Article de presse indépendantAbdul-Bashit Hadad : génie incompris ou tyran écervelé ? Pour les occidentaux, Abdul-Bashit Hadad est un dictateur sanguinaire faisant régner la peur sur le peuple farisi depuis plus de quatre décennies, pour d’autres, majoritairement afaréens et nazumi, il est le symbole de l’anti-impérialisme et du panafaréanisme. Quoi qu’il en soit, celui qui a commencé sa vie dans une tente du désert farisi ne laisse personne indifférent.
Nous tenterons ici d’esquisser un portrait neutre et objectif d’ABH, de ses origines jusqu’à l’adhésion prochaine du Farisistan au FCAN en passant par son accession au pouvoir et son idéologie.
I. Naissance et jeunesse Abdul-Bashit Hadad voit donc le jour une nuit entre les années 1938 et 1939 au pied de la chaîne des Mortels. Sa famille, des bergers semi-nomades du sud du pays, ne tiennent pas de registre des naissances, on ne connaît donc pas la date de naissance exacte d’Hadad.
Troisième et dernier garçon d’une fratrie de sept enfants en tout, il est l’un des seuls à survivre aux différents problèmes inhérents à la vie très pauvre au Farisistan. Le jeune Habdul-Bashit résiste aux famines, aux épidémies et aux conflits très violents avec une de ses sœurs, Nurah, et un de ses frères, Nazim.
Il reçoit une éducation islamique. La famille d’ABH fait effectivement partie de la minorité alaouite qui compte pour environ moins de 5% de la population totale du pays. Il suit aussi une éducation scolaire classique, ce qui fait de lui une personne lettrée, chose rare à l’époque. Il apprend aussi le youslève et le farsi, lui qui ne connaissait que l’arabe, dans le but de faire carrière dans l’armée.
II. Du simple militaire au leader Aux alentours de ses 20 ans, ABH rentre dans l’armée. Son intelligence tactique et politique ainsi que sa très bonne connaissance des terres désertiques du sud et de la chaîne des mortels, d’où il est originaire, ainsi que des populations locales lui font gagner très rapidement des échelons.
Au cours de cette ascension fulgurante, le jeune homme idéaliste est choqué par l’inaction sur tous les points des différents monarques farisi. En parallèle, il commence à lire des auteurs socialistes très connus comme Peyton J. William Smith qui vont immensément l’influencer. Il se nourrit aussi des discussions qu’il a avec des amis qu’il s’est fait dans son début de carrière et qui deviendront ensuite ses compagnons puis ses généraux.
Petit à petit, l’idée d’un renversement de ce régime monarchique jugé bidon car parachuté au pouvoir par les anciens colons youslèves au moment de leur départ devient de plus en plus populaire chez les seuls qui ont un peu de pouvoir dans le pays, les religieux et les militaires.
D’un côté, les membres de l’Assemblée de Préservation du Culte sont très favorables à un changement de régime, ils pourraient donc mettre en place un vrai régime islamique, chose impossible avec la présence d’un Roi pantin des youslèves. De l’autre, les militaires dissidents souhaitent établir un régime socialiste basé sur une démocratie directe.
Néanmoins, les ayatollahs ne souhaitent pas se mouiller mais assurent aux putschistes qu’ils ne s’opposeraient pas à un renversement armé.
La révolution étant impossible sans l’appuie formel des religieux, il ne reste plus que le coup d’Etat. Abdul-Bashit Hadad prend donc les choses en mains et le 15 décembre 1969 les blindés de l’armée farisi se mettent en marche vers le palais royal. Personne ne se met en travers de cette marche meurtrière et le Roi Amine IV est capturé dans la nuit avant d’être exécuté quelques jours plus tard. ABH, officier de haut rang déjà très populaire auprès des militaires mais aussi de la population voit son crédit exploser après cette initiative et devient donc l’homme providentiel.
III. IdéologieMais donc, quelles-sont les idées d’Abdul-Bashit Hadad ? Il y a d’abord un panafaraéanisme à toute épreuve ainsi qu’un panarabisme tout aussi vif, et ceux depuis sa prise pouvoir. Pour Hadad, l’occident, symbolisé par l’ONC et la Youslévie, n’est qu’oppression et est le responsable des difficultés du Farisistan. Il est donc vital de se tourner vers ceux qui sont plus proches et de tenter des unions. Celui qui est depuis 1970 le président du pays va tenter à de nombreuses reprises de s’allier avec ses voisins, ce qui s’avérera systématiquement être un échec, du moins jusqu’à la création du Forum de Coopération de l’Afarée du Nord (les enjeux et conséquences de la création du FCAN et de l’adhésion du Farisistan seront détaillés dans un prochain article). Abdul-Bashit Hadad est souvent accusé de prêter main forte aux différents mouvements révolutionnaires un peu partout dans le monde. Certains complotistes ont par exemple expliqués que l’assassinat de l’ex président socialiste milouxitan a été commandité par Hadad lui-même.
Comme expliqué un peu plus haut, Hadad est fier socialiste. En tant que socialiste arabe il va donc commencer par des réformes agraires et des nationalisations, mais pas que. Il va aussi abolir la propriété, le salariat et même les commerçants pendant un temps.
Il n’y a plus de loyers et chaque farisi peut s’emparer d’un logement, permettant à tous d’avoir un toit au dessus de la tête mais légalisant presque le squat. Il n’y maintenant plus que des associés qui se partagent les bénéfices et aussi les bazars et tout autre commerce sont abolis. Cette dernière mesure ne dure pas longtemps car ces petits magasins étaient un des pauvres poumons économique de ce pays, mais surtout car les protestations devenaient trop importantes.
Ces mesures n’ont pas rendus Hadad très populaire, spécialement auprès des patrons même si le farisi moyen valide ses mesures, sans doute grâce à un peu de propagande.
En bon socialiste, Hadad veut que le régime, auparavant monarchique, se change en une démocratie directe. Il considère en effet que les démocraties indirectes sont des dictatures déguisées car elles ne donnent pas vraiment le pouvoir au peuple. Cependant, comment faire pour mettre en place une démocratie directe dans un pays de 60 millions d’habitants avec aucun moyen éducatif ou financier ?
Il va donc mettre en place cette démocratie directe qui lui tient tant à cœur, mais avec un « garde fou ». Elle est composée d’Assemblées du Peuple, la partie législative, et des Comités du Peuple, le penchant exécutif, qui doivent élire des représentants de l’Assemblée Générale populaire qui élit ensuite un Secrétaire Général dont le rôle est minime.
Voyant le peu de résultats qu’obtient ce régime, pour des raisons allant du purement politique à des carences logistiques, il va en parallèle créer le Comité de Préservation de la Révolution dont-il est le Président. Miroir de l’Assemblée de Préservation du Culte, qui fera basculer le pays dans une véritable dictature. En effet le CPR, comme il est parfois écrit en abrégé, contrôle et encadre les Assemblées et les Comités du Peuple, remettant donc largement en cause le concept même de démocratie.
Mais donc, Abdul-Bashit Hadad est-il subitement devenu mégalomane et a voulu conserver le pouvoir, a-t-il souhaité garder les rênes du pays après son échec de démocratie directe ou alors est-il encore persuadé d’être en train de réaliser son rêve ? On ne sait pas, et on ne saura sans doute jamais ce que pense réellement le leader farisi. Quoi qu’il en soit, la seule chose qu’on peut affirmer, c’est qu’aujourd’hui la République Chiite du Farisistan n’est au moins plus une république. Mais, dans ce nom officiel, le second mot, chiite c’est-à-dire la religion de plus de 75% des Farisi, est aussi intéressant pour comprendre un peu mieux Hadad.
IV. Relation à l’Islam et à l’Assemblée de Préservation du CulteLa relation d’Abdul-Bashit Hadad à la religion est particulière. Déjà, et comme expliqué précédemment, ce dernier est alaouite, une branche assez éloignée du sunnisme pratiquée par une extrême minorité d’individu, la plupart étant dans le sud du pays.
De plus, ABH est socialiste, on pourrait donc croire, un peu de manière réductrice, qu’il est sans doute anti-religion, ça n’est pas le cas. Il veut en effet protéger les rôles traditionnels de la famille, du père, de la mère, de la femme, de l’homme etc… tel qu’ils sont inscrits dans l’Islam. Il veut aussi le répandre au monde et plus particulièrement aux mondes arabe, perse et plus généralement afaréen.
Il est pour la charia, et la fait appliquer sur beaucoup de points. Toutefois, il est contre la polygamie et souhaite autoriser le divorce, le tout afin de permettre l’émancipation de la femme.
Néanmoins, Hadad se retrouve rapidement avec un caillou dans sa chaussure, et pas des moindres car il s’agit de l’Assemblée de Préservation du Culte. Nous détaillerons l’origine et les principes fondamentaux de ce conseil dans un prochain article mais il faut surtout se souvenir ici que l’ACP contient sept hommes tous issus des sept mêmes familles, six chiites et un sunnite.
L’Assemblée de Préservation du Culte s’est taillée une solide réputation et une grande popularité auprès du peuple depuis leur création, des décennies auparavant. ABH ne peut donc pas les éjecter et doit donc composer avec. Il va donc devoir mettre de k’eau dans son vin, surtout au niveau religieux, lui qui avait une vision de la religion plutôt révolutionnaire et qui avait souvent tendance à défendre des thèses assez peu conventionnelles sur certaines interprétations de l’Islam, en expliquant notamment que la véracité des hadiths sont contestables.
Surtout, le principal désaccord entre l’ACP et le leader farisi réside dans l’intégration ou non des minorités non chiites à la société. D’un commun accord, les deux partis concèdent que les musulmans dans leur ensemble, aussi bien chiites qu’alaouites ou sunnites, ne seraient pas persécutés ou chassés, contrairement aux rares chrétiens catholans ou juifs. Toutefois, la langue officielle reste le farsi et il est bien plus facile pour un chiite d’accéder à un poste de fonctionnaire ou de gradé que les autres musulmans.
Enfin, afin de s’assurer totalement la fidélité de l’Assemblée de Préservation du Culte, il va aussi distribuer des pots de vins ici et là.
V. Méthode et moyens.Mais du coup, Hadad, un oppresseur ou un révolutionnaire incompris ? Il faut déjà préciser qu’Hadad n’a jamais massacré son peuple, si on considère qu’un massacre est une exécution massive. Non, ABH se contente seulement de mettre de côté ceux qui se dressent sur son chemin et ne sont pas assez puissant pour lui résister. Par exemple, son propre frère, Nazim, a été pendu car il avait été reconnu coupable de complot et de haute trahison.
Pour s’assurer sa survie, Hadad se base sur une armée conquise à sa cause depuis longtemps. Néanmoins, est-ce qu’une révolte massive du peuple peut suffire à renverser le régime ? A l’heure actuelle, sans doute, surtout au vu des faibles moyens qu’à l’armée.
ABH va donc se reposer sur le pétrole, dormant depuis des années dans les sols farisi, afin de financer l’actualisation totale de son armée. Pour cela, il a déjà commencé à vendre de nombreux sites pétroliers à des Etats ou des entreprises d’origines diverses. Pour la main d’œuvre, pas de soucis, le pays regorge de jeunes hommes pauvres prêt à tout les métiers pour l’être un peu moins, y compris à être quasi-réduit en esclavage dans des exploitations pétrolières.
Justement, la pauvreté et le manque d’éducation du peuple sont deux choses qui inquiètent Hadad. D’abord car il sait pertinemment qu’un ventre vide et malade est plus à même de se révolter mais aussi car il ne faut pas oublier son objectif qui est d’affranchir le Farisistan du monde occidental, et ça commence évidemment par éduquer son peuple. Il va donc ouvrir des écoles, des hôpitaux, permettre aux femmes d’accéder à l’éducation si bien que le taux d’alphabétisation de la population est passé de 15% à presque 60% en seulement 40 ans.
Donc, Abdul-Bashit Hadad est-il un philanthrope panafaréen-socialiste, fervent démocrate seulement dépassé par sa propre création et une institution religieuse réductrice ? Ou alors est-ce un narcissique assoiffé de pouvoir et n’hésitant pas à tuer son frère et à corrompre allègrement ceux qui ne peuvent pas être tués pour arriver à ses fins ?
Aussi bizarre que cela puisse paraitre il est sans doute un peu des deux. Seulement il est impossible pour nous de savoir ou s’arrête le démocrate incompris et où commence le militaire sanguinaire.