04/08/2013
11:01:48
Index du forum Scène Internationale Diplomatie internationale

Rencontre entre l'Alguarena et Sylva au Bourg des Mahoganys

6971
Fut organisé entre les dirigeants du Duché de Sylva et des Îles Fédérées de l'Alguarena une rencontre comme suggéré par madame Martha Fulton lors de ses échanges avec Matilde Boisderose. Une très grande attention fut portée par les hôtes pour assurer l'accueil le plus adapté à leur invité, de par l'importance d'approfondir à terme les accords et démontrer la confiance qu'inspire Sylva.

Deux accès s'offraient au nef de la présidente fédérale Mazeri Abrogara : l'un survolant le Grand Kah dans une ligne d'accès directe, chose en soi qui n'était pas interdit par le pays concerné, ou un détour pour rejoindre la capitale sylvoise en longeant la mer. Considérant toutes les éventualités dans la décision de la délégations alguarenos, qui pouvait après tout choisir un détour par l'ouest pour survoler la Maronhi, les services de sécurité du Duché était restés en étroit contact avec les autorités fédérales tandis que les nefs d'escorte était prêt à rallier un coin ou l'autre des forêts. C'est donc avec une coordination parfaite que se joignirent à la frontière l'escadrille des Crécerelles aux avions venus d'outre océan. Composés de pilotes rompus aux démonstrations aériennes et figures acrobatiques, l'escorte procéda à un ballet aérien visible depuis les hublots du jet privé gouvernemental, avant d'arriver à bon port.

L'attention fut très loin d'être portée essentiellement sur le spectacle, s'opérant plus discrètement un rempart invisible de sécurité que l'on pourrait comparer à des atomes : lacunaires, mais exerçant une effet bien concret. Un avion radar patrouillait le long des frontières, plusieurs escadrilles de d'avions de chasse patrouillaient tandis que d'autres se tenaient prêts à décoller en urgence, le tout accompagné de ravitailleurs en vol pour assurer l'endurance d'un tel dispositif. Ledit dispositif s'étendait au sol également, avec un ensemble de radar et DCA disposés de façon stratégique. Rien ne pourrait survoler le Duché sans être intercepté en un temps record face à ce tel déploiement de force. La communication sur le sujet fut d'ailleurs parfaitement maîtrisée, présentant non pas un climat d'anxiété et paranoïa, mais le professionnalisme des forces armées assurant en tout temps une sécurité irréprochable.

C'est au sol que reprenait le spectacle, une fois posé l'avion de la délégation alguarenos. Les sylvois étant particulièrement adaptatifs sur la posture à adopter, ils firent ce qu'ils estimèrent être le meilleurs accueil pour les représentants de la plus grande puissance du globe sur tous les plans, et surtout, une puissance capitaliste : tapis rouge bordés de colonnes de gardes en tenus traditionnels, orchestre jouant avec brio "The journey home", groupes de danseurs professionnels en tantôt en costumes d'oiseaux, tantôt avec des masques affligés, et surtout, le gratin gouvernemental. Se tenaient la Duchesse Alexandra Boisderose, sa fille Matilde Boisderose la Ministre des affaires étrangères, et la Présidente de la Haute-Assemblée Lucette Dumorne. Toutes les trois firent une poignée de main à la délégation alguarenos, même Lucette Dumorne qui se permit malgré tout un rapide clin d'œil tant elle incarnait elle-même l'opposé du modèle alguarenos.

C'est à bord d'une limousine qu'embarquèrent ensuite les représentants des deux nations, en direction de l'Ambassade des Mahoganys dédiée à héberger ce genre de rencontre. Vaste bâtiment de pierres et de bois aux larges fenêtres, l'intérieur était chaleureux et confortable. Dans une grande salle de discussion s'installèrent les politiciens, en cercle autour d'une large table où trônait au centre des apéritifs (non alcoolisés) et de l'eau pour la suite des discussions.

C'est la Duchesse Alexandra Boisderose qui prit en première la parole pour accueillir les invités.

"Bienvenue à vous en Sylva, j'espère que vous avez fait un bon voyage jusqu'ici et que notre accueil s'est montré à la hauteur de vos attentes. Nous sommes ravis en Sylva de vous accueillir, et enthousiastes de discuter du futur que nos deux nations s'apprêtent à emprunter."

Matilde, la ministre, tint à son tour un discours comparable mêlant accueil et confiance envers les futures collaborations. Vint ensuite la Présidente parlementaire dans une position de dualité plutôt gênante. Elle ne pouvait se montrer pleinement conciliante quand le modèle de l'Alguarena était, tant sur le plan de l'économie que de la politique étrangère, très critiqué au sein de sphères collectivistes. Mais si contrarier ses convictions, sa base électorale, et ses rapprochements avec Communaterra n'était pas envisageable, elle ne pouvait non plus témoigner de la même absence de subtilité que ces derniers pour sa survie politique et donc la réussite de ses ambitions sociales.

"Sylva, symbole de pluralité politique où se côtoient et se concilient des idéaux bien différents, n'a que des bénéfices à tirer d'une confrontation de ses discours à ceux de l'Alguarena. Nous ne serons jamais parfaitement d'accord, personne ne pouvant prétendre l'être, mais nous apprendrons de ça... (puis elle afficha un sourire taquin) ou nous conforterons dans nos idéaux."

Ne tenant pas à ce que trop d'attention soit accaparée par cette intervention, Alexandra répondit avec tact pour que se tourne les regards vers elle.

"Nous avons beaucoup de sujets à aborder. Si divers sujets tels que l'ouverture économique et les échanges académiques ont déjà été formalisés par missive, il nous reste les questions de la sécurité que nous avions abordées. Nos échanges représenteront d'importants intérêts, d'où l'importance d'assurer leur préservation, et protection envers des acteurs parfois hostiles."

Mais au grand dam de la Duchesse, Lucette n'en resta pas là et poursuivit sur la question.

"Il s'agirait toutefois de définir clairement définir qu'est ce que nous considérons comme hostilité, si ces manifestations d'hostilités représenterait pour autant une menace pour nos intérêts, et quelle réponse faudrait il y apporter."

Lucette Dumorne avait raison sur un point : Sylva est plurielle, et devait être tolérée même les partis les plus contestataires... d'autant plus quand ils étaient approuvés par une bonne part des citoyens. Elle laissa donc la présidente poursuivre.

"Il va de soit que nous discutons là de Communaterra, dont la posture est jusque là justifiée : opprimé par un régime dictatorial et sanglant, se révolte alors un peuple. Voilà moins d'un an que sortent de leur tourmente les citoyens, marqués par les traumatismes qui se répercutent tout naturellement sur leur vision politique. Ne voir que la menace dans leur hostilité est un manque de vision, qui ne cherche pas à comprendre leur culture et les tenants de cette posture."

Décidant de mettre fin à la comédie, la Duchesse répondit avec une maîtrise forgée par des décennies dans un milieu aussi toxique que la noblesse :

"Sauf que nous parlons de la piraterie, pas de Communaterra. Si ces derniers sont ouvertement hostiles dans leurs missives, ils ne représentent aucune menace que nous ne saurions écraser avec la fermeté qu'il se doit. Là, c'est des brigands qui grouillent dans les océans qu'il est question, ceux qui seront appâtés par les échanges de marchandises, ou pire, d'otages à rançonner."

Se tournant auprès de la délégation alguarenos contrainte de supporter les divergences intrinsèques aux démocraties, Alexandra se réappropria la discussion en leur faisant un sourire complice tandis que Lucette fut en effet bouche bée. Cette dernière décida alors d'attendre une prochaine occasion tandis que la dirigeante continuait.

"Si Sylva déploie des efforts pour sécuriser ses côtes, nos capacités sont encore limitées de façon concrète à des forces aériennes pour intervenir. La sécurité des océans bordant Paltoterra ne saurait donc être en l'état notre responsabilité seule, ce qui amène à nous entendre pour organiser un dispositif répondant aux intérêts et capacités de chacun."

Sur ces paroles, elle laissa s'exprimer les invités politiques.
27 juin 2012 - Bourg des Mahoganys


Réputé hostile depuis la bataille aérienne de février 2007, qui opposa l’aviation kah-tanaise à celle alguarena en marge de la guerre d’indépendance du Pontarbello, le Grand Kah avait été soigneusement contourné du trajet présidentiel pour une raison politique simple. Si la présidente fédérale d’Alguarena et des avions militaires alguarenos pouvaient traverser l’espace aérien kah-tanais librement, il pourrait être permis de dire que la réaction militaire alguarena portant destruction de l’aviation kah-tanaise au sein de l’espace aérien alguareno aurait pu souffrir de quelques rondeurs pour éviter un affrontement armé. La riposte armée face au survol des eaux territoriales alguarenas par une aviation militaire kah-tanaise ne souffrirait d'aucune ambiguïté, c’était un acte de guerre appelant une réponse ferme et décisive telle qu’elle a pu être conduite.

Pour le plan de vol et à distances équivalentes pour un peu plus de 3 000 km comme l’aurait voulu un tracé par l’espace aérien kah-tanais, la présidence fédérale d’Alguarena avait préféré le survol de la péninsule Yuhanac, un espace aérien d’un partenaire auprès duquel les communications autour du trajet présidentiel étaient plus fiables.

Si la présidence alguarena pouvait compter sur un certain nombre de moyens humains et matériels à sa venue, des unités militaires affiliées à l'ambassade alguarena en Sylva étaient également présentes. Affiliées à la “compañía de honores ceremoniales”, les unités à disposition comprenaient une section motorisée de la police militaire et un détachement du peloton d’infanterie légère, des combattants formés aux arts cérémoniaux qui accompagnaient les protocoles diplomatiques lors des représentations officielles en Alguarena ou à l’étranger.

L’accueil en Sylva jouissait donc d’un certain panache, aidé par un faisceau de facteurs favorables qui transpirait des moyens usités sur cette rencontre. Le gratin des officiels sylvois présents à l’accueil était également un gage supplémentaire de l’intérêt mutuel que s’étaient vouées les deux parties autour de cette réception de chef d'État. Un panel d’officiels désirable ou désireux d’instrumentaliser pour le meilleur ou le pire leur présence sur place. Lucette Dumorne, Présidente de la Haute-Assemblée, sembla motivée à concourir dans cette dernière catégorie.

L’arrivée sur le sol sylvois vit donc la rencontre formelle de la Duchesse Alexandra Boisderose et de la présidente fédérale Mazeri Abrogara.

”Madame la duchesse, mon voyage s’est excellemment bien déroulé et force est de constater que mon arrivée ici doublement, grâce au soin particulier que vos services et vous ont su dévoiler pour porter notre rencontre à la hauteur des enjeux que nous souhaitons lui inspirer… Au nom de la République Fédérale d’Alguarena, merci.”

Les motivations des personnalités présentes étaient diverses et la présidente de la haute assemblée ne tarda pas à poser les siennes, soucieuse de vanter les pluralités d’opinions. Un esprit tatillon qui obligea la présidente Abrogara à soutenir la poignée de main plus longuement, lui développant avec un certain sourire sa pensée, tandis qu’une seconde main venait couvrir celle de la sylvoise, marquant une bienveillance de façade pour n pas faire de leurs échanges verbaux appuyés, une source d’interrogation pour les journalistes présents.

“Ô Madame Dumorne, la pluralité d’opinions n’a jamais été une inconnue quand vous présidez un état fédéral comme le mien, avec quatre présidences et quatre parlements. Quoiqu’il en soit si une confidence m’était permise, les personnes qui pensent tout ce qu’elles disent n’ont jamais été un problème en Alguarena, le soucis vient de ceux qui disent tout ce qu’ils pensent… J’ai appris à porter plus d’intérêts aux premiers…”

Une passe d’armes sobre, destinée à rappeler brièvement à son interlocuteur, que l’une tirait sa légitimité d’un peu plus de suffrages et d’expérience que la seconde. Pas besoin d’en faire davantage pensa-t-elle tandis que la Duchesse vint justement déporter la conversation. La présidente fédérale opina ostensiblement aux aspirations de la Duchesse, lui témoignant un soutien et une adhésion sincère que le non-verbal de la présidente fédérale veillerait à formaliser.

Si le non-verbal était l’adage de la présidente fédérale sur ce coup, la présidente de la haute assemblée sylvoise n’avait pas le luxe d’entretenir le sien, renchérissant d’un verbal désireux de challenger le curseur à poser sur les éléments hostiles et conflictuelles de la région. La présidente fédérale entretien son sourire le temps que la présidente de l’assemblée sylvoise finisse une sortie verbale aux portes de la diatribe. La présidente Abrogara secoua la tête ostensiblement, de bas en haut, soucieuse de nourrir un soutien moral sur sa vision fantasmée du rapport à l’histoire du Communatera.

“C’est une pensée originale que vous nous décrivez madame Dumorne, qui atteste de… votre ouverture d’esprit la… plus large possible… à me laisser à penser en retour que lorsqu’un fauve veut manger une de vos viandes, vous vous faites légumes.”

Un dernier sourire fut adressé à la présidente de l’assemblée sylvoise, avant d’aller retrouver du regard la Duchesse.

“Contrairement à mon échange précédent, le phénomène de piraterie en Paltoterra n’est pas qu’une perspective ou une pensée philosophique de vie autour de ce qui aurait pu être, ou sera “si”, mais un fait indéniable et éprouvé. Et cela dans les mêmes eaux que celles qu’il m’a été permis de survoler pour venir jusqu’à vous.

La piraterie est un phénomène qui s’est jusqu’ici heurté à notre engagement plein et entier pour se réduire à son strict minimum dans la région, notre engagement mais aussi celui de nos partenaires en sécurité tels que la garde côte pontarbelloise, et la marine lofotenoise. Et ça… Malgré tout le chérissement qu’on puisse porter à la pluralité d’opinions, il est des évidences qui doivent trouver consensus auprès des différents responsables politiques, responsables par la fonction, responsables par la mesure des enjeux.

La Fédération d’Alguarena a su développer des moyens socioéconomiques pour réduire le phénomène de piraterie, mais également coercitifs, y compris par la construction de stations radar transhorizons, afin de nourrir de larges périmètres de surveillance, ou la coopération interétatique comme celle pour laquelle nous souhaitons présentement œuvrer.

Comprenons de toutes façons que la lutte contre la piraterie doit être entamée sous une approche systémique, les empêcher d’oeuvrer sur un secteur les prive pas d’aller oeuvrer sur un autre. C’est dans ce sens que la coopération motivée par notre rencontre justifie de ses meilleurs atouts, par sa capacité à offrir des moyens concertés et au sein d'un cadre élargi au périmètre dédié à cette lutte.

En la matière, nul doute que la marine fédérale alguarena sera toujours désireuse d’instruire de nouvelles coopérations indépendamment des moyens permis, pour défaire des organisations pirates à l'image du Pavillon de l'Albastre dont les forces étaient basées en Izcalie, au sud de l'Aleucie.”
Bien mal à l'aise fut Alexandra durant cette succession de passe d'arme, qu'elle contenait du mieux qu'elle pouvait. L'accueil fut si excellent, et voilà que les choses se corsaient déjà avec ce qui serait un partenariat des plus avantageux. D'autant que la totale opposition d'opinion de Lucette Dumorne n'était en soit pas un problème, mais son manque de manière pour les exprimer compliquait les choses. Fort heureusement, Mazeri ne s'en offusqua pas et répondit avec le doigté requis. Cette succession de petites défaites verbales obligea la présidente de la Haute Assemblée à lever le pied si elle tenait à pouvoir rester crédible. À quoi bon hurler si plus personne ne vous écoute ?

La rencontre était d'une importance capitale et volontairement ambiguë pour la Duchesse, qui comptait dans un jeu de funambules faire se concurrencer auprès de Sylva deux nations rivales. Il s'agirait qui plus est d'un allié de poids dans la lutte contre la piraterie... qui pointait le bout de son nez avec les rapprochements entre Pharois et Communaterra. Un peu spontanément, Alexandra reprit :

"Par ailleurs, le radar transhorizon est admiré auprès des ingénieurs sylvois. Nos meilleurs dispositifs ne sauraient atteindre de telles performances. Mais de façon plus générale concernant la piraterie, oui, nous devons aussi bien nous attaquer au symptôme en lui-même qu'aux causes. La misère et la violence sont des terreaux fertiles à la criminalité en générale, dont la piraterie. Paltoterra ne semble souffrir tant que ça de ce mal aux conséquences néfastes et pourtant sont bien présents les pirates. Une enquête élargie sur les points de recrutement et échanges de ces pirates participera déjà à couper le mal à la racine. Que cela se fasse comme dit de façon coercitive, ou avec des moyens humanitaires et économiques, neutraliser la misère au mieux dans ces zones sera déjà un premier pas. Ce sont des points sur lesquels l’Alguarena s’est déjà illustrée, et Sylva sera encline à profiter de votre expérience dans la question.
Le combat contre la contrebande contribuera d'une commune mesure à gêner les opérations de piraterie. À quoi bon piller une zone si se trouve éloigné les régions où y écouler le butin et dépenser les gains ?
Et enfin, devra être traité le mal en lui-même car malgré les moyens mis en œuvres à la source, se maintiendront les méfaits dans une moindre mesure. C'est en ce sens que Sylva travaille à se constituer une marine raisonnable, et que des exercices seront faits conjointement avec ses partenaires de l'OND. Pourra s'y inclure l'Alguarena, de façon à non seulement former nos troupes à coopérer, mais également se porter assistance tant sur les points opérationnels qu'au niveau du renseignement."

Cette fois ci sur une posture sincèrement coopérative, la présidente appuya une partie de l'argumentaire.

"La lutte contre la misère est un point capital en effet. Des coopérations pourraient être mis en œuvre pour soutenir les zones de tension : éducation, soutien dans l'établissement des premières fondations économiques assurant la prospérité, aides médicales si les régions sont frappées de problèmes récurrents à ce niveau. Tous ces points seront bénéfiques contre la piraterie, et de façon plus générale, au genre humain. Une façon de faire deux pierres deux coups."

Elle se mordit la lèvre, hésitant à remettre le pied dans le plat, elle céda et s'y risqua.

"Si les divergences avec Communaterra sont marquées et indéniables pour des raisons propres à chacun, il s'agirait d'une nation sincèrement encline à contribuer à cette lutte contre la misère. Si les oppositions et rivalités font que ne sauront s'entendre nos États dans des échanges officiels, des coopérations humanitaires intégrant Communaterra ne coûteraient en soit rien à être essayées. Mieux, peut être que de là s'opéreront des vecteurs culturels et politiques qui feront s'apaiser les tensions actuelles, laissant même envisager une entente à terme."
27 juin 2012 - Bourg des Mahoganys


La présidente fédérale apprécia la place laissée par la présidente de la haute assemblée, Lucette Dumorne, qui avait manifestement semblé occulter tout le caractère constructif et opportun qu'offrait cette rencontre. La lutte contre la piraterie et la sécurisation des dynamiques paltoterranes était un fait, porté en outre par la première puissance mondiale, venue spécifiquement en Sylva débuter une relation diplomatique cordiale et des coopérations prospères, faire acte de philosophie sur ce qu'il pouvait être opportun de reconsidérer à l'égard d'une autre nation était maladresse sans la connaissance des fondements historiques ayant régi la région cette dernière décennie.

N'en prenant pas plus ombrage, la présidente fédérale chercha dans la Duchesse Alexandra une interlocutrice loquace et contrastée, eu égard à celle que les protocoles diplomatiques locaux semblaient lui avoir imposé en la personne de Lucette Dumorne.

"Les radars transhorizons sont une source de satisfaction et de sécurité indéniable dont nous cherchons constamment à développer la portée. Prévenir c'est guérir, vous connaissez l'adage !" Lança-t-elle avec un sourire, espérant trouver une expression se suffisant à elle-même pour motiver ce programme scientifique et le faire valoir sans justifier d'une course à l'armement ouverte. Mais pour dévier du sujet qu'il plaisait de ne pas étaler davantage, rien ne valait la poursuite de la conversation sur une base élogieuse. "Mais vous l'avez très justement rappelé Madame la Duchesse, la lutte contre la piraterie, ça se passe aussi sur terre et dans les foyers. Si la misère sociale est source de criminalité, pourquoi la piraterie en serait-elle affranchie? Mais n'accordons pas plus d'importance à ce qui est en Paltoterra, un fait des plus marginaux. Les assises de la piraterie telles que précédemment évoquées ont été défaites, au Yuhanaca et en Izcalie. L'affaire repose donc davantage sur la manière appropriée que nous pouvons entretenir pour ne pas détériorer une situation sous contrôle. L'éducation, les dynamiques commerciales et les échanges culturels sont donc des enjeux tout aussi valables, si ce n'est plus, sur les sujets sécuritaires capables de surmener nos esprits. L'opportunité lui était alors trop belle, pour évoquer les prémices des échanges culturels débutés entre le Duché de Sylva et la Fédération.

J'ai d'ailleurs pu suivre avec grand intérêt, la mise en place de nos premiers échanges culturels par le professorat. Une nouveauté, qui fait office de tests pour notre département à l'éducation nationale je ne vous le cache pas. Mais... cela me rassure de savoir la mesure à l'épreuve du feu auprès des autorités sylvoises, manifestement des plus convaincues dans la place de l'interculturel sur la scène mondiale... Votre ouverture et la notre seront les premiers gages de nos succès nationaux, la mondialisation est là et il faut apprendre à composer dans l'espace qu'est le notre. Comprenez-nous intéressés et plus encore, investis, pour le financement d'infrastructures locales en Sylva, pour prôner un message d'ouverture et de tolérance. Si la Fédération d'Alguarena n'a aucun tabou à financer les édifices religieux catholiques, reconnaissant cette religion comme un élément notable de notre identité nationale, je pensais davantage au financement de musées ou d'exposition retraçant des périodes de l'Histoire, où les trajectoires nationales dessinées par le Duché de Sylva et la Fédération d'Alguarena se sont croisées.

La Fédération d'Alguarena abrite d'ailleurs un nombre important d'historiens et de passionnés, qui ont à cœur de reconstituer l’Histoire de notre pays. Nous aurions tout intérêt à profiter de ce réseau pour mettre en place, à une échelle plus grande et bilatérale, des sites et des manifestations dédiés à la mémoire de notre passé, en différents points des ères, depuis que le monde est monde. Ce genre d'initiative serait assurément moteur d'une meilleure compréhension culturelle entre nos deux peuples même si je l'entends parfaitement, n'est pas l'assurance de faire reculer la misère..."


Vint se succéder à ce moment, celui où le cas de la Communaterra refit surface.

Pour être tout à fait honnête avc vous et sans me trahir quant au retour qui vous a précédemment été fait. Si le Duché de Sylva juge opportun d'inclure la Communaterra dans une opération humanitaire, c'est un choix de politique étrangère qui lui appartient, et que la Fédération d'Alguarena pourrait possiblement imiter au regard de l'ampleur de la catastrophe locale et des besoins humanitaires sur place. La Fédération d'Alguarena n'entretient aucun jusqu'au-boutisme qui n'entame la paix, la prospérité et le partage en ce monde. Un cycle baptisé "3P" que des politologues et économistes alguarenos ont théorisé, fondant l'harmonie et la réussite mutuelle sur ce processus en trois temps.

Quoiqu'il en soit, mon pragmatisme politique s'arrête à la conduite de patrouilles maritimes conjointes avec la Communatera, y compris dans la lutte contre la piraterie. Mon état-major trouverait en effet des plus hasardeux, la place laissée à un gouvernement qui nous est ouvertement hostile et potentiellement opposable par la suite. Les doctrines militaires n'ont pas nécessairement de secret sur la scène internationale, mais les manœuvres et l’exécution d'exercices pratiques, de protocoles d'usage, ne saurait se faire au contact d'un état pouvant justifier d'une action armée ultérieure. A ce propos, la Communaterra et ses autorités ne nous ont fourni aucun gage crédible quant à leur risque zéro, au contraire."
Alexandra se détendait, voyant la discussion s'apaiser et se tourner vers une direction constructive. Elle fut même satisfaite que Lucette dise quelque chose d'en soit pertinent quand bien même c'était ostensiblement intéressé, d'autant plus que leur homologue alguarenos approuvait. Elle poursuivit donc point à point.

-Bien, nous sommes donc d'accord concernant la question de la piraterie que ce soit à la source ou sur le terrain.
Concernant les échanges universitaires, ils sont en effet encore à un stade précoce mais laissent voir les prémices d'une réussite. Sylva apportera de nombreux efforts à ce sens tel que vous l'exprimez si bien, et nous sommes heureux de voir que cette énergie porte déjà suffisamment ses fruits pour qu'elle en soit visible. Nous sommes d'ailleurs très heureux des propositions concernant les musées (signe approbateur de Lucette) qui contribueront à ces partages culturels et à une meilleure connaissance mutuelle. C'est là l'exemple de rapprochements que Sylva se fera une joie de promouvoir auprès de ses partenaires de tous horizons.
Je touche rapidement un mot sur la question des monuments religieux bien que j'ai compris qu'elle ne soit pas centrale. Sylva n'y est pas opposé, cela pouvant se faire selon les règles en vigueur pour tous les investissements étrangers et constructions.

Petite pause avant d'aborder une aide humanitaire ou anti-piraterie conjointement avec Communaterra.

-Le Duché... a des avis divergents sur la question. Mais une initiative non gouvernementale pourrait se faire ? Libre court à cela, mais je ne pourrais prendre une telle initiative conjointement avec eux en vu... tout simplement de la non reconnaissance de ma personne en dirigeante de Sylva par ces révolutionnaires. Je ne peux de fait dialoguer avec eux pour planifier quoique ce soit.
Toutefois, je me permet de poser une question mais la chose m'intrigue, vous mentionnez l'hostilité des komunteranos à l'égard de l'Alguarena. Rien de surprenant dans la chose, mais rien n'a été exprimé publiquement sur la question. Est ce qu'il s'est déjà passé quelque chose sous les regards ? D'autant que vous mentionnez le contraire d'un gage concernant le moindre risque ?
27 juin 2012 - Bourg des Mahoganys


L'honnêteté m'oblige à vous dire que nous n'entretiendrons aucune initiative politique auprès de la Communaterra, si ce n'est celle contrainte et forcée par la survenue d'une catastrophe naturelle, susceptible d'atteindre l'intégrité des populations là-bas ou ailleurs. Nous pensons en effet que le peuple actuellement sous la domination de la junte du Communaterra ou une autre après elle, ne devrait pas pâtir des errements diplomatiques de sa gouvernance.

Sans que nous en ayons fait un secret de polichinelle, la junte de Communaterra a effectivement émis une missive à l'encontre de notre gouvernement, taxé de tyrans avec qui la paix apparaît "difficile" de leurs propres termes. Une démarche qui aurait été jugée hystérique si elle avait été la résultante de propos issus de la bouche d'une personnalité d'état. Ce qui nous invite à confirmer que la junte au pouvoir au sein de ce pays est un amoncellement d'endoctrinement et de censures qui ne trouvera pas de places sur la liste des partenaires à la construction d'une paix et d'une prospérité régionale, crédibles... Hélas, je vous prie de le croire.

Voilà en sommes le raccourci permis quant au faux départ des relations diplomatiques qu'il eut été permis d'attendre du Communaterra."
L'énoncé de la présidente Alguarenos fit rouler des yeux la Duchesse, peu surprise de la chose, tandis que Lucette retint un soupir en constatant que son plus grand allié s'était de lui même mis à dos la plus grande puissance du globe.

-Il semble que cela ne soit malheureusement pas étonnant, les komunteranos n'ayant malheureusement pas une culture diplomatique bien conventionnelle, dirais-je simplement.

Lucette ne prit même pas la peine de dire quoique ce soit, qui n'aurait aucune raison d'être écouté par les deux interlocuteurs.

-Qu'ils mentionnent d'eux même la difficulté de la paix ne laisse qu'une seule question : sont ils diplomatiquement incompétents, ou inconscient du sens des mots ? Pour ce qui est de l'état réel des choses chez eux, je ne m'avancerais pas jusque là, et attendrais les retour des prises de renseignements sur la situation là bas. La chose est aisée au vu de leur ouverture médiatique et frontalière. Le plus important serait de voir dans quelle direction évoluera leur posture, résultant après tout d'une révolution très récente. Gagneront-ils en sagesse ou persisteront-ils ? Nous verrons.
Quoiqu'il en soit, nous en avons terminé avec ce sujet, passons au suivant, plus constructif. Coopération anti-piraterie, culturelle et académique, il reste le sujet de l'économie. Il a déjà été mentionné que la chose relevait avant tout du secteur privé, mais en Sylva l'économie est partiellement planifiée par l'État, qui prend souvent les devants pour diverses initiatives. C'est pour cette raison notamment que j'aborde ici la question.

Elle prit une gorgée d'eau avant de reprendre.

-Nous entreprenons en ce moment divers projets au niveau de l'industrie primaire, de façon à assurer l'approvisionnement de l'industrie secondaire. Nous nous consacrons notamment sur l'aspect minier, avec la Banque Minière Sylvoise, qui sera ravie de prendre contact avec l'Alguarena pour assurer l'intermédiaire entre vos exportateurs de minerais et les industries consommatrices sylvoises. Rien de particulier qui ne nécessite d'intervention gouvernementale.
Par contre, le Duché est également lancé dans un projet d'exploitation des fonds marins, aussi bien en pétrole qu'en minerais, et souhaiterait savoir si des initiatives du genre sont déjà en cours en Alguarena, et si des coopérations techniques voire industrielles pourraient en résulter ? Le pays connaît après tout un accès très important à la mer, qui permettrait une très large gamme d'exploitations. Là, une coopération à l'échelle de l'État pourrait être fort intéressante pour centraliser et coordonner les efforts, si l'Alguarena est ouverte à une telle coopération bien entendue. Le but ne serait pas systématiquement de développer l'industrie, mais aussi et surtout les techniques et savoir-faire.
Haut de page