06/08/2013
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Congrès International Corporatiste (Invitation aux économistes du monde entier)

Palais des Congrès
Palais des Congrès de Kazangrad

A la suite du rapport Zaytsev, les économistes du Tsardom de Samara ont théorisé définitivement "leur" corporatisme. Le corporatisme est un modèle économique alternatif au libéralisme économique et au socialisme car il repose sur la coopération des différentes classes sociales qui travaillent tous en collaboration pour un idéal commun. Ainsi, la propriété privée et l’entreprenariat est garanti, mais en rejetant l'individualisme économique. La société est collectiviste et se veut éliminatrice des inégalités sociales, non pas par la lutte des classes comme le préconise les communistes, mais par la collaboration entre les patrons et les ouvriers, l'état se trouvant au milieu et qui garantit à tous la prospérité.

Dans le rapport Zaytsev, le commissaire de l'économie nationale propose la tenue d'un congrès sur le corporatisme où tous les économistes du monde entier sont accueillis. Ils bénéficieront d'un visa spécial d'entrée, et pourront débattre, en toute sécurité (contrairement au "Congrès fasciste" qui s'est très mal terminé), de l'évolution du corporatisme mondial. Le gouvernement du Tsardom pourra accorder de l'aide financière et matériels pour des économistes étrangers souhaitant développer ce corporatisme au niveau de leur pays d'origine.

Ce congrès sera présidé par le Commissaire de l'économie nationale et des ressources exploitables, auteur du rapport Zaytsev : Boris Zaytsev.

Boris Zaytsev, le théoricien du corporatisme moderne.
Zaytsev, le théoricien du corporatisme moderne.

Nous invitons tous les économistes à venir prendre part au débat, pour le salut des races humaines !

Ce congrès possède un but purement scientifique relevant des sciences économiques, ainsi, les économistes ne seront jugés sur leurs avis politiques mais bel et bien sur leurs travaux scientifiques.

Les économistes de la République Sociale du Prodnov et de la République Sociale Fédérative de Translavya ne sont pas invités et ne seront pas accueillis sur le territoire du Tsardom.
Boris Zaytsev
Le président du Congrès, et secrétaire de l'économie nationale : Boris Zaytsev

Le Président s'avance pour ouvrir le Congrès avec son discours préparé la veille.

"Messieurs, nous nous trouvons face à une véritable révolution économique ! Je vous souhaite la bienvenue au Tsardom de Samara et espère que votre séjour se déroulera sans encombres. L'humanité, depuis qu'elle s'est formée en sociétés, n'a cesser d'évoluer économiquement. L'économie a été le moteur de l'évolution de nos races respectives à travers le temps. Eh bien, nous devons nous préparer à une nouvelle évolution, les systèmes actuels ne permettent pas l'avancée de l'homme de façon viable et sensée. C'est ainsi que le Congrès corporatiste s'est formé, et j'espère que le monde délaissera à jamais ces modèles mortifères qui ont causé plus de tords que de mal !"

La foule applaudit, et le Président se repositionna à sa place.
Se rendirent au Congrès International Corporatistes Marc Nuitnoire et Catherine Despalmier. Le premier était un intellectuel du parti collectiviste de Sylva, naturellement porté vers une idéologie socialiste qu'il comptait bien défendre dans cette discussion, tandis que la seconde était une fonctionnaire venant étudier les similitudes du modèle corporatiste avec le système de planification en Sylva. Prit d'abord la parole Marc Nuitnoire

-Bonjour à tous. J'aurais pour commencer quelques questions, la première étant de savoir quelle est la définition précise du patron évoqué ? En effet le Rapport Zaytsev indique clairement "Le patron a besoin de l'ouvrier, et l'ouvrier a besoin du patron" parlons nous alors d'un administrateur ou d'un propriétaire ? Dans le second cas, pouvons-nous réellement dire qu'un propriétaire est nécessaire au fonctionnement d'une industrie, et que le capital ne puisse être géré autrement qu'entre les mains d'une minorité au profit de la collectivité ?
Mentionner par ailleurs l'interdépendance de patrons et ouvriers sans mentionner l'opposition des intérêts de chacun est lacunaire. Le patron cherche naturellement à maximiser les profits, ce qui implique de limiter les charges salariales (donc les salaires) tout en maximisant la production (donc le temps et rythme de travail) là où les salariés chercheront l'exact inverse pour jouir de la vie. Comment cette concurrence est-elle gérée dans le modèle corporatiste pour assurer l'élimination des inégalités ? S'agit-il uniquement d'un travail de prévention et de la responsabilité des syndicats d'assurer les intérêts de la classe prolétaire ?
Enfin j'aimerais revenir sur un dernier point d'un autre ordre mais d'autant plus capital : la question écologique. Les économistes corporatistes considèrent qu'on ne doit pas dépendre de la nature mais... comment nous y prenons nous ? Nous dépendons de l'environnement pour nous nourrir et vivre par essence. Cela suggère t'il un contrôle de l'environnement, ou la création de notre propre environnement fermée ? Et quelles sont les limites ? Considère-t-on alors que nous pouvons intégralement raser toute trace de biodiversité pour installer mines, usines et champs ?

Une fois les réponses apportées à monsieur Nuitnoire, intervint Catherine Despalmier.

-La présentation du Corporatisme faite dans le Rapport joint est intéressante, mais quelques questions persistent sur ce qui le différencie d'un modèle plus classique comme le libéralisme ou capitalisme d'État. Là en effet est clair que le marché n'est pas libre et qu'on ne lui laisse pas la responsabilité de s'auto-réguler, faisant au contraire usage de mesures planificatrices importantes. Toutefois le modèle ne semble pas non plus complètement s'éloigner du modèle capitaliste, avec toujours une possession des capitaux par une classe (l'État ou la bourgeoisie) et l'exploitation d'une autre. Qu'est ce qui différencie distinctement le Corporatisme du Capitalisme alors ?
D'ailleurs une question que j'aurais du demander en premier : quelle est la finalité de ce corporatisme ? Le capitalisme vise la liberté d'acquérir du capital, le communisme ambitionne la mise en commun des moyens de production. Et le corporatisme ? C'est une question à résoudre pour bien poursuivre la discussion.
Youri Romanovich
Youri Romanovich, l'un des économistes qui a réalisé ses travaux avec Zaytsev, défenseur du corporatisme s'avance pour être l'avocat de ce dernier.

"Monsieur Nuitnoire, permettez-moi de vous illuminer sur vos interrogations, je vous prie.

*Il prit un instant pour remettre ses fiches dans l'ordre avant de reprendre son argumentation.*

Tout d'abord, la question du patronat dans le contexte corporatiste est intéressante. Dans le cadre du corporatisme économique, le terme "patron" peut se référer à un administrateur, à un gestionnaire ou bien à un entrepreneur. L'idée centrale est que l'industrie est mieux gérée par des professionnels compétents qui ont une connaissance approfondie de leur domaine. Cela peut inclure des entrepreneurs qui ont investi dans l'entreprise, des gestionnaires qualifiés ou des administrateurs choisis en fonction de leurs compétences. Ainsi, il n'est pas nécessairement question de propriété individuelle, mais plutôt de compétence et de responsabilité. La propriété individuelle peut être présente, mais l'accent est mis sur les atouts des administrateurs et gestionnaires plutôt que sur la simple possession de l'entreprise. Cette approche vise à assurer une gestion efficace, efficiente et éthique des entreprises au bénéfice de l'ensemble de la société.

Donc, nous parlons là d'administrateurs qualifiés et non de riches propriétaires, parfois incompétents.

*Il prit une gorgée d'eau de source afin de s'hydrater la gorge avant de toussoter, comme pour marquer une transition aux prochains propos.*

Concernant l'interdépendance entre patrons et ouvriers, le corporatisme reconnaît que leurs intérêts peuvent parfois diverger. Cependant, il cherche à établir une collaboration harmonieuse plutôt qu'une lutte constante entre ces différents éléments. La gestion des inégalités se fait en partie par la négociation entre les représentants des travailleurs et ceux de l'entreprise, et ce processus est soutenu par des institutions corporatistes qui visent à garantir un partage équitable des fruits du travail. Nous parvenons alors à limiter les intérêts personnels des administrateurs et des gestionnaires pour garantir à l'ouvrier des droits. La négociation et le consensus est alors indispensable dans ce système économique, et donc, il y a une interdépendance qui se crée naturellement.

Concernant l'écologie, nous estimons que l'environnement qui nous entoure est un moyen pour l'Homme d'évoluer technologiquement. Ainsi, la Nature ne doit pas constituer un frein à l'essor de l'innovation humaine. La dégradation de l'écosystème est une réalité, mais nous trouverons d'autres alternatives à cela. Personnellement, je pense que la conquête spatiale résoudra ces problèmes. Mais bon restons dans le présent.
Tout ça pour dire que, dans le Tsardom, les parcs nationaux sont conservés et protéger par l'Etat. Hors parc national, les normes écologistes sont limitées pour ne pas entraver les plans économiques étatiques.

Mme Despalmier, laissez-moi vous répondre, en espérant que la doctrine corporatiste constituera une inspiration pour vos futurs travaux.

La distinction fondamentale entre le corporatisme et le capitalisme traditionnel réside dans la manière dont l'économie est gérée. Alors que le capitalisme repose souvent sur un marché libre et laissé à lui-même, le corporatisme introduit des mesures planificatrices significatives. Dans le corporatisme, l'État joue un rôle actif dans la régulation de l'économie, cherchant à atteindre un équilibre entre les intérêts des différentes parties prenantes, y compris les travailleurs et les entreprises. Je vois le corporatisme comme étant un entre-deux parfait entre le socialisme et le capitalisme, il prend les avantages des deux modèles en essayant de détruire les désavantages. Le principal désavantage du capitalisme c'est l'individualisme, le principal désavantage du socialisme c'est la lutte des classes. Ces deux actions sont rejetées par notre modèle économique. Et, le principal avantage du capitalisme c'est la compétition économique, et le principal avantage du socialisme c'est la planification. Ces deux aspects sont embrassées par notre modèle économique.

Pour mes collègues et moi-même, la finalité du corporatisme réside dans l'établissement d'une société équilibrée et stable où les intérêts des travailleurs, des entreprises et de l'ensemble de la société sont harmonisés. Contrairement au capitalisme, qui met souvent l'accent sur la recherche du profit individuel, et au communisme, qui cherche à éliminer les disparités économiques par la propriété collective des moyens de production, le corporatisme cherche à trouver un équilibre dynamique.

La finalité est donc de créer une économie dans laquelle la compétence et la responsabilité guident la gestion des entreprises, où les travailleurs sont considérés comme des partenaires plutôt que simplement comme des facteurs de production, et où l'État intervient de manière planifiée pour assurer une distribution équitable des richesses et la préservation du bien commun. Voici la finalité du corporatisme : acquérir du capital en tant que société, et non en tant qu'individu.
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Manne Klemetti, professeur à l'Uuden talouden yliopisto d'Albigärk et conseiller de la Coordination Pirate Internationale aux affaires économiques. Participe au congrès en tant qu'intervenant et spécialiste des modèles économiques non-orthodoxes et alternatifs.

La question du corporatisme est tout à fait fascinante en cela qu’elle représente un impensé ou plus exactement, un pensé tardif. Pardonnez moi si je ne suis pas très clair mais ce que nous appelons aujourd’hui « corporatisme » est une relecture a posteriori d’un mode de production – je reviendrai sur ce terme – aujourd’hui marginal voire complétement disparu. Le corporatisme correspond au mode de production prémoderne, préindustriel, moyenâgeux pour le dire vite et sans connotation péjorative. En cela il n’a pas fait l’objet d’une observation et d’une analyse scientifique rigoureuse mais est une projection politisée ou fantasmée de ce que nous imaginons avoir été. Sur cela aussi je reviendrai, n’y voyez à nouveau pas une critique mais un constat. Je note cependant que ce genre de réécriture et de réinvention est caractéristique des régimes réactionnaires et fascistes car l’on ne peut décemment prendre la parole dans un tel lieu sans toucher un mot sur la nature du régime qui nous accueille et qui conditionne le débat tel qu’il est en train d’avoir lieu.

Maintenant permettez moi d’aborder plusieurs aspects techniques qui, me semblent-ils, posent des questions intéressantes sur notre manière de concevoir le corporatisme mais également les limites de celui-ci. Il s'agit moins d'une critique que d'un appel à la discussion entre chercheurs, pour la science et par la science.

En débutant ma présentation, j’évoquais le concept d’impensés en science économique et le corporatisme en possède un certain nombre. Le premier d’entre eux est sans doute le plus simple, il s’agit de la question de l’orientation de la production.

L’économie comme nous l’entendons distingue plusieurs « moyens de production » c’est-à-dire plusieurs façon d’organiser la société pour produire et répartir la production. Le modèle libéral-capitaliste nous est sans doute le plus familier : le marché oriente la production – c’est-à-dire détermine ce qui a de l’intérêt à être produit, autrement dit ce qui a de la valeur – et la propriété privée permet de distribuer cette production. Pour prendre un exemple, la demande permet la création de l’usine, le prix du marché conditionne sa rentabilité et ce qui est produit appartient à son propriétaire. Voilà un mode de production.
La question des moyens de production s’est posée dès lors que la modernité a permis l’apparition massive de plus-value, autrement dit dès lors que nous sommes sortis d’économies vivrières où la majeure partie de la production était consommée à court termes pour permettre la survie des producteurs, comme c’était le cas à l’époque médiévale ou la production était principalement agricole.

Parce qu’il est antérieur à l’époque moderne, le corporatisme ne s’est jamais pensé lui-même comme un mode de production. Pourtant, le réhabiliter aujourd’hui, dans une société d’abondance, l’oblige à se confronter à cette question : qu’est-ce qui détermine la production ? Qu’est-ce qui permet la création d’un atelier ? d’une usine ? qu’est-ce qui autorise les producteurs à produire ?

On voit que les réponses sont en fait les mêmes que dans les grands modèles productifs modernes : la production peut être déterminée par le marché comme dans une économie libérale, par l’Etat, par la démocratie. En cela, le corporatisme n’est pas un mode de production à part entière, c’est un sous mode de production, une modalité particulière d’existence des modes de production supérieurs que sont le capitalisme (libéralisé ou non) et le communisme.
Si le corporatisme devient en mesure de proposer une orientation de la production qui soit consubstantiel à son organisation du travail, alors il pourra être envisagé comme une troisième voie. Sans cela, il est condamné à demeurer à la remorque des modes de production dominants dont il ne pourra jamais dépasser le stade de la caricature.

Dès lors, on voit apparaitre une tension évidente : si le mode de production s'oriente d'avantage vers la concertation propriétaire/travailleurs, il aboutira in fine et sans intervention extérieur à favoriser la classe la plus nombreuse, c'est à dire la classe ouvrière, et se transformera avec le temps en communisme. Si à l'inverse le mode de production s'oriente d'avantage vers la propriété privée, donnant le fin mot au possédant, État ou propriétaire, il devient en fin de compte un banal capitaliste, appelant de ses vœux pieux un hypothétique consentement de la classe ouvrière à son exploitation. Dans le mode de production, l'orientation et la répartition de la richesse ne peuvent être laissées au hasard, en refusant de les penser, le corporatisme se condamne à n'être qu'un stade transitoire à un mode de production d'avantage conceptualisé.


Abordons à présent un second aspect plus technique : celui de la plus-value. Toute économie vise à produire de la plus-value car c’est celle-ci qui détermine la valeur. Pour le dire plus simplement, cinq planches et des clous ont une valeur plus faibles que ces cinq planches clouées ensemble pour faire une table. Ce n’est pas une valeur objective, bien sûr, mais c’est par cette production de plus-value, par la transformation par le travail de la matière que nos sociétés s’enrichissent et se développent, que l’humain augmente son confort et la sophistication de son environnement.

Le corporatisme, parce qu’il a été conceptualisé à partir de sociétés partiellement vivrières, ne s’interroge que rarement sur le concept de progrès que génère la plus-value. En accumulant de la richesse, la société est soumise à des transformations irrémédiables, aussi anecdotiques que la destruction-créatrice (le fait que de nouvelles technologies détruisent des emplois devenus obsolètes) que profondes telles que l’accumulation de la richesse entre quelques mains et la prise de pouvoir d’une classe sur les autres, ou d’une caste, enfin de n’importe quel groupe qui, parce qu’il est là au bon moment, augmente son influence de fait. Comment imaginer que la corporation des souffleurs de verres restera de toute éternité l’égale de celle des marchands d’armes ? Comment penser qu’une société ne favorisera-t-elle pas, même inconsciemment, le secteur le plus rentable ou le plus nécessaire ? C'est abandonner la question de la valeur en rase campagne, en faire une non-question et donc s'empêcher de la politiser.

Questionner le rapport au progrès c’est en effet questionner le rapport à l’innovation. Dans le modèle capitaliste et le modèle communiste l’innovation est toujours prise dans la tension du rapport de force, rapport de classe ou rapport démocratique, autrement dit de nouvelles technologies ou de nouveaux savoir faire feront l’objet de négociations entre ceux qui les mettent en pratique et ceux qui en récoltent les fruits. L’intérêt du patron n’est pas celui de l’ouvrier, la réalité du travail se négocie dans le combat syndical. A la fin, l’un des deux camps l’emporte et s’impose. Dans le corporatisme, cette friction est évacuée au profit d’une potentielle conciliation mais qui tranchera lorsque les intérêts sont en contradiction ? Pire, la conciliation est souvent productrice de statut quo, quelles alternatives les ateliers auront-ils à offrir face à la productivité du fordisme ?

En fait, nous voilà de nouveau dans le combat des luddites, ces ouvriers qui détruisaient leurs machines de travail pour s’imposer dans un rapport de force qui leur était défavorable face à leurs patrons. L’innovation s’impose par la nécessité de progresser, d’augmenter la rentabilité mais aussi le confort au travail, des fois ces deux choses sont possibles ensemble, des fois elles sont contradictoires. Une économie corporatiste c’est une économie qui ne se donne pas les moyens de trancher la question de la transformation de l’économie, voilà d’ailleurs pourquoi sa réalisation concrète est si malaisée : elle existe en théorie, dans un moment figé dans le temps, mais dès lors que la société évolue elle se brise sous le poids de ses contradictions, à l’image de la société médiévale incapable de s’adapter à l’essor de la bourgeoisie. Elle se condamne elle-même à freiner en permanence, structurellement, des quatre fers pour refuser sa propre transformation, bloquée par l'autre corporatisme, celui qui veut qu'une profession se ligue et travaille à refuser le progrès parce qu'elle l'estime défavorable.

Ainsi le seul recours du corporatisme, c’est l’Etat. L’Etat qui a le dernier mot. Dès lors on se demande, à quoi bon la conciliation ? Quelle différence y a-t-il entre cette conciliation corporatiste et le jeu de dupe des négociations sociales où patron et syndicats débattent, puis c’est le patron qui tranche. Ici, c’est l’Etat qui tranche. Cela reporte le problème, le remet entre les mains de l’acteur le plus désincarné qui soit. D’ailleurs, qui osera prétendre que l’Etat n’a pas plus d’intérêts en commun avec les patrons qu’avec les ouvriers ?

Monsieur Romanovich l’a parfaitement montré à son insu, le corporatisme c’est le fantasme d’une société stable, mais société stable c’est très proche d’une société archaïque voire mourante. L’économie particulièrement est une science dynamique, elle fait le constat d’un réel en constante négociation. Vouloir mettre cela sous le tapis, c’est faire un déni du réel je le crains et j’y vois la démonstration que le corporatisme, en tout état de cause, ne peut exister qu’à l’état de fiction.

Dès lors je conseille aux économistes qui valorisent cette vision des choses de plutôt se mettre à la littérature, ou de créer quelque jeu de simulation géopolitique où laisser libre cour à leurs fantasmes. Mais ici dans le monde réel, il faut composer avec des vérités dérangeantes, ne nous en déplaise. C’est là la différence entre le scientifique et l’idéologue.
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