12/08/2013
19:30:54
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Politique & jeu de cour - Page 2

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La missive tahokaise était tombée à point nommé pour le Duché, dans une période de crise où il fallait impérativement déployer des moyens adaptés pour rassurer la population et, plus encore, maintenir son niveau de vie. "Maudits bourgeois" pensait Alexandra "On les laisse faire, ils détruisent tout pour leur profit, puis scande quand on ne les laisse pas résoudre leurs méfaits en leur accordant encore davantage de liberté". Le débouché qu'offrait le Tahoku était donc du plus intéressant puisqu'il devrait assurer à prix raisonnable la production de biens de consommation. Mais l'offre n'était pas pour autant idéal, elle présentait même une lacune sérieuse que la Duchesse étudiait avec sa fille, la ministre des Affaires étrangères. Cette dernière était quelque peu dubitative et questionna

-Le Tahoku, il ne s'agit pas d'une nation fasciste ?

-Hé bien, répondit Alexandra, rien ne l'indique clairement selon nos derniers renseignements mais, l'imperméabilité des médias tahokais est un premier indicateur plutôt inquiétant sur la question. Mais nous pouvons déjà affirmer qu'ils ne sont pas expansionnistes, du moins ce n'est pas visible. Autrement, le Jashuria les aurait déjà recadrés. Ce pays, première puissance du Nazum, est connu pour veiller à la stabilité continentale.

-Justement, ne devons-nous pas craindre la réaction du Jashuria ?

-Hé bien, la délocalisation ne se fera pas du jour au lendemain. Ce sera un processus progressif, qui débutera après une rencontre nous permettant de tâter le terrain. Et ça se fera avec une coopération étroite entre le Tahoku et aussi bien les entreprises privées que comtales. En soi, il n'y a aucune raison que cela ne contrarie le Jashuria. Que ça attire leur attention ? Peut-être, mais nous pourrons veiller à ce que cela n'aille pas plus loin.
Notre objectif est simplement d'établir des partenariats économiques, rien d'autre.

-N'est-ce pas risqué de se rapprocher d'eux ? Je veux dire, ce serait la porte ouverte au critique en interne, mais à l'internationale également.

Alexandra haussa des épaules avec une expression assez difficile à interpréter, une espèce d'absence d'émotion sur la question, mais comme légèrement teinté de dépit. La limite était très floue, d'où la difficulté de la sonder, même pour sa fille. La Duchesse poursuivit.

-Hé bien, le libéralisme et la mondialisation a toujours fonctionné de cette façon, nous ne réinventons aucunement le libre échange. Nous avons là une population de travailleurs plus compétitifs, alors le marché s'adapte. Il en sera de même avec le Wanmiri, tu as toi aussi entendu dire que la fameuse Ambre Récifjaune a déjà organisé un voyage là-bas. Bref, les Grands Groupes Privés prennent déjà l'initiative, les seuls qui contesteront en interne seront les collectivistes.

-Pour changer, continua Matilde avec un sourire en coin avant de poursuivre. C'est tout de même douteux, moralement, de profiter ainsi du faible niveau de vie, et donc coût, des travailleurs du Wanmiri et Tahoku.

-Ah ça, la politique n'a jamais été morale. On en parle dans les discours pour le peuple, mais ça ne va pas plus loin. Là, c'est dans nos intérêts de procéder à la chose. Notre économie risque même de rapidement devenir dépendante de ces nations mais... encore une fois, nous n'inventons rien dans ce modèle d'interdépendances. Non, la seule chose concrètement reprochable est le caractère fasciste du Tahoku.

Elle prit une gorgée de punch avant de poursuivre.

-C'est grossièrement la seule chose qui pourrait nous être rapprochée par nos alliés, et non pas uniquement les nations déjà dans un esprit de rivalité avec nous.

-Parlons en de cette interdépendance, jusqu'où irions-nous sur ce point ?

La Duchesse haussa à nouveau les épaules, avec cette fois une expression de dépit qui l'emportait clairement sur l'impassibilité.

-Nous irons jusqu'où il faudra. De toute façon, les limites que nous fixerons sous peu évolueront à grands pas par la suite en fonction du contexte. Les choses reposeront sur notre capacité à nous adapter. Pour le moment, l'urgence est de répondre à la crise, même sur le court terme.

-Pour être court-termiste, ça l'est. Ouvrir ainsi l'économie sylvoise à la concurrence étrangère plus abordable, n'est-ce pas contrecarrer complètement tous les plans de redressement ?

-Des théoriciens en économie t'expliqueront avec beaucoup de précision en quoi cela paralysera d'autant plus le Duché dans une crise, tandis que d'autres témoigneront avec des études aussi pertinentes l'exact inverse. Là, l'emploi à drastiquement chuté à cause d'un manque de résultat et de manœuvres spéculatives à la limite de l'illégalité. Nous répondons au chômage sur le court terme, et maintenant allons répondre aux conséquences des précédentes réponses concernant le chômage.

-Ne devrions-nous pas chercher à répondre au long terme ?

-Crois-tu que je ne l'aurais pas souhaité ? Dans un monde idéal où tant les citoyens que les propriétaires des capitaux sont conciliants et patients, j'aurai volontiers planifié une campagne économique très bien encadrée pour répondre durablement à cette crise. Mais nous ne sommes hélas pas dans ce monde et, le processus duquel est née cette crise est lui-même un exemple de la difficulté d'adopter un plan sur le long terme conciliant les intérêts de tous.
Non, le contexte change rapidement et nous devrons évoluer aussi vite pour nous y adapter tout en veillant à, comme d'habitude, mettre d'accord tout le monde.

-Ou plutôt, mettre le moins en désaccord tout le monde.

Ricanant à la plaisanterie, Alexandra poursuivit.

-Oui, tout à fait. La crise devrait malgré tout finir par se calmer et à la fin le Duché sera aussi prospère, juste différent dans son fonctionnement.

Haussant un sourcil, Matilde demanda :

-En es-tu certaine ?

-Bien sûr que non ! (Tout en rigolant) Mais il faut bien que je m'en persuade pour convaincre la Haute-Assemblée. Tout le monde exige une solution différente, à un tel point où même les partis les plus extrémistes en viennent à se faire entendre. Les sujets sont inquiets et sont prêts à se réconforter sous n'importe quelle proposition.

Il y eut une petite pause, les deux sirotant avant que Matilde ne reprenne.

-C'est paradoxal tout de même. La bourgeoisie et les manœuvres financières sont les principales causes de cette crise. Du coup, la tendance était d'y répondre avec des mesures opposées comptant sur l'intervention de l'État. Les gens doivent maintenant en assumer les conséquences, et approuvent une politique inverse, semblable à la cause initiale de leurs problèmes : libéraliser le marché et encourager à la délocalisation et mise en concurrence avec l'étranger.

-Oui, le bon côté est que la prochaine conséquence sera prévisible : des entreprises sylvoises ne pourront pas tenir la guerre des prix contre des manufactures tahokaises employant des salariés payés vingt fois moins cher à l'année. En réponse, nous organisons déjà avec les secteurs industriels la réorganisation des choses.

-Ah ? Et dans quel sens ?

-Déjà, nous ne pourrons pas acheter indéfiniment à bas prix si nous n'avons pas d'un autre côté des entrées. Si Sylva sera perdante au niveau des prix, elle sera incomparable sur la qualité. Nous pourrons contribuer à fournir des équipements de pointes inaccessibles, et peut-être même aider au développement. Ces populations qui là seront clairement exploitées, devraient même en profiter sur le long terme avec le développement d'industries plus productives. Elles leur assureront derrière une élévation du niveau de vie.
C'est donc sur ça que nous allons jouer, et anticiper. Nous parlions de vision à court terme, mais ce n'est pas aussi vrai que ça, non, l'ensemble est même cohérent sur le long terme. Pourquoi diable distribuerais-je à mes frais des bourses d'études quand l'activité économique est en chute libre ? Parce qu'il est prévu de développer l'industrie de pointe derrière pour répondre aux nouveaux marchés que nous allons ouvrir, les mêmes marchés visant à répondre à la crise actuelle.

Matilde ouvrit grand les yeux.

-En effet, cela semble moins incontrôlé maintenant. Ces mesures concernant les bourses sonnent presque comme une évidence désormais, pas juste une mesure désespérée.

Alexandra afficha un large sourire.

-Pour être honnête, c'était bien une décision prise dans l'urgence, sans vision à l'origine. Seulement que l'éducation de la population a toujours été bénéfique et je savais que cela paierait à un moment ou un autre. Là, l'ouverture des échanges avec le Nazum saura mettre à profit cette décision.

L'expression soudaine de Matilde changea brusquement, comme si elle comprit soudainement quelque chose.

-Nous parlions du fascisme de Tahoku, de l'urgence de certaines décisions, de l'amélioration de la qualité de vie des travailleurs exploités sur le long terme, et finalement de la concordance des décisions sur le long terme... Tu as quelque chose en tête à ce niveau ?

Alexandra afficha un sourire chaleureux, fier de la perspicacité de sa fille.

-Oui. Les tahokais seront indéniablement exploités par leurs dirigeants qui verront là une opportunité de s'enrichir. Mais ce sera également l'opportunité de faire changer les choses, au moins essayer.
Nous investirons d'abord dans des manufactures, puis proposerons des académies pour que les tahokais se constituent une force qualifiée, et là les choses suivront. Si nous réussissons, ils s'ouvriront au monde, les conditions de vie seront améliorées, et les idées iront en s'arrangeant.
Si nous réussissons, comme dit. Nous sommes après tout encore loin de pleinement connaitre le Tahoku et rencontrerons très surement des résistances. Mais c'est un projet sur le long terme, sur peut-être plusieurs générations...
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L'actualité était agitée dans la Haute-Assemblée, suite aux informations rapportée par Zélandia concernant les navires loduariens en route. Si la conclusion de la rencontre promptement initiée par ce fiable partenaire auprès de cet intrus plutôt suspect, les discussions sur la chose étaient déjà abordées en Sylva.
C'est la Duchesse qui commença l'assemblée une fois les formalité d'usage effectué, rappelant brièvement la position de la Loduarie et donc de Sylva à son égard :

-Mesdames, la Loduarie s'est illustrée par ces méfaits et l'actualité a déjà couvert les évènements, que je ne rappellerais que brièvement : blocus maritime envers l'Empire du Nord, survols illégaux de territoires souverain et mensonges concernant les intentions desdits survols, soutien du régime tyrannique de l'Okaristan contre une révolution légitime issue de la volonté du peuple, assassinat de deux civils teylais et absence totale de coopération sur la question, et enfin, la Loduarie Communiste a par la voix de son meneur, clairement exprimé durant la médiation au sujet de l'Okaristan qu'elle ne connaissait pour seul langage celui de la force brute.
C'est pour résumer une puissance violente, sanguinaire et adepte des frappes sur les civils tel que témoigne la Tcharnovie, elle-même impliquée pour soutenir les braves révolutionnaires en Okaristan. Chaque jour, elle témoigne un peu plus de sa volonté expansionniste et hégémoniste, sans aucune considération pour la prospérité ou la stabilité.
Dès lors je soumets deux mesures que le Duché de Sylva pourrait appliquer en collaboration avec les membres de l'OND :
En premier temps, nous devons prioritairement interdire à la Loduarie l'accès à Paltoterra. C'est une nation ouvertement menaçante, n'ayant aucun intérêt ici, envers qui nous ne pouvons attribuer aucune confiance, et bien trop habituée à semer le trouble pour soutenir ses projets impérialistes.
Secondement, dans l'objectif de soutenir la légitimité populaire des révolutionnaires en Okaristan, la Tcharnovie avec qui nous avons des relations cordiales, et enfin contrer les intolérables ambitions du dictateur Lorenzo, je propose que nous fournissions une aide massive aux forces Tcharnoves dans leur projet.
Sylva dispose d'une part d'une marine en pleine croissance et d'alliés fiables dans la région pour sécuriser nos côtes et empêcher la prolifération de la Loduarie ici. Nous disposons également d'une aviation vieillissante qui sera bientôt remplacée, tandis que le Miridian a récemment mis en vente ses chasseurs les plus anciens. Nous pourrons ainsi combiner une escadrille qui saura appuyer les efforts tcharnoves, sans directement s'impliquer dans le conflit.

Présidente de la Haute-Assemblée et principale figure de contestation, Lucette fut la première à répondre selon une mécanique informelle bien connue dans les sphères politiques de Sylva :

-Si la description de la Loduarie Communiste est teinté d'un parti pris inavoué, je ne prendrais pas le temps de m'y attarder pour me concentrer sur des points plus important que chacun sera contraint d'admettre.
Primo, quels que soient les reproches effectués à la Loduarie, nous n'avons aucune légitimité à prétendre autoriser ou non la circulation de leurs navires en dehors des eaux que nous revendiquons, sauf menace explicite envers nos intérêts. Or ce dernier point n'est absolument pas appuyé et retire d'emblée toute pertinence à cette proposition.
Secundo, le cas de l'Okaristan est marqué de la même subjectivité. Ces révolutionnaires sont acclamés ici, mais rien ne les distingue de ceux de la Caméthée qui sont eux qualifiés de terroristes ! Comment définissons-nous des révolutionnaires, quelles justifications les différencient des terroristes ?
Non, ces mesures allant à l'encontre de la Loduarie s'inscrivent uniquement dans une question de lutte d'intérêt dans laquelle Sylva n'a ni légitimité, ni à gagner à s'y engager !

Bien qu'elle aussi une figure fermement opposée à la Duchesse, Nathalie Sablier détestait d'autant plus la figure collectiviste tant pour des raisons idéologiques que personnelles. C'est donc elle qui répondit le plus vite :

-Quelle hypocrisie flagrante ! La principale omission de son excellence la Duchesse est de ne pas qualifier d'État terroriste la Loduarie. Ce pays sauvage a prouvé l'être à suffisamment de reprise pour qualifier au choix d'aveugle, ou de malhonnête, ceux qui refusent de l'admettre !
Et comment pouvez-vous oser faire le rapprochement entre les brutes de Caméthée et ces braves révolutionnaires ? Si les deux souhaitent peut-être la fin d'une dictature, ceux de l'Okaristan n'emploient pas de gaz mortels, ne font pas exploser des officiels désarmés, et n'envahissent pas des hôpitaux !

-Moi, hypocrite ?! Répondit avec force Lucette, Vous déformez absolument tous les contextes ! Les révolutionnaires de Caméthée se sont attaqué à une caserne, et ont apporté leur aide à l'hôpital, tandis que le gouvernement TERRORISTE de la province y a fait couper le courant ! Ce ne sont pas les rebelles de Caméthée qui ont tué des citoyens de cette façon, mais ce gouvernement que Sylva maintient en place uniquement par volonté de contrecarrer la Communaterra sous justification d'un vague rapprochement avec une personnalité révolutionnaire là-bas !

Le ton commençait à monter dans l'assemblée, qui déviait du sujet. Alexandra recadra alors la situation :

-Il n'est question ni de la Caméthée ni de Communaterra, mais de la Loduarie, Okaristan et Tcharnovie. Aucun autre sujet n'a sa place dans cette assemblée-ci. Nous avons déjà observé les conséquences de l'occupation loduarienne. J'insiste, mais il suffit de se tourner vers la Tcharnovie dont les habitants ont encore bien en mémoire la violence de cette puissance belliciste. Dès lors, leur posture vis-à-vis de cette guerre civile et de l'implication loduarienne est plus que justifiée. En effet, comment les tcharnoves pourraient-ils tolérer le maintien de l'influence d'une nation rivale dont ils ne connaissent que trop bien les effets du phosphore blanc ?
Comment nous, déjà suffisamment insulté par la Loduarie Communiste qui a toujours été claire sur ses intentions honteuses, pouvons-nous la laisser maintenir sa sphère d'influence auprès de nations avec qui nous avons une bonne entente ?

La comtesse Julia Despalmier était, elle, assise entre deux chaises. Elle était opposée à Lucette Dumorne et aux collectivistes en général, et avait un membre de sa famille positionné comme ambassadeur en Tcharnovie. Mais elle entretenait en même temps une profonde détestation pour Nathalie Sablier dont la rivalité avaient atteint son paroxysme dans un duel à l'épée. Elle en était sortie défigurée, obligée de porter un chapeau pour masquer une partie tondue de son crane pour suturer le cuir chevelu largement entaillé.
Dès lors, elle avait le choix d'aller dans le sens de Nathalie et des tcharnoves, avec l'espoir de se rapprocher de ces seconds et de mettre à profit le rôle de l'ambassadeur Xavier Despalmiers, en plus de contrarier Lucette. Mais, approuver Nathalie lui était insupportable au point où elle en oublierait presque ses propres intérêts.
Il lui fallait donc proposer une solution à elle soutenant ses intérêts tout en contrariant ses deux rivales :

-Si l'expansion loduarienne est des plus intolérables, elle ne saurait se contrer par la force. Nous y mettrions en jeu notre intégrité, risquerions une guerre que nous ne pouvons remporter sans voir nos alliés teylais et tanskiens lourdement affligés, et ne ferions qu'encourager un cycle de violence.
Aussi critique que nous pouvons être de la Loduarie, nous spéculons sur leurs intentions alors qu'elle a clairement exprimé souhaité assurer un référendum honnête. Nous n'aurions pas du nous désengager d'y assister et en payons maintenant le prix en n'ayant plus aucun axe d'action non violent.
De plus, si le renouvellement de notre chasse aérienne est en effet prévu, elle ne se fera pas avant un moment. Pourtant, les menaces qui sont exprimées sont bien immédiates et nécessitent de conserver nos ressources. Non, dès lors, toutes interventions en Okaristan sont inenvisageables. Mais ce n'est pas pour autant que nous devrions nous retirer de l'Eurysie de l'est, au contraire. Si la Tcharnovie sera contrainte d'abandonner à terme l'Okaristan faute de ressources militaires, nous pourrons l'assister dans sa quête de préservation contre la sphère d'influence loduarienne.
Pacte de défense mutuelle, rapprochement des complexes militaro-industriels, exercices conjoints, nous avons de nombreux moyens pour assurer à la Tcharnovie une force conventionnelle dissuasive pour éviter toutes agressions loduariennes futures.

Il y eut un murmure dans l'assemblée, davantage satisfait que les propositions précédentes. Il faut dire que Julia Despalmiers proposaient une mesure plus nuancée, entre l'intervention militaire et l'absence pure et simple d'implication. Pour autant, la Duchesse défendit son argumentaire avec détermination. Même Lucette était plutôt d'accord, tandis que Nathalie grondait intérieurement.

-On ne dissuade aucunement en laissant faire. Ce n'est pas en construisant des remparts à ses frontières que la Loduarie se verra en incapacité d'en franchir d'autres. Par ailleurs, ces mesures dissuasives qui pourront à terme se faire avec la Tcharnovie, ne sont aucunement incompatibles avec un soutien matériel concernant l'Okaristan.
Mais là, laisser la Loduarie déstabiliser sans conséquence des pays et y mettre des régimes qui lui sont favorables, c'est une chose intolérable. Si elle ne rencontre aucune résistance et, au contraire, en tire des résultats, elle n'aura aucune raison de ne pas accélérer le rythme.
En effet, votre argumentaire part du principe que la Loduarie est honnête, mais sur quoi basez-vous cette affirmation ?

L'assemblée commençait à durer, et des voix s'élevaient. Il était en effet difficile d'affirmer avec certitude que la Loduarie ne truquerait pas le référendum pour aller dans son sens, avec toutes les conséquences morales pour les habitants, comme politiques pour l'OND. Le pays avait une longue liste d'interventions violentes et surtout, impunie.
La joute verbale se poursuivit malgré tout, opposant principalement Julia Despalmiers, Lucette Dumorne et Nathalie Sablier, mais Alexandra fit pencher les discussions en sa faveur jusqu'aux deux votes.
Le premier comptait trois propositions :
-Ne rien faire en Okaristan,
-Ne pas intervenir, mais se rapprocher de la Tcharnovie pour l'aider à consolider ses défenses,
-Et finalement s'impliquer indirectement en approvisionnant en armes les forces tcharnoves soutenant les révolutionnaires en Okaristan.
Les résultats furent de 3/10 pour la première proposition, 5/10 pour la deuxième et 6/10 pour la troisième, un score serré, mais malgré tout décisif. Il y eut à un moment la question d'une intervention directe de Sylva, mais elle fut si défavorablement accueillie qu'elle n'intégra même pas les propositions.

Le second vote avait quant à lui deux décisions uniquement :
-Tolérer intégralement les mouvements loduariens,
-Les interdire au niveau des côtes sylvoises ou alliées en Paltoterra,
-Refuser l'accès de Paltoterra à la Loduarie.
Là, les choses n'allèrent pas intégralement dans le sens de la Duchesse, et c'est la deuxième proposition qui l'emporte avec une note de 7/10, contre 4/10 pour la troisième et 2/10 pour la première.
Il y eut une pause, puis encore une réflexion concernant le soutien pour l'Okaristan, faisant intervenir cette fois-ci des experts militaires appelés spécifiquement pour cette question. Furent notamment étudiés les informations à disposition par rapport aux forces en présence, aussi bien tcharnoves que loduariennes, navales comme terrestres ou aériennes. Le premier constat concernait l'importante force de frappe à disposition des loduariens qui, en l'état, ne laissait aucune chance au tcharnoves. Plusieurs cas de figure furent étudiés, mais une évidence ressortait : à moins de fournir l'intégralité des avions de chasse vieillissant du Duché en plus des appareils disponibles chez le Miridian, les révolutionnaires et leurs alliés n'avaient aucune chance de supporter les bombardements aériens. Plusieurs propositions furent effectuées, avec divers degrés d'importance en termes de don, et c'est finalement celle impliquant de fournir l'intégralité des avions de chasse et d'attaque au sol à déstocker qui fut approuvée. Il faut dire que c'était une décision logique : si Sylva n'avait pas déjà remplacé les appareils, ils seront rapidement un poids pour l'entretien tout en représentant une force de frappe minime, et finiront démantelés sous un délais relativement court. S'en débarrasser déjà tout en les employant à affaiblir la Loduarie sonnait donc comme une évidence.
Fut au passage approuvé l'attribution d'un budget important dans la production de missiles de croisière sol-mer et pour cause, si Sylva tenait à s'assurer que la Loduarie ne force pas le passage sur ses côtes ou celles de ses alliés immédiats, elle allait devoir disposer de moyens adapter.
Ainsi s'acheva cette assemblée, tandis que se préparaient des missives pour le Miridian et la Tcharnovie.
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Nouvelle séance à la Haute-Assemblée, sur la question du Kolcovo. Elle se déroula en deux partis, la première sur l'évolution des choses avec la hausse des hostilités émises par voie diplomatique avec la Loduarie Communiste, et la seconde sur le positionnement du Duché qui était resté encore flou sur le nouveau gouvernement élu.

Concernant l'agressivité croissante du belligérant concerné, le sujet fit évidemment polémique dès le début. Lucette Dumorne adopté sa position de contestation qui l'amena à exprimer des opinions douteuses, presque en soutien au dictateur Lorenzo :

-La participation du Duché à ce conflit n'est pas une erreur, mais un acte innommable de malhonnêteté ! Les insurgés n'ont aucune légitimité, ce ne sont que des terroristes soutenus par des nations voisines sans aucun scrupules à se montrer impérialiste ! Nous nous livrons là à une guerre par proxy avec la Loduarie, rien de plus, et il n'y a dès lors aucune surprise à ce qu'elle y réponde de façon guerrière, chose que vous refusez d'assumer !

En somme, les mêmes poncifs que l'assemblée précédente sur le sujet était répétée, et chacun y campait ses positions. La différence était que cette séance-ci se concentrait sur le Duché en lui-même, chose que rappela Alexandra Boisderose :

-Cette question a déjà été abordée et approuvée il y a peu. Nous devons maintenant aborder la posture à adopter face à l'évolution de la situation. Il est indéniable que l'augmentation des tensions à l'internationale, d'autant plus nourrie par le contexte même de Paltoterra. La stabilité du continent est en effet troublée par notre voisin du sud, devenant avec joie le foyer de tous les vecteurs de chaos. À partir de ce jour, nous devons penser à assurer la consolidation de nos moyens militaires conventionnels pour rester dissuasifs.

-Investir encore dans le militaire, coupa Lucette, alors qu'il suffirait de simplement adopter un positionnement raisonnable avec la Loduarie et cesser les provocations ?! Tout cet argent pourrait être réinjecté dans l'économie et contribuer à rétablir la stabilité de Sylva, puisque vous tenez à ce que tout soit calme !

Juliette Lépini dont le nom était bien mérité tant son caractère était épineux, prit la parole sous l'agacement des mêmes propos encore et encore répétés par la présidente de la Haute-Assemblée.

-Révisez donc l'économie du pays en lieu de fantasmer sans arrêt sur la Loduarie par pur esprit de dissidence ! Sylva est souveraine sur le plan militaire et produit elle même son matériel ! Cela fera dès lors tourner notre économie que d'acheter des armes !

-Pardons ?! Et les avions achetés pour la Tcharnovie, ils étaient tous sylvois peut être ?! On a encore un règlement démesuré à faire pour Caratrad !

Alexandra recadra la situation, toujours avec la même patience qu'elle était perpétuellement obligée de fournir.

-Dans ce cas ci, Sylva ne saura fournir dans les temps une force suffisante pour répondre à la menace loduarienne. Il s'agit d'être décisif et de constituer sous peu une unité réellement impactante. Je laisse pour cela la parole à madame Nathalie Sablier.

Plusieurs comtesses et élus soupirèrent, mais la concernée prit malgré tout la parole sans encombre.

-De façon à assurer une rapide montée en puissance et des arguments pertinents pour répondre à la menace émise clairement par la Loduarie, est proposé un plan d'achat auprès du Grand-Kah et de l'Algua...

Elle fut immédiatement interrompue alors que son auditoire laissait présager une attention respectueuse à son discours. Lucette criait notamment au scandale, répétant que cet argent quittant le Duché aurait pu être utilisé autrement et qu'un apaisement avec la Loduarie éviterait toutes ces craintes. Ses opposantes scandaient que faire l'autruche ne servirait à rien, et que de toute manière la Loduarie venait malgré tout par l'intermédiaire de Communaterra qui était incontestablement décidé à briser toutes formes de paix. Mais forte de son caractère et élocution, Nathalie appela au calme sans nécessité que la Duchesse n'intervienne :

-Mesdames, notre économie, aussi mouvementé soit elle, reste bien plus performante qu'elle en a l'air ! Si notre croissance a sensiblement diminué, elle reste supérieure à nos voisins, preuve de la supériorité du modèle sylvois ! Les estimations effectuées par les soins des cabinets et conseillers auquel j'ai fait appel sont disponibles et les détails vous sont transmis.

Un vidéoprojecteur afficha sur un tableau le résumé de la demande, les coûts, le poids militaire, et les propositions pour le financement. Navires, avions, et unités de combat terrestre, la demande était démesurée et se faisait aussi bien auprès du Grand-Kah que de l'Alguarena. Les moyens de financement consistaient en une négociation d'un échéancier assez avantageux, presque trop optimiste, qui permettrait au Duché d'extraire sur la durée des excédents requis pour ce financement.
Cette offre se vantait qui plus est d'entretenir la politique du funambule de Sylva, jonglant en équilibre entre les deux éternels rivaux de Paltoterra.
La discussion dura très longtemps et fut intensément négociée entre le différent parti, durant trois jours. Ces débats étaient entrecoupés d'autres sujets, le temps de laisser chaque représentant étudier de nouveaux points et propositions en fonction des évolutions.

Finalement, l'ensemble des représentants se mirent d'accords pour ne pas commander dans l'immédiat ce qui serait une véritable armée, et procéder par paliers évolutifs en fonction des résultats des échanges, pour se terminer sur ce premier achat :
Un avion radar de cinquième génération auprès du Kah, et dix chasseurs-bombardier de huitième génération auprès de l'Alguarena.

Si cela était loin de représenter une escadrille de grande ampleur, elle assurait malgré tout une force de frappe et polyvalence plus qu'honorable, capable de bien des missions et surtout, s'agençant à la perfection avec les armées actuelles du Duché. Après encore divers débats sur les questions du financement et des conditions d'achat tolérées, la demande fut approuvée.

Quant à la question de la situation même du Kolcovo, tel était elle : N'était-il pas largement temps de reconnaitre comme État souverain ce pays, ainsi que la légitimité du gouvernement élu malgré les ingérences loduarienne ? Il va sans dire que la simple formulation de cette question par la comtesse Marie Filao posa problème. Ingérence Loduarienne ? En quoi l'intervention du pays différait-elle de celle de la coalition entre Tcharnovie, Rus've, Rasken et Empire du Nord ? Et concernant la légitimité des votes, comment la reconnaitre quand la Loduarie avait raison sur un point : une part importante de la population n'y avait pas procédé (mais là encore, il fallut que certains rappellent que c'était la Loduarie elle-même qui bloquait ces votes et interrompaient tous le processus démocratique tout en éternisant une guerre qui aurait été autrement achevée).
Pourtant, il fallait se décider : le Kolcovo était-il une nation à part entière ou une organisation non reconnue, voir même pleinement illégale ?

Si la posture du Duché approuvée dans l'ensemble était bien de soutenir les instigateurs de ces changements, pouvait-on pour autant déjà approuver ce changement de régime ? Le gouvernement de l'Okaristan était indéniablement inacceptable, ne tenant que grâce à la répression armée. Mais se précipiter à le changer, n'était-il pas là le risque de troquer pour une autre dictature ? La population était-elle réellement d'accord, quand en effet une partie n'avait même pas pu s'exprimer ? Les choses avaient semblé aller si vite. La comtesse Filao répondit à toutes ces questions :

-En effet, les choses peuvent sembler précipitées, mais elles ne sauront aller mieux en l'état actuel des choses. Pire, laisser l'indécision faire ne fera que laisser cours à la Loduarie Communiste pour empiéter sur le processus décisionnel du pays de façon à le diriger dans son sens, loin de tous principes démocratiques.
Non, Il vaut mieux une bouée trouée que pas de bouée du tout. Reconnaitre le Kolcovo, c'est lui donner encore plus de crédibilité, et en faire perdre à la Loduarie. C'est un pas de plus, certes petit, mais assuré en direction de la paix, là où l'arrêt serait se laisser embourber dans les sables mouvants du chaos. Il n'y a que quand l'envahisseur sera parti que pourra se p...

-C'est la Tcharnovie l'envahisseur !

C'est sans surprise Lucette qui avait lancé cette affirmation, coupant Marie. Là, c'est Paule Berger, élue du comté Boisdinde, qui haussa le ton. Sincèrement épuisée par le caractère immature de celle qui devait normalement présider cette assemblée aux côtes de la Duchesse, elle cria :

-Mais il suffit ! Vous ressemblez à une listonienne à scander sans arrêt ! Un peu de sérieux, non de Pazuzu ! Assumez donc vos fonctions et montrer l'exemple dans ce qui doit être l'incarnation de la démocratie, et ne saurait se faire dans l'absence de respect des règles les plus élémentaires de la discussion :

-Démocratie ?! Alors que l'on parle de soutenir des insurgés et que l'on provoque constamment jusque par-delà les océans ?!

C'est maintenant la Duchesse qui gronda, au bout de ses limites :

-Il suffit ! J'en appelle à votre maturité, faites donc raison à ceux qui approuvent vos devoirs !

Puis d'un geste de la main, elle invita madame Filao à reprendre, tandis que les autres étaient quelque peu honteuses :

-Donc, je disais, ce n'est pas sous le régime d'occupation actuel que pourra se poursuivre le processus démocratique. N'importe quelle forme de soutien est bonne à prendre, même quand il s'agit de pousser au départ une nation dont le dirigeant affirme fièrement "ne reconnaitre que la force".

C'est sans surprise que de nombreuses discussions se poursuivirent. Tous admettaient que le Kolcovo était actuellement loin d'être un régime idéal quand bien même il partait de loin. Il était surtout question de savoir s'il pourra s'améliorer, sous l'occupation loduarienne ou non. Mais furent inlassablement répétés les mêmes arguments contre l'occupant communiste : diplomatie catastrophique se faisant par la violence et sans aucune considération pour la souveraineté d'autrui. Il était difficile pour Lucette de le défendre quand de moins en moins de crédibilité lui était accordé.
C'est donc au même rythme que les discussions sur l'achat militaire que se firent celles sur la reconnaissance, à la fin conclue par un vote avec pour résultat : 7/10 pour la reconnaissance du Kolcovo comme État souverain, et 5/10 contre, un score plutôt serré. Vint une autre décision : celle d'officialiser cette prise de position en rencontrant le gouvernement du Kolcovo, avec une délégation sylvoise envoyée sur place. Il s'agirait là d'un geste fort, démontrant la totale reconnaissance du Duché.
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Les séances mouvementées de la Haute-Assemblée tendaient tant s'imposer en norme qu'il était juste de dire que celle-ci était classique, et que la prochaine à être "normale" ne serait que sacrément calme. Un autre élément d'une irréprochable constance était la dégradation de l'opinion des sylvois envers Communaterra. Cette nation pleine d'idéaux était de moins en moins défendable par les collectivistes, qui finissaient clairement par la rejeter pour des raisons politiques et idéologiques. Il fallait déjà être pragmatique : malgré l'importante place du collectivisme dans l'appréciation des sylvois, les politiciens qui représentaient le mouvement ne pouvait se permettre de faux pas qui les décrédibiliserait. Cela portait d'ailleurs atteinte à l'image de Lucette Dumorne, jusque là respecté dans la sphère de gauche, commençait à perdre du soutien, et la qualité de ses interventions toujours plus provocantes (pour ne pas dire digne des komunteranos) n'aidait pas. Communaterra était menaçante de fait, et se ranger de son côté était être à l'opposé des sylvois.

Et même au-delà de l'aspect politique de la chose, Communaterra était paradoxalement de moins en moins connue pour son communisme. En fait, c'était même l'un des rares points chez eux particulièrement notable qui n'avait JAMAIS contrarié le moindre sylvois, même les plus libéraux et conservateurs. "Nos voisins sont communistes ? Grand bien leur fasse, du moment que les choses reste apai... ils viennent de nier la légitimité de notre gouvernement, ah et ils menacent de nous déstabiliser, oh et la représentante d'un des comités appelle à la guerre... avant d'inviter les loduariens. Tiens, une violente révolte a mobilisé dix milliers de contestataires et... ils se sont fait massacrer en une soirée." C'était là une des lignes d'un one man chow tenu par un comédien, mais illustrant avec pertinence la situation actuelle en Communaterra vu par les sylvois, politiciens comme "simples" citoyens. Le partage équitable des ressources et efforts, la qualité des services publics, l'accès à l'épanouissement et à l'accomplissement, on n'entendait plus parler de ça là bas, juste des troubles et tensions régionales. Dès lors, les collectivistes n'avaient juste plus aucun intérêt à maintenir la moindre proximité avec eux.

Il ne restait que les communistes, toujours prêts à servir de contestataires radicaux. Perdraient-ils des points dans l'opinion et l'approbation générale ? Ils n'avaient que si peu à perdre, leur dernier espoir était de se faire remarquer, d'attirer l'attention.

Les choses éclataient à présent, le Grand Kah menait une enquête encore troublée par le brouillard de guerre. Les choses n'avaient pas vocation à dégénérer en opération armée, mais tout avait l'air d'aller dans ce sens. Et un point d'importance devait être traité, suffisamment sensible pour que ces assemblées-ci ne soit pas publiquement diffusée et que le sujet reste confidentiel.

Le Grand Kah demandait l'autorisation de faire passer des missiles au-dessus de Sylva.

Nombre d'élus et nobles le disaient clairement : Les choses allaient dans l'intérêt du Duché en neutralisant une nation qui d'elle-même s'était positionnée comme hostile et menaçante. Mais participer, même indirectement, à la guerre ? Quel que soit le nom donné aux actualités, Peu importe le refus du Grand Kah de le qualifier de guerre, tout laissait à penser que les choses allaient dans une direction guerrière. Le passage non autorisé des avions avaient déjà laissé un froid, rappelant l'épisode de la Loduarie ayant contrarié bon nombre d'eurysiens.
Par missives avaient été exigées et reçues des explications : un manque de communication au sein de l'ambassade kah-tanaise au Duché, suivis de mesures et réprimandes au sein du personnel de l'Union pour éviter une répétition du manquement. C'était... formel, l'apparat de l'officiel pour justifier des décisions concrètes tout en faisant bonne impression. Les choses convenant en soi au Duché, ces apparences étaient acceptées et permettraient de se justifier à l'internationale :

"Nous n'avons pas laissé passer ces avions, nous n'avons simplement pas été prévenus à cause d'un manquement dans les services diplomatique kah-tanais, envers lesquels ont été appliquées les sanctions requises. C'est une maladresse regrettable qui aurait pu amener à des accidents et une grave nuisance à la qualité de nos relations..."

De tenue à éviter une exacte répétition de la scène, dont les mêmes excuses auraient été peu (ou plutôt, encore moins) crédibles, le Grand Kah demandait cette fois-ci l'autorisation de faire passer ni plus ni moins que ses missiles pour ce qui n'était pas une guerre. Et là était la dichotomie : Beaucoup de représentants, même des élus collectivistes, étaient favorables à une pacification de la région, l'élément déclencheur ayant été l'invitation des loduariens sur leur sol, après que ceux-ci ont enchainé les actions hostiles en Eurysie et auprès de l'OND. Mais tout autant de monde n'assumait pas une implication aussi directe que l'approbation pure et simple de faire passer des missiles, pas en l'état.

Les discussions dévièrent rapidement non plus sur l'acceptation ou non de la demande, mais les conditions selon lesquelles seraient acceptables cette demande. Devenir d'une certaine façon complice de l'invasion d'un pays ? Non, impensable. Contribuer à une opération de paix ne tenant pas de la responsabilité unique du Grand Kah ? Voilà qui est déjà plus intéressant !
Et il faut admettre que, tout aussi favorable que soit l'opération pour Sylva, elle reste légitimement critiquable tel que ce fut le cas dans les missives du Miridian. C'était même assez contraire aux principes promus par le Duché, et plus généralement, l'OND et les partenaires la composant.

L'assemblée évoluait gré des correspondances avec le Kah, dans des laps de temps assez cours et séparés par de courtes pauses. Les choses évoluaient rapidement, et il fallait être réactif. La dernière missive du Duché évoquait une coopération entre avec l'OND pour encadrer la reconstruction de Communaterra, et le Kah répondait quant à lui par l'affirmative, la chose étant dans la continuité de ses plans, déjà évoqués avec le Royaume de Teyla.
Ce positionnement était déjà bien plus acceptable, passant d'une invasion douteuse à un véritable objectif de stabilisation et émancipation des komunteranos. Leur modèle politique, social et économique sera préservé, juste qu'ils n'auront plus la possibilité de commettre des massacres ou menacer le voisinage.
C'est donc avec une approbation bien plus importante que fut accueillie cette proposition-ci. Il ne restait maintenant plus qu'à passer le mot à l'OND. L'ensemble des partis politiques, si ce n'est les communistes qui tenaient à se manifester à contre-courant, validèrent donc c'est décision avec une moyenne de 8/10 pour et 3/10 contre.

Un autre point était même évoqué : non pas seulement autoriser le passage de missiles, mais également ouvrir les frontières et routes aux engins du Grand Kah (sous un certain encadrement bien évidemment, il n'était pas non plus question d'ouvrir la porte aux débordements et infiltrations de matériel). Toutefois, la proposition restait à affiner avec l'OND et le Grand Kah, d'autant qu'il faudrait établir des limites claires que notre voisin s'engagerait à respecter.

Les questions des échanges à entretenir une fois Communaterra pacifié était aussi mis sur la table. Rien de nouveau ne fut exprimé par rapport aux missives : permettre l'achat de matières premières abondantes en Communaterra, la vente de machines industrielles qui leur manquerait, et la distribution d'œuvres sylvoises sur place serait un excellent moyen de maintenir stables les échanges à l'avenir.

Petit point notable, était acquise la certitude que le Kah écraserait la résistance komunteranos. Le seul point de doute qui persistait, était le délais avant d'y arriver. Quelques mois ? Un an ? Une décénie ? Les sylvois étant patients, ils n'auront aucun mal à attendre.
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