19/07/2013
20:51:33
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[RP] Discussion conviviale entre un Zélandien et un Pharois sur un modeste voilier

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Quelque part au large de la commune de Slohoven, un modeste voilier aux voiles blanches et triangulaires du nom de : Le Kah-pitalisme ; est à l'arrêt sur les flots. Sur le pont, se trouve le Secrétaire Fédéral aux Affaires Étrangères de Zélandia : Giel Rutter. Ce dernier, habillé d'une simple marinière et d'un jean était penché sur une simple table noire en fer joliment forgé, en train de réfléchir et de répondre au courrier de ses homologues étrangers, auxquels il n'avait pas encore répondu. En Zélandia, il n'est pas rare, c'est même un fait, que les individus ou les familles, les foyers aient un navire de plaisance ; et les Secrétaires Fédéraux n'y font pas exception, étant donné qu'ils sont eux aussi de simples citoyens parmi tant d'autres.

En plus du Secrétaire Fédéral, se trouvaient vingt-neuf autres individus ; des marins, afin d'assurer que le navire soit bien manœuvré. Mais pourquoi le Zélandien s'était-il isolé au beau milieu des flots. Était-ce pour obtenir un moment de calme ? De solitude ? Rien de tout cela. Le second représentant diplomatique de la Fédération attendait en fait la venue d'une personne. D'un Pharois, pour être plus précis, envoyé par le Grand-Capitaine Gabriel afin de discuter d'une charte sur l'abolition des Zones Économiques Exclusives.


Rutter terminait sa dernière réponse, lorsqu'il aperçut au loin un bâtiment battant pavillon Pharois. Il prit donc ses affaires et alla les ranger dans sa cabine, pendant qu'un autre marin déposait sur la table en fer forgé un nécessaire à café, mais aussi a thé, dans l'éventualité où son interlocuteur n'est pas particulièrement friand de ladite première boisson. Le Zélandien revint avec sous le bras un paquet de feuilles de brouillon, ainsi que des stylos ; et de l'encre, pour son stylo à plume personnel, qu'il avait déjà utilisé précédemment, et dont le niveau était incroyablement bas. Lorsque son homologue Pharois monta à bord du voilier, Le Secrétaire Fédéral alla à sa rencontre, main tendue.

Salutation et bienvenue sur mon modeste navire ! Si vous n'y voyez point d'inconvénient, allons nous mettre au travail. Il me semble que nous avons du pain sur la planche.

Pendant que les deux individus se dirigeaient vers la table, les autres membres de l'équipage retournèrent à leurs occupations. Après cela, le Zélandien reprit :

Vous avez, si vous le souhaitez, du thé et du café à votre disposition.


Remerciement à Valentin tin tin tin qui eut l'idée du nom pour le voilier.
Le Grand Capitaine Gabriel se déplaçait moins en personne que son ancien homologue, le capitaine Mainio. Le pirate prétextait que l’âge et ses douleurs lombaires le retenaient au Pharois et qu’ils erait bien plus utile au pays dans sa résidence qu’à crapahuter à travers le monde. La véritable explication était plus simple : depuis que la Merirosvo était gérée de manière collégiale, le Grand Capitaine vivait dans la crainte qu’un de ses collègues n’essaye de le liquider, ou de lui piquer son bureau en son absence. C’est qu’il avait commencé à s’y habituer, à ce beau manoir en banlieue pharosienne, et ne tenait pas à se le voir dynamiter.

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En remplacement, on avait envoyé Juan-Baptista Pokeline. Né d’une mère listonienne – d’où son prénom – et d’un père Pharois d'origine slave – d’où son nom de famille – il avait grandi toute sa jeunesse à Albigärk, avait rêvé de se faire comédien mais, par nécessité de manger, était devenu pirate. Et quel diable de pirate ! Affairé et affairiste, mielleux comme la soie, acerbe comme la neige, grand baiseur mais maladroit, toujours sur le point de chuter. Par on ne savait quel coup du sort, Pokeline se révélait néanmoins efficace, car c’était nécessaire lorsqu’on avait de l’ambition.

Le listo-pharois était déjà en maillot de bain lorsqu’on annonça les voiles zélandiennes. En râlant il se tira de son transat, enfila vite fait un t-shirt et jeta à la mer le fond de sa pina-colada avant de se diriger vers la proue. « Sacré joujou » commenta-t-il à la vue du voilier « ces Zélandiens ont du style. »

Un mousse s’avança timidement par derrière.

- Votre chapeau capitaine.

Pokeline s’empara du grand tricorne et se l’enfonça sur le chef. Les vents marins menaçant de l’en arracher.


- Modeste, allons, pas tant que ça ! Enorgueillissons nous de nos navires.

Puis il hocha la tête. « Je vous suis. »

Il repoussa d’un geste de la main le thé et le café, comptant d’avantage sur ses cocktails précédemment avalés pour se garder hydraté.

- Alors alors, monsieur le Secrétaire Fédéral, dois-je vous donner du Capitaine ? Chez nous tout homme qui possède un navire peut prétendre au titre. Le mien, de capitaine, m’a dit que vous comptiez saboter dans l’œuf ces petites tentatives de juridictionner l’océan. En cela, sachez qu’il vous soutient à cent pour cent, et moi de même. Je n’ai jamais compris cette propension des humains à vouloir tracer des lignes un peu partout, cela ne donne qu’une seule envie : sauter par-dessus.
Il est vrai que je suis personnellement très fière de ce voilier. Mais objectivement, il est toujours plus modeste que d'autres. Je pense particulièrement aux navires diplomatiques Pharois qui, selon ce que m'avait rapportée la Capitaine Coutinho, corsaire de son état, de la rencontre diplomatique organisée en pleine mer par la Merirosvo est imposant. M'enfin, nous ne sommes ici pas pour parler de nos fidèles destriers des mers, bien que le sujet soit intéressant, mais plutôt, comme vous le dites, de "cette propension à vouloir tracer des lignes un peu partout".

Il se servit une tasse de café, noir et serré comme il l'aimait tant, afin d'être opérationnel dans la discussion. C'est que notre cher Giel avait une certaine tendance à passer des nuits blanches à rédiger des réponses à ses homologues étrangers, ou à faire des brouillons pour les autres Secrétaires Fédéraux ainsi que le Secrétaire Général des doctrines et projets internationaux de la Fédération.

Pour mon appellation, vous pouvez me donner du capitaine si vous le souhaitez, étant donné que nous sommes sur mon navire. Sinon un simple monsieur suffira ou même du camarade ou encore mon prénom si vous voulez. En Zélandia, nous ne sommes pas très regardants sur la forme ; mais plus sur le fond.

Mais sinon, oui. Au même titre que la Merirosvo, Zélandia ne reconnaît officiellement pas les ZEE. Ni les eaux territoriales d'ailleurs. Certes, au cas par cas avec des voisins, nous les négocions pour éviter des conflits inutiles, mais cela s'arrête là. Nous pensions donc, mes camarades des Secrétariats et moi-même, et comme l'a aussi précisé le Grand Capitaine Gabriel, à une charte, qui interdirait à ses parties signataires de revendiquer des ZEE. Évidemment dit comme cela, ça parait peut engageant, mais l'idée serait, par le biais de cette charte : primo, de ne pas empêcher quiconque d'interdire ses eaux aux navires de passages, et donc de sauvegarder les routes commerciales, mais aussi de "libéraliser" en quelque sorte la mer, mais surtout ses ressources, sans que personne ne se les approprie.

Que pensez-vous de cette première ébauche ?
Pokeline balaya le compliment d'un geste entendu de la main.

- Les navires diplomatiques sont conçus pour en mettre plein les yeux, ils sont superbes, et absolument incapables de supporter la moindre tempête. Disons le tout net, c'est de la superbe merde.

Il hocha vigoureusement de la tête et se rapprocha Zélandien pour mieux voir les plans étalés sur la table devant eux.

- Dans ce cas là vous ne verrez pas d'objection à ce que je vous appelle Rutty ? Mes amis m'appellent J-B, pour Juan Baptista. C'est moins pompeux et difficile à porter au Pharois, vous savez que chez ces gens là, au delà de deux syllabes votre nom sonne ampoulé.

Son doigt vint parcourir les plans.

- Sur un point je vous arrête, Rutty, le Pharois s'est bel et bien dégotté des eaux territoriales, il s'est même mis en tête de contrôler l'accès à certains détroits stratégiques et même si j'aimerai bien vous affirmer que tout cela est de l'histoire ancienne grâce à l'avènement de la Merirosvo, je connais une bonne demi-douzaine d'amiraux qui m'étranglerait si je venais à annoncer que c'est libre passage dans le Détroit du nord. Même mon Capitaine Gabriel n'a pas ce pouvoir. Néanmoins... vous avez vu juste malgré tout car chez nous en effet la mer est le lieu de tous les possibles.

Il se tapota la joue, pensif.

- L'astuce, je crois, serait moins d'abolir les ZEE que de consacrer la libre navigation pour ceux qui la revendiquent. Créer une sorte de statut de libre-voyageur, ayant droit de mouillage, discrétion, anonymat, libre commerce et libre activité, passant sous les radars des réflexes autoritaires. J'imagine mal nos petits voisins renoncer unilatéralement à s'approprier des espaces maritimes où exploiter des ressources ceci dit nous pourrions travailler à garantir à ceux de nos compatriotes qui vivent par et pour l'océan, qu'on les appelle pirates ou corsaires, qu'en tout lieux sur les flots ils ne sauraient être inquiétés ?
— Alors va pour Rutty, dans ce cas. Si cela vous va, ça me va.

Concernant les eaux territoriales... il est vrai que leur abolition peut paraître beaucoup précipitée. Nous-mêmes en ont établi dans le cadre de nos doctrines de défense afin de nous assurer comme un glacis protecteur en cas de grand trouble.


Il se recule sur sa chaise, l'air pensif.

— Hmm... oui je vois. Peu importe que les États s'approprient des ZEE et à quel mille ils en placent la limite. En assurant la liberté des navigants, ainsi que leur sécurité et celle de leur commerce dans des places de sûreté et en les soustrayant à tout contrôle autoritaire, on ne réduit de facto les ZEE qu'à leur utilité économique - leur essence originelle en somme -. Cela permettra de contrer la tendance actuelle de considérer lesdits ZEE comme des extensions des eaux territoriales. Ai-je bon ?
Le Pharois fit mine de vérifier la manucure de ses ongles, d'un air désintéressé.

- Vous avez, il y a deux façons de retarder un projet audacieux : par prudence et par lâcheté. Le Grand Kah fait preuve d'un excès de prudence, et le Pharois d'un excès de lâcheté. C'est bien dommage, peut-être, mais ce sont là les alliés que vous vous êtes dégotés et pour moi c'est la belle vie ! je ne suis pas sûr d'être prêt à mourir pour les ambitions de Gabriel à abolir les frontières maritimes universellement. En fait, très peu seraient prêts à le faire et Gabriel le sait, voilà pourquoi ce projet ne verra pas le jour, rares sont les pirates qui meurent pour des idées.

Il adressa un sourire bizarre au ministre et éclata d'un rire faux.

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- Mais il ne faut pas que ça vous chagrine Rutty, comme vous l'avez bien dit, il y a moyen de moyenner malgré tout ! Et vous êtes malin car vous avez compris vite : que nous importe quelques concessions de plateformes pétrolières ou d'exploitations de gisement d'hydrocarbures ? de toute façon personne ne peut se défendre contre des marins bien organisés et discrets, la guerre économique, nous la mènerons malgré tout mais à notre rythme et nappée d'une délicieuse hypocrisie. Ce qui est réellement précieux, en revanche, c'est d'arracher à tous ces petits États territoriaux un droit inconditionnel à la circulation, voilà qui s'appelle mettre un pied dans la porte car dès lors que les voyageurs voyagent, que les commerçants commercent et que marins marinent, toutes leurs petites lois protectionnistes deviennent paradoxalement notre force : nous nous glissons sous les frontières comme autant de petits poissons sous les filets et nos braves concurrents empêtrés dans leurs législations se croient bien malins d'être souverains, en réalité ils nous ont concédé leur bien le plus précieux : la liberté qui dans son sillage charrie tout le reste.
Hmm... Oui je vois.

Et pendant que Juan-Baptista détaillait ses idées, Giel brouillonnait une ébauche de charte, tout en remettant de l'encre dans son stylo.

Buvant une gorgée de son café, il tendit ladite ébauche au Pharois.

Déclaration des Droits des Marins et autres Gentilhommes de Fortune.

Déclaration du [date de la ratification par la Zélandia et le Pharois].


Les entités gouvernementales des équipages Pharois et des communes Zélandiennes, guidés par le désir de consolider la Liberté de la mer et de ses Hommes en Manche-Blanche et sur les eaux mondiales, propose ce qui suit :

Article premier.

Les parties signataires s'engagent à ne pas fermer leurs eaux à certains pavillons en fonction de leurs origines, sauf dans le cas où lesdites parties sont en état de guerre déclarée avec la nation d'origine dudit pavillon;

Article 2.

Les parties signataires s'engagent à assurer aux équipages et de façon générale à tout individu issu de la mer et ses débouchés, un droit de mouillage inconditionnel;

Article 3.

Les parties signataires s'engagent à ce que leurs citoyens en lien avec la mer s'assurent de porter secours à tous marins et équipages en difficultés;

Article 4.

Les parties signataires s'engagent à assurer aux équipages et de façon générale à tout individu issu de la mer et ses débouchés, le droit à l'anonymat et la discrétion de leur(s) affaire(s), quelque(s) quelle(s) soi(en)t;

Article 5.

Les parties signataires s'engagent à assurer aux équipages et de façon générale à tout individu issu de la mer et ses débouchés, le droit inaliénable au commerce, sous toutes ses formes et sans être inquiété de quelques législations ou individus que ce soit;

Alors, qu'en pensez-vous ?

Je ne sais comment fonctionne la démocratie Pharoise concernant la ratification d'un traité ou tout autre accord international, mais si vous étiez un Grand-Capitaine, soumettrez-vous ce texte à un référendum à l'attention de vos concitoyens ? Quelles idées pourriez-vous ajouter vous, Gabriel ou tout autre Pharois ?
Le Pharois pris le temps de lire en détail la proposition du ministre Zélandien. Il reposa finalement le papier.

- J'en pense beaucoup de bien Rutty. Beaucoup de bien. En l'état personne ne le signera mais il ne tient qu'à nous de nous montrer persuasifs.

Il hocha la tête, pensif.

- Peut-être imaginer quelques closes tournées de façon à sembler des faveurs...? quelque chose qui sonnerait comme "en retour, les signataires réaffirment la souveraineté des nations sur les ressources off shore blablabla ? il se trouvera bien quelques zigotos trop heureux de se voir confirmés dans leurs droits par nos marines.

En ce qui concerne le processus de délibération pharois, cela sera réfléchi par le Capitanat. Si le Capitanat se met d'accord pour signer le traité, le reste de la merirosvo l'appliquera. La précision sur la nation nous arrange, nous n'aurons qu'à lister nos adversaires pour leur fermer nos détroits, tandis que "piraterie" ne fait pas nation, sauf à se déclarer en guerre ouverte avec le Pharois. Oui j'y vois du potentiel.
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