Tellervo, capitaine ministre de la Mer, de la pêche et des côtesParce que ça menaçait de plus en plus de pleuvoir et que cela n’aurait pas fait bon genre pour les journalistes courageux venus braver la tempête, de prendre des photographies des dignitaires Finnevaltais et Pharois trempés sous la pluie, on abrégea rapidement les salutations, prenant le temps de quelques médiatiques poignées de main, mais rien de plus. Les déclarations se feraient au sec, dans un hall chauffé, loin de l’orage et de la tempête.
Le Capitaine Mainio trouva malgré tout le temps de glisser à mot à l’oreille de Pasi Pokka «
Nous sommes sur le point de monter en gamme nos navires, je pourrai vous en faire livrer un à l’occasion, cela sera plus confortable, et sans doute plus prudent que de voyager à bord de navires de guerre. »
Le Finnevalta brillait par son amour de la mer, au point de repousser le moment de construire des aéroports internationaux, c’était tout à leur honneur et d’une certaine manière, cela arrangeait assez les Pharois. Avoir un colocataire était une chose sympathique, avoir un ami était une chose merveilleuse, mais avoir les deux à la fois, et qu’en plus il doive passer par chez vous pour sortir était absolument formidable, pourvu qu’on parle toujours de géopolitique.
La petite troupe fila d’un pas rapide vers les voitures qui attendaient heureusement non loin, les garde-côtes grimpèrent sur leurs motos et zou, directement le ministère des Intérêts internationaux. C’était le Capitaine Mainio qui invitait, de toute façon son ministère servait pour ça.
Quand les voitures s’immobilisèrent devant le bâtiment, il pleuvait des trombes. Quelques types eurent la présence d’esprit d’accourir avec des parapluies, histoire de passer les quelques mètres séparant le trottoir des escaliers abrités et on grimpa rapidement jusqu’à l’intérieur.
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Quelle aventure ! s’exclama Mainio, visiblement soucieux de la bonne ambiance.
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J’ai connu mieux, répondit le Capitaine Tellervo. Ce type-là avait un passé trouble, comme la plupart des politiciens du Parti Pirate. Il se disait qu’on ne pouvait pas y faire carrière sans avoir tué un homme, c’était surtout pour se moquer mais restait malgré tout l’ombre d’un doute. Et si les rumeurs étaient vraies… ?
Avec entrain, Mainio mena son monde vers une salle de réunion et, enfin, ils purent s’installer en cercle dans des fauteuils confortables, autour d’une vaste table ronde. Il y avait à grignoter, à boire, Tellervo se servit un godet de vin avant d’interroger l’assistance d’un regard muet mais éloquent.
Mainio : Bien ! Nous avons beaucoup de choses à voir, commençons commençons.
Il contempla ses fiches, avant de relever le nez.
Mainio : Laissez moi avant tout vous dire que rarement j’ai eu plaisir et honneur de la présence d’une telle assistance. Penser que lorsque j’ai pris mes fonctions à ce ministère il y a huit ans, c’était à peine si j’arrivais à faire venir les représentants des stations libres. Et leur conversation était abominable. Mais je m’égares.
La ministre Reima eut une sorte de sourire désolé et prit la balle au vol.
Reima : Je l’ai proposé au Capitaine, je pense que nous devrions modifier l'agendas pour parler d’abord de l’ouverture diplomatique du Royaume de Saare qui est au cœur de l’actualité. Une rencontre à trois se profile, peut-être serait-il judicieux de nous concerter avant pour tenir un discours cohérent ?
Tellervo : Il est vrai que la Péninsule est de plus en plus peuplée, cela va demander des ajustements et j’aimerai autant ne pas laisser tout le champ libre à cette crapule de Mainio. La diplomatie c’est une chose, mais elle ne saurait porter notre parole à tous sans quelques garde-fou, je pense que vous êtes d’accord avec moi madame Pokka ?
Le Capitaine Tellervo était grand, large d’épaule, habillé grossièrement et mal rasé. Une gueule de marin, à faire peur, et qui ne laissait rien penser de ses véritables responsabilités de ministre de la Mer, de la pêche et des côtes. Surtout, le parti pirate se méfiait de Mainio, personne ne l’ignorait, et c’était pourquoi deux de ses représentants étaient assis ce jour-là autour de la table.
Autant pour avancer leur visions des choses que pour surveiller d’un peu plus prêt ce que foutait le ministère des Intérêt internationaux dans leurs dos à tous.