La période de paix et de stabilité politique de la Manche Blanche, partiellement garantie par le Pharois, n'est plus. Si depuis des années un climat d'apaisement c'était installé dans cette quasi-mer fermée que bordent les régions centrales et la province d'Halvø, le choc provoqué par l'invasion loduarienne de l'Okaristan-Kolcovo et l'occupation de l'oblast de Zlagingrad affecte particulièrement la visions stratégique tanskienne mais aussi sa manière de voir la région. A terme, c'est aussi une partie de sa diplomatie internationale et de son identité qui pourrait être affectée.
Le retour de la guerre, qui était toutefois présente en d'autres endroits de l'Eurysie et en particulier dans le cadre de conflits internes (Tcharnovie, Valkoïnenland par exemple), bouleverse les repères tandis que la compétition dans laquelle la Loduarie s'est inscrite, d'elle-même, avec l'Organisation des Nations Démocratiques pourrait désormais trouver des relais en dehors même de la Manche Blanche.
Alors que l'accent avait été mis sur un développement économique conséquent, notamment dans le domaine des semi-conducteurs, une modernisation de l'appareil de production agricole et une série de législations favorables à l'environnement ou à la protection des travailleurs, on observe depuis quelques mois un important virage de la politique intérieure tanskienne qui place la défense au cœur des préoccupations et, progressivement, des dépenses de l'Etat. Alors que l'Organisation des Nations Démocratique doit assurer un socle de défense cohérent et des garanties de sécurité, les récentes évolutions de la Force de Défense nationale laissent suggérer que l'accent a été mis sur la dotation de capacités propres autrefois étrangères aux forces tanskiennes, à commencer par une importante armée terrestre.
La remise en cause de la stabilité en Manche BlancheLe premier choc qu'a provoqué la Loduarie fut sans nul doute le bombardement de populations civiles à l'été 2012 permis par la violation de multiples espaces aériens eurysiens. Si l'espace tanskien en lui-même n'a pas été violé, l'espace Velsnien le fut par exemple - et entraîne aussi un important armement de la République depuis ce moment - et les aéronefs loduariens sont passés à proximité directes des côtes, et de la capitale. Au demeurant coopérants avec les autorités tanskiennes, les Loduariens ont acceptés de se poser sur la base de Kalfafell avant de se voir autoriser leur retour en Loduarie avant d'apprendre la raison de leur action.
Le second choc, plus fort encore, fut la rupture, autorisée par le Pharois et ses dépendances de Kotois et de Canta, de l'accord tacite sur l'absence de flotte étrangère en Manche Blanche. Décidant d'intervenir en Okaristan contre les rebelles démocratiques soutenus par une coalition hétéroclite d'Etats centreurysiens, la Loduarie Communiste a pu dépêcher sur place un groupe aéronaval ainsi qu'un groupe amphibie qui lui ont permis, non sans pertes, de mener une campagne aérienne à l'ouest et une invasion sans résistance à l'est du pays.
Alors que le modèle tansien se basait jusqu'alors sur l'idée d'une forme de stabilité et de sécurité assurée en Manche Blanche permettant le développement d'une diplomatie tournée vers d'autres régions du monde et pouvant se dédier davantage à l'humanitaire, les récentes évolutions ont amenées à une remise en cause de cette idée. Cette perception s'est caractérisée par la décision, à l'automne, du lancement d'une consultation sur le futur de la politique étrangère en Manche Blanche. Décidée par le ministre des Affaires étrangères et des Droits humains, Mar Loftsson, cette consultation n'a pas encore abouti à des résultats. On sait néanmoins que l'un des principaux point de blocage et de crispation entre diplomates, chercheurs et membres du Congrès Fédéral réside dans la relation à entretenir avec le Pharois. Tout en lui reconnaissant des possibles tendances à la démocratie et aux droits humains, les critiques se font vive quant à son action au Prodnov, perçu comme une invasion déguisée, et son caractère laxiste face aux crimes et actions loduariennes. Alors que la réunification - probable face au récent effondrement des forces de la RLP partiellement abandonné par ses soutiens de l'ONC - du Prodnov laissait autrefois envisager un modèle potentiellement libéral et démocratique, l'avenir semble aujourd'hui tourné vers un régime autoritaire et ne portant de social que le nom. C'est du moins ce que laissent entendre plusieurs députés fédéraux et diplomates opposés à un renforcement des relations avec le Pharois.
La certitude de pouvoir se reposer sur ce système de stabilité en Manche Blanche a été balayé. La guerre du Kolcovo agit comme le révélateur des tensions qui agitent la Manche Blanche et une partie de l'Eurysie conduisant à un recul évident de la démocratie et des droits humains. Alors que l'espoir augmentait avec l'intervention de l'OND au Valkoïnenland amenant une assistance humanitaire nécessaire à la population de Kønstantinopolis - oubliant au passage l'état de léthargie de certaines puissances locales face au drame humain qui s'y jouait -, l'invasion Loduarienne rabat les cartes.
« L'interprétation, particulièrement complaisante de la stabilité en Manche Blanche par les Tanskais devenait un blocage cognitif qui les empêchait de voir et de s'adapter aux changements qui advenaient. L'invasion loduarienne, aussi désastreuse qu'elle soit, y a sans doute mis fin ».
(Mar Loftsson, 23 octobre 2012)
Non seulement l'illusion de paix s'est effacée, mais la stabilité de certains pays s'est aussi amoindrie à l'image de Velsna. De surcroît, Norja est désormais contrainte de considérer davantage ce qu'il se passe en Manche Blanche et à y accroitre ses efforts diplomatiques mais aussi sécuritaires. Ce qu'avait permit de révéler l'intervention au Valkoïnenland mais que l'on admettait qu'à demi-mot, à savoir les importantes limites matérielles des forces de défenses tanskiennes, devient ainsi un problème de premier plan.
La reconsidération des relations avec l'Organisation des Nations Démocratiques : vers davantage d'intégrationIl y a un véritable virage favorable à l'OND depuis les événements de l'été 2012 notait récemment le secrétaire général aux affaires onédiennes - non sans satisfaction de voir son rang et son capital accrut dans la petite bulle de la gestion de la politique étrangère tanskienne. Celui que l'on surnomme le troisième bras de la diplomatie, derrière le ministre et la Première ministre, a vu son cabinet s'accroître de plusieurs pointures du Parti Fédéral au cours des derniers mois tandis que la confiance accordée par Jaka Lakkas s'est accru.
Si il voyage régulièrement entre Manticore, Bandahran et Norja, Amil Sjafnarsson n'est pas représentant tanskien auprès du Conseil Général ou du Conseil Militaire, il en est le coordinateur. Au fur et à mesures que s'accroissent les tensions en Eurysie, à l'instar de la crise frontalière teylo-loduarienne provoqué par l'assassinat de deux citoyens teylais et de leur instrumentalisation par les autorités loduariennes, le gouvernement accroit son investissement dans l'organisation, et tend vers davantage d'intégration. Elle se fait toutefois aux marges géographiques de la République. Alors qu'aucune unité alliée n'est déployée en territoire tanskien ou que Tanska ne déploit aucun élément permanent auprès de partenaires en Eurysie, dans l'Isthme d'Afarée ou en Aleucie, la République a lancé l'année dernière son premier déploiement permanent à l'étranger. L'escadrille de chasse 1/23 "Särna", certes limitée à seulement 3 aéronefs et une quarantaine de personnel devient ainsi la première unité directement basée à l'étranger, à l'YCMB Ynys Morfa de Caratrad en Paltoterra.
L'investissement militaire, au-delà de s'inscrire dans la réassurance des garanties de sécurité envers des alliés, vise aussi à démontrer aux pays partenaires que Tanska est un allié crédible sur lequel on peut compter. Si le Royaume de Teyla s'est soustrait à la possibilité de mener des exercices conjoints sur son sol au plus fort de la crise avec la Loduarie, Tanska avait elle prévu d'y mobiliser potentiellement 2 000 hommes et plusieurs dizaines de blindés en guise de soutien, mais aussi dans le cadre d'un geste diplomatique fort.
Cette évolution de la relation de proximité avec l'OND vient aussi avec l'accroissement d'un certain nombre de relations bilatérales à l'image des Accords de Norja signés avec Caratrad, de la coopération spatiale en développement avec Faravan, de la coordination dans l'assistance au Kolcovo avec Sylva et l'Empire du Nord ou du renforcement bilatéral avec Teyla qui pourrait potentiellement aboutir à davantage de contrats économiques et commerciaux.
Tanska doit être en mesure d'assurer la sécurité de son territoire et celui de ses alliésLe mot d'ordre est clair. Lancé par la ministre de la Défense Kristine Svane au forum de défense de Kalfafell en décembre, il marque sans doute le principal changement dans la posture internationale tanskienne : la réarticulation progressive de son modèle de sécurité. Si Tanska avait presque fini par se convaincre de n'être entouré que de pays potentiellement partenaires, ou du moins de voisins stables la soustrayant à des menaces majeures, cette conviction s'est évaporée.
Alors qu'elle avait orientée le modèle d'armée vers de l'action humanitaire et de la protection des Droits humains à l'instar des actions à Port-Hafen, en Tcharnovie, au Wanmiri et évidemment au Valkoïnenland, cette conviction évaporée oblige à se repenser. Pour assurer sa sécurité, mais toutefois sans contrevenir à la politique humanitaire que la ministre estime être un « impératif duquel Tanska ne se détournera jamais » et qui a été renforcé par le Code Humanitaire et la Facilité Tanskienne pour la Paix, Norja est amené à prendre des décisions fondamentales.
- Rattrapage : La récente constitution du 104th Expeditionnary Cavalry Regiment, officiellement destinée à servir en cas d'intervention humanitaire ne doit en rien cacher certaines de ses véritables capacités : le combat terrestre de haute intensité. De même que la constitution de la 47e brigade mécanisée et le futur renforcement (par un second bataillon motorisé) de la 56e brigade motorisée, la formation du 104th ECRG traduit en réalité un rattrapage nécessaire en matière de force terrestre. Longtemps déconsidérée au profit de la FADN, la Force de Défense Territoriale fait aujourd'hui l'objet de très importantes dépenses. Consciente de ses fragilités d'alors à mener un combat sur son propre sol, jugé jusqu'ici impensable mais désormais alimenté par l'impérialisme loduarien, Tanska se reconstitue progressivement une armée de terre plus imposante.
Il convient néanmoins ici de ne pas oublier un point important, qui a aussi été souligné par l'Etat-Major Général. Contrairement à Teyla, Tanska ne dispose pas d'une frontière terrestre avec la Loduarie et n'est donc pas, directement, sujette à une invasion sauf si celle-ci venait par la mer à l'instar de l'Okaristan. La question de la nature même de cette force terrestre et de sa trajectoire capacitaire reste donc encore à préciser alors que la seconde tranche du contrat de fourniture auprès de l'Alguarena devrait prochainement être financée.
- Réassurance : La nature géographique de la Fédération oblige à réassurer davantage la capacité à maintenir le lien avec les territoires ultra-marins. En réalité, derrière ce discours officiel là encore peu convaincant - les territoires ultra-marins n'étant pas menacé directement actuellement -, c'est aussi la réassurance envers les alliés qui est visée. Le renforcement de la FADN par la construction d'un porte-avions, d'un porte-hélicoptères, d'une classe de patrouilleurs de haute-mer et la probable future commande de frégates de premiers rangs viserait ainsi à réassurer les Alliés sur les capacités tanskiennes à pouvoir venir les soutenir en temps et en heure. Moins militairement mais plus politiquement, c'est aussi une réponse à apporter à l'invasion Loduarienne. Le passage d'un groupe aéronaval au large de l'ouest eurysien pourrait là aussi envoyer un message.
Alors que le dictateur Loduarien annonce avoir abandonner son bref et désormais ancien partenaire du Communaterra face aux actions entreprises par les Kah-Tanais, peu enclins à voir l'impérialisme loduarien se présenter aux portes du Paltoterra ; alors que la Loduarie annonce désormais lutter contre une "campagne de désinformation" du Duché de Sylva qui lui permettra sans doute de justifier une répression accrue de ses populations civiles, il semble désormais clair que Tanska a baissé le voile du mythe socialiste Loduarien. La nature dicatoriale du régime, ses nombreuses actions impérialistes et ses multiples crimes sont autant de facteurs qui entraînent un changement de modèle dans la politique tanskienne.
Néanmoins, il semble primordiale pour la République de conserver ce qui fait sa force : sa démocratie et son attachement aux droits humains. la voie qui semble être prise ne doit en aucun cas amener à un détournement des natures même du fondement de Tanska. En ce sens, les consultations menées par le ministre Loftsson, le récent renforcement du rôle de la Commission de Défense fédéral dans l'approbation ou la désapprobation de contrats d'armements et les nombreuses interventions de membre du gouvernement visant à insérer la politique étrangère et la défense dans le débat public à l'approche des élections sont encourageants. Le renforcement de la consultation des Parlements et du Congrès Fédéral est la prochaine étape.