En ce mois de juillet, le temps était particulièrement sec à Liatina, et cela malgré les quelques pluies qui avaient apporté un petit repos aux habitants la semaine dernière. Aujourd'hui, le ciel était on ne peut plus bleu : aucun nuages ne filait à l'horizon, et ce temps magnifique ne laissait en rien imaginer aux habitants la situation de mini-tempête qui frappait les côtes occidentales, autour d'Ezézé. Le thermomètre affichait un chiffre convenable : 32 degrès. Les habitants, en ce dimanche, en avaient profité pour se prélasser sur les plages et profiter des eaux calmes du golfe.
Mais beaucoup avait préféré à ce repos pourtant mérité la vision de la toute première délégation étrangère depuis longtemps dans la capitale. Bien évidemment, les Libéraux avaient condamné cette rencontre. Même en minorité, ce parti montrait sa voix. La montée du parti dans l'assemblée (quelques sièges ; il ne s'agissait pas là d'un changement politique cependant), avait de quoi inquiéter le gouvernement. Lorsque l'on voit la situation des états d'Aleucie orientale, il n'y avait pas intérêt à ce que ce chiffre monte.
C'est pourquoi de nombreux partisans communistes-socialistes s'étaient pressés sur les bords de l'Avenue de l'Union qui menait au Bureau de la Diplomatie dans lequel se déroulerait la réunion. Beaucoup voyait dans le Grand Kah un espoir de protection, au sens idéologique du terme. En effet, l'Aleucie était un continent très capitaliste, très droitard, comme s'amuse à le dire Mr. Karalidis. La présence de puissances comme l'Albel, de l'Alguarena et du Lofoten et dans une moindre mesure de l'Empire du Nord donnait à l'Astérie un sentiment d'étouffement, dont il fallait s'extirper : le Kah était la meilleure solution possible.
Mr. Karalidis était celui qui était en charge de la réunion. En raison de la chaleur et de la volonté et de ne pas suer inutilement, il préféra attendre patiemment dans son bureau qu'on lui annonce l'arrivée des diplomates kah-tanais pour sortir de sa tanière. Cependant on n'eût pas besoin de le faire : les cris de la foule suffirent. En descendant les marches, Mr. Karalidis eût plaisir à voir qu'ici, même lors de réceptions internationaux, on n'était pas obligé de positionner des forces militaires à en faire peur aux citoyens le long de la rue... contrairement à Elysium dont le député gardait un mauvais souvenir.
Lorsque les voitures s'arrêtèrent devant le modeste escalier du Bureau, le député hellène marcha en direction de celle de son interlocutrice du jour.
Madame, je vous souhaite la bienvenue à Liatina ! J'espère que vous n'êtes pas trop dépaysée... je ne suis jamais aller dans le Kah, à mon grand désarrois. Mais cela ne saurait tarder. Veuillez me suivre jusqu'à la salle de réunion.