Peu importe comment on s’y prend, mais quelque chose doit pousser à Al Kara.C’est la décision qui émergeait de tout un ensemble désordonné d’interactions qui avait pris place dans le grand système gouvernemental du Banairah. La nourriture devait être faite sur place, et dans la région d’Al Kara. Un jour, l’appareil diplomatique du pays se rendit compte que des chercheurs d’un tout petit pays apprenait à faire pousser des plantes dans une des zones les plus froides de la planète, alors pourquoi pas le désert banairais, une vingtaine d’entre eux se retrouvèrent à Al Kara. Al Kara, pour Sorocan Yisugei lors de son premier jour, était un rêve enfiévré. Les dizaines d’automobiles qu’elle n’avait jamais côtoyé l’avait privé de sommeil, alors, la ville ne lui apparaissait pas comme une destination exotique, mais comme un sol. Un sot sec, craquelé comme un vertisol, l’aspect claire et stérile d’un solonchak, et un écosystème riche de différents humains et de leurs véhicules. Des files de singes qui s’étendait et se rétractait, un écosystème qui aspirait à porter des plantes pour se nourrir de lui-même, et accessoirement de fusion nucléaire.
La première rencontre avec les Banairais se fit à dix heures, pour la première vingtaine de gens arrivés, à l’Université de Tumgao. L’Université était clairement impressionnante. Une université de pierre dont de nombreuses taillées, peintes, décorées, pour faire un ensemble très vif, dont une porte de sept mètres de haut marquait l'entrée. En la franchissant, on arrivait vers une cour intérieure - une première cour - entourée de cèdres, puis d'arches et de hauts bâtiments de briques associant des structures de bois de cèdre. Le centre abritait une grande serre, un jardin botanique plus exactement, où poussaient des plantes tropicales de différents endroits du monde. Les premières phrases officielles d’un banairais, envers l’équipe scientifique shuhe était celle du directeur de l’université : « Au nom de toute l’équipe scientifique et pédagogique de notre humble université, vous êtes les bienvenus ». Simple, mais dit avec une humilité ostensible mettant en valeur la grandeur et le prestige des institutions qu’il représentait, à la grande gêne des chercheurs présents. La suite du processus consista en la visite des principales ailes de l’université. Les logements universitaires permettant de loger confortablement des milliers d’étudiants et qui les logerait à leur tour. Les laboratoires d’agronomie dernier cri permettant de réaliser l’ensemble des mesures sur place. Le restaurant universitaire dans lequel des plats sains étaient garantis. La grande bibliothèque universitaire disposant de livres historiques. Des salles de sport, des cours sportifs (le « sport » était un concept plutôt exotique aux Terres australes, mais qui semblait particulièrement important au Banairah, une chose de plus à apprendre dans les prochains jours), des parcs, des jardins, des plantations, des stocks de graines. Sorocan, dans les faits, rêvassait surtout à l’idée d’arpenter des déserts du Banairah, de s’abriter de tempêtes de sable, et d’apprendre à connaître chaque pierre de la chaîne de montagne qui s’étendait au-dessus de la ville.
Une des cours intérieures de l'université d'Al Kara.
La première rencontre informelle de Sorocan avec une équipe scientifique banairaise se solda par des regards froids et un long moment de silence. Sans s’en rendre compte, elle s’était exprimée en langue thurannie. Elle essaya de dire « pardon » en fouillant parmi les quelques mots de tehak qu’elle avait appris, tout s’embrouillait, mais réussi quand même à dire « merci ». L’occasion de faire bonne impression était passé, et personne n'avait réellement envie de lui parler. Elle partit à la bibliothèque, et comprenant qu’une bonne partie des ouvrages lui seraient inaccessible tant qu’elle ne parlerait pas tehak, se résolut à ouvrir son ordinateur pour y retrouver son guide. Elle tenta de s’exercer à parler tehal à voix basse et à écrire des mots. Elle avait du mal à former des mots, à même écrire, elle s’arrêta, et resta quelques temps sans rien faire. La bibliothèque s’étendait sur cinq étages autour d’un atrium central. Et la quantité de documents historiques qu’elle contenait était difficile à se figurer. Elle ferma un peu les yeux pour se reposer dix minutes, quand elle les rouvrit, la nuit était quasiment tombée, et Ujie, un autre étudiant shuh en agronomie, l’appelait.
« Tout va bien ?»
« Je ne sais pas »
« Les premiers jours à l’étranger ne sont pas toujours les plus agréables, tu devrais rapidement retrouver des repères »
« Tu as vu les labos, et les équipes, et les jardins, ils ont des décennies de travail derrière eux, on arrive et on est sensé trouver des réponses qu’ils n’ont pas trouvé ? »
« Peut-être qu’on aurait des idées qui ne leur serait pas venues en tête avant quelques temps, et qu’on aiderait à accélérer leurs recherches, qui sait ? C’est pour ça que toi et moi on travaille ensemble au départ ! Deux peuples qui mettent leurs idées en commun »
« Là, pour le moment, j’ai aucune idée, je fais des rêves sur les vertisols »
« Ouais, bon on verra bien, c’est un problème pour demain. Enfin, on allait visiter la médina, tu viens ? »
La médina d’Al Kara était une ville à elle seule. Une ville fortement fortifiée, conçue pour ne laisser aucun indésirable entrer, accueillant en son centre les murs d’un ancien fort désormais intégré à l’entrelacs de rues craquelant un tapis d’immeubles traditionnels de briques, de pierre et de bois de trois à huit étages, percé que quelques places étroites. Une des places que l’on pouvait apercevoir sur la carte était l’entrée d’un souk, et une part de marché. Des constellations de lampes parsemaient la rue pour former une voûte lumineuse, éclairer la rue, obscurcir le ciel. Certains marchands n’ouvraient leur échoppe que le soir venu et proposait des dizaines de marchandises qui permettraient à un voyageur itinérant de passer la nuit. La vingtaine de nouveaux venus marchaient de manière désordonnée entre les étals, regardant les dizaines de vendeurs, les centaines de produits d’artisanats, d’aliments, de produits du quotidien et des biens de luxe, la rue, les voûtes et piliers décorés, les passants. C’était marquant ! A Banairah, la rue pouvait être un endroit accueillant, où l’on souhaitait se promener, ou se poser et rester des heures. Personne ne risquait de geler en restant dans la rue.
Al Kara était magnifique ! Chaque rue aurait pu faire l’objet d’un livre pour relater chacun de ses détails, et d’un autre pour en détailler l’histoire, et d’un autre pour chacun de ses habitants. Pour Sorocan toutefois, la ville semblait être profondément perturbé, ses quartiers récents envahis de voitures arrivaient mal à communiquer avec la Médina, et cette dernière semblait être dépassé par le monde qui l’entoure. Elle s’était construite dans les invasions d’adversaires puissants tentant de l’écraser dans leur étau. Elle a résisté, elle a tenue, mais une fois les invasions terminées, la structure même de la ville ne devenait plus qu’un héritage pesant, il fallait construire autour. Elle existait car tout une planète s’était organisée pour qu’Al Kara ne se sente plus dans un désert. Son eau, sa nourriture, et ses équipements étaient transportés à elle. Mais cette ville était en partie née du désert, la médina en gardait la mémoire. Il n’était pas juste de vouloir qu’elle l’oublie. Sorocan et tout son clan devait beaucoup aux Terres australes. C’était un adversaire retors, silencieux, implacable, et extrêmement patient, l’adversaire face auquel il fallait toujours être vigilant, et également celui qui les avait chauffés, nourris et réconfortés quand ils en avaient besoin. Les plus grandes amitiés naissent des plus nobles combats, disait-t ’on chez elle. Le désert et la Chaîne des mortels pouvaient être à leur tour de grands amis, peut-être qu’Al Kara pourrait apprendre à les connaître, et leur faire face dans les plus beaux combats possibles. Al Kara, et chacun de ses habitants en étaient capables. Elle le voyait autour d’elle. Étaient-ils là pour lui fournir les armes ?
Une des rues de la médina d'Al Kara
L’un des deux shuhs qui parlaient Tehak, un afaréen majeq du nom de Khabte, apercevant une porte ouverte et d’autres détails que Sorocan ne voyait pas, proposa d’aller dans le bâtiment et de s’y installer : c’était une maison de thé. C’est Khabte qui approcha le tenancier et commença à lui parler, ce dernier mena toute l’équipe vers la cour intérieure à peine éclairée, et les incita à s’assoir sur des oreillers prévu à cet effet. Il prononça quelques phrases que Khabte traduisit : il demandait qui voulait du thé et s’ils avaient des préférences, tout le monde leva la main, puis Khabte annonça un prix, en bilats d’or. Evidemment Sorocan avait laissé son argent à l’hôtel ! Elle demanda à Khabte s’il y avait moyen de négocier une autre contrepartie, ce qui sembla actionner un déclic chez le majeq. Il demanda à tout le monde s’ils avaient des Bilats d’or sur eux, la moitié des shuhs des Terres australes n’en avaient pas apporté.
« J’aurais dû penser à vous le dire, mais quand vous êtes à l’étranger, ayez toujours un peu d’argent sur vous. La plupart des économies du monde fonctionnent par le biais de la monnaie pour les interactions les plus basiques. Vous voulez boire un thé ? Vous payez ! Un peu de nourriture ? Vous payez ! Vous voulez couper vos cheveux ou engager un avocat ? Vous payez. Il n’y a pas comme à Tumgao ou aux Terres australes d’histoire de réseau de distribution collectif au sein d’un peuple, ou de monnaie locale, ou de ce genre de choses. Le système est beaucoup plus simple : chaque travailleur demande de l’argent pour son travail ! J’ai beaucoup appris sur l’argent à Tumgao, donc pour cette fois, je paie le thé, mais pensez toujours à avoir des Bilats d’or avec vous quand vous sortez ». Ce qui impliquait également que désormais, il fallait également toujours avoir des Bilats d’or en tête lorsque l’on essaierait d’interagir avec une économie. La monnaie ici serait la voix qu’entendrait l’économie banairaise pour des gestes parmi les plus basiques du quotidien. La prochaine consista en discussions entre les vingt chercheurs et étudiants avec un thé fumant dans la nuit noire sous les quelques étoiles de la voûte céleste.
« L’option la plus basique qui me viendrait en tête serait de l’hydroponie et des écosystèmes clos, et on recycle l’eau et les nutriments, mais forcément, il y a des problèmes »
« Déjà, on ne contrôle pas la température, il fait très chaud le jour, et froid la nuit, il faut des plantes adaptées »
« Mais, pour ça, déjà, on a des espèces, et puis la modification génétique est possible là, non ? Ce n’est pas un cas extravagant »
« La solution la plus basique ? C’est facilement le moyen le plus compliqué qui existe ! »
« Disons que c’est comme çà qu’on s’en sort dans les Terres australes, on sait le faire, donc c’est ce qui me vient à l’esprit en premier »
« Dans tout le reste du monde, c’est une méthode compliquée, et chère ! »
« Paradoxalement, je pense que l’activité la plus simple à développer, ce serait l’aquaculture »
« Nonobstant les quantités d’eau que çà implique… »
« Même pas, c’est là l’élégance de la chose : on peut créer un espace clos assez rapidement, et l’eau est un excellent tampon thermique »
« Cà, c’est la théorie, on en reparle avec un peu de littérature sur le sujet »
« Des systèmes agricoles dans le désert, on en retrouve dans une bonne partie des endroits du monde… »
« Souvent, çà consiste à faire des champs en pleine terre et à pomper de l’eau de nappes fossiles, alors non seulement ils épuisent la nappe, mais il se trouve que l’eau est salée, ce qui rends le sols que l’on doit souvent apporter rapidement impropre à la culture »
« Il existe bien d’autres façons de faire, même dans les déserts afaréens, il y a une tradition agricole »
« Chose que je ne connais absolument pas, mais j’imagine que s’ils ne sont pas utilisés ici, c’est que les Banairais ont repéré des problèmes »
« Après, c’est aussi possiblement un problème d’argent, rappelez-vous : il faut des Bilats d’or pour prendre un thé, tout s’échange en Bilats d’or, il faut donc un système agricole qui demande peu de transferts de Bilats d’or, pour que les gens y aient accès »
« A la limite, une monnaie, çà se fabrique »
« Il nous faudrait un économiste ici, mais je crois bien que de la nouvelle monnaie dans une économie, çà fait monter les prix »
« Pas toujours, mais oui, çà peut avoir des dizaines d’effets différents »
« La mécanisation pourrait aider ! »
« Pas si on ne fait pas pousser des trucs en premier lieu »
La discussion agricole souleva de nombreuses pistes, mais ne dégagea aucune piste évidente.
Quartier moderne d'Al Kara
Le lendemain, vers neuf heures, commença le premier véritable jour de travail. Tout programme de recherche commençait par la même chose : essayer de savoir ce qui a déjà été fait sur le sujet étudié. Sorocan et trois autres étudiants, s’installèrent à la bibliothèque. L’étudiant qui parlait Tehak, une Pèlèe du nom de Kaakyire, entreprit de fouiller les vieux registres qui répertoriaient la production et les impôts du peuple pour se donner une idée de ce qui était cultivé dans la région auparavant, les autres cherchèrent à fouiller les publications internationales en français. Il y avait beaucoup d’études, mais des noms revenaient régulièrement. Il était possible d’identifier les équipes d’agronomes banairais. Clairement, l’agriculture était une passion dans ces terres arides. Un problème apparaissait toutefois très rapidement lorsque l’on cherchait à regarder les méthodes : une bonne partie des semences et des outils étaient issu de laboratoires privés qui pour le coup, ne publiaient que très peu leurs recherches. Une bonne partie des savoirs agraires du pays était donc inaccessibles à la plupart des Banairais, ou de leurs chercheurs, à moyen de trouver des employés de ces laboratoire pour les leur expliquer, ce qui pourrait s’apparenter à… De l’espionnage industriel. Sorocan avait commencé à faire de l’agronomie non pas en tant que doctorante, mais biohackeuse, si bien que si les équipes banairaises le permettaient, elle pourrait peut-être faire la rétroingénierie des graines et méthodes agraires des laboratoires privés.
Pendant que les Shuhs faisaient la documentation, plusieurs Banairais s’étaient installés, parmi les tables. L’un d’en eux finit par se lever lentement, et à se diriger vers eux Sorocan la reconnaissait : un de ceux à qui elle avait parlé thuranni la veille. Elle ne se sentait pas nécessairement à l’aise à lui parler, elle pourrait encore gaffer, mais elle avait bien l’impression que lui non plus, donc ce qu’il avait à dire devait être important. Il fit au mieux pour puiser dans son français :
« Bonjour à vous, je m’appelle Quraish, et… On a pas mal discuté hier et, au nom de l’équipe, nous sommes désolés de l’acceuil qu’on vous a fait hier »
« Hier ? Mais vous avez été super sympas hier, tout va bien ! »
C’était Kaakyire qui avait répondu.
« Comment dire… Avec toi, on a été plutôt à l’aise, d’ailleurs je ne savais pas que tu étais avec eux, mais il y en a pas mal parmi vous qui ont l’air… Mongols… Je ne sais pas si ça fait sens… Chez elle par exemple, ça se voit carrément »
Il faisait un signe de tête vers Sorocan.
« On a un vieux truc qui date des invasions mongoles, pour tout dire, il est en théorie possible de condamner à mort quelqu’un qui parle mongol, c’est dire ! Bon, du coup, on apprend de ses parents de ne jamais se fier aux Mongols »
Donc Sorocan, pour un Banairais, incarnait l’esprit d’anciens envahisseurs nomades qui combattaient encore le souvenir de leurs ancêtres ? Son clan, en effet, était encore nomade, se déplaçait de zone en zone en plantant une grande tente collective lorsque venait le temps de se reposer. Son grand-père avait mené des raids, mais contre des Kharin (comme Ujie) et d’autres peuples des Terres australes, les Banairais vivaient à des milliers de kilomètres de là. Ou alors, les Thurannis partageaient un esprit commun avec les Mongols, qui sait. Peut-être étaient-ils en réalité un seul et même peuple !
« Je sais que pour vous, c’est très bizarre, et c’est vrai que c’est un peu con, mais c’est instinctif, même là, j’ai l’impression désagréable d’être en compagnie de deux Mongols… Enfin, c’est aussi con avec les Mongols, ils ne sont pas leurs ancêtres, mais… C’est compliqué ! Pour vous, je pense que l’intégration au Banairah va être très difficile, j’en suis désolé. Au moins, désormais, on est là, si vous le voulez bien, rejoignez-nous cet après-midi ! On va se promener dans la forêt de cèdres »
Ujie répondit le premier.
« Je veux bien, et je ne pense pas être le seul. On est là pour çà au départ. Je viendrais »
« On viendra »
Bibliothèque de l'Université d'Al Kara
Dans la forêt de cèdres, le seul son qui se faisait entendre était les ronronnements collectifs étouffés de l’ensemble des voitures d’Al Kara. Le soleil éclairait la pente entière, le noir des ombres formé par la présence des cèdre cèdres tranchait nettement avec la roche très claire, mais la chaleur n’en était aucunement atténuée. On avait l’impression que les arbres allaient s’embraser. Cela finit par s’immiscer dans les discussions du groupe qui marchait ensemble dans la grande forêt. Que se passe-t’il si la forêt brûle ? On laisse brûler et on évite que çà vienne en ville. Comment on fait si le feu arrive sur un promeneur ? On court très, très vite. Il y avait quelque-chose de presque comique dans cette impuissance des humains face à une forêt qui brûle. Mais le plus important dans cette forêt, c’est qu’elle indiquait l’existence de suffisamment d’eau pour qu’elle y croisse, au Sud, le désert s’étendait ensuite sur des centaines de kilomètres. Si l’on envisageait de l’agriculture, c’était donc, à priori, soit sur la montagne, soit dans la ville d’Al Kara. Sur la montagne, et contrairement à l’erg et au reg, il y avait un sol, et çà changeait beaucoup de choses. A se demander si les problèmes que les Banarais - et désormais les Shuharris - rencontraient ici n’avaient pas été répondus par leurs ancêtres. La marche s’allongea sur tout l’après-midi jusqu’à la tombée de la nuit, ce fut l’occasion pour chacun de se présenter. Quraish était étudiant, et travaillait sur la formation de cultures dans des zones ombragées. Il était né et avait grandi à Al Kara, et avait décidé de faire de l’agronomie car il considérait que c’était ce dont son pays avait le plus besoin, et il tenait à ce que des intérêts étrangers ne viennent pas compromettre l’unité de la Nation. A côté de ça, il faisait de l’athlétisme, et avait même participé à des compétitions nationales, écrivait de la poésie qu’il lisait avec des amis certains soirs de fête, et il avait une sœur qui avait rejoint l’armée. Ce qu’il trouvait le plus étrange chez les Shuhs, c’était leur tendance à se décrire comme étant partie de différents peuples plutôt que d’une nation shuharrie, on ne parlait pas d’ethnie au Banairah, et ce qu’ils appelaient des « étiquettes » n’étaient pas très appréciés, l’état en revanche, incarnait bien plus qu’une institution, c’était leur terre, leur héritage,
Ben Bahè. Et cette forêt, et ce désert, c'était chez lui ! Il les aimait !
Forêt de cèdres sur la Chaîne des Mortels
Dans les jours qui suivraient, viendraient encore une quarantaine de Shuhs, pour une soixantaine finalement et pour cette première étape. Viendrait une grande élocution, ou quelque chose dans le genre, puis le travail commencerait. Personne ne savait ce qui les attendait.