09/07/2013
15:01:57
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Rencontre entre deux frères liés par l'histoire, [Finnevalta - Pharois] (Terminée)

Mme Pokka, toujours vêtue de sa longue veste en laine, caressa du regard la vue offerte par sa résidence présidentielle sur les toits enneigés de Paasilinna. Elle inspira profondément l'air glacée du nord, ferma les yeux et commença sa petite séance de méditation du matin. Elle inspira, expira, inspira, expira... Ses mains, poser sur le rebord du balcon, commençais à se frigorifier et c'est à ce moment-là que la présidente Finnevaltaise avait l'habitude de commencer ses journées d'hiver. Cette journée est néanmoins très différente des autres, en effet, aujourd'hui, elle allait accueillir, non pas seule, sur la terre de son peuple, peuple qui la désigner pour le dirigé le mieux possible, la délégation des frères Albiens du Pharois Syndikaali. C'est avec des pensées plein la tête, une excitation démesurée, qu'elle stoppa sa routine matinale pour se consacrer au sujet du jour.
Elle s'adressa à sa styliste :

- Eliya !! S'exprima la présidente de façon très autoritaire.
Je souhaiterais disposer de mes plus belles tenues, soit une longue veste bleue en laine, et mettez celle que j'ai là à laver s'il vous plaît Eliya, un pantalon ample noir, un petit chemisier à rabat noir ainsi que des talon aiguille noire s'il vous plaît Eliya. L'occasion de cette rencontre pour notre pays est infiniment importante, aucun détail ne doit être laissé au hasard...

Une fois habillé, d'une beauté absolument effarante, Mme Pokka descendit de ces quartiers, toujours accompagner de ces gardes du corps, pour vérifier par elle-même que la résidence soit parfaitement convenable pour l'arriver des prestigieux invitées. Elle se rendit aux loges où la délégation Pharoise sera logée, elle se permit même de faire elle-même des petits ajustement de literies, de décorations et de dispositions des meubles. Le perfectionnisme de Pasi, peut, à certains moments lui faire défaut, mais aujourd'hui, la perfection était exigé, alors ce défaut devint une qualité inestimable pour une si haute représentante qu'elle. Va s'en suivre une arrivée de la présidente aux cuisines de la résidence qui tournait à plein régime. Elle se contenta d'encourager le personnel avec un petit discours improvisé, accueilli avec admiration par les employées... Les qualités d'oratrice de Pasi n'étaient plus à démontrer. Par la suite, elle se rendit dans la salle où les invités seraient reçus, une magnifique salle de réception avec un somptueux parquet en chêne, des murs rouge vermillon, une élégante cheminée ainsi que toute sorte de décoration rocambolesque toute aussi belle les unes que les autres.

salle

Elle y retrouva les ministres qui devront la suppléer dans sa tâche, Elina Liikanen, une des cinq ministres des affaires étrangère, Reino Juhola, un des cinq ministres de la démocratie et Lennart Karttunen, un des cinq ministres de la mer. Elle les salua convenablement, ils firent de même et ils partir finalement dans le nouveau port de Paasilinna fraîchement construit, où la délégation Pharoise allait arriver...

- Elina Liikanen : Mme la présidente de quel sujet va-t-on parler aujourd'hui avec nos homologues ?
- Pasi Pokka : vous savez très certainement très cher, que cette rencontre est de la plus haute importance, et, par conséquent, le plus de sujet possible devrons être abordé : de sujet politique, économique en passant par l'éducation, la santé, l'armée ainsi que les services secrets. Sans oublier le transport, la recherche, la police, enfin bref un rapprochement général entre nos deux nations...


Aussitôt parti, aussitôt arriver, la délégation Finnevalt arriva au port et attendit patiemment la délégation Pharoise...
Retrouvailles en noir et blanc

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C’était peu dire que le projet d’Union Albienne battait de l’aile. Les nations de la péninsule demeuraient terriblement instables pour la plupart d'entre-elles, et des signataires du traité il ne restait plus grand monde aujourd’hui. Le Finnevalta faisait exception, mais les terribles événements survenus sur son territoire l’avaient isolé pendant plus d’un an, et il fallait désormais recoller les morceaux.

Ce n’était rien de moins que l’avenir de cette alliance diplomatique qui se jouait désormais, aussi chacun des trois partis formant le gouvernement pharois avait envoyé l’un de ses ministres.

Le Capitaine Mainio (à droite) représentait bien évidement le Parti du Progrès, la faction libérale du Syndikaali. La Capitaine Reima, (au centre), avait été désignée porte-parole du Parti Pirate, le camp anarchiste. Enfin, le Citoyen Sakari (à gauche), portait la voix des communistes et des écologiques.
A eux trois, leurs partis représentaient quelques 80% des députés des deux chambres, assez pour valider la plupart de ce qui pourrait être convenu aujourd’hui.

Fut un temps où il aurait été possible de prendre le train pour rejoindre le Finnevalta, mais le récent repli sur eux-mêmes des territoires du centre d’Albi avait rendu le recours aux navires nécessaires. On partit de Pharot et ce fut l’affaire de quelques heures pour rejoindre le Détroit du nord et les mers finnevaltaises.

Ce fut peu dire que de dire qu’on fut bien accueilli. Les petits plats avaient été mis dans les grands et l’architecture classique albienne, caractéristique du Finnevalta, tranchait agréablement avec celle plus austère du territoire Pharois. C’était comme rendre visite à un membre de la famille, qui aurait pris grand soin de décorer sa maison de manière traditionnelle, et on avait l’impression de rentrer chez soi en pénétrant dans le port de Paasilinna. Les tenues elles-mêmes tranchaient alors qu'à la sobriété des ministres du Syndikaali venait s'opposer l'époustouflante élégance d'Elina Liikanen, la Présidente du pays.

Gentleman, le Capitaine Mainio s'était graisseusement fendu en deux pour la gratifier d'une baise-main.

Mainio : « Madame Liikanen, je me désespérais de participer à nouveau à un repas de famille, c’est un plaisir de vous revoir ! »
Pokka : "Mon chère Capitaine Mainio, pas de ça entre nous voyons ", dit elle d'un ton amical.
"C'est avec grand plaisir que nous nous retrouvons ici capitaine, si vous vous voulez bien me suivre..."

Les représentants des deux gouvernements prirent place dans une magnifique limousine direction la résidence présidentielle.
Arrivé sur place, les représentant Pharois furent reçu par de bruyantes acclamations des différentes personnes venues les voir. Des citoyens Finnevaltai pour la plupart venus de tous les horizons. Un tapis rouge avait été déroulé, une grande allée allant jusqu'à la porte d'entrée principale les séparait de leurs objectifs.

Une fois entrée, escortée par une armée de garde du corps, les protagonistes arrivèrent dans la salle de réception prévue pour la rencontre à venir.
Puisque l'heure de manger était arrivée, le dîner fut servi aux convives. Après une dégustation des produits typique Finnevaltai, de l'entrée au dessert en passant par le vin, les appartements prévus furent présenter respectivement aux différents invités.
Une fois rassasier et installer les discussions sérieuses peuvent commencer... Tous et toute assis autour d'une table la parole fût donner en premier lieu à Elina Liikanen, ministère des affaires étrangères.

Elina Liikanen : "Comme vous le savez, mes chères camarades, le Pharois et le Finnevalta partage un grand patrimoine et une grande histoire commune et c'est avec plaisir que nous partageons cette soirée avec vous chère collègues."
"Nos deux pays, et notre région en général, connaissent un retard démographique par rapport aux grandes puissances mondiales. Partant de ce fait, nos deux pays frères auraient tout intérêt à se rapprocher.
"Nous avons une proposition à vous transmettre dans ce sens, la création d'un marché commun permettrai à nos secteurs respectifs de mutualisés nos différentes spécialisations ainsi que combler les pénuries éventuelles d'un de nous là où l'autre aurait du surplus."
D’un pas badin, quoique légèrement gauche en raison de ses problèmes d’équilibre, le Capitaine Mainio emboîta le pas de Pasi Pokka, présidente du Finnevalta. Plus discrets, les deux autres ministres suivirent le mouvement non sans avoir à leur tour salué leur homologue. On prit la limousine, qui était assez large pour accueillir tout ce petit monde et les Pharois furent enchanté de constater le bon accueil que leur firent les finnevaltais, révélant au passage un peu de leurs différences de personnalité.
Rôdé à l’expérience, le Capitaine Mainio conservait un calme bonhomme et jovial, prenant le temps de saluer la petite foule sans toutefois en faire trop. Austère et droite, la Capitaine Reima ne leur accorda pas un regard et sembla légèrement s’impatienter de ce que les deux autres traînaient. Enfin, Sakari, toujours partagé entre une forme de gêne face à la foule et le plaisir qu’il tirait de sa fonction, salua plus largement les gens et il fallut que Mainio tousse discrètement à ses côtés pour le retenir de se rapprocher des barrières. On n’avait pas toute la journée non plus.

Le repas fut plaisant et le Capitaine Mainio demanda à être resservi, expliquant qu’il avait beau connaître la gastronomie albienne sur le bout du palais, il était toujours curieux d’en expérimenter les variations locales, et aussi qu’il avait pour objectif de déjeuner dans tous les pays du monde au moins une fois dans sa vie.

La conversation fut légère tout le temps, jusqu’à ce que, l’après-midi avançant, il soit l’heure de passer aux choses sérieuses, en témoigne qu’ils s’assirent tous autour d’une table, sur des chaises moins confortable que celles de l’apéritif, mais plus appropriées au travail.

Comme souvent, ce fut le Capitaine Mainio qui ouvrit les discussions, en sa qualité de ministre des Intérêts internationaux.

Mainio : « S’il a bien une chose que je concéderai toujours, c’est l’humilité de notre péninsule. Albi est un petit territoire à califourchon sur de grandes mers et l’histoire nous a apprit que notre isolement faisait notre faiblesse. Je suis heureux que vous évoquiez la possibilité d’un rapprochement. L’échec relatif de l’Union Albienne ne demande qu’à être relevé et poser les bases d’un marché commun semble en effet un acte fort qui nous unira de manière concrète et sensible. Il me semble important que nous apprenions à parler d’une même voix à l’international, grâce à un travail de discussion entre nous au préalable. Plus nous nous donnerons les moyens d’être proches, moins nous serons vulnérables et plus notre parole portera. »

Sakari : « Oui, et posséder un grand marché est un argument de poids, surtout si nous travaillons à mettre en place des règles anti-capitaliste communes. Il faudrait harmoniser nos normes sociales aussi, et pourquoi pas avec… »

Mainio : « Nous y viendrons après cher ami. Reste que mon collègue n’a pas tort, libre marché sans sécurité des travailleurs est l’assurance de voir l’une de nos deux populations se sentir léser. Je pense qu’un travail d’harmonisation de fond est nécessaire, mais d’autant plus ambitieux qu’en effet, le Finnevalta a en usage un mode de production, disons, « alternatif » au modèle néo-libéral. Peut-être pourriez-vous développer ce point ? »

Reima : « Au Syndikaali, nous ne sommes pas anticapitalistes, je précise. Mais il y a des incitations très fortes pour les coopératives. Un héritage des équipages pirates, il n’est pas question de remettre ça en question. »
Pasi Pokka : Je suis ravie capitaine Maino de cette sincère preuve de solidarité faite envers notre nation. Comme si bien dit nos deux pays n'ont aucun intérêt à se chercher des noises, mais ont tout intérêt à se lier sans attendre. Le travail de discussion dont vous parler est, en effet, primordial.
Nous sommes heureux de vous expliquer plus clairement notre mode de production qui nous tient particulièrement à cœur. Comme vous le savez si bien en vos qualités de porte-parole du Pharois l'Etat et la société relève de deux sphères distinctes, ce qui n'empêche pas à l'Etat d'intervenir dans la sphère de la société. L'intervention de l'Etat dans l'économie est devenue une norme dans notre pays. Nous prônons une politique interventionniste, un état providence. Je vous rappelle la définition de l'interventionnisme économique : désigne la politique qui conduit les pouvoirs publics à participer à l'économie du pays et imposer leurs règles chaque fois que cela leur paraît nécessaire pour protéger les intérêts des citoyens ou développer des secteurs d'activité qu'ils considèrent comme stratégiques ou prioritaires. De plus, en Finnevalta, les entreprises sont soumises à la démocratie. Le pouvoir de décision est également réparti entre tous les différents actionnaires minoritaires ou majoritaires. Néanmoins, notre position est loin d'être absolument fermée dans cette doctrine. Une économie saine, c'est pour nous le savant mélange entre libéralisme et interventionnisme, et non les deux extrêmes. C'est ainsi que nous vous proposons ce fameux traiter de libre-échange, puisque nous considérons que c'est l'action la plus avantageuse pour notre peuple.
Si vous avez d'autres questions sur ce sujet n'hésiter pas...
Si Mainio avait hoché la tête tout du long de l’échange, ce fut la Capitaine Reima qui prit cette fois la parole. Il s’agissait d’une femme tout à fait banale, qu’assurément on aurait plus facilement imaginé à quelque fonction administrative qu’à la barre d’un navire. Pourtant, son titre laissait peu de place au doute, et son parti encore moins. Pirate.

Reima : « Madame, le modèle Pharois repose lui aussi sur l’équilibre entre libertés privées et solidarité collective. Avec cette différence que chez nous ce n’est pas l’Etat qui protège, mais les syndicats et les coopératives. »

A côté d’elle, le ministre Sakari acquiesça, les sourcils froncés.

Sakari : « Enfin nous travaillons quand même à lui donner plus de poids… »

Les deux autres ministres échangèrent un regard. De notoriété commune, les communistes étaient un peu les seuls à vouloir renforcer la centralisation et le poids de la bureaucratie dans le fonctionnement du Syndikaali, et outre les prérogatives de leurs ministères, ils n’arrivaient pas à grand-chose, leurs propositions de loi rencontrant presque à coup sûr l’opposition des deux autres forces politiques du pays.

Reima : « Le risque d’unir nos marchés si votre gouvernement subventionne certaines entreprises est de créer un déséquilibre en rendant votre économie plus concurrentielle que celle du Syndikaali. Ce que nous pouvons toutefois négocier serait de sanctuariser certains secteurs de l’économie tout en acceptant de libéraliser les autres. »

Sakari : « Ce serait l’occasion de nationaliser certains secteurs au Syndikaali ! »

Le Capitaine Mainio toussa à cette dernière déclaration.

Mainio : « Peut-être, madame Pokka, serez vous rassurée de savoir qu’au Syndikaali, l’immense majorité de nos entreprises sont des coopératives. De fait, malgré l’absence d’aides de l’Etat, les bénéfices se s’envolent pas on ne sait où. C’est notre manière à nous de mettre en place de la concurrence, sans pour autant fabriquer des monstres d’inégalités… »
Mme Pokka s'abstint de prendre la parole, étant une communiste convaincue, plus proche de Sakari en termes d'idée, les propos de la Capitaine Reima l'avait quelque peu... perturbée. C'est alors au tour de M. Reino Juhola, plus modéré et moins énerver par les paroles de Reima, de prendre la parole. Néanmoins, il est réputé pour ne pas avoir sa langue dans sa poche...

Reino Juhola : Nous sommes heureux de constater que nos points de vue notre modèle productif est plutôt similaire. Capitaine Reima sachez que rendre l'économie Finnevalt un peu plus compétitive que la vôtre n'est en soi pas forcément un problème vu la différence significative de PIB entre nos deux pays. Nous avons un grand nombre de travailleurs peu qualifié pouvant potentiellement profiter économiquement à vos entreprises vu les salaires dérisoires demander par rapport au vôtre. Nous avons simplement des avantages comparatifs différents, ce qui est une bonne chose, et la fragmentation de la chaîne de valeur de vos entreprises pourrait profiter à chacun de nous, enfin bref...

Mme Pokka décida ensuite d'intervenir.

Pasi Pokka : Enfin bref, merci pour votre intervention Mr, le ministre, dit-elle d'un ton froid. Nous pensons que votre proposition Capitaine Reima est intéressante. Avez-vous des idées à nous soumettre de secteurs à nationaliser ? Avez-vous des idées à nous soumettre de secteurs à nationaliser ?

Reino Juhola : J'ajouterai que notre façon à nous Capitaine Mainio d'établir de la concurrence sans fabriquer des monstres d'inégalités, c'est la politique des entreprises Finnevaltaise est en général dirigée par le peuple lui-même...
Le regard qu’adressa Sakari au capitaine Mainio pouvait très clairement s’interpréter comme : « vous voyez, eux au moins font les choses sérieusement » mais ce-dernier choisit de l’ignorer. Au Syndikaali, la faction libérale restait puissante, et on n’était pas prêt de renoncer au capitalisme avant longtemps, fut-il une forme bâtarde et assurément gauchisée de celui-ci.

Ils n’eurent de toute façon pas le temps de se lancer dans une telle discussion que la Capitaine Reima reprenait la parole.

Reima : « Personne ici n’ira nier qu’il y a en effet un déséquilibre économique entre les pays de la Péninsule albienne. C’est précisément pour cette raison que nous ne pouvons pas nous contenter d’ouvrir les valves où nous nous noieront mutuellement les uns les autres. Les électeurs du Parti Pirate, que je représente, sont nombreux à se méfier des économies socialisées et si je comprends le cheminement politique qui vous a mené à de tels choix, l’intervention de l’Etat dans l’économie ne peut, selon nous, être laissée à la responsabilité de politiciens. »

Sakari : « La Capitaine Reima ne parle pas au nom de tout le gouvernement Pharois, néanmoins. Je suis certain pour ma part que la nationalisation de certains secteurs est cruciale pour le développement de nos sociétés et nos valeurs humanistes qui… »

Mainio : « Peut-être, pour mettre tout le monde d’accord, dirons nous a minima qu’il nous faut harmoniser. Des économies socialistes et libertaires ne peuvent se rejoindre sans quelques ajustements institutionnels, tout le monde en conviendra je suppose… ? »

Il eut un sourire aimable pour tout le monde, ses collègues y compris, qui hochèrent la tête.

Mainio : « Faisons un deal : le Pharois consent à nationaliser certains secteurs de son économie, et le Finnevalta en libéralise de son côté ? Ainsi nous ouvrons des marchés à la concurrence entre nous, et de l’autre nous collaborons pour démocratiser certains secteurs de l’économie, qu’en pensez-vous ? »
Pasi Pokka :Vous savez Capitaine Reima, nous sommes au moins d'accord sur un point, l’économie ne peut être laissée à la responsabilité de politiciens. C'est sûr et certain. Mais contrairement à vous pour nous, l'Etat appartient au peuple et par conséquent l'économie est la responsabilité du peuple lui-même. De plus, nous ...

Elina Liikanen : Bref passons le sujet madame la présidente, une question nous a été posée par le Capitaine Mainio, dit elle sur le ton de la réprimande.

Les représentants Finnevaltai discutèrent un long moment dans une atmosphère assez tendu. Après quelques minutes, la présidente Pokka reprit la parole.

Pasi Pokka : Le problème majeur auquel nous sommes confrontées actuellement est que nous avons peur que la libéralisation de certains secteurs n'entraîne une forte agitation populaire. En effet, le peuple Finnevaltai pourrait mal le prendre, car libéraliser des secteurs de l'économie est l'inverse du pourquoi nous sommes actuellement assis autour de cette table. Nous pourrions potentiellement être renversées et un gouvernement anti Pharois pourrait voir le jour dans le pire des scénarios. Nous savons tout de même que le deal présenté est le meilleur pour la collaboration que nous voulons construire. La meilleure solution serait d'accepter ce deal, mais en même temps de mener une campagne pour convaincre les Finnevaltai et Finnevaltaise du bien-fondé de ce deal. Campagne laissée aux services secrets de nos deux pays qu'en pensez-vous ?

Elina Liikanen : Ceci étant dit avez-vous des idées de secteurs économiques à nationaliser pour vous et à libéraliser pour nous ?
Sentant que la conversation se dirigeait vers une discussion théorique sur la doctrine économique de leurs pays respectifs, le Capitaine Mainio leva les mains d’un air jovial, en signe de paix.

Mainio : « Messieurs-dames, allons. Il est bien naturel que deux nations à la fois si proches et si étrangères ne trouvent pas matière à s’harmoniser en quelques heures de débat, et à vrai dire, je ne crois pas qu’il soit de notre responsabilité de négocier sur un coin de table des transformations aussi profondes pour nos pays respectifs. Laissons le temps au temps, et la décision au peuple.

Néanmoins, s’il est une chose que nous pouvons faire de notre côté en tant que ministres du gouvernement Pharois, c’est d'avancer les pions que nous avons en mains, à savoir les secteurs de notre économie qui sont déjà nationalisés : celui de la santé. »

Il observa les deux autres ministres du Syndikaali.

Mainio : « Je ne me trompe pas, Capitaine Reima, en disant que c’est le seul ? »

Reima : « En effet. Tout le reste est privé, mais nous subventionnons la demande sur certains marchés par l’emploi de chèque à la consommation. »

Mainio : « Alors l’affaire est entendue, avançons étape après étape. »

Il se tourna vers les Finnevaltais d’un air désolé.

Mainio : « Madame Pokka, madame Liikanen, monsieur Juhola, consentiriez-vous à ce que le Pharois Syndikaali et le Finnevalta unissent leurs secteurs de la santé publique ? Nous pourrions harmoniser les grilles salariales, les formations, et passer ensemble nos commandes de médicaments afin de bénéficier de meilleurs prix. Quant à nos laboratoires pharmaceutiques qui, vous le savez, sont soumis à forte concurrence, ils auraient tout intérêt à travailler ensemble au sein d’un puissant secteur public, pour offrir à termes la qualité de soins que notre péninsule mérite. »
Les paroles du Capitaine Mainio furent reçues avec une attention toute particulière. Ces propos glissaient agréablement dans les oreilles des représentants Finnevaltai. Mme Pokka s'apprêtait à reprendre la parole quand tout à coup Reino Juhola la lui coupa.

Reino Juhola : Capitaine Mainio a raison chère collègue. Cela ne nous sert à rien de débattre sur des concepts théoriques, si ce n'est perdre du temps. D'autant plus que la décision ne nous appartient pas. Efforçons-nous à trouver des solutions concrètes.

Pasi Pokka : Bien. Vous avez tout à fait raison tous deux. Revenons aux faits. Vous voyez que l'on peut s'entendre ! C'est déjà un bon début pour se mettre d'accord. Votre proposition nous intéresse particulièrement, sachant que le système de santé est l'institution la plus importante dans un état de droit. Nous avons tout de même une question. Avez-vous un système de sécurité sociale ? Si oui, comment fonctionne-t-il ? Et concernant les laboratoires pharmaceutiques, nous sommes amplement d'accord avec votre proposition...
Mainio : « Ah mais je manque en effet à tous mes devoirs, je vais être un peu plus précis pour vous donner une idée de la situation. Le Syndikaali s’est construit sur une alliance de petits propriétaires fonciers et des marins qui assuraient leur ravitaillement, la propriété privée y est donc assez sacralisée, malgré les influences socialistes grandissantes depuis un siècle. »

Il jeta disant cela un bref regard à ses deux homologues, le ministre Sakari étant élu du Parti Communiste.

Mainio : « Cela a un impact toujours très concret sur notre société : c’est assez simple tout est privé. Il n’y a donc quasiment pas de sécurité sociale. Un paradis libéral sans doute mais pas si capitaliste, contrairement à certains caricatures qu’on en fit. Les coopératives de travail sont écrasantes en comparaison des sociétés à action et les banques sont véritablement populaires, composées de fonds associés à des secteurs précis de l’économie. Par exemple une entreprise qui fabrique des filets et dégage des bénéfices place généralement une partie de la somme – la part qui n’est pas distribuée dans les salaires et l’investissement – dans des caisses qui vont alimenter d’autres coopératives en lien avec la leur. Typiquement, le tissage du fil. Ou le paiement d’assurances pour les travailleurs du secteur. En général cela se négocie à échelle syndicale.

Ainsi, certes rien n’appartient à l’Etat, c’est un fait, mais l’économie demeure avant tout aux mains des travailleurs, c’est un peu notre compromis. Il y a évidement des exceptions, mais dans l’ensemble c’est ainsi. La taxation est faible mais puisque les services publics sont inexistants, la marge dégagée nous permet de financer des chèques qui favorisent l’égalité et la liberté. Ainsi, il n’y a pas d’école publique ni même obligatoire au Syndikaali mais un jeune Pharois recevra de sa naissance à ses seize ans un chèque hebdomadaire pour financer sa crèche puis ses études, là où lui ou ses parents le jugeront appropriés.

De fait, certes les services publics n’existent pas, mais les services existent malgré tout. Des coopératives installées sur un territoire, réunies en conseil, choisiront d’investir un pourcentage de leurs bénéfices dans des caisses qui viendront financer ici des routes, là l’installation d’une école ou d’un réseau de ferry. »

Le Capitaine Mainio hocha la tête tendis que les deux autres ministres validaient son explication. Le Citoyen Sakari profita néanmoins de l’occasion pour glisser une nuance.

Sakari : « Cela provoque de fortes inégalités territoriales, en revanche, et mon parti a la conviction qu’un peu plus de redistribution à échelle de l’Etat ne pourrait pas faire de mal… »

Mainio : « Le prix à payer du fédéralisme, j’imagine. Pour en revenir au système de santé, c’est un des rares secteur public de notre pays, d’où le fait que nous pouvons décider de son sort. La sécurité sociale est très similaire à celle des autres pays : les cotisations financent une caisse qui sert ensuite à rembourser les soins. Le travail en mer est difficile et dangereux, c’est ce qui explique que les Pharois consentent à mettre en commun la santé et pas le reste. »

Sakari : « Nous disposons de laboratoires nationaux. Si nous voulons mutualiser nos systèmes de santé, il suffit de fusionner nos caisses, et de faire collaborer nos entreprises pharmaceutiques. En partageant des brevets par exemple ! »
Pasi Pokka : Je vois, je vois. Pour résumer concrètement, l'Etat n'intervient dans aucun cas sauf dans le système de santé qui est l'exception qui confirme la règle comme on dit. En soi, nos entreprises fonctionnent sur le même ressort, c'est-à-dire les travailleurs eux même, ce qui est une bonne chose. Si ce n'est que nous, l'Etat vient mettre son nez dans les entreprises privées, jusqu'à ce que l'entreprise lui appartienne. Mais vu que l'Etat est aussi très fortement soumis aux travailleurs, le résultat est le même, les travailleurs possèdes les entreprises. Dès lors, en temps de crise, vu que les entreprises appartiennent à l'Etat, pas toute, mais en grande majorité, un plan de relance venant de l'Etat peut voir le jour et sauver celle-ci. Seul limite quand la crise est trop importante, la dette publique peut se creuser inexorablement.

Elina Liikanen :Ceci étant dit, notre sécurité sociale est d'après vos explications la même que la vôtre. Les mutualisés ne sera sûrement pas un problème, avec la création d'une caisse commune entre autres. Nous pouvons fusionner nos systèmes de santé le plus tôt possible, et ainsi créer le premier service public Albien depuis des années et nous ne l'espérons pas le dernier.

Pasi Pokka : Avez-vous éventuellement d'autres secteurs possiblement nationalisable, même si cela me paraît compliquer après vos explication ? Sinon, pour en rester à la création d'un marché commun quelles autres mesures peuvent être prises ? Des idées de secteurs à libéralisé ?
Mainio : « Le plus tôt sera le mieux, je vous rejoins là-dessus. Après tout, c’est le sens de l’histoire que les nations de la vieille Albi se rapproche et partagent entre-elles certaines de leurs institutions, ne trouvez-vous pas ? »

Sakari : « Si je puis me permettre, j’aimerai vous exposer une réforme que le Parti Communiste Pharois a mis en place il y a deux ans : nous l’appelons la réforme des Trois Communs et c’est un nouveau régime de la fonction publique. Cela accorde de nombreux avantages aux fonctionnaires, tout en limitant l’influence de l’Etat central au profit de l’autogestion.

Dans le secteur de l’armement, par exemple, l’Etat planifie mais ce sont les syndicats qui décident en définitive des modalités de la production. Cela permet de rendre leur autonomie et leur capacité d’initiatives aux travailleurs, en plus de diminuer l’aliénation ! Je me disais que cela pourrait vous plaire… ? »

Mainio : « Peut-être est-ce encore un peu tôt pour l’envisager, c’est vrai, mais la possibilité de constituer une corps d’armé albien serait un grand pas en avant dans notre collaboration régionale, qu’en penseriez-vous ? Nous pourrions par exemple allouer chacun cinq usines d’armement dont la production irait pour une force militaire fédérale. Chacun garderait une armée nationale, mais nous constituerions progressivement une troupe de défense de la péninsule. »

Sakari : « C’est une réforme difficile à passer, mais compte-tenu de notre histoire commune, elle serait un magnifique symbole de réconciliation. »

Mainio : « Déjà bien entamée par ailleurs. »
Pasi Pokka : Nous vous rejoignons évidemment Capitaine, il fallait tôt ou tard que nos deux nations s'entendent, même s'unisse, c'est l'enchaînement logique de l'histoire après tout. "J'ai rêvé d'un monde de soleil dans la fraternité de mes frères aux yeux bleus", comme disait un poète de chez nous.

Reino Juhola : Votre proposition, concernant le fonctionnement des Trois Communs, est très intéressante. Cela dit, notre propre fonctionnement n'est pas vraiment opposé au vôtre, seulement pour nous, ce n'est pas l'Etat qui planifie la production, mais une petite équipe tirée au sort parmi tous les salariés. On se rejoint toutefois sur un point, ce sont au final les salariés tous ensemble qui décide de la production.
Ainsi, au final, une petite réforme pour adapter nos deux systèmes passerait sans doute facilement auprès des Finnevaltai, même si un vote sera évidemment nécessaire.

Pasi Pokka : Constituer un corps d'armée Albien était dans nos petits papiers donc nous approuvons votre proposition. Ce n'est pas forcément si tôt que cela, tout dépend de comment on s'y prend mon cher Capitaine. En réalité, la production militaire n'est vraiment pas la priorité des investissements en cours dans notre pays et je dirais même qu'il existe une volonté politique de mon peuple, en général, de ne pas s'armer à outrance. Alors, une défense supplémentaire, pas directement produite par nos entreprises, pourrait rassurer notre population. En d'autres termes, ce sera moins grave de produire plus d'outils de mort pour défendre toute la péninsule que pour défendre seulement le Finnevalta. Donc, constituer un corps d'armée nous arrange et arrange tout le monde. De plus, nous proposons que cette armée soit constituée de citoyens et non de mercenaire, pour défendre notre péninsule, ce serait la moindre des choses. En d'autres termes, cette troupe de défense serait une armée républicaine et non un marché, j'espère que nous sommes d'accord mes chers confrères ?
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