25/06/2013
21:24:00
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Role-Play de Manche Silice

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A la conquête de la morue des mers du Sud
Introduction

La consommation de morue en Manche Silice est un fait culturel. Le poisson est surtout consommé dans les régions littorales des Bouches-de-l'Aguapa, du Pays Landrin et du Pays Minier. En 2005, l'institut national de la statistique siliquéenne, a estimé que les habitants de l'Ostremont consommaient en moyenne 53 kilos de morue. Or, le poisson-roi de la gastronomie siliquéenne vit dans les mers froides bien loin de la péninsule. Des siècles durant, les marins de la Manche ont navigué vers le Lofoten, au nord de la mer du Ponant pour y jeter leurs filets. Au XXe siècle, la population de morue a commencé à décroître du fait de la surpêche, couplée à un appauvrissement génétique de l'espèce. Des mesures de protection plus ou moins efficaces ont été prises. Au début des années 2000, le Triumvirat se lance dans la prospection de nouvelles zones d'exploitation.

Les contacts sont pris avec l'Organisation étatique de l'Union des Terres australes de Shuharri. En septembre 2009, l'État austral accepte le principe à charge pour de validation par les autorités locales Shu et Ankallyt. Quelques mois plus tard, le feu vert est donné et le Triumvirat s'affaire à trouver des routes maritimes pour faciliter l'accès aux pêcheurs et offrir des lieux d'escale. Un accès au port de Tumgao (Shuharri) est accordé. Entre temps, la Manche Silice profite de l'ouverture d'une route entre le Kronos et l'Arsurma, obtenant ainsi un accès privilégié à des territoires aux confins du Nazum, non loin des Terres australes, Bati Yildizi et les îles Arnur et Nurnur.

Le 10 décembre 2009, une première équipe de pêcheurs siliquéens a pris le départ du port de Rio de l'Estuaire avec trois bateaux conçus pour la haute mer.

Bateaux
2302
Afarée en vue

Carnet de bord du capitaine Bronislaw Cornudo

Navigation dantesque ! Partis le 10 décembre 2009 avec les trois chalutiers de la compagnie Pescado Silica, nous mettons cap à l'ouest en direction du détroit de la Leucytalée. Passage à proximité de la pointe sud de l'île d'Evasie sans grande difficulté au bout de 36 heures. Mer calme. Nous naviguons à vitesse volontairement faible pour économiser le carburant. Trois jours plus tard, nous croisons au large du détroit de Kerbess, toujours dans les eaux territoriales de l'Arcanie. A la radio, les autorités portuaires nous informent de la présence de nombreux bâtiments militaires dans la zone. Craignons d'être arraisonnées par un navire fortunéen ou allié de l'ONC. Prenons plein sud. Finalement, nous trouvons face à un nouveau regroupement de batiments de guerre. Il s'agit d'exercices militaires de l'UNCS. Sommes arraisonnés. Devons contourner le théâtre d'opération pour arriver à Tarrin où nous faisons escale. Déjà dix jours de voyage.

Dialogue dans un bar de Tarrin, entre Iban Itxe, un pêcheur siliquéen et un docker kronien

Iban Itxe : J'avais rarement vu autant d'action en si peu de temps. Ça grouille de bateaux de guerre là-bas ! On en oublierait que nous sommes en paix.

Docker kronien : Vous débarquez ! Littéralement. Nous sommes en guerre permanente. Il n'est pas un jour depuis que nous nous sommes séparés de Mancuso sans qu'une puissance hostile ne nous menace. Si paix il y a, elle est précaire, et tient surtout au fait que Calabraise malgrès tout ce que l'on dit sur lui, garde son sang-froid.

Iban Ixte : Nous vous savez, nous voulons juste travailler. A Rio de l'Estuaire mes collègues dockers sont pas mécontents de bosser avec le Kronos. Après la rencontre à Pendragon, notre corporation nous a dit que la route était ouverte jusqu'au îles Arnur et Nurnur, chez les fils d'Arsurma, en passant par chez vous. On fait ce métier pour l'aventure mais pas pour se mettre ainsi en danger.


Après deux jours d'escale, les équipages quittent le Kronos afaréen et poursuivent leur navigation, en longeant les côtes. Pas question de s'aventurer trop au large où des bateaux fortunéens pourraient bloquer le convoi. Après avoir vogué durant 48 heures, les trois embarcations débarquent dans le port de Tumgao. La zone est occupée par un nombre impressionnant de bateaux en maintenance. La capitainerie a malgré tout trouvé un emplacement aux pêcheurs siliquéens.

Cette halte à deux buts, d'abord, un nouveau ravitaillement avant un nouvelle étape longue de plusieurs milliers de kilomètres vers le sud, mais surtout, prendre de premiers contacts avec des membres de la diaspora shue et des tribus ankallyt afin de préparer convenablement leur arrivée.

Route
3217
Une bonne quinzaine d'Eurysiens se tenaient devant Ɔkwan, l'air penaud de gens qui débarquent dans une ville pour la première fois sans savoir dans quelle direction aller. Ils essayaient tous de parler l'un sur l'autre, et évidemment, il ne parlait pas leur langue. Donc, ils s'échangeaient des signes, que personne ne comprenait. C'était simplement un groupe de gens agitant les bras en prononçant des mots non intercompréhensible dans un port bondé en construction constante. Il avaient l'air d'avoir été catapultés en terre étrangère avant même qu'ils ne comprennent où ils allaient. Il savait d'emblée qu'ils ne parleraient pas Tamasheq ou Pulaar, il tenta un "Euh, parlez-vous arabe ?", personne ne répondit, il semblerait que non. "Et si je vous parle en Français ?". Les Eurysiens comprirent qu'il essayait de trouver une langue qu'au moins un pourrait comprendre. Le brouhaha de signes se mua rapidement un un magma de langues diverses parlés avec différents accents. L'un d'entre eux demanda en portugais "Vous parlez portugais ?". Et oui, Ɔkwan avait déjà eu affaire à de Listoniens, et disposait de notions de portugais.

Le bureau d'information aux étrangers était une pièce en terre aux murs tapissés de cartes, de listes de contacts, de conseils aux étrangers en différentes langues, des vieilles bibliothèques basses en bois patinés par le temps servaient de table et de comptoirs, et contenaient différents recueils de plans terrestres et marins, des flores de la région, des listes de signes que des étrangers pourraient désigner pour communiquer, et qu'ils auraient bien pu utiliser là. Il y avait des ordinateurs qui permettaient d'accéder à Internet, et une grande baie vitrée composée de pleins de fenêtres rectangulaires donnait ver le Sud, sur le quai traversé de foules de marins, de travailleurs, de machines. La plupart des gens qui passaient par là était des marins, des migrants et des travailleurs, le bureau d'information le reflétait, ce qui avait dérouté

"Alors, que puis-je pour vous"
"On souhaiterait rencontrer des Shu et des Ankallyt [verbe portugais] où on doit aller ?"
"Euh, au Sud ? Un peu plus contexte ?"
"On vient de Manche-Silice, on part pêcher [possible nom de poisson], j'ai compris c'est avec eux qu'on doit voir"
"Donc il y a des Shu et des Ankallyt qui ont accepté que vous pêchiez... Et... (Ɔkwan cherchait ses mots)... Veulent bien que vous preniez une part de la pêche"
"C'est ce que j'ai compris"
"Et quelle adresse vous a donné la ville ou la tribu qui vous... donne la part de ce qu'ils peuvent pêcher ?"
"Quoi ?"
"Vous avez bien échangé avec une tribu ankallyte, ou une cité shue, elle dit quoi ?"
"Euh, non, il faudrait demander à la Compagnie"
"Attends, c'est vous qui allez pêcher ou la Compagnie"
"C'est nous, mais pour la Compagnie"
"Et elle vous a pas donné le nom de la ville ou de la tribu ? Ils vont pêcher avec vous, pas avec votre employeur !"
"Euh... Ils vont pêcher avec nous ?"
"Vous avez aucune idée de comment vous allez passer vos prochains mois ?"
Le pêcheur partit d'un rire bref.
"Ça on a l'habitude ! Il y a toujours des problèmes du genre. Je pensais qu'on retournerai au Lofoten, et voilà qu'on nous dit [la suite, Ɔkwan n'arrivait pas à la décoder], du coup, j'aimerais que Shu et les Ankallyt, ils nous expliquent !"
"Envoyez un mail, à la Confédération Shue ou aux Atangiijuk namiivik des Ankallyt, ou carrément au Vahal ou à la Gyasarr, ils pourront peut-être vous dire"
"C'est gênant, à dire mais... Je connais pas ses noms, on nous a juste dit de rencontrer ces deux peuples"
"Il va falloir que je cherche un peu, revenez en soirée, si possible avec quelqu'un qui parle au moins français ou arabe"
1990
La halte à Tumgao

Le capitaine Cornudo sortait hagard du bureau d'information aux étrangers. Le dénommé Ɔkwan lui avait fait comprendre que l'impréparation de l'équipage serait redhibitoire. Il fallait prendre contact immédiatement avec les locaux pour ne pas les mettre devant le fait accompli.

Il fallait aussi se procurer un interprète. Bronislaw avait fait illusion avec quelques son simili-portugais mais ce n'était pas suffisant. D'habitude le capitaine et ses hommes n'ont pas tant de mal à se donner. Ils naviguent, prélèvent la ressource et retournent à Rio. En mer ou en escale, les interractions avec les étrangers se limitaient à des jurons, des gestes, des éclats de voix, des rires ou des chants universels.

Mais cette fois-ci, ils devaient parlementer ! Ils pensaient que Pescado Silica, leur employeur s'était occupé de tout cela... Revenu à son bateau, le colonel Cornudo décrocha son téléphone satellitaire et joint le bureau centralisateur des équipage.

- Colonel Cornudo, mission Shuharri, passez moi Esterhazi à la direction générale s'il vous plait.

Une voix féminine lâcha une interjection traduisant sa difficulté à basculer l'appel entrant vers le destinataire demandé.

- Allô ?
- Oui ici le Colonel Cornudo, je souhaite parler à Estherazi
- Vous êtes au service commercial ici, vous faites fausse route, je vous renvoie au standard

Bronislaw prit son mal en patience. Après cinq bonne minutes de tentatives infructueuses, il obtenait finalement un responsable juridique de Pescado Silica.

- Esterhazi, qu'est-ce que c'est que cette histoire avec les shu et les ankallyt ? Nous notre boulot c'est de conduire les rafiots où vous nous dites et de prendre la poiscaille. Point. Depuis quand on devrait en plus négocier des autorisations avec les locaux ? C'est votre boulot ça.

Davit Estherazi ne comprenait pas. Pour le cadre de Pescado Silica, tout avait été préparé par la questure diplomatique. Le feu vert triumviral devait suffire. Il jeta un oeil à un modèle satellite.

- Vous êtes à Tumgao. Dans le pire des cas le retour à Rio sera plus court que si vous êtiez déjà dans l'hémisphère sud. Que vous ont-ils dit là-bas ? Qu'est-ce que nous devons faire ?

Le colonel transmit les consignes. Estherazi termina l'appel en demandant à Bronislaw de ne pas reprendre la mer pour le moment.

- Profitez de l'occasion pour discuter avec les locaux.
958
Impréparation totale

Carnet de bord du capitaine Bronislaw Cornudo

Nous sommes le 29 décembre 2009. Nous n'avançons pas à la vitesse souhaitée. Selon le plan de navigation prévu au départ de Rio de l'Estuaire, nous devrions approcher du cap austral de l'Afarée mais il n'en est rien. Pescado Silica n'a rien préparé. Estherazi vient finalement de nous donner l'autorisation de quitter Tumgao où nous serons restés une semaine ! L'équipage est démobilisé. Nous avons passé presque autant de temps à terre qu'en mer.

Au moins, j'ai la satisfaction de nous savoir attendus là-bas par les municipalités d'Okkaluin et de Nanutame et l'Atangiijuk namiivik de Sanrajak, Pangnir et Nuwatan. En principe, nous n'aurons pas de problèmes de communication parce qu'ils parlent le Français ou vont l'apprendre. Ils doivent aussi pêcher pour nous. Un sacré problème en moins parce que j'ai appris, par hasard, qu'il n'y avait pas de carburant au Shuharri pour alimenter les bateaux.

[*] Message de Yuu aon Laonko, représentante à l'international de l'Union des Terres australes de Shuharri à la questure diplomatique durant l'escale à Tumgao
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Dans les possessions de l'Empire du Nord

Carnet de bord du capitaine Bronislaw Cornudo

30 décembre
Cette nuit, la mer a été particulièrement agitée. Pas moyen de fermer l'œil. Gardons le cap Sud-Est-Sud. Naviguons entre les territoires fortunéens. Deux marins malades, Iban Itxe et Pal Trabant. Probable virus contracté sur terre à Tumgao.

31 décembre
Traversée d'une tempête particulièrement violente. Les deux marins mal en point hier sont opérationnels. Réveillon festif

1er janvier
Relâche

4 janvier
Arrivée dans les eaux des territoires nord-afaréens de l'Empire du Nord. Après avoir décliné notre identité auprès de la capitainerie, sommes mis en attente. La questure diplomatique a obtenu une autorisation d'accès au port seulement à partir du 22 janvier. Nous sommes arrivés bien trop tôt. Appelons Esterhazi chez Pescado Silica pour informer de la situation.

7 janvier
Situation débloquée. Accostons. Fait étonnant, le port n'a pas de nom commun, ou du moins, les locaux ne nous le disent pas.

10 janvier
Descendu chercher les hommes encore à terre. Quatre marins (Iban Itxe, Pal Trabant, Rodolfo Gorki et Frantisek Lobont) me relatent leur soirée passée dans un bar où se réuniraient des militants indépendantistes fomentant un complot contre les autorités locales représentant l'Empereur. Nous quittons le pays fissa. Ce ne sont pas nos oignons.

NouvelleEtape
1094
15/01/2010 Arrivée à Batı Yıldızı (Arsurma)

Afarée pointe sud ! Près de quarante jours après leur départ de Rio de l'Estuaire, les trois chalutiers de Pescado Silica atteignent Batı Yıldızı. Depuis septembre 2009 et la rencontre fondatrice des relations diplomatiques entre la Manche Silice et l'Arsurma, c'est la première fois que des navires battant pavillon de la péninsule d'Ostremont pénètrent dans les eaux côtières de l'Aristocratie australe. Pour l'occasion, Kaneo Ars, diplomate en chef reçoit le capitaine Cornudo avec les honneurs. Les marins sont logés dans un hôtel 4 étoiles et sont accueillis avec bienveillance en ville lorsqu'ils se rendent dans les bars locaux.

Batı Yıldızı souffre d'un complexe d'infériorité par rapport à la capitale Bühir. Alors, la présence d'aventuriers venus de l'Eurysie fait la fierté d'une partie importante de la population. Des groupes d'habitants voient cette présence d'un mauvais œil et dénoncent une tentative de colonisation en manifestant.

De toutes les escales, cette halte à Batı Yıldızı est à ce jour, la plus agréable. L'équipage quitte la cité portuaire après trois jours de pose et met le cap à l'ouest en direction des îles Nurnur et Arnur (Arsurma), ultime étape avant d'acoster au Shuharri.

Trajet
1815
30/01/2010 Chez les gens venus des volcans

A l'approche du Fjord des Ankallyt, les trois bateaux de Pescado Silica sont interceptés. Ils subissent une demi-journée durant de lourdes inspections. Les autorités locales vérifient que les chalutiers ne libèrent pas d'hydrocarbures. Sueurs froides pour le capitaine Cornudo qui ne s'attendait pas à de tels contrôles. Se voir interdire d'accès le point final de l'expédition serait désastreux pour la compagnie. Les trois embarcations passent les tests et s'engagent dans la baie. Ils entrent dans le port d'Okkaluit où ils sont immédiatement reçus par les contacts Shu.

Une discussion lunaire démarre entre le capitaine et l'envoyé de la municipalité, Iluliaq. Ils échangent en français.

Iluliaq : Bienvenue à Okkaluit. Vous avez de beaux bateaux mais j'ai bien peur que vous ne puissiez les utiliser ici.
Cornudo : Comment ça ? Nous n'allions pas traverser l'océan sur un paquebot. Nous sommes là pour rapporter de la morue en Manche Silice, pas faire du tourisme !
Iluliaq : Evidemment puisque vous êtes des marins-pêcheurs. Non, ma remarque concerne l'absence d'approvisionnement en carburant ici.
Cornudo : Quoi ? Et vous pensez qu'ils marchent à quoi les moteurs ? Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre ! Du fioul nous en avons trouvé partout où nous nous sommes arrêtés jusqu'à présent.
Iluliaq : Soit. Ici, le vent souffle suffisamment pour que nous n'ayons pas à brûler du pétrole. Il me semble que le Gyasarr avait donné ces explications à vos responsables. Il y a du avoir un problème de communication.
Cornudo : Il faut croire que nous travaillons tous avec des supérieurs hiérarchiques incompétents.

Le représentant de la municipalité était mal à l'aise. Un blanc s'installa. Il reprit finalement la parole pour expliquer que les autochtones allaient réaliser les opérations de pêche sur leurs propres embarcations.
Iluliaq : Vous restez ici deux mois et quitterez les Terres Australes avant que la baie ne gêle fin mars.
Cornudo : Pescado Silica ne nous paye pas à rien faire. Nous devons participer aux opérations ne serait-ce que pour superviser le stockage et la congélation de la morue.

Poisson
3041
2 janvier 2010

Ce jour-là, dans ce long crépuscule polaire, une lumière brillait au centre du de la steppe, le foyer du campement permanent. Un petit groupe c'était réuni, pour officiellement, prendre des décisions. La question du jour : qui abriterait les pêcheurs siliquéens ? Et comment ? Les Ankallyt Sivudlerkn et Shtiya, ainsi que que Shu Kawgu Aguri et Kaneykan Nakaa se servaient tranquillement le thé autour du feu brulant.

"Ils sont... Trois ?"
"Trois bateaux, oui"
"Ils vont pas pêcher beaucoup avec !"
"Ils sont sensés nourrir combien de gens ?"
"D'autres devraient arriver ?"
"Pas d'après leur liste !"
"Pourquoi même aller pêcher alors ? Et traverser la planète ?"
"En fait, ça m'inquiète", fit remarquer Aguri, un silence s'abattit sur le groupe, uniquement interrompu par le crépitement des braises.
"Tu pense qu'ils ont autre chose en tête ?"
"Je pense à des chalutiers géants, vraiment géants"
"Comme les bateaux-villages ?"
"Oui, mais uniquement dédiés à la pêche, des usines flottantes"
"On peut éventuellement leur demander, non"
"Leurs représentants, Pescado Silica, ont donné assez peu d'informations jusque-là. Il faudrait leur poser des dizaines de questions, mais on n'a plus réellement le temps de le faire, il faut se préparer à les accueillir"
"S'il ramènent des chalutiers géants, on ne les laisse pas pêcher !"
"Il faudra accueillir les pêcheurs quoi qu'il arrive, on avisera une fois que tout le monde est là"
"Qui les prends ?"
"Okkaluin peut prendre les trois, il est possible que les trois navires soient prévus pour pêcher ensemble"
"On ne connait pas leurs techniques de pêche, là encore, des questions à leur poser"
"Personne de Pescado Silica, ni de Manche-Silice n'est venu voir le Fjörd, en ce qui me concerne, nos interlocuteurs, seront les pêcheurs"
"Je ne pense pas qu'ils soient sensé être des diplomates"
"C'est eux qui seront avec nous, c'est eux qui font le trajet, c'est eux qui vont passer la nuit polaire et les tempêtes estivales avec nous. Ils ont du courage, je les respecte profondément pour ça. Si quelqu'un est sensé représenter leur pays, il vaudrait mieux que ce soit eux"
"C'est bien lourd à porter pour un pêcheur, on ne peut pas attendre d'eux qu'ils parlent au nom de tous les autres"
"Qui le ferait alors ?"
"Leur ambassade ?"
"On leur a déjà beaucoup parlé"
"On continuera, on parle de pays, pas de tribus, ni même de cités, c'est un autre monde, pour parler avec eux, il faut parler leur langage !"
"C'est eux qui veulent du poisson !"
"Ils pourraient aussi venir avec leur armée. Pourquoi tu crois qu'on est devenu un pays ? Sinon, ils pourraient venir, vider le Fjörd en nous laissant les conséquences, et même réclamer l'Enclave. Ils ne reconnaissent pas ceux qui ne jouent pas selon leurs règles. Ils ont choisi de s'entendre avec nous, selon leurs règles qu'on ne comprends pas, mais au moins paisiblement, faisons au mieux"
"Alors, parlons aux pêcheurs ! Au moins, on se comprendra"
"Parlons aux pêcheurs, mais il n'est pas garanti qu'ils puissent nous répondre"
"Ils ont des voiles en fait ?"
"Devine !"
"Pour trois bateaux, on partagera nos réserves. Le carburant leur revient en priorité"
"Donc, les bateaux seront basés à Okkaluin, on s'assure qu'ils aient le carburant qu'il leur faut, évidemment, de quoi vivre, on verra avec eux comment ils veulent pêcher"
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30/01/2010
Rapport d'Iliuliaq, 7ème garde-côte de Kangilleq

Visite d'une flotte de trois navires de pêche venus de Manche-Silice.

Ils comptent pêcher le poisson Melanonus gracilis dans le Fjörd des Ankallyts, ce pour quoi les Ankallyts et les Shu partagent leur licence d'exploitation, rien à redire. Ils comptent rester jusqu'en mars, et repartir avant les tempêtes hivernales.

Semblent assez peu informés des conditions de pêche aux Terres australes, que ce soit pour la la disponibilités limitée de ressources telles que les hydrocarbures, ou le fonctionnement des services et approvisionnement des Terres australes. Globalement des employés ne disposant que de très peu de maîtrise sur leur travail. Navires à garder à l’œil pour organiser un sauvetage dans le cas où ils se mettraient en danger.

Cargaison : produits chimiques polluants : hydrocarbures présents pour faire fonctionner leur machinerie, risque considéré raisonnable. Matières synthétiques persistantes présentes, notamment matières plastiques, quantités considérées raisonnables pour des étrangers. Êtres vivants : dératisation effectuée, insectes exotiques repérés, ne dispose pas des capacités de naturaliste pour les identifier, nettoyage à l'eau savonneuse. Pas d'échantillon de plantes exotiques, pas de graines visibles détectés. Ballasts non accessibles, demande à mettre les bateaux en cale sèche plusieurs jours pour nettoyage des ballasts. Pas de substances interdites ou suspectes.

État du bateau : correct pour l'été, risque de ne pas tenir une tempête estivale et devra rester à quai dans ces conditions qui que soit le pilote. Certaines pièces détachées manquent en cas de défaillance et devront éventuellement être reproduites par les hôtes. Il est conseiller de demander les plans aux constructeurs.

Bruit : pièce des machines non isolées. Ai appliqué la directive de laisser passer les étrangers malgré cela, mais je préfère prévenir que les Ankallyts commencent à s'énerver de ce passe-droit. Même sachant qu'il est très rare pour des navires étrangers d'isoler les salles des machines, je rappelle que la règle est en vigueur depuis assez longtemps pour que les étrangers puissent s'adapter, et que l'on cherche ici à protéger les baleines d'une pollution sonore qui gène leurs communications, que leur pêche participe à la survie de tout le monde dans le Fjord, et qu'en voir une désorientée et échouée n'est jamais bon signe. Radar sous-marin présent pour repérer les bancs de poisson, assez faibles pour être utilisé au besoin. Bruit de surface correct, typique d'un chalutier eurysien.

Vitesse à l'arrivée : correcte, rien à déclarer.

Matériel de pêche : chalut de fond à panneau à maille moyenne : conçu pour la pêche de poissons benthiques relativement gros, inadaptés pour l’espèce visée, rappel que la pêche à haute profondeur sans vue sur l'environnement pêché n'est pas permise. Chaluts pélagiques à maille fine à prévoir par les hôtes.

Globalement, en tant que navire étranger, les règles qui s'appliquent à eux sont plus souples que s'il s'était agit d'un peuple dérivant par exemple, les Siliquéens peuvent entrer. Cela sera toutefois différent si la Manche-Silice se décide à envoyer une flotte de dizaines de navires, l'on s'attendra au moins à ce que les salles des machines soient isolées, et les équipes au clair sur ce qu'ils peuvent pêcher et comment. Que nos descendants puissent pêcher dans le Fjord.

Entrée accordée vers le port d'Okkaluin, accès au reste du Fjord accordé une fois les ballasts nettoyés (et mieux vaudrait préciser à l'équipage que personne n'a rien à payer pour ça, ils auront largement le temps d'apprendre à vivre aux Terres australes).
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Juin 2010 Bilan : un semi-échec

L'opération est un semi échec puisque le consommateur siliquéen ne trouve pas son compte avec la nouvelle variété de poisson pêché dans les mers australes.

Extrait du Foedus Custodire de juin

Poisson

32 kg de morue par an et par habitant ! La statistique donne le tournis. La consommation domestique de morue en Manche Silice est massive. Il faut environ 1,6 million de tonnes de poisson pour couvrir les besoins des consommateurs de l'Ostremont. Depuis le début des années 2000 et la chute dramatique des stocks de poissons dans les zones de pêche habituelles (au large de Lofoten), les populations déclinent.

Fin 2009, la société Pescado Silica a lancé trois chalutiers dans une mission de prospection au Shuharri où d'autres espèces de morue, Melanonus gracilis, sont présentes en grand nombre. Au terme de longues semaines en mer, les navires sont arrivés dans les fjords des Ankallyts, précisemment à Okkaluin. "Le voyage aurait sans doute pu être plus rapide, mais nous avons préféré rester près des côtes compte tenu des tensions provoquées par les exercices des marines de l'ONC dans le secteur des détroits", retient le capitaine Bronislaw Cornudo. Sur place, les locaux découvrent stupéfaits l'impréparation totale des pêcheurs siliquéens. "Nous faisons peu de zèle avec les étrangers, mais Pescado Silica a envoyé ses marins au casse-pipe. Si nous les avions laissés se débrouiller, ils auraient peiné beaucoup à attraper du poisson, les filets n'étant pas prévus pour des poissons de cette taille, ils risquaient également de polluer un écosystème pur avec leurs vieux bateaux décharnés. J'en passe... Ils ont heureusement pu compter sur l'aide de pêcheurs chevronnés Ankallyts et Shu", relate sobrement une source dans l'entourage de Yuu aon Laonko, la Gyasarr, autrement dit, chef de la diplomatie de l'Etat austral.

De retour en Manche Silice, au port de Rio de l'Estuaire, les trois bateaux copieusement chargés d'environ 1000 tonnes de poissons chacun, ont vidé les cargaisons. Pescado Silica s'est chargée d'écouler la marchandise auprès de ses réseaux de distribution. Cet apport n'a pas eu d'effet majeur sur l'offre alors que la demande est restée très haute. En 2000, le kilo de morue se vendait autour de 10$ le kilo et les miettes (sous-produit) autour de 5$. Dix ans plus tard, les prix ont été multipliés par 2. Le nouveau Triumvirat prend le sujet à cœur. L'exemple de Pescado Silica, qui a reçu des financements de l'État pour armer la "mission Shuharri", doit inciter les autres acteurs du secteur à prospecter de nouvelles zones de pêche.

Les consommateurs boudent la morue du sud

Après quelques mois d'expérience, les professionnels de la poissonnerie constatent les difficultés du Melanonus gracilis à s'imposer à la table des siliquéens malgré un prix nettement plus abordable que la morue classiquement consommée. "Leur taille est ridicule. Il n'y a pas beaucoup de chair à se mettre sous la dent. Nous ne pouvons tout bonnement pas présenter ce poisson brut au client. Il est consommé en friture et des usines de transformation en font des rillettes et des conserves à l'huile. Pour le moment ça n'est pas la joie", explique Zofia Piuvichelli, responsable des rayons marée de Regadillos, l'un des champions de la grande distribution en Manche Silice.

Les associations de consommateurs ont hurlé contre la mise sur le marché de cette nouvelle espèce et demandé aux autorités régionales d'imposer aux vendeurs des appellations distinctes. "Morue du sud", est désormais l'expression consacrée par la morue à petite tête du Shuharri.

Les siliquéens se reportent sur d'autres produits

Les statistiques témoignent d'un regain d'intérêt pour d'autres poissons maigres à chair blanche tels que le merlu, le chincha, le pollock ou le colin. Les consommateurs, en particulier les classes populaires et moyennes, compensent aujourd'hui la morue, inaccessible, par d'autres produits carnés. "À l'évidence, la catastrophe de la morue, que nous avons en partie provoqué par nos habitudes alimentaires, doit nous questionner sur nos modes de vie. La Manche Silice se développe, la richesse par habitants augmente régulièrement et les citoyens veulent se faire plaisir. C'est bien normal. Mais, nous sommes 50 millions et devons remettre en question notre rapport à la viande", alerte Lizabetka Podebrad, nutritionniste enseignant à l'université mandréanne.

Le Triumvirat de Manche Silice démarre son mandat et ne souhaite pas entamer son capital de sympathie en prenant position sur ce sujet hautement polémique. Anselmo Martinez et Firmino Costa ont par ailleurs consacré leur première visite de triumvirs au port de Rio de l'Estuaire et ont décoré les marins de la "mission Shuharri" de l'ordre du mérite siliquéen. "La morue appartient à notre univers civilisationnel. Il est anormal que nos citoyens privilégiés puissent encore profiter du poisson-roi et que le reste de la population se contente d'ersatz", confie-t-on dans l'entourage des triumvirs.
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Septembre 2010 Contrebande

De la morue de contrebande du Lofoten encore écoulée en Manche Silice ?

Extrait du Foedus Custodire de septembre

Une saisie record au port de Podestavre

La semaine suivant la formalisation du partenariat, une opération de police menée conjointement pour les forces triumvirales et du Pays Landrin aboutit à la saisie de quatorze conteneurs de morue lofotène déréférencés. Ce poisson aujourd'hui disparu des étals par pénurie s'écoulait encore à prix d'or sur un marché noir. Les siliquéens doivent aujourd'hui se contenter de poissons moins nobles comme la morue shuharienne.

12 tonnes de précieux poisson ont ainsi été récupérées. Vingt dockers et un responsable présumé du réseau ont été arrêtés. D'après les enquêteurs, ils seraient affiliés à une branche de la mafia mandréanne.

"L'occasion était trop belle de faire profiter la population de nos efforts et d'affaiblir le maigre capital d'estime que les mafieux pouvaient encore avoir. Nous avons convenu avec les majors de la grande distribution de leur vendre à tarif avantageux ce poisson saisi à condition qu'ils le vendent eux-même à des prix abordables. L'opération a été un succès !", indique-t-on à la cour de Vittorio IV.
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