Aéroport de Raxington, E.A.U,
27 Avril 2004,
Il Signore Patrizio Derrizio, Ministre de la Terra Incognita
Voilà une affaire que l'on pouvait aisément décrire comme cavalière dans son organisation, les réorganisations concernant les procédures de réception des courriers au port de la Capitale avaient portés leurs fruits, jamais n'avaient-on eu d'échange aussi fluides, mais sans doutes pouvait-on aussi en attribuer une part du mérite au sérieux du Maire de Raxington qui n'avait nullement tardé à faire connaître sa réponse à la proposition de rencontre d'état émise par la Torre Bianca. Ainsi, voilà que le ministre fortunéen avait constituée à la va-vite une équipe de choc qui ferait office de délégation et s'était embarqué en quatrième vitesse avec ses gens au sein d'un avion réquisitionné pour l'occasion afin d'entrer dans les délais ayant été fixé lors de l'échange épistolaire opéré au préalable avec les autorités des E.A.U.
D'un point de vue protocolaire, la chose était aberrante, c'était là une évidence, mais Il Signore Derrizio, contrairement à ce que la plupart des gens pensaient de par ses fonctions et son grand âge, n'était nullement homme appréciant l'inaction, à dire vrai c'était là tout l'inverse, il ne se sentait jamais autant vivant que lorsqu'il y avait de l'animation et les hautes-sphères Fortunéennes connaissaient tous ses penchants pour les escapades en montagnes et sur les flots. Escapades qui faisaient aussi sa renommée et sa légende au sein de la marine et des sphères sportives. Cependant, c'était là une erreur de penser en conséquence qu'il s'agissait là d'un mauvais choix à implanter à la tête de la Torre Bianca et des services diplomatiques, en vérité c'était tout l'inverse. Le "ministère" était loin d'être morne et monotone comme aimaient le dire les ragots populaires, à dire vrai il était peut être même encore plus animé que le palais des doges lui même dû au fait en plus de s'occuper des affaires extérieures à la République, il s'employait à assurer l'entente entre les divers composantes fortunéenne. Chose non aisée, vous y conviendrez mais qui plus est nécessite concrètement de courir ça et là à travers le monde afin de s'enquérir des soucis de tous et toutes, de régler quelques querelles régionales entre deux provinces ou plus généralement, opérer des rencontres diplomatiques. Ainsi, en digne globe-trotteur, Il Signore Derrizio n'en était pas à son coup d'essai quand il s'agissait de voyager prestement, ceci sans compter ses multiples autres qualités comprenant notamment la maîtrise d'un certains nombre de dialectes étrangers.
Mais fermons là cette parenthèse pour en revenir à notre affaire, car voilà que le vol express à destination de Raxington arrivait à son terme, l'unique aéroport de la ville, et même peut être du pays, en vue. Tandis que le pilote amorçait les manoeuvres d'atterrissage, Il Signore se remémorait mentalement les objectifs de cette rencontre qui étaient multiples. D'une part, les E.A.U étaient des producteurs de pétrole important et aux vues des demandes conséquentes des composantes de la République, et notamment la marine, concernant ce liquide d'ébène, il était nécessaire de s'assurer d'en obtenir d'une multitude de source afin de ne point devenir dépendant d'une seule et même puissance qui pourrait ainsi dicter sa loi. D'autre part, Fortuna, en digne nation marchande avait ainsi un besoin vital, obsessionnel et même maladif de vendre, d'échanger, de troquer, et si importer le pétrole était un objectif, exporter ses propres marchandises en était un autre, aussi bien connaître son interlocuteur et ce qui pouvait l'intéresser était essentiel. En l'occurrence, les E.A.U, se situaient en grande majorité, territorialement parlant, sur la banquise des pôles, un lieu inhospitalier et hostile où la vie était dure, mais surtout où bon nombre de commodités que ailleurs dans le monde l'on ne saurait tolérer de manquer, se trouvait être complexe à acquérir. Qu'il s'agisse de nourriture, de biens basiques de consommation ou parfois même d'outillage, pour être tout à fait honnête, les choix ne manquaient pas, et les capacités Fortunéennes à sortir du chapeau républicain l'objet de tout les désirs des autorités de Raxington étaient réelles. Enfin, la proximité géographique de Canossa commandait d'entretenir quelques relations avec le proche voisinage, ne serait-ce que pour maintenir une entente cordiale et qui sait, peut être mener des projets conjoints dans le futur.
Cependant, l'annonce de l'ouverture des portes de l'avion à l'arrivée aux termes de la piste d'atterrissage sorti le représentant du Doge de ses pensées, il était temps d'entrer en piste et d'aller nouer des liens. Flanqué de ses assistants et autres subordonnés, il se pressa ainsi de descendre de son transport afin d'émerger sur la piste d'atterrissage, fin prêt à débuter cette rencontre diplomatique.