Premier Congrès de l'UMT, Sibertet 2010

L'Empereur, accompagné de nombreux ministres, parents, conseillers et généraux, observait toutes les personnes réunies près du Palais des Congrès avec une admiration non feinte. Après que Sa Majesté le Roy d'Aquitagne eut pris la parole non sans effet sur la petite audience réunie, les regards se tournèrent vers Pétroléon V, alors qu'il s'apprêtait à prononcer quelques mots.

"Amis qui êtes réunis ici, Nous ne pouvons cacher la joie qui Nous habite en ce merveilleux jour, le premier d'un Congrès qui s'annonce aussi fructueux que rayonnant. Nous éprouvons une vive impatience à l'idée d'entreprendre les discussions prévues pour cette merveilleuse semaine. Nous en attendons beaucoup pour le développement de nos pays respectifs, ainsi que pour le rayonnement de l'Union Médiane des Traditionalistes qui, si jeune pourtant, se montre aujourd'hui grande et pleine d'initiative. Oui, Nous verrons le rayonnement de cette vertueuse Union d'un œil heureux et satisfait, car il signifie pour nous le rayonnement des Vraies valeurs, et par-dessus tout le triomphe de la Beauté en ce monde. Comme l'a si bien dit Sa Majesté Philippe VII, même si les puissances socialistes et libérales exercent leur cacophonie habituelle à coup de canon et de propagande, causant la mort de milliers d'êtres humains, la tradition ne meurt jamais, par définition. Elle est éternelle, et la justesse de ses principes ne peut que se vérifier dans leur capacité à traverser les siècles.

Nos nations fleurissent dans tous les domaines, sur tous les continents, et ce Congrès est l'occasion de mettre à profit les liens qui nous unissent indéfectiblement."

La délégation tahokaise n'avait elle non plus pas lésiné sur les moyens : accompagné de plusieurs de ses proches conseillers, ministres, amis ainsi que de sa femme, l'Empereur Karasu Misao lui-même s'était déplacé en Aquitagne, un événement qui revêtait une importance capitale
le Trône se déplaçant rarement hors de ses terres. Au-delà de l'assurance d'être informé sans biais, directement, des discussions qui auront lieu lors du congrès, sa présence montrait l'intérêt et le respect du Tahoku envers ses alliés de l'Union, et à vrai dire, il aurait été impossible de faire autrement : déplacer de simples conseillers pourrait être, en toute légitimité, être vécu comme un affront. L'Impératrice, en cas d'urgence, aurait pu se charger de l'affaire, mais Misao cultivait un grand intérêt et de vastes projets à l'égard du congrès : coopération dans le domaine militaro-scientifique via des transferts technologiques et des recherches communes, planification d'une politique internationale commune, échanges économiques, développement d'un soft power, pour reprendre les termes des libéraux qui raffolaient tant de cette forme de pouvoir sur le monde, un outil de puissance à même de réveiller l'amour pour les racines, les riches cultures et la morale guerrière, quelque-chose de bien utile en ces temps de conflits où chaque belligérant avait son potentiel de dérapage éthique, ou plutôt d'honneur.
Il fallait également avouer que Karasu Misao appréciait grandement la dimension événementielle de l'invitation, et qu'un peu de détente et de frivolité en compagnie d'hommes et de femmes de culture ne lui ferait pas de mal, bien au contraire. Les réformes, les rabrouages d'administrateurs incompétents, les investissements, c'est nécessaire, mais ça manque tout de même d'un peu de saveur. Bien-sûr, il ne manquait pas de spectacles de danse, de chants ou de promenades en son domaine, mais il avait bien envie de se changer les idées pour une fois, et l'occasion était parfaite.

Pour l'occasion, l'Empereur-Prophète portait ses apparats cérémoniels ainsi que son inséparable sabre de combat. Sa femme s'était également faite plaisir, et s'était revêtue de ses plus beaux tissus. En toute objectivité, on ne voyait qu'elle, à côté de son mari, brillant au soleil avec le jaune-orange étincelant de ses habits. Fort enthousiaste à l'idée de rencontrer ses homologues, ce dernier prit soin de saluer chacun d'eux, demandant leurs nouvelles et discutant sur divers sujets grâce à son équipe de traducteurs qui s'était fort développée avec les besoins croissants en diplomatie.

À la fin de la prise de parole de l'Empereur de Clovanie, l'Empereur Karasu profita de l'occasion pour approuver son discours et y ajouter ses remerciements pour l'invitation et l'organisation du premier congrès de l'organisation qu'il espérait de tout cœur fort constructive.

Ayant attentivement écouté le discours de son homologue aquitagnois, Pétroléon V fit signe à l'assemblée qu'il souhaitait à son tour prendre la parole.

"Votre Éminente Majesté a parfaitement exposé les bases de cette Union qui nous réunit tous en ce lieu. Le fondement de l'UMT, c'est bel et bien la tradition. Et la tradition, c'est la culture. La culture régit les mœurs d'une société, elle définit ses racines et ses aspirations, et donc sa manière d'évoluer. Ne nous méprenons donc point en plaçant cet aspect à la marge de nos objectifs, en privilégiant le militaire ou le commercial dans nos échanges. Un homme dégénéré avec un fusil de dernière génération est aussi inutile qu'un analphabète dans une bibliothèque. En somme, nous devons placer la chose culturelle au centre de nos échanges.
Aussi, Nous encourageons avec joie la proposition de Sa Majesté le Roy d'Aquitagne. Un manifeste écrit et signé par les mains de tous ceux ici présents aura d'autant plus d'impact qu'il tirera ses racines de tous les continents de notre immense globe terrestre. Nous acceptons avec grand plaisir de prêter notre plume à cette noble cause pour laquelle nous sommes tous réunis dans cette grande salle. Lorsque tous les pays du monde connaîtront nos valeurs et nos desseins, ils n'auront que deux possibilités : les admirer ou les craindre. Face à la lumière divine, soit l'on ouvre les bras avec reconnaissance, soit l'on se cache les yeux, pâle et ébloui comme un revenant d'outre-tombe.
Mais la culture, me répliquerons les plus tatillons d'entre vous, est immatérielle, et s'aplatit devant les armes et la consistance des géants métalliques. Certes, nos ennemis, capitalistes comme libertaro-communistes, sont armés jusqu'aux dents. Mais nos nations sont en plein essor, tandis que les leurs dépérissent, stagnent, ou s'entre-tuent dans des conflits meurtriers. Ils n'ont pas compris que leurs divergences idéologiques étaient nées de la même racine, à savoir de la perte de la tradition. La Tradition, c'est ce que nous voulons à tout prix conserver, pour éviter de voir nos peuples contaminés par la même variole libérale qui asservit nombre des pays du monde d'aujourd'hui. De là, l'importance capitale de la culture est de nouveau soulignée, ce qui Nous pousse à motiver de plus belle la promulgation d'un manifeste tel que l'a décrit mon homologue aquitagnois."

La Gran Man de Maronhi, dame Kouyouri, ainsi que sa suite, composée de cinq des plus éminents ministres maronhiens, n'avait pas ménagé ses efforts pour se faire présentable pour une telle occasion. Suite au buffet où ces derniers avaient entamé les discussions avec leurs homologues de l'union, la Gran Man et le chef du Département des Traditions prirent place afin d'échanger. Awara prit la parole à la suite de l'empereur clovanien.

« Plus que du culturel, c'est ici de l'art de vivre dont il est question, car il y a la règle, et il y a l'exception. Il y a la culture qui est de la règle, et l'art qui est de l'exception. Tous disent la règle : mondialisme, modernisme, progressisme... Personne ne dit l'exception, cela ne se dit pas, cela se vit. Et c'est alors l'art de vivre : Valentia, Koslov, Beiyfon, Queslen, Fuji, Kayawa... Il est de la règle que de vouloir la mort de l'exception. Il sera donc de la règle des Hommes nouveaux d'organiser la mort de l'art de vivre... qui fleurit encore sur nos terres. »