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[Conflits RP] Activités terroristes, rosiques et nationalistes

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Activités terroristes, rosiques et nationalistes

Contexte


9 mars 2008

Déclaration du Grand Maître de l'Ordre des Rosiques, Lucas Meier



La Confédération des Communes Unies du Grand Kah nous a déclaré la guerre, en nous accusant de crimes que nous n'avons pas commis.

Mais "crime" est un bien grand mot, concernant l'assassinat du fondateur du Communalisme eurysien, Albert Valheimer, cette idéaliste qui insulte nos valeurs, cet hérétique.

Si l'assassinat de Valheimer n'était pas de notre resort, nous le soutenons, même face à la puissance que représente le Kah. Car le Kah est puissant, mais il est désuni - c'est l'absurdité même de l'idéologie communaliste.

Dieu est avec nous, et il nous protégera face à l'Hérésie.

Toutefois, nous devons nous défendre, et répondre aux insultes du Kah. Je déclare aujourd'hui ouverte la chasse aux Communalistes, qu'ils soient Eurysiens ou Kah-tanais. Les habitants de la Mährenie dénonçant la présence d'un Communaliste caché en Mährenie se verront offrir 2000 couronnes chacun. Une fois capturés, ces Communards seront brûlés en place publique, comme du temps où nous chassions les Hérétiques et les Sorcières.

Car ces Communards peuvent être des espions, qui veulent nuire à nos habitants. Brûlez-les tous !

Deus vult!

Transmission du Comité central, 16 mai 2008, 15:16.

Ordre à tous les Chevaliers de l'Ordre monastique de Sainte Rose de Mährenie,

Ici le Grand Maître de l'Ordre,

Les Communalistes, contre toute attente, semblent avoir décidé que le traité de cessez-le-feu avec le gouvernement libéral n'impliquaient pas le territoire rosique.

Les Communalistes ont décidé d'assaillir la capitale, Sankt Josef ; je répète : les Communalistes ont décidé d'envahir la capitale, Sankt Josef.

J'appelle donc toutes les Chevaliers déployés en province à se mobiliser à Heinrichberg, au sud de Sankt Josef, pour préparer un contre-assaut avec leurs troupes.

J'appelle tous les Chevaliers déjà mobilisés dans la capitale à se préparer à combattre des troupes communalistes déployés en zone urbaine.

Nous ne savons ni ce qu'ils comptent faire, ni comment ils vont s'y prendre, l'attaque est déjà assez surprenante comme ça.

Bon courage, mes frères,

Que Dieu vous protège, car Dieu le veut !

Transmission du Comité central, 16 mai 2008, 15:46.

Information aux Chevaliers de l'Ordre monastique de Sainte Rose de Mährenie,

Ici le Grand Maître de l'Ordre,

Nous ne sommes pas en face de combattants communalistes valhémiens, mais kah-tanais. La vermine rouge est païenne.

Ils sont armés, bien formés, et surtout, ils n'auront ni pitié, ni honneur.

Mais Dieu n'est pas avec eux, mais avec nous. Ayez confiance en sa volonté, mes frères.

N'ayez aucune pitié. Brûlez-les en public dès que vous en avez l'occasion. La terreur suffira peut-être à faire fuire ces hérétiques et à empêcher la population de les suivre.

Aux armes, mes frères, brandissez l'étendard de la Foi Unique,

Deus Vult !

Dernière communications connues de Lucas Meier, Grand Maître de l'Ordre des Rosiques.


L’élimination brutale de l’Ordre Rosique et de la secte dévotiste par les forces d’intervention kah-tanaises avaient, au moins pour un temps, laissé un vide béant dans l’équilibre des pouvoirs régionaux. Un vide où avait pu s’infiltrer tout type d’agitateurs, et propre à réveillé tout type d’extrémismes, anciens comme nouveaux. Cela, l’Égide le savait, et la jeune Confédération dont elle avait permis l’émergence le savait aussi. Elles ne pouvaient cependant pas y faire grand chose. Des jours d’intense désordre qui avaient suivis la conquête de la Mährenie, il ne restait que des archives confuses et des dossiers brûlés par les rosiques au plus fort de leur résistance. Un trou béant que tous les services d’intelligence de l’Union et de sa sécurité intérieure ne pouvaient combler.

Ce qu’on savait de façon à peu près certaine, c’était que des armes avaient disparus dans la nature. Pas tant parce qu’on pouvait le prouver, mais plutôt parce que ça semblait logique. Exfiltrer des armes et des hommes aurait été le plan d’un bon chef, et les hauts gradés de la force de sécurité régionale préféraient la prudence, considérant ainsi que les rosiques avaient été plus intelligents que les évènements apparents ne le laissaient penser au premier abord : la résistance terrible et fanatique des troupes de Sankt Josef avait bien dû servir de couverture à quelque-chose. Si ce n’était un plan décidé par les grands suicidés de l’épiscopat, au moins une initiative d’officier de terrain. Quelque-chose que quelqu’un, comprenant que tout était perdu, aurait pu organiser sous le couvert des tirs et de la violence.

Le fait qu’aucune des armes disparues ou des membres de l’ordre présumés encore en vie ne soient réapparus en plusieurs années était loin d’apaiser l’Inquisition et leurs alliés Mährenien. Des fusils avaient disparus. Nécessairement. Certains s’étaient peut-être déversés à travers la frontière pour alimenter le trafic d’armes et les guerres ethniques tchéres. D’autres...
Introduction sur la nébuleuses radicale

C'est un problème auquel nous avons été confronté lors de l'interdiction de la Ligue Impériale Mährenienne et du Parti Catholique de Mährenie : ce même État de droit qui nous permet d'éviter la corruption de nos idées et d'assurer la bonne construction de la démocratie est exploité par nos adversaires pour se protéger. Si nous avons pu dissoudre des associations ou des mouvements politiques pour des actions ou déclarations non-conformes à la loi, il est très difficile de directement cibler les meneurs de ces groupes, et lorsqu'ils migrent ailleurs ou entretiennent des liens privilégiés avec des mouvements n'étant pas fautifs au regard de la loi : nous ne pouvons rien faire sinon rester en vigilance.

Pour autant, les oppositions conservatrice et religieuse semblent décidées à s'inscrire dans le système parlementaire. Certains leaders y trouvent un intérêt évident et une partie importante de la base militante semble accepter le jeu démocratique comme une alternative préférable aux violences politiques que nous craignions de voir émerger après l'élimination du mouvement dévotiste. Si des liens existent entre les organisations à risque et celles s'intégrant dans le jeu parlementaire ou associatif légal, il faut considérer qu'ils sont amicaux ou d'intérêt. Deux groupes peuvent ainsi chercher le même résultat - la fin des réformes confédérales et le départ de l’Égide, par exemple - par des moyens différents. Ces deux groupes théoriques pourraient dès-lors refuser de collaborer sur la base seule de leurs différences de méthodes, ou au contraire pour préserver les mouvements s'inscrivant dans la loi afin qu'ils puissent représenter une survivance des idées défendues en cas d'échec du mouvement d'action directe. Au vu des nombreux liens unissant les mouvements conservateurs et nationalistes aux groupes dissous ou sous surveillance, il nous semble que le paysage politique Mährenien souffre malheureusement du second cas de figure. Naturellement ces mouvements doivent avoir conscience de la surveillance accrue les concernant. La dissolution du Parti Catholique de Mährenie et de la Ligue Impériale Mährenienne ont envoyés un message suffisamment clair quant aux discours tolérés et à notre volonté de sanctionner tout mouvement dont les militants se positionnent hors des lois.

Ce qui ouvre donc la possibilité suivante : se sachant surveillés par nos services, les têtes visibles des mouvements d'opposition radicale se donnent en spectacle pendant que d'autres opérations moins ostensiblement liées à leurs réseaux se déploient. À cette fin les radicaux peuvent à minima compter sur l'instabilité régionale. L'Union Confédérale de Tcharnovie est par exemple une plaque tournante du militantisme d'extrême droite, du crime organisé et de l'indépendantisme ethnique. Si la reconnaissance de notre Confédération par l'UCT est trop importante pour permettre la moindre mesure trop drastique, on peut considérer que la région puisse servir de lieu sauf pour quiconque souhaiterait organiser des attaques visant à nuire à la stabilité de la Mährenie.
Les Passeurs


« Je veux que ça soit réglé rapidement. Et j’insiste sur ce mot. Rapidement.
— C’est bon, on a compris. T’en fais pas. »

Ce que Max Heldmann rêvait de dire à Fritz Anschütz, en fait, tenait plutôt du « Fais pas chier, tu stresse tout le monde ». Seulement Max était dans le boulot depuis assez longtemps pour savoir qu’on engueulait pas les clients, ou les gars du client (ce qui revenait au même, qui représentait un homme pouvait être assimilé à ce dernier). Il savait aussi prendre son mal en patience, et savait que ce comportement quasi-amateur n’était pas tant à mettre sur le compte de l’incompétence de Fritz Anschütz que sur la compétence de ses ennemis. L’Inquisition était là depuis quelques années, et son arrivée avait été une petite fin du monde en soi. Il n’y avait pas cru, au début, en voyant les hélicoptères survoler le ciel de l’Eurysie centrale, arborant leur cocarde noire et rouge. Des kah-tanais ? Impossible. C'était plutôt des Valheimiens, des complications liées à la guerre civile. Les rumeurs étaient toujours trop loin du compte pour être prises telles quelles.

Mais non. C'étaient bien des kah-tanais. L’Ordre Rosique avait été balayé, quelque-chose d’autre avait émergé à sa place, et ce quelque-chose s’était mis en tête de stabiliser la région. Le crime était devenu un boulot un peu plus dur. Mais bon. Le secteur se résorberait bien assez tôt. Et Max se savait assez bon professionnel pour continuer de bosser sans se mettre en danger.

Il sourit à son interlocuteur et lui indiqua les différents pick-up rassemblés à l’occasion de cette petite rencontre. Les conducteurs clopaient tranquillement ou montaient la garde, la main sur des vieux fusils issus des surplus de telle ou telle république tcharnovienne. La couverture des arbres assurait une obscurité bienvenue, et on s’était assuré qu’aucune patrouille d’aucune sorte n’ait lieu dans la zone avant un bon moment.

« Ces types font ça depuis des années. Pour certains c’est toute leur vie. Il renifla et sa passa une main sur le crâne pour plaquer ses cheveux en arrière. Ce que je veux dire, c’est qu’on passe des centaines de biens à travers les frontières chaque jour. Pas de raison que ça soit plus compliqué que ça. »

L’autre acquiesça plusieurs fois, lançant des regards obliques aux collègues et à leurs véhicules. Il souffla entre ses mains.

« Vous savez ce que vous transportez ? »

Une pointe de suspicions. Max acquiesça.

« J’ai été très clair avec le précédent intermédiaire. On sait ce qu’on transporte. On se moque de savoir pour qui, contre qui. On fait pas de politique. »

L’autre le regardait sans rien dire, et Max fut pris d’une intuition désagréable.

« D’ailleurs il est où l’autre type ? Pourquoi vous êtes ici et pas lui ?
On vous l’a déjà dit. Il est occupé ailleurs.
Vraiment ? 
Vous ne faites pas de politique. »

Max renifla à nouveau puis haussa les épaules. Soit. De toute façon cette discussion tenait vraiment de la badinerie. Il aurait aussi bien pu laisser le client seul en attendant que ses hommes finissent de transférer les fusils dans les véhicules des contrebandiers. Il lui parlait par courtoisie, tout au plus. Par curiosité, aussi, un peu. Même si le temps et l'habitude l'avait rendu un peu cynique quand il s'agissait de ses clients : les profils étaient toujours un peu les mêmes. Qu'ils viennent du crime organisé, des guérillas politiques ou des mouvements autonomistes, tout ces gens se ressemblaient, et il régnait d'ailleurs une consanguinité certaine entre ces réseaux, d'autant plus curieux qu'ils tendaient à lutter les uns contre les autres à et gaspiller plus de leurs moyens à s'handicaper mutuellement qu'à réellement travailleur à leurs objectifs affiché. Tout ça, au final, c'était des petites guerres de clans. Des luttes pour le pouvoir limité qui venait avec le fait d'être de ceux qui avaient des armes. Il fallait croire que les États d'Eurysie Centrale étaient trop déliquescents pour représenter une cible. On préférait le pouvoir sûr et limité d'une petite zone de contrôle que la conquête d'un pouvoir bancal.

Et donc l'instabilité se prolongeait. Il n'y avait pas de maître en la demeure, tout le monde voulait pouvoir se défendre, le boulot pouvait continuer sans problèmes. Max afficha une grimace satisfaite qui sembla prendre son interlocuteur au dépourvu. De son point de vue, l'homme s'était simplement muré dans un silence contemplatif l'espace de quelques instants.

Un homme approcha de leur position. Il portait un treillis de surplus et le brassard rapiécé d'une quelconque milice indépendantiste. Il fit signe à Fritz Anschütz, avant de lancer un regard incertain en direction de Max Heldmann.

« C'est bon. On a terminé. »

Fritz acquiesça et pivota vers Max, qui lui tendait maintenant la main. Après un temps, il la serra.

« Bonne route.
Merci de faire confiance à nos services. Vous verrez, vos explosifs arriveront à bon port et dans le temps. » Puis il plongea les mains dans les poches de sa veste et sourit de toutes ses dents. « Bonne soirée, monsieur Anschütz. »
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/06/Teritorialci_so_z_armbrustom_zadeli_tank_v_kri%C5%BEi%C5%A1%C4%8Du_pred_MMP_Ro%C5%BEna_Dolina..jpg

"Je ne dirais pas que c'est un échec, je dirais que ça n'a pas marché."

Hélas.

Les forces armées de la Ligue Impériale Mährenienne et du Parti Catholique de Mährenie n'avaient sans doute pas imaginés que leur heure de gloire, le moment le plus important de leur lutte pour le pouvoir et la libération de la Mährenie des mains de l'odieuse inquisition kah-tanaise, soit, aussi, le jour de l'effondrement total et absolu de leur complot.

C’est que l’ensemble tenait déjà de l’aventure picaresque. Dans le meilleur des cas, estimèrent les historiens et experts militaires, la tentative de renversement du pouvoir de la jeune confédération Mährenienne aurait résulté en une guérilla certes coûteuse pour le gouvernement, mais bien éloignée des rêves de victoire éclaire rapide. C’aurait été, en somme, une nouvelle journée d’instabilité pour l’Eurysie centrale. Un nouveau coup d’éclat terroriste, mêlant revendications ethniques, nationalistes et révolutionnaires. Peut-être que le capitaine Paul Reichenau, dernier gradé de l’ordre rosique, aurait survécu assez longtemps pour devenir un martyr. Peut-être que sa glorieuse opération, sa croisade solitaire, aurait amenée à la création d’un nouvel ordre religieux, fanatisé, capable d’imposer à la Mährenie une instabilité politique rendant le maintien d’une force kah-tanaise dans la région trop coûteuse pour la métropole communale. On pouvait s’imaginer qu’après dix ou vingt années de conflit gelé, ce qui avait commencé en ce jour fatidique aurait pu terminer sur des accords de paix pas tout à fait conformes aux ambitions des miliciens, mais reçues par ceux-là comme un pas dans le bon sens.

Peut-être que le destin de la Mährenie, et de toute la région, aurait pu s’en retrouver changé. Changé à tout jamais. Peut-être.

Mais ça, on ne le saurait jamais.

Pourtant et dans l’ensemble, l’opération était plutôt bien pensée. Fruit d’années de préparation, elle devait permettre de paralyser le gouvernement civil de la confédération juste assez longtemps pour que des groupes armés saisissent des postes clefs au sud et à l’est du pays. Pour les dirigeants de la nébuleuse rebelle, il suffisait d’une fenêtre de quelques heures pour saisir les petites villes et les villages de la région. Après quoi, il aurait sans doute fallu faire une proclamation, parier sur un soulèvement des civils. C’était peut-être l’étape la moins réaliste du projet, à laquelle les leaders militaires avaient réussi à adjoindre un projet un peu plus pragmatique à base de sabotages, prise d’otages et assassinats politiques dans le cœur du pays.

En parallèle, Olivier Altschul, représentant au sein des Ligues de Droites, devait s’exprimer à la tribune du parlement. Il y avait réservé une niche horaire dédiée aux questions au gouvernement pour seize heures cet après-midi. Le public, informé par les publications de droite et d’extrême droite du pays, saurait l’écouter à la radio, ou le regarder sur les chaînes de télévision diffusant en direct le travail parlementaire. Là, il ferait une proclamation. Celle qui ferait de lui un martyr, et sonnerait le début de la libération de la Kaulthie. Il n’existait aucun doute à ce sujet, dans l’esprit du vieil homme.

C’est qu’il était de cette vieille école, qui avait connu de près le règne rosique. À l’époque, les seuls élus travaillaient dans des mairies ou des administrations locales. Lui-même était de ceux-là. Franc partisan de l’Empire au sein du monde politique d’alors, il avait échappé aux purges ayant suivi la conquête de la région grâce à la relative insignifiance de son rôle dans la précédente administration, et conservé auprès de son ancien électorat une certaine forme de popularité : il avait été conseillé élu dans à Sankt Josef. Si l’ouverture de l’offre politique avait réduit sa popularité en le confrontant à d’autres candidats plus en phase avec les besoins et revendications de la population ; il s’en trouvait encore suffisamment pour voir en lui une grande figure de la politique. Un homme respectable. Il était, au sein de l’extrême droite Mährenienne, celui qui faisait figure de visage connu et acceptable auprès du grand public. Un privilège s’accompagnant d’un certain capital qu’il comptait bien entièrement exploiter à cette occasion.

Le matin, il arriva à la convention nationale fort de l’énergie des justes, et salua ses collègues avec une bonne humeur qui leur sembla immédiatement suspecte. Bien-sûr on savait que le citoyen Altschul devait parler cet après-midi, et on s’attendait par conséquent à ce que cette déplaisante jovialité soit liée à une idée, quelconque, qui devait lui permettre de salir ou embarrasser le gouvernement et sa coalition au pouvoir. En bref, on ne lui en tint pas rigueur. Comme d’habitude, on lui laissa une paix royale et il put s’isoler dans son bureau pour travailler. Cette fois, cependant, c’était vrai. Il avait ramené avec lui un exemplaire du journal du soir, qui devait paraître après son allocution et résumer les mêmes informations. Le National du jour annonçait ainsi l’assassinat et la disparition d’une bonne cinquantaine de personnalités publiques et politiques. Parlementaires, journalistes, représentants du gouvernement. Il détaillait aussi une liste d’attentats à la bombe, et de villes et villages tombés aux mains de mystérieux groupes miliciens. Ce journal contenait en somme le texte qu’il devrait réciter dans quelques heures. L’état du pays pour ce soir. Un bulletin météo aussi funeste qu’important, qu’on apprendrait sans doute dans les écoles, qui marquerait l’Histoire d’une manière ou d’une autre.

Ce fut un hasard du calendrier qui eut raison d'Olivier Altschul. Le citoyen Mëndess, qui occupait la niche de ce matin, avait été retardé par un problème de transport. Le président de l’assemblée avait donc décidé d’intervertir l’allocution de dix heures et celle de seize heures. Olivier ne pouvant annoncer des évènements qui devaient encore avoir lieu, il traîna des pieds, se refusa à parler puis, quand on insista, finit par accepter. Il trouverait bien quoi dire. Suivit un discours chaotique, et improvisé, au cours duquel il menaça en termes vagues les profiteurs et les socialistes de voir leur influence au sein de la Mährenie réduite, sous peu, à plus grand-chose. Des menaces – non, des promesses – qui amenèrent leur lot de question et d’indignation de la part de ses honorables collègues, la plupart n’appréciant pas particulièrement d’être menacés, même si l’on décida charitablement que le vieil homme devait parler de défaite électorale plutôt que d’autre-chose. Ce fut dans l’agitation qui suivit le discours improvisé qu’un jeune représentant néo-positiviste bouscula le citoyen Altschul, et fit tomber de sa veste un épais morceau de papier – un journal, en fait – qu’un collègue de l’Union nationale, croyant sans doute bien faire, ramassa pour lui tendre. La couverture, pleinement visible par les députés à proximité, indiquait le début de la guerre civile et la disparition très remarquée de certaines personnes parmi lesquelles d’aucuns se trouvaient en ce lieu même à l’instant T.
Sur l’ensemble des attentats, assassinats, prises d’otages prévues, aucun n’alla à son terme. Une réponse rapide de l’Égide et la mise en place express de l’état d’urgence fit s’effondrer le plan insurgé, pourtant en bonne voie. Quelques vérifications par drone permirent de repérer les convois traversant la frontière, certains s’arrêtant en pleine confusion suite aux rapports contradictoires des cellules implantées au sein du pays, elles-mêmes soumises à des assauts des services de contre-terrorisme de l’inquisition. Plutôt qu’une conquête rapide du territoire, ce fut une véritable extermination des forces insurgées par la force aéroportée de l’armée Mährenienne. Seule deux villages furent finalement rejoints par les convois en déroute, villages évacués en vitesse par les forces de police locales, et libérés après quelque cinq heures de siège faisant en tout une quarantaine de morts et le double de blessés.

Le grand soir n’eut, purement et simplement, pas lieu. Le citoyen Altschul et ses collègues furent arrêtés par les forces de l’ordre, plusieurs caches d’arme furent trouvées et neutralisées et trois ans de préparation minutieuses n’aboutirent, en fin de compte, qu’à un échec si total, si absolu, que beaucoup y virent la fin définitive du rêve néo-rosique. Le capitaine Paul Reichenau, cerveau de l’opération, demeura cependant introuvable, et le risque de voir des attaquants isolés tenter des actions suicides subsistant, l’état d’urgence ne fut pas immédiatement levé.

L’hypothèse d’une opération menée avec le soutien de forces étrangères fut soulevée à plusieurs reprises, tant par les observateurs internationaux que par les membres de l’administration confédérale, leurs alliés kah-tanais ou au sein des forces de sécurité intérieures et extérieures de l’Égide. Sans preuve pour, mais sans preuve contre, l’hypothèse demeura, obtenant à force d’évocation une certaine crédibilité, propre à influer sur la politique à venir de la Mährenie.
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