14/08/2013
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Le voyage de Guan [RECIT]

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Le voyage de Guan est un roman de Makaio Lengsavad, écrivain poète Khmon très connu au Dei-sot de par sa représentation fidèles des différentes cultures. Le récit que vous vous apprêtez à lire est une revue hebdomadaire qui parait initialement dans le journal "Le Nirvana". Cependant, nous représenterons l'histoire d'une façon peu conventionnelle: sachant qu'il s'agit d'un récit de voyage initiatique, nous écrirons certaines étapes dans les affaires étrangères des pays visités par Guan durant son périple.
HRP
Vous devrez donc passer de AE en AE pour suivre l'histoire tant que le recueil complet ne sera pas disponible
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Le voyage de Guan :

Prologue:

« Je t’y prends garnement ! »
Le marchand de bonbon du quartier l’avait vu faire. Guan avait discrètement glissé sa main dans le panier d’osier rempli à ras bord de confiserie afin d’en soutirer quelques-unes, sans que le vieux Bei s’en aperçoive. Il était pourtant bien parti, sa main se retirait lentement du sac tandis que le commerçant avait le dos tourné. Mais Guan a été trop gourmand. « Si j'en prends un de plus, ça ne changera rien » se dit-il en en saisissant une douceur supplémentaire dans le paquet avec un air malicieux. Mais voilà que le bonbon lui échappa des mains et roula jusqu’aux pieds du vendeur. Son air maussade changea alors en un visage rouge d’indignation. On aurait cru voir ses yeux sortir de leur trou, ce qui n’augurait rien de bon pour Guan.
« Je vous jure monsieur, j’allais l’acheter ! » clama-t-il au vieux Bei.
« Petit serpent ! C’est la troisième fois ce mois-ci !» hurlait le vieillard aux oreilles de l’enfant de sa bouche édentée, surement à cause des sucreries qu’il vendait. « Viens ici, toi ! Tu vas me rembourser tout ce que tu m’as piqué. »
Tout ce qu’il avait piqué ? Le montant de ses larcins atteignait au moins 1243 Supols ! Voilà qui représente une somme considérable (pour un bambin de 9 ans, en tout cas). Guan était acculé contre le mur, la sortie se trouvait juste devant lui, mais le vendeur de confiserie la bouchait. Son cerveau tourna à toute vitesse, comme la roue du charretier quand il n’avait plus sa cargaison. Guan lâcha ses bonbons d'un geste rapide, les voici qui se dispersaient par terre. Le vieux Bei avança mais ne vit qu’un instant trop tard les bonbons colorés sous ses pieds. Il dérapa et se cogna la tête contre son comptoir en bois de palmier. Guan ne s’arrêta pas pour voir si il allait bien et en profita pour fuir hors de cet antre sentant le sucre et le vieillard, allant jusqu'à oublier ses bonbons.
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Chapitre 1 :

Guan était rentré par la petite porte en bambou de son potager afin de s’y réfugier. L’endroit appartenait à son père, un petit paysan travaillant dans les rizières de la ville voisine en journée. Le soir, quand il rentrait, il aimait passer du temps avec son fils dans ce potager, maintenant stérile, pour y cultiver des légumes en complément du riz. Sa mère disposait d’un talent inné pour la cuisine, elle se faisait donc une joie de préparer le fruit des récoltes. Dans leur situation précaire, la mère ne gâchait jamais la nourriture et la réutilisait d’une façon ou d’une autre dans un de ses fameux plats. C’est d’ailleurs ça qui l’a rendue célèbre dans tout le village de Ban-Knom, sa réputation d’excellente cuisinière suscitait l’attention et elle le savait. Le père, lui, se faisait plus discret dans sa manière de vivre. Il était très timide et ne parlait à personne d’autre que sa famille. Guan était son opposé au niveau moral, mais il lui ressemblait beaucoup physiquement. Il avait des yeux verts en amande avec une lueur espiègle dans l’iris qui semblait s’allumer à chaque fois qu’il passait devant le magasin de sucreries. Il était habillé de haillons et il ne portait jamais de chaussures. Cependant, malgré cette apparence de gueux en prime abord, il avait au poignet une montre dont la trotteuse ne bougeait plus d’une seconde. Guan la garde car il soutient sa propre théorie : une montre fait homme d’affaire, j’aurais peut être l’air moins pauvre avec. Il volait des fruits dans le jardin voisin et s’il se faisait prendre, il montrait sa montre d’un air fier en espérant que son voisin soit impressionné. Bien sûr, n’a jamais fonctionné et Guan s’en est toujours tiré avec une fessée. Bien sûr, une simple fessée ne lui a jamais fait peur, pas comme le séminaire d’ascèse bouddhiste à 15 ans. « Passer une semaine sans manger ? Je survivrais jamais ! » se disait-il à chaque fois qu’on l’évoquait en famille, pendant le repas en général. Il s’agissait là d’une vie de garçon Khmon banale, il séchait les cours de la vieille dame qui faisait office de maîtresse pour les enfants du village.

C’est d’ailleurs lors d’un jour d’école buissonnière que les événements décris précédemment prirent lieu. Il faisait son tour habituel du quartier, passant par chez la couturière et l’épicerie, jusqu’au magasin de sucreries. Il montra de son pouce le magasin à ses amis avec un air de défi et il y entra. Le vieux Bei, le vendeur, était un vieil homme plié sur lui-même à cause de dizaines d’années d’entretien des rizières. Il connaissait bien le père de Guan, l’ayant pris sous son aile pour lui apprendre le dur métier d’agriculteur. Après s’être tué à la tâche pendant des années, il ouvra un magasin de friandises Khmones, comme les bonbons au lait Miklita ou encore des bonbons à la mangue ou à la noix de coco, afin de faire plaisir aux enfants de son quartier. Hélas, son avis sur les enfants changea du tout au tout quand il rencontra le fils de son ancien élève. Guan restait pendant des heures avec ses amis dans la boutique miteuse, jouant avec des animaux en bois rudimentaires. Ils n’hésitaient pas à se servir parmi les douceurs, oubliant même de payer certaines fois. Le vieux Bei devenait de plus en plus vigilant, jusqu’à ce jour fatidique où Guan s’est fait prendre la main dans le sac. Ce jour qui lui sera sûrement fatal.
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Chapitre 2 :

Dans le jardin, Guan rencontra sa mère.
« Eh bien ? Que fait tu ici à cette heure de l’après-midi ? » s’exclama-t-elle
« La vieille nous a lâchés en avance aujourd’hui. » lui répondit-il avec désinvolture, en prenant un fruit dans une corbeille. Il entrait dans la maisonnette aux allures de cabane. Le sol du jardin était encore mouillé de l’averse du jour précédent, Guan se dépêchait de sécher ses pieds pour aller au 2eme étage, là où il avait un semblant d’intimité. Une fois en haut, il s’assit sur la paillasse en croquant sa papaye. Un instant de silence s’ensuivit. Le garçon écoutait les bruits ambiants de la rue à travers un trou dans le toit de chaume. Soudain, un cri strident se fit entendre à travers tout le village. Guan se dressa sur ses deux jambes et tendit l’oreille, tandis que sa mère s’agitait en bas pour aller voir l’origine du bruit. Le cri semblait venir du quartier de la sucrerie du vieux Bei. Un soupçon traversa la tête de Guan… Et s’il s’agissait du vieux Bei lui-même ? Il pensa alors aller voir le drame, mais il se rappela qu’il en était l’instigateur et préféra rester à couvert. Il attendit que les choses se tassent et il sortit de sa cachette quand il entendit sa mère rentrer. Il descendit de sa cachette et trouva sa mère en compagnie de son père. Ils paraissaient abattus, sa mère regardait droit devant elle avec un air effaré et son mari tapotait son dos pour la rassurer. Dès que les pas de Guan se firent entendre, les parents levèrent les yeux vers la pénombre des escaliers pour y déceler leur fils. La mère ouvrit grand ses yeux et courra vers son enfant avec les mains ouvertes.
« Te voilà, tu as intérêt à tout expliquer, sinon… » dit-elle en secouant son fils
Le père vit l’air perdu de Guan. Il calma sa femme en la prenant par la taille et en lui marmonnant des mots à l’oreille. Il était un peu magicien aux yeux de Guan, quand il pouvait calmer sa mère d’un mot. Ils s’assirent sur la banquette du salon, tandis que la mère maugréait seule. Guan leur raconta alors l’épisode chez le vieillard en prenant soin de ne pas mentionner son vol. Quand il finit son histoire, ses parents exaspérés réfléchissais intensément et continuais de fixer leur fils pour y déceler un mensonge. Mais ils furent tirés de leur réflexion quasi-studieuse par des petits bruits de la porte, comme quelqu’un qui frappait doucement sur cette petite porte de nattes. Le père alla ouvrir et découvrit à l’extérieur de la maison une foule de villageois furieux, ce qui contrastait, ne nous mentons pas, avec la façon de toquer si délicate d’une jeune femme en fleur.
Bref, à l’extérieur se trouvait une foule en colère, donnant des sueurs froides au pauvre père qui s’était dévoué pour aller ouvrir la porte. Il appela son fils :
« Guan, je crois que c’est pour toi ! »
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