05/06/2013
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Rencontre Fortuna - EAU

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Rencontre officielle entre les représentants de la Sérénissime et des EAU


Aéroport de Raxington, E.A.U,
27 Avril 2004,


Il Signore Patrizio Derrizio, Ministre de la Terra Incognita
Il Signore Patrizio Derrizio, Ministre de la Terra Incognita

Voilà une affaire que l'on pouvait aisément décrire comme cavalière dans son organisation, les réorganisations concernant les procédures de réception des courriers au port de la Capitale avaient portés leurs fruits, jamais n'avaient-on eu d'échange aussi fluides, mais sans doutes pouvait-on aussi en attribuer une part du mérite au sérieux du Maire de Raxington qui n'avait nullement tardé à faire connaître sa réponse à la proposition de rencontre d'état émise par la Torre Bianca. Ainsi, voilà que le ministre fortunéen avait constituée à la va-vite une équipe de choc qui ferait office de délégation et s'était embarqué en quatrième vitesse avec ses gens au sein d'un avion réquisitionné pour l'occasion afin d'entrer dans les délais ayant été fixé lors de l'échange épistolaire opéré au préalable avec les autorités des E.A.U.

D'un point de vue protocolaire, la chose était aberrante, c'était là une évidence, mais Il Signore Derrizio, contrairement à ce que la plupart des gens pensaient de par ses fonctions et son grand âge, n'était nullement homme appréciant l'inaction, à dire vrai c'était là tout l'inverse, il ne se sentait jamais autant vivant que lorsqu'il y avait de l'animation et les hautes-sphères Fortunéennes connaissaient tous ses penchants pour les escapades en montagnes et sur les flots. Escapades qui faisaient aussi sa renommée et sa légende au sein de la marine et des sphères sportives. Cependant, c'était là une erreur de penser en conséquence qu'il s'agissait là d'un mauvais choix à implanter à la tête de la Torre Bianca et des services diplomatiques, en vérité c'était tout l'inverse. Le "ministère" était loin d'être morne et monotone comme aimaient le dire les ragots populaires, à dire vrai il était peut être même encore plus animé que le palais des doges lui même dû au fait en plus de s'occuper des affaires extérieures à la République, il s'employait à assurer l'entente entre les divers composantes fortunéenne. Chose non aisée, vous y conviendrez mais qui plus est nécessite concrètement de courir ça et là à travers le monde afin de s'enquérir des soucis de tous et toutes, de régler quelques querelles régionales entre deux provinces ou plus généralement, opérer des rencontres diplomatiques. Ainsi, en digne globe-trotteur, Il Signore Derrizio n'en était pas à son coup d'essai quand il s'agissait de voyager prestement, ceci sans compter ses multiples autres qualités comprenant notamment la maîtrise d'un certains nombre de dialectes étrangers.

Mais fermons là cette parenthèse pour en revenir à notre affaire, car voilà que le vol express à destination de Raxington arrivait à son terme, l'unique aéroport de la ville, et même peut être du pays, en vue. Tandis que le pilote amorçait les manoeuvres d'atterrissage, Il Signore se remémorait mentalement les objectifs de cette rencontre qui étaient multiples. D'une part, les E.A.U étaient des producteurs de pétrole important et aux vues des demandes conséquentes des composantes de la République, et notamment la marine, concernant ce liquide d'ébène, il était nécessaire de s'assurer d'en obtenir d'une multitude de source afin de ne point devenir dépendant d'une seule et même puissance qui pourrait ainsi dicter sa loi. D'autre part, Fortuna, en digne nation marchande avait ainsi un besoin vital, obsessionnel et même maladif de vendre, d'échanger, de troquer, et si importer le pétrole était un objectif, exporter ses propres marchandises en était un autre, aussi bien connaître son interlocuteur et ce qui pouvait l'intéresser était essentiel. En l'occurrence, les E.A.U, se situaient en grande majorité, territorialement parlant, sur la banquise des pôles, un lieu inhospitalier et hostile où la vie était dure, mais surtout où bon nombre de commodités que ailleurs dans le monde l'on ne saurait tolérer de manquer, se trouvait être complexe à acquérir. Qu'il s'agisse de nourriture, de biens basiques de consommation ou parfois même d'outillage, pour être tout à fait honnête, les choix ne manquaient pas, et les capacités Fortunéennes à sortir du chapeau républicain l'objet de tout les désirs des autorités de Raxington étaient réelles. Enfin, la proximité géographique de Canossa commandait d'entretenir quelques relations avec le proche voisinage, ne serait-ce que pour maintenir une entente cordiale et qui sait, peut être mener des projets conjoints dans le futur.

Cependant, l'annonce de l'ouverture des portes de l'avion à l'arrivée aux termes de la piste d'atterrissage sorti le représentant du Doge de ses pensées, il était temps d'entrer en piste et d'aller nouer des liens. Flanqué de ses assistants et autres subordonnés, il se pressa ainsi de descendre de son transport afin d'émerger sur la piste d'atterrissage, fin prêt à débuter cette rencontre diplomatique.
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Rencontre EAU-Fortuna: l'accueil.


Dallas, avec sa smug face habituelle
Benjamin Dallas, avec sa smug face habituelle.

Dallas attendait dans sa voiture comme pour le rendez-vous de la veille, mais sans Molly cette fois. En effet, il l'avait balancée en Uspal pour représenter les intérêts du pays. Il était sûr, elle s'en sortirait. C'est elle qui lui faisait les briefings sur les pays qu'ils allaient rencontrer, et il tentait d'imaginer ce qu'elle lui dirait sur Fortuna. "Pays, si on peut l'appeler comme ça, composé de milliers et de milliers d'îlots, basé en Eurysie. Un des leaders du commerce mondial, donc importants, avec de quoi nous menacer, donc doublement importants. Notre voisin par une de ses enclaves, mais qui n'est pas voisin de Fortuna?" Nah. Trop ironique sur le début et la fin. Et pas assez détaillé. Il allait falloir improviser au fur et à mesure des propositions, comme d'habitude. Et s'il y avait une proposition pas sans ses attributions, attendre l'hiver et le vote des 9 petits cochons.

L'aéroport de Raxington et son sol chauffant avaient fini de faire fondre la neige de la veille, et cette fois la route en voiture était dégagée jusqu'au palais. A l'approche de l'avion qui devait transporter le représentant fortunéen, il fit comme d'habitude, ouvrit les deux portes avant, et alla se poster devant la rampe installée avec hâte devant l'avion fortunéen, dans son uniforme habituel: Long manteau noir sur chemise blanche et cravate, lunettes de soleil. En arrière plan, on pouvait déceler l'habituelle file de voitures pour la délégation annoncée, et la maigre haie d'honneur devant le palais du maire un peu plus loin.


Il observa la descente du représentant fortunéen avec un petit sourire qui pourrait facilement passer pour de la sympathie pour le vieil homme qui dévalait sans problème la rampe encore à moitié gelée, la seule qu'ils avaient encore en stock. Il ne fit donc pas attendre un tel entrain, et se dirigea avec assurance en tendant la main vers l'homme quand il arriva en bas de la rampe.

-Signore Derrizio. Je vous souhaite la bienvenue dans les EAU. Il désigna la voiture présidentielle derrière lui, sobre et massive. Je vous conduis au palais?

Dit-il en étudiant la réaction du bonhomme, conscient qu'il ne respectait que peu de règles du protocole international. Dans les faits, il ne respectait que la politesse et un semblant de dresscode. Mais pourquoi avoir un protocole? Des dépenses supplémentaires superflues, pensait-il. Les diplomates qui arrivaient ici s'attendaient à un pays dur, autant leur en donner.
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Si Raxington se situait techniquement en Paltoterra comme s'accordaient à l'affirmer l'ensemble des géographes du globe, il y avait toutefois une très nette différence de climat avec le reste du continent, ce dernier réputé luxuriant alternait en effet avec des biomes tantôt tropicaux tantôt montagneux avec quelques brèves éclaircis dans cette broussaille exotique de prairies et terres fertiles. Toutefois, les territoires Paltoterran des E.A.U avec en leur coeur la cité de Raxington laissait plus penser à une vaste toundra qui avait bien plus en commun avec la banquise du pôle sud que le reste du continent. Un climat particulier avec des conditions de vie particulières qui se reflétaient autant sur le paysage que sur les infrastructure locales, à commencer par l'aéroport et les routes environnantes sur lequel l'on pouvait encore apercevoir quelques reliquat de neige, rescapés d'une éviction de masse opérée par le génie humain et ses créations. Descendant prestement et avec aisance la rampe mis en place devant l'avion, Il Signore Derrizio avait pris la peine de se fondre dans le paysage, encastré dans un large pardessus d'ébène tout en laissant trôner sur sa chevelure grisâtre un panama accordée à la teinte de son ensemble, ce tandis qu'il arborait une paire de gants en cuir. Et si l'on devinait cet attirail comme ayant été fabriqué sur mesure par des virtuoses du textile et du tannage en Eurysie, il n'avait pour autant rien à envier à dire vrai aux locaux.

Balayant les environs d'un regard se voulant inquisiteur, le patricien pu constater la légèreté des protocoles d'accueil, une file de véhicules non loin, le Maire au bas de la Rampe avec une maigre haie-d'honneur devant ce qui devait être le coeur administratif de la ville, en soit cela ne le dérangeait guère, il s'agissait plutôt à dire vrai d'une observation qui confirmait quelques théories avançant que dû au climat local et à la nature même du pays, ce dernier n'avait pas d'immenses ressources à accorder dans les protocoles. Si certains ce seraient assurément offusqués de la chose, créant un scandale à nul autre pareil, cela avait à l'inverse le mérite de rassurer le vieillard qui laissa échapper un soupir de soulagement. Points d'interminables réceptions, de grâces perfides et de faux semblants à l'excès en vue à priori, seulement une discussion des plus authentiques et sérieuses avec le voisinage paltoterran. Un petit sourire en coin, le patricien arriva ainsi au bas de la rampe jusqu'où le maire s'était déjà avancé, tendant une main amicale qu'il Signore Derrizio serra avec un enthousiasme certains mais aussi une certaine fermeté que l'on pouvait avoir du mal à soupçonner en considération de son âge.


Patrizio Derrizio - Monsieur le Maire, je vous remercie au nom de la Sérénissime République de Fortuna que je représente, de votre accueil en ces terres, vos terres. Et j'accepte bien volontiers votre invitation en votre palais, ce sera assurément plus confortable afin de mener les discussions qui nous attendent, même si l'air local a l'air, je n'en doutes point, des plus vivifiants.

Le ton se voulait aimable, le faciès, bienveillant et la posture droite. En soit, des signes avant-coureurs se voulant être de bon augure pour la suite des choses, mais pas nécessairement étonnants car après tout se monter sincère et amical étaient là les deux attributs essentiels lorsque l'on menait des tractations diplomatiques et plus encore lorsqu'il y avait un arrière fond de négoce marchand en ligne de mire. Derrière le diplomate, sa suite se mettait déjà en marche, un défilé interminable de portes-document en vue mais surtout une série de caisses estampillé d'un immense "FRAGILE" en peinture rouge dessus.


Patrizio Derrizio -
Les us et coutumes de la république étant ce qu'ils sont, nous avons pris la liberté d'apporter quelques présents en provenance directe de la cité qui sombre. Un assortiments de verres fabriqués selon des processus remontant à plusieurs siècles auparavant par nos artisans souffleurs de verre, avec pour accompagner ces derniers plusieurs grands crus sortis des caves des châteaux jouxtant les vignobles de Miraglia.

Fortuna mettait l'accent sur les traditions, c'était là un fait, et si c'était en vérité une coutume assez classique dans un contexte diplomatique, il fallait aussi considérer que le geste avait une autre signification. En effet, des produits tel que des verres ou des bouteilles de vin qui étaient de nos jours considérés comme communs à travers le globe pour les uns et dans certaines régions pour les autres, étaient assurément une rareté dans les territoires des E.A.U. C'était là une façon d'offrir un aperçut de l'artisanat Fortunéen, mais surtout un échantillon de ce que la République pouvait apporter, un très maigre échantillon à dire vrai.
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Il l'aimait bien, ce vieux. Rien que ça descente d'escaliers suivi par son ironie sur l'air vivifiant. Vivifiant. Il avait envie d'éclater de rire de manière très peu diplomatique. Il écouta l'annonce du cadeau avec grand plaisir. Du vin pour garnir sa cave était une bonne nouvelle, mais les verres qui allaient avec en était une encore meilleure: le pimp, que ce soit sur des simples verres, sur sa voiture ou bien sur le palais présidentiel, c'était son péché mignon. C'est donc avec un sourire d'appréciation sincère qu'il accueillit le cadeau. Il répondit au représentants fortunéen avec une joie perceptible dans la voix:

-Je vous remercie pour ce magnifique cadeau. Je redécouvrirai votre savoir-faire en matière de verre après les négociations, si vous le permettez.

Il invita son homologue à le suivre dans la voiture présidentielle, qui si elle était austère et massive de l'extérieur, quelqu'un l'avait décoré avec très bon goût quoiqu'un peu décalé, afin que l'intérieur ressemble au bar d'une boîte de nuit luxueuse, sans le bar justement. Dallas hésita longuement à drifter avec cet invité là, qui semblait être un homme de culture, mais décida finalement qu'il avait aussi l'air particulièrement sérieux et que ça n'allait pas forcément être une bonne chose pour les négociations s'il montrait publiquement à quel point il était un enfant dans l'âme. Dommage, il ne manquait qu'un grain de folie à cet homme. Il se gara devant le défilé qui les attendait, qui se mit à jouer à l'instant même où ils ouvrirent la porte. Un air accueillant et bienveillant. Arrivés dans le hall du palais, Benjamin laissa à son homologue le temps d'admirer l'architecture et les vitraux du bâtiment qui ressemblait à s'y méprendre à une église gothique, mais sans les symboles religieux. Après ce court arrêt, il accompagna son homologue dans le double escalier central, jusqu'à son bureau qui était aussi la salle de réunion des patriarches quand l'hiver venait.

Dallas prit sur son bureau une petit étui finement ouvragé, et l'ouvrit comme un cadeau pour son invité. C'était une montre cerclée d'argent, réalisée très finement, avec un petit drapeau fortunéen gravé dessus. L'ouvrage était visiblement d'excellente qualité et unique en son genre.


-Voilà une création d'un de nos plus talentueux artisans, rien que pour vous.

Il s'assit ensuite dans son bureau, en invitant son interlocuteur à s'asseoir sur une des chaises en cuir, plus confortables qu'elles en avaient l'air.


-Maintenant nous pouvons parler de ce qui vous amène tranquillement.

Et il s'affala légèrement sur son siège, attendant que le ministre prenne la parole.
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Contrairement à ce que la majorité de la faune mondaine fortunéenne pensait, Il Signore Derrizio détestait de toute son âme les lourds protocoles, une ironie des plus absurdes au vue de ses fonctions qui impliquaient de tel choses à longueur de journée ça et là à travers le monde, sur le papier comme en chaire et en os. Pour autant, ceux au fait de ses goûts en sommes assez particuliers au sein de l'élite de la cité qui sombre qui, aux antipodes de cela, raffolait précisément de ces évènements aux us et coutumes bien définis, avaient depuis bien longtemps cessés de chercher à déterminer pourquoi le vieillard n'avait pas pris sa retraite, après tout s'il haïssait tant que ça le formalisme, et au vue de son statut patricien et de ses revenus pour le moins confortables, il aurait pu à n'importe quel moment déserter afin de partir accomplir un tour du monde en voilier ce sans que quiconque n'ai à redire quoi que ce soit. Mais non, le représentant du Doge aux affaires diplomatiques arguait au titre d'une philosophie personnel qui bien que contestable se tenait d'un certains point de vue, que la vie sans malheur était morne et sans intérêt et que pour trouver le bonheur il fallait passer par là. En soit, si les plus simples d'esprits voyaient là une obscure maxime sans queue ni tête tout droit sortie d'un état quelconque de Nazum, les autres comprenaient simplement que l'homme n'arrivait à réellement appréciait ses "passions" qu'après avoir à subir l'objet de son mépris pendant de longues périodes. Ni plus ni moins qu'une éternelle alternance.

Et au sein de ce cycle pour le moins atypique, la venue aux E.A.U étaient une de ces rares bouffés d'air fraîche dans le monde diplomatique. Point de cortège aussi imposant qu'à un mariage à la sortie de l'aéroport afin d'accueillir les délégations, pas d'interminables séances de poignées de mains ni d'assemblée de journalistes mitraillant la scène de leur objectif afin d'obtenir quelques faux sourires et un véhicule sobre en extérieur qui pourtant aurait assurément au vue de son intérieur choqué plus d'un diplomate campant sur son formalisme. En fin de compte, seul le défilé présent devant le palais destinée à jouer quelques airs de musique faisait à priori parti d'un protocole, et encore. Le strict minimum, mais à dire vrai si l'on considérait le pays en question, cela n'avait rien d'étonnant. Les E.A.U étaient réputés pour être particulièrement austère à dire vrai, et la situation de la nation autant géographique que culturelle n'aidant pas, c'était même un exploit qu'un tel accueil soit possible. Ceci dit, c'était précisément ce que le vieillard appréciait, une rencontre simple et authentique où l'on pourrait discuter presque sans faux semblants, ou tout du moins sans jouer au jeu des grâces perfides de façon prolongée.

Pour autant, malgré ces considérations, ce qui frappait tout de même demeurait cependant l'architecture du palais de Raxington. Il Signore Derrizio, qui connaissait ses classiques dans le domaine observait avec une certaine curiosité divers points de la structure qui semblaient indiquer une ressemblance assez troublante avec les multiples églises de styles gothiques que l'on pouvait trouver à travers le vieux monde majoritairement. Ce n'était pas tous les jours que les bâtiments officiels, sauf dans quelques théocraties ou au Magermelk disait-on, pouvait se confondre avec un lieu de culte, même si techniquement cela semblait logique lorsque l'on s'intéressait plus en détail à la signification des composantes de l'appellation raccourcie des E.A.U, après tout E pour église, c'était là assez édifiant. Cependant, au delà de ça, les lieux n'avaient rien d'un lieu de culte, et ce sur une simple observation du bureau du maire, le palais semblait concernant ses salles ne rien avoir à envier à la Torre Bianca ou quelque bâtisse dédié à la bureaucratie que ce soit. Mais voilà qu'une fois pénétrée dans l'antre du Maire que ce dernier s'empara sans plus attendre d'un étui que l'on devinait, au vue de la qualité des ornements, abriter un objet d'intérêt, et quel objet, ni plus ni moins qu'une montre réalisée par un talentueux artisan offerte en guise de présent diplomatique, présent que le vieillard observa pendant quelques secondes tel un collectionneur qui contemplerait une antiquité.

Patrizio Derrizio - Un ouvrage d'une grande qualité que voici. Des centaines de personnes seraient prêt à dépenser des fortunes pour en commercialiser des semblables au sein de l'île marchande d'Armara sur la Lagune régalienne voir même dans les galeries du Ponte Alto à Rivoli. Votre artisan est en effet remarquable, soyez remercié pour ce magnifique cadeau.

La remarque n'était pas hasardeuse et à simple bût de flatter l'égo de Dallas, un petit sourire en coin et un bref aperçut du regard intrigué du patricien suffisait à dire qu'un certains intérêt avait été éveillé vis à vis du vieil homme. Et ce n'était pas peu dire, officiellement, l'on connaissait principalement les E.A.U pour le mode de vie tout à fait particulier de ses habitants, la rudesse de ces derniers et surtout pour les quantités indécentes de pétroles produites par le pays. Jusqu'ici, l'artisanat local n'était que pure spéculation concernant ce qu'il pouvait donner, mais de tel choses changeaient un peu la donne et ajoutait d'autres intérêts. Des montres aussi finement ouvragées étaient en effet des produits d'intérêt que l'intelligentsia Rivolienne comme l'élite Fortunéenne s'arracherait. Prenant place sur l'un des sièges à la suite du Maire, le patricien reprit un air neutre, quoique légèrement bienveillant sur les bords.


Patrizio Derrizio - Nous pouvons en effet. Et je ne compte point passer par quatre chemin pour être tout à fait honnête. Nous avons déjà évoqué le sujet lors de notre échange épistolaire, l'objet majeure de notre venue dont l'intérêt pour ce dernier n'a point été revue à la baisse entre temps. Ni plus ni moins que le pétrole, la Sérénissime a pris bonne note du fait que les honorables familles des terres australes étaient passés maîtres dans l'art d'exploiter l'or noir dormant sous la banquise du monde. Et, comme déjà mentionné, au vue des besoins titanesque de l'industrie navale Fortunéenne, cela fait des E.A.U un interlocuteur, et surtout un éventuel partenaire commercial privilégié. Inutile de dire que la République au même titre que plusieurs éminentes familles patriciennes ainsi que de grands groupes industriels seraient prêt à dépenser une fortune afin d'acquérir de façon durable et régulière cette si prisée ressource.

Le vieil homme marqua une pause, joignant ses mains devant lui.

Patrizio Derrizio - Toutefois, l'argent est certes une belle chose, mais pas un absolue non plus. Saviez vous que nos ancêtres au cours de l'âge des découvertes, lorsqu'ils s'élancèrent à bords de leurs caravelles afin de cartographier les cartes de l'Afarée, découvrirent de nombreux peuple au cours de leurs routes ? Partis avec quelques verroteries et autres babioles, ils revinrent avec les cales de leurs embarcations amplis de richesses. Il ne fallut pas longtemps pour que de multiples aventuriers les imitent, puis les compagnies marchandes. Mais ce n'était point l'or, l'argent ou le cuivre qui était employé dans ces échanges, au contraire les empires locaux croulaient sous le métal précieux. Non, c'était là un vaste troc qui s'opérait. Un bien contre un autre, des étoffes de tissus contre du sel, des bijoux contre de l'or, des céréales et des têtes de bétail contre du bois précieux, de l'ivoire ou de la teinture. Un dû contre un dû.

La gestuelle accompagnait les paroles du vieillard et au fur et à mesure qu'il développait sa petite histoire commerciale, ses bras s'étendant à gauche et à droite voyaient les mains s'élevaient et s'abaisser, mimant une balance, jusqu'à ce qu'elles s'équilibrent à une hauteur similaire.

Patrizio Derrizio - Le commerce est le sang de la Sérénissime, et nous sommes bien conscient que ce ne sont pas nécessairement nos métaux précieux ou nos papiers avec des chiffres inscrits dessus qui intéressent les honorables patriarches de Raxington. La banquise est une terre inhospitalières et les quelques landes de Paltoterra sont peu nombreuses et sujettes au caprice des pôles. Ce qui n'est pas le cas de nombre des territoires fortunéens, Miraglia, les portes de l'Eurysie sur la Terrafirma a déjà annoncé des récoltes pharamineuses pour cette année, rivalisé pourtant par Canossa qui chaque année atteint de nouveaux sommet de production agricoles. Mais ce ne sont là que des exemples, la république fortunéenne s'étend à travers le globe tel le kraken à travers les océans, les îles, enclaves et autres territoires républicains sont autant de tentacules permettant de produire des denrées exceptionnelles trouvables uniquement dans certaines régions, ou le cas échéant servent de relais afin d'en acquérir. En d'autres termes, je pense être en mesure d'affirmer que quoi que vous désiriez, la Sérénissime sera en mesure de vous le proposer, ou dans le cas contraire de le trouver.

Mettant fin à sa mimique, il rejoignit à nouveau ses mains devant lui.

Patrizio Derrizio - Par ailleurs, je suis à titre personnel particulièrement impressionné par votre artisanat au vue de l'exemplaire de produit remarquable que vous m'avez offerts. Aussi, j'aimerais en savoir un peu plus dessus, j'ai l'intime conviction qu'il y a là aussi matière à discuter et négocier afin d'établir des accords encore plus profitables mutuellement.
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Benjamin Dallas garda une tête composée pendant la totalité du baratin commercial de son interlocuteur, malgré sa sale envie d'aller s'en griller une sur la terrasse. Mais Molly ne pouvait pas faire semblant d'écouter poliment à sa place, et il devait tout de même tenir son rôle de maire, même si des fois il préférerait rejoindre à plein temps ses amis de l'administration et de l'université. Cependant, même si le discours de Derrizio était plat et sans intérêt, sa réaction face à son cadeau tenait plus de l'intérêt (pas de l'admiration, ça c'était sûr, ce vieux briscard en avait vu d'autres) que de la lècherie diplomatique, ce qui lui fit plaisir. Enfin quelqu'un qui appréciait son travail, même si ça n'était pas un de ses compatriotes. Il répondit donc au vieux d'un ton visiblement satisfait, de son meilleur même si limité faux baratin de commercial:

-Ah, vos ancêtres étaient assurément des grands hommes que l'adversité a guidé vers des nouvelles opportunités commerciales. Le fondateur de notre nation, quant à lui, était un goujat notoire qui a réussi à se faire exiler pour cette raison, puis à emmener droit vers ces terres désolées les gens qui lui étaient miraculeusement restés fidèles pour créer un comptoir de fourrures. Enfin, ça c'est la version non-enjolivée. Notre pays est donc comme le vôtre, un pays tourné vers l'extérieur par nécessité. Juste une légère différence de... prestige dans l'origine du commerce? Bref. Tout ça pour vous dire que je nous souhaite la protection de vos ancêtres plus que des nôtres, et que nous sommes évidemment ouverts à toute forme d'échange.

Il se pencha en avant depuis son siège, puis joint les mains en signe d'intérêt.


-Maintenant, je dois vous avouer que votre intérêt envers notre filiale horlogère est une sacrée réussite pour moi, puisqu'elle est le résultat d'un changement de politique locale amorcé il y a quelques années qui m'a sacrément coûté en temps et en remontrances de la part de mes pairs. Enfin, des pairs qui comptent, si vous voyez de quoi je parle. Nous sommes évidemment disposés à vous expédier les premières réussites de ces artisans talentueux. Après, il ne s'agirait de toute façon que d'une partie marginale de nos échanges, largement dépassée par les importations de nourriture et autres matériaux indispensables d'une part, et les esportations de pétroles d'autre part.

Il marqua une pause, en se réaffalant dans son siège.


-Puisque nous contrôlons la large majorité de ce qui rentre et sort de ce pays, nous savons qu'une large partie de notre commerce extérieur passe par vous, même si nous n'avons encore rien officialisé. Rio de Canossa est une étape incontournable pour la majorité de nos cargos, et comme vous l'avez dit de façon si imagée, votre kraken est incontournable pour qui veut naviguer dans les mers du sud. Si vous ne souhaitez qu'officialiser ce qui se fait déjà, cela ne pose aucun problème. Maintenant, j'aimerais savoir si vous avez autre chose à nous proposer, quelque chose qui sortirait plus du cadre de nos relations tout à fait cordiales ordinaires..

En attendant la réponse de son interlocuteur, Dallas sortit une petite bouteille avec un dessin argenté, qui contenait un liquide jaunâtre, ainsi que deux petits verres de fabrication fortunéenne. En débouchant la bouteille, un monseigneur Derrizion avec un odorat en bon état pourrait capter la puissance de l'odeur d'alcool qui en sortait. Il se servit lui-même, puis fit un regard interrogateur vers son invité.

-Les verres sont de vous, mais je parie que vous n'avez jamais goûté au jaune qui tâche de Raxington. Ca réveille, surtout en hiver.
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Il Signore Derrizio, s'il avait conservé une attitude relativement classique pour un diplomate ne serait-ce que pour faire bon effet dans le rapport officiel du Maire qui sortirait, car après tout, les apparences avaient leur importance, ne tint toutefois pas en place éternellement son masque de chaire d'occasion. Selon toute vraisemblance, son interlocuteur semblait le suivre dans cette voie, les deux hommes pouvaient effectivement aisément deviner grâce à leur expériences et aussi à quelques tics échappant à leurs performances d'acteurs que ce n'était là que du spectacle, ni plus ni moins. Un certains amusement se fit ressentir alors que les lèvres et les rires du Patriciens s'arquaient en conséquence lorsque Dallas commença à tenir ses propos sur les ancêtres fondateur de sa nation. Le Fortunéen connaissait l'histoire à dire vrai, tout comme l'ensemble du corps diplomatique, d'une part car c'était essentiel afin de comprendre quelques subtilités étatiques et culturelles des E.A.U, mais aussi et surtout car il s'agissait à dire vrai d'un sujet de plaisanterie assez commun, ceci dit mieux valait ne rien en dire, sait-on jamais.

Patrizio Derrizio - Ma foi, à dire vrai je ne nous recommande pas non plus la bénédiction de nos ancêtres, certes les prendre en exemple est toujours de bon ton, mais nous préférons créer nos propres succès. Qui plus est, la relation avec les défunts, d'autant plus s'ils ont trépassés depuis des siècles est bien souvent cantonné à l'une des citations d'un de nos plus éminents philosophes. "Quand on est mort, on a la décence de le rester." des mots durs mais qui sont assurément juste, personne ne souhaiterait contempler un fantôme en colère déambuler dans son comptoir afin de juger ses performances en négoce.

Le Patricien haussa les épaules tout en levant légèrement les yeux vers le ciel, ce afin d'accompagner sa petite plaisanterie avant de joindre à nouveau ses mains devant lui pour en revenir à son interlocuteur.


Patrizio Derrizio - Mais pour en revenir à vos chefs d'oeuvre de mécanique, je puis vous assurer que vous avez fait là, au vue des constatations que j'ai pu faire sur cet exemplaire dont vous m'avez fait cadeau, qu'il y là des résultats concrets. C'est d'autant plus impressionnant si l'on prends en considération les particularités de votre nation faisant que se lancer dans une tel aventure est d'autant plus incertains et risqué, ce qui est je suppose la cause majeure du manque consternant de confiance dont vos homologues ont fait preuve vis à vis de vos choix. Ceci dit, la prise de risque peut se révéler très lucrative.

Il marqua une pause.

Patrizio Derrizio - Même si comme vous dites, ne s'agirait comme vous dites que d'une infime partie des échanges que nous viendrions à opérer, je peux vous assurer que de tels oeuvres dû à leur qualité se vendront très cher dans certaines castes, de quoi assurer des revenues plus que confortables. Voir même plus encore si plusieurs compagnies et sociétés décidaient de s'affronter commercialement et financièrement parlant afin de pouvoir commercialiser ces produits. Quelques échantillons seront nécessaires afin de les présenter aux intéressés, que nous vous payeront comme il se doit bien évidemment, et je suis certains que les représentants officiels des grandes marques vous contacteront immédiatement, bien évidemment chaperonnés par le gouvernement républicain afin que tous et chacun tire des bénéfices de ces échanges. Et cela va bien évidemment de soit que si éventuellement vous auriez quelques autres créations récentes d'un tout autre type à faire... Jauger disons.. Nous serions tout à fait à même d'accomplir une brève expertise.

Dans la foulée il fit signe à l'un de ses aides de s'approcher afin de lui demander de sortir du porte-document qu'il avait en sa possession une carte du monde, ce afin d'adresser une réponse aux propos de Dallas quand aux voies commerciales.

Patrizio Derrizio - Rio de Canossa est en effet une étape essentielle de nos réseaux commerciaux, notamment et principalement à destination de l'ensemble du continent de Paltoterra. Mais dans les fais, il s'imbrique dans un ensemble plus grands, à savoir le triangle d'Or qui implique les deux archipels d'îles au large de l'Afarée, les relais incontournables comme on aime bien les nommer. Bien évidemment, les échanges faits ça et là, qu'ils soient à destination de tel ou tel continent se font toujours quoi qu'il arrive, cependant et bien malheureusement à l'heure actuelle et en l'absence de précision dû à de véritables traités... Il convient de dire les fais, ceux ci sont tout de même largement entravés, que ce soit par les douanes en vigueur, mais surtout par l'administratif en lui même qui même s'il permet de garder la trace tous les échanges en temps et en heure est tout de même pesant et cause une perte d'efficacité effarante.

Il marqua une nouvelle pause tout en pointant sur la carte les archipels d'île susnommés plus haut.

Patrizio Derrizio - Ceci dit, tout problème à une solution. Au delà des réductions de taxes que nous pouvons arranger aisément en nous adressant aux autorités sur place, nous pouvons vous offrir de bonne grâce, des autorisations spéciales et exclusives afin d'établir un réseau d'entrepôts et de sites de stockage associés avec des espaces réservés sur les docks des différents point de passage. Ce qui, au delà de fluidifier les échanges, devrait aussi vous donner l'occasion de vous lancer dans de nouvelles aventures commerciales à une échelle jusqu'à présent inégalée, et qui sait, peut être quelques un de nos ténors de l'industrie souhaiterait bien s'associer à vos éventuels projets. L'infrastructure est le nerf de la guerre comme de l'économie après tout. Par ailleurs, si vous avez des requêtes complémentaires ou autres, n'hésitez point à les présenter, nous sommes à l'écoute.

Suite à cela, le patricien revient vers Dallas qui entre temps avait fait apparaître en plus des verres dont on lui avait fait présent, une bouteille d'un breuvage qui selon toute vraisemblance était un alcool puissant au vue de ce qu'il dégageait, rien de bien surprenant en somme, après tout il fallait bien se réchauffer dans ce pays où le climat n'était pas des plus accueillant.

Patrizio Derrizio - Je n'ai jamais eu cet honneur bien malheureusement. Ceci dit, je ne dis jamais non à l'occasion de m'essayer à un nouveau breuvage, après tout l'on ne vit qu'une fois.
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Après avoir goûté au breuvage et résisté à sa puissance avec succès, like a boss, Derrizio et Dallas s'attelèrent à régler les détails de l'accord qui rentrerait en vigueur entre les deux partenaires. Premièrement, il était décidé que Fortuna serait un partenaire privilégié pour la future industrie horlogère des EAU. Deuxièmement, en échange, les EAU obtiendraient des tarifs privilégiés pour le commerce transitant par Rio de Canossa, ainsi que l'établissement d'une ambassade à Fortuna même afin de garder contact entre les deux pays. Enfin, les importations de nourriture et de matières premières des EAU passant par Fortuna déjà établies resteraient telles quelles et seraient garanties.

Sur cet accord fructueux et après avoir salué ses hôtes une dernière fois, Dallas en profita pour aller profiter du vin fortunéen tant qu'il le pouvait encore. Il sentait bien que quelque chose allait se passer dans son pays tout bientôt, et cela ne lui plaisait guère. Il trouverait une manière de s'en sortir, comme d'habitude.

Résumé des accords:

-Contrat avec l'industrie horlogère naissante dans les EAU.
-Accès privilégié à Rio de Canossa pour le commerce glisois.
-Garantie des échanges déjà présents entre les deux pays.

Fin de la Rencontre.
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