24/06/2013
07:50:42
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La fusion ne fait pas l'unanimité...

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C’est la nuit dans le centre-ville de Triev en ce mois de février 2011. Il fait froid, venteux, un temps qui n’incite pas à mettre un pas dehors.
Cependant, 7 hommes vêtus de noir se déplacent en rasant les murs des différents bâtiments qui arborent l’avenue centrale. Ils évitent les lueurs des lampadaires municipaux placées ici et là, le long de l’avenue.
Le groupe se cache et arrive près d’une statue érigée en l’honneur de la venue de l’empereur Taïr Bolatev il y a quelques jours. L’inauguration de la statue s’est faite en présence de l’empereur lui-même. Elle avait suscité un engouement et a une vocation très symbolique dans une de ces trois provinces récemment rattachées au Saint Empire Karpok Unifié.

Un des hommes prend une bombe de peinture avec laquelle il écrit sur le parvis :
« Dehors les forces d’occupation karpokienne, Vive la république libertaire du Bolthorkoy »
Un autre, assisté d’un troisième pose une charge explosive au bas de la statue. Les autres, restés en retrait, regardent avec inquiétude de tous côtés et pressent leurs camarades dans leur besogne.
D’un geste de la main, l’ensemble du groupe part en courant derrière un bâtiment non loin de là.
Quelques secondes plus tard, la charge explosive détruit la statue du Tsar Taïr Bolatev dans une détonation assourdissante qui réveille l’agglomération tout entière.
Le groupe s’enfuit en courant, les visages sont satisfaits.

Mission accomplie pour le groupe, le plus gros symbole de l’empire karpok dans la province de Bogorov vient d’exploser en mille morceaux.
C’est un coup dur porté à la communication du Palais et l’empire tout entier, peu habitué à cet acte terroriste endogène à la Nation.

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Vue de la statue détruite le lendemain matin de l’attentat
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Réunion clandestine


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Il est 22h00 ce 8 février 2011, trois individus se dirigent vers un immeuble ordinaire.
Ils sont rejoints quelques instants plus tard par d’autres personnes.
Bien que toutes les personnes attendues ne soient pas encore arrivées, un homme prend la parole.
« Mes chers amis, nous avons réussi notre premier coup d’éclat qui doit en amener d’autres » à ces mots les personnes présentes se réjouissent et l’un d’eux surenchérit :
« Oui les gars, ce n'est que le début de l'aventure ! »
Le premier reprend :
« ne vous trompez pas nous sommes nombreux à avoir les mêmes idées, nombreux à vouloir chasser les karpokiens de la république libertaire de Bolthorkoy. Ce genre d’action vise également à prouver à toutes celles et ceux qui pensent comme nous, de savoir qu’ils ne sont pas seuls et qu’il faudrait qu’ils nous rejoignent »
Une autre personne plus âgée ajoute :
« la difficulté mes amis c’est justement de s’ouvrir à d’autres tout en restant dans la clandestinité. »
« il nous faut recruter uniquement des hommes et des femmes de confiance. Chaque nouvelle recrue sera désormais cooptée par un membre qui s’en portera garant ».
Le premier, que le groupe identifie comme le leader reprend la parole :
« oui c’est une bonne idée, est-on déjà en capacité de savoir combien nous sommes déjà ? ca serait déjà pas mal. Bon il nous faut aussi d’ores et déjà réfléchir à notre prochaine… »
« attend- interrompt l’un du groupe- je viens de recevoir un message du voisin de Joachiev qui devait venir ce soir, il vient de se faire arrêter à son domicile par la police ! »
« quoi ??? déjà comment le voisin sait-il qu’il allait nous rejoindre ? je vous l’avais dit de rester extrêmement discret et sur vos gardes…nous ne sommes plus en sécurité ici partons chacun de notre côté, nous allons nous réunir plus tard. On reste en stand bye quelques jours, mais s’il vous plait, pour le moment restons très discrets sur nos agissements, nous verrons plus tard pour élargir le groupe ! »

L’ensemble part rapidement dans l’obscurité de la nuit hivernale…
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Ebauches d'organisation clandestine


C’est cette fois sur les bords du rivage du détroit que se retrouvent un groupe de 7 personnes, qui à première vue n’ont rien avoir les uns avec les autres : il y a une étudiante idéaliste, des anciens fonctionnaires du Bolthorkoy désabusés, un intellectuel engagé et, bien évidemment, des citoyens ordinaires qui ont décidé de ne plus accepter le joug du régime impérial karkopien.
Ce groupe hétéroclite n’est pas discret ne serait-ce que dans sa composition détaillée ci-dessus. Pour autant ils sont là et se font passer pour une famille ordinaire, mais si l’on s’approche, si l'on prête l'oreille avec attention, on peut entendre le sérieux et la passion des discussions.

Petek est un philosophe raté, devenu écrivain public sous l’ancien régime libertaire. Il arbore une chevelure grise ample, des habits chics mais sobres et ne se déplace jamais sans sa montre à gousset qu’il tient dans sa main gauche et qu’il ne cesse de manipuler, par habitude. Il a une aura naturelle qui lui confère l’autorité nécessaire pour remplir implicitement le rôle du leader.
« Je veux que vous preniez tous ici conscience de ce que vous faites aujourd’hui et des risques que vous prendrez demain. Vous devez savoir que d’autres comme nous sont aujourd’hui dans les geôles karpokiennes. Nous ne sommes même pas certains qu’ils n’ont pas été emmenés loin d’ici. Je vous dis cela parce que si vous restez, c’est votre vie qui va changer pour une cause que vous estimez de fait au-dessus de votre propre vie. »

« si nous sommes venus ici c’est que ce choix a déjà été fait » répond avec assurance Anna, jeune étudiante en informatique.

« Bien, voilà ce que je vous propose. Vous avez tous faits vos preuves dans votre village, votre quartier etc. L’idée désormais est de nous agrandir, mais pas n’importe comment. Chacun doit trouver des personnes de confiance mais attention, je préfère que vous ne trouviez personne plutôt que quelqu’un dont la fiabilité n’est pas certaine. Nous nous retrouverons dans 2 semaines au moment et à l’heure qui vous seront communiqués par le même canal qu’aujourd’hui. Anna es-tu certaine que ton système de messagerie informatique n’est pas « piratable » par les services karpokiens, peut-on continuer à se joindre via ce canal ? »

« Rien n’est jamais fiable à 100% mais j’ai verrouillé le système d'une telle façon qu’il leur faudrait un certain temps pour tout décoder. D’ici là nous changerons notre système ». répond la jeune femme.

« Très bien faisons ainsi et surtout, soyez vigilants. La police karpokienne et les services de renseignements usent de beaucoup de moyens pour nous trouver. On me rapporte qu’ils payent des gens avec de coquettes sommes pour obtenir des informations ».

Petek regarde discrètement autour de lui et prend congé du groupe qui se disloquera quelques minutes plus tard.
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La machine est en route !

Il est tard en ce mois de mars 2011, nous voilà dans une cave qui ne contient pas moins de deux cents personnes. Devant la foule assise, il y a une table où se trouve trois personnes.

La première à prendre la parole c’est Petek :

« merci mes amis, merci à tous d’être présents aujourd’hui, c’est important pour nous tous de nous sentir unis.
Je vais passer la parole à mes amis assis à la table. Que l’on soit clair, personne n’est ici pour sa propre personne, mais bien pour l’avenir de notre province, et par extension la région du détroit, que nous souhaitons indépendante de l’empire karpok. Je souhaite que cette réunion soit la plus constructive possible et je passe donc rapidement la parole à Anna
».

La jeune étudiante, prend alors le micro de façon affirmée. Sa voix est à la fois douce et déterminée.

« Merci Petek. Mes amis, je vous informe que de nombreux étudiants partagent notre point de vue. Beaucoup hésitent encore à s’engager par peur. Il faut être conscient que c’est d’abord nous, la jeunesse, qui sommes visés au regard des nouvelles lois impériales. C’est notre façon de vivre qui est complètement rayée de notre vie, de notre avenir. La jeunesse a et aura un rôle déterminant dans cette lutte. Je vois ici de nombreux jeunes dans cette salle, et bien je vous le dis, vous devez porter ce message d’espoir : ensemble luttons pour notre liberté. Nous allons mettre des affiches chaque nuit sur les parvis des universités dont le sujet serait à la fois de s’opposer à l’empire karpok, mais aussi et surtout sur ce que serait notre jeunesse si nous étions indépendants.
Je vais créer un groupe qui se chargera de trouver des slogans et des affiches. Si vous souhaitez y participer, je vous remercie à la fin de cette réunion de venir vous inscrire auprès de moi. Ensuite, je ne vous cache pas qu’il faut que notre message soit le plus visible possible. L’internet est une nouvelle possibilité de faire passer notre vision de l’avenir. Je connais ce domaine, mais tout cela se fera dans l’ordre, chaque chose en son temps. J’ai besoin de vous !
»

La jeune Anna, regarde Petek et lui glisse :

« je pourrai détailler davantage mais je ne pense pas que ce soit le bon endroit pour cela ni l’objectif de cette réunion ce soir ? »

Petek lui répond :

« Non tu as raison Anna, ce n’est pas le moment pour cela mais nous te remercions. Je passe désormais la parole à Vlodymek. »

Un homme élégant prend la parole :

« Merci Petek. Certains me connaissent sans doute déjà, je suis, pour les autres, l’ancien maire de Triev. Je pourrai émettre un nombre important de critiques constructives envers le pouvoir mis en place par l’empire karpok, mais je souhaite ici me proposer pour coordonner les alternatives politiques. Nous devons proposer des perspectives concrètes à la population pour que le maximum de personnes adhère à notre vision. »

Une personne présente dans la salle coupe alors la parole de Vlodymek :

« Mais vous savez, lorsque je parle de tout ceci, certains me répondent que nous avons voté, c’est donc le résultat d’élections et que l’empire karpok a agi finalement de façon correcte et à respecter le choix majoritaire de la population. Comment contredire cela ? C’est assez compliqué. Et vous, vous êtes là aujourd’hui mais où étiez-vous lors des élections ? N’êtes-vous pas finalement qu'un simple opportuniste qui souhaite se servir de nous et de notre cause pour revenir au pouvoir ? »

Cette intervention amène un brouhaha dans la salle que Petek interrompt rapidement :

« mes amis ! s’il vous plait taisez-vous. Je vais répondre pour Vlodymek. Tout d’abord, nous ne sommes pas là pour juger qui que ce soit entre nous ici. Je pense qu’en effet, il faudra sans doute passer par des représentants connus, qui connaissent eux-mêmes les méandres de la politique, des médias… et Vlodymek est de ceux-là. Enfin, il est vrai qu’il y a eu une élection. Avez-vous eu l’impression qu’elle fut organisée de façon égalitaire ? y a-t-il eu du contradictoire dans le période électorale? Et puis j’ai envie de dire que plus nous avancerons dans le temps sous l’emprise de l’empire, plus la population regrettera son choix. Il nous faut en effet proposer des alternatives. Vlodymek a sans doute encore des relations chez les médias. Il sera notre parole publique et médiatique. »

Anna reprend la parole :

«Il nous faut organiser une manifestation ! Il faut que nous l’organisions de façon plus ou moins obscure dans un premier temps en n’y dévoilant que les détails au dernier moment. Plus nous serons nombreux, plus nous serons pris au sérieux et ce serait l’occasion de lancer officiellement Vlodymek qui serait alors le représentant de ce « mouvement populaire » »

La foule a l’air convaincue par cette proposition.

Petek confirme :

« excellente idée Anna en effet. Donnons-nous 2 à 3 semaines pour l’organiser. Pour le moment, vous évoquerez avoir « entendu parler » d’une manifestation et vous pourriez dire à vos interlocuteurs que vous êtes personnellement intéressés pour voir un peu ce qu’ils en pensent. Attention à nouveau, soyez vigilants, n’en dites pas trop sur votre implication personnelle ni même sur ce genre de réunion de ce soir, n’oublions pas que l’empire met en place des moyens importants pour nous couper l’herbe sous le pied ! »

Vlodymek reprend la parole :

« je vais proposer des brainstorming pour élaborer des pistes politiques à notre action. Comme Anna le proposait précédemment, vous pouvez me rejoindre également à la fin de la réunion pour vous signaler comme volontaire ».

Petek, d’un ton enjoué termine la réunion par ces quelques mots :

« mes amis, j’espère que vous avez conscience que nous avançons sereinement dans notre lutte. J’ai appris aussi qu’il y avait eu des actions d’opposition au nord de la province. Mon rôle sera dans les prochains jours d’unifier toutes les luttes. Croisons les doigts, l’avenir heureux est à notre portée ! »

La réunion se conclut autour des la table où quelques personnes s’inscrivent aux différentes sollicitations présentées. Petek regarde de plus loin de spectacle auquel il assiste avec un sentiment de satisfaction : la machine est en route…
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Choisir, c'est renoncer...



Il est tard en ce mois d’avril 2011, le groupe « d’amis », Petek, Anna et Vlodymek se retrouvent comme c’est le cas régulièrement maintenant.
Les mines ne sont pas joyeuses. Les derniers évènements ont plutôt refroidi l’enthousiasme d’avant. Les arrestations fréquentes, les menaces implicites formulées envers les familles des personnes arrêtées ont peu à peu eu raison de l’élan de revendications dans les anciennes provinces du Bolthorkoy.

Petek prend la parole après avoir salué ses camarades :

« Nous connaissons la situation, il y a eu de nombreuses arrestations et la police karpokienne fait régner la terreur afin de dissuader de nouveaux partenaires. Je suis heureux que nous avons été épargnés mais tristes à la fois pour tous ceux qui ne l’ont pas été. »



Vlodymek :

« ils seront libérés, nous avons tous entendu le discours de « l’empereur ». Mais cela ne rendra pas celles et ceux qui ont été assassinés. Le problème n’est plus là désormais. Il faut avancer et malheureusement il a pris la main en proposant l’immunité contre la paix. Il ne faut pas être naïfs, la plupart des gens aspirent à la sérénité plutôt qu’au combat même si celui-ci est juste. La population préfère davantage la critique de comptoir où il n’y a aucun enjeu certes, mais surtout aucun risque ».

Anna :

« Ne soyons pas résignés, moi je ne le suis pas ! je me battrai chaque jour pour la liberté et faire sortir ces étrangers de chez nous. J’ai été suffisamment déçue de devoir annuler l’organisation de la manifestation. Le but d’une telle chose n’est finalement pas le nombre mais le symbole. Je m’en fiche d’être arrêtée »

Petek :

« Anna, si tu faisais ce genre de chose, non seulement l’impact serait insignifiant car aucun média ne relayerait ça, mais en plus tu serais emprisonnée, interrogée et qui sait ce qui se passerait pour toi. Mais bon, si nous nous voyons aujourd’hui ce n’est pas seulement pour faire des constats. Il nous faut également discuter de cette idée, sortie du chapeau de l’empereur, de pouvoir quitter le pays. »

Anna l’interrompt :

« C’est hors de question, je suis ici chez moi ! »

Petek reprend :

« Je sais Anna, je sais déjà ce que tu en penses mais laisses moi t’expliquer. Il faut que certains qui partagent notre point de vue restent en effet ici, mais il faut également que certains puissent sortir du pays afin de porter notre combat également sur la scène internationale, libérée de la censure médiatique karpokienne. Ne soyons pas naïfs également, je connais beaucoup de personnes qui souhaitent partir d’ici et aller en Malévie qui représente en effet bien des avantages. Que faisons-nous ? »

Vlodymek prend la parole de façon posée :

« J’en ai discuté avec ma famille, je vais sans doute faire le choix de partir et peut-être aller en Malévie. Je continuerai le combat politique pour notre indépendance là-bas. Je sais que ça ne sera qu’un exil temporaire. Nous garderons, quoi qu’il arrive et quoi que sera votre choix, contact tous les trois, il ne peut pas en être autrement. Et toi Petek, que feras tu ? ».

Petek :

« En ce qui me concerne, je ne sais pas trop. Il est vrai que notre combat engage également ceux qui comptent pour nous et jusqu’ici nous avons eu de la chance d’être passé entre les mailles du filet karpokien. Ma décision n’est pas prise mais de voir plusieurs personnes dans ma rue plier bagages…ça m’interpelle. L’Empereur va faire le ménage et il sera ainsi libre et sans contradiction visible. Mes amis, gardons espoir et respectons les choix de chacun. Il y a de la place partout pour notre lutte, ici ou ailleurs. Gardons cette confiance. Mais il est vrai que de rester ici, alors qu’on nous propose de partir librement, cela veut dire implicitement que « si vous restez, vous obéissez ». Rester ne sera pas chose facile car celles et ceux qui ne partagent pas la politique karpokienne vont sans doute partir. Nos relais locaux seront amoindris, nos possibilités d’action bien plus encore. Rien n’est décidé en ce qui me concerne. Gardons donc le contact et vive la région du détroit libérée !».

Les trois camarades de lutte boivent un verre sans savoir s’ils se reverront bientôt, plus tard ou jamais. L’atmosphère est étrange. Les sourires sont de façade. La tension est palpable, la déception également.
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