17/07/2013
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Rhétorique velsnienne - Historique des grands discours

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Depuis sa fondation, l'institution du Sénat est un haut-lieu la glorification des mots comme arme politique. Des mots suffisent parfois à faire chavirer la cité dans une direction ou une autre autre. A ce titre, beaucoup de sénateurs sont passés maîtres dans l'art de la rhétorique, à tel point que l'on compile désormais des volumes entiers de ces discours vibrants et qu'on les clame bien souvent en place publique, comme si il s'agissait de partitions de musique ou de pièces de théâtre. Bienvenue dans le monde de la rhétorique, étranger.
Le "discours du Triumvirat", Dino Scaela (Novembre 2012)


Mes frères et mes sœurs, mes excellences sénateurs et sénatrices. Je n’ai pas peur de vous appeler fratrie, car c’est ce que nous sommes les uns pour les autres dans cette salle : une fratrie. C’est ce qu’étaient les fondateurs de notre cité lorsqu’ils ont sont arrivés sur ces berges. Des individus n’ayant plus de nation, plus d’attache, plus de foyer, plus rien. Mais des individus audacieux, entreprenants, courageux, des visages rayonnants de ce qui s’offre à eux…tout comme je les vois en face de moi dans cette pièce. Regardez-vous, regardez votre voisin, et dites-vous : voici un frère !

Vous êtes tous magnifiques ce soir. Comptez le nombre de bagues à vos doigts, et vous mesdames, comptez le nombre de diamants sur vos parures et vos colliers. Pas mal pour des descendants d’exilés, pas vrai ? Je sais ce que vous me direz : mais Triumvir Scaela, je n’ai eu besoin de personne pour gagner tout ce que je possède ! Et vous auriez raison, tout en oubliant quelque chose de très important toutefois. Notre prospérité a un cadre, elle s’inscrit dans quelque chose qui nous dépasse en tant qu’individus. Les loduariens vous répondront que la prospérité est le fruit du travail du glorieux leader. Les Etats-Nations vous diront que c’est le sentiment d’appartenance à un peuple qui conditionne notre existence. Les religieux orientaux de la lointaine Vélésie rétorqueront quant à eux que c’est dieu qui est à l’origine des aléas de la vie. Mais nous savons que nous fonctionnons autrement ici, toutes ces solutions ne sont pas l’origine de notre force. Je vais vous répéter, excellences sénateurs et sénatrices, chers ambassadeurs de l’étranger, je vais vous mettre dans la confidence d’un secret que vous ne révélerez pas à qui que ce soit : le secret de la résistance de Velsna à travers toutes les épreuves que notre cité à dû aborder.

Nous ne sommes pas un Etat-Nation, nous ne sommes pas non plus dans un Etat de dictature personnelle, pas plus que nous sommes des théologiens. Non, nous sommes davantage que cela. Vous vous dites que Velsna n’est que le nom d’une ville ou d’un pays, et là vous auriez tort. Velsna n’est pas une ville, c’est une cité. Nuance. Velsna est un corps civique davantage qu’un lieu. Mettez tous ces palais dont celui-ci en ruines, détruisez le Palais des Patrices, dispersez ses habitants et rasez la ville…mais vous ne détruirez pas Velsna pour autant. Parce que notre cité n’est pas un lieu, pas plus qu’un peuple. Nous sommes un corps civique, comme le dit si bien mon confrère DiGrassi à longueur de journée. Nous sommes un groupe de citoyens politiquement organisé vers un seul et même but : assurer la continuité de notre liberté, notre libertas. Ainsi, si d’aventure une force voulait faire tomber notre cité, il faudrait tous nous passer au fil de l’épée.

Et à ce titre, les trois hommes à cette table, moi y compris, sont de ceux qui se sacrifieront en premier pour vous, au mépris de leurs propres vies. Regardez DiGrassi dans les yeux, et vous verrez le sens de la discipline et l’esprit laconique qui a permis à nos ancêtres fortunéens de triompher des hordes occitanes et achosiennes. Regardez Vinola dans les yeux, et vous verrez la fougue de la jeunesse qui donne à notre cité sa vitalité. Nous prendrons les coups pour vous, nous nous interposerons devant toutes les instabilités et les modèles politiques défaillants que l’étranger tente de faire entrer dans notre maison bien rangée. Ces coups, nous nous engageons à les subir jusqu’au bout, jusqu’à ce que nos corps soient couverts par les cicatrices. Que gagnons nous à faire cela ? Rien. Mais nous le faisons pour le salut de votre gloire et de votre fortune, pour notre cité. C’est pour cela que vous, membres du Sénat, vous nous avez nommé. Vous avez jugé que notre cité devait être défendue face à ses propres caprices, face à ses questionnements qu’elle peut avoir lorsque des étrangers lui tendent un miroir déformant, qui ne leur montre que ce qu’ils veulent que nous devenions. Et ce soir, nous, triumvirs, nous pouvons vous promettre que nous porterons sur nos épaules le poids de ce fardeau jusqu’à ce que vous jugiez bon de nous le retirer, tel Atlas portant le fardeau du monde sur lui.

Buvez, mes frères et mes sœurs de Sénat, car, comme pour tout dans la vie des velsniens, personne ne le fera à votre place.
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