Diplomatie

Cher monsieur,

C'est toujours un spectacle charmant que de voir la diplomatie des nations éclore dans l'océan du nord. Encore quelques années et, j'en suis certain, les berges de notre beau continent auront toutes entières fleuries sur le monde.

Outre le plaisir d'entrer en communication avec un voisin, je tenais à vous proposer l'ouverture réciproque d'ambassades sur nos deux territoires. Le Syndikaali se flatte de mener une diplomatie active dans l'océan du nord et il assez naturel de vous inviter à cette grande table des débats où, de ce qu'on m'a dit, vous souhaitiez par ailleurs faire entendre votre voix.

Par la diplomatie, le dialogue et les compromis, les pays de l'océan du nord on toujours su dépasser leurs oppositions de principes et d'idéologie pour travailler de concert, dans le respect des sensibilités de chacun. Ainsi nous ne pouvons que nous réjouir d'avoir réussi à maintenir la paix entre des nations aussi éloignées sur le papier que la Lutharovie, l'Empire Karpok, le Boltorkhoy, la Priscyllia ou la République Sociale du Prodnov. Nous avons certes eu quelques accrochages au Vogimska après que le gouvernement de ce-dernier ait commis des attentats contre sa population mais je pense que les choses se règleront à présent que le scandale a éclaté. La population semble peu encline à pardonner la trahison de son chef de l'Etat.

Vogimska mis à part, les pays cités ci-dessus forment collectivement le Conseil de Défense de l'Océan du Nord que nous prévoyons d'ici peu de réunir pour un nouveau congrès. Nous serions honorés de vous compter parmi nous, vous y avez naturellement votre place.

Par ailleurs, si les discussions de vives voix vous conviennent mieux, je serai heureux de vous accueillir en personne à Pharot, vous et votre ministre, afin de discuter des modalités de coopération à l'internationale. Je peux également me déplacer si cela vous convient d'avantage, ce sera l'occasion de reprendre le bateau !

Cher monsieur,

Et vous avez cent fois raison. L'affirmation de la souveraineté d'un peuple passe bien souvent par la force des convictions qu'il porte à l'international. Par ailleurs, j'ai la conviction qu'une diplomatie franche et honnête ne peut être menée qu'entre des gens qui savent ce qu'ils veulent et se donnent les moyens de l'obtenir. On ne négocie rien avec les indécis, et paradoxalement ils sont beaucoup moins prompts aux concessions car ils ne sont pas prêts à payer le prix de leurs rêves.

L'océan du nord, vous vous en rendez-compte, est un écosystème complexe, récemment bouleversé par les exactions de quelques forbans malheureusement, mais qui appelle à se restructurer toujours un peu, pour permettre à chacun d'y occuper la place qui lui revient et lui convient. A l'heure actuelle, une certaine forme d'équilibre s'est installée dans la région mais celui-ci est amené à être renégocié pour inclure vos aspirations nationales.

D'où par ailleurs l'importance je pense du Conseil de Défense de l'Océan du Nord. Celui-ci n'a qu'un seul véritable principe fondamental : l'organisation de l'océan du nord doit être décidée par les pays de l'océan du nord. C'est aussi simple que bête, mais crucial à l'heure où l'impérialisme reprend du poil de la bête. Nous entendons, malgré les différences entre nos nations, pouvoir nous réunir autour d'une table pour discuter calmement et diplomatiquement des règles et des lois qui permettent notre cohabitation.

Concernant le Vogimska, je souscris à vos analyses. Ma seule crainte et celle des services secrets est que le pays s'engage dans la répression de sa population ou pire, se lance dans une aventure militaire infondée. L'Empire Karpok a déjà reçu des menaces en ce sens et nous avons négocié un accord de défense pour empêcher toute invasion à ses frontières.

Par ailleurs il est certainement un peu tôt pour prendre cette décision mais si un tel traité vous intéressait, nous serions heureux de le négocier avec vous. La paix dans l'océan du nord est notre priorité, et parfois la dissuasion est son meilleur atout. Le Vogimska montre les muscles contre les petits, mais baisse la tête devant les grands.

Là où toutefois nos avis divergent est sur la question de la République Sociale du Prodnov. Pourquoi dites vous qu'elle est une menace ?

Cela fait deux ans que sa voisine, la République "Libre", accumule des armées étrangères sur son sol au mépris du Traité de Nevskigorod qui garantissait la paix entre ces territoires. S'il y a une menace, j'en ai peur, elle vient des impérialistes qui ont envahit le Prodnov, pas de ce qu'il en reste et qui a à l'époque résisté à l'envahisseur.

Puisque vous me posez la question cher monsieur, je vous répondrai avec un peu plus de détails.

L'ONC, au mépris du Conseil de Défense de l'Océan du Nord, a décidé d'envahir le Prodnov en l'écrasant sous le poids de son industrie lourde alors même que le gouvernement tyrannique du Prodnov venait d'être renversé. En d'autres termes, la RLP a remis de la guerre là où il y avait de la paix. Depuis, elle n'a eu de cesse de se comporter comme un vassal de l'ONC, favorisant uniquement les intérêts de nations étrangères au détriment de ses voisins.

La République Sociale du Prodnov n'est certes pas sans défauts, mais elle a le mérite d'être souveraine, d'organiser des élections libres et d'entretenir une diplomatie active et volontariste avec les pays de la région. De fait elle est bien plus intégrée aux routes commerciales régionales que sa voisine qui demeure enclavée et perfusée aux investissements étrangers.

Si vous voulez donc mon point de vue. Je pense que la paix est la priorité. Et qu'à ce titre, les milliers de soldats et d'armes que l'ONC déverse chaque jour en RLP est une menace pour la sécurité de la région. Je pense aussi que face à ces provocations incessantes, la RSP devra elle aussi s'armer, à contre-coeur sans aucun doute, pour repousser la menace d'une invasion que certains estiment probable.

Pour ce qui est du Syndikaali, nous ne laisserons pas les braises de la guerre enflammer de nouveau la région et toute tentative d'invasion de la part de la RLP sera sanctionnée extrêmement durement. D'ici là, nous travaillons à préserver la paix en essayant de maintenir un semblant d'équilibre sur place, et par l'outil de la dissuasion que représente notre flotte au large, dans le cadre du mandat que nous ont donné les accords de paix pour protéger la ZEE du Prodnov.

Vous savez tout monsieur Shilin ! Bien sûr je ne saurai trop vous conseiller que de vous plonger d'avantage dans les archives de ce conflit, vous y découvririez que ceux qui se prétendent les plus libres ne sont pas toujours ceux qui l'affichent dans leur nom...

Je serai heureux de vous accueillir à Pharot ! Disons, le 20 septembre ? Dites moi si cela fait un peu court pour vous ? Pour ma part j'avais prévu de faire une promenade dans les marais, mais une rencontre diplomatique me va tout aussi bien.

Cher monsieur,

Je ne vois dans nos désaccord qu'un simple feu de paille appelé à être étouffé sous la couette épaisse de notre proximité. J'ai toujours pensé que même les sujets les plus traumatiques pouvaient être résolus lors de francs face à face, ce que la communication à distance ne permet pas.

Peut-être, si vous le jugez pertinent, pourrions nous convier à cette rencontre à Pharot monsieur Malyshev, président démocratiquement élu de la République Sociale du Prodnov ? Ou si vous estimez cela précipité, reporter une éventuelle rencontre pour une autre occasion.

Quoi qu'il en soit nous sommes ravis de savoir trouver en la République Fédérale de Soynaria un partenaire régional volontaire, et peut-être à termes un ami.

Je vous rejoins sur votre diagnostique vis-à-vis de l'ONC. Certaines nations ont cru pertinentes de pouvoir déplacer des conflits bien loin de leurs frontières sans que cela prête à conséquence. Aux nations de l'océan du nord de se concerter désormais pour étouffer la crise que les impérialistes font couver dans notre belle région.

Cher ami,

Je reprends contact avec vous un peu trop tôt à mon goût mais vous n'avez pu ignorer la récente initiative de la République Sociale du Prodnov qui s'est servi du casus belli du non-respect des accords de Nevskigorod par l'ONC pour entrer en RLP.

C'est évidement préoccupant pour l'avenir de la région bien que l'on peut espérer un rétablissement rapide de la paix, sous certaines conditions.

Vous conviendrez avec moi, je n'en doute pas, que la priorité à l'heure actuelle est d'éviter que la moitié du monde "libre" ne débarque dans la région découper une fois de plus le Prodnov en morceau. J'ai réussi à négocier avec monsieur Malyshev l'ouverture d'un couloir humanitaire et la mise en place d'une no fly zone au dessus du Prodnov qui devraient nous prémunir d'un certain nombre d'initiatives malheureuses venues de l'étranger.

Les forces militaires pharoises vont se positionner sur la côte du Prodnov pour permettre aux civils et aux forces militaires étrangères de se retirer de la région en toute sécurité. En ce qui concerne l'issue des combats, les prochains jours seront indiscutablement décisifs et nous y verront plus clair dès que la fumée des premiers coups de fusils sera retombée.

Il faut à présent parler pacification régionale, joindriez-vous votre voix, voire vos forces militaires à celles du Pharois pour servir d'observateurs extérieurs et garantir qu'aucun massacre ou crime de guerre ne sera commis ? Nous avons à l'heure actuelle des forces militaires en RSP et cette dernière ne peut se permettre d'affronter à la fois l'ONC et le Syndikaali, je pense qu'avec un pareil moyen de pression, nous serions en mesure d'obtenir une paix rapide et satisfaisante. Ou au moins de garantir des lieux sécurisés éloignés de la fureur des combats.