14/06/2013
07:04:27
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[Grand Kah/Communaterra] De quoi sont faites les révolutions ?

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Les réunions du Comité de Volonté Public tendaient à se faire en soirée. Elles étaient fréquentes, mais pas exactement quotidiennes. Plus depuis l’élection du programme dit de Défense et Développement, lequel avait été porté par des individus aux modes de fonctionnement relativement différents de ceux des membres du comité précédent. Le comité était seul à fixer son mode de travail et celui-là préférait globalement les rencontres plus informelles entre membres directement concernés, laissant les grands meetings aux grandes occasions, qui s’avéraient tout de même assez fréquentes au sein de l’Union. On se laissait en gros un peu plus de flexibilité que par le passé.

Ce qui n’avait pas changé, par contre, c’était le lieu où ces rencontres se faisaient. Une grande pièce rectangulaire située au moins un du parlement général, au niveau du lac. Le mur du fond était d’un rouge traditionnel de la région, s’y trouvait une fresque dans un style nahualtèque classique représentant une scène de liesse. À l’opposé de la salle se trouvaient des petits escaliers amenant jusqu’à un bassin directement relié aux canaux contournant la place monumentale d’Axis Mundis. Une faille de sécurité, avait un jour fait remarquer la citoyenne Meredith, pas tout à fait remise de la paranoïa ambiante de Kotios, ou de l’attentat qui l’avait directement visée elle et ses camarades le lendemain de leur nomination par la convention au sein du comité. Mais une faille de sécurité des plus charmantes, que personne n’avait envisagé de résorber. L’eau avait une place importante dans la culture de Lac-Rouge.

Le reste de l’espace était occupé par une longue table qui se retrouvait généralement bien vite couverte de dossiers et de feuilles volantes et, dans le plus pur style kah-tanais, il y avait un espace faisant plus salon à l’écart, composé de nattes épaisses sur lesquelles on pouvait s’installer autour de tables basses. Cet espace-là était délimité par des meubles de bois rouge et vert où l’on stockait un nécessaire à thé, entre-autre.

Ce fut après une longue gorgée de thé, justement, que la citoyenne Meredith brisa le silence qui s’était installé après les discussions sur le précédent sujet à l’ordre du jour.

« Citoyennes et citoyens, je pense donc qu’il va être temps pour nous d’aborder le sujet suivant. » Elle déposa sa tasse dans sa coupelle et la repoussa d’une main. « La visite à venir du Communaterra. »

Il y eut quelques soupirs. Rien d’inattendu, en fait. Depuis que la révolution s’était faite plus au sud, et avait aussitôt décidé d’ignorer le Grand Kah pour se proclamer nouveau centre nerveux d’un écosystème se développant depuis deux siècles, il existait au sein de la confédération comme un genre de méfiance, entre cynisme et ironie, à l’égard du nouveau régime. Il était dur de prendre au sérieux qui arrivait avec deux cents ans de retard et l’intime conviction d’avoir inventé l’eau chaude. Le souci, cependant, se trouvait moins dans cette morgue que l’on trouvait somme toute habituelle chez les révolutionnaires de tout ordre – c’était lié à un certain manque de vision, on ne pouvait pas leur en vouloir, il était difficile de voir les choses en grand – mais plutôt à ce qu’elle avait donné en termes de comportement diplomatique. Pour autant qu’on le sache, c’était bien simple, le Communaterra avait réussi à carboniser l’intégralité de son capital politique et diplomatique en l’espace d’un an. Un contre-exploit qui allait malheureusement nécessiter une intervention de l’Union et beaucoup de travail. De l’énergie que l’on voulait bien prêter aux camarades du sud, mais pas gratuitement, et pas sans des garanties claires. La situation, en fait, était d’une complexité d’autant plus déplaisante que si on ne pouvait pas laisser tomber ce nouveau foyer de révolution, on ne pouvait pas non-plus le laisser s’engager plus en avant dans l’impasse qu’il avait décidée d’emprunter, non sans avoir scié ses freins et jeté une brique sur la pédale d’accélérateur.

Le regard de la citoyenne Meredith parcourut la petite assemblée. Tout le monde faisait en gros en sorte de ne pas croiser ses yeux. Certains semblaient très intéressés par le contenu de leurs fiches, d’autres avaient trouvés quelque-chose, au niveau du plafond, qui semblait requérir une attention folle. Quoi que ce fut, ça devait être important pour la révolution.

« En bref, tenta enfin le citoyen Aquilon, ce sont des naïfs. Un genre de Prima révolutionnaire. Si ça ne tenait qu’à moi, nous ne les recevrions pas. »

Meredith accueillit la remarque d’un signe de tête. Pas parce qu’elle était d’accord avec le membre le plus ouvertement radical du comité, mais bien pour le remercier d’avoir brisé le silence. Sa posture, polémique à souhait, aurait au moins le mérite de lancer les discussions. À côté d’elle, le citoyen Caucase secoua la tête. Viktor Anastase Miloradovitch était un isolationniste, c’est à dire qu’il s’intéressait à ce que le Grand Kah pouvait offrir à ses citoyens, avant de penser à une quelconque révolution mondiale. Il n’était pas pour autant opposé à l’idée d’une chute prochaine – nécessaire, en fait — du capitalisme. Simplement, il adoptait un point de vue férocement réaliste et anti-guerre, qui concevait les révolutions comme des actes nécessaires que l’on pouvait faciliter sans intervenir directement. Il était sans doute, à cette table, le kah-tanais le plus éloigné de la furie kommunaterano. À sa droite, Styx Notario grimaça. Elle se faisait plutôt discrète depuis l’enquête de l’Égide sur sa gestion des services secrets de l’Union, mais gardait un certain sens de la formule qu’elle jugea utile d’employer à cette occasion.

« Soyons clairs, cela ne fait plaisir à personne ici. Une nation capable de s’aliéner l’intégralité de ses voisins en moins d’un an ça a un nom, et ce nom c’est la Listonie. Nous avons mieux à faire, collectivement, que de gérer un nouveau chien fou. Cependant nous pouvons essayer de calmer l’animal. De… Hm…
— Le museler ?
— C’est cela-même, approuva-t-elle en acquiesçant vers la citoyenne chargée des affaires éducatives et de la santé. Merci, Kisa. »

Caucase secoua doucement la tête. Il n’appréciait pas de voir comparer un autre mouvement révolutionnaire à un simple chien fou. Il devait reconnaître le caractère hautement agressif de sa diplomatie troublant, mais considérait que ce point précis pouvait être rangé avec d’autres encore dans le lot de tout ceux qui, espérant créer un monde nouveau, se retrouvaient propulsés sur la scène internationale, en bande désorganisée de non-initiés. Le problème tenait du fait que la géopolitique ne pardonnait pas aux débutants. Il tapota la table du bout de ses doigts.

« Nous allons donc voir ce qu’il en est. Pour le moment on ne sait rien. Peut-être que cette Xaiomora est un nouveau Lorenzo dont il faudra démanteler une l’avant-garde. Peut-être qu’il y a un problème de fond que nous pourrons traiter ensemble.
— J’y crois assez peu, lâcha Meredith. Il acquiesça.
— Non, même leur application des théories les plus émancipatrices se fait avec un zèle qui force la méfiance. Mais c’est une révolution, violente par essence. Maintenant elle doit choisir entre s’effondrer sous son propre poids ou constituer un système, avec une méthode et des objectifs dépassant la simple posture. »

Rai Itzel Sukaretto, que l’on surnommait la princesse Rouge, eut un petit rire et parla pour la première fois de la réunion. Membre la plus radicale de ce comité, elle trouvait sans doute cette réunion d’un goût douteux. Pourtant elle employait elle-même les outils du capitalisme à son avantage. Ses camarades avaient du mal à déterminer où elle se positionnait dans ce débat. Ce qu’elle dit ne les aida pas à y voir plus clair.

« Ils vous qualifieraient sans doute de réformistes, tous autant que vous êtes.
— Vous le faites déjà, Rai. » Meredith la fixa. « Pour autant vous n’avez pas envoyé des missives d’insulte à l’intégralité de nos voisins.
— C’est que moi, citoyenne, je suis aguerrie !
 Vos idées puent le soufre, ma vielle. Mais vous n’êtes pas stupides. Vous êtes même un peu rusée.
 Vous me complimentez, bientôt il va pleuvoir des grenouilles. »

Le citoyen Aquilon se racla la gorge.

« Laissez les comparaisons bibliques hors de cette salle, s’il vous plaît. Et revenons-en à ce qui nous intéresse. Devons-nous revoir l’ordre du jour présenté à nos camarades lors de leur visite à la lumière des informations obtenues par le commissariat suppléant à la sûreté et Actée. »

Il attendit un instant, puis acquiesça avant de saisir une feuille sur lequel il commença à prendre des notes.

« Pas de modification de l’ordre du jour. Donc nous n’aborderons pas le cas de Sylva ?
— Nous le ferons, décréta Meredith. Mais pas de façon officiellement établie dans l’ordre du jour. Ce sera moins agressif. »

Aquilon releva le nez de sa fiche et comptabilisa les mains qui se levaient en soutien à la proposition. Il nota pour lui-même que celles du Chiffre et de Styx Notario arrivèrent un peu après les autres. Quelque-chose devait les déranger sans qu’il ne soit vraiment possible de déterminer quoi, à ce stade.

« À l’unanimité. Entendu. Maintenant il faut décider des termes, du décorum, enfin la convention s’attend à ce que nous émettions une proposition sur la ligne de conduite du comité en charge de la réception. Caucase, vous voulez parler ?
 Sur le principe nous reconnaissons le Comunaterra et sa révolution, malgré les complications récentes évoquées. Oui ? »

Personne ne trouva rien à redire. Il continua d’un ton égal.

« La question est de savoir si nous reconnaissons son gouvernement actuel. Le fait qu'il s'attire déjà les foudres de ses voisins... En principe et sur le plan de la doctrine ce ne devrait pas être un problème, mais nous devons faire attention au message que renvoi cette rencontre aux yeux du monde.
— Si je puis me permettre ? »

Les regards s’orientèrent vers Arko Acheampong, dit le chiffre, lequel avait été en contact avec de nombreux représentants étrangers du fait de ses fonctions au sein des commissariats au maximum et au commerce extérieur. Le petit nazumi repoussa ses lunettes contre son nez.

« Le Grand Kah jouit d’un certain prestige international, y compris auprès des oligarchies dont nous appelons la disparition récente. Nous passons pour un partenaire sérieux auprès des acteurs économiques eurysiens et nazumis, l’intégralité du tiers-monde nous voit d’un bon œil, l’Afarée nous considère comme un allié objectif dans la lutte pour son indépendance, le Paltoterra nous intègre dans ses projets, ainsi de suite. Cette rencontre seule ne devrait pas passer pour un changement de cap.
— Avec les élections qui approchent ? » Rai haussa les sourcils. « Il y aura toujours quelqu’un pour produire un narratif sur un quelconque changement de cap de l’Union durant cette période cruciale. » Elle eut un sourire de dérision. « Les pays de l’ONC virent extrême droite, ça ferait plaisir aux observateurs de nous voir virer radicaux.
— Et pas qu’à eux.
— Styx, l’amie, on a déjà établi que j’étais rusée, non ? Trop pour être ce genre de radical. Là où je veux en venir c’est qu’il faut quand-même préparer un barrage dans la presse et la communication officielle de la Convention. Les citoyens devraient l’accepter, ils sont comme vous, modérés. En tout cas nos objectifs sont très clairs : le Grand Kah est une nation raisonnable avec laquelle on peut faire affaire, travailler. Elle reçoit la petite dernière de la révolution pour faire son éducation et lui expliquer comment survivre sans se jeter la tête la première dans une fosse commune. »

Meredith approuva d’un signe de tête.

« C’était notre posture pour Reaving et ça a parfaitement fonctionné.
— Ma seule crainte, fit remarquer Aquilon, c’est que ça pourrait vexer nos invités.
— S’ils viennent c’est pour nous rencontrer et pour écouter. Ils ne peuvent pas se bercer d’illusion au point de croire que leur révolution peut triompher seule et immédiatement du reste du monde. »

L’assurance sereine de Caucase ne dura pas face à l’air passablement ironique du citoyen Aquilon.

« Vous savez qu’ils ont adopté le calendrier révolutionnaire ?
— Vraiment ? Caucase sourit. C’est suranné.
— Un peu. Seulement, dans leur version, nous sommes en l'an 1. »

Quelques rires, un soupire du côté de Meredith. Caucase acquiesça, il avait comprit la petite démonstration d’Aquilon. Ces gens pensaient peut-être réellement pouvoir triompher du monde seuls et immédiatement. Le Radical repris.

« Maintenant parlons de ce qui devra être fait si le Communaterra refuse de comprendre que ses postures ont des conséquences. Cette révolution est faible, et se met en danger. Elle offre à nos ennemis les raisons d’une intervention militaire contre elle.
 Le plus simple serait de rendre cette intervention trop coûteuse pour être menée. » Rai renifla bruyamment et croisa les bras. « Le souci c’est que ce comité ne se prononcera jamais en faveur d’une décision nous obligeant d’armer nos camarades du sud.
— Si nous les armons, remarqua Caucase, nous leur donnons les moyens d’essayer d’aller au bout de leur rhétorique. Avec les discours qu’ils tiennent ils préféreront tuer leur révolution et nous emporter avec eux que de consolider leurs acquis.
— Voilà, soupira Rai d'un air théâtrale.

Autour d’elle, plusieurs membres du comité acquiescèrent. Kisa Ixchet haussa un sourcil.

« Nous pourrions installer des bases kah-tanaises sur leur sol. Leur proposer de le faire. Mais ça signifierait nous associer à leurs discours en les protégeant des contre-coups.
— Rappelons, signala Meredith, que nous parlons d’un cas de figure où nous n’aurions pas réussi à faire entendre raison au communaterra. Installer des bases sur leur sol, même contre des concessions diplomatiques, ne se fera sans doute pas s’ils n’acceptent pas de calmer d’eux-mêmes leur posture. »

La citoyenne Kisa fit a moue et se redressa dans son siège.

« D’accord. Et dans ce cas, quels moyens nous resterait-il ? »

Un silence s’installa dans la salle de réunion du comité.


La Convention avait tout votée avant de déléguer une partie de ses pouvoirs aux commissions dédiées. Le fonctionnement était maintenant habituel. Chaque rencontre de ce type activait des commissions et sous-commissions, lesquelles jouissaient d’un budget important pioché dans les réserves du commissariat aux affaires étrangères, et d’un pouvoir important concernant l’organisation de la cérémonie, la mise en place du protocole, ainsi de suite. Comme le voulait le système communaliste, l’ensemble des décisions de cette structure ad hoc devait ensuite être validé par les communes immédiatement concernées. On avait fait simple, cette fois, de telle manière que seule Axis Mundis devait se prononcer. Et Axis Mundis, c’était la convention. Autant dire que la suite se fit très rapidement, et sans générer les habituelles disputes et discussions de l’ordre du « mais nous allions organiser une fête du voisinage sur ce tronçon de route, vous êtes sûr de ne pas pouvoir décaler cette visite officielle d’une journée ? » Aux yeux des chargés du protocole c’était donc une affaire rondement menée et, aux yeux d’Actée Iccauthli dont ils dépendaient, un début auspicieux pour ce qui promettait d’être une journée intense.

Meredith l’avait immédiatement prévenue des décisions du Comité de Volonté Public, et elle les avait approuvées aussi vivement que son caractère discret le lui permettait. La reconnaissance de la nation se ferait en début de cérémonie. La reconnaissance du gouvernement se ferait en fin de rencontre et selon le résultat des échanges. Ainsi, on pourrait moduler le message envoyé au reste du monde selon la propension des invités à se montrer ou non ouverts aux réalités concrètes de la situation. Une décision qui avait beaucoup déçu Rai, qui avait ensuite passé une journée avec Actée. Les deux citoyennes étaient bonnes amies, toutes deux rattachées aux tendances radicales quoi que pour des raisons différentes. Leur amitié était d’ailleurs d’un genre bizarre tant leur caractère et façon de faire semblaient les séparer. Pour autant, elle était de celles qui faisaient a politique du pays, et que les historiens observeraient sans doute avec une certaine circonspection.

« Et donc, ça risque de tourner au désastre, » avait été tout ce que Rai avait souhaitée dire sur la rencontre à venir. Un commentaire auquel Actée cru bon d’ajouter, mais intérieurement et pour elle-même, que le désastre des uns pouvait être l’opportunité des autres. Sa doxa était peut-être un peu plus impérialiste que celle de sa camarade, dont le cynisme mythique arrivait mal à cacher une sincérité révolutionnaire touchante.

Cependant, rien de tout ça n’était réellement alarmant. C’était simplement la façon de faire kah-tanaise. Ils étaient des animaux politiques, au sens le plus complexe que l’on pouvait donner à la formule. Leur politique oscillait entre modération et radicalité, mais conservait pour elle un sens de la précision, de la méthode, de ce qui était utile, de quand ça le serait, de pourquoi, aussi. Chaque rencontre, chaque acte politique, diplomatique, chaque moment de la vie publique était pensé en termes d’usage intérieur et extérieur. D’image renvoyée, d’intérêt concret pour les citoyens de l’Union. D’avantage apporté à la Révolution, d’avancement de la lutte. La vérité sur le Grand Kah était moins celle d’une compromission idéologique ou d’une faiblesse dans l’action, que celle d’une complexité inhumaine, d’une immense machination dont les innombrables acteurs dansaient sans le vouloir le même ballet d’anarchie. Il y avait là quelque-chose d’intensément fatiguant, et d’assez difficile à décrire, qui avait frustré à travers les âges de nombreux révolutionnaires soucieux d’organiser l’action directe, la propagande par le fait, la victoire rapide et immédiate du Bien contre ses adversaires, mais apporté une satisfaction beaucoup plus importante à toutes celles et ceux qui, se retournant sur l’Histoire, constataient des succès de l’Union, du maintien de son régime et de l’expansion de sa lutte. La Roue avançait, lentement. Traçait son sillon. Les kah-tanais étaient de bons gestionnaires, et géraient leur révolution avec la maîtrise de ceux qui avaient le temps, pas particulièrement pressée de voir la fin du monstre oligarchique de leur vivant puisqu’ils étaient confiants dans leur victoire, à terme.

C’était peut-être ça L’intelligence féroce d’une certitude fanatique. Ils étaient d’un zèle plus calme, qui les mettait – au moins dans leur esprit – au-dessus de la mêlée.

C’est ce pourquoi, malgré la complexité de la situation géopolitique, qui changeait cette rencontre en terrain miné, il fut décidé de se comporter en bons hôtes. Par là il fallait comprendre que tout le nécessaire fut organisé pour permettre aux visiteurs kommunateranos de se sentir accueillis chez eux. Ce qu’ils étaient, sur le plan au moins de la théorie et de la sémantique : Axis Mundis se prétendait maison de toute l’Humanité. Du reste, et malgré les meilleurs efforts de l’Union, elle était aussi devenue le visage du Grand Kahn que l’éloignement avec l’Eurysie avait pu à son tour changer en concept : celui de la révolution. La Skyline du centre de Lac-Rouge était, en quelques sortes, celle de toutes les révolutions. Une réalité qui pouvait être prise comme une forme de victoire pour les communalistes : on reconnaissait leur ville vitrine comme la représentation de la révolution, donc on reconnaissait par la même la suprématie de leur modèle sur celui de leurs imitateurs et petits frères. Pourtant, ce constat en frustrait plus d’un : Axis Mundis n’était qu’un centre administratif. On y faisait la plupart des rencontres officielles car c’était, tout simplement, plus pratique. Mais cette ville n’incarnait pas nécessairement plus le Grand Kah, et donc la lutte communaliste, qu’une autre. La tendance à la réduire à son statut de capitale administrative, et d’étendre ce statut pour en faire le supposé centre culturel et politique d’une union trop horizontale pour être correctement décrite avec ce genre de cité-fonction, était une preuve de plus que leur modèle restait, aux yeux du monde extérieur, assez alien. De toute façon on y pouvait pas grand-chose. Quand le monde capitaliste voulait vendre des vacances au Grand Kah, faire de la publicité sur des produits importés depuis l’Union ou composés de ressources ou de pièces en étant originaires, quand on voulait parler de l’actualité politique kah-tanaise, dès qu’on devait évoquer, pour une raison ou une autre, le seul et meilleur espoir de l’Humanité, on le faisait avec les pyramides rouges et blanches, les bâtiments administratifs et les places monumentales de l’ancienne capitale nahualtèque.

Il fallait s’y faire, accepter l’état de fait et l’exploiter à son plein potentiel. De toute façon, c’était la façon de faire des kah-tanais : il fallait prendre le monde comme un genre de démocratie imparfaite. On ne pouvait pas imposer la vérité à une foule ignare. On pouvait cependant exploiter sa conception du monde – qui par voie de conséquence devenait en fait la réalité du monde – et la retourner contre eux. Si Axis Mundis était la représentation reconnaissable par l’étranger du monde kah-tanais, alors on pouvait utiliser cette facilité sémantique quand cela était utile. Cela permettait aussi de prendre l’ignorant pas surprise en représentant, quand l’occasion s’y prêtait, l’Union sous ses traits plus méconnus. Les dunes de sables Gokiaryennes, les buildings nazuméens, les grands plateaux de l’Est, les plages paradisiaques du nord. Lac-Rouge et son centre monumental n’était jamais qu’une ville. Son importance supposée l’honorait et accentuait son pouvoir symbolique – ce qui était une bonne chose – mais n’avait pas d’impact réel sur sa réalité organisationnelle. Ou, en d’autres termes, le pouvoir que les étrangers prêtaient à la ville ne changeait rien à son pouvoir réel, mais lui permettait de faire illusion. En termes géopolitiques et, dans le cas présent, diplomatique, c’était bien tout ce qu’on pouvait lui souhaiter.

Le plus compliqué était peut-être de décrire Lac-Rouge. La ville ne s’était certes pas refusée aux définitions – on pouvait lui donner un set de caractéristiques géographiques permettant de la décrire de façon acceptable et d’apprécier sa potentielle apparence, cependant elle n’était pas de ces villes musées d’Eurysie, destinées à conserver en elles l’essence d’une heure de gloire décidée arbitrairement. Lac-Rouge n’était ville d’aucun empire et restait, plus que jamais, au service de ses habitants, et soumises à la culture de ceux-là. Hors la culture – et les besoins – étaient des choses qui évoluaient avec le temps, et d’autant plus vite dans un pays si bouillonnant que l’Union. La ville, donc, évoluait beaucoup, constamment. Quiconque avait visité Lac-Rouge dans les derniers jours de la junte et les premiers du Quatrième Cycle auraient vu une zone sinistrée, mais réhabilitée par une population courageuse. Un genre de squat géant où l’on vivait bien et dans une hygiène surprenante mais typique de la région, et ce malgré les airs chaotiques que les bâtiments improvisés, les ruines visibles de la guerre, les épaves échouées dans le grand lac et les tags omniprésents pouvaient donner. Ensuite il y avait eu les grands travaux de reconstruction des années quatre-vingt-dix, qui avaient surtout cherché à réparer les digues du lac divisant ce dernier en un espace d’eau douce et un espace d’eau salée, et à recréer des voies d’accès dignes de ce nom pour désenclaver la ville. Construction de routes, de lignes de trains et de trams, réorganisation massive des canaux et des quartiers, etc. Cette Lac-Rouge avait quelque-chose du lendemain de cuite. Les chantiers étaient sinistres par essence, et l’évacuation des éboulements, des ruines, des épaves pris des années. Cette Lac-Rouge, aussi, profita d’un miracle économique géré avec difficultés, donnant naissance à une périphérie moderne sur les bords plus accessibles du lac, qui évolua progressivement pour se désengorger à mesure que les autres communes urbaines de l’Union réclamèrent une meilleure répartition des sites coopératifs de la nouvelle économie kah-tanaise.

Ensuite, il y avait la Lac-Rouge des six années du Comité de Volonté Public précédent. Une Lac-Rouge Cool, qui devait attirer l’étranger, fût-il investisseur, touriste ou étudiant. Une ville rendue plus accessible que jamais, où l’on expérimenta tout ce qui existait en termes de transports, où l’on fit en sorte de purifier l’air et l’eau, où l’on investit massivement dans les parcs et les zones communes. Une Lac-Rouge nouvelle, pour un nouveau millénaire, où fleurirent des milliers de cybercafés, de parloirs, de clubs, de bar, d’hôtels. Une Lac-Rouge festive et joyeuse, démilitarisée à ses débuts, qui réinvestit progressivement dans la construction de nouvelles casernes. Une Lac-Rouge qui obtint son second aéroport international et son troisième port lacustre. Une Lac-Rouge d’économie de service et d’agriculture, notamment, qui fut progressivement réinvesti par la culture au sens noble du terme à mesure que les fondations kah-tanais, les groupes de créateurs, les artistes étrangers et leurs puissants mécènes vinrent investirent les résidences et sites d’exposition. Une ville monde au sens le plus noble du terme, où l’on tourna des publicités pour parfum, des films d’action, où l’on fit venir presque autant d’étudiants qu’à Albi, où les très grands de la diplomatie internationale rencontrèrent, parfois un peu par hasard, les artistes les plus à la pointe et les plus contre-culturels. Une tentative d’expérimentation anarchiste, pensée comme cette formidable interface entre le monde de demain et celui du passé, le second découvrant les avantages évidents du premier, qui assumait pour sa part une certaine décadence joyeuse et anodine. La Révolution kah-tanais était une révolution cool, une révolution joyeuse, festive. Quelque-chose qui avait à voir avec la musique des groupes locaux, pop, électrique, coloré.

Maintenant, Lac-Rouge mutait à nouveau. Sans avoir tout à fait perdu les qualités festives de ses années « cool », on pouvait supposer qu’elle entrait dans une phase moins expansive. D’aucuns diront de consolidation. La guerre était de retour dans l’actualité kah-tanaise, et certaines familles en avaient soufferts. Des attentats politiques avaient visé le comité de volonté public lors de son investiture, une crise économique avait handicapé la capacité de la Confédération à financer son développement. Enfin, la tendance politique majoritaire à la Convention était un amalgame de modérés pragmatiques et d’agrariens, dont le principal accord de coalition consistait à développer l’Union de façon plus égalitaire, notamment en évitant la centralisation de trop de moyens et de population au sein des centres urbains. Conséquence logique de cette volonté, incarnée en des projets très concrets, la région bordant Lac-Rouge s’était peuplée d’innombrables travaux visant à bâtir des « cités jardins », comme on appelait ces villes-nouvelles vertes, au cadre de vie agréable et relativement auto-suffisant. Ces genres de phalanstères modernes attiraient une population importante et participaient à vider une ville qui était peut-être arrivée aux limites de ce qu’elle pouvait réellement accueillir avant d’aller face à d’importants problèmes organisationnels. La ville, donc, était un peu moins habitée, et appelée à le devenir de moins en moins. L’activité économique, festive, culturelle et estudiantine n’en demeurait pas moins importante et la région, jusque-là entièrement centrée autour de Lac-Rouge, s’animait d’une vie nouvelle à mesure que d’autres centres historiques se retrouvaient bordés de centres de peuplement. La seule chose qui faisait échapper cette Lac-Rouge au simple statut d’état transitoire étaient les importantes manifestations politiques qui l’animaient depuis les précédentes élections générales. Les mouvements politiques les plus radicaux battaient le pavé avec une régularité d’horloge, accompagnant en fait un phénomène de politisation des comités locaux, lesquels s’intéressaient de plus en plus aux questions idéologiques, sans pour autant que cela ne soit la conséquence d’un mécontentement avec l’Union, sa gestion par l’actuel comité ou les récentes évolutions de la situation régionale et confédérale.

La ville, donc, évoluait, et il n’existait pas une Lac-Rouge, rendant la tentative d’en faire la vitrine de la Révolution assez vaine. Au moins, les monuments d’Axis Mundis étaient là pour rester, en plus d’offrir un panorama suffisamment impressionnant pour inquiéter les ennemis de l’Union, et enorgueillir ses partisans.

Ce fut à proximité de l’un de ceux-là que se posa La Croix du Sud, zeppelin solaire envoyé à travers le Paltoterra pour récupérer la présidente Xaiomara. La question du trajet avait été une question complexe. Les kommunateranos, semblait-il, ne désiraient pas prendre l’avion, les trajets en navire représentaient un danger évident en plus d’être longs et, cœur du problème, les voies d’accès par le Duché étaient fermées. Quelques mauvaises langues à la Convention avaient proposé de laisser la situation s’éterniser jusqu’à ce qu’une solution amiable soit trouvée entre Sylva et le Communaterra concernant cette frontière, mais leur posture fut jugée indécente et l’on dépêcha finalement un ballon dirigeable.

La Croix du Sud, donc, était de ces appareils de dernière génération, munis de panneaux solaires et équipés de filtres divers et de jardins hydroponiques leur assurant une autonomie très importante. Un peu plus rapides qu’un navire de taille équivalente, il du tout de même traverser un peu plus de 1800 kilomètres de distance, ce qui lui prit environ 21 heures. Fort heureusement l’appareil était confortable, doté de plusieurs salons et d’une importante médiathèque embarquée, ainsi que d’une connexion satellite qui permettait aux voyageurs de travailler en ligne durant le trajet. L’équipage kah-tanais, réduit au minimum, était serviable tout en se montrant d’une discrétion à toute épreuve.

Les passagers furent prévenus de leur arrivée au-dessus de lac-Rouge par une annonce. Une vue prenante s’offrait à eux depuis le pont d’observation : sous la grande verrière on pouvait voir l’immense tache blanche et rouge de la ville, découpée par des voies praticables et des canaux dont la taille, plus ou moins importante, semblait découper la ville en une série de quartiers. Il y avait là quelque-chose de proprement anatomique, comme observer un dessin en coup de muscle, avec son irrigation et ses fibres, dont on devinait sans mal les pulsations et contorsions, sans immédiatement en comprendre les causes et raisons. L’ensemble demeurant tout de même beau, et unique au monde : il existait en fait assez peu de villes ainsi implantées au centre d’un lac. Les îles marécageuses colonisées des siècles plus tôt par les nahualtèques s’étaient étendues puis divisées, et l’ensemble avait quelque-chose d’assez saisissant. Loin au nord, on devinait les sommets les plus élevés de la cordillère, et les aqueducs médiévaux qui courraient le long de leur flanc, alimentant les fontaines de dizaines d’anciens temples. Des cultures en terrassent sillonnaient entre les vieilles redoutes nahualtèques. Plus bas, sur l’eau, on pouvait voir des triangles blancs ou colorés. Une régate de voiliers ici, des pêcheurs par là, un appareil de fret s’approchant de la grande digue au centre du plan d’eau. Et de l’autre côté, l’eau salée, et les flottes de pêche lacustre qui attentaient patiemment aux quais des villages de pisciculture.

Au centre de Lac-Rouge, on devinait plusieurs places rectangulaires qui correspondaient au centre-ville des trois sites urbains qui avaient fusionné pour donner la cité actuelle. Le plus important d’entres-eux étaient aussi la destination vers laquelle semblait se diriger la Croix du Sud. On expliqua qu’il s’agissait de la commune administrative spéciale d’Axis Mundis, et que les deux imposantes pyramides à niveau que l’on pouvait apercevoir au bout de la place dataient – concernant leurs fondations au moins – d’environs sept siècles. Dans l’ensemble, la commune administrative spéciale d’Axis Mundis semblait divisée en plusieurs sections, toutes séparées du reste de la ville par un mur d’enceinte médiéval et de larges canaux. Il y avait un certain nombre de monuments historiques – anciennes académies, anciens palais, anciens tribunaux – et quelques bâtiments plus modernes, isolés au cœur de grands jardins forestiers afin, sans doute, de ne pas gâcher le paysage préserve de la vieille ville nahualtèque. Pourtant l’ensemble avait sans doute été rénové plus d’une fois, déjà durant la colonisation, mais même après. Il était par exemple peu probable que la piste sur laquelle se posa le ballon dirigeable, au creux d’un des palais de la place monumentale, ait été pensée dès sa conception pour ce genre d’usage. Peut-être s’agissait-il d’un ancien jardin, ou d’un lieu à l’usage rituel désormais désuet. La vérité se trouvait entre les deux : de nombreux bâtiments d’époque n’avaient après estimation pas présentés un intérêt historique ou archéologique évident. Ils avaient dès-lors étaient reconvertis, voir rasés et remplacés par des structures utiles adoptant les traits architecturaux des bâtiments conservés. Quand il avait fallu faire un choix, on avait décidé que le mélange du nahualtèque d’origine avec l’eurysien colonial et le nazuméen des derniers jours avait quelque-chose d’esthétiquement fâcheux, et on avait isolé chaque style architectural dans ses quartiers, selon la présence de monuments notables de chaque culture.

Ce que purent constater les kommunateranos, en descendant de la passerelle de débarquement, c’est que le climat était très doux en cette période de l’année. On annonçait vingt-deux degrés, ce qui était même assez chaud pour la saison. La ville était située sur un plateau montagneux qui lui assurait un climat tempéré, lui-même rafraîchit par la présence du lac et l’utilisation d’un certain nombre de méthodes traditionnelles développées par les civilisations autochtones et conservées y compris après la colonisation, notamment des genres de badguir, tours dédiées à l’évaporation de l’eau, implantées sur la plupart des bâtiments et générant des courants d’air frais.

Au sol, les invités furent accueillis par un petit groupe de la garde d’Axis Mundis, pour la plupart des vétérans de la révolution que la fonction actuelle, globalement cérémonielle, avait métamorphosé en service de représentation permanent. Ils portaient des uniformes d’apparat noirs et rouges et des drapeaux de l’Union et du Communaterra. Plus loin, cantonnés derrière les colonnades blanches et rouges de l’ancienne cour intérieure, se trouvaient des caméras de la télévision et quelques photo-journalistes immortalisant l’instant sans encore trop savoir quelle serait la valeur historique réelle de ces futures archives. La Convention Générale s’était montrée remarquablement discrète et modérée dans sa façon de préparer la rencontre.

Pour autant, les kommunateranos furent accueillis avec la même rigueur que leurs prédécesseurs à Axis Mundis. La citoyenne Actée Iccauhtli, qui n’était plus membre du comité depuis 2007 mais conservait un rôle de premier plan dans les mécaniques du commissariat aux affaires étrangères (et dans une moindre mesure dans celui aux affaires éducatives, qu’elle avait cependant moins durablement marquée de son emprunte) était en première ligne. Elle portait un complet gris très long au col duquel elle avait accrochée une fleure jaune. Une autre fleure, blanche, était accrochée du côté opposé, dans ses cheveux. Elle inclina légèrement la tête à l’adresse de ses invités puis esquissa trois pas dans leur direction avant de leur parler ; Elle s’exprimait d’un ton clair et parfaitement audible, se refusant à parler l’esperanto qu’elle avait toujours trouvée profondément problématique du fait de ses origines strictement artificielles et eurysiennes, elle parlait espagnol, dont on lui avait dit qu’il s’agissait d’une langue parlée plus couramment là-bas.

« Bienvenue à Axis Mundis et au Grand Kah, camarades. Je suis la citoyenne Actée Iccauhtli. Je vous accompagnerai jusqu’à la convention générale où aura lieu la rencontre. »

Elle plaça son bras autour de celui de Xaiomara et fit un sourire ravissant à l’adresse des caméras, puis se mit en marche d’un pas tranquille. Le duo traversa un jardin intérieur puis les grands halls vides de ce qui fut un temps avait été un palais dédié à l’éducation des jeunes guerriers nahualtèque, et servait depuis de salle polyvalente et d’aérodrome. Derrière eux, les gardes cérémoniels suivaient sans ordre précis, portant leurs étendards et leurs bannières, reproduisant l’impression d’une foule ou d’un cortège. Actée souriait.

« L’architecture est globalement d’époque. Il n’y avait pas encore de notion pleinement décoloniale, en 1782, mais l’impact important des premiers peuples sur la politique des révolutionnaires et leur victoire a instantanément imposé une forme de respect pour leur héritage culturel. Même plus tard, lors des périodes impériales, les dictateurs et leurs proches ont préféré sauvegarder la puissance évocatrice de ces monuments »

Elles prirent une volée de marche et débouchèrent sur une rue piétonne droite, pavée de pierres blanches ; Des ranges d’arbres projetaient un semblant d’ombre sur les voies qui courraient le long des grands bâtiments blancs à colonnades cernant la rue. On pouvait entendre des éclats de voies, des discussions, quelques rires. Actée continua sa petite explication d’un ton léger, indiquant au bout de l’allée le grand bâtiment de la convention générale. Une façade à degré, blanche bleu et rouge, cernée de fenêtres régulières et surmontée de créneaux rouges qui devaient sans doute représenter le corps d’un serpent, dans la plus pure tradition septentrio-paltoterranne classique.

« Ce que vous entendez ce sont des débats en cours. Ces bâtiments servent de lieu de réunion pour les commissariats et les guildes de Lac-Rouge. Il y a aussi plusieurs espaces dédiés aux comités ad hoc et aux initiatives citoyennes sans structures précises. Elle marqua un temps. Je ne suis pas renseignée sur les sujets du jour. Je suppose qu’ils débattent encore de la situation avec les pochteca orientaux. »

Elle n’expliqua pas plus en détail à quoi pouvait correspondre cette situation. Les pochtecas étaient des structures traditionnellement chargées d’organiser les marchés régionaux. Ces syndicats existaient au sein d’un océan de structures devant, à tout instant, négocier des droits et des intérêts. Même dans une économie d’abondance il existait une place importante pour la négociation. Ou bien peut-être qu’il s’agissait simplement d’une survivance de la culture autochtone, qui avait toujours fait la part belle aux discussions de cet ordre.

Arrivée sur le parvis de la Convention générale, Actée lâcha le bras de son invité et inclina la tête, faisant en fait signe aux quelques individus qui attendaient jusque-là à l’ombre des colonnes et descendaient maintenant à leur rencontre. Il y avait un certains nombres de députés mais surtout, en têtes, les membres du comité de volonté publique. Ils formaient un ensemble disparate mais pas incohérent. Meredith était grande, l’air sévère, et portait du noir. Caucase, qui s’habillait dans tes tons similaires, affichait un sourire bienveillant et ouvert malgré le continent de cicatrices qui lui couvrait le visage. Arko Acheampong, dit "le chiffre", faisait petit fonctionnaire Nazum, tandis qu’Aquilon, avec ses lunettes rondes et son sourire crispé, avait plutôt l’air d’un de ces députés radicaux, réfléchissant systématiquement à chaque situation comme un joueur d’échec l’aurait fait pour son prochain mouvement. Il était bordé par Kisa Ixchet, une belle nahualtèque aux vêtements colorés et arborant un brassard de la convention – elle était seule à le porter — et Styx Notario, une petite femme qui semblait faire de son mieux pour disparaître dans l’ensemble, qui observait les choses rapidement, comme un oiseau, avant de passer à la suite. Rai Itzel Sukaretto, enfin, était toujours et encore la "princesse rouge". La fille du dernier empereur portait des vêtements punks rouges et noirs. Impossible d’oublier qu’elle avait participé à relancer certains styles au sein de l’Union, elle se faisait un devoir de rester leur égérie.

Ce fut Caucase qui parla en premier, de son ton d’ancien tribun. Il portait sur lui le calme tranquille d’un homme qui, après avoir passé des années à défendre les communes agraires et l’harmonisation économique de l’Union, avait enfin pu appliquer ses idées à l’échelle confédérale. L’avocat des campagnes était au somme de sa lutte, et il le savait, sans que ce sentiment ne lui apporte quoi que ce soit d’autre qu’une forme de vague satisfaction.

Tout modéré qu’il était, il fit bon accueil à celle qu’il avait déjà identifiée comme une enfant à problème pour la révolution.

« Nous sommes ravis de recevoir une représentante du nouvel enfant de la révolution. Nous avons beaucoup de choses à nous dire. Merci, Actée. »

La citoyenne acquiesça et s’écarte de quelques pas pour rejoindre Aquilon et Styx, avec lesquels elle se mit à parler à voix basse. Le cortège pénétra à l’intérieur de la Convention et pris position, enfin, dans une salle de réunion située à proximité de l’amphithéâtre de l’assemblée.

C’était une salle de réunion kah-tanais, soit un ensemble de coussins entourant une table basse elle-même perdue au milieu d’un jardin de sable et de pierres. Une baie vitrée donnait sur un jardin floral où s’agitait lentement une fontaine à bascule en bambou. On proposa du thé, du café glacé et du maté à l’invité, puis on se mit en place. Ce fut Meredith qui fit le service, avant d’enfin s’asseoir.

« Nous avons beaucoup de choses à aborder. Vous aurez peut-être remarqué qu’il n’y avait ni bain de foule ni conférences de presse, nous préférons garder ces… Badineries pour plus tard. En fait, précisa Des pavés, vous êtes même la bienvenue si vous désirez rester quelques jours au Grand Kah pour vous familiariser un peu avec nos citoyens et notre culture. »

Meredith acquiesça avant de reprendre.

« Nous avons cru comprendre que votre révolution se faisait sur des bases libertaires, au sens large du terme. Ce que nous ne pouvons que célébrer.
Chaque fois que le Kah essaime c’est une fête pour toute l’humanité, précisa Aquilon pour qui il était important de rappeler l’origine des idées qui avaient triomphé plus au sud. Meredith continua.
Maintenant nous aimerions savoir à quoi nous en tenir avec le Communaterra. Par là nous voulons signifier que si nous ne croyons pas nécessairement en l’unité d’action au sein du mouvement international, nous ennemies n’hésiteront pas, eux, à nous essentialiser de la sorte. Nous devons par conséquent jeter au plus tôt les bases d’une coopération dans l'ensemble des domaines ou cela pourra être jugé utile. En fait, nous ne savons pas exactement quels pouvoirs vous délègue votre mandat, et donc ce qui peut être discuté ici en termes utiles ; Ce pourquoi nous allons surtout vous poser des questions.

Quelle est la ligne voulue par votre république ? Votre politique régionale à court, moyen et long terme ? Comment envisagez-vous l’avenir, comment estimez-vous que la lutte internationale doive s’organiser ?

Comme vous le savez, expliqua le chiffre, votre mouvement s’intègre dans une dynamique déjà en cours. Le mouvement international, fermement organisé, suit déjà un certain axe, nous sommes curieux de voir s’il coïncide avec ce que vous-même envisagez.
Enfin, conclus Meredith, il va nous falloir parler de la région et de ce qui s’est passé avec Sylva et — potentiellement — avec d’autres pays tels que la première puissance militaire mondiale, dont vous avez piqué la curiosité, selon les rapports à notre disposition. »

Elle laissa s’écouler un silence qu’elle passa à siroter une gorgée de thé. Elle reposa la tasse avec un soupir satisfait, puis posa son regard sur son invitée, lui souriant.

« Ce qui est plutôt dommageable, » précisa-t-elle enfin.
Rencontre entre le Grand Kah et la Communaterra.

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Dans un contexte où la République des Comités de la Communaterra se trouvait au cœur d'échanges diplomatiques cruciaux, la correspondance entre la Citoyenne Actée Iccauhtli et la Présidente du Comité de Bon Gouvernement Xaïomara prenait une tournure inattendue. L'annonce de la rencontre entre ces deux nations, acceptée par le Grand Kah, marquait un moment décisif dans l'histoire de la Communaterra.

Au sein des Comités, qui étaient coutumiers de la concertation sur toutes les questions d'importance, une réunion préliminaire était planifiée pour la veille de la rencontre officielle. Cependant, une dynamique révolutionnaire nouvelle émergea avec l'initiative d'Anarko-Voco, soutenu par le puissant Comité de la Zone de Jurnima. Ils proposèrent la tenue d'une assemblée exceptionnelle, convoquant tous les Comités pour débattre de l'intérêt même de cette rencontre et de la nature des lettres de camaraderie échangées.

Cette démarche singulière était en réalité liée à une procédure particulière, connue sous le nom de "Risko de atako al la Revolucio", soit littéralement le "Risque d'atteinte à la Révolution". Selon cette procédure, si un Comité de Zone ou de District décidait de l'enclencher, l'ensemble des Comités étaient tenus de se réunir afin de délibérer sur la thématique spécifique qui avait motivé le déclenchement de la procédure. En l'occurrence, le sujet de discussion était la rencontre imminente et les échanges de correspondance avec le Grand Kah.

Ainsi, dans un élan de démocratie directe, les citoyen-ne-s se rassemblèrent au sein de leurs Comités respectifs en ce jour radieux de mois de prairial. L'atmosphère était chargée d'anticipation et d'excitation, alors que les débats s'engageaient sur la scène politique komunateranos. Chacun des Comités apportait sa perspective unique, alimentant le dialogue sur la direction que devait prendre la République des Comités de la Communaterra face à cette rencontre diplomatique d'une importance cruciale.

Le regard perçant d'Anarka-Voco, la grande anarchiste parmi les éminents membres des Comités de la Communaterra, se posait avec une intensité inébranlable sur la scène politique qui se dessinait. Face à la perspective de pactiser avec les réformistes du Kah, elle ne mâchait pas ses mots et dénonçait avec une franchise déconcertante la faiblesse de cette approche.

"Diable! Pacter avec ces soi-disant réformistes du Kah serait une trahison envers les principes mêmes de notre Révolution!", s'exclama-t-elle d'un ton acéré lors de la réunion exceptionnelle. "On ne peut pas construire un avenir égalitaire en se compromettant avec ceux qui se contentent de quelques ajustements superficiels. Les vrais révolutionnaires ne marchandent pas avec les nations bourgeoises et capitalistes, ils les défient jusqu'à leur effondrement!"

Anarka-Voco, connue pour son intransigeance idéologique, ajouta avec un mépris non dissimulé : "Regardez ce Kah, une nation qui se vante d'une histoire de 200 ans, et qu'a-t-elle accompli dans le monde révolutionnaire? Pas grand-chose, je vous le dis. Deux siècles de tiédeur et de compromis ont transformé cette nation en un exemple flagrant du manque de ferveur révolutionnaire. On ne peut pas s'associer avec des perdants qui n'ont pas su porter haut les flambeaux de la lutte pour la libération du prolétariat mondial."

Son discours était marqué par un ton incisif et une honnêteté brutale qui ne laissait place à aucune équivoque. "Si nous nous engageons dans cette voie, nous diluerons la force de notre idéal. Nous devons être intransigeants dans notre quête de véritables alliés révolutionnaires, ceux qui ne plient pas devant les pouvoirs corrompus et les intérêts capitalistes. Les compromis avec les réformistes ne sont que des chaînes qui entravent notre marche vers la véritable émancipation!"

Anarka-Voco, par sa clarté d'esprit et son engagement sans compromis, jetait ainsi un défi à ceux qui envisageaient des rapprochements avec des forces considérées comme compromises et diluées. Dans son monde visionnaire, l'unité révolutionnaire devait être fondée sur des principes indéfectibles, et elle ne craignait pas de confronter les compromis potentiellement néfastes pour la cause qu'elle chérissait avec passion.

Sous le regard scrutateur d'Alexandre Verlumino, le Président éclairé de la Zone de Ricajlando, la voix de la prudence et de la réflexion révolutionnaire s'éleva au sein de l'assemblée. D'une voix empreinte de la sagesse et portant les convictions mêmes qui animaient le cœur de la Révolution, il plaida pour une approche antimilitariste, axée sur la paix et la diffusion des idéaux révolutionnaires par le biais de la fraternité entre les peuples.

"Compagnons de lutte, la véritable révolution transcende les frontières et s'incarne dans la paix et la fraternité entre les nations. Notre mission est de propager les idées éclairées de la Révolution komunateranos, et c'est à travers des alliances stratégiques que nous pouvons garantir le succès de notre vision", déclara-t-il d'une voix calme mais ferme.

"Certes, le Grand Kah ne partage pas exactement notre feuille de route révolutionnaire, mais n'est-ce pas précisément là où réside l'opportunité? L'histoire nous enseigne que des alliances inattendues peuvent être des catalyseurs puissants du changement. Ne renions pas nos principes, mais soyons pragmatiques dans la poursuite de nos objectifs communs.La paix et la fraternité sont des armes puissantes dans notre arsenal révolutionnaire. Si nous pouvons établir une alliance stratégique avec le Grand Kah, nous aurons des alliés sur lesquels nous pourrons compter, des alliés qui partageront la vision d'un monde libre et égalitaire."

Il conclut son plaidoyer en invitant les camarades à adopter une perspective plus large et à embrasser l'idée que, dans cette quête révolutionnaire, les chemins inattendus pouvaient parfois mener aux sommets les plus élevés de la liberté. "C'est en unissant nos forces avec ceux qui partagent notre quête de justice que nous pourrons réellement changer le monde. N'oublions pas que la révolution ne se limite pas à nos propres frontières, mais s'étend bien au-delà, tissée dans la trame de la fraternité universelle."

Le tumulte s'empara soudain de l'assemblée, les murmures se muant en une cacophonie d'insultes et de cris acerbes. Les anarchistes, manifestement furieux, déclenchaient des invectives, lançant des qualificatifs tels que "Réformateurs !" et "Contre-Révolutionnaires !", exprimant leur opposition viscérale à toute idée de compromis avec les forces perçues comme antithétiques à la pureté révolutionnaire.

Pendant ce tumulte, les membres de la Zone de Ricajlando, fidèles à la vision de leur président Alexandre Verlumino, restaient calmes et impassibles, semblant résister stoïquement à la tempête de désapprobation. Leur conviction en la nécessité d'une alliance stratégique avec le Grand Kah ne vacillait pas, même face à la colère palpable des anarchistes.

Soudain, une onde de silence se propagea à travers la foule agitée lorsque la silhouette imposante de la Présidente Xaïomara émergea sur l'estrade. Son autorité naturelle et son charisme avaient le pouvoir de pacifier les esprits les plus agités. Le regard de Xaïomara, empreint d'une sagesse profonde, balaya l'assemblée avec une calme détermination.

Dans le sillage de ce tumulte, Xaïomara, la Présidente charismatique et éclairée, prit la parole avec une éloquence sans faille, élevant sa voix au-dessus du vacarme et captivant l'attention de l'assemblée agitée.

"Camarades de la République des Comités de la Communaterra, nous sommes réunis ici, non pas pour céder à la division, mais pour forger une unité indestructible au nom de notre idéal révolutionnaire commun. Les voix passionnées que nous entendons aujourd'hui ne sont pas un signe de faiblesse, mais une démonstration de la vigueur de notre engagement envers la cause de la liberté et de l'égalité."


Son regard perça la foule, marqué par une détermination calme, tandis qu'elle continuait à parler avec une franchise inébranlable. "Nous sommes confrontés à des choix cruciaux, des choix qui détermineront le cours de notre Révolution. Certains parmi nous appellent à la pureté idéologique, à la fermeture des portes à toute forme de compromis. D'autres voient dans l'alliance une opportunité stratégique pour renforcer notre lutte."

Xaïomara prit une courte pause, laissant ses mots résonner dans le silence qui s'était installé. "En tant que Présidente du Comités de Bon Gouvernement, il est de ma responsabilité de guider notre République vers un avenir où la Révolution peut fleurir et prospérer. La décision que nous prenons aujourd'hui déterminera notre destin."

D'un ton fort et clair, elle annonça la décision qui émanait des Comités, incarnant la voix de la Communaterra. "Nous ne cèderons pas à la division. Au contraire, nous embrasserons l'opportunité de nous rendre au Grand Kah, portant avec nous nos convictions inaltérables. Alexandre Verlumino et Anarka-Vocô, nos camarades dévoués, nous accompagneront dans cette mission cruciale. Ils m'accompagneront, moi ainsi que ma femme bien-aimée."

Xaïomara conclut son discours avec une détermination palpable, incarnant la leadeuse indéfectible que la République des Comités de la Communaterra attendait. "Que notre voyage au Grand Kah soit le symbole de notre détermination à modeler notre avenir, à transcender les différences pour forger une Révolution qui illuminera l'horizon de la liberté et de la justice. Ensemble, nous marcherons vers l'aube d'une ère nouvelle, guidés par l'esprit intrépide de notre Révolution!"

L'effet du discours de la Présidente Xaïomara était palpable dans l'atmosphère agitée de l'assemblée. Les anarchistes, après un échange de regards complices, semblaient trouver la proposition de la Présidente sage et mesurée, une voie médiane entre les extrêmes qui divisaient l'assemblée. La clarté de la vision de Xaïomara et son appel à l'unité avaient réussi à tempérer les esprits ardents.

Les membres de la Zone de Ricajlando, quant à eux, étaient déjà convaincus de la justesse de la proposition présidentielle. Leur calme apparent face à l'opposition précédente contrastait avec la détermination croissante à suivre la voie tracée par Xaïomara.

À l'unanimité, à l'exception d'Anarka-Voco qui exprimait son désaccord, la proposition de la Présidente Xaïomara fut adoptée. L'assemblée avait ainsi décidé de dépêcher une délégation composée de Xaïomara elle-même, accompagnée de sa femme, Anarka-Voco et Alexandre Verlumino, vers le Grand Kah.
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Le jour du départ était arrivé, et le "La Croix du Sud", majestueux zeppelin solaire, avait atterri en Communaterra. L'atmosphère était électrique, imprégnée de l'incertitude qui planait sur cette mission historique. L'ensemble de la délégation se tenait prêt, vêtu de manière impeccable, exprimant à la fois détermination et anticipation.

Les journalistes s'étaient massés en nombre pour immortaliser ce moment crucial devant le zeppelin. Le cliquetis des appareils photo résonnait dans l'air, capturant chaque visage, chaque regard chargé d'espoir et d'interrogation. Personne ne pouvait prédire le destin de cette délégation, mais tous comprenaient que cette image pouvait s'avérer historique, indiquant une nouvelle direction pour la Révolution des Comités de la Communaterra.

Devant le zeppelin solaire, Xaïomara, accompagnée de sa femme, Anarka-Voco et Alexandre Verlumino, se tenait avec une prestance résolue. Leurs silhouettes se dessinaient contre le ciel, symbolisant la volonté de la Communaterra de franchir les frontières pour propager les idéaux révolutionnaires.

C'était un moment figé dans le temps, empreint de la promesse de l'inconnu. Les regards capturés par les objectifs des journalistes témoignaient du poids de l'histoire qui se déroulait. La délégation allait prendre son envol vers le Grand Kah, portant avec elle les aspirations et les espoirs de tout un peuple.

Les murmures de la foule, le cliquetis des appareils photo et le vrombissement du zeppelin solaire formaient une symphonie singulière, marquant le début d'une nouvelle page dans le livre de la Révolution. La Communaterra, à travers cette délégation audacieuse, s'apprêtait à écrire un chapitre inédit, laissant derrière elle l'empreinte de ses idéaux indomptables dans le ciel de l'histoire.

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Tenues et look de la délégation lors de leur voyage et une fois sur place :
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Présidente Xaïomara :
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Femme de Xaïomara :
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Anarka-Voco :
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Alexandre Verlumino : o


L'heure tant attendue était enfin arrivée. La délégation, unie dans sa diversité et sa détermination, monta à bord du "La Croix du Sud". Les regards échangés entre les membres de la délégation traduisaient une alliance solide, une communion d'idéaux et un engagement partagé envers la cause révolutionnaire.

À bord du zeppelin solaire, l'excitation mêlée à une pointe d'anxiété électrisait l'atmosphère. Les membres de la délégation occupaient leurs places avec une détermination tranquille. Xaïomara, sa femme, Anarka-Voco et Alexandre Verlumino, se retrouvaient ensemble dans cette capsule volante, prêts à faire face à l'inconnu qui les attendait au-delà des frontières de la Communaterra.

Les moteurs du zeppelin solaire vrombirent, les hélices commencèrent à tourner, et lentement, la délégation prit son envol. Le sol se recula peu à peu, les contours de la Communaterra s'effaçant dans l'horizon. Les rayons du soleil baignaient la scène d'une lumière dorée, évoquant à la fois le départ vers l'aventure et la responsabilité de porter les idéaux révolutionnaires au-delà des limites connues.

Ainsi, le "La Croix du Sud" s'éleva majestueusement dans le ciel, laissant derrière lui le territoire familier de la Communaterra. Les membres de la délégation, solidaires dans leur destinée commune, observaient ensemble le paysage changeant sous eux, tandis que le zeppelin solaire amorçait son vol vers le Grand Kah.

Assises côte à côte dans la cabine du "La Croix du Sud", Xaïomara et sa femme partageaient un moment d'intimité avant le début de leur voyage vers le Grand Kah. La lumière tamisée de la cabine caressait leurs visages, révélant des expressions de confiance et de complicité.

La femme de Xaïomara, une force tranquille au regard passionné, avait un air romantique dans ses gestes et une aura qui reflétait son amour inconditionnel pour sa compagne. Ses doigts s'entrelaçaient doucement avec ceux de Xaïomara, comme un lien indissoluble entre deux âmes unies par la force d'une connexion profonde.

Les yeux de la femme de Xaïomara brillaient d'une lueur particulière, celle de l'amour qui transcende les défis et les distances. Son regard était tourné vers Xaïomara avec une admiration silencieuse, capturant chaque détail de son visage, comme si elle cherchait à graver dans sa mémoire chaque instant passé ensemble.

Alors que le zeppelin solaire amorçait son envol, les deux femmes se laissèrent envelopper par une bulle d'intimité. Un sourire complice passa entre elles, symbole d'une compréhension mutuelle et d'un lien qui défiait le temps et l'espace.

Le doux murmure du vol du zeppelin créait une ambiance feutrée, propice à l'échange de paroles sincères entre les deux femmes. Les regards complices évoluèrent vers un échange de sourires, éclairant leurs visages d'une lumière douce et apaisante.

Xaïomara : "C'est une mission cruciale qui nous attend, mon amour. Nous devons nous assurer que la voix de la Révolution résonne avec force au Grand Kah."

Sa femme, avec un sourire tendre, répondit : "Je n'ai aucun doute que nous réussirons, ma chère. Nous avons traversé tant d'épreuves ensemble, et chaque défi n'a fait que renforcer notre détermination."

Xaïomara : "Tu es mon roc, ma force. C'est avec toi à mes côtés que je trouve la confiance nécessaire pour guider notre République vers de nouveaux horizons."

La femme de Xaïomara, caressant doucement la main de sa compagne, murmura : "Et toi, tu es le feu qui anime notre lutte. Chaque regard que tu poses sur l'avenir de notre peuple me rappelle pourquoi je suis follement éprise de toi."

Xaïomara, souriant avec une tendresse infinie:: "Alors, allons ensemble vers l'inconnu, main dans la main. Quoi qu'il arrive, notre amour sera notre boussole, et nous tracerons un chemin vers un avenir où la Révolution brillera de tout son éclat."

La femme de Xaïomara, souriant malicieusement, glissa doucement : "Tu sais, ma chère présidente, tu devrais déléguer un peu plus. La charge de travail te pèse, et je crains que ton zèle révolutionnaire ne t'emmène à négliger quelques moments de bonheur simples."

Xaïomara, riant légèrement, répliqua : "C'est vrai, je suis parfois trop absorbée par les affaires de l'État. Mais tu es là pour me rappeler que la vie est faite de petits plaisirs aussi, n'est-ce pas ?"

La femme de Xaïomara, d'un air taquin, répondit : "Exactement. J'ai d'ailleurs entendu dire que le Grand Kah a d'excellents cafés. Peut-être qu'une pause détente dans l'un d'eux pourrait être bénéfique pour la présidente surchargée que tu es."

Xaïomara, esquissant un sourire complice, répliqua : "Tu me connais bien. Un bon café pourrait en effet être le remède parfait. Et qui sait, peut-être aurons-nous l'occasion de savourer ensemble quelques instants de tranquillité dans ce pays étranger."

Sa femme, de manière plus sérieuse cette fois, dit doucement : "J'apprécie toutes les batailles que tu mènes, mais n'oublie pas que parfois, la plus grande victoire réside dans la paix intérieure."

Xaïomara, touchée par ses paroles, répondit : "Tu as raison. Je suis reconnaissante de t'avoir à mes côtés, pour équilibrer le tumulte de ma vie publique. Et toi, ma chère, comment se porte ton travail ?"

La femme de Xaïomara, partageant un regard complice, dit avec un sourire : "La vie quotidienne, avec ses hauts et ses bas. Mais savoir que tu es là, c'est ce qui rend chaque défi beaucoup plus supportable."


Xaïomara, reprenant une conversation plus légère, suggéra avec enthousiasme : "Tu sais, en parlant de changements, j'ai pensé à redécorer un peu notre appartement à notre retour. Qu'en penses-tu ?"

Sa femme, un sourire malicieux aux lèvres, répondit : "Enfin, l'idée me plaît bien. Notre chez-nous pourrait certainement bénéficier d'un peu de renouveau. As-tu quelque chose de précis en tête ?"

Xaïomara, tout en réfléchissant, expliqua : "Je pensais à quelque chose de plus chaleureux, peut-être des tons plus doux pour les murs. Et peut-être une touche d'art, quelque chose qui reflète notre histoire commune et nos aspirations."

Sa femme, enthousiaste, ajouta : "C'est une excellente idée. Peut-être pourrions-nous également envisager de déplacer certains meubles pour créer un agencement plus convivial. Je vois bien un coin lecture confortable près de la fenêtre."

Xaïomara, acquiesçant, dit : "Oui, une ambiance plus accueillante. Et peut-être quelques plantes pour apporter un peu de nature à l'intérieur. On pourrait aussi chercher des pièces artisanales, soutenir les artistes locaux, qu'en penses-tu ?"

Sa femme, approuvant l'idée, répondit : "J'adore cette idée. Ce serait non seulement esthétique, mais cela apporterait une touche d'authenticité à notre espace. Et pourquoi pas une étagère avec nos livres préférés ?"

Xaïomara, souriant, ajouta : "Absolument. Une étagère remplie de nos lectures préférées, un espace où l'on peut se replier avec un bon livre. Ça sonne comme une idée parfaite. Merci d'être toujours partante pour mes projets, même quand ils concernent notre humble demeure."

Sa femme, lui lançant un regard affectueux, dit : "C'est notre chez-nous, mon amour. Tout ce qui le rend plus agréable et confortable me plaît. Et puis, cela nous donnera un projet à partager ensemble à notre retour."


Sous la lueur douce de la lune, Xaïomara et sa femme s'étaient installées à la fenêtre de leur cabine à bord du "La Croix du Sud". Le zeppelin solaire planait majestueusement au-dessus des montagnes et jungles Paltoteriennes, offrant un spectacle naturel saisissant. Les étoiles scintillaient dans le ciel nocturne, jouant une symphonie d'éclats argentés.

Xaïomara, captivée par la beauté du paysage, murmura doucement : "Regarde comme c'est incroyable, ma chère. Les montagnes Paltoteriennes sont vraiment un spectacle à couper le souffle."

La femme de Xaïomara, le regard tourné vers les sommets majestueux, répondit d'une voix empreinte d'émerveillement : "C'est vrai, on dirait un tableau vivant. Les montagnes se dressent avec une noblesse silencieuse, comme des gardiennes éternelles de cette terre mystique."

Xaïomara, laissant son regard se perdre dans l'horizon infini, ajouta avec une touche poétique : "Les cimes des montagnes caressent le ciel, comme des doigts effleurant les étoiles. On peut presque entendre le murmure des vallées et le souffle du vent entre les pics."

Sa femme, souriant, se rapprocha d'elle et posa délicatement sa main sur la sienne. "C'est comme si la nature elle-même nous offrait un spectacle rien que pour nous. Un rappel que, même au milieu de nos vies trépidantes, il y a des moments de calme et de beauté infinie."

Xaïomara, tournant son regard vers sa femme, répondit avec une tendresse infinie : "Et tout cela, je le partage avec toi. Ces moments où le monde semble s'arrêter, où les montagnes et la nature deviennent le décor de notre propre romance."

Sa femme, regardant fixement Xaïomara, murmura : "Notre propre histoire inscrite dans les étoiles et les montagnes. C'est une aventure magnifique que nous vivons ensemble, mon amour."

Les deux femmes restèrent silencieuses, absorbées par la grandeur du paysage qui s'étendait devant elles. Les montagnes Paltoteriennes se dressaient comme des sentinelles majestueuses, tandis que le zeppelin solaire continuait sa traversée silencieuse à travers la nuit étoilée. Les émotions partagées, les regards échangés, et la beauté éternelle du monde extérieur semblaient fusionner dans une harmonie parfaite, créant une scène d'une romance naturelle et éternelle.

La lueur argentée de la lune baignait la cabine, créant une atmosphère intime propice aux confidences et à la connexion profonde. Xaïomara et sa femme, enlacées, se perdirent dans le spectacle hypnotique devant elles.

Le zeppelin solaire glissait sans bruit au-dessus des montagnes Paltoteriennes, et le silence était seulement rompu par le doux murmure du vent et le léger frôlement des étoiles dans le firmament. Leurs cœurs battaient au rythme de cette symphonie céleste, unissant leurs âmes dans une danse silencieuse.

Xaïomara, laissant ses doigts glisser doucement sur la main de sa bien-aimée, murmura à voix basse : "C'est comme si le temps ralentissait ici, comme si chaque instant était suspendu dans l'éternité. Ces montagnes ont une manière unique de nous envelopper dans une bulle hors du temps."

Sa femme, captivée par la vision, répondit avec une douceur infinie : "Et pourtant, dans cette immensité, je me sens petite et humble. Ces montagnes et ces jungles ont des histoires à raconter, des secrets à partager. On dirait qu'elles sont le gardien des récits de ce monde."

Xaïomara, observant les cimes éclairées par la lueur lunaire, ajouta avec un ton contemplatif : "Elles sont le témoignage de l'immuabilité du temps, mais aussi de sa beauté changeante. Les montagnes sont là depuis des éons, mais chaque nuit, elles se parent d'une nouvelle lumière, d'une nouvelle histoire."

Sa femme, souriante, embrassa tendrement la joue de Xaïomara et dit : "Comme nous, mon amour. Chaque jour, nous écrivons notre histoire, laissant notre amour évoluer avec chaque aube qui se lève. Et cette aventure, partagée avec toi, est ma plus belle histoire."

Xaïomara, émue par ses paroles, répondit avec une sincérité profonde : "Chaque moment avec toi est comme une poésie, une mélodie douce qui accompagne les instants précieux de nos vies. Nous sommes les autrices de notre propre histoire, et je suis reconnaissante d'avoir une telle plume à mes côtés."

Les deux femmes restèrent silencieuses, laissant l'étreinte du paysage et de leur amour les envelopper. La magie de la nuit, le parfum de l'air et la présence apaisante l'une de l'autre formaient un tableau intemporel, une toile où leurs cœurs s'entrelaçaient avec les montagnes et les étoiles, dans une éternité d'amour et de beauté infinie.

Alors que la magie des montagnes Paltoteriennes continuait d'envelopper la cabine, Xaïomara, cherchant un changement de ton, s'exclama doucement : "Je me demande, imagine un instant si nous avions un jardin à nous. Un petit coin de terre où la nature et notre amour pourraient s'épanouir."

Sa femme, souriant à l'idée, répondit avec enthousiasme : "Oh, ce serait merveilleux ! Un jardin rien que pour nous, avec des fleurs aux couleurs éclatantes et des arbres qui dansent au gré du vent. On pourrait y passer nos journées, à cultiver l'amour et la beauté."

Xaïomara, rêveuse, ajouta : "Peut-être des herbes aromatiques qui parfumeraient l'air et des roses qui témoigneraient de l'éclat de nos sentiments. Un endroit où l'on pourrait s'échapper, où chaque plante serait le témoin silencieux de notre amour grandissant."

Sa femme, laissant son imagination vagabonder, suggéra avec un clin d'œil : "Et pourquoi pas un petit banc, caché sous un arbre, où nous pourrions nous asseoir, main dans la main, à contempler le monde fleurir autour de nous."

Xaïomara, charmée par l'idée, répondit avec un sourire complice : "Un banc où nous pourrions échanger des secrets avec les oiseaux et les papillons, où chaque soupir du vent serait une caresse de la nature. Un coin paisible où le temps s'écoulerait lentement."

Sa femme, riant doucement, dit : "Et bien sûr, nous aurions nos petites disputes amicales sur quelle plante choisir ou sur l'emplacement idéal pour le banc. Une façon de faire de notre jardin un lieu vibrant de vie et de dynamisme."

Xaïomara, partageant son rire, conclut avec un brin de malice : "Et si jamais nos querelles hortico-amoureuses devenaient trop intenses, nous aurions toujours les montagnes Paltoteriennes pour nous rappeler que la grandeur de la nature dépasse nos petites disputes."

Les deux femmes, désormais plongées dans l'imaginaire d'un jardin qui n'existait que dans leurs rêves partagés, échangèrent des regards complices. Le paysage extérieur, avec ses montagnes majestueuses, semblait approuver cette déviation vers des pensées plus douces et plus légères, comme si la nature elle-même célébrait l'amour sous toutes ses formes.

Alors que Xaïomara et sa femme partageaient des rêveries de jardinage, le silence romantique fut brusquement interrompu par la porte de la cabine qui s'ouvrit avec vigueur. Anarka Voco, la figure rebelle et assertive des Comités, fit une entrée sans équivoque, l'expression déterminée gravée sur son visage.

"Ah, vous deux et vos rêveries bucoliques", lança Anarka Voco d'un ton moqueur, croisant les bras d'un air provocateur. "Je croyais que nous avions une mission sérieuse à accomplir ici. On dirait que je me suis trompée de cabine."

Xaïomara et sa femme, un peu prises au dépourvu, échangèrent un regard amusé avant de sourire à Anarka Voco. Xaïomara s'avança pour accueillir leur invitée impromptue. "Anarka, tu sais bien que même les révolutionnaires ont besoin de moments de détente. Asseyons-nous, veux-tu ?"

Anarka Voco, sans se laisser attendrir, s'installa à la table avec un air désinvolte. "Très bien, parlons de votre petit jardin secret plus tard. Pour l'instant, concentrons-nous sur la mission à venir. Nous avons une rencontre cruciale avec le Grand Kah, et je veux m'assurer que vous êtes prêtes."

Xaïomara, perceptive quant à l'urgence dans le ton d'Anarka Voco, acquiesça : "Bien sûr, nous sommes prêtes à discuter de la stratégie pour la rencontre. Que proposes-tu, Anarka ?"

Anarka Voco, directe comme à son habitude, regarda les deux femmes et déclara : "Je ne veux pas de négociations en eaux troubles. Notre République des Comités de la Communaterra ne fléchira pas devant le Grand Kah. Nous devons être fermes, claires, et ne pas céder sur nos principes révolutionnaires."

La femme de Xaïomara, assise en face d'Anarka Voco, prit la parole avec calme : "Nous comprenons l'importance de rester fidèles à nos idéaux. Mais il faut aussi être pragmatiques, Anarka. Le Grand Kah n'est pas une feuille blanche, et nous devons trouver des terrains d'entente pour avancer. Ils ne sont pas des ennemies mais des alliés."

Anarka Voco, haussant un sourcil avec scepticisme, répliqua : "Terrains d'entente, compromis... Ce sont des mots qui ne devraient pas exister dans le vocabulaire d'une vraie révolution. Nous devons exiger des changements concrets, pas des accords superficiels qui ne feront que consolider le statu quo."

Xaïomara, sentant la tension monter, tenta de trouver un équilibre : "Anarka, nous ne voulons pas affaiblir notre cause, mais nous devons aussi être réalistes. Le monde évolue, et si nous voulons voir nos idéaux prendre racine, nous devons naviguer dans les eaux tumultueuses de la réalité politique et nous devons forger des alliances avec les pays des Lib."

Anarka Voco, ne semblant pas convaincue, croisa les bras et déclara : "C'est votre rencontre, mais rappelez-vous que nos idéaux ne sont pas négociables. Restez fermes, camarades, ou nous risquons de perdre plus que ce que nous gagnerons."

Un moment tendu s'installa dans la cabine du "La Croix du Sud" alors que les opinions divergentes se confrontaient. La femme de Xaïomara, ressentant la frustration monter en elle, tapa du poing sur la table avec une intensité surprenante, brisant momentanément le silence.

"Anarka Voco, tu sembles oublier tout ce que Xaïomara a sacrifié pour la Révolution !" s'écria-t-elle avec une passion contenue. "Chaque bataille qu'elle a menée, chaque décision difficile qu'elle a prise, c'était pour le bien de notre cause. Tu ne peux pas ignorer son engagement."

Xaïomara, habituellement calme et résolue, laissa transparaître un feu intérieur. Elle regarda Anarka Voco avec une détermination féroce et déclara : "Les compromis ne doivent pas devenir des concessions. Nous avons besoin de résultats tangibles, pas de promesses vides. Le Grand Kah doit sentir le poids de nos convictions."

Anarka Voco, confrontée à cette réaction plus incisive de Xaïomara, répondit d'un ton ferme : "Je ne sous-estime pas les sacrifices faits, mais nous ne pouvons pas permettre la dilution de nos principes. Les compromis sont des portes ouvertes à l'exploitation. Restons intransigeantes."

La femme de Xaïomara, ne reculant pas, ajouta : "Il ne s'agit pas de diluer nos principes, mais de trouver des moyens astucieux de les faire avancer. Les révolutions ne se font pas en claquant des doigts. Elles nécessitent parfois des tactiques subtiles."

Xaïomara, rejoignant sa femme dans la défense de leur vision, affirma avec une fermeté renforcée : "Je suis d'accord avec elle, Anarka. Nous devons être réalistes tout en restant révolutionnaires. Nous ne pouvons pas ignorer les opportunités qui peuvent surgir, même si cela signifie faire quelques compromis stratégiques."

Anarka Voco, frustrée par ce qu'elle percevait comme une déviation de l'essence révolutionnaire, croisa les bras et déclara : "Vous risquez d'ouvrir une porte que nous ne pourrons peut-être pas refermer. Mais soit, camarades, c'est votre rencontre. Faites ce que vous jugerez nécessaire, la décision m'appartiendrait les réformistes seraient pendu-e-s."

La tension dans la cabine persistait, les trois femmes se regardant avec des regards empreints de résolution et d'oppositions idéologiques. La République des Comités de la Communaterra se tenait à un carrefour, chacune de ses leaders cherchant à imprimer sa marque sur cette rencontre cruciale avec le Grand Kah. Anarka-Voco finit par partir de la cabine.

Pendant ce temps, au sein du zeppelin solaire "La Croix du Sud", Alexandre Verlumino, le président de la Zone de Ricajlando, demeurait fidèle à sa discipline quotidienne, même dans l'atmosphère particulière de la mission révolutionnaire. Tel un rituel sacré, il se dirigea vers la salle du sport, un espace restreint mais équipé pour permettre une séance d'entraînement frugale.

Vêtu de son uniforme révolutionnaire, Alexandre s'engagea dans une série de mouvements calculés, combinant une approche méditative avec une rigueur physique. Ses exercices étaient effectués avec une précision presque militaire, chaque geste révélateur de son engagement envers la santé du corps et de l'esprit.

Dans cet environnement confiné, la silhouette d'Alexandre Verlumino se mouvait avec une grâce stoïque, comme si chaque répétition avait un but plus profond que le simple exercice physique. Ses pensées semblaient se fondre dans la cadence régulière de ses mouvements, un moment de méditation en mouvement.

Après une séance intense, Alexandre se dirigea vers les vestiaires du zeppelin. La routine ne pouvait être altérée, même en prévision de la rencontre cruciale avec le Grand Kah. Il prit une douche rapide, l'eau chaude apaisant les tensions accumulées pendant son exercice.

S'habillant méticuleusement, chaque pli de son uniforme soigneusement ajusté, Alexandre Verlumino dégageait une aura d'intégrité et de détermination. Son visage, bien que marqué par les épreuves du combat révolutionnaire, reflétait la sérénité d'un esprit résolu.

Une fois prêt, il rejoignit le reste de la délégation dans la salle de réunion. Son expression demeurait impassible, mais ses yeux étincelaient d'une lueur déterminée.

De son côté, Anarka Voco, la figure rebelle au caractère tranchant, se dirigea vers la salle de projection du zeppelin. Contrairement à la sagesse méditative d'Alexandre Verlumino, Anarka préférait se plonger dans les faits et l'Histoire pour mieux comprendre les adversaires de la Révolution.

La salle de projection était une petite enclave où l'on pouvait visionner des documents, des reportages et des archives. Anarka avait appris que des informations sur l'histoire du Grand Kah étaient à disposition, et elle était déterminée à en tirer des enseignements pour la rencontre à venir.

Les lumières de la salle s'atténuèrent lorsqu'Anarka activa l'équipement de projection. Sur l'écran, des images d'archives défilaient, retraçant l'ascension du Grand Kah et les événements marquants de son règne. Anarka observa attentivement, notant chaque détail qui pourrait s'avérer utile dans la négociation à venir.

L'Histoire du Grand Kah se dévoilait sous la forme de séquences documentaires, décrivant les moments clés de son leadership, ses alliances internationales, et les politiques mises en œuvre dans le Grand Kah. Anarka, plongée dans la projection, cherchait des failles, des incohérences, ou des signes d'une volonté cachée.

Alors que les images défilaient, l'expression d'Anarka restait imperturbable. Ses yeux scrutaient chaque détail avec une intensité déterminée. Elle prenait des notes, analysant les stratégies du Grand Kah avec une acuité critique, cherchant des angles d'approche qui pourraient être exploités dans les négociations à venir.

À la fin de la projection, Anarka Voco quitta la salle de projection avec une nouvelle compréhension de l'histoire du Grand Kah. Son visage, habituellement sévère, trahissait une réflexion profonde. Elle rejoignit la délégation, prête à partager ses observations et à contribuer à la formulation d'une stratégie révolutionnaire inébranlable face au leader du Kah.
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La descente du zeppelin "La Croix du Sud" vers Axis Mundis, la capitale du Kah, fut un voyage empreint de suspense et de préparation. L'atmosphère à bord était chargée d'anticipation, chaque membre de la délégation ressentant le poids de la mission à venir. Alors que l'immensité de la ville se dessinait à l'horizon, la tension augmentait au fur et à mesure que le zeppelin amorçait sa descente contrôlée.

Le ciel, d'une teinte orangée caractéristique du crépuscule, embrassait les contours majestueux d'Axis Mundis. Les lumières de la ville s'activaient progressivement, peignant un tableau vivant de l'agitation urbaine sous le crépuscule. Le zeppelin solaire, en tant que vaisseau de la République des Comités de la Communaterra, avançait avec une grâce imposante dans ce paysage urbain.

À bord, les membres de la délégation se préparaient pour l'atterrissage imminent. Xaïomara, Alexandre Verlumino, Anarka Voco et la femme de Xaïomara se rassemblèrent dans la salle de réunion pour un dernier briefing avant de fouler le sol du Kah. Les détails de la stratégie révolutionnaire étaient discutés avec minutie, chacun apportant son point de vue dans cette ultime phase de préparation.

Pendant ce temps, le zeppelin entamait sa descente progressive. Axis Mundis, dévoilait ses secrets en s'approchant. Les toits des bâtiments étincelaient sous les derniers rayons du soleil, et les rues animées s'animaient de l'effervescence quotidienne des citoyens du Kah.

Les informations météorologiques avaient indiqué un climat exceptionnellement doux en cette période de l'année. Un vent léger caressait le zeppelin tandis qu'il s'avançait vers le sol. Les températures agréables, annonçant vingt-deux degrés, étaient une bénédiction pour la délégation, leur permettant de s'immerger dans l'environnement avec un certain confort.

Les regards des membres de la délégation étaient tournés vers les fenêtres, captivés par le spectacle qui se déployait en dessous. Les quartiers diversifiés d'Axis Mundis s'étendaient à perte de vue, chaque structure racontant une histoire dans cette toile urbaine complexe.

Le zeppelin approchait du lieu d'atterrissage prévu, une zone spécialement désignée pour les missions diplomatiques. Les techniciens à bord, surveillant les instruments avec une concentration absolue, ajustaient les paramètres pour garantir une descente en douceur. La délégation, quant à elle, se tenait prête pour le moment où elle foulerait le sol du Kah.

Lorsque les premières lueurs des projecteurs de l'atterrissage illuminèrent la plateforme d'arrivée, une vague de silence respectueux emplit la salle de réunion. Le zeppelin solaire acheva sa descente avec une précision impressionnante, touchant terre avec une légèreté qui contrastait avec sa taille imposante.

À cet instant, la réalité de la mission s'imposa de manière tangible. La délégation des Comités de la Communaterra, rassemblée devant la rampe d'accès du zeppelin, prête à entrer dans l'inconnu du Kah, ressentait le poids de l'histoire qui allait se dérouler dans les prochains jours. Chacun des membres se tenait droit, prêt à faire face au Grand Kah et à négocier au nom de la République des Comités.

Avec le bruit caractéristique des moteurs s'éteignant, la rampe d'accès s'abaissa lentement. Les premiers membres de la délégation mirent le pied sur le sol kahien, déterminés à accomplir leur mission révolutionnaire au cœur d'Axis Mundis. L'air du Kah les enveloppa, portant les promesses et les défis de cette terre inconnue.

La scène se déroulait dans le silence relatif qui suivait l'atterrissage du zeppelin. Anarka Voco, arborant une expression sérieuse et méfiante, adressa ces paroles à Xaïomara tout en posant le pied sur le sol du Kah : "Jen ni estas en la tero de la perfiduloj." ( "Nous voilà en terre des traîtres"). Les mots, teintés de méfiance, résonnaient dans l'air comme un avertissement.

Tandis que Xaïomara et sa femme répondaient au signe bienveillant d'Actée Iccauhtli en inclinant la tête, Anarka Voco adopta une posture plus défensive. Elle posa sa main sur la poignée de son épée, un geste délibéré annonçant sa vigilance et son refus de baissers les armes dans cette terre inconnue.

"Ke la revolucio brilu sur vi" soit "Que la révolution rayonne sur vous" dira Anarka, un vœu pour que la flamme de la révolution éclaire le chemin à travers les intrigues potentielles. Sa détermination, palpable dans ses paroles, soulignait la résolution des Comités de la Communaterra face aux défis qui les attendaient.

Quant à Alexandre Verlumino, le président de la Zone de Ricajlando, il opta pour une approche plus traditionnelle. Dans un geste empreint de courtoisie, il adressa un baise-main, une coutume répandue dans sa Zone.

Xaïomarempreint de détermination révolutionnaire, rencontra le regard d'Actée Iccauhtli, établissant une connexion momentanée entre deux mondes aux aspirations divergentes.

"Merci, citoyenne Actée Iccauhtli, de nous accueillir à Axis Mundis," dit Xaïomara d'une voix calme mais assurée. "Nous sommes ici dans l'esprit de la fraternité des peuples, même si nos chemins révolutionnaires peuvent différer. Nous sommes prêts à vous suivre jusqu'à la convention générale pour la rencontre avec le Grand Kah."

La citoyenne Actée Iccauhtli, dans un geste d'apparente cordialité, plaça son bras autour de celui de Xaïomara avec un sourire captivant, offrant une image de collaboration et d'accueil pour les caméras qui captaient chaque instant. Un éclat de complicité se lisait dans leurs regards, créant l'illusion d'une alliance harmonieuse.

Cependant, à l'intérieur, la femme de Xaïomara ressentit une pointe de jalousie en voyant celle qu'elle aimait se retrouver dans les bras d'une autre. Les sourires et les gestes publics pouvaient masquer bien des nuances, mais les émotions complexes étaient difficilement dissimulables.

Elle observa en silence, essayant de ravaler ces sentiments contrariants. La scène se déroulait devant les caméras du Kah, où chaque geste était méticuleusement scruté. La femme de Xaïomara, bien qu'éprouvant une pointe de jalousie, savait qu'il s'agissait d'une stratégie diplomatique, une danse de relations publiques dans l'arène politique du Kah.

Elle resserra instinctivement sa prise sur la main de Xaïomara, cherchant une connexion tangible au milieu de ce jeu de représentations. Les dédales complexes de la diplomatie exigeaient parfois des sacrifices personnels, même au niveau émotionnel.

La délégation des Comités de la Communaterra se trouvait à présent au cœur d'Axis Mundis, guidée par la citoyenne Actée Iccauhtli à travers les rues pavées de la capitale du Kah. Les bâtiments majestueux aux architectures historiques témoignaient d'une époque passée, et les détails de cette scène pittoresque captivaient l'attention de chacun.

Anarka Voco, toujours attentive à l'histoire et à ses implications, observait les bâtiments avec un regard scrutateur. Lorsqu'on lui fit part des détails sur l'architecture de l'époque révolutionnaire, elle réagit en espéranto : "Interesa observi kiel la arkitekturo portas la heredon de pasintaj tempoj kaj la influon de la unuaj popoloj en la revolucia politiko." ("Intéressant d'observer comment l'architecture porte l'héritage des temps passés et l'influence des premiers peuples dans la politique révolutionnaire.")

Pendant ce temps, Alexandre Verlumino, le président de la Zone de Ricajlando, contemplait silencieusement l'impact des premiers peuples sur la politique révolutionnaire du Kah en 1782. "L'architecture témoigne de l'histoire, de la coexistence des époques. Elle reflète l'influence cruciale des premiers peuples sur la politique des révolutionnaires. Un héritage culturel qui transcende le temps."

Xaïomara, quant à elle, ajouta avec un sourire subtil : "L'histoire et l'architecture sont des miroirs du passé, des témoins du temps. Même en des périodes impériales, la préservation de ces monuments montre le poids symbolique et la puissance évocatrice qu'ils portent."

La délégation, immergée dans l'atmosphère d'Axis Mundis, continuait sa progression à travers les rues chargées d'histoire. Chacun des membres apportait sa propre perspective à cette expérience unique, tandis que la citoyenne Actée Iccauhtli guidaient les Camarades à travers les méandres de la ville, vers la convention générale où la rencontre avec le Grand Kah allait se dérouler.

Xaïomara, le regard fixé sur Des Pavés, écouta attentivement les propositions de prolonger le séjour au Grand Kah. Un sourire sincère se dessina sur son visage alors qu'elle répondait avec chaleur : "Nous apprécions profondément votre invitation. C'est avec plaisir que nous acceptons de rester quelques jours au Grand Kah. Explorer votre culture, échanger avec vos citoyens et comprendre les nuances de votre société contribuera certainement à renforcer les liens entre nos deux nations."

Sa femme, à ses côtés, partagea un regard complice, ravie à l'idée de découvrir davantage de la richesse culturelle du Grand Kah. Xaïomara, comprit l'importance de tisser des liens au-delà des discussions politiques formelles. Cette opportunité de s'immerger dans la vie quotidienne du Grand Kah était perçue comme un pas supplémentaire vers une coopération fructueuse.

"Nous sommes impatients de découvrir plus en profondeur ce que le Grand Kah a à offrir. Merci pour votre accueil chaleureux"
, conclut Xaïomara, exprimant ainsi la gratitude de la délégation des Comités de la Communaterra.

Xaïomara, avec un regard déterminé, prit la parole pour répondre aux interrogations de ses homologues du Grand Kah. "Je tiens à clarifier que j'ai le mandat de parler et de négocier au nom des Comités de la Communaterra sur tous les sujets. Les décisions finales seront, comme le veut notre procédure, soumises au vote des Comités réunis conjointement."

Xaïomara prit une profonde inspiration avant de répondre, exposant la vision des Comités de la Communaterra avec une passion révolutionnaire. "Notre ligne politique est ancrée dans la libération du prolétariat mondial. Nous nous inspirons du marxisme pour créer un chemin vers un avenir où chaque individu, chaque travailleur, peut toucher chaque jour de plus en plus aux jours heureux de l'émancipation totale."

Elle continua, évoquant les objectifs à court terme : "À court terme, nous cherchons à développer des alliances solides avec les nations sœurs et les États prolétaires. Nous mettrons tout en œuvre pour faire comprendre notre véritable identité aux traîtres, aux ennemis colons, fascistes et bourgeois. Nous ne reculerons pas devant l'écrasement de ceux qui s'opposent à la cause de la libération. Nous souhaitons également rejoindre le Liberalintern"

Puis, elle aborda la perspective à moyen et long terme : "Nous aspirons à développer une capacité militaire d'autodéfense, nécessaire pour mener des actions servant le prolétariat mondial et régional sans risque. Nous visons la décolonisation de la Paltoterra, notamment avec la libération de la colonie de Caratrad, et espérons voir la libération de la Caméthée et d'autres régions de lutte et terres de révolution."

Quant à la question sur l'avenir et l'organisation de la lutte internationale, Xaïomara répondit avec conviction : "La lutte pour la libération des prolétaires et des femmes doit s'organiser par tous les moyens possibles. Cela inclut la coopération des États libres, comme les Lib, et notre souhait de créer une Ligue Internationale des Travailleureuses pour renforcer la solidarité mondiale."

Cependant, au milieu de ses affirmations, Anarka Voco interrompit brusquement, exprimant des désaccords avec certains aspects de la politique à long terme. Elle évoqua la nécessité de privilégier les alliances avec des mouvements révolutionnaires purs, sans compromis.

Ensuite Xaiomara précisa qu'elle n'aura pas de souci à répondre sur les questions liées à Sylva et l'Alguarena mais qu'elle pense qu'il faut poser les questions les unes après les autres pour éviter de se perdre.
« Ma foi. »

Et Meredith se redressa tranquillement dans son fauteuil, avant d'acquiescer d'un air entendu. Autour d'elle, les autres membres du comité de volonté public demeuraient silencieux, pensifs.

« Nous n'en attendions pas moins, maintenant vous devez vous douter que nous parlions en termes concrets, plutôt qu'en stricte prose révolutionnaire. Sur le plan de l'idéologie nous avons assez peu de doutes quant à vos intentions. En fait je crois qu'elles n'ont échappé à personne dans la région. »

Il y eut quelques rires aimables, le citoyen Caucase secoua la tête.

« Je pense que nous ferions mieux d'entrer dans les détails.
— Oui, vous avez raison. »

Elle pencha la tête sur le côté et inspira avant de reprendre.

«  La vérité c’est qu’il n’est dans l’intérêt d’aucun pays membre de l’Internationale Libertaire de précipiter une guerre mondiale, ou contre l’ONC. Ce qui de vous à moi reviendrait au même. Les seuls pays du monde socialiste adoptant à ce jour une posture ouvertement va-t-en-guerre sont ceux que nous qualifions d’Eurycommunistes. Ou, si vous préférez, ayant opté pour une "solution" autoritaire dans leur transition vers le communisme, et prétendant régler la question de l’émancipation par la baïonnette et la répression politique. Ce ne sont pas des régimes que nous avons en très grande estime.
— Ils font des outils parfois utiles, précisa Aquilon, cependant nous avons dû à plusieurs reprises les… Corriger alors qu’ils s’apprêtaient à bombarder des populations civiles, ou à anéantir des tentatives libertaires pour garder le contrôle de régimes amis.
 C’est exact, soupira Meredith. En vérité, plus votre rhétorique est ouvertement révolutionnaire, moins vous avez l’opportunité de l’appliquer. Voyez-vous le monde fonctionne selon un genre de jeu de dupe parfaitement transparent ou personne n’ignore quels intérêts défendent les autres, mais où chacun accepte de feindre l’ignorance tant que tout se fait de façon intelligente, propre. C’est un jeu d’échec ou personne ne prend le roi de l’autre tant que les pions tombent. »

Elle avala une gorgée de thé, ferma les yeux et afficha un sourire froid. À côté d’elle, Styx pris la parole.

« Nous pouvons agir. Nous agissons, même. Nous finançons des révolutions, activons nos moyens dans des pays en phase de décolonisation, travaillons à renforcer le Liberalintern et à consolider les régimes libertaires émergeant à travers le monde. Mais nous ne le faisons pas d’une façon qui nous présente directement comme responsables de ce glissement de l’ordre international en la faveur des citoyens.
 En fait, conclus Meredith, vous vous êtes mis dans une situation délicate, et nous mettez par la même dans une situation délicate. Nous avons conscience que la réalité pratique du monde et de la lutte déplaisent fondamentalement aux révolutionnaires les plus militants, et nous savons que votre élan révolutionnaire vivrait comme une véritable castration de devoir jouer selon les règles établies de cette lutte à long cours.

Aussi, laissez-moi vous poser une question rhétorique : pensez-vous que vos acquis survivront à une invasion étrangère ? Pensez-vous que votre industrie naissante et vos canons suffiront face à une attaque de l’Alguarena ? 
»

Puis, la mine sombre.

« Et pensez-vous que la solidarité internationale soit assez forte pour que les citoyens des pays libertaires ne voient pas votre écrasement par la réaction comme une tragédie inévitable à partir du moment où vous annonciez ouvertement vouloir la guerre totale ? La situation, actuellement, est la suivante. Nos citoyens veulent la révolution, pas la guerre. La guerre pourra venir, mais pas aujourd’hui, pas demain, pas-même après-demain. Il nous faut nous renforcer, nous consolider. Et vous ne pourrez pas imposer un changement de calendrier aux millions de citoyens du LiberalIntern. Si votre tendance à la diplomatie inflammatoire et aux actions sous couvertures ouvertement revendiquées provoque une action du monde capitaliste contre votre révolution, nous ne pourrons que vous regarder en versant une larme, et vous financer pour rendre cette invasion coûteuse et une occupation intenable. Mais à terme votre nation sera un champ de bataille – ou de ruines – et son utilité dans la grande lutte révolutionnaire aura, en bref, était celle d’un dos d’âne. Un ralentisseur sur la route de nos ennemis.

Si vous consolidez votre révolution et ses moyens, maintenant, vous pourrez devenir utiles à la cause. Cependant cela signifie aussi adopter une diplomatie ne vous peignant pas une cible sur le dos.

Considérez que c’est une pratique de précaution, comparable à la taqîya de nos amis musulmans : gardez pour vous tout le bien que vous pensez du monde capitaliste, donnez-lui les gages de la paix et permettez à votre nation de se consolider. Vous êtes, à ce jour, une cible d’une facilité d’autant plus déconcertante qu’en vous rendant infréquentable pour tout le monde vous nous empêchez, nous autres pays libertaires, de vous soutenir et de vous assister.

— Ne pensez pas un seul instant êtres seuls dans cette lutte, déclara Aquilon d’un ton amusé, mais considérez par conséquent que ces questions se sont posées lors de toutes les révolutions qui vous ont précédées. Demandez-vous aussi pourquoi les seuls n’adoptant pas ces principes sont des autoritaristes brutaux. »

Meredith toussota, puis acquiesça.

« Ce n’était là qu’un simple conseil, un vague cadeau de bienvenue à votre révolution. Bienvenue dans le monde de la géopolitique ! Annonça-t-elle avec un demi-sourire. Maintenant, je suppose que vous aurez des choses à ajouter, sans quoi nous pouvons immédiatement passer aux réjouissances et aux accords envisageable entre votre mouvement et notre Union. »
Suite à ça :
« Ma foi. »

Et Meredith se redressa tranquillement dans son fauteuil, avant d'acquiescer d'un air entendu. Autour d'elle, les autres membres du comité de volonté public demeuraient silencieux, pensifs.

« Nous n'en attendions pas moins, maintenant vous devez vous douter que nous parlions en termes concrets, plutôt qu'en stricte prose révolutionnaire. Sur le plan de l'idéologie nous avons assez peu de doutes quant à vos intentions. En fait je crois qu'elles n'ont échappé à personne dans la région. »

Il y eut quelques rires aimables, le citoyen Caucase secoua la tête.

« Je pense que nous ferions mieux d'entrer dans les détails.
— Oui, vous avez raison. »

Elle pencha la tête sur le côté et inspira avant de reprendre.

« La vérité c’est qu’il n’est dans l’intérêt d’aucun pays membre de l’Internationale Libertaire de précipiter une guerre mondiale, ou contre l’ONC. Ce qui de vous à moi reviendrait au même. Les seuls pays du monde socialiste adoptant à ce jour une posture ouvertement va-t-en-guerre sont ceux que nous qualifions d’Eurycommunistes. Ou, si vous préférez, ayant opté pour une "solution" autoritaire dans leur transition vers le communisme, et prétendant régler la question de l’émancipation par la baïonnette et la répression politique. Ce ne sont pas des régimes que nous avons en très grande estime.
— Ils font des outils parfois utiles, précisa Aquilon, cependant nous avons dû à plusieurs reprises les… Corriger alors qu’ils s’apprêtaient à bombarder des populations civiles, ou à anéantir des tentatives libertaires pour garder le contrôle de régimes amis.
— C’est exact, soupira Meredith. En vérité, plus votre rhétorique est ouvertement révolutionnaire, moins vous avez l’opportunité de l’appliquer. Voyez-vous le monde fonctionne selon un genre de jeu de dupe parfaitement transparent ou personne n’ignore quels intérêts défendent les autres, mais où chacun accepte de feindre l’ignorance tant que tout se fait de façon intelligente, propre. C’est un jeu d’échec ou personne ne prend le roi de l’autre tant que les pions tombent. »


La réponse d'Alexandre Verlumino ne se fit pas attendre. Il s'inclina légèrement en signe d'approbation devant les paroles de Meredith et acquiesça, ❝Vous avez touché une corde sensible. La prudence, la patience et la raison sont des alliées puissantes dans le jeu politique mondial. La Révolution doit avancer avec intelligence, en évitant les provocations inutiles qui pourraient nous coûter cher. Il est temps de mettre de côté les missives violentes et contreproductives. Notre force réside dans la conviction et l'éducation, non dans la brutalité aveugle. C'est la position que je défends depuis toujours. Nous devons retrouver la sagesse. ❞

Cependant, Anarka Voco, la voix de la révolte pure et brutale, s'insurgea contre ces propos. Son regard incisif perça Alexandre, le qualifiant de faible et de bourgeois. ❝La Révolution ne peut attendre les révolutions intellectuelles et pacifiques. Elle doit être brutale, violente, écrasant nos ennemis sans pitié. C'est ainsi que nous ferons triompher notre cause.❞

Alexandre, impassible, répliqua avec fermeté. Il démonta les arguments d'Anarka, soulignant que la brutalité sans discernement ne mène qu'à la répression et au chaos. ❝La Révolution n'est pas une course à la violence, mais un chemin vers la justice et l'égalité. Nous devons choisir nos batailles avec sagesse, en nous assurant que chaque acte a un objectif clair et contribue réellement à notre avancée.❞

C'est alors que Xaïomara intervint, adoptant un ton calme mais autoritaire. ❝Compagnons et compagnonnes, la voie que nous devons suivre se trouve entre ces deux extrêmes. La Révolution ne peut être ni une douce utopie intellectuelle, ni une brutale descente dans le chaos. Nous devons agir avec fermeté, mais aussi avec intelligence. L'éducation, la persuasion, et parfois la résistance armée mesurée sont nos outils. La Révolution, pour être juste, doit aussi être réfléchie. C'est ainsi que nous éviterons les pièges de nos ennemis et que nous construirons un avenir véritablement émancipateur.❞

Alors qu'Anarka Voco semblait prête à déchaîner sa fureur révolutionnaire, ses yeux lançant des éclairs de défi, Xaïomara, dans toute sa grandeur et sa sagesse, leva la main avec une autorité silencieuse. Un calme mystique s'abattit instantanément sur la scène, comme si la puissance du geste de la présidente transcendait la simple.

Les yeux d'Anarka Voco rencontrèrent ceux de Xaïomara, et quelque chose dans cette connexion fit taire la fulgurante anarchiste. Un respect indéniable s'exprima dans le regard d'Anarka, une reconnaissance de l'autorité qui émanait de Xaïomara. Un silence majestueux enveloppa la salle, soulignant l'instant où la sagesse de la Révolution l'emporta sur l'impétuosité brute. Xaïomara, sans prononcer un mot, venait de démontrer que la force réside aussi dans la maîtrise de soi, dans la capacité de guider avec un geste ce que d'autres cherchent à exprimer par la force des mots.

Xaïomara, toujours debout avec une dignité inaltérable, rompit le silence avec une voix ferme, mais empreinte de sagesse. ❝Per la regado naskiĝas la forto,❞ (Dans la maîtrise naît la force) résonna-t-elle dans la salle.

Suite à cela :
« Nous pouvons agir. Nous agissons, même. Nous finançons des révolutions, activons nos moyens dans des pays en phase de décolonisation, travaillons à renforcer le Liberalintern et à consolider les régimes libertaires émergeant à travers le monde. Mais nous ne le faisons pas d’une façon qui nous présente directement comme responsables de ce glissement de l’ordre international en la faveur des citoyens.
— En fait, conclus Meredith, vous vous êtes mis dans une situation délicate, et nous mettez par la même dans une situation délicate. Nous avons conscience que la réalité pratique du monde et de la lutte déplaisent fondamentalement aux révolutionnaires les plus militants, et nous savons que votre élan révolutionnaire vivrait comme une véritable castration de devoir jouer selon les règles établies de cette lutte à long cours.

Aussi, laissez-moi vous poser une question rhétorique : pensez-vous que vos acquis survivront à une invasion étrangère ? Pensez-vous que votre industrie naissante et vos canons suffiront face à une attaque de l’Alguarena ?

Alexandre, les yeux fixés sur la carte du monde étalée devant lui, souligna d'une voix mesurée : ❝Nous devons faire avancer nos objectifs révolutionnaires, mais avec prévoyance. Une tempête arrive, mais pour l'instant, nous devons paraître tel le vent léger du soleil levant, imperceptible mais inévitable. Rejoindre le Liberalintern et collaborer internationalement est une stratégie sage pour renforcer notre position.❞

Anarka-Voco, la ferveur révolutionnaire brûlant dans ses yeux, s'écria : ❝C'est une faiblesse de souffler comme le vent léger ! Nous devons tenir le pistolet entre nos mains, prêtes à riposter à l'ennemi. Agir avec force est notre destinée, et la faiblesse ne fait que nous affaiblir davantage. Nous écraserons les alguarenos.❞

Xaïomara, debout au milieu de la salle, prit la parole d'une voix calme mais empreinte d'une autorité indéniable. ❝Assez Chère Anarka-Voco. Vos envies utopiques ne doivent cesser de vous cacher les yeux, jamais notre force seule pourrait résister face à l'Alguarena. La force réside dans la maîtrise, dans la sagesse de choisir le moment opportun. Nous devons agir, mais de manière réfléchie. Le Liberalintern offre une plateforme pour la collaboration, mais nous devons être prudents. Notre révolution est précieuse, et sa survie dépend de notre capacité à manœuvrer avec discernement.❞

Face au reste des propos

Xaiomara, choisissant ses mots avec soin, répondit : ❝Nous comprenons la nécessité de consolider notre révolution avant d'entrer dans une confrontation ouverte, ce que nous ne souhaitons pas avant un bon miment. La solidarité internationale est essentielle, et nous ne sous-estimons pas le pouvoir des millions de citoyens du LiberalIntern. Nous sommes prêts à travailler en étroite collaboration, en adoptant une diplomatie plus nuancée, si le vote des Comités nous le permet, pour éviter de nous peindre une cible sur le dos. Notre engagement envers la révolution reste inébranlable, mais nous sommes prêts à suivre une voie pragmatique pour renforcer notre position. Nous espérons que cette approche sera comprise et soutenue par nos alliés libertaires.❞

Anarka-Voco, bien que mécontente, se retint de répliquer, tandis qu'Alexandre acquiesçait, reconnaissant la nécessité de jouer habilement dans l'échiquier international.

Alexandre, qui avait été chargé des relations avec Sylva était quand-même bien curieux : ❝Vous aviez parlé de Sylva, on pourrait continuer la discussion dessus?❞
« La question selon nous, précisa Meredith, est moins de savoir si notre méthode est optimale sur le plan théorique, mais si elle est réalisable sur le plan pratique. L'écrasement violent de nos ennemis, même s'il soulève des questions importantes sur la tendance des citoyens "libérés" à nous suivre, interroge surtout quant à la capacité qu'ont nos révolutions à survivre à une attaque groupée de l'ensemble de nos ennemis. »

Caucase tapota le plat de la table et se racla la gorge.

« Ce comité représente les plus grandes lignes de l'Union, et je vous prie de croire que certains de mes camarades ici sont eux aussi agités de passions autrement plus radicales que celles actuellement contenues dans notre programme quinquennal. »

Un sourire entendu, auquel les citoyens Aquilon et Styx répondirent par des hochements de tête. Rai, elle, souriait avec hauteur. Meredith se redressa un peu puis soupira.

«  Oui, parlons de Sylva. Les discussions concernant le LiberalIntern et les accords de coopération qui pourraient lier nos deux territoires se feront après, je crois que c’est le sujet le plus… Pressant. »

Elle lança un regard à Arko Acheampong, qui rehaussa ses lunettes sur le bout de son nez. Le chiffre n’avait pas l’air ravi.

«  Sylva est un partenaire économique de l’Union. Nous soignons nos relations avec ce duché pour éviter de le pousser dans les bras de cette internationale néolibérale qui s’organise. La plupart de nos accords visent avant tout à promouvoir le développement humain et les méthodes collectivistes et coopératives sur leur sol. Quoi qu’il en soit, ce pays doit à terme développer une bonne image de l’Union nous laissant les coudées franches – enfin plus franches – pour entamer un travail de fond sur sa structura en appuyant les réseaux préexistants, heu...

Bon ce qui importe c’est que si nous devons organiser des échanges entre l’Union et le Comunaterra, il pourrait être utile que la voie terrestre soit débloquée. Quels différents vous opposent-ils à ce duché ? En termes concrets, pas idéologique.
– De ce que nous avons compris
, le coupa Rai, vous refusez de reconnaître leur "duchesse". Je comprends. C’est courageux. Mais c’est de la posture. Que vous reconnaissiez ou pas sa position d’autorité, celle-là existe. Cette femme ne va pas disparaître sous prétexte qu’on l’ignore. Et l’ignorer plus fort encore ne fera pas apparaître une occasion de s’en débarrasser. Vous voyez ce que je veux dire ? »

Elle se mordit les lèvres, puis repris d’un ton détaché.

« Dans certains pays, le peuple était si attaché à sa foi catholique que la révolution s’est montrée incapable de lui parler. Dans d’autres, elle a adopté les éléments les plus compatibles du dogme pour s’enrichir et permettre le dialogue. Si vous refusez de reconnaître Sylva vous ne pourrez pas parler à son peuple. Vous ne pourrez pas préparer le terrain pour une révolution. Même dans un univers complètement hypothétique où vous arriveriez en libérateurs pour prendre la région à ses maîtres et à la rendre à ses habitants, ceux-là vous mépriseraient probablement. Pour eux vous êtes des inconnus, et des inconnus violents.

Le désir de ce comité serait de régler ça. Encore un consensus réformiste. Soit. Mais si c’est la sine qua non pour pouvoir agir....
 »

Elle haussa les épaules.
Xaiomara prit la parole avec clareté. « Lors de la proclamation de la République des Comités de la Communaterra, nous avons fait le choix délibéré de ne reconnaître aucune autorité monarchique, ducal ou tyrannique. Notre engagement envers la démocratie directe et l'émancipation populaire a dicté cette position. Il est, de ce fait, impossible pour nous de reconnaître la Duchesse en l'état actuel des choses. Comme vous avez pu le lire dans la Plume Rebelle, nous avons déployé des efforts considérables pour trouver un terrain d'entente. Nous avons proposé l'établissement d'une ambassade et une rencontre volontaire avec Sylva, en présence de la plus haute autorité élue. Malheureusement, cette proposition a été rejetée.

Cependant, malgré les obstacles, nous avons persévéré dans nos efforts de dialogue. J'ai même délégué mes responsabilités de Présidente du Comité de Bon Gouvernement à Alexandre pour faciliter les discussions avec Sylva. Alexandre a formulé des propositions et sollicité des suggestions de la part de Sylva sur des points de convergence possibles. La réponse a été catégorique : aucune négociation ne serait envisageable sans la reconnaissance préalable de la Duchesse. lls préfèrent une reconnaissance à la paix, ces gens-là ne connaissent pas la civilisation, mais que l'odeur des billets de l'or qui gigote dans leurs poches.

Maintenant, au-delà des mots, Sylva a pris des mesures plus directes en fermant ses frontières et en interceptant nos livraisons de missiles. Nous avons tenté de résoudre ces différends de manière pacifique, mais nos avances ont été rejetées.»


Anarka Voco, prenant un ton plus véhément, ajouta : « Pour chaque acte de violence qu'ils commettent, nous répondrons avec la force du peuple. Dès que nous aurons reçu les missiles, le premier Soldat Sylvois qui franchira leur frontière sera confronté à une réponse immédiate. Bien que nous ne disposions pas encore de la capacité totale de nous défendre, nous ne permettrons pas qu'une telle agression reste sans répercussions. Comme un dernier geste d'adieu, le Bourg des Mahoganys sera effacé de la carte. Nous sommes prêts à défendre la République, à tout prix. Que les Sylvois prient que leur Duchesse entende raison.»

Alexandre Verlumino, semblant agacé que l'on perde du temps à ça : "En tout état de cause, la résolution de ce conflit ne se fera pas ici. Et la politique interne face aux agressions sylvoise, ne concerne que la République elle-même, je propose que nous passons à autre chose."
« Nous avons entendu parler de vos efforts. » Rai marqua un temps. « Le fait est qu'il semble compliqué pour vos deux nations de cohabiter.
— D’autant plus si elles se braquent sur des positions d'idéologie sommes toutes détachées de tout sens pratique. » Le Chiffre se redressa sur son siège. « Il faut impérativement éliminer les questions émotionnelles de ce débat : votre volonté de paix avec le Duché ne peut pas être entaché par des propos exprimant un clair désir de violence à leur égard. Soit. Vous ne pouvez pas reconnaître la duchesse pour des questions constitutionnelles et le duché ne désire rien avoir à faire avec le Communaterra si ce dernier ne reconnaît pas son gouvernement. Deux solutions. Ou bien le Communaterra reconnaît que ces questions de reconnaissances sont strictement sémantiques et qu’échanger avec un État c’est déjà le reconnaître...
— Ce qui semble improbable puisque vous en faites une question d’honneur et eux aussi, souffla Rai.
— Ou, faute de reconnaissance bilatérale, il restera à jamais une zone de floue éprouvante pour la région. »

Meredith acquiesça.

« N’oublions pas que reconnaître un régime est un simple acte de bonne volonté. Il n'est pas sûr que le Grand Kah conscède à vous recevoir si vous nous expliquiez soudain ne pas reconnaître sa Convention Générale et préférer traiter avec un représentant plus en ligne avec vos conceptions. Mais permettez-moi de vous reprendre, camarade, la collaboration entre nos deux pays sera autrement plus compliquée si les frontières entre le Communaterra et Sylva restent fermés. Nous ne pouvons pas non-plus nous associer à des gouvernements menaçant d’utiliser leurs armes comme le font l’Empire Listonien ou, avant lui, l’Empire Latin : votre révolution est jeune et il est encore impossible de savoir si elle donnera naissance à quelque-chose de beau ou à une seconde Loduarie. Sur le plan des institutions vous semblez libertaires, mais votre rhétorique et votre utilisation légère de la menace ne peut que nous rappeler les autocraties d’Eurysie. Cependant nous n'allons pas attendre que votre révolution se consolide et de solidifie pour se soutenir. »

Elle leva une main pour indiquer que ce dernier point n’appelait pas à la discussion.

« Je me permets donc de glisser une dernière proposition sur la table avant que nous ne passions à la suite. Si vous consentez à sous-traiter votre diplomatie avec le Sylva au Grand Kah, nous pourrions débloquer des garanties assurant votre pleine et entière sécurité. Par là je veux dire qu’un espace dédié sera créé à Axis Mundis, visant à recevoir des représentants du Duché et du Communaterra de façon à ce que ces derniers puissent échanger de façon bilatérale. Officiellement le Communaterra ne reconnaîtra pas le duché et ses actions se feront au nom de la confédération kah-tanaise, et il en ira de même pour le duché. Officieusement cet espace de discussion pourrait permettre une évolution favorable à la situation.

Parallèlement, et pour vous éviter à continuer de vous isoler à cause de questions sémantiques, le Grand Kah pourrait déployer des troupes sur votre territoire pour tenir la frontière, les secteurs clefs et s’engager à intervenir en votre faveur en cas d’ingression impérialiste. Des formateurs et des conseillers de la Garde pourraient aider vos territoires à former des forces de défense modernes et cohérentes, et étudier avec vous les possibilités d'une coopération plus avancée.

Cependant notez bien que nos hommes mourront pour vous défendre, pas pour vous permettre de provoquer des guerres : nous savons que vous désirez la paix, aussi nous espérons que cette ligne sera respectée.

— Nous en doutons assez peu, précisa Aquilon. Nous sommes simplement obligés de vous le dire. »
Aux premières affirmations de Raï, Anarka-Voco prit la parole avec ferveur : "C'est eux qui veulent la paix, du moins pour le moment. Si j'avais le pouvoir décisionnel absolu, nos forces prolétaires auraient depuis longtemps envahi l'État fasciste de Sylva, que votre nation semble soutenir. Nous espérons que vous serez clairs, sans ambiguïté, quant à votre soutien envers nos forces révolutionnaires. Sinon, les Comités de la Zone de Jurnima vous considéreront avec la même férocité que les responsables des actes de Sylva, bénéficiant de votre soutien pour se sentir en sécurité."

Alexandra tenta de calmer les esprits en ajoutant : "Chère Anarka, calmons-nous. Nous cherchons tous des compromis."

Xaïomara leva la main en direction d'Alexandre, le faisant taire d'un geste autoritaire. "Alexandre, cessez. Anarka a raison, le Kah doit choisir son camp. Il est inacceptable que le Kah envisage des coopérations militaires avec l'ennemi sylvois ou émette des déclarations de protection envers Sylva tant que nous n'avons pas agis en faveur de la guerre. Cependant, je serai plus nuancée sur les réponses à apporter si cela devait mal tourner."

Face à la proposition d'établir des discussions informelles à Axis Mundi, la réponse de Xaïomara ne se fit pas attendre.

"Nous n'avons jamais refusé une ligne directe, et nous ne refuserons pas une discussion indirecte non plus. La condition reste la même : que la personne nommée par Sylva soit nommées par des assemblées ou des personnes élues. Nous demandons juste que nous discutions indirectement avec une personne d'autorité, un minimum légitime."

En ce qui concerne la proposition d'installation de forces kah-tanaises sur le sol komunateranos, un échange de regards significatifs eut lieu entre Alexandre et Xaïomara.

Alexandre prit la parole : "C'est une proposition bien mesurée. Elle assurerait la défense de notre pays face aux forces sylvoises. De plus, vos formations ne pourraient être que bénéfiques et contribueraient à rehausser le niveau de nos forces prolétaires. Une division anti-aérienne pourrait également être envisagée."

Anarka-Vocô tapa des doigts sur la table avec impatience : "Je ne m'y opposerai pas. Cependant, soyez conscients que les camarades anarchistes prendront contact avec les forces loduariennes pour les accueillir dans notre région. Vous comprenez, nous devons être stratèges et jouer sur plusieurs tableaux. Vous devez être familiers avec ce genre de pratiques," ajouta-t-elle avec une pointe d'ironie.

Xaïomara intervint calmement :
"Il revient entièrement à votre Zone, par l'intermédiaire de ses Comités, de gérer cela. Mettre en avant ces tactiques semble malvenu, chère Anarka. Je suis plutôt d'accord avec Alexandre. Cependant, je présume que les Comités imposeront des conditions. La première, qui semble simple, serait que le Kah ne fournisse aucune assistance militaire, que ce soit en installant une base ou en vendant des armes à Sylva, à partir du moment où ses forces se trouvent sur notre sol et que nous n'avons pas été les agresseurs. Si cette condition est respectée, nous n'aurons aucun problème, bien au contraire, à accueillir vos forces."

« Ne vous méprenez pas sur nos intentions. Les régimes bourgeois tomberont. Mais pas n'importe comment. La lutte n'est pas une fin en soi et nous ne nous engagerons pas dans un combat sans lendemain : notre révolution n'a pas pour vocation de pousser les non-alignés dans les bras de nos adversaires, ni de confronter ceux-là sans être sûrs de notre victoire.
Elle n'a pas vocation à faire la guerre. C'est un racket auquel nous ne prenons pas part, grimaça Caucase. Meredith acquiesça.
Peut-être. C'est une conception. En tout cas nous ferons part de vos conditions au Duché. Si ils consentent à ce compromis nous recontacteront votre confédération pour organiser les détails techniques et mettre en place cette solution. »

Aquilon eut un petit sourire ironique et fit un geste en direction d'Anarka-Vocô.

« Amusant, vous ne supportez pas l'idée que notre Confédération communique avec des régimes de démocratie imparfaite mais acceptez très bien de collaborer avec des régimes crypto fascistes dont le principal fait d'arme et d'avoir bombardé des populations civiles à travers le monde. Funeste collection. » Il sembla réfléchir. « Le cynisme a deux vitesse de vos amis anarchistes représente un cas d'école fascinant.
A leur décharge, nota Rai, les loduariens sont d’excellents outils.
Ils ont leur usage, oui.
En tout cas, et puisque votre confédération n'a pas l'intention de déclarer une guerre sur le continent... »

Meredith ménagea un silence avant de reprendre.

« Nous acceptons de ne pas donner de garanties matérielles à Sylva. Pouvons nous passer au volet économique et culturel de cette rencontre ou y a-t-il d'autre sujet de sécurité régionale à traiter ? »
« Parfait ! »

Meredith frappa soudain ses mains l'une contre l'autre avant se faire signe à ses camarades.

« Rai ? Le Chiffre, je vous laisse la parole.
Merci Meredith. »

Arko Acheampong acquiesça.

« L'un des problèmes auquel sera rapidement confronté votre révolution, selon nous, est celui du développement des moyens de production et de l'édification d'un maillage économique tout à la fois moderne et cohérent. C'est l'un des défis propre à tout système libertaire et demandent un certain temps d'adaptation, notamment après une guerre civile potentiellement très déstabilisatrice. Ce pourquoi le Grand Kah souhaiterait vous proposer toute une série d'accords de portée économique afin d'accélérer au maximum le développement de vos communes.

Premièrement nous vous proposons donc la mise en relation de nos coopératives à des fins de coordination. Nous pensons qu'il pourrait être utile de faire communiquer nos organes de planifications économiques afin de faire fonctionner nos économies en synergie. Nous vous proposons donc de rejoindre notre marché - à défaut d'un meilleur terme.

Nous pourrions aussi envoyer des ingénieurs, architectes, du personnel formé pour faire du transfert de connaissances et aider à la construction d'infrastructures modernes, notamment concernant les secteurs routiers, énergétiques et de télécommunication. C'est à cette fins que nous souhaitons aussi vous donner accès à nos satellites géostationnaires en orbite du Paltoterra, lesquels permettront d'établir des réseaux téléphoniques et internets civils sur vos territoires.

Sur le plan culturel, repris Rai, nous vous proposons une coordination de nos musées, nos organes de sauvegardes du patrimoine, d'ouvrir l'accès de nos universités à vos étudiants et de vous aider financièrement et matériellement à former vos professeurs et universitaires. Si vous identifiez le moindre autre besoin nous sommes disposés à en discuter dès maintenant. »
Anarka-Voco retint avec peine son épée, son regard flamboyant exprimant toute sa révolte face à la proposition du Grand Kah. Ses mots résonnaient dans la salle, chargés de la force inébranlable de la conviction.

"Jamais la Communaterra ne sacrifiera son autonomie sur l'autel d'un marché étranger ! Nos communes libres et indépendantes s'organisent avec succès sans votre ingérence. Les problèmes de votre réformisme ne sont pas les nôtres. Chez nous, chaque individu vit dans l'abondance, loin des chaînes du capitalisme. Ce que vous proposez ne serait que du superflu, une tentative d'absorption de nos valeurs par votre système corrompu. Votre vocabulaire lui-même, parler de "marché", est en contradiction avec nos idéaux les plus profonds."

Xaiomara, dans un geste de sagesse, posa sa main sur celle d'Anarka, apaisant temporairement le tumulte qui grondait dans la salle. "Je suis d'accord sur le fond avec Anarka," commença-t-elle d'une voix empreinte de fermeté, "mais plutôt que de rejeter en bloc vos propositions, je propose la création d'un Organisme de Planification Partagée. Cela nous permettra de coordonner les échanges de biens sous forme de troc, préservant ainsi notre autonomie tout en favorisant la coopération."

Anarka-Voco hocha la tête, reconnaissant la sagesse de cette approche. "Une proposition plus sage en effet," concéda-t-elle.

Alexandre Verlumino acquiesça à la seconde proposition . "Nous n'avons aucune objection à votre proposition, le temps que nous envoyons nos propres satellites " déclara-t-il, provoquant un sourire chez certain-e-s des présent-e-s, qui savaient que c'était proche.

Xaiomara prit ensuite la parole concernant la proposition culturelle avec une lueur d'enthousiasme dans les yeux. "Nous sommes favorables aux échanges d'étudiants, dans les deux sens : reçevoir et envoyer, et nous pouvons même aller plus loin. Nous vous proposons d'accueillir des cellules de l'Institut Mépolmène dans vos universités, offrant des cours d'Espéranto, de Sciences Révolutionnaires, d'Arts Guérilleros et bien d'autres matières "Sociologie de la Lutte des Classes", "Mathématiques Appliqués", qui formeront nos forces révolutionnaires. L'objectif de ces Universités sont de faire suivre des cursus classique en Lettres ou en Sciences tout en ayant ce côté révolutionnaire et en promouvant l'apprentissage de l'Espéranto"
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