Le Varanya, ressuscité sous son modèle républicain, est un état au régime politique né de la guerre civile, l’ayant opposé au Shah, un précédent titre définissant l’autorité suprême de cette nation dirigée sous un modèle impérial depuis près de cinquante ans. La révolution varanyenne, portée distinctement par des mouvances communistes, islamistes et démocratiques, n’a donné la part belle qu’à ces dernières, instaurant la formation d’un gouvernement provisoire, dit de transition, pour porte les réformes institutionnelles nécessaires à la bonne marche, comprenez par là le bon redressement, de ce pays unique au monde et à l’histoire riche, ne serait-ce que sur les dix dernières années écoulées.
Ravagée par la guerre civile, la République du Varanya s’est heurtée à des défis de taille pour porter sa reconstruction et remettre en branle son outil industriel, cher à la reprise économique que tout le monde attend.
Ce conflit, alimenté durant deux longues années, a en effet la particularité de s’être porté sur l’intégralité du territoire, exceptée l’île de Bina, ce qui en fait l’un des conflits les plus coûteux à la reconstruction parmi tous ceux enregistrés sur la décennie. Un conflit d’autant plus destructeur, qu’il s’est reposé sur la multiplication des factions a usein de la Révolution. “Vous n’auriez pas pu asseoir autour de la même table le leader de la mouvance islamiste Front al-Islam et celui de l’Alliance Nationale Varanyenne (ANV), forgée des tendances libérales et démocrates. Le caractère factieux des intervenants a entraîné une certaine bunkerisation de régions pourtant pacifiées, retardant la remise en l’état des institutions locales et la coopération interrégionale, par l’établissement de fiefs voulant accéder à l’autonomie.
Mais par chance, en sortie de guerre et considérant la défaite militaire des mouvances communistes et islamistes face aux forces loyalistes de l’Empire varanyen, seules les forces démocrates ont pu se légitimer lorsqu’elles triomphèrent du Shah et de ses soutiens. Dans cette réussite, les forces démocrates de l’ANV se savaient aidées de puissances étrangères telles que la Sérénissime République du Fortuna et la Fédération d’Alguarena, une aide militaire appréciable qui conditionnera les premières relations politiques de la République du Varanya à l’international. Si les mouvances démocratiques, portées par le président par intérim Mohammad Karimi, ont su épargner au pays un chaos total et unifier les aspirations politiques dans la définition de son régime qui perdure encore aujourd’hui, force est de constater que l’économie est restée déclinante.
Le gouvernement par intérim, trop accaparé par la nécessité de constituer une concorde nationale, était passé à côté de la réforme de fonds des institutions varanyennes, condition sine qua non au marquage politique de cette entité politique nouvelle sur la scène internationale. L’absence de réformes de fonds quant à l'identité des institutions varanyennes, avait laissé le pays dans certains de ses travers. Le premier d’entre eux pouvait nécessairement se faire la corruption, car la recherche de financements pour permettre la sortie de terre de tel ou tel projet, appelait à des manœuvres de séduction qui obligeaient généralement à un renvoi d’ascenseur. La corruption dans les cercles politiques, concernant la volonté initiale de la révolution varanyenne à stopper l’élitisme de sa gouvernance, demeurait un cheval de bataille quotidien pour ceux qui restaient fortement animés par les valeurs de l’Alliance Nationale Varanyenne au lancement de sa révolution.
Aussi, tout n’était pas perdu, en dépit des longues périodes de troubles et d’essais politiques, au sein d’un pays brisé, morcelé puis reconstitué. Les gens honnêtes et de conviction, susceptibles de jouir d’une certaine représentation publique, commencèrent à dénoncer les travers, ou à minima les limites, de la république actuelle. Des griefs portés en société et sur lesquels des personnalités politiques croissantes souhaitaient miser toute la recette nécessaire à l'instauration du succès politique et de la prospérité économique du pays réunifié.
Mitra Afshani, une jeune varanyenne de trente ans, avait l’espoir d’être l’une de ces personnalités. Consciente de l’ampleur du phénomène de corruption dans certains pans de l’économie varanyenne, elle est désormais connue à l’intérieur du pays pour s’être investie dans une association citoyenne, chargée d’enquêter sur les cas de corruption d’élus ou de hauts fonctionnaires.
Une initiative portée par la création du “collectif pour une gouvernance vertueuse et représentative”, une association dans laquelle des citoyens ordinaires ainsi que bénévoles, se chargent d’enquêter sur les cas de corruption et de dénoncer publiquement tous les faits pouvant essuyer une condamnation auprès de la justice locale, divulguant autant que faire se peut, les noms des fonctionnaires et élus impliqués, pour porter le discrédit sur leur travail et les contraindre à un retrait de la vie publique, conjointement aux condamnations qu’ils pourraient recevoir de la part de l’appareil judiciaire varanyen.
L’enjeu est alors pour elle et ses acolytes, de sensibiliser la population à l'importance de la transparence et de la responsabilité dans la gestion des affaires publiques. Une action vertueuse mais audacieuse, qui lui vaut aujourd’hui encore de nombreuses menaces de mort, par des lobbys et des personnes ayant un intérêt à durablement l’éloigner de leurs affaires. Malgré les menaces et les pressions, Mitra Afshani continue donc d’investiguer et de porter sur la scène publique, les travers moraux, délictueux voire criminels, dont elle aurait connaissance… Son travail acharné et sa détermination n'ont, à ce jour, pas porté de fruits probants, des fruits qui lui auraient permis de se faire une égérie de la vertu et du code de déontologie aspiré pour la classe politique de ce pays.
Un travail de titan lui était effectivement imposé chaque jour, pour investiguer les différentes enquêtes issues de signalement, qu’elle cherchait à corroborer. Lorsque les renseignements fournis par des citoyens étaient suffisamment intéressants pour permettre les investigations approfondies, il lui fallait également s’assurer que l’appareil judiciaire se mettrait bien en marche pour donner suites aux éléments d’enquête qu’elle leur ferait parvenir. Une incertitude et souvent des déceptions, qui amena la jeune femme à changer son fusil d’épaules, en investigant et en portant les fruits de ses trouvailles, sur l’espace public, de sorte à faire de ces infamies non poursuivies en justice, des sources de disgrâce pour leurs auteurs engagés au sein des institutions nationales ou sous un mandat d’élus.