21/06/2013
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Le conseil du divan (les grandes lignes de la politique)

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Repeindre la géographie du pays

Le soleil peine à pénétrer dans cette pièce. Ses rayons traversent difficilement les rideaux. Mais lorsqu'une femme entre, elle tire brusquement les rideaux. La lumière qui se cachait derrière ces rideaux se déverse dans toute la pièce, dans les moindres recoins.
À l'entrée de la pièce, le Raïs discute devant la porte avec son secrétaire, Aziz. Puis Tarek Ali, wazir de la richesse du sol, arrive. Le Raïs lui serre la main. Ils échangent quelques mots puis le wazir entre. Cette scène se répète 8 fois. Une fois que tous les wazirs sont entrés, le Raïs pénètre dans la pièce. À l'intérieur, une grande table autour de laquelle les wazirs se sont installés. Le Raïs s'assoit à l'extrémité pour présider le conseil du Divan. Une fois assis, il dit :
"Bien, aujourd'hui c'est un conseil particulier. Nous allons nous saisir d'un dossier fondamental pour notre pays."

Les wazirs ne semblent pas plus bouleversés que ça. Ils se servent de l'eau et préparent leurs dossiers. Le Raïs reprend :
"Bien, nous allons réformer notre politique d'occupation du sol, car l'actuelle permet tout et n'importe quoi, le terme 'formé' est plus adapté. Dans les grandes lignes que nous allons aborder, il y a la problématique de la préservation des espaces, le besoin de planification, et la réponse aux enjeux du pays. Autrement dit, nous allons en parler et en reparler un moment. Alors, ma chère wazir du jugement, Nada Mahfouz, je vous laisse commencer."

La wazir du jugement avance sa chaise et prend la parole :
"Donc, comme vous l'avez fait remarquer, il y a de nombreux vides dans le droit à ce sujet et lorsque des règles existent, elles sont rarement respectées. Notre capitale encombrée en est la parfaite démonstration. Avant de mettre en place des lois, il nous faut connaître les enjeux auxquels ces lois doivent répondre."

Le wazir de la masse paysanne et de la souveraineté alimentaire, Mustafa Mansour, prend alors la parole :
"Notre pays a pour le moment les moyens d'assurer sa sécurité alimentaire. Mais au vu des chiffres démographiques, il nous faut nous préparer à devoir produire plus. Or, l'agriculture a une limite : l'espace. Notre pays compte 241 389 km2 de surface propre à l'agriculture. Nous devons préserver et capitaliser sur cet espace. La masse paysanne serait amplement satisfaite de voir son espace protégé."

Le Raïs dit alors :
"Je vous rejoins, les terres fertiles sont un atout que l'on doit préserver. Je propose l'interdiction d'artificialiser la surface à laquelle vous avez fait référence, à moins qu'il y ait un projet qui soit dans l'intérêt commun. Nous avons 370 572 km2 de désert. Nous pourrions urbaniser sur cet espace en bordure des plaines humides. Puis nous profiterons de ce réaménagement pour vérifier la mise aux normes du nouveau bâti."

La wazir du jugement répond alors :
"Cela me paraît tout à fait envisageable juridiquement. En revanche, sur le terrain, cela va avoir un coût."

Dire le mot "coût" c'est comme lancer la balle au wazir du trésor, Mahmoud Farouk. Celui-ci ne perd jamais l'occasion de prendre la parole après que ce mot soit lancé. Il rétorque donc :
"La désartificialisation a un coût important, en plus de cela, la vérification de la mise aux normes est un coût supplémentaire. On pourrait réduire les frais de main-d'œuvre en utilisant la masse carcérale. Elle serait une main-d'œuvre qui travaille pour sa réhabilitation dans la masse. Pour que cela soit une réduction totale, une petite partie de la masse armée devrait s'occuper de la surveillance."

Walid Abdel Rahman, le wazir de la furûsiyya (guerre), fait un signe de tête pour montrer que cela ne lui pose aucunement problème. Le Raïs sourit, pose ses deux mains sur la table et dit :
"Parfait, la Jamahiriya Sarranide sera une bande bleue des montagnes à la mer, puis une bande verte et fertile qui la borde, une bande grise la ceinture et une bande jaune marquera la fin. C'est un beau tableau que nous avons peint là. Mais au milieu de ce magnifique tableau, il y a une tache. La capitale, Gharma-jadida. On avait annoncé le projet de refondre la capitale en quelque sorte. Ce projet doit être mis en œuvre avec la nouvelle couche de peinture que nous allons mettre sur le pays."

Amr El-Din, le wazir des affaires intérieures, fait un signe montrant qu'il veut prendre la parole. Le Raïs lui donne, et il dit alors :
"L'actuelle capitale est un véritable casse-tête, aucune planification n'est envisageable, certains espaces n'ont aucun contrôle. Plus d'une fois des dirigeants ont voulu la raser mais cela n'a jamais été entrepris. Il faudrait mettre en place des relogements, couper des artères de la ville, délocaliser des entreprises. C'est un chantier pharaonique. Sans oublier qu'elle est dans le delta, c'est au milieu de la surface à désartificialiser."

Le Raïs rétorque :
"Oh oui, c'est un projet de taille. Si nous voulons libérer les masses des inégalités, de la pollution et du bruit urbain, nous nous devons de mener ce projet. Mais ne chargeons pas trop la mule. Commençons par peindre ce beau tableau correctement et nous nous occuperons de la tache juste après. Au prochain conseil du Divan, nous verrons l'avancement de la mise en place de la nouvelle législation. Une fois qu'elle sera mise en place, nous nous attaquerons à Gharma-jadida. L'important est d'arrêter son expansion net aujourd'hui. Oh, et Sama El-Masry, je suis très content de ton travail, de tous d'ailleurs, mais Sama, je compte sur toi pour montrer la vérité et vers où les masses doivent regarder. Bien sûr, je pense qu'on a du travail. Ça sent la peinture fraîche."

Le Raïs se lève et sort accompagné de ses wazirs. Ils retournent tous à leurs affaires dans la bouillonnante capitale.
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Les symboles du pouvoir

Le divan, ce meuble oriental, est bien plus qu'un meuble d'apparat. Au sein de la Jamahiriya Sarranide populaire et socialiste, ce meuble est central. Il est le cœur du pouvoir, le lieu depuis lequel le Raïs gouverne. Ce symbole du pouvoir est le pouvoir ; c'est depuis lui que les sultans, puis le Raïs, orientent, dirigent puis guident le pays.

Un divan trône dans cette pièce de murs lisses et de couleur ocre. La lumière qui baigne la pièce paraît lourde, lourde d'histoire, d'intrigue ou de pouvoir. Le divan est adossé au mur qui fait face à l'entrée. Et quelle entrée ! Une entrée matérialisée par une haute porte à la décoration arabesque. Les formes qui décorent la porte contrastent totalement avec la sobriété de la pièce.

La longue porte s'ouvre et le Raïs entre, suivi de ses wazirs. Il est exalté par ce symbole du pouvoir. Il fait un éloge énergique de cette nouvelle pièce du pouvoir qu'il a mise en place. Ses vizirs, comme à leur habitude, ne montrent pas un tel engouement. Mais cette réaction stoïque ne dérange nullement le Raïs, qui préfère avoir un gouvernement qui parle peu et agit plutôt qu'un gouvernement qui fait de grands gestes sans jamais rien faire. Il s'assoit sur le divan, les vizirs, eux, restent debout dans la pièce. Le conseil du divan peut commencer.
Le Raïs, d'une manière expressive, leur parle du symbole. Il leur fait remarquer que le pouvoir est légitime quand il devient un symbole. Il leur dit que le pays entier doit devenir un symbole, que où que les masses posent leur regard, elles doivent voir un symbole. Il leur dit que l'ancienne république est un symbole d'échec et de médiocrité. La Jamahiriya est le symbole des masses libérées. Aziz, le secrétaire du Raïs, entre avec un tissu plié. Le Raïs explique qu'il doit y avoir un renouveau des symboles dans le pays. Aziz déplie le tissu, qui se révèle être un drapeau. Depuis son divan, le Raïs explique que ce drapeau sera le symbole de la modernité et de la libération que la Jamahiriya a apportées au pays. Il dit à ses vizirs que le drapeau doit être partout. Il voudrait parsemer le pays de mâts du haut desquels le drapeau flotterait au vent. Il voudrait faire de la Jamahiriya un hérisson de mâts surmonté d'un drapeau. Remplir le pays de symboles jusqu'à ce qu'il en devienne un. Le Raïs, étant un être consciencieux, n'oublie pas les masses aveugles ; pour ceux qui ne pourraient voir ce symbole, il faut qu'ils puissent entendre la Jamahiriya. Il dit que l'ancien hymne est trop banal, qu'il ne reflète pas ce pays qui est si riche et unique, ce pays qui est un rêve éveillé d'art moderne arabesque, selon lui. Aziz amène alors un petit poste d'où s'échappe le nouvel hymne. Il demande alors aux wazirs ce qu'ils en pensent. Tous lui disent qu'il a raison. La wazir de la propagande, Sama El-Masry, ne cache pas son enthousiasme. Elle dévoile au conseil la planification du renouveau des symboles: programme d'affichage, de diffusion télévisée, radio et papier. Elle leur montre tous les supports par lesquels ils vont libérer les esprits des masses. Elle leur explique qu'à force de le lire, les masses finissent par comprendre, qu'à force de le dire, elles finissent par être libérées. Elle veut que la Jamahiriya soit partout, le long du fleuve, dans le désert, entre les immeubles, dans les immeubles, sur les langues et dans les têtes. Le message, la vision, la pensée de la Jamahiriya seront partout. Le pays reposera sur des symboles. Les wazirs valident le programme, comprenant que la masse médiatique doit aider les masses populaires à se libérer. Le Raïs, complètement enthousiaste, met fin au conseil, et chacun repart à ses responsabilités, conscient qu'ils vont élever le pays et lui faire prendre un tournant historique.

Une fois la pièce vide, la longue porte à la décoration arabesque se ferme, plongeant la salle dans l'ombre.

Salle du divan sous le sultana
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"Nous marchions sur la tête."

Hussein Al-Saud est assis sur le divan. Son costume noir aux lignes droites et directes et son fez rouge encloué sur sa tête semblent faire partie intégrante de la décoration. Les wazirs entrent par la grande porte et se dirigent vers le Raïs qui tend les bras vers eux.

Hussein, d'une voix posée, demande : "Mes wazirs préférés, avez-vous remarqué un changement ?" Les wazirs perplexes se regardent entre eux. Aucun ne devine le changement auquel le Raïs fait référence. Hussein brise alors le léger silence en leur demandant de lever les yeux. Les wazirs découvrent alors un plafond recouvert de motifs géométriques et floraux. Des losanges, des roses, des triangles, des lys, des étoiles, des feuilles et des hexagones s'étendent sur le plafond. Une multitude de couleurs animent les motifs. Hussein explique alors qu'il a demandé qu'on lui fabrique des tapis par régions et qu'il les a fait suspendre au plafond. Les wazirs se demandent alors si le Raïs a convoqué le conseil du divan pour parler décoration. Le Raïs révèle alors : "Autrefois, les tapis étaient au sol et nous prenions des décisions comme si nous marchions sur la tête. Aujourd'hui, nous sommes revenus sur nos pattes, nous faisons les choses dans le bon ordre, le bon sens est rétabli. J'ai donc mis les tapis au plafond." Les wazirs comprennent alors la démarche et félicitent le Raïs pour cette bonne idée. Ils lui assurent qu'aucun homme dans la Jamahiriya n'aurait eu cette réflexion, qu’il est un esprit vif. Le Raïs se sent alors compris et les félicite de cette ouverture d'esprit, mais...

Hussein leur rappelle que tout n'est pas encore dans le bon ordre. Il leur demande comment les masses peuvent se libérer dans un tel bazar. Et il professe qu'il faut socialiser pour unir les masses et pour cela, il faut mutualiser. Mais pour mutualiser, il faut d'abord recenser. Il demande alors aux wazirs de compter, d'étiqueter tout ce qu'il y a dans le pays. Après quoi, on pourra planifier et gérer. Le Raïs leur rappelle que l'individualisme est un triste chemin solitaire qui divise les masses. Ils doivent mutualiser l'économie pour unir les masses. En plus de cela, il faut que l'économie serve à libérer les masses et donc les intérêts de la Jamahiriya. Il proclame que la monnaie, le dinar, est bien trop individualiste comme moyen d'échange. Il pousse à l'avarice, à la corruption, à la division. Puis il leur rappelle que les masses ne peuvent se libérer d'elles-mêmes, qu'elles doivent être dirigées, guidées et que c'est là, son rôle dans la Jamahiriya.

Après cette démonstration, les wazirs acquiescent, bien qu'ils ne sachent pas par quel bout attraper le chameau. Ils disent au Raïs que c'est une correction, une modernisation, un perfectionnement important qu'il demande. Et que la Jamahiriya devra se réformer pour pouvoir atteindre sa vision. Hussein rétorque énergiquement qu'ils ont raison. Que dans sa forme actuelle, la Jamahiriya n'est pas vraiment la Jamahiriya. Elle est encore un fœtus. Avec le temps, et leur travail, elle va grandir, ses formes s'affirmer, ses organes se former. La Jamahiriya sera un État sans pareil. Qui se devra d'être sublime.

Les wazirs s'accordent avec le Raïs et tous échangent sur la réforme de la Jamahiriya. Une fois les langues asséchées, les poumons essoufflés et les yeux fatigués, les wazirs quittent la salle du divan, suivis du Raïs, derrière lequel se ferme la grande porte. La pièce s'immerge alors dans l'obscurité, du sol au tapis.
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