouvriers venus de toutes les régions du Prodnov.

Malgré le talent des ingénieurs prodnoviens, le terrains est très difficile à travailler. Les zones humides menacent de s’écrouler, il faut drainer l’eau des marécage avant de progresser et pour maximiser la vitesse de transport, les administrateurs du chantier imposent de creuser le canal en ligne droite, ce qui impose de passer au travers des obstacles, quels qu’il soit. Pour approvisionner les ouvriers, une ligne de chemin de fer est même construite en amont sur tout le tracé du canal.

Le problème demeure toutefois le même : le chantier manque de bras. Sergaireil Manachivré y voit alors une occasion propice pour expérimenter les débuts de sa politique concentrationnaire.

La réflexion est aussi simple que terrible : en Eurysie, la plupart des nations modernes se sont construites sur l’esclavage, en parallèle de l’exploitation d’une classe laborieuse confinée à la misère. Un traitement terrible mais qui assure à ces nations une main d’œuvre très bon marché, idéale pour les grands travaux d’industrialisation et d’aménagement ayant cour tout au long du XIXème siècle. Le problème du Prodnov et de Sergaireil Manachivré est simple : se revendiquant d’une idéologie socialiste dont les idéaux révolutionnaires sont fondés sur l’égalité entre les hommes et le développement d’une prospérité commune, il est difficile de justifier l’exploitation jusqu’à la mort d’une partie des prodnoviens. Exploitation pourtant nécessaire au rattrapage des grandes puissances industrielles de l’ouest.


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Prisonniers politiques sur le chantier du canal

Sergaireil Manachivré théorise alors l’utilisation des prisonniers politiques et des traîtres – qui abondent depuis le tournant autoritaire du pays – afin de servir de travailleurs-esclaves dans les chantiers. Dans un premier temps, les intellectuels, hommes politiques et activistes opposés au régime sont envoyés sur le chantier de Sever où des baraquement puis de véritables camps de travails sont installés au cœur des marais.
Les conditions de travail au cœur de l’hiver nord-eurysien, la nourriture et les maladies dues à l’humidité constante entraînent un taux de mortalité de plus en plus élevé, ce qui met la masse des travailleurs en tensions, en permanence au bord de la pénurie. Les objectifs de réussite fixés depuis Staïglad ne varient pas, les contremaîtres poussent les hommes à l’épuisement, multipliant les accidents ce qui aggrave le problème. Au plus fort de l’hiver, des rapports du chantier estiment que l’espérance de vie d’un ouvrier en bonne santé est de trois mois. Celle d’un homme malade ou d’un enfant n’est que de quelques semaines.

En véritable ogre, le projet du canal nécessite donc une main d’œuvre sans cesse renouvelée ce qui ira de pair avec le durcissement de la répression au Prodnov. Désormais ce ne sont plus seulement les ennemis politiques déclarés et connus qui sont susceptibles d’être envoyés sur le chantier, mais tous les criminels de droits communs et bientôt même les simples suspects. Conscient que la modernisation rapide du pays s’appuie sur cette force de travail en tension critique, la loi brutalise désormais les individus jugés déviants : homosexuels, minorités ethniques, marginaux, malades mentaux, etc.


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12 octobre 1886, le canal est inauguré en grandes pompes, en présence de Sergaireil Manachivré, alors vieillissant

Long de cinquante kilomètres, le canal de Sever est finalement terminé en 1886, après un an de travaux soutenus. L'ensemble de la voie navigable dispose de 9 écluses, 19 digues, 16 canaux, 7 barrages et 5 déversoirs. La voie ferré existe toujours et longe le canal mais demeure plus modeste et sert exclusivement au transport de personnes.
On estime à cent-milles le nombre de travailleurs prodnoviens mobilisés sur le chantier et à dix-mille le nombre de morts, soit un dixième d’entre eux. Ce massacre resta longtemps tu par les autorités prodnovienne, ressurgissant toutefois au cour de la deuxième moitié du XXème siècle lorsqu’une cartographie des crimes du communisme commencèrent à être établis par l’opposition capitaliste. Les chiffres furent dans un premier temps largement gonflé, estimé à un million de mort, avant d’être progressivement revus à la baisse grâce au travail d’historiens professionnels. Aujourd’hui, la chute du régime dictatorial laisse bon espoir aux descendants des victimes et associations pour la vérités de mettre enfin en lumière l’ampleur des atrocités commises à cette période.

Il faut dire que dès son aboutissement, le canal de Sever fit l’objet d’une intense propagande de la part du régime, présenté comme une « merveille architecturale », « un défi humain et logistique » démontrant la supériorité incontestable du modèle économique collectiviste sur le modèle capitaliste.
Cela n’empêcha pas le canal de Sever de faire tout au long du XXème siècle l’objet de travaux de rénovation, d’agrandissement et d’aménagement, devenant l’un des plus larges canaux eurysien. Souvent comparé au « grand canal » jashurien par les Peprovites qui n'ont jamais voyagé hors de chez eux, le canal de Sever est évidemment loin d’être capable de concurrencer ce-dernier, autant en termes de taille que de trafic maritime. Il demeure toutefois fonctionnel et relie Peprolov-port et Peprolov-centre par voie navigable, aussi bien utilisée pour transiter les marchandises que pour les travailleurs du port qui empruntent la voie ferrée pour retourner en ville une fois leur journée de travail terminée.

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Le canal demeure encore aujourd'hui très utilisé, malgré des signes de vétusté
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