Le verdict a été rendu hier, tard dans la soirée. Cela faisait plusieurs mois que le CRENWA (le Centre de Recherche National Wanmirien) menait une étude, dans le but de calculer la population wanmirienne, en parallèle d’un recensement national – qui n’est toujours pas terminé pour sa part – et voici enfin les résultats. Ils sont sans appel : notre pays compterait environ 101 millions d’âmes. Le franchissement de la barre des 100 millions, qui nous a hissé à la troisième place du podium mondial des populations, se serait lui effectué il y a quelques mois, aux alentours du 12 août.
Si la taille exacte de la population n’est pas connue – car comme nous le disions plus tôt, le recensement national n’est pas encore terminé, et devrait mettre un certain temps, au vu des difficultés qu’il y a à le faire -, le Wanmiri se place déjà comme un géant démographique mondial. Et cela ne devrait pas s’arrêter ! En effet, si l’on en croit les calculs du CRENWA, la croissance du Wanmiri aurait explosé depuis la fin de la Guerre de Libération. En effet, en 2009-2010, nous n’étions « que » 93 millions. Soit une augmentation brusque de 8 millions d’habitants en à peine deux-trois années. Notre pays suit ainsi un taux de croissance qui était d’environ 4 pourcents par an jusqu’en mi-2012 (ce qui est déjà énorme!), et qui serait grimpé à 5 pourcents de croissance annuelle depuis lors !
Cet état de « puissance » nous confronte à de nouveaux défis et à de nombreuses difficultés. Quels sont-ils ? Voyons le maintenant.
I – Des services publics débordés Avec une telle manne de population, les services publics ne pouvaient qu’être surchargés. Déjà qu’ils avaient du mal à s’implanter – car rappelons-le, il s’agit d’une initiative du gouvernement démocratique instauré en 2009 – car ils manquaient de moyens et de main-d’œuvre qualifiée, mais ils font désormais face à un afflux de besoins monstrueux.
Les hôpitaux et cliniques d’abord sont en surcharge permanente.
« C’est bien simple, nous confie un des médecins,
nous n’en n’avons pas les capacités. Nous sommes trop peu nombreux à être formés – notons que la majorité du personnel soignant est originaire du Jashuria –
et nous avons une quantité de travail gigantesque. Puisque la santé est devenue une chose gratuite, et cela est très bien, hein, je ne dis pas le contraire, mais puisque c’est gratuit, et bien maintenant, au lieu de prier en espérant survivre, les gens viennent. Et ils viennent en masse. Nous sommes parfois obligés de les renvoyer quand il s’agit de choses bénignes, ou de les faire patienter en extérieur. Vous imaginez : des patients qui attendent dehors, qu’il pleuve ou qu’il vente ? ». Et les difficultés ne s’arrêtent pas là : la production de médicaments est totalement insuffisante, et les capacités de soins d’urgence quasiment inexistantes. Regardons par exemple le tragique évènement qui a eu lieu à Dhavalae au mois de mai. Lorsque le Kamath a rugi, nous n’avions pas les moyens de soigner notre population, ce qui explique que le nombre de mort ait été si catastrophique ! Nous dépendons d’ailleurs encore des envois de soigneurs et secouristes étrangers dans la région, et ne devons que le cataclysme n’ait pas été empiré au fait que nous avons reçu de nombreuses aides internationales.
L’énergie électrique – encore balbutiante – rencontre de nombreuses difficultés. Comment alimenter autant de foyers, ceux-ci n’ayant d’ailleurs pas été conçu pour cela ? C’est un défi que nous nous devons de relever, mais qui s’annonce assez compliqué. A Sivagundi, où les projets d’électrification sont les plus avancés du pays, les membres des ekios nous ont confié leur sentiment sur la question :
« On fait c’qu’on peut, hein, mais on peut peu. Il faut quand même imaginer qu’on est presque 10 millions à s’entasser dans la capitale, presque un dixième de la population wanmirienne totale d’ailleurs, alors qu’nos capacités de production électrique sont presque absentes du paysage. Là je dirais qu’on a d’quoi alimenter un million de personnes sur tout l’pays, et ça fait franchement peu en comparaison du boulot qu’il reste. Mais bon, on va pas s’décourager hein. Il faut l’faire, alors on l’fera. » Un bel optimisme, mais qui ne cache pas la réalité : moins d’un pourcent des wanmiriens ont accès à l’électricité, et c’est de façon intermittente. Encore un défi à relever.
Enfin, l’éducation publique est en crise. Les professeurs sont peu nombreux, mais les élèves, eux, le sont. Un écart qui fait que les classes – quand elles ont le mérite d’exister, car nombreux sont les parents à préférer que leurs enfants les aident aux champs – sont parfois pleines d’une soixantaine à une centaine d’élèves, aux âges variés et souvent sans matériel. Si les récents accords avec la Republik Socialis du Negara Strana font que nous disposons maintenant de formateurs dans certains secteurs clés pour le développement comme l’automobile, l’instruction publique reste un vrai problème à résoudre.
II – La menace du risque de pénurie alimentaire dans certaines régions Le plus grand problème qui se dresse face à nous se trouve être le plus ancien auquel l’humanité ait été confrontée. Se nourrir. En même temps, il aurait fallu être aveugle pour ne pas le voir venir gros comme une maison, le problème, avec ses énormes sabots.
De fait, le modèle de production agricole est aujourd’hui encore rural, avec pour objectif premier de nourrir les producteurs locaux. Cette agriculture, extensive, a un rendement faible, occupe beaucoup d’espaces et nécessite une main-d’œuvre nombreuse. De plus, elle est fortement dépendante de la météo, et en ce qui nous concerne, de la mousson. Peu nombreux sont les territoires où la qualité de la mousson n’est pas un critère décisif sur la qualité de la récolte. Aussi, il n’est pas rare de voir les gens prier pour une bonne mousson, suffisamment puissante pour irriguer les cultures pour des mois, mais pas assez pour les ravager. C’est un rapport à l’environnement très spécial, spécifique au Nazum du Sud-Est.
Mais, outre la mousson, il existe d’autres facteurs externes. Récemment, ce fut la stabilité. En effet, la Guerre de Libération, si elle fut une grande victoire sur le plan de la démocratie et des droits, a ravagé le pays et les cultures. Là où on eu lieu les conflits, tout a été ravagé, et ce durant parfois trois à quatre années par endroits, empêchant la récolte de se faire, et désorganisant toute la production nationale. L’on se souvient d’ailleurs de la politique de la terre brûlée menée par l’Empire sur la fin des combats : combien de milliers de tonnes de riz, de blé ou autre sont parties en fumée ? Combien auraient pu servir à nourrir le peuple ?
En clair, l’ensemble du pays a été touché ces dernières années, et certaines régions pus durement que d’autres. Par conséquent, la production a du mal à se relancer, alors même que la population explose. Cela a pour conséquence dramatique des famines, notamment dans le sud du pays, du côté d’Ilryd, région qui a souffert sur la fin de la guerre et n’a pas encore eu le temps de se rétablir. Si les famines actuelles ne sont pas extrêmes, et qu’elles ont pu être résorbées facilement – notamment grâce à l’importation massive de céréales originaires du Negara Strana dans le cadre des accords de Kotarakyat -, cela questionne sur notre modèle de production. De fait, ces famines pourraient revenir dans un futur proche, et nous ne pourrons pas toujours importer. Il devient donc important de repenser notre façon de produire et de consommer la nourriture, afin peut-être de nous rendre moins dépendants de Mère Nature.
III – Des avantages possibles ? Pourtant, est-il réellement un problème d’avoir une population nombreuse et en expansion ? Pas forcément, et c’est ce que nous allons voir maintenant.
Tout d’abord, cette croissance de la population fait que le taux de jeunes dans le pays augmente sans précédent. Or, ceci est un avantages décisif. En effet, une population jeune est active et dynamique, choses qui peuvent servir deux intérêts. En premier lieu, cela permet un renouvellement des pensées, et une vraie rupture avec la pensée médiévale arriérée de l’Empire. Ainsi, cette jeunesse – qui n’a pas connu l’Empire mais baigne dans la modernité – peut nous permettre de nous tourner efficacement vers l’avenir. Ensuite, rappelons que des jeunes, ce sont des travailleurs en puissance. Que ces jeunes sont dynamiques, actifs, impliqués, et qu’ils veulent le meilleur, pour eux-même d’abord, mais aussi pour leur famille, pour leur pays. Ces jeunes contribuent en grande partie à booster l’économie de notre nation.
Ensuite, et comme je viens de le dire, ces jeunes représentent une main-d’œuvre incroyable. Quel pays n’a jamais rêvé d’avoir toujours des travailleurs disponibles ? D’avoir la possibilité de se lancer dans de grands chantiers sans être sans cesse ralenti par un manque de personnel dans d’autres projets ? Avec autant d’ouvriers, et en supposant que l’on puisse les former, c’est la réussite assurée. De plus, cette main-d’œuvre abondante attire les investisseurs : les jashuriens d’abord, nos voisins proches, qui ont investi dès la fin de la guerre, et même avant pour certains, mais aussi les stranéens depuis les accords de Kotarakyat et, plus récemment, les velsniens et les sylvois. Ces derniers sont d’ailleurs les plus intéressés par le Wanmiri. En effet, leur économie étant en crise depuis quelques mois, et celle-ci ne semblant pas prête de se résorber, les investisseurs sylvois voulant pallier à l’inflation chez eux doivent s’établir sur de nouveaux marchés. Or, le marché wanmirien est florissant, et la main-d’œuvre abondante garantit un atout compétitif sur le marché de la mondialisation. Aussi, les usines sylvoises florissent sur le territoire national depuis quelques mois. On pourrait penser qu’il s’agit d’exploitation pure et dure, comme nous l’avons déjà dénoncé par le passé, mais que nenni ! Non seulement les entrepreneurs sylvois sont respectueux de leurs salariés, mais ils investissent également dans le développement des infrastructures nécessaires à la population, ce qui est évidemment louable et nous intéresse beaucoup.
IV – Une situation spécifique à la région ? Enfin, une dernière question se pose. Si le Wanmiri est le troisième pays de la planète en nombre d’habitant, le plus proche devant nous est le Negara Strana, notre voisin proche du Nazum du Sud-Est. Avec une population de près de cent-dix millions de personnes, il domine encore largement la scène internationale, seulement dépassé par la Lutharovie. Cette dernière, obscure géante eurysienne, un des derniers bastions de l’eurycommunisme sanglant, nous est totalement étrangère, et il est impossible d’y entrer. De plus, de ce que nous en savons, il est tout à fait possible que ces chiffres soient faux et issus de la propagande lutharovienne : en effet, comment cent-cinquante millions d’individus pourraient-ils vivre sur une surface correspondant au tiers du Wanmiri, et dans des conditions climatiques bien plus extrêmes ? Mais passons.
Comme le Wanmiri et le Negara Strana, le Jashuria et le Fujiwa sont aussi des pays très peuplés. La région semble donc forte et dynamique, avec une population en pleine croissance. Au Jashuria, par exemple, celle-ci a été multipliée par 1,5 en seulement dix ans. Le territoire des pays signataires des Accords de Sokcho semble donc soumis au même phénomène (bien qu’à des rythmes différents) : une explosion de la population, et une augmentation brusque du nombre de jeunes. Cette situation, spécifique à la région, a donc les mêmes conséquences positives qu’au Wanmiri : une croissance au beau fixe. Le Jashuria est d’ailleurs la cinquième puissance économique mondiale, et le Fujiwa entre dans un prestigieux top vingt.
Loin d’être un défaut, une population élevée semble donc être un atout majeur, comme le montrent si bien ces exemples si proches.
La population wanmirienne, troisième puissance démographique mondiale rappelons-le, a donc de beaux jours devant elle. Si cette situation de troisième pays le plus peuplé au monde apporte son lot de défis et de difficultés, il amène aussi nombre d’opportunités et de possibilités. Ne nous en faisons donc pas pour l’avenir, car il semble au beau fixe pour nous.
Vive la liberté ! Mort à l'Empereur et à toute forme de dictature ! Vive l'indépendance !