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Quel plaisir d’avoir, au cœur de ces eaux troublées, su attirer votre attention. On dit parfois que le pirate habile sait se faire discret, mais c’est confondre habilité et médiocrité de timoré, pour ma part si je suis entouré de gloriole, c’est précisément parce que je suis un pirate doué.

Mais trêves de fleurs ! Parlons affaires, vous vous êtes adressé au paon de ces eaux et le paon de ces eaux vous répond. Macaco, Macao, je vois que votre organisation a bon goût ! Moi non plus, malgré quelques connivences politiques que mon pays et le leur entretiennent, j’ai toujours préféré me tenir éloigné des Listoniens. Du genre brutal, et terriblement imbus d’eux-mêmes. C’est l’humilité qui vous épargne les chausses trappes et les vagues scélérates, ne prenez jamais rien pour acquis.

Votre cause est juste, votre cause est noble, et mon cœur assez grand pour l’embrasser tout entière. Vous pouvez compter sur mon assistance, bien entendu. Il nous faudra convenir d’un plan, d’une stratégie, si vous désirez jouer la sécurité, mais comme tout pirate, j’ai mes entrées dans les enclaves listoniennes, vous pourriez tout aussi bien y débarquer au grand jour que déguisé.

Verho Arto
Albien de sang, pirate de cœur

Les affaires sont les affaires, bien entendu, et s'il est bon d'avoir deux sous de morale, deux sous ça ne tient pas l'enchère bien longtemps. Dès lors, considérez nous comme partenaires, camarade mercenaire !

Va pour la discrétion dès lors, je m'en vais grimer mes rafiots d'un gris rouillé à faire pâlir d'inintérêt le plus banal des chalutiers. Macao a ceci pour elle qu'elle fourmille de proies plus alléchantes que nous autres pauvres vendeurs de poissons, et que toute délaissée qu'elle est par l'Empire en dehors de ses centres financiers, vous trouverez dans les villages locaux une foultitude d'âmes simples prêts à vous acheter vos aliments à bas prix... contre, je l'imagine bien, quelques précieux services. La loyauté s’achète pour si peu de choses, de nos jours.

Je puis mettre à votre disposition des navires de pêche, petites embarcations de fabrication pharoise c'est à dire, à double-fond. Si vous n'embarquez rien de trop volumineux cela passera, sinon un chalutier où nous recouvrirons votre matériel d'un tapis de poisson frais. La douane en ces lieux de libre commerce se laisse aisément acheter et les Pharois sont les amis de tous les garde-frontières.

Je ne demanderai pour cela qu'un faible prix : quelques 5 000 unités monétaires, pour mes risques, et le remboursement de tout navire qui viendrait à être coulé. Pour ce qui est de mes hommes, ils ne prendront pas part à d'éventuels combats, sauf bien sûr si vous souhaitez que nous approfondissions notre relation. Sans cela, je serai votre humble convoyeur, pourvoyeur de sécurité et de discrétion.

Verho Arto
Albien de sang, pirate de cœur