07/06/2013
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Sommet de Tiarmina [Rencontre des Nations de Paltoterra]

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Sommet de Tiarmina



Un sommet entre les pays du continent de Paltoterra. Voila l'aventure qui avait été lancé par le Royaume d'Uspal. Si la cérémonie royale qui devait servir de prétexte à cette rencontre avait été reporté aux calendes grecques, l'idée était resté. Plusieurs pays avait entretenu le désir de se rencontrer, d'échanger, et peut être, de signer quelques juteux contrats. La Confédération Impériale faisait partie de ces nations qui avaient gardés espoirs et motivations en une grande rencontre internationale.

Ainsi, devant la nouvelle de l'annulation de la rencontre en Uspal, la Confédération avait décidé de proposer sa propre version de la rencontre afin de ne pas voir l'élan diplomatique des nations du continent s'essouffler. Pour se faire, l'Empereur et son Chancelier avait opter pour la ville de Tiarmina, une charmante cité qui ne dépasser pas les 10 000 âmes. Situé à quelques dizaines de kilomètres de la métropole de Teltac, sur la côte orientale du pays, le lieu était connu pour être l'une des villes les plus célèbres du pays. Nichés entre les falaises et les eaux turquoises, les maisons colorés côtoyait des ruines antiques. Un havre naturel servait de lieu de mouillage pour les yatch des riches citoyens ainsi que de petit port, où quelques ferry de faibles tonnages assurés les liaisons avec les villes voisines. La nature escarpé de la côte rendait le transport maritime plus rapide et plus agréable que la longue route côtière sinueuse.

Ville de Tiarmina et cote alentour

C'était dans cette ville, que l'Empereur avait choisi de rassembler les différentes nations invités. Les rencontres se tiendraient dans le Palais d'été Impérial de la cité et les différentes délégations se verraient proposer des hébergements plus luxueux les uns que les autres donnant sur la magnifique baie. Les transferts sécurisés étaient programmés depuis l'aéroport international de Teltac et les forces de sécurité filtrer les entrées et les rues de l'antique cité. Le Sommet de Tiarmina allait commencer.


***


Si l'Empereur avait voulu reprendre le flambeau de l'Upsal dans l’organisation de ce sommet, c'était bien le Chancelier et la Princesse Impériale qui serait présent à la rencontre. Celle-ci prenait place dans l'antique palais d'été de la ville. Rénové récemment, il gardait marque des siècles qu'il avait vu passer. Dans la salle d'honneur de ce vénérable bâtiment, une salle de réunions avait été organisé. Une table ronde centrale prenait place, tandis que différentes rangés de chaises en arrière permettraient aux délégations d'assistés aux réunions.

Le premier matin du sommet, le Chancelier et la Princesse Impériale avaient pris place en haut des marches menant aux portes du Palais d'été. La, ils saluaient et accueillaient chaque délégation avant que l'on ne les mènes dans l'antichambre de la salle de réunion. Dans cette pièce voisine, des buffets avaient été montés et agencés. Là pouvait commencer un premier temps d'échange informel entre les dignitaires venus des quatre coins du continent.


Son Altesse Impériale Yhyanaca Yanac (Isabela Moner) et Son Excellence le Chancelier Peltac Manya (Mark Consuelos)
Son Altesse Impériale Yhyanaca Yanac (Isabela Moner) et Son Excellence le Chancelier Peltac Manya (Mark Consuelos)
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Délégation glisoise


Molly Harris

Molly Harris pendant les pauses de la conférence.


Après s'être couchée comme d'habitude dans son appartement au coeur du palais du Maire à Raxington, Molly Harris se réveilla le lendemain après-midi au doux son des pales d'hélicoptère aux côtés de deux gardes du corps en uniforme militaire, au milieu du siège arrière, dûment attachée avec une ceinture de sécurité. Elle avait à ses pieds une boîte en metal contenant plusieurs choses: Un miroir, une tenue de maire bizarrement adaptée à une femme, un semblant de maquillage, deux rideaux qui se clipaient come par hasard parfaitement sur les petits interstices au plafond du véhicule pour former un cube de rideaux pour un semblant d'intimité, sont sempiternel carnet de notes pour son travail de secrétaire, le stylo qui va avec, une cartouche de clopes, et deux jambons-beurres bienvenus, parce qu'elle avait faim.

A la vue de ce spectacle, elle était habitée par trois sentiments contraires. Un, Où était-elle, pourquoi l'avait-on droguée pour la mettre là, et où se dirigeaient-ils. Deux: elle avait faim. et Trois, PUTAIN BENJAMIN JE SUIS SÛR QUE CA A A VOIR AVEC TOI ESPECE DE SOUS-MERDE, QUAND JE REVIENS A RAXINGTON JE VAIS TE FUMER. Au réveil, le deuxième sentiment avait pris le dessus, et elle mangeait son jambon-beurre en tâchant de rester calme et de ne pas insulter les soldats qui ne faisaient que suivre les ordres de Benjamin Dallas. Après le premier sandwich, elle laissa le premier sentiment la gagner et interrogea les seules personnes suceptibles de l'entendre au dessus de l'océan.

-Soldats, quelle est notre destination?

Les deux soldats se redressèrent au garde à vous, et son voisin de gauche lui répondit d'un ton formel dans lequel on pouvait déceler un peu de pitié.


-Madame la secrétaire, nous avons comme destination la ville de Tiarmina, au Yuhacana, pour la première conférence des pays paltoterrans.

Elle sut instantanément que Benjamin l'avait envoyée là par caprice. C'était sûr. Elle n'avait pas le moindre antécédant en diplomatie internationale, ce connard avait juste la flemme. Sous le coup de ce troisième sentiment, elle avait serré sans se rendre compte le deuxième jambon beurre en le séparant en deux jusqu'à qu'il tombe sur le pyjama qu'elle portait encore, ce qui la sortit de sa transe et de sa colère. Elle écrivit promptement à Benjamin Dallas un message d'insultes, dont la seule réponse fut le double vu bleu qui signifiait qu'il avait lu son message. Elle mit rapidement en place les rideaux qu'on lui avait donné, et se changea avec l'uniforme à disposition. Somme toute, il ne différait pas beaucoup de celui de première secrétaire, la cravate arborait simplement une étoile à neuf branches glisoise en argent, signe de pouvoir réservé au maire. Elle avait donc toute latitude pour négocier. Heureusement qu'elle avait quelques années de secrétariat à son actif. Elle pourrait donc représenter son pays pas trop mal. Au moins elle allait essayer. Quand elle redescendit les rideaux, c'était en tenue de maire, un regard déterminé, et sa colère pour son patron dûment notée en entête sur son carnet.



***



Quand ils arrivèrent sur place, Molly sortit du coffre avec l'aide de ses gardes du corps le cadeau que les EAU avaient dûment apportés à leurs homologues: une magnifique pièce montée reproduisant le symbole sur le drapeau de leurs hôtes. Elle laissa un des gardes du corps transporter le cadeau et suivit l'accueil du Yuhanaca jusqu'au palais d'été, qu'elle détailla d'unoeil appréciateur. Elle ne voulait pas se l'avouer, mais commençait déjà à apprécier sa nouvelle affectation. Elle échangea les amabilités d'usage avec la princesse et son excellence le chancellier, leur donna le cadeau qui fut installé sur le buffet, puis prit rapidement part à celui-ci pusiqu'elle était la première arrivée, tout en restant mesurée. Un jambon beurre c'était pas assez, merde!
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L'homme brûlé.
Le dragon Dolan Youenn, aussi surnommé "L'homme brûlé."


La réunion entre les différents pays de Paltoterra et ses représentants avait finalement été repoussé temporairement, les organisateurs d'origines ayant soudainement annoncé l'annulation de leur programme. Fort heureusement, la réunion avait été préparé par un autre pays : Yuhanaca. Le dragon prépara ses affaires pour partir histoire d'arriver la veille sur les lieux de la réunion internationale, afin d'y repérer un peu le terrain et de procéder peut-être à quelques rencontres avec les autres dignitaires avant même le début de la réunion. Son instinct lui disait que très rapide, de nombreuses flottes arborant les étendards des uns et des autres ne tarderaient pas à montrer le bout de leur nez.

La veille avant le départ. L'homme brûlé changea une fois de plus ses bandages. Le contact de l'alcool pharmaceutique lui brûlait la chair toujours autant, écorché par les flammes. Le sac de viande infâme grimaça alors que le liquide coule le long de la chair. Les changements de bandages faits, on toqua à la porte. C'était une femme, visiblement la quarantaine qui se révéla. Son visage et la grimace faciale qui lui servait d'attitude neutre mettait en valeur ses cernes englobant entièrement le dessous de ses yeux. Ses traits la vieillissait et la faisait passé pour une vieille harpie, le genre de personne sympathique à hanter les bureau comme secrétaire désagréable. Elle portait quelques boucles d'oreilles dorées au style blême et revêtait une sorte de chemise de travail classique sous une veste de cuir aligné pour les motards et les gangs de rues. Un style vestimentaire délaissé à tout les coups.


- "Bonsoir Dolan. Tout le plaisir est pour moi." Le ton de sa déclaration sonnait clairement comme une personne motivée par le devoir plus que part le plaisir de faire son métier. "Alystair m'a chargé de vous seconder pour cette réunion diplomatique. Notre Roi Tribal a jugé qu'il serait bon que vous ayez à disposition une personne renseignée concernant la situation globale de notre clan."

La femme s'invita dans la chambre pour s'installer sur une chaise et sortir plusieurs dossiers tous aussi massif les uns que les autres.

- "Je ne crois pas avoir demandé de quelconque conseillère." Répondit l'Homme brûlé, refermant la porte derrière lui, puis croisant les bras vers cette inconnue qui s'invitait dans son intimité.

- "Ne vous inquiétez pas, je ne l'ai pas demandé non plus. Pouvons nous procéder ?" Elle joignit ses mains et croisa ses doigts entre eux.

- "Je vous ferai la version courte. Nous nous rendons à un conseil des factions où le gratin politique sera à prévoir. Vous devrez être exemplaire, et vous allez aussi devoir ranger votre petit surnom. Cela ne prend pas là bas. Au mieux, vous passerez pour un fou. Au pire, un sauvage que les puissants de se monde voudront éradiquer pour rendre le quartier plus propre. Je vais donc vous seconder, afin que notre présence à ce rendez vous ne tienne pas de la farce. "

L'Homme brûlé écouta attentivement, il s'adossa à un mur, sentant que la conversation risquait de lui prendre toute la soirée.

- "Et donc conseillère ? Comment dois-je appeler la mégère qui se porte garant de mon misérable cas à vos yeux ?"

- "La mégère s'appelle Lena. Lena Brieuc."

Lena Brieuc, La "Mégère"
Lena Brieuc, La "Mégère"


L'homme brûlé et la Mégère échangèrent toute la soirée durant, ne cessant de se donner des noms d'oiseaux.

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Il fallut pas moins de trois jours de voyage pour atteindre la petite ville de Tiarmina. Lieux de réunion étonnant pour une réunion diplomatique de cette ampleur. L'homme brûlé avait du mal à considérer cette zone simplement comme une simple zone neutre. Son esprit paranoïaque inventant sans cesse des prétextes pour qualifier cette zone de "No-Mans-land", le genre de lieux étrange et si peu peuplé qu'il pourrait se passer des choses et personnes n'aurait rien vu ou rien entendu. Le navire des deux diplomates mouillant dans le port en compagnie des autres navires des délégations arrangés ça et là. Nos deux diplomates eurent même quelques difficultés avec la sécurité à cause de l'apparence de l'homme brûlé, qui soyons sérieux, n'a rien pour attirer la sympathie ou la confiance au premier coup d’œil, deux que le clan de Tual n'était pas le plus proche sur la carte de Paltoterra et enfin le titre de Dragon qui laisser échapper quelques rires auprès de la sécurité car trop fantaisiste. Il fallut quelques instants pour vérifier les papiers et expliquer qu'en effet, le dragon était un chef de clan d'importance en Nhorr.

Malgré toute ces difficulté avec la sécurité, nos deux diplomates purent passer pour s'installer dans le palais d'été impérial de la cité. On annonça dans la salle de réunion Dolan Youenn et Lena Brieuc dans la salle de réunion, qui n'eurent aucune difficulté à attirer les regards tant la face et le corps blessé et immonde de Dolan pouvait provoquer le dégoûts. Maintenant, les choses sérieuses pouvaient enfin commencer. Les deux diplomates firent le point et scrutèrent les différents représentants présent afin de se faire une idée des différents pays conviés.
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Actée Iccauhtli et Rai Itzel Sukaretto.
Les citoyennes Actée Iccauhtli (Mikako Ichikawa) et Rai Itzel Sukaretto (Rinko Kikuchi), membres du Comité de Volonté Publique.



Lorsqu’il devint évident aux yeux de tous que la réunion initialement proposée par l’Uspal allait être réorganisée, et de façon pas tout à fait anodine, par une autre monarchie absolue autoritariste, l’ensemble des questions qui avaient agité la société civile (et donc politique) Kah lors de la précédente tentative réémergèrent d’un seul coup, donnant lieu à de nombreux échanges et à une vague sensation d’incertitude quant à la participation ou non de l’Union à ce sommet. C’est que la Rouge éternelle et ses communes aimaient se faire attendre.

Finalement, sans que cela ne surprenne les observateurs internationaux, les communes, le parlement général et les différents comités confirmèrent pas le biais du Commissariat aux affaires extérieures la participation du Grad Kah au sommet. Passé ce point, les kah-tanais se montrèrent surprenamment facile à vivre, discrets, et se gardèrent même de leurs habituelles petites remarques méprisantes sur l’organisation même de l’évènement, le lieu choisi, le luxe et le gâchis de ressource qui allait l’accompagner, etc. On voulait probablement faire bonne impression et ce simple fait était à prendre comme un signe d’ouverture relativement inhabituel pour qui était familier de l’histoire révolutionnaire et de la politique diplomatique particulièrement paranoïaque et rancunière qui avait animé les Comités de Volonté Publique ayant précédés la dernière révolution. C’est que les communes, en bref, en voulaient à la Terre entière – et surtout à leurs voisins directs. Les cicatrices de la dernière tentative impériale n’étaient pas tout à fait refermées.

Pourtant, le Kah envoya ses délégués. Et sans faire d’histoire. La question de qui envoyer, enfin, créa un nouvel ensemble de débats et de questionnements, circonscrit cette fois à l’enceinte d’Axis Mundis, la commune gouvernementale, et à la salle de réunion du Comité de Volonté Publique. Et il y avait de quoi. Le choix de la personnalité envoyée pour représenter le Kah n’était pas anodine, très loin de là. Pour un gouvernement unitaire il était simple d’envoyer un ministre, ou un quelconque délégué. C’était la chose à faire, puisque après tout ces gens étaient là pour ça, la bouche décérébrée d’un pouvoir central arbitraire qui lui ferait dire ce qu’elle voudrait. Le Kah, cependant, était une démocratie directe. Mieux ! Une démocratie communale. Dans l’esprit de ses citoyens, la représentation était un poste sacré. Dans l’esprit de ses représentants, c’était une symbolique importante. Il fallait donner à lire, en sous-texte, un message qui correspondrait aux aspirations de l’Union.

Il y avait le fait que ce sommet était le premier de son échelle depuis un certain temps maintenant. Il fallait marquer les esprits. Puisque les yeux du monde entier seraient tournés sur les représentants, il fallait donner à voir un cérémoniel particulier. Une image particulière. Quelque-chose de plaisant et de délicieusement Kah à la fois. Bref. On ne pouvait pas faire comme tout le monde, c’eut été donner à croire que le Kah n’était qu’un régime comme un autre. Alors que non, allons. Le Kah c’était la Révolution, la Liberté, le seul exemple véritable de Démocratie non-oligarchique !

Bon.

On décida d’envoyer deux membres du Comité de Volonté Publique. L’instance qui aux yeux des étrangers passerait sans doute pour la plus haute "autorité" (quel mot déplaisant) du pays. Le choix des membres fut sujet à volontariat et à consensus interne. Pour commencer il y aurait, et c’était non-négociable, Actée Iccauhtli. Elle était une auteure reconnue à travers le monde, une théoricienne appréciée sur les bancs universitaires, et à l’initiative de l’ouverture diplomatique du Kah. Elle était donc la mieux placée pour représenter les Communes, Comités, Commissariats. Maintenant il fallait lui reconnaître un tempérament difficile. Elle était peut-être l’incarnation la plus pure de la morgue révolutionnaire. Bienveillante, ouverte sur le monde, curieuse de tout mais... Si convaincue d’avoir raison. Involontairement hautaine. Parfois cassante, souvent froide, et d’un cynisme à vous foudroyer d’angoisse. Une technicienne superbe et un esprit plaisant, mais difficile à atteindre – voir à supporter. Il fallait en contre-parti une personnalité un peu moins clivante, qui pouvait servir d’introduction, de gentil flic, et créer le dialogue plus aisément.

On écarta le citoyen Aquilon Mayhuasca qui était trop exalté. Styx Notario et Quri Xen Suchong refusèrent poliement, Isabella Zeltzin pas très douée en représentation officielle, Maxwell Bob trop vieux et on considérait a présence d’Edgar Maximus de Rivera nécessaire au bon fonctionnement du comité. Le type était quand-même surnommé « la raison » du Comité. Bon. Par élimination il ne restait que son impérialisme majesté, la princesse Rai Sukaretto. Choix relativement tendancieux et embarrassant. Si elle s’était elle-même proposée, Rai aurait sans doute fait face à une certaine opposition. Mais puisque la logique imposait que ce soit elle...

C’est qu’elle avait des choses à prouver. Toujours et encore, et qu’elle le veuille ou non. Si elle était surtout une égérie de la mode, de la photographie, et une star nationale qui avait réussi par sa simple existence à imposer les modes gothiques et punks aux sphères culturelles Révolutionnaires, elle n’en restait pas moins la fille du dernier dictateur en place.
Pire. Elle était la descendante directe du premier dictateur, et l’héritière théorique de la Couronne Impériale. Sukaretto était un nom difficile à porter, au sein du Kah.

Pourtant elle était membre du Comité de Volonté Publique, appréciée par la population et avait montrée un dévouement tout particulièrement singulier à la Révolution, au peuple et à l’égalitarisme. Du reste c’était une personnalité vraiment charismatique et respirant la sympathie et la culture. On considéra avec un peu d’hésitation qu’elle contrebalancerait bien la froideur arctique de la citoyenne Actée, et les deux furent expédiées au sud après une petite cérémonie médiatique d’usage.

Pour le voyage on avait décidé – avec l’accord du parlement – de prêter aux deux femmes l’appareil le plus resplendissant de la flotte civile du Kah. Le Fierté Argenté de l’Éternelle Libération Céleste. Un nom... Que l’on devait à ses concepteurs, des partisans de l’avant-garde qui pensaient naturellement qu’un nom à rallonge était un bon moyen de gonfler encore un peu plus l’importance de ce qui était par ailleurs une merveille d’ingéniosité et de technique. Le Fierté Argenté était un dirigeable semi-rigide long-courrier. Appareil long et maniable ayant une vitesse de croisière optimale d’un peu plus de cent kilomètres heures et contenant des chambres, bureaux, lieux de vies et jardins hydroponiques embarqués. Ses petits frères en préparation devaient même être dotés de panneaux solaires ou d’éoliennes embarquées. On visait l’autonomie maximale. En tout cas l’appareil était un beau bébé qui compensait sa lenteur relative par de belles économies de carburant et offrait à ses passagères le temps de réviser leurs fiches et d’admirer le paysage. Un beau moyen de marquer la différence avec les étrangers, dont on pensait qu’ils feraient le trajet en avion.

« Et nous y voilà. Le cœur de la bête insane, inepte, aveugle et sourde.
- Tu pouvais refuser de venir, si c’est vraiment tout ce que ça t’inspire. Tu as conscience que tu devras te montrer un peu plus diplomate une fois au sol, pas vrai ? »

Les deux membres du comité avaient passé la dernière heure du trajet jusqu’à l’aéroport de Teltac dans la baie d’observation avant du Fierté Argenté. Actée était déjà en tenue, installée sur le bastingage et observant, derrière la vitre, l’immensité métropolitaine. Rai, pour sa part, portait un tablier, des gants et des outils avec lesquels elle taillait des plantes. Elle avait passé une bonne partie des trente-trois heures de trajet à ça : tailler des plantes; Faire des boutures; Des expérimentations. Parfois c’était aussi simplement pour agrémenter les plats ou faire du thé.

« Jeune femme. » Actée s’obligea à sourire. Elle n’aimait pas le faire, car la pression des muscles sous sa peau tendait à faire ressortir l’aspect un peu grêle de son visage, les cicatrices laissées par ce qui avait été une acné particulièrement déplaisante. « Veillez à ne pas oublier que c’est moi qui ai bataillé devant le parlement pour l’ouverture diplomatique du Kah.
– De sa représentation. Avant ça je pouvais déjà sortir vendre des fringues; D’ailleurs toi aussi, tu donnais des conférences à l’étranger.
– Tu sais où je veux en venir. »

L’autre marqua un temps puis acquiesça.

« Évidemment. Bon. Tant que tu gardes ces petits poèmes plein de fiel pour toi.
– J’y compte bien. » Désormais Actée ne regardait plus la ville mais un autre dirigeable, le Grandeur Dissidente, qui accompagnait le Fierté dans son voyage. Celui-là était un appareil militaire, camouflé aux couleurs d’un ciel bleu, hérissés de capteurs, de radars et de pistes d’hélicoptères de combat. C’était une question de principe, les milices avaient refusé de laisser partir des membres du Comité sans une protection « satisfaisante ». Actée haussa les épaules.

« Nous devrions nous poster là-bas, directement, et dormir dans le Fierté.
– Pourquoi ? » Rai se redressa en essuyant ses mains sur son tablier. L’autre repris d’un ton froid.
« Ils vont placer des micros dans nos chambres.
– Tu demanderas à un gars de l’Égide d’en faire le tour.
– Et risquer un incident diplomatique ?
– Tu as peur qu’on te filme sous la douche ?
– Pas toi ? »

L’autre sembla revenir sur sa vie de célébrité et, jugeant que les paparazzis étaient bien la huitième plaie de Kemet, acquiesça. Ce qui ne l’empêcha pas de répondre d’un ton particulièrement désapprobateur.

« Tu penses à ces idées tordues parce que c’est exactement ce qu’aurait fait le Kah si tu avais organisée le sommet.
– Et alors ? Il faut être prudent. Ne pas sous-estimer nos adversaires.
– Une fois à terre je demanderai que le Fierté puisse nous rejoindre en ville. C’est un port de riches, ils lui trouveront bien une place.
– Ils vont mal le prendre.
– Et toi, poupée, tu pourras dormir sur tes deux oreilles. C’est gagnant-gagnant. »

Actée voulue répondre que personne ne gagnerait quoi que ce soit à vexer qui que ce soit lors d’un sommet diplomatique, mais décela dans le regard de son interlocutrice une forme d’humour moqueur qui la poussa plutôt à secouer la tête.

« Nous allons bientôt descendre.
– Je sais. Je vais me préparer. Toi tu devrais souffler un instant et assimiler le fait que tu vas bientôt rencontrer de vils tyrans, leur parler et peut-être même rédiger des accords.
– Oui. » Son ton n’exprimait aucune forme d’humour. « C’est une excellente idée. »

...

La Délégation du Kah posée à l’aéroport, il fut relativement difficile pour la sécurité – et pour Actée – d’empêcher la princesse rouge d’aller à la rencontre de la population dans une tentative, très naturelle chez elle, de bain de foule qui n’était pas sans rappeler les évènements mondains auxquels elle était habituée. Après quoi les deux femmes et la cohorte de leurs assistants, gardes miliciens, tulpa, agents de l’Égide, se rendirent par les moyens convenus à Tiarmina et au palais d’été. On salua tout le monde, pris connaissances des dispositions prises pour le logement et, aussi discrètement que possible, parti à la chasse aux micro et caméras cachées dans les résidences dédiées aux Kah-tanais. Actée ne fit aucun commentaire sur le luxe répugnant des lieux, Rai en profita poliment. Le premier matin du sommet, elles se rendirent au Palais d’été à l’heure, côte à côte, se permirent un petit échange très convenable, très comme il faut, avec la princesse et le chancelier. Actée ne sembla pas plus crispée que ça par le contact avec ce que la Révolution méprisait le plus au monde – les héritiers monarchiques – et Rai fut un exemple de diplomatie cordiale, évitant soigneusement que a propre ascendance ne devienne un sujet de discussion. Elle savait – et ça la dérangeait vaguement – que les partisans d’un retour au régime autoritaire monarchique au sein du Kah se cachaient pour certain au sein de la Fédération Impériale. C’était très problématique et elle espérait bien esquiver l’aspect particulièrement gênant que représentait cette question.

Les présentations d’usage faites, l’auteure et la princesse rouge entrèrent dans le bâtiment et s’installèrent autour des buffets pour discuter entrent-elles en attendant que les autres délégations n’arrivent. Apercevant la femme définitivement très moderne qui était occupe à se goinfrer, on s’enquit rapidement du pays qu’elle représentait. La réponse donna lieu à une exclamation de surprise un peu involontaire et à une question pleine d’une politesse un peu gênée, cachée sous la forme d’une excuse.

« C’est qu’il me semblait que les femmes avaient des droits et des fonctions très limitées, aux EAU.
– C’est d'autant plus agréable de vous voir ici. Je suis sûre que ça augure de bonnes choses pour ce sommet. » Rai, pleine d’une compassion amusée. Elle devait se demander si la nourriture était si rare, au sud, qu’on en était réduit à refaire le plein ici.
Molly Harris se retourna vers les deux nouvelles arrivantes en encaissant les sous-entendus. Ouais, elle avait la dalle. Ouais, elle était une femme des EAU, une vue aussi rare qu'un vignoble florissant sur la banquise dans la politique étrangère des EAU. Elle estima rapidement la nationalité des arrivantes, mais il n'y avait pas vraiment de doutes à avoir: si c'était bien la réunion des pays paltoterrans, c'étaient des représentantes du Grand Kah. Les plus difficiles en premier, hein? Elle se frotta rapidement les mains entre elles pour nettoyer le peu de miasmes qui restaient après ce déclicieux brownie avant de reprendre le peu de contenance qu'elle avait encore pour répondre le plus élégamment possible.

-De moins en moins limitées. On va dire que je suis au moins aussi surprise que vous d'avoir été envoyée ici. Vous avez fait bon voyage depuis le Grand Kah?
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La réponse sembla pleinement satisfaire Rai Sukaretto, qui afficha l'un de ses resplendissants sourire pour signifier comme elle était heureuse d'entendre que la situation de ses paires s'améliorait où que ce soit dans le monde. Actée, pour sa part, resta assez indifférente et avala une courte gorgée d'eau, lançant un regard en biais à la délégation qui venait d'arriver. Elle fronça un sourcil en voyant l'homme brûlé et ses bandelettes, fronça un second sourcil en apercevant son espèce de tenue de guérilleros, et déposa son verre dans un soudain élan de dégoût provoqué par l'idée de ce que pouvait ressentir l'espèce de momie brûlée au troisième degré. De son côté Rai continua le badinage d'usage, évitant soigneusement de s'attarder sur les nhorriens. C'est vrai qu'ils manquaient redoutablement d'élégance. Pour une première impression diplomatique c'était raté, qui qu'ils puissent représenter. Elle n'en fit rien et répondit plutôt à Molly Harris.

– Un très bon voyage, même. Les dirigeables sont vraiment des véhicules d'avenir, si vous voulez mon avis. Maintenant, c'est sûr, il faut avoir le temps. Et le goût du calme, aussi. Petit rire des plus charmants. Mais dans une perspective d'indépendance énergétique, il y a de nombreux avantages. Elle laissa planer un bref instant de silence. La remarque ne pouvait pas être anodine, prononcée à l'adresse de celle qui représentait un pays exportateur d'hydrocarbures. Rai repris. D'ailleurs à ce propos, nous pourrions peut-être déjà échanger sur le projet politique que souhaite défendre votre gouvernement au cours du sommet ?

– Veuillez m'excuser.

Actée s’écarta poliment, se dirigeant vers un quelconque membre de la sécurité pour s'enquérir de l'identité des derniers arrivants. La réponse ne sembla pas lui plaire. Elle retourna près des deux femmes, maussade.

– Nhorr. Je ne savais pas que leurs clans étaient présents à Paltoterra, mais ça explique... Elle fit un petit geste de main, la mine sinistre. Tout.
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Elle eut une sacrée hésitation au moment de répondre au sujet du projet. Cet abruti de Dallas ne l'avait même pas briefée. Elle allait devoir donner une réponse vide. "Bonne question" faisait vraiment trop cruche, tandis que retourner la question serait plutôt maladroit. Elle opta pour la réponse générique, qui satisferait de toute façon.

-Déjà établir une coopération de base à notre échelle serait pas mal. Nos pays n'ont quasiment aucune relation, c'est quand même un comble.

Après sa réponse bien basique comme il le fallait, elle se concentra sur ce que l'autre qui était partie un instant pour demander d'où venaient la délégation arrivée en deuxième. Nhorr? Elle repassa le mot dans sa tête. Ils n'étaient effectivement pas en Paltoterra, mais cela promettait déjà une soirée colorée, si ce n'est mouvementée. Elle avait effectivement passé quelques minutes à se demander qui des nations paltoterranes serait plus excentrique que son patron mais la réponse était tout à fait satisfaisante. Nhorr. Il n'étaient pas paltoterrans, c'est tout. Mais ils n'en avaient pas besoin, visiblement. Elle acquiesça d'un air poli à la remarque de son homologue,avant de répondre.

-Je me demande bien ce qu'ils ont trouvé pour pouvoir participer, tiens.
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Monsignore Léandro Silvario, Archevêque de Rio de Canossa & Gouverneur de Canossa de Paltoterra - Sa Grâce Juan di Forenza, Doge Consort & Amiral de Canossa
Monsignore Léandro Silvario, Archevêque de Rio de Canossa & Gouverneur de Canossa de Paltoterra - Sa Grâce Juan di Forenza, Doge Consort & Amiral de Canossa

Ding Dong. Voilà les sons qui s'élevaient ça et là dans tout Rio, des dizaines d'églises, de chapelles ainsi que la cathédrale elle même donnaient de la voix à travers les instruments de métaux trônant au sommet des clochers. Par douze fois elles sonnèrent, mais points de plaies divines ou de travaux herculéens à l'horizon, seulement les douze coup annonçant Midi. Comme à son habitude en cette heure, la plus haute autorité spirituelle comme temporelle de la ville, et même de toute la province s'était retirée au coeur du summum de l'art gothique des lieux, agenouillé devant l'autel de la Cathédrale Santa Maria del Rio, Léandro Silvario adressait avec ferveur ses prières à son padrone céleste. Ce jusqu'à ce que les lourdes portes de l'édifice religieuses soient entrouverte, laissant émerger un homme en costume arborant des lunettes teintés, il ne lui fallut à ce dernier moins d'une minute pour traverse l'ensemble de la voie centrale des lieux, s'arrêtant à quelques pas seulement du Saint homme perdu dans ses plaidoiries à destination des cieux.

Homme de main - "Veuillez excuser cette pauvre âme venant troubler vos prières Monsignore, mais sa Grâce l'envoi vous annoncer que le navire est prêt à lever l'ancre. Une voiture attends devant la Cathédrale afin de vous mener au port."

L'archevêque de Rio qui avait maintenu jusqu'à présent ses yeux clos et ses mains jointes sembla sortir de ce que certains nommaient cyniquement, une torpeur mystique, faisant un signe de croix en toute hâte, il s'empara d'un bout de bois traînant à terre non loin, s'appuyant sur ce dernier pour se relever. Il s'agissait là en soit d'une canne qui si elle fut autrefois richement décorée et surtout ornée, n'était désormais plus que l'ombre de ce qu'elle fut, usée par le temps et un service fidèle.


Léandro Silvario - Vous ne faites qu'accomplir la volonté de l'Amiral mon fils, il n'y a nul pardon à quémander. Toutefois, nous vous serions reconnaissant de nous aider à atteindre le transport que vous avez mandaté pour notre personne."

L'intéressé acquiesça simplement d'un hochement de tête, rejoignant sur le champ l'homme d'église afin de l'assister dans sa marche, ce qui était bienvenue en soit, car le poids de l'âge commençait à peser sur ses épaules. Il fallut attendre quelques minutes pour que les deux individus émergent enfin hors de la cathédrale, ce tandis qu'une haie d'honneur attendait sur le parvis de cette dernière, s'étendant jusqu'à une voiture employée pour les voyages officiel qui patientait sur la chaussée. Une chaussée qui était à dire vraie pleine de vie, voyant une foule conséquente s'amasser ça et là jusqu'à gêner la circulation, ceci afin d'acclamer et ovationner Monsignore Silvario qui rendait bien cela à travers quelques signes de mains et sourires à destination de la foule, ce jusqu'à disparaître derrière les vitres teintés du véhicule qui ne se fit pas prier pour démarrer, prenant la route du port de Rio.


Juan di Forenza - Toujours aussi populaire Padre. La ville ne seras plus la même en votre absence, les fidèles vont pleureront votre départ.

Tel furent les mots que prononça l'Amiral de Canossa que l'homme d'église pu retrouver à ses côtés à l'arrière de la voiture. Un rapide coup d'oeil lui étant adressée fut sans équivoque, l'homme était rayonnant, arborant ses plus beaux atours officiels que l'on ne voyait d'ordinaire que durant quelques cérémonies et réceptions.

Léandro Silvario - Oh je vous en prie mon fils. Nous ne serons partis que quelques jours, nos ouailles s'en remettront. De même que notre administration, celle ci n'est pas composée de simples d'esprits. Mais nous n'allons pas discuter uniquement de ce que nous abandonnons le temps de notre séjour en dehors de Canossa tout de même. Fis de ces considérations, alors dites moi donc, où allons nous ? Les dernières missives d'Upsal annonçaient une impossibilité de mettre en oeuvre ce sommet tant attendu, et cela fait au moins une bonne semaine que vous conservez le secret de qui sera le nouvel organisateur.

L'amiral laissa naître en bordure de son faciès un léger sourire.

Juan di Forenza - C'est là le protocole Padre, je le crains. Il fallait se coordonner avec le nouvel organisateur, s'accorder sur la sécurité, l'arrivée, l'apport de cadeaux, l'ensemble de la délégation et ainsi de suite. Fort malheureusement, vous aviez déjà fort à faire, il aurait été criminel de vous rajouter plus de travail à accomplir encore. Mais, je ne vous fais plus languir, notre destination est Tiarmina, petite bourgade tout à fait charmante de la côte orientale du Yuhanaca. Et bien que d'après les informations fournis par nos hôtes, nous n'aurons pas l'occasion de rencontrer l'Empereur, le Chancelier ainsi que la princesse impérial seront présents et feront office de représentants de l'empire.

Le vieillard arqua un sourcil à l'écoute de ces mots, passant sa main dans sa barbe tout en réfléchissant.


Léandro Silvario - Oh voilà qui s'annonce intéressant. Ce sera là l'occasion d'évoquer le sujet des détroits qui tient en à coeur à votre chère épouse. Et quels présents avez vous choisis au juste afin de faire bonne impression ?

Le Doge Consort s'empara d'un petit carnet émergeant d'une des poches à l'intérieure de son veston, tournant magistralement les pages de ce dernier jusqu'à poser le doigt sur ce qu'il cherchait.

Juan di Forenza - Un assortiments de masques de céramiques des carnaval de Fortuna et de Rio et une série de chevalières ornées de pierres précieuses taillés et incrustés par les meilleurs orfèvres de Marisma.

L'homme d'église laissa apparaître le début d'une grimace sur son faciès, non pas à cause des présents en eux même, mais plutôt car il manquait quelque chose d'après lui.

Léandro Silvario - Ah c'est fort bien... C'est fort bien.. Cependant, il manquerait quelqu...

Le vieil homme avait à peine entamé sa remarque que l'amiral pris immédiatement sa suite.


Juan di Forenza - Quelques grands crus de la métropole, Castillo Pontevada de 1876 avec son jumeau, Arsigliere de 1879. Ne vous inquiétez point Padre, nous avons pensé à tout et fait joindre quelques bouteilles.

Léandro Silvario - Eh, je ne sais pas si je dois être heureux que vous ayez pensé à ceci sans que je doive vous le rappeler, où si je dois être effrayée de n'avoir plus besoin de penser à ces choses là.

Son interlocuteur haussa les épaules, laissant disparaître ses notes là où elles étaient apparu, la discussion continua, débordant sur des sujets assurément fascinantes et variés, ce jusqu'à ce que les intéressés arrivent au port où ils embarquèrent alors en trombe à direction du Yucahana. Le voyage dura à peine une journée et quelques heures, ceci dû à la proximité toute relative du lieu désigné pour accueillir le sommet continental et se déroula en somme sans heurt, les voies navales locales ayant largement été sécurisés autant par la marine fortunéenne que Arkencéenne. Une longue procession suivit le débarquement à Tirmina, débutant par quelques officiels de l'administration de Canossa qui commencèrent à s'entretenir avec leurs homologues locaux vis à vis de quelques procédures et protocoles concernés par des ajustements de dernière minutes, puis suivirent les corps de sécurité des émissaires républicains qui eux aussi devaient s'accorder avec leurs "semblables", ne laissant finalement émerger l'Amiral et le l'Archevêque qu'en dernier, ce accompagnés de quelques bonshommes faisant office de portefaix afin d'emporter les "humbles" présents diplomatiques aux hôtes. En soit, rien de moins qu'un défilé d'extravagance et de prestige qui annonçait déjà la couleur. Toutefois, point question de laisser attendre la princesse impériale et le chancelier qui reçurent d'amples salutations réalisés comme le voulait les formes traditionnelles de la diplomatie, ce avant que les représentants de Fortuna et Canossa de Paltoterra pénètrent au sein de la bâtisse abritant le sommet en lui même où bon nombres de dignitaires étaient déjà présents.
1887
Pour la plupart des gens de cette assemblée, Nhorr partait avec un désavantage sérieux. Une réputation déplorable que l'homme brûlé et Lena aurait du mal à rattraper. Toutefois, ils s’efforcèrent d’apparaître aussi civilisé et ouvert que possible. Lena échangea avec la sécurité pour avoir une idée de l'identité de la plupart des représentants au sein de la salle. Dolan quand à lui s'efforçait de conserver une position détendue, bien que son apparence même laissait un petit quelque chose de malaisant. Le simple fait de croiser son regard pouvant dissuader la plupart des gens de lui rendre son regard. Lorsque Lena entendit parler de la présence des représentants du grand Kah, la secrétaire eut enfin la sensation de se trouver en terrain familier.

Elle avait souvenir d'avoir entendu des rapports étranges à propos d'une sorte d'étranger originaire du Grand Kah cherchant à affronter en duel un dragon local. Lena approcha de Dolan et lui montra d'un coup de coude la délégation de l'EAU et du Grand Kah. Dolan soupira nasalement, prêt à s'engager dans ce combat subtile.

Ils approchèrent des deux diplomates. Exécutèrent un salut respectueux.


- "Mes respects." Commença Lena. "Nous représentons le clan Tual de Nhorr. Notre proximité géographique avec les nations de Paltoterra nous permet de participer à ce sommet."

L'homme brûlé se redressa de sa révérence prit la suite.

- "Je suis le représentant de notre Roi, Alystair de Tual. Je m'appelle Dolan Youenn et voici mon assistante, Lena Brieuc." L'assistante inclina la tête à l'allocution de son nom." "Si je ne m'abuse, vous représentez le Grand Kah, et vous... L'EAU. Mes salutations à Benjamin Dallas et au comité de volonté publique."

Lena reprit la parole à son tour, adoptant une mine pleine d'humilité.


- "Je sais que nous autres Nhorréens avons une triste réputation, mais nous ferons notre possible pour que cette réception ne soit en aucun cas gênée. Pas de notre du en tout cas." Elle afficha un sourire honnête, espérant faire part de ses bonnes intentions. Il serait idiot de saborder ce genre de réunion. Autant idiot dans l'intérêt de Nhorr que dans l'intérêt des autres factions de Paltoterra.
1685
Rai acquiesça en entendant Molly. La réponse habituelle, mais que dire d'autre ? Soit la fille était redoutablement intelligente et gardait pour elle les secrets et cartes que comptait faire jouer son gouvernement, stratégie classique qui empêcherait les kah-tanais de prévoir et de se préparer convenablement au potentiel duel d'idée, soit elle n'avait pas de plan et le cachait par une manœuvre mi-habile mi-grossière. La princesse, dans le doute, se contenta de lui offrir un sourire rassurant. "Je suis bien d'accord. Ouvrir des ambassades serait un bon début, d'ailleurs". Elle n'ajouta rien jusqu'au retour de sa collègue et à la remarque sur les nhorriens, qui ne sembla pas la surprendre mais, au contraire, l'amuser. Actée, de son côté, repris son air un peu figé et distant, répondant à la question rhétorique de Molly par un bref renfrognement de ses traits déjà sévères.

L'approche des nhorriens la dérida cependant d'un coup, et elle retrouva d'un part son tranchant terrible, si toujours caché par une froide neutralité, confinant ses propos à la factualité la plus agaçante, et de l'autre ce qui passait chez elle pour de la bonne humeur. Elle observa Lena.

– Sauf erreur de nos hôtes il nous semble peu probable que vous ayez été invité ici. Il me semble aussi, sauf votre respect, que la proximité géographique du territoire qu'occupent vos colons ne vous a pas permis de venir, mais vous a donné la sensation que vous pouviez vous inviter.
– Mais ? Actée, allons. Où est passée votre bonhommie ?
– Je tiens simplement à ce que les choses soient claires, votre présence me surprend, citoyens. Mais pas de méprise : vous serrez sans doute amenés à devenir les partenaires des puissances continentales, et puisque nos hôtes ne vous ont pas chassés alors vous êtes ici à votre place.

Puis avisant de l'arrivée des Fortunéens et d'un ton où ne se lisait aucune émotion.

– Et puis vous n'êtes pas la seule puissance coloniale, étrangère au continent, présente à ce sommet.
1993
25 mai 2004 à Tiarmina (YUHANACA)

Membres de la délégation arkencane, Présidente Mazeri Abrogara et conseillère fédérale Martha Fulton
De gauche à droite, la Présidente fédérale Mazeri Abrogara et la conseillère fédérale aux affaires étrangères, Martha Fulton.


Venant directement de l’aéroport de Teltica où son arrivée n’avait pas suscité d’émoi particuliers au sein des foules et badauds, une situation probablement liée au fait que les citoyens Yuhanacs avaient un accès limité à la scène politique mondial. Un accès insuffisant en tout cas, pour menacer l’anonymat de certaines personnalités politiques étrangères, fussent-elles escortées lourdement.

Cette immersion dans l’un des berceaux de la civilisation humaine en Paltoterra se poursuivit par l’arrivée de la délégation arkencane à Tiarmina après un long périple de plus de trois heures sur des routes régionales d’un pays relativement resté à l’état sauvage.

La présidente fédérale Mazeri Abrogara et la conseillère aux affaires étrangères Martha Fulton, arrivèrent de concert dans le palais d’été impérial alors que les véhicules de conception Yuhanac et relativement obsolètes allaient se garer. Un contrat commercial pour l’automobile ne serait pas de trop au Yuhanaca se dit intérieurement la diplomate arkencane sans en toucher mots à la présidente fédérale. Très sensibilisées au protocole compte tenu des différents titres et fonctions en présence, la délégation saluèrent les différentes partis prenantes présentes, à commencer par les hôtes yuhanacs, dont son altesse impériale Yhyanaca Yanac.

Le sommet de Tiarmina réunissant plusieurs nations paltoterranes, il présentait un enjeu inégalé jusqu’ici pour la région. Normalisation des relations, sécurisation des routes commerciales, développement d’un portefeuille de fournisseurs étrangers en circuit-court pour permettre la baisse des coûts liés aux importations, développement d’une monnaie internationale telle que l’Ecobelt, ventes internationales d’armement, la pluralité des portes présentes face à eux était importante, pourvu que chaque délégation s’empare de la gravité offerte par une opportunité pareille.
1777
Les délégations arrivaient petit à petit au Palais d'été alors que le Chancelier et la Princesse Impériale restaient sur les marches pour saluer chaque dignitaire étranger invité à la réunion. Pour chaque représentant arrivant, les deux officiels avaient des mots de bienvenue, à la fois chaleureux et respectueux. Au bout de plusieurs dizaines de minutes, toutes les délégations furent entrée dans le Palais d'Eté et les hôtes rentèrent à leur tour dans le bâtiment.

A l'intérieur du Palais, les discutions officieuses allaient bon train et les dignitaires formaient de petits groupes informels. Bientôt, les internationaux furent invités à rentrer dans la grande salle du Palais où la table de discussion avait été dressé. Sur un sol de marbre, et entre des murs de pierre taillé de manière artistique, peinte avec détail, une table ronde avait été placés pour permettre la bonne tenue des séance plénières de ce sommet. Les apartés pourraient se poursuivre sur les temps informels entre pays intéressé, mais pour le moment, il convenait d'entamer les négociations sur les sujet principaux de ce sommet. Alors que tout le monde avait pris place, et que tous étaient prêt, la Princesse Impériale prit la parole pour déclarer la réunion ouverte.


«  Mesdames, Messieurs, au nom du Peuple du Yuhanaca et de son représentant, l'Empereur Hanac Yanac, je vous souhaite la bienvenue en notre humble nation. L'organisation de ce sommet est pour nous un honneur. Nous espérons voir la Paix et l'Amitié entre les peuples sortirent vainqueurs de nos débats, de nos discutions et de nos rencontres. Ensemble, j'ose espérer que nous poserons les bases d'un avenir certain, pacifique et prospère. Au nom du peuple du Soleil, je laisse son excellence le Chancelier présenter les différents points que nous devons aborder dans cette première réunion »
« Merci votre Altesse Impériale. Au nom de l'amitié des peuples, le Yuhanaca souhaite dans un premier temps proposer à chaque nation d'accepter l'établissement d'ambassade réciproque et la reconnaissance de chaque souveraineté. »
Les discutions autour de la table avait duré une demi-journée entière. Chacun avait exposé ses attentes, ses ambitions, et ses limites. Les représentants de chaque nation avaient redoublé d'effort dans leurs argumentations afin d'amener les autres délégués sur leurs terres. Et dans l'ensemble, les nations du continent avait finis par trouver un consensus sur chaque sujet en dehors de quelques exceptions. Après la levé de la séance plénière, les secrétaires et les conseillers diplomatiques prirent le relais des représentants pour mettre en forme les doléances des nations engagés dans ce sommet.


Traité de Tiarmina a écrit :
Traité de Tiarmina
Premier Sommet du Paltoterra

Préambule :
Déterminés à protéger la paix et à promouvoir l'amitié entre les peuples, décidés à assurer une action commune en faveur du développement humain et de l'unité des nations, les pays signataires se sont réunis à Tiarmina afin de tenir le premier Sommet du Paltoterra. C'est en reconnaissant la liberté de chacun et la souveraineté de tous que les nations réuneis ont fait un pas vers un monde pacifique et éclairé.

Article 1er : Les pays signataires reconnaissent les souverainetés intérieures et extérieures de tous les états signataires du présent traité.

Article 2 : Les pays signataires autorisent l'établissement d'ambassades des autres états signataires au sein de leur territoire.

Article 3 : Les pays signataires s'engagent à permettre la mise en place de dispositifs favorisant la circulation des populations afin de faire naître des rencontres entre les communautés artistiques, culturelles, universitaires et scientifiques des différents pays. Chaque pays reste toutefois libre de fixer lui même les contours de ses dispositifs et d'accorder ou non le droit d'entrer aux citoyens des différents pays signataires, en respect de sa souveraineté pleine et entière.

Article 4 : Les pays signataires s'engagent à la création de dispositifs de surveillance et d'assistance maritime. Ce dispositif, basé sur les capacités de chaque état signataire, sera mis en place sous la forme d'échange d'information et de patrouilles maritimes coordonnées, le commandement des forces restant propre à chaque état participant. Le dispositif devra se concentrer sur les routes maritimes définies dans l'annexe une du présent traité.

Article 5 : Les pays signataires autorisent les Églises Australes Unis à revendiquer des territoires sur le continent australe.


Signataires :
Eglises Australes Unies
Union des Communes, Républiques et Syndicats du Grand Kah
Iles fédérées de l’Arkencheen
Sérénissime République de Fortuna
L'Assemblée des clans Celtiques de Nhorr
Confédétation Impériale du Yuhanaca


Annexe 1 :
Carte des routes commerciales sécurisées
Carte des routes commerciales sécurisées


Ainsi se terminer donc ce premier sommet. Bien évidement, il était laissé la liberté à chacun de profiter des lieux et des appartements mis à disposition. Les délégués le souhaitant pouvait aussi voir en ce rassemblement une occasion de signer des accords bilatéraux sur des sujets que la majorité n'avait pas retenus. Mais cela était une autre histoire...
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