Les premiers peuplesDurant l'Antiquité, la région du Prodnov est occupée par les peuples proto-slaves organisés de manière clanique sur les côtes et dans le sud. Le territoire, qui ne compte guère d'obstacles naturels indépassables, devient rapidement un espace de circulation et de commerce depuis les montagnes de Lutharovie à l'ouest jusqu'aux régions de Karpokie à l'est, et au Grand Lac au sud. Ses plaines fertiles permettent rapidement l’émergence d'une agriculture prospère qui remplace les communautés pastorales, renvoyées vers l'ouest.
Les excursions mongoloïdes venues de l'est repousseront plusieurs peuples dans la région qui s'organisera autour de ces vagues de migrations successives pour former une multitude de micro-états dont on trouve des traces grâce aux fouilles. Leur évangélisation se produit entre le premier et le Xème siècle grâce à la venue de prêtres orthodoxes remontant des régions slaves leucytaléennes.
Influences albiennes et scandinavesEntre le VIIIème et le XIème siècle la région subira, en parallèle de l'ouest de l'Eurysie, les raids vikings venus des régions scandinaves du nord. Si les montagnes lutharoviennes préviennent la région des invasions terrestres venues de l'ouest, la mer reste une porte d'accès. Les chefferies slaves du Prodnov chercheront à s'organiser pour contrer les descentes des attaquants vikings, venus en quêtes de richesses et d'esclaves.
Face à ce fléau, la Péninsule Albienne qui s'unifie définitivement à cette époque sert de rempart naturel grâce à son contrôle de la région du Détroit. N'étant pas naturellement des raideurs - à l'exception de quelques incursions pharoises d'avantages portées sur l'attaque des routes commerciales en pleine mer - le Royaume d'Albi noue des premiers liens avec les chefs du Prodnov. Les ALbiens sont cependant incapables de totalement retenir les raids vikings - qu'il est d'ailleurs plus stratégique de laisser passer puis de taxer - la relation entre les slaves de la région et les péninsulaires est complexe et des accords ponctuels sont noués, au cas par cas. Le rapprochement de ces deux peuples s'intensifie cependant grâce au commerce et les territoires s'influencent culturellement l'un l'autre.
La barrière religieuse (les Albiens sont tendanciellement catholiques) freine toutefois de plus amples rapprochements lors du grand schisme. L'ouest eurysien demeure malgré tout plus riche et attractif que les chefferies slaves à cette époque.
Le Prodnov tsokisteAux alentours du Xème siècle, en réponse aux attaques des vikings et confrontée à l’émergence de puissants royaumes voisins, la région du Prodnov s'unit pour former le Tsokat de Prodnovie, variation régionale du tsarat. On retrouve dans les archives les premières mentions de la ville de Tsokograd (future Staïglad ). A partir de cette époque, le Tsokat de Prodnovie restera indépendant et se renforcera progressivement autour du pouvoir tsokiste, faisant du ce pays l'un des plus centralisé de son époque. L'étroitesse du territoire qui compte alors moins de deux millions d'individus explique la faible délégation du pouvoir qui travaille à limiter l'influence des boyards.
Lors du grand schisme, en raison des influences slaves du sud, le Tsokat embrasse la branche orthodoxe du christianisme et reçoit désormais la bénédiction des patriarches locaux lors de son sacre.
Époque moderneEntre le XVème et XVIIIème siècle, le Prodnov continue de ce centraliser et de renforcer le pouvoir des Tsoks au détriment des régions. En parallèle, la société s'embourgeoise grâce au commerce et aux premières industries. La position du Prodnov sur les côtes de l'océan du nord lui permet de profiter des routes commerciales de la région. L'influence de la sphère culturelle albienne et des grandes universités péninsulaires profite également à la région qui est doucement irriguée par les idées de la Renaissance et des Lumières.
Le pouvoir de plus en plus autoritaire des Tsoks vient à être contesté dans les bourgs qui s'autonomisent progressivement grâce à l’émergence de la bourgeoise d'affaire, des usuriers et des artisans. Ces derniers gagnent en influence, notamment grâce à la location de milices privées dans les villes et vivent de moins en moins confortablement les taxations du monarque, jugées excessives. Par ailleurs, plusieurs transformations agraires se mettent en place à cette période : d'une part les terres tendent à être privatisées progressivement, de l'autre les communautés paysannes s'organisent de façon à défendre les communs et la sphère villageoise traditionnelle.
Le pouvoir central se trouve pris entre deux dynamiques concurrentes et tente alors de jouer la paysannerie contre la bourgeoisie pour enrayer l’ascension de cette dernière. La nomination de Georgiy Ulyanin puis de Prokhor Bukhalo en tant qu'intendants des finances du Tsok engage une politique d'augmentation des prérogatives paysannes et sacralise les communs au nom de la lutte religieuse contre les marchands. Le développement de l'artisanat est freiné au profit d'une agriculture rationalisée qui voit diminuer l'extrême pauvreté mais fait par ailleurs baisser les recettes de l'Etat, faute de rentrées d'argent substantielles via les taxes.
La bourgeoisie momentanément étouffée, le Tsokat se retrouve confronté à un manque de liquidités. Prokhor Bukhalo est renvoyé et remplacé par Vadim Krutoy qui revient sur les réformes de ses prédécesseurs. Par effet de rattrapage, ce revirement plonge cependant brutalement les communautés paysannes dans le dénuement, leurs terres sont rachetées à bas prix et le Prodnov voit l’émergence des premiers fermiers généraux qui s'accaparent de gigantesques terrains, forçant la migration des populations paysannes vers les villes et une augmentation générale de la pauvreté pour les communautés rurales.
La concentration de populations néo-ouvrières plongées dans une crise de subsistance et gagnées par la famine en raison de l'accaparement des terres agricoles par la bourgeoisie permet l’émergence d'une contestation organisée sur fond de luttes sociales. La philosophie des Lumières s'étant incarnée dans la bourgeoisie, les populations ouvrières entendent la dépasser et font leurs les thèses émergentes du socialisme et du communisme. Si le Prince se montre un dirigeant indigne, le peuple est alors en droit de le renverser. Plusieurs mouvements luddites voient le jour et des émeutes s'organisent périodiquement dans les bourgs, dirigés contre les usines. Face à une situation jugée de plus en plus incontrôlable, la bourgeoisie appelle le Tsok à l'aide qui envoie la troupe contre les ouvriers. Ces-derniers résistent toutefois farouchement et l'accès aux manufactures les fournit en armes et en canons. Sans compter qu'une part non négligeables des soldats du Tsok viennent eux aussi de la campagne et se sont engagés pour ne pas souffrir de la faim.
Le Tsok change alors son fusil d'épaule et concède à négocier. Vadim Krutoy est exécuté et Prokhor Bukhalo rappelé aux affaires. Mais celui-ci se fait vieux et meurt l'année suivante. Des rumeurs accusent le Tsok de l'avoir empoisonné. Leonid Krylov devient le nouvel intendant aux finances mais ne peut rétablir la situation sans procéder à l'expropriation des propriétaires terriens ce que la bourgeoisie refuse. La noblesse y voit un coup à jouer et prend partie pour les ouvriers en exigeant le rétablissement des anciens privilèges et un coup fort porté contre les marchands.
Un temps séduites, les populations néo-ouvrières s'engagent donc aux côtés des boyards, forçant le Tsok à céder. La bourgeoisie est exproprié, les manufactures sont saisies et plusieurs grands propriétaires sont exilés ou exécutés pour complot contre le Prince. La situation économique du pays en est toutefois grandement fragilisée ce qui n'aide pas à rétablir l'ordre. Faute de rentrées d'argent, le Tsokat ne peut importer de blé et la famine persiste. Pire : la noblesse ayant exigé le rétablissement de ses anciens privilèges, notamment celui de prélever l'impôt, exige des communautés paysannes que celles-ci rachètent leurs terres ou que se rétablisse le servage pour celles (majoritaires) qui ne peuvent payer.
La situation ne s'arrangeant pas, les ouvriers se saisissent des idées libérales et socialistes qui infusaient dans la société depuis quelques décennies et décident, au nom du peuple, d'imposer au Tsok leur propre intendant aux finances, élus au sein du Tiers État. Le souverain, dépassé par la situation, concède. Staï Monorojok est alors établit comme ministre du Bien Public, une nouvelle fonction non-révocable par la Couronne et regroupant le rôle d'intendant des finances et de maître de la monnaie. C'est le début d'une forme de cohabitation entre le pouvoir tsokiste et les réformateurs socialistes.
Dans un premier temps, Staï Monorojok retire aux boyards leurs privilèges. Ces derniers refusant, s'engage une répression rapide et sanglante contre la noblesse, écrasée par les corps socialistes qui assiègent les châteaux. Rapidement les boyards se rendront et, pour avoir résisté, se verront retiré l'ensemble de leurs pouvoirs et renvoyés à la citoyenneté, tous leurs biens confisqués.
On découvre à ce stade des documents dans l'un des château pris attestant du soutient du Tsok aux boyards, si ceux-ci mettaient fin à l'intendance de Staï Monorojok. Les corps socialistes se tournent alors contre le pouvoir royal. Le Tsok est capturé et comparait en procès où il confesse ses manœuvres pour renverser les partisans du socialisme. Accusé de trahison à son tour, il est forcé d'abdiquer en 1841, mettant fin au tsokisme au Prodnov. Staï Monorojok proclame la République socialiste utopique du Prodnov. Tsokograd est renommée Staïglad en son honneur.
L'expérience du socialisme utopique et démocratiqueDébute alors en Eurysie la première (et courte) expérience de socialisme démocratique. Staï Monorojok en devient le Maître des Chambres, chargé de coordonner la chambre des grains (la production agricole), la chambre des roues (la production manufacturée) et la chambre des canons (l'armée). Bien que la République socialiste du Prodnov puisse s'appuyer sur un corpus de textes et de penseurs, le mouvement socialiste international est loin d'être structuré et la doctrine de l'Etat est un mélange d'idées des lumières, de fictions utopiques et de pragmatisme.
La région du Prodnov se sous-divise naturellement en communautés paysannes et en villes, chacune s'organisant politiquement localement. Elles envoient des représentants à Staïglad où ceux-ci sont chargés de réfléchir à l'organisation du pays et de trouver des compromis entre les besoins de chacun. Un Grenier Général est décrété en 1843, censé (virtuellement) regrouper l'ensemble de la production agricole du pays pour la redistribuer ensuite en fonction du nombre d'habitants de chaque région. Un appareil d’État se met en place pour procéder à des recensements ainsi qu'à la comptabilisation de la production de chaque communauté.
Dans la foulée, un "devoir de produire" est installé qui implique que chaque bourg soit responsable de l'approvisionnement en outils des communautés paysannes environnantes, en contrepartie de leur approvisionnement en nourriture.
Une foule de devoirs commencent à voir le jour, de façon à organiser, par la loi, le bon fonctionnement de l'économie et la redistribution de la production. Les "excès", les denrées superflues produites une fois les devoirs accomplis, sont libres d'utilisation par les uns et les autres, ouvrant la porte au commerce. La survivance n'est pas conditionnée au fait de remplir ses devoirs bien que des "représentants des chambres" soient bientôt envoyés pour constater lorsqu'une communauté ne parvient pas à atteindre ses objectifs, dans un premier temps pour aider à leur réalisation, dans un second temps pour vérifier que celles-ci ne procèdent pas au recel des biens produits.
Plusieurs projets inspirés de la littérature des utopies voient le jour, mais la plupart n'aboutiront pas. L'abolition du mariage et des structures familiales se heurte aux mentalités traditionnelles et baignées d'orthodoxie religieuse, de même que des projets de peuplement de certains régions peu exploitées, l'expérience de l'exode rural étant encore vif pour les Prodnoviens qui refusent toute politique de déplacement de population imposées par le haut.
C'est une période de fourmillement intellectuel très dense, où la radicalité est valorisée en tant que telle. Des plans sont élaborés sur plusieurs décennies, parfois plusieurs siècles et on se prend à rêver d'une révolution mondiale. C'est à cette période que certains concepts fondamentaux du socialisme seront théorisés, d'autres plus obscures mais non moins intéressants ont été oubliés depuis. La littérature sert pour beaucoup d'inspiration aux révolutionnaires qui tentent de reproduire, à échelle communale, des expériences de pensées, généralement sans grand succès (voir l'ouvrage
Expérimenter l'utopie d'Anatoliy Vlacic).
Des problèmes de subsistance demeure malgré tout, notamment dans les premières années le temps de réorganiser l'industrie et les réseaux de distribution. Le commerce n'est pas abolit ce qui encourage la spéculation, qui est rapidement réprimée par les corps socialistes. L'effervescence révolutionnaire se construit donc partiellement sur l'épuration d'une partie de la société coupable de conserver des pratiques féodales ou capitalistes. Par ailleurs, la désorganisation des pouvoirs publics favorisent le brigandage qui lui aussi doit être brutalement mâté. Heureusement le Prodnov ne manque alors pas de miliciens.
Malgré les difficultés rencontrées par la République socialiste utopique, les deux décennies Monorojok resteront dans l'imaginaire historique prodnovien comme un moment de grâce. L'analyse des archives montrent cependant un certain nombre de tensions mais il semble qu'
a posteriori, l'euphorie des possibles permis par la révolution et la fin du tsokisme ait véritablement enthousiasmé les gens. Le taux de natalité augmente fortement à cette période et la violence urbaine semble reculer en même temps que la misère.
Le Prodnov communiste (République Populaire du Prodnov)A la mort de Staï Monojorok, le Prodnov voit se mettre en place une guerre de succession entre ses héritiers politiques. Sergaireil Manachivre, président de la chambre des canons et Tsezar Izyumov, président de la chambre des grains s'affrontent sur fond de querelle idéologique. Le premier considère que le Prodnov sera bientôt menacé par ses voisins et que la radicalité politique doit s'accompagner d'un renforcement du régime afin de protéger le territoire national. Le second en revanche estime que c'est en gardant des idéaux utopistes qu'il sera possible de convaincre les peuples voisins de se rallier à l'idéal prodnovien ce qui permettra la création d'une internationale socialiste. Grâce à divers manigances politiques et notamment la déstabilisation du processus de répartition des récoltes durant l'hiver 1863 qui provoquera une crise de subsistance pour les populations campagnarde, Sergaireil Manachivre parvient finalement à prendre l'ascendant sur son rival, contraint à s'exiler hors du pays. Le pouvoir de Manachivre ne cessera dès lors de se renforcer au cours de l'année 1864 jusqu'à provoquer un changement de régime par l'intérieur. Il fonde à cette occasion le Parti Communiste, sur le modèle des expériences eurysiennes desquelles il tire un certain nombre d'enseignement, notamment en terme d'organisation militante et de structuration de l'Etat. C'est ainsi la fin de l'expérience socialiste utopique et le début d'un durcissement du régime en faveur de théories économiques plus radicales, l'abandon d'un certain nombre de libertés publiques au profit d'une meilleure gestion des masses par l'Etat et le renforcement des forces militaires du pays. En 1866, Manachivre annonce un changement de nom du pays et l'abandon de l'utopisme, le Prodnov devient une république populaire.
La fonction de Maître des Chambres (qui n'est alors pas investie) est supprimée et remplacée par celle de Chef Suprême du Prodnov, actant le tournant autoritaire de l'Etat. En tant qu'ancien responsable de la chambre des canons, Manachivre donnera rapidement une place prépondérante à cette-dernière, bientôt renommée en GMDO (Groupement Militaire de Défense et d'Offense), une sorte de conseil d'officiers qui se réduira au fil du temps à un maximum de vingt membres, tous ayant atteint le grade de général. Une fois le GMDO intégré, les généraux ont un mandat maximum de dix ans, suite à quoi ils quittent le commandement pour servir de conseillers. Par cette manœuvre, Manachivre entend forcer un roulement régulier des forces armées afin d'éviter la stagnation de la doctrine militaire, empêcher une trop grande prise de pouvoir par les généraux et valoriser la jeunesse et les idées nouvelles. Beaucoup des réformes de politique intérieure prise à ce moment cherchent d'ailleurs à encourager l'élévation sociale de la jeunesse en libérant des places dans l'appareil hiérarchique. Une certaine forme de sacralisation des idées nouvelles s’institutionnalise, Manachivre étant persuadé que l'autorité ne va pas sans un roulement de l'appareil d'Etat et que les idées révolutionnaires, pour survivre, doivent être sans cesse à l'initiative.
Par ailleurs, le Prodnov passe de la démocratie directe à la démocratie représentative par scrutin universel et se dote d'une chambre des députés, l'Assemblée des Ballamisto, dont l'élection se fait sur des critères de mérite. Loin d'être uninominal, le scrutin se fait par points, chaque citoyen est invité à proposer des noms lui semblant appropriés pour réaliser différentes missions parfois très éloignées les unes des autres. Les Ballamisto se divisent donc en groupes de réflexion et de travail, aux fonctions cloisonnées, et n'interférant pas les unes avec les autres. Elles sont divisées comme suit : Intérieur, Extérieur, Economie, Social, Jeunesse et Justice. Le pouvoir exécutif et législatif se confond donc. Durant la gouvernance de Sergaireil Manachivre, les Ballamisto n'ont pas encore le pouvoir de révoquer le Chef Suprême, celui-ci leur sera accordé par le successeur de Manachivre, Erik Parshikov.
A cette période, le Prodnov s'industrialise rapidement et sort de l'agriculture de survivance qui dominait jusque-là dans les campagnes. De grands centres urbains se développe mais le manque de matières premières exploitable sur le territoire national force l'ouverture au commerce dans l'océan du nord. Commence alors les investissements dans l'extension de la ville de Peprolov et, dès les années 1870, l'ébauche de ce qui deviendra plus tard le
canal de Sever. Celui-ci remplit deux fonctions, l'une officielle est l'autre officieuse. Censé rattacher Peprolov-centre à Peprolov-port en passant à travers les marécages de Vilka, il permet d'assurer le fret de marchandises à moindre frais, notamment en énergie ce dont manque alors le Prodnov, dépendant du charbon. Le canal de Sever sert également à expérimenter une nouvelle politique de maintien de l'ordre et notamment celle de la réintégration par le travail - une valeur au centre de l'idéologie socialiste. Les prisonniers politiques et tenants de l'utopisme sont alors envoyés travailler sur le chantier du canal, de façon à leur enseigner la matérialité de l'économie et à abandonner leurs positions idéalistes et anti-système. En 1884 le chantier commence vraiment et se terminera en 1886 après un an de travaux. Long de 50km, c'est une prouesse de rapidité qui aura malgré tout engloutit la vie à dix-mille ouvriers, la plupart contraints d'y travailler.
Sergaireil Manachivre meurt le 20 août 1889, Erik Parshikov prend la fonction de Chef Suprême mais subit, dès son accession au pouvoir, une fronde de la part des militaires et des Ballamisto. Il concède alors plusieurs changements constitutionnels dont la possibilité, pour l'Assemblée, de tenter de censurer le Chef Suprême, en provoquant un référendum. A condition de recueillir la majorité plus une voix de toute la population, le Chef Suprême est alors démis de ses fonctions. Etant donné que l'abstention est prise en compte dans le vote, une telle situation n'est jamais arrivée dans l'histoire du Prodnov. Le GMDO se voit par ailleurs accorder des privilèges supplémentaires, constituant l'armée comme une force quasi autonome du pouvoir civil.
La tentative de coup d'Etat des Généraux et les réformes PeletchekoErik Parshikov gouverne le Prodnov jusqu'en 1897, suivi par Vaniamin Ryakhin jusqu'en 1903 puis Yevdokim Pushkin qui décède brutalement en 1917 d'un accident de la route. L'accession au rang de Chef Suprême de son successeur, Rektovok Peletcheko, fait alors l'objet de contestations internes de la part du GMDO qui soutenait son concurrent, Tikhon Aksenchuk. Une tentative de putsch militaire voit alors le jour dans le but d'étendre encore les prérogatives de l'armée et de placer Aksenchuk à la tête du pays. Le projet s'évente toutefois ce qui conduit à la répression immédiate des généraux par l'administration. La plupart sont arrêtés en pleine nuit et le GMDO est provisoirement décapité. De grands procès sont organisés conduisant à une purge dans l'armée. Tikhon Aksenchuk est fusillé, ainsi qu'une dizaine d'officiers, ceux qui dénoncent leurs camarades peuvent profiter d'une grâce et partent en exil.
Grâce à une Assemblée des Ballamisto qui lui est acquis et la mise hors d'état de nuire du GMDO, Rektovok Peletcheko débute son mandat par une grande série de réformes militaires pendant six ans durant lesquels les hauts gradés se verront provisoirement retirer tous leurs pouvoirs, remplacés par des administrateurs civils. L'armée rouge est réorganisée de manière à ne plus obéir qu'au Chef Suprême et aux Ballamisto, les casernes sont réinstallées au cœur des villes pour limiter l'entre-soi des militaires et leurs fonctions sont élargies au maintien de la paix et au travail de police pour forcer le contact avec les élus locaux. Enfin, le recrutement des gradés est élargi et les écoles d'officiers sont fermées pour forcer ces-derniers à s'élever depuis les plus bas niveaux, ce qui favorise en quelques décennies l'arrivée au GMDO de généraux d'extraction populaire, fidèles au Parti Communiste.
L'ère des communismes slavesPrécurseur du communisme dans l'océan du nord, le Prodnov soutiendra, de 1917 à 1970 toutes les révolutions communistes de ses voisins. Lutharovie, Soynaria, Vogimska, Malévie et, dans une certaines mesure, les mouvements anarchistes de Priscyllia. Toutefois, faute d'alliés jusqu'à présent, le Prodnov reste un territoire pauvre et surtout largement moins peuplée que d'autres nations de la région. Il se fait rapidement éclipser par les initiatives de la République Socialiste Fédérative de Lutharovie qui refuse les projets d'union des communismes slaves et préfère opter pour un modèle isolationniste. L'extansion des possibilités commerciales permet cependant une hausse du niveau de vie au Prodnov et son enrichissement. Plusieurs grands projets voient le jour, dont celui de parvenir à loger l'ensemble de la population dans des appartements individuels, équipés de l'eau courante et de l'électricité, ce que le pays réussit à la fin des années 1960. La misère est également définitivement vaincue grâce à des politiques de redistribution et la généralisation des minimas sociaux à tous les citoyens, qu'ils soient ou non travailleurs.
Le Prodnov semble, à cette époque, sur un rythme de croisière. L'Empire Karpok demeure isolationniste, de même que la Péninsule albienne, pauvre et sous-développée. Quant aux autres pays de la région, ce sont des régimes communistes et socialistes alliés. Yevdokim Ostroverkhov, Chef Suprême entre 1943 et 1967 fonde une puissante police secrète dans le pays dont il se sert pour frapper les ennemis de l'intérieur mais également pour l'espionnage industriel. Le Prodnov commence à ébaucher une production tournée vers l'export, notamment en matière automobile et de fusils d'assauts. Plusieurs tentatives d'alliances voire de fédération communistes voient le jour mais la plupart sont abandonnées, en général pour des raisons d'inégalités de développement économique ou de démographie qui font craindre tour à tour aux pays d'être surclassés par leurs alliés et de subir leur concurrence directement ou indirectement.
La concurrence du modèle capitalisteL'arrivée de la mondialisation dans l'océan du nord à partir du début des années 70 perturbe le développement tranquille des régimes communistes slaves. Malgré des mesures protectionnistes, le modèle de consommation des pays de la Manche Blanche ou de l'Eurysie du sud renvoie les théoriciens socialistes aux limites de leurs modèles, d'autant que des mouvements contre-culturels voient progressivement le jour, inspirés des revendications libérales et progressistes dans le reste du monde. Le manque de démocratie interne au Prodnov est de plus en plus reproché par les nouvelles générations qui désire la flexibilisation de l'autorité de l'Etat et dépoussiérer la vieille administration. Ces mouvements seront dans un premier temps combattus par le pouvoir en place mais, face à l'inflexibilité de la contestation, celui-ci consent finalement à engager des réformes.
Le culte du secret est dans un premier temps fragilisé et les règles d'accession à la propriété privée sont assouplies, de sorte à permettre aux élites un meilleur usage de leur salaire, y compris en important certains biens manufacturés à l'étranger. La stratégie d'industrialisation du Prodnov est également mise en pause au profit de plus d'investissements dans des logements de qualité, des banlieues pavillonnaires voient le jour et se distinguent des grands complexes en préfabriqué. C'est également le développement des routes et un plus grand accès à la voiture qui finit par devenir le premier moyen de déplacement, devant le train et les transports publics. La politique du parti unique reste de mise mais plus de pouvoirs sont progressivement accordés aux collectivités locales et l'armée prend une place de plus en plus grande dans la vie quotidienne en assurant des tâches de service public, ce qui permet aux Prodnoviens de gravir l'échelle sociale plus facilement.
Les frontières sont également d'avantage ouvertes avec la mise en place d'une politique d'accès au tourisme et la possibilité de faire ses études à l'étranger. Une politique de quotas voit le jour afin de donner accès au luxe à toute la population, à petites doses. Ainsi sont occasionnellement distribuées des boîtes de caviar ou proposé des semaines de vacances organisées par le Parti, tous frais payés, une fois tous les deux ou trois ans. Le Prodnov cherche alors à préserver son modèle égalitaire et autoritaire, tout en permettant à sa population de goûter, dans une moindre mesure, au niveau de vie et de consommation des pays riches. Une grande propagande se met également en place à cette période autour du narratif "au Prodnov, la richesse n'est pas réservée qu'aux riches". De fait, la faible population du pays permet, grâce à la montée en gamme de la production, de progresser également en niveau de vie.
La période Gwepolosk Belleski et la décennie de la paixEn 1996,
Gwepolosk Belleski devient le nouveau Chef Suprême du Prodnov. Né en 1952, jeune homme issu de la paysannerie, il suit une formation militaire à l'université de Doumarinsk, au Vogmsika dont il sort diplomé. Il retourne ensuite au Prodnov faire son service militaire avant de s'engager contractuellement dans l'armée où il servira pendant plus de trente ans. Il s'illustre notamment en sauvant douze de ses camarades d'une attaque au camion bélier lors d'une mission de patrouille. Décoré de plusieurs médailles, il intègre le GMDO à l'âge de trente-cinq ans et y siège pendant dix ans avant de se présenter au poste de Chef Suprême du Prodnov à la mort de Kelsiko Marovo.
Élu avec plus des deux tiers des voix, il met en place une grande politique de redistribution de la production qui se tourne de plus en plus vers la consommation intérieure. Influencé par une conception nouvelle de la real politique, Belleski opère un changement de stratégie pour rivaliser avec les modèles capitalistes concurrents du Prdonov : il ne s'agit plus désormais de jouer sur la fibre patriotique et les grandes valeurs morales telles que l'égalité ou la libération du genre humain, mais bien d'acheter la loyauté des citoyens en mettant tout l'appareil productif au service d'un haut niveau de vie. Sachant qu'il ne peut rivaliser avec le luxe des grandes fortunes privées, le Prodnov mise sur la sécurité et la douceur de vivre grâce à une politique zéro criminalité et la construction de nombreux centres de loisirs et de divertissements. Des écoles de cinéma sont ouvertes, des conservatoires pour la musique et le théâtre. Objectif : former la prochaine génération à mettre en valeur l'art de vivre communiste. Beaucoup de travaux de voirie et d'aménagements urbains sont également réalisés, les barres d'immeubles sont en parties détruites pour dégager de la place pour des squares et jardins publics. Gwepolosk Belleski veut faire des Prodnoviens "le peuple le plus heureux du monde", déclare-t-il au moment de son intronisation.
Dans un premier temps la stratégie Belleski semble de fait bel et bien fonctionner. Malgré un léger temps d'adaptation où les grandes villes sont ensevelies sous les travaux, les bâtiments et espaces verts sont finalement ouverts au grand public qui profite alors pendant quelques années d'un Prodnov transfiguré. Toutefois, le bilan d'une telle politique commence rapidement à peser sur les finances publiques et le Prodnov, qui a augmenté ses importations, a par ailleurs vu sa production baisser en raison de l'abandon de plusieurs secteurs industriels et métiers pénibles. Le rapport Kuklin (alors bras droit de Belleski) et désormais désarchivé révèle l'état déplorable de l'économie. Il devient clair que le Prodnov vit désormais à crédit et faute d'intégration au système bancaire international, se dirige tout droit vers la banqueroute. Le rapport se termine en alertant sur les dangers pour la stabilité du pays en cas de non paiement des salaires des fonctionnaires et des soldes des militaires, sur les épaules desquels repose littéralement l'Etat.
Gwepolosk Belleski semble tirer les leçons du rapport Kuklin puisque l'entrée dans le XXIème siècle sonne, six ans à peine après leur commencement, le ralentissement des grandes réformes et un retour aux emplois ouvriers. Les salaires des métiers "improductifs" sont progressivement revus à la baisse tandis que le Prodnov incite sa population à retourner aux usines. Malheureusement, ces messages contradictoires passent difficilement, les Prodnoviens ne comprennent pas pourquoi leur pays qui semble si riche et prospère doit continuer à miser sur des emplois difficiles et archaïques en comparaison des industries des nations développées. Renoncer à l'avant-goût de luxe qui avait été offert aux citoyens est également compliqué, décrédibilisant au passage une partie de la propagande communiste, que Gwepolosk Belleski avait par ailleurs ralentie pour miser sur l'amélioration concrète du cadre de vie des Prodnoviens. A peine ouverts, certains cinémas et théâtres doivent fermer faute d'employés ou de financements.
Malgré ce contexte, Gwepolosk Belleski reste extrêmement populaire et incarne encore aujourd'hui les succès du modèle égalitaire communiste au Prodnov. Le revirement rapide de cette politique ne se fait pas en un jour et le gouvernement tentera de couper progressivement certains flux de financement qu'il avait lui-même ouvert et des arrangements comptables ainsi que le traficotage des chiffres du PIB permet de maintenir le navire à flot pendant quelques années encore. La popularité encore actuelle de Belleski s'explique par ailleurs sans doute en raison des circonstances de sa mort. Le 13 juin 2006, plusieurs émeutes et coups de forces anti-régime sont déclanchés au Prodnov. L'un d'eux aboutit à
l'assassinat de Belleski, abattu de quatre tirs de fusil dans la poitrine lors d'un déplacement officiel. Il décède le lendemain matin à l'hôpital, entouré de sa famille.