01/07/2013
10:54:03
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Le discours de clôture du professeur Ambroise Crogère

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Le professeur Ambroise Crogère clôture le 35ème congrès d'éthique de la médecine carnavalaise à Grand Hôpital :

plein de médecins

- Encore une fois, le succès médical de Grand Hôpital est incontestable ! Les chiffres le prouvent : nous prenons tous les ans de l’avance sur nos concurrents et chaque année qu’il nous faut pour faire une découverte en prend deux au reste du monde !
Cela, messieurs les actionnaires et les médecins, est rendu possible grâce à notre politique d’éthique antispéciste ! Car nous ne faisons aucune différence entre l’homme et l’animal, nous avançons sans scrupules et donc sans obstacles.

J’ai vu des gens se plaindre, dans certains médias étrangers, de nos pratiques. Cette vidéo où plusieurs enfants nazuméens, la trachée reliée à des pompes à fumée, respirent en continue des vapeurs de cigarettes a choqué de nombreuses officines droits-de-l’hommistes. Mais ne font-ils pas de même avec les chiens ? Pensent-ils ces ingénus que leurs cigarettes à eux soient commercialisées sans douleur ?
D’autres se sont affolés de ce que nous viviséquons vivants chaque jour plusieurs milliers de malades, afin de comprendre en direct l’évolution des maladies que nous leurs avons nous-mêmes inoculés. Et que croient-ils qu’il se passe, dans les antichambres de leurs propres laboratoires ? Qu’on a soigné la peste, la variole ou le tétanos en dorlotant les singes ?
On s’est plaint de nos méthodes qui consistent à placer des hublots au niveau du ventre des femmes enceintes pour mieux suivre leurs gestations et faciliter les opérations intra-utérines sur le fœtus. Mais ont-ils dit un mot sur les vaches qui subissent chez eux le même sort ?
Des centaines de mètres de cages où des humains entassés vivent et meurent dans leurs propres déjections, malformés, incapables de se redresser, parfois trop faibles ou trop malades pour aller jusqu’aux mangeoires, qui meurent de dénutrition, ces gens élevés pour leurs organes, sont-ils si différents des poules, des cochons et des lapins que nos voisins élèvent dans des conditions similaires ?
On s’est inquiété que nous nous fassions des écharpes de peau, et que les bébés sur lesquelles nous la prélevons (car c’est la peau la plus douce, celle des nouveau-nés) étaient parfois écorchés à vifs. Ceux-là même qui portent du vison et de toutes sortes de fourrure.
Un observateur international, tout traumatisé, a déclaré que nous étions des monstres car dès treize ans, nous inséminons artificiellement des petites filles afin de prélever dans leur sang des hormones précieuses pour certains de nos médicaments et de nos parfums. Au bout d’une dizaine de grossesses, elles finissent par mourir d’épuisement et sont alors envoyés aux départements de dissection. Ignorait-il, ce chevalier blanc, que son pays faisait de même avec les juments ?
Nous ne nions pas que nous retirons les nouveau-nés à leurs mères et que nous les forçons à en allaiter d’autres, chaque nourrisson calibré sur une mère, en fonction de critères de poids dont nous avons poussé la finesse jusqu’au milligramme afin d’optimiser la production. Ne font-ils pas exactement la même chose avec les truies et les vaches ?
Pour économiser du temps et de l'énergie, nous anesthésions les plus petits enfants en les accrochant par les pieds et en les fracassant contre les murs, comme des porcelets. Lorsque nous voulons préserver leur intégrité physique nous les plaçons dans une pièce que nous remplissons de CO2. Notre théorie est que leurs cris et leurs convulsions sont de simples réflexes psychomoteurs, comme pour les cochons.
Nous avons forcé nos compatriotes à courir dans des labyrinthes dont le sol est électrifié, nous leurs avons implanté des traumatismes et des névroses, grâce au conditionnement par la douleur, nous leurs avons appris à avoir peur de l'eau, et à culpabiliser de respirer en diffusant un jour sur deux de l'air empoisonné nous leurs avons enseigné à craindre les nombres pairs et à détester leur propre peau. Nous avons fait de grands progrès en psychologie. Ne font-ils pas la même chose sur les rats ?
Certains se sont insurgés que dans nos festins soit présente de la viande humaine, ils pleurent quand nous mangeons du chien mais n’ont aucun problèmes, eux, à manger des cochons qui sont pourtant tout aussi intelligents et sensibles.

Nous avons poussé l’industrie de la mort à son apogée, le corps humain n’a aucun secret pour nous, nous le mesurons, le comparons et il nous est parfaitement prévisible. Nous savons l’optimiser, nous savons quand laisser grandir, quand tuer, quel est le meilleur moment pour prélever les organes. En plantant des aiguilles dans le cerveau de nos clochards nous avons progressé en neurosciences cent fois plus rapidement que nos voisins ne le font avec des rats. Grâce au séquençage du génome et à la sélection, à l’eugénisme, nous avons créé de nouvelles races d’humains, qui ne vivent que dans nos laboratoires, spécialement prévus pour donner le meilleur d’eux-mêmes : poumons, reins, foies, viande, poil.

Grand Hôpital est la surface émergé d’un iceberg de science et de souffrance, cela est vrai, mais qui pourrait dire que cela ne va pas ensemble ? Quelle société pourrait honnêtement nous faire la leçon ?

Qui pourrait se lever et dire moi je ne tue pas, jamais ? Pas un seul animal, pas un seul humain n'est passé dans les couloirs froids de mes prisons ou de mes cliniques ? Ils tuent pour des produits de beauté et nous n'aurions pas le droit de tuer pour la science ?

La modernité n’a que faire de leurs hypocrisies, nous seuls pouvons nous regarder dans le miroir et dire je traite tout le monde à égalité. Je suis la science, froide et honnête, sans biais et sans jugements, il n’existe rien sur cette terre qui échappe à mon regard, de la plus misérable larve au plus parfait des humains.
Nous seuls pouvons dire que nous sommes plus égalitaires que les communistes et plus libres que les libéraux, nous nous affranchissons de la chaire car pour elle nous n’éprouvons que du dégoût et la traitons pour ce qu’elle est : de la matière, des ressources, de la marchandise qu’il nous faut optimiser et améliorer, pour en tirer la meilleure rentabilité. Le corps est une machine à protéine, quiconque feint de l'ignorer passe à côté d'une colossale source de profits.

Chers actionnaires et médecins, les résultats de cette année confirment une fois de plus que c'est sur les tabous des autres nous bâtissons chaque jour notre rentabilité.
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