25/06/2013
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Bureau Intérieur de Lutte contre L’Ennemi |.gouv/scrt|

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Bureau Intérieur de Lutte contre LEnnemi

Бюро внутренних врагов

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classification
SECRET DEFENSE
Bureau placé sous l'autorité du camarade Opokin, ministre de l'Intérieur
10036
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Rapport d’analyse sur la restructuration des enjeux idéologico-politique de la route du nord :
l’axe Pharois à l’ère de la Merirosvo

Si à première vue la politique pharoise semble arbitraire et soumise aux caprices des chefs de guerre pirates, la prise de pouvoir de la Merirosvo n’a pas balayé en un jour les conflits intérieurs et de faction propres à la principale puissance économique et militaire d’Eurysie du nord. Au contraire, la chute du Syndikaali et la montée en puissance des seigneurs pirates dont la légitimité provient exclusivement de leurs capacités militaires et du suffrage de leurs équipages a profondément contribué à laisser le champ libre à des factions subalternes.

La Merirosvo est désormais appuyée sur un équilibre de ses forces en tension, étirée sur un axe est-ouest qui s’étend sur la route du nord dont elle tire une grande part de ses richesses. Ou, pour le dire de manière plus imagée, l’hydre pharoise a trois tête : une anarchiste à l’ouest, une capitaliste au centre et une socialiste à l’est (voir schéma ci-dessus).

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Explicitons tout d’abord cette carte.

A l’ouest, dans la Manche Blanche, se trouve le premier axe d’influence du Pharois appuyé sur la base militaire de Kotios, les pirates anarchistes de la Fraternité des mers du Nord, le Canta pays allié, les pirates d’Uspon, la Zélandia pays allié et, dans une mesure plus potentielle, la proximité avec la Mährenie contrôlée par le Grand Kah qui y possède d’importantes forces armées. Cet axe se caractérise par deux aspects principaux : la domination des idéaux libertaires incarnés par la piraterie kotioïte et la Fédération des Communes Zélandiennes ainsi que la richesse de son commerce en raison d’un grand nombre de pays très dynamiques économiques et regroupés autour d’une mer intérieur relativement petite. C’est cet axe que nous avons choisi de dénommer capitalo-anarchisant ou « pirate ».
A l’est, dans l’océan du nord, se trouve le second axe d’influence du Pharois appuyé sur sa présence militaire au Prodnov et en Karpokie, l’alliance avec la Malévie, Pryscillia et la Lutharovie et, de manière générale, l’absence de concurrents fonctionnels dans la région. En raison du fait qu’un grand nombre de ces pays soient d’obédience socialiste ou communiste et que la souveraineté militaire d’entre eux soit en grande partie renforcée par des alliances militaires avec le Pharois, nous avons choisi de dénommer ce second axe capitalo-socialiste ou « militaro-industriel ».

Derrière ces axes, quelle réalité politique ?

Avec la prise de Kotios, une grande partie de l’influence des anarchistes pharois s’est détournée de l’océan du nord – où elle avait autrefois ses bases – pour se concentrer autour de la Commune, conçue comme un quartier général et une terre d’asile et d’expérimentation pour les idées libertaires. Ce faisant, l’influence des anarcho-syndicalistes – déjà marginale – au Pharois a diminué, laissant d’avantage de place à son pendant capitaliste : la faction pirate. Cette dernière a progressivement gagné en influence au cours du temps jusqu’à prendre le pouvoir. Il existe néanmoins une alliance objective entre les anarchistes et les pirates, ces deux groupes se confondant parfois. Les idées libertaires et démocratiques infusent au sein des équipages, même les plus autoritaires, et inversement les anarchistes ont besoin de rentrées d’argent régulière pour soutenir la Commune et participent dont activement à l’écosystème du marché noir eurysien.
Par ailleurs, la proximité en Manche Blanche de pays démocratiques ou partageant des valeurs démocratiques communes a participé à l’expansion des factions anarchistes et libertaires vers l’ouest, leur donnant la possibilité grâce au libre commerce de prélever les richesses de la Manche Blanche. Ce faisant, l’axe « pirate » est l’un des principaux poumons économiques du Pharois et, par ailleurs, sa vitrine diplomatique mettant en avant des valeurs d’émancipation et de démocratie.

La réalité géopolitique de l’océan du nord n’a pas permis de telles opportunités. Plus pauvre et plus sauvage, la faction anarchiste a eu d’avantage de mal à s’implanter idéologiquement sur place faute. De fait, caractérisés par un niveau de vie inférieur à ceux de la Manche Blanche, les pays de l’océan du nord ont historiquement préféré aux libertaires des propositions politiques autoritaires ou collectivistes. Malévie et Pryscillia mis à part – mais handicapées par leur climat aride – les communismes slaves et autocratie impériales ont pendant des décennies composées l’entièreté du paysage politique régional.
Moins propice aux valeurs libertaires, l’est du Pharois est devenu la zone d’influence du Parti Communiste Pharois et de sa branche armée des Stations Libres. Le complexe militaro-industriel pharois, l’un des plus grand du monde, est également majoritairement tenu par les syndicats et fonctionne presque en autonomie de la politique d’Etat. La proximité du Parti Communiste Pharois avec les autocraties est-eurysienne a dès lors permis le passage de commandes militaires ambitieuses et de grands projets régionaux, notamment la construction de ports industriels en Lutharovie, au Prodnov et en Karpokie, qui ont fait la fortune des industries pharoises. Le récent partenariat pharo-prodnovien pour la production du Baba Yaga en est un excellent exemple.
D’avantage planifié, acquis au productivisme et acquis à une conception militariste des rapports géopolitiques, le complexe militaro-industriel pharois et la faction communiste ont été le principal moteur de la construction de l’ordre géopolitique régional dans l’océan du nord au service des intérêts pharois, assurant ainsi leur prospérité économique.

Enfin, au centre, se trouve le Pharois et la Péninsule d’Albi. Entouré d’alliés (ALbigärk, Finnevalta) ou de pays partageant avec lui une culture et une histoire commune, le Pharois fait office de bouclier pour les nations de la Péninsule qui, en retour, lui délèguent de facto une partie de leur souveraineté militaire.
Grâce aux ports libres au cœur du détroit du nord, le Pharois tire pleinement profit des échanges économiques de la route du nord, la plus riche du monde, où il occupe la place de douanier et de sas entre le monde libéral acquis au libre échange à l’ouest et des nations plus protectionnistes à l’est.

Le Pharois tiraillé : clef de compréhension de l’équilibre de la route du nord

On le comprend donc, le Pharois est un pays en pleine contradiction. Tirant sa richesse d’une politique extrêmement ambitieuse et impérialiste au cœur des deux mers de la route du nord où il ne souffre pas de rivaux, sa puissance s’appuie toutefois sur plusieurs stratégies à première vue contradictoires. Démocrate-libertaire, acquis au commerce à l’ouest, autoritaire et planificateur à l’est, tirant profit des régimes illibéraux voire dictatoriaux de la région. Au cœur de tout cela, le Pharois demeure malgré tout fondamentalement capitaliste, la victoire de la faction pirate et des intérêts de l’argent en est le signe le plus évident.
Les différentes factions idéologiquement ennemies cohabitent pour le moment car chacune possède sa propre zone d’influence et y a bâti, par opportunisme, un écosystème économique sur mesure, fait de piraterie à l’ouest, de grands projets à l’est, et de libre échange au milieu. Si la croissance pharoise a ralenti ces dernières années elle reste malgré tout très dynamique et la production continue d’armement destiné à sa population civile qui compose les équipages – et donc autant d’agents d’influence pour ses intérêts – creuse chaque jour son avance.

C'est cette dynamique qui explique, au-delà d'une volonté idéologique assumée (au contraire le Pharois tend plutôt à prôner l'anti-impérialisme), l'expansion permanente des influences pharois sur la route du nord, allant (chose rare) jusqu'à s'engager dans des opérations militaires ouvertement hostiles contre d'autres puissances. Contrairement à ce que voudraient nous faire penser des analystes idéalistes qui tendent à expliquer le positionnement géopolitique du Pharois comme l'artefact de la Geste pirate (analyse psychanalisante sans intérêt ndlt), il faut comprendre les structures agissantes et notamment la guerre d'influence permanente que se livrent les factions à l'intérieur du pays, mais dans le cadre d'une cohérence d'ensemble. Le paradoxe est là qu'alors qu'un autre pays se serait effondré et sombrerait en guerre civile, l'unicité du modèle pharois le contraint à se maintenir en place, ou plus exactement à revenir à la vie en permanence après chaque crise, faute de concurrence à la piraterie.

Le Pharois est donc un modèle en expansion contre la volonté de ses dirigeants et de sa population, expliquant les reculades politiques vis-à-vis de tout projet d'harmonisation ou d'impulser un ordre politique international, mais contribuant malgré tout de fait à le mettre en place, chaque faction jouant sa propre partition dans des ères géographiques distinctes.

Bilan et perspective pour la souveraineté du Prodnov

A l’heure actuelle, notre pays est un pion sur l’échiquier d’une grande puissance voisine qui nous dépasse. Cependant, la volatilité idéologique du Pharois et l’opportunisme de sa politique étrangère nous permettent de croire que nous pouvons nous aussi tirer parti de ses contradictions. D’une part, la faction communiste pharoise est très attachée à sa zone d’influence à l’est, au point d’y déclencher ou d’y financer si nécessaire des conflits armées, ou de mettre en place une stratégie de déstabilisation politique majeure comme vu au Vogimska. En conséquence de quoi, notre alliance avec les communistes pharois est aussi précieuse pour nous que pour eux. Le bluff, le risque d’une ouverture du Prodnov à d’avantage d’internationalisme et de multipolarité pourrait emmener la faction pirate à mettre d’avantage sur la table pour acheter nos fidélité. A l’inverse, le risque est grand de subir de sa part des tentatives d’entrisme et d’ingérence. Nous recommandons à ce titre la plus grande vigilance de la part des services secrets sur ce sujet.

Par ailleurs, tout porte également à croire que le Pharois ne laissera pas le Prodnov être envahit une seconde fois. Les déclarations qui iraient en ce sens doivent être comprises comme du bluff de la part de leur diplomatie, visant à infléchir nos décisions pour leurs intérêts. Considérant que la faction communiste ne peut se permettre de perdre le Prodnov, nous avons tout intérêt à retourner notre faiblesse actuelle à notre avantage en engageant une géopolitique ambitieuse, nous sachant protégés. Le principal risque dans les années à venir est celui de l’ingérence pharoise et de stratégie d’agitprop ou de psy op contre nos populations civiles.

Je conclurai ce rapport en recommandant de n’attendre aucune cohérence idéologique de la part du Pharois. Celui-ci est appuyé sur trois jambes chacune en contradiction avec les deux autres. L’appart du gain et un certain sentiment de citadelle assiégé permettent la cohésion intérieure du pays qui a su faire front commun chaque fois qu’il se sentait menacé. Dès lors, le Pharois doit moins être vu comme un allié fiable qu’un partenaire, voire une ressource dont nous pouvons acheter ou détourner les services.

Rapport signé Andrei Pogodin* le 26/09/2012
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