Le soleil s'est levé sur l'Empire Suprême, continuant sa course inlassable. Les rizières abondent en récoltes, les Cieux sont cléments, les cadavres pourrissent, les marchands parcourent les villages, les forgerons donnent naissance aux sabres de l'armée de Sa Seigneurie, les comploteurs sont retrouvés livides sur le sol, leurs os réutilisés dans des dagues et leurs âmes condamnés à servir ainsi à la garde ducale. En un mot comme en cent, tout va pour le mieux pour Sa Seigneurie Ducale Hakuseki Akinari, également connu sous le nom de Despot du Dainetsu, et ce surtout chez ceux contestant la légitimité de son titre. Mais cela n'intéresse guère Akinari, qui n'a d'yeux que pour la puissance militaire de son domaine, et qui peut compter sur ses fidèles généraux et compagnons d'armes, respectés et appréciés pour leur grande expertise en combat. Car au Dainetsu plus que nulle part ailleurs au Tahoku, la vie communautaire tourne autour de l'affrontement et de la concurrence avec les voisins, des jeux du cirque, des duels pour l'honneur et des collections des crânes des opposants. Depuis que l'Empire traversait une période de paix relative au sein de ses frontières, le Dainetsu manquait de quoi se mettre sous la dent. En effet, l'Empereur Karasu avait réussi à user avisément de son pouvoir, réussissant à détourner les seigneurs locaux de leurs disputes pour les faire se concentrer sur la suppression des menaces rebelles et sur le développement industriel du pays. Evidemment, la situation n'était pas éternelle, et un jour les seigneurs de guerre finiraient par utiliser leur croissance économique pour s'accaparer de nouvelles terres, de nouvelles terres inaccessibles à acquérir autre part qu'à l'intérieur du Tahoku, le restant des pays adjacents étant bien trop puissants pour s'y attaquer. Il était évident que le système avait atteint sa limite, et désormais chacun essayait de trouver de nouveaux moyens d'étendre son emprise, son domaine, ses possessions. Certains pariaient sur des rendements agricoles plus élevés, d'autres sur la contrebande, d'autres encore sur l'import-export. Akinari pariait quant à lui sur l'industrie militaire : pour lui, ce n'était pas négociable, le Dainetsu se devait d'avoir le monopole de la violence, c'en était devenu une affaire personnelle, une question d'honneur et de réputation. Après tout, en termes compréhensibles par un matérialiste, le secteur tertiaire du Dainetsu pouvait compter sur un large bassin d'emplois dans le domaine des assassinats, un secteur porteur en toute circonstance, et il fallait bien garder la confiance des clients. La région était déjà connue et reconnue pour ses artisans-forgerons de renommée, et la performance de son armée, ou du moins d'il y a deux siècles, car les complots et coalitions avaient fini par avoir raison de la domination de sa dynastie dans le Kaneshiro, et maintenant que l'Empereur détenait une partie du domaine de jure, et il fallait composer avec en attendant de pouvoir récupérer ce qui lui revenait de droit. Quand le Dainetsu aurait levé autant de troupes et de fusils qu'il n'y aurait de grains de riz dans tout le Demura, Akinari pourrait faire plier l'Empereur. Karasu, dans sa puissance toute relative, devrait concéder du terrain pour pouvoir avoir le droit d'utiliser ses forces vassales : après tout, il essayait de soigner ses relations avec lui, c'était donc qqn d'intéressé par ses troupes, il pouvait jouer là-dessus... En soit, cela n'avait rien de gagné, étant donné qu'il s'agit d'un droit légitime du souverain, mais il y avait moyen de négocier, et dans le pire des cas, on enverrait une poignée de dagues négocier à l'encre rouge...C'était toujours la meilleure solution, pas la plus glorieuse évidemment, mais il fallait voir dans le long terme, personne n'avait envie d'un conflit aussi important, ou plutôt tout le monde en avait envie, mais personne ne pouvait se le permettre, et rien n'était aussi vrai pour Dainetsu, qui ne pouvait pas courir le risque que l'Empereur appelle les Xin et l'UMT à la rescousse. L'heure des comptes viendrait quand même. Il s'en assurerait, la dynastie comptait sur lui.
