Pharot, capitale du Syndikaali
Il neigeait abondamment sur le Syndikaali en ce mois d'octobre 2009, et la ville était toute entière couverte de blanc, ce qui faisait ressortir la noirceur des tâches de fumée sur le béton. L’aéroport international de Pharot se trouvait à l’est de la ville, ce qui avait donné l’occasion à la délégation d’en observer les deux ports, l’un au nord et l’autre au sud, qui contribuaient à la prospérité économique de la capitale.
Ville récente, industrielle et bétonnée, Pharot restait malgré tout à taille humaine. Si ses grands et hauts bâtiments pouvaient accueillir beaucoup de monde, cela avait le mérite de réduire les distances à parcourir à pieds et la superficie de la capitale restait réduite, encerclée par deux mers. Le Pharois demeurait assez peu peuplé, malgré un afflux constant de nouveaux citoyens, et cela se ressentait même dans ses « grandes villes » qui dépassaient rarement les deux millions d’habitants.
Il aurait été mentir que de dire que le Pharois Syndikaali avait le sens du protocole, mais il le compensait sans aucun doute par la jovialité de son ministre de la Diplomatie, et par quelques gestes symboliques biens choisis qui faisaient oublier les petites offenses d’une cérémonial quasi absent.
Lorsque l’avion des représentants de la République Fédérale de Soynaria se posa à Pharot, le Capitaine Ministre Mainio se trouvait sur le tarmac où on joua l’hymne national, mais seulement la Naryunienne, celui du Syndikaali étant de toute façon inaudible.
- J’espère que vous avez fait bon voyage ? demanda le capitaine après les salutations protocolaires d’usage et quelques photos pour les médias. « Le temps est à l’orage en ce moment, nous prévoyons une tempête venue du nord. »
Il en descendait parfois des pôles où les masses d’air chaudes et froides se heurtaient au large du territoire pharois, créant des maëlstroms.
- Cela n’empêchera pas de visiter un peu Pharot, mais derrière les vitres de la voiture je gage. Vous ne manquez pas grand-chose de toute façon, c’est une ville assez laide de l’avis général. Albigärk et Kanavaportti on une valeur architecturale bien plus intéressantes.
Alors que le temps se couvrait, le capitaine les mena jusqu’aux voitures. Sur les côtes, quelques garde-côtes vaquaient à leurs occupations sans trop accorder d’importance à la délégation, leurs lourds fusils mitrailleurs en bandoulière. Le Syndikaali était à l’image de sa réputation, bigarré, irrévérencieux, et pourtant étrangement spontané et amical. Point de garde d’honneur ou de cérémonial alambiqué, les choses s’y faisaient assez naturellement et le Capitaine Ministre Mainio semblait très à l’aise dans son rôle.
- Je vous emmène au restaurant, ce sera plus agréable pour discuter. Puis si le temps est toujours couvert nous irons nous réfugier au ministère des Intérêts internationaux. Je monterai le chauffage.