Avant la rencontre:
Il n’y eu pas de plus belle vue que Velsna eut à offrir que celle-ci. Dans le grand Arsenal, les navires allaient et venaient, les Hommes aussi. De poumon et de cœur, il n’y a finalement de Velsna que sa flotte. Et de sa flotte, il n’y avait pas de triumvir plus proche de celle-ci que DiGrassi. Il était là, face contre mer, assis sur les quais en compagnie de ses licteurs qui le suivaient comme son ombre. A quelques pas, on embarquait à bord d’un petit cargo une quantité impressionnante de caisses, dans un défilé qui ne s’arrêtait guère. Un peu à l’écart, Sofia, comme à son habitude, serrait trop fort le nœud de l’uniforme d’amiral de son mari. Cela faisait peut-être sept ans qu’il ne l’avait pas porté, depuis l’abandon de sa vie militaire pour une vie civile au Sénat. Mais les temps se couvraient, et exigeaient un apparat qui rende DiGrassi plus fier que la casquette de Sénateur et triumvir, celles-là qu’il portait avec moins d’aisance que celle d’un maître de navires. Durant le serrage de la cravate, il était toujours l’heure de l’habituel « interrogatoire de révision » de Sofia :
- Et là, tu diras « Camarade secrétaire-général », pas « camarade », ni « secrétaire-général », le titre entier. Je sais que tu as du mal avec ça mais flatte-le si possible, c’était quoi le nom de son opération ?
- Dalmata rouge. - répondit mécaniquement le triumvir – C’était Dalmata rouge. « C’est un honneur, camarade secrétaire-général ! »
- Roule moins des mécaniques, plus détaché.
- « C’est un honneur, camarade secrétaire-général… »
- C’est mieux comme ça. On aurait dû te prendre un nouvel uniforme une taille au-dessus, c’est bien la nostalgie mais ce n’est pas ça qui fait perdre des kilos, c’est l’exercice et l’air du large. Bref, je pense que ça fera l’affaire.
- Merci Sofia.
Sofia tapote les deux épaules de son époux avant de lâcher prise. Les deux regardent le chargement de la Trinita sur le point de se terminer :
- Tu es sûr que c’est la bonne solution ? Tu risques de te retrouver seul ici. – demande t-elle à DiGrassi -
- Tu seras plus en sécurité à Cerveteri, en outre-mer. Velsna est devenu un endroit dangereux. J’ai l’impression que les choses sont en train de s’emballer à une vitesse que personne ne pourra contrôler. Au départ, je pensais qu’il n’yavait que Scaela que j’aurais à surveiller, mais maintenant, ce petit con de Vinola s’y est mis lui aussi. Il suffit de voir les discours que ses alliés au Sénat font de moi pour comprendre qu’il veut m’abattre. Et puis, les enfants découvriront l’Afarée, ce sera comme des vacances pour eux. Je vous rejoindrais bientôt si la situation se dégrade ici, et si c’est l’inverse, prépare-toi à recevoir un message pour te demander de revenir.
- Si c’est ce que tu veux…Oublie pas que c’est moi qui rédige la moitié de tes discours, très cher. Des bras c’est très bien, mais avoir un cerveau avec les bras c’est toujours mieux. – fit-elle, sur le ton de la plaisanterie…ou presque –
Il y avait une forme de complicité entre les deux époux, une intimité pudique. Mais également une détermination, et deux regards portés vers la même direction. Les adieux furent froids mais sincères. Qui sait ce qui allait arriver aux deux amants dans les prochains mois.
La rencontre :
Di Grassi prit un hélicoptère banalisé de son côté, partant d’une piste secondaire avec le moins de personnel possible. Les licteurs avaient reçu l’ordre de partir en navire avec sa famille afin de brouiller les pistes. A cette heure, il n’y a que son pilote qui savait où était le triumvir, quittant le royaume des eaux pour rejoindre celui des glaces. Au-dessous de lui, la plaine de Velsna défilait. Malgré la période de l’année, les contrées étaient encore verdoyantes. Après de plusieurs heures, la plaine céda la place aux à des hauts-plateaux, puis à la chaîne montagneuse du Zagros qui marque la frontière continentale du pays. Il fallait un espace géopolitique délaissé de tous afin de mener au mieux cette rencontre.
Cet endroit était particulier, il avait un sens indéniable. Car il avait une place importante dans l’Histoire de ce pays, sans toutefois en faire partie. C’était ici, il y a une éternité, que les achosiens entrèrent sur le territoire velsnien pour y mettre le feu, sans succès (HRP : voir atlas historique, Guerres celtiques).
L’appareil se pose dans la cour de ce vieil observatoire avant de repartir ausstôt. Cet endroit était autrefois administré par le Maître des Universités de Velsna. Cela allait être une réunion « sauvage » : pas de cadeau diplomatique, pas de conversation dans un salon, pas de dégustation de hors d’œuvre. Le secrétaire général était un Homme rugueux, alors le cadre de la rencontre devait l’être tout autant. Nous étions en début de soirée lorsque le triumvir entra dans le bâtiment. Une partie de sa voûte s’était effodnré, laissant entrer la neige et le frois, mais la gigantesque lunette du télescope était encore là. Que sait…peut-être ces miroirs étaient encore fonctionnels. La voûte céleste était bien visible, sans pollution lumineuse dans cet endroit que personne n’avait dû visiter depuis des années. DiGrassi appréciait les étoiles : elles suivent éternellement le même chemin, les planètes autour d’elles la même orbite, encore et encore. Cela appelle à une certaine tranquillité à laquelle il aspire. Il ne restait plus qu’un invité, celui qui avait le pouvoir de bousculer l’ordre cosmique, comme celui de la cité…
Il n’y eu pas de plus belle vue que Velsna eut à offrir que celle-ci. Dans le grand Arsenal, les navires allaient et venaient, les Hommes aussi. De poumon et de cœur, il n’y a finalement de Velsna que sa flotte. Et de sa flotte, il n’y avait pas de triumvir plus proche de celle-ci que DiGrassi. Il était là, face contre mer, assis sur les quais en compagnie de ses licteurs qui le suivaient comme son ombre. A quelques pas, on embarquait à bord d’un petit cargo une quantité impressionnante de caisses, dans un défilé qui ne s’arrêtait guère. Un peu à l’écart, Sofia, comme à son habitude, serrait trop fort le nœud de l’uniforme d’amiral de son mari. Cela faisait peut-être sept ans qu’il ne l’avait pas porté, depuis l’abandon de sa vie militaire pour une vie civile au Sénat. Mais les temps se couvraient, et exigeaient un apparat qui rende DiGrassi plus fier que la casquette de Sénateur et triumvir, celles-là qu’il portait avec moins d’aisance que celle d’un maître de navires. Durant le serrage de la cravate, il était toujours l’heure de l’habituel « interrogatoire de révision » de Sofia :
- Et là, tu diras « Camarade secrétaire-général », pas « camarade », ni « secrétaire-général », le titre entier. Je sais que tu as du mal avec ça mais flatte-le si possible, c’était quoi le nom de son opération ?
- Dalmata rouge. - répondit mécaniquement le triumvir – C’était Dalmata rouge. « C’est un honneur, camarade secrétaire-général ! »
- Roule moins des mécaniques, plus détaché.
- « C’est un honneur, camarade secrétaire-général… »
- C’est mieux comme ça. On aurait dû te prendre un nouvel uniforme une taille au-dessus, c’est bien la nostalgie mais ce n’est pas ça qui fait perdre des kilos, c’est l’exercice et l’air du large. Bref, je pense que ça fera l’affaire.
- Merci Sofia.
Sofia tapote les deux épaules de son époux avant de lâcher prise. Les deux regardent le chargement de la Trinita sur le point de se terminer :
- Tu es sûr que c’est la bonne solution ? Tu risques de te retrouver seul ici. – demande t-elle à DiGrassi -
- Tu seras plus en sécurité à Cerveteri, en outre-mer. Velsna est devenu un endroit dangereux. J’ai l’impression que les choses sont en train de s’emballer à une vitesse que personne ne pourra contrôler. Au départ, je pensais qu’il n’yavait que Scaela que j’aurais à surveiller, mais maintenant, ce petit con de Vinola s’y est mis lui aussi. Il suffit de voir les discours que ses alliés au Sénat font de moi pour comprendre qu’il veut m’abattre. Et puis, les enfants découvriront l’Afarée, ce sera comme des vacances pour eux. Je vous rejoindrais bientôt si la situation se dégrade ici, et si c’est l’inverse, prépare-toi à recevoir un message pour te demander de revenir.
- Si c’est ce que tu veux…Oublie pas que c’est moi qui rédige la moitié de tes discours, très cher. Des bras c’est très bien, mais avoir un cerveau avec les bras c’est toujours mieux. – fit-elle, sur le ton de la plaisanterie…ou presque –
Il y avait une forme de complicité entre les deux époux, une intimité pudique. Mais également une détermination, et deux regards portés vers la même direction. Les adieux furent froids mais sincères. Qui sait ce qui allait arriver aux deux amants dans les prochains mois.
La rencontre :
Di Grassi prit un hélicoptère banalisé de son côté, partant d’une piste secondaire avec le moins de personnel possible. Les licteurs avaient reçu l’ordre de partir en navire avec sa famille afin de brouiller les pistes. A cette heure, il n’y a que son pilote qui savait où était le triumvir, quittant le royaume des eaux pour rejoindre celui des glaces. Au-dessous de lui, la plaine de Velsna défilait. Malgré la période de l’année, les contrées étaient encore verdoyantes. Après de plusieurs heures, la plaine céda la place aux à des hauts-plateaux, puis à la chaîne montagneuse du Zagros qui marque la frontière continentale du pays. Il fallait un espace géopolitique délaissé de tous afin de mener au mieux cette rencontre.
Cet endroit était particulier, il avait un sens indéniable. Car il avait une place importante dans l’Histoire de ce pays, sans toutefois en faire partie. C’était ici, il y a une éternité, que les achosiens entrèrent sur le territoire velsnien pour y mettre le feu, sans succès (HRP : voir atlas historique, Guerres celtiques).
L’appareil se pose dans la cour de ce vieil observatoire avant de repartir ausstôt. Cet endroit était autrefois administré par le Maître des Universités de Velsna. Cela allait être une réunion « sauvage » : pas de cadeau diplomatique, pas de conversation dans un salon, pas de dégustation de hors d’œuvre. Le secrétaire général était un Homme rugueux, alors le cadre de la rencontre devait l’être tout autant. Nous étions en début de soirée lorsque le triumvir entra dans le bâtiment. Une partie de sa voûte s’était effodnré, laissant entrer la neige et le frois, mais la gigantesque lunette du télescope était encore là. Que sait…peut-être ces miroirs étaient encore fonctionnels. La voûte céleste était bien visible, sans pollution lumineuse dans cet endroit que personne n’avait dû visiter depuis des années. DiGrassi appréciait les étoiles : elles suivent éternellement le même chemin, les planètes autour d’elles la même orbite, encore et encore. Cela appelle à une certaine tranquillité à laquelle il aspire. Il ne restait plus qu’un invité, celui qui avait le pouvoir de bousculer l’ordre cosmique, comme celui de la cité…