23/06/2013
14:36:33
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Au sommet du Mont Zagros (Rencontre Loduarie-Velsna)

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Au sommet du Mont Zagros: Rencontre



Avant la rencontre:

Il n’y eu pas de plus belle vue que Velsna eut à offrir que celle-ci. Dans le grand Arsenal, les navires allaient et venaient, les Hommes aussi. De poumon et de cœur, il n’y a finalement de Velsna que sa flotte. Et de sa flotte, il n’y avait pas de triumvir plus proche de celle-ci que DiGrassi. Il était là, face contre mer, assis sur les quais en compagnie de ses licteurs qui le suivaient comme son ombre. A quelques pas, on embarquait à bord d’un petit cargo une quantité impressionnante de caisses, dans un défilé qui ne s’arrêtait guère. Un peu à l’écart, Sofia, comme à son habitude, serrait trop fort le nœud de l’uniforme d’amiral de son mari. Cela faisait peut-être sept ans qu’il ne l’avait pas porté, depuis l’abandon de sa vie militaire pour une vie civile au Sénat. Mais les temps se couvraient, et exigeaient un apparat qui rende DiGrassi plus fier que la casquette de Sénateur et triumvir, celles-là qu’il portait avec moins d’aisance que celle d’un maître de navires. Durant le serrage de la cravate, il était toujours l’heure de l’habituel « interrogatoire de révision » de Sofia :
- Et là, tu diras « Camarade secrétaire-général », pas « camarade », ni « secrétaire-général », le titre entier. Je sais que tu as du mal avec ça mais flatte-le si possible, c’était quoi le nom de son opération ?
- Dalmata rouge. - répondit mécaniquement le triumvir – C’était Dalmata rouge. « C’est un honneur, camarade secrétaire-général ! »
- Roule moins des mécaniques, plus détaché.

- « C’est un honneur, camarade secrétaire-général… »
- C’est mieux comme ça. On aurait dû te prendre un nouvel uniforme une taille au-dessus, c’est bien la nostalgie mais ce n’est pas ça qui fait perdre des kilos, c’est l’exercice et l’air du large. Bref, je pense que ça fera l’affaire.
- Merci Sofia.

Sofia tapote les deux épaules de son époux avant de lâcher prise. Les deux regardent le chargement de la Trinita sur le point de se terminer :
- Tu es sûr que c’est la bonne solution ? Tu risques de te retrouver seul ici. – demande t-elle à DiGrassi -
- Tu seras plus en sécurité à Cerveteri, en outre-mer. Velsna est devenu un endroit dangereux. J’ai l’impression que les choses sont en train de s’emballer à une vitesse que personne ne pourra contrôler. Au départ, je pensais qu’il n’yavait que Scaela que j’aurais à surveiller, mais maintenant, ce petit con de Vinola s’y est mis lui aussi. Il suffit de voir les discours que ses alliés au Sénat font de moi pour comprendre qu’il veut m’abattre. Et puis, les enfants découvriront l’Afarée, ce sera comme des vacances pour eux. Je vous rejoindrais bientôt si la situation se dégrade ici, et si c’est l’inverse, prépare-toi à recevoir un message pour te demander de revenir.
- Si c’est ce que tu veux…Oublie pas que c’est moi qui rédige la moitié de tes discours, très cher. Des bras c’est très bien, mais avoir un cerveau avec les bras c’est toujours mieux. – fit-elle, sur le ton de la plaisanterie…ou presque –
Il y avait une forme de complicité entre les deux époux, une intimité pudique. Mais également une détermination, et deux regards portés vers la même direction. Les adieux furent froids mais sincères. Qui sait ce qui allait arriver aux deux amants dans les prochains mois.



La rencontre :


Di Grassi prit un hélicoptère banalisé de son côté, partant d’une piste secondaire avec le moins de personnel possible. Les licteurs avaient reçu l’ordre de partir en navire avec sa famille afin de brouiller les pistes. A cette heure, il n’y a que son pilote qui savait où était le triumvir, quittant le royaume des eaux pour rejoindre celui des glaces. Au-dessous de lui, la plaine de Velsna défilait. Malgré la période de l’année, les contrées étaient encore verdoyantes. Après de plusieurs heures, la plaine céda la place aux à des hauts-plateaux, puis à la chaîne montagneuse du Zagros qui marque la frontière continentale du pays. Il fallait un espace géopolitique délaissé de tous afin de mener au mieux cette rencontre.

Cet endroit était particulier, il avait un sens indéniable. Car il avait une place importante dans l’Histoire de ce pays, sans toutefois en faire partie. C’était ici, il y a une éternité, que les achosiens entrèrent sur le territoire velsnien pour y mettre le feu, sans succès (HRP : voir atlas historique, Guerres celtiques).

L’appareil se pose dans la cour de ce vieil observatoire avant de repartir ausstôt. Cet endroit était autrefois administré par le Maître des Universités de Velsna. Cela allait être une réunion « sauvage » : pas de cadeau diplomatique, pas de conversation dans un salon, pas de dégustation de hors d’œuvre. Le secrétaire général était un Homme rugueux, alors le cadre de la rencontre devait l’être tout autant. Nous étions en début de soirée lorsque le triumvir entra dans le bâtiment. Une partie de sa voûte s’était effodnré, laissant entrer la neige et le frois, mais la gigantesque lunette du télescope était encore là. Que sait…peut-être ces miroirs étaient encore fonctionnels. La voûte céleste était bien visible, sans pollution lumineuse dans cet endroit que personne n’avait dû visiter depuis des années. DiGrassi appréciait les étoiles : elles suivent éternellement le même chemin, les planètes autour d’elles la même orbite, encore et encore. Cela appelle à une certaine tranquillité à laquelle il aspire. Il ne restait plus qu’un invité, celui qui avait le pouvoir de bousculer l’ordre cosmique, comme celui de la cité…
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La rencontre demandait de la discrétion. Alors il fallait des moyens à la hauteur. La furtivité était donc de mise. Et même si cela voulait dire violer un nouvel espace aérien. Mais de toute manière ce n'était pas grave, le pays illégalement franchit était encore à l'âge de pierre et l'appareil utilisé était un tout nouveau modèle de furtivité Loduarien.

Lorenzo regardait la nature défiler sous ses yeux en contrebas. Il était habillé différemment de d'habitude. L'uniforme militaire avait laissé place à la tenue de camouflage usuelle des forces armées Loduariennes, celle qu'il avait utilisé pendant la guerre civile. Son gilet pare-balles d'intervention avait été mis à contribution, tout comme un couteau, au cas où. Mais pas d'armes à feu : nullement besoin. Lorenzo avait pris d'autres types de précaution.

L'appareil Loduarien fit un tour de reconnaissance au dessus de l'observatoire. Un très bel endroit. Très. Mais ce n'était le sujet.
Les pilotes Loduariens ammorcèrentune une descente dans la cour, survolant le sol d'une cinquantaine de centimètres, et Lorenzo sauta de l'appareil de transport hybride pour atterrir plus bas, tandis que ce dernier redécollait.

Lorenzo se releva et épousseta la poussière sur ses manches.
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DiGrassi sortit de l'observatoire pour y retrouver l'interlocuteur de sa journée décidément très spéciale. Le triumvir fut quelque peu surpris de l'accoutrement de ce dernier, pensant qu'il aurait droit à un uniforme classique tel que porte cet individu dans la plupart de ses réunions officielles. Mais soit, cela ne constituait sans que la première surprise de beaucoup d'autres.

Le velsnien s'élança vers le loduarien, en y ajoutant des salutations formelles:
- Camarade secrétaire général, c'est un honneur. J'espère bien que ce voyage n'a pas été trop mouvementé. Pardonnez moi si ce lieu de rendez vous peut vous sembler incongru, mais c'était là une solution pour nous voir à l'abri des regards, hors de portée d'un scandale du fait de rencontrer un individu que beaucoup décrivent comme un dirigeant autoritaire. Pardonnez mes compatriotes, beaucoup d'entre eux ne connaissent pas les tenants et les aboutissants de la géopolitique internationale. J'ose espérer que vous apprécier l'endroit, l'air frais aide à la réflexion.

Au passage et avant de commencer nos tractations, je voulais vous adresser mes félicitations pour le déroulement actuel de votre opération en Okaristan. J'ai beaucoup étudié ces affrontements et je dois dire que l'armée loduarienne que j'ai vu était très impressionnante comparée aux opérations précédentes du même type. Déploiement parfait, couverture du terrain parfaite. J'ose espérer que la suite de cette guerre se passe à votre convenance, nul doute que la suite sera très intéressante.

Je suppose que vous me connaissez déjà, mais les convenances velsniennes imposent des salutations officielles à un individu de votre rang. Matteo DiGrassi: triumvir de la Grande République de Velsna, Sénateur, ancien Maître de l'Arsenal, Amiral de la Marineria et vainqueur des achosiens. Je dois bien admettre que je ne m'attendais pas en début de semaine à me retrouver en face de vous. C'est avant tout la curiosité qui m'a fait accepter cette entrevue. Donc, si vous commenciez par m'expliquer le pourquoi de votre courrier ? Cela nous aiderait à mettre sur place ce début de négociation, assurément.
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Lorenzo regarda rapidement à droite et à gauche. Rien en visuel, et il ne semblait y avoir qu'une seule personne sur les lieux. Une personne qui s'approchait de lui. Lorenzo vérifia : il correspondait à la description physique. La tension pouvait redescendre.

Camarade Disgrassi, enchanté de vous rencontrer. Sachez que vous n'êtes pas Loduarien, alors pas besoin de m'appeler "Camarade Secrétaire Général", c'est d'une lourdeur administrative... Tant que vous ne m'appellez pas "monsieur". Vous pouvez juste m'appeler camarade Lorenzo, ça me suffit.
Pas de problème sinon, j'aime bien cet endroit. C'est rustique et discret, ça me convient. Vous savez, alors que j'avais 15 ans, j'ai dormi à même la rue pendant un bon mois, alors un lieu comme ceci ne me dérangera pas. À vrai dire, cela me rappelle ma jeunesse, où j'étais totalement libre de mes actions, sans aucune responsabilité. Une belle époque... Mais révolue.

Merci pour vos félicitations par rapport à notre opération militaire en Okaristan. À vrai dire, nous avons retenu d'importantes leçons de nos précédents conflits. Mokhai, Kronos, Chérchérie, tout cela a été mis à contribution. Sans compter que nous nous battons face à un ennemi faible qui lui n'avait aucune structuration logistique de ses forces.


Lorenzo enleva son gilet pare-balles.

Ouais, si vous saviez comme lourd ce genre d'équipements...
Je préfère l'enlever pour le moment, de toute manière, si jamais vous tentez quelque chose contre moi... Je préfère vous laisser la surprise. Disons seulement que les conséquences seront importantes.
Ne croyez vous pas qu'il serait mieux de discuter à l'intérieur ? Nous trouverons certainement quelque chose pour s'asseoir, ce qui sera très certainement mieux.
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- Je suis trop bien habillé pour me battre ce soir, excellence camarade, soyez en rassuré. - répondit le triumvir aux suspicions de son interlocuteur - Nous pouvons entrer, mais je crains que l'intérieur soit aussi gelé que l’extérieur. Mais soit, entrons.

Les deux hommes entrèrent dans l'observatoire et passèrent devant la voûte éventrée qu'avait déjà vu DiGrassi en arrivant.

- Inutile d'essayer la lunette du télescope géant. Les différents verres de l'appareil ont encore l'air en bon état mais malheureusement, l'informatique du bâtiment est complètement hors d'usage. J'ai essayé, mais vous ne verrez pas grand chose, dommage.

Le triumvir réussit à tirer deux chaises de ce qui était le mess du personnel de l'installation avant de les installer dans la salle du télescope:

- Ce n'est pas terrible mais ça fera l'affaire. J'ai vu pire comme coin où s'assoie en Achosie. Et d'après ce que j'ai lu de vous, vous avez vu pire également. J'ai entendu des histoires de la guerre civile en Loduarie, une sale époque. Il n'y a pas de jugement de ma part, je ne sais que trop que l'on doit parfois faire des choix pour survivre. Mais je suppose que nous ne sommes pas là pour parler de nous. Alors, concernant votre message dont le ton était bien plus que pressant. Par quoi devrions nous commencer ? Vous évoquiez une neutralité que la Grande République devait garantir. Cela tombe bien, c'est exactement ce que je pense être la meilleure position que mon pays peut adopter sur le court et moyen terme dans la région. C'est d'ailleurs sa position historique, celle que notre cité a toujours privilégié tout du moins. Et dieu sait ce que je pense des attitudes changeantes: qu'elles ne devraient pas exister.

Du moins, je ne pense pas que l'avenir de notre cité soit dans les bras de l'OND. Premièrement, je n'apprécie pas les donneurs de leçons arrogants qui ne se gênent pas pour déstabiliser des institutions vieilles de 1 300 ans à leur seul et unique profit. Les pays de l'OND pensent que toutes les maisons devraient se ressembler: même agencement, même peinture, même papier-peint...Et si je réprouve absolument tout ce que vous représentez politiquement, "camarade", force est de constater que l'OND fait peser les mêmes menaces qu'ils font peser sur mon pays: le spectre de l'instabilité. Donc nous sommes d'accord: Velsna doit rester politiquement non-alignée. Je pense que c'est à cet instant que vous êtes censé me dire quelles solutions vous avez en tête pour assurer la pérennité de mes propos et de mes vœux.

Une reconnaissance internationale de mon action et de mes efforts ? Certainement pas, cela mettrait fin à ma carrière si on me voyait adresser la parole à un loduarien, même à huit mètres de distance et dans le noir. C'est en partie pour cela que nous sommes ici ce soir, et pas dans un palazzio velsnien. Un appui militaire en cas de guerre civile ? Je ne pense pas en avoir besoin. Scaela n'a jamais tenu une autre arme qu'un couteau à fromage dans sa vie et Vinola est un gamin habitué aux salons de rhétorique médiocres. Donc, je me demande avec toute la curiosité qui me caractéristique, que proposez vous qui puisse m'aider dans cette affaire ? En soutenant qu'il n'est en aucun cas question pour moi de vendre mon pays à la découpe comme le fait Vinola avec l'OND.
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Qu'es ce que la Loduarie peut vous offrir ? Beaucoup de choses. Énormément. Mais la plupart, je doute que vous les chérissiez.
En l'état, la Loduarie peut vous apporter un soutien militaire, à tous les niveaux, en cas de guerre civile, comme vous le dites. Car si jamais une telle chose venait à survenir, votre pays ne serait pas exempté des ingérences du monde entier... À commencer par l'OND. Si une guerre survient, L'OND interviendra. Et pas en votre faveur, soyez en sûr. La Loduarie peut également vous fournir la protection. Je crois savoir que vous étiez sensé vous dirigé vers l'Afarée avec votre famille au lieu de venir me rencontrer. Si vous retournez à votre navire, vous le verrez accompagné un petit temps, d'ailleurs.
Sinon, je peux vous offrir quelque chose de bien meilleur que ces hypothétiques soutiens.


Lorenzo mit une main dans ses poches, pour en ressortir... Une douille de balle.

Si vous vous intéressez au médecins légistes de vos forces armés, il est fort probable que vous la reconnaissiez, cette douille. Il s'agit du modèle de douilles utilisés par nos forces armées actuellement, et que vous avez pu retrouver, par exemple, dans l'épaule du père de votre collègue Vittorio Vinola, ou bien qui a causé la mort de trois de vos licteurs... Pas besoin d'en dire plus. Nous avons les moyens de servir vos causes politiques, et discrètement.
Pensez-y.
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DiGrassi eut un instant de flottement, s’affaissant dans sa chaise. On ignorait bien ce qui se passait dans sa tête à cette instant tant il passa par des pensées différentes. Il était complexe et agréable à la fois de converser avec le secrétaire général. Une audace inconfortable ? Certainement. Divertissante ? Également.

- Vous avez raison, "camarade". L'OND ne pourra pas s'empêcher d'aller "au charbon". Ce n'est qu'une ONC en devenir. Je les vois déjà tourner autour de l'un de mes collègues. Mais je pense qu'ils sous-estiment grandement les effets secondaires d'une participation active au renversement d'un régime dont la légitimité est indéniable, en particulier d'un régime en place depuis près de 1 300 ans. Qu'ils interviennent et ils ne seront que des envahisseurs, qu'ils placent Vinola à la tête du pays et tous les velsniens, même ceux qui auront un jour été ses partisans, diront derrière son dos qu'il n'est qu'un pantin contrôlé depuis l'étranger. Et je connais peu de régimes qui tirent leur légitimité d'une installation par une puissance voisine. Immanquablement, ce sera la porte ouverte à une débauche de sang interminable. D'où la réponse à votre proposition d'intervention que je suis sur le point de vous faire.

Une intervention à visage découvert est une très mauvaise idée, d'autant que vous avez acquis une certaine réputation à l'étranger, si je puis me permettre. Aussitôt vous interviendrez qu'ils interviendrons, et à cet instant là, ce sera moi, le pantin venu de l'étranger. Mais j'ai une contre-proposition à vous faire. Plus subtile, peut-être. Je ne sais pas si vous êtes bien au fait de la pratique du mercenariat en Loduarie, "camarade". L'armée velsnienne a cette caractéristique qui fait qu'elle est composée pour partie d'effectifs étrangers. Je pense qu'il n'est pas impossible que vous puissiez mettre sous mon commandement un modeste contingent loduarien, que vous pourriez faire passer pour des mercenaires d'une quelconque nation. Il s'agirait d'une intervention modeste de votre part, qui plus est discrète qui ne vous attirerait pas de problèmes, et à moi non plus. On parlerait peut-être d'un petit millier d'hommes dans un premier temps. Que pensez vous de ceci ? Vous avez déjà un Okaristan et un Communaterra sur les bras, ma solution représenterait une solution à la fois économe pour vous, et qui ne remettrait pas en question la souveraineté de mon pays, ni ma légitimité.

Cependant, je me dois de vous informer d'une chose concernant vos actions à l'encontre de mes confrères à Velsna, belle douille au passage. Vittorio Vinola, tout comme moi et malgré notre opposition, est un membre du Sénat et un Triumvir de la Grande République. Nous avons un certain sens de la sacralité des fonctions et des institutions à Velsna. Qu'il veuille me tuer ou non, il reste un frère de Sénat, et je refuse catégoriquement de lui infliger cela par le biais d'un intermédiaire. Si je dois tuer Vinola, je le ferai moi-même, et je me sentirai à la fois privilégié et désolé d'avoir à le faire. Ce n'est pas à des étrangers, qu'ils soient teylais ou loduariens de tuer un Triumvir. Cependant, j'accepte de bon cœur le concours de vos services de renseignement pour rassembler des informations, déjouer des tentatives d'assassinat et répandre des rumeurs pour mon compte, et pour cela, soyez sûr que la Loduarie aurait toujours une place à part dans ma diplomatie. Encore une fois, que pensez vous de cette contre-proposition, "camarade" ?

Au fait, je ne voudrais pas nous couper au milieu de cette entrevue, mais j'ai vu une bouteille de whiskey de Caratrad dans un placard du mess du personnel, et elle n'a pas été ouverte. Cele ne vaut pas la vodka loduarienne certes, mais souhaiteriez vous la partager avec moi ?
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Intéressant. Disgrassi semblait être solide, sur le plan psychologique, ce qui était un bon pré-requis à la suite de la discussion. Lorenzo respectait cela. N'importe quel autre homme ou femme aurait déjà défaillit dès les premières minutes, et la scène avec la douille, prévue en amont au passage, aurait suffit à planter le clou final. Mais Disgrassi avait passé les tests de Lorenzo haut la main, sans même s'en rendre compte.
Parfait, la suite pouvait désormais se dérouler tranquillement.

Oui, nous sommes bien entendu d'accord à propos de l'OND. Néanmoins, ils ne sont pas à négliger, et peuvent représenter, même si je répugne parfois à l'admettre, des ennemis sérieux et parfois puissants. Mais les récentes avancées envers l'OND sont en notre faveur, pour de nombreuses raisons dont je tairais les termes, souci de sécurité et de secret.

Concernant le mercenariat, j'ai toujours trouvé ceci dépassé et horriblement capitaliste à mes yeux. Les mercenaires ne sont que des faibles, qui passent leur temps à contempler leurs muscles tandis qu'ils brandissent des armes uniquement pour se la péter. Non, les mercenaires ne sont que des gamins qui jouent à la guerre, et qui plus est, le font contre un gros sac de billets, ce qui est encore plus détestable. Sans compter que jusqu'à maintenant, les seuls mercenaires à véritablement avoir joué un rôle au sein des récents conflits se sont faits massacrer par nos forces aériennes, preuve en plis de leur incompétence notoire.
Ainsi votre idée est une bonne idée. Je suis, et donc la Loduarie est, hostile aux mercenaires, quels qu'ils soient. Il vaut mieux avoir une armée fidèle et disciplinée, plutôt que des mercenaires qui seront certes moins regardants sur leurs méthodes mais néanmoins capables de se retourner contre vous en un temps record si ils en voient l'intérêt. Donc placer mes hommes sous l'égide de "mercenaires" pourraient les placer en théorie hors d'atteinte d'accusation d'être des Loduariens.

Je prends note de vos dires à propos de vos collègues, et je vais personnellement faire en sorte qu'ils soient intouchés par nos forces.
Et bien entendu, je suis d'accord pour vous apporter un soutien au niveau des services de renseignement, mais néanmoins, je me dois de vous prévenir : les Loduariens peuvent s'avérer brutaux, très brutaux. À titre d'exemple, si les services de renseignements Loduariens découvrent que deux de vos serveurs risquent de vous empoisonner, je ne donne pas cher de la peau de ces deux serveurs. Tout comme j'espère ne jamais connaître ce qu'ils subiront avant de quitter ce monde.

Mais, je ne peux que céder à votre dernière proposition, et débouchons cette bouteille maintenant, ce sera fait. Autant savourer un bon verre avant de recommencer notre petite discussion. Ça me permettra de ne pas m'énerver, d'ailleurs. Et je ne peux jamais résister à l'alcool, même si j'ai sur moi ma petite bouteille personnelle, au cas où.
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DiGrassi s'éclipsa un instant avant de revenir avec la bouteille et deux verres. Il la déboucha devant son homologue, et prit la peine de le servir tout en continuant la discussions.

- Vous voyez donc bien mon problème avec l'OND. Ils sont dangereux, je n'en ai que trop conscience. C'est bien pour cela que si d'aventure ils intervenaient dans mon pays, j'ai bien peur qu'ils n'en partiraient pas avant d'avoir installé leur marionnette de Vinola. Et dire...et dire que je le considérai comme un ami il y a peu

Il tend le verre au secrétaire général avant de boire à sa santé.

Mais bref, vous vous interrogez peut-être sur les raisons qui me poussent à me méfier de l'OND. Vous c'est normal, vous êtes le grand méchant loup communiste pour eux, mais cela peut vous surprendre qu'un velsnien ait à redire de cette organisation. Pour vous, tous les capitalistes se ressemblent j'imagine. Ma motivation en matière de politique extérieure est simple: l'équilibre de la terreur. L'OND sont de bons payeurs, de bons commerçants et de bons fournisseurs d'armes certes, mais je ne me fais pas d'illusion sur leur opinion du système politique velsnien: ils nous méprisent. Et à la première occasion, ils commenceront à s’intéresser à nous de plus près. C'est là qu'est votre importance sur la scène politique régionale. Vous êtes leur épouvantail, et je juge qu'il est de l’intérêt de Velsna que l'OND ne devienne pas la seule alternative politique de l'Eurysie de l'ouest, sans quoi elle commencera à broyer tous les régimes politiques qui paraissent trop différents de ceux que cette organisation prône. Votre importance est donc cruciale dans cet "équilibre de la terreur" et je tiens beaucoup à ce qu'il en reste ainsi.

Ainsi, nous sommes d'accord sur les points suivants: Velsna garantira sa neutralité absolue en cas de conflit entre la Loduarie et les forces de l'OND et de l'ONC. En cas de guerre ouverte avec mes confrères, vous vous engagez à déployer sous mon autorité 1 000 soldats loduariens que nous feront passer pour des mercenaires. Je pourrais avoir recours à vos services de renseignement pour certaines tâches.
Message secret
Information secrète réservée aux personnes autorisées


Inutile de dire que vous serez à partir de maintenant également autorisé à acheter et vendre des armements sur le territoire de Velsna, ainsi que de présenter vos propositions dans le cadre de nos appels d'offre. Ai-je rien oublié ? Sommes nous d'accord sur tous ces points ? Je suis vraiment navré de ne pas pouvoir vous fournir un accord écrit, mais vous comprenez bien que le caractère confidentiel de cet échange suppose aucune trace que cette rencontre ait eu lieu.

A propos de la violence que devrait avoir un service de renseignement, soyez rassurés. J'estime que la violence politique est parfois une malheureuse nécessité. Je ne la souhaite pas, mais c'est là notre fardeau. Nous avions eu il y a quelques années des problèmes de terrorisme indépendantiste en Achosie du Nord. Cette solution en était une parmi d'autres. Sur ce, tant que nous sommes là, avez vous autre chose à me dire ? Des précisions avant que nos chemins se séparent ?
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Да пребудет с нами судьба, товарищ, lança Lorenzo avant de siffler son verre.

Les amis... Mon père, quelques temps avant de mourir, m'a dit que quels que soient mes amis, ce ne serait pas grâce à eux que j'avancerais. Que ce ne serait pas eux qui m'aideraient quand j'en aurais besoin.
J'ai eu de la chance à ce niveau là. Tous mes amis sont morts avant que je m'intéresse à leur cas.
Mais je vous comprends, je vous comprends. Il est vrai qu'au premier abord, je peux donner l'impression de vous placer tous dans le même panier. Mais ne vous méprenez point. Si tel était le cas, je n'aurais pas pris la peine de vous rencontrer, et je serais en ce moment même en train de préparer un futur projet pour m'assurer que vous n'arriviez au pouvoir en votre pays.

Le Commando Rouge aura donc du travail, soit. Je me doutais que vous ne seriez pas choqué par l'emploi malheureux mais nécessaire de la violence en cas de besoin. Après tout, vous avez vu, et même ordonné, des choses que même moi, avec la guerre que j'ai vécu, n'ai jamais vu. On exécutait pas tous les jours des fascistes à coup de canons d'artillerie, nous au temps de la guerre.

Néanmoins, je n'ai pas fini. Serait-il possible d'avoir accès à vos rapports militaires concernant les opérations Loduariennes ? Notre état-major serait ravi de pouvoir les consulter.
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Le triumvir fit silence l'espace de quelques instants. Personne ne lui avait parlé directement des "évènements achosiens" depuis une quinzaine d'années. Ce fut pour quelques secondes un retour en arrière: la fumée, les cris et les complaintes... DGrassi brisa le silence:

- Vous savez. Nous faisons tous des choix. Parfois, on peut se dire que ce que l'on a fait est injuste, voire cruel. Mais ce genre de réflexion, on se le fait que lorsqu'on est allongé dans son lit, jamais sur le terrain. Et sur le terrain, tout ce que l'on fait, on le juge nécessaire. Le jour où c'est arrivé, nous étions enfiévrés et en colère de perdre trois hommes par jour dans des attentats à la bombe. Cette décision était la bonne, j'en suis convaincu. Tout comme vos gardes-frontières avaient leurs raisons de tuer ces deux teylais qui s'essayaient au "resquillage de douane".

Mais bref. Les informations que vous me demander, je peux vous les partager si vous en avez le désir. Leur accès est par habitude restreint mais ils ne mettent en jeu des informations internes sensibles. Je suis donc prêt à vous les fournir.



DiGrassi tendit sa main comme pour signifier que cet entretien aurait valeur d'accord tacite:
- Avons nous un accord, "camarade" ?
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Lorenzo regarda son interlocuteur avec un regard nouveau.

Vous savez, c'est bien la première fois que je rencontre quelqu'un comme vous. Quelqu'un qui a fait la guerre, quelqu'un qui comprend. Les politiciens du monde entier ne savent pas, eux. Ils jugent, ils jugent, et ils regardent tout cela de loin, mais jamais ils ne comprendront. Les hommes comme nous deux sont rares dans le monde politique. Et même si vous êtes d'un autre bord politique, je vous apprécie pour cela. Vous, vous pouvez comprendre, et plus le monde comptera d'homme de notre trempé, plus le monde se portera mieux. C'est malheureux à dire, mais ce sont les faits.

Lorenzo prit la main de DiGrassi et la serra vigoureusement et fermement, comme à son habitude.

Nous avons un accord, Camarade. Et n'hésitez pas à me transmettre quand vous pouvez des informations sur L'ONC que vous pourriez obtenir, nous en aurons besoin aussi. La Loduarie sera là pour vous si vous en avez besoin.
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DiGrassi rendit la pareille au loduarien, et ces mots furent les derniers qu'il prit avant d'annoncer son départ:
- Encore désolé pour l'absence d'accord écrit. Mais dés que le Triuvmirat prendra fin, je pense être en mesure d'officialiser tout cela dans le cadre d'un traité. Sur ce, "camarade", je vous souhaite bonne chance dans vos tractations guerrières à venir. Vous pouvez garder la bouteille.

Le Triumvir laissait derrière lui l'observatoire et les montagnes du Zagros, partant enfin, après ce détour, pour la lointaine Afarée. Là, il compterai trouver les outils qui lui permettrait d'arracher un succès de haute lutte.

HRP: fin de rencontre pour moi
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Pas d'inquiétude.
J'ai une très bonne mémoire, je m'en souviendrais aisément. Quelques hommes vous attendrons en Afarée, sachez le, d'ailleurs. Tout comme un navire partagera votre route un temps.


Lorenzo avait un sourire mystérieux.

Passez également une agréable journée, et à bientôt. J'ose espérer que la prochaine fois que nous nous verrons, nous n'aurons besoin de nous cacher.

Lorenzo se détourna, et remis son gilet pare-balles. Puis il prit sa radio.

KlH-1-1, code 445. Dépêchez vous, on va avoir fort à faire, une fois rentrés au bercail. Terminé.

Et il attendit son appareil de transport.
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