22/07/2013
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Apex Velsna : juste de l'or noir

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Cela faisait 4 mois que la rencontre d’octobre avait eu lieu entre Rasken et Velsna, depuis, beaucoup de choses avaient changé, l’annonce du Triumvirat étant la plus importante. Suite à la première rencontre, il fut convenu qu’une seconde rencontre entre les acteurs énergétiques sylvois et Apex aurait lieu. Mais suite à l’annonce du Triumvirat, d’une simple rencontre entre acteurs de l’énergie, cette rencontre avait pris une tournure un peu plus politique. En effet, le Triumvir Matteo DiGrassi lui-même annonça qu’il participerait à la rencontre et le gouvernement Raskenois décida alors d’envoyer son ministre des affaires étrangères.

Le 02 février 2013, à 9h, sur le tarmac de l’aéroport d’Eberstadt :

Oskar Brötzmann – Comment allez-vous, Monsieur le ministre ? Le réveil n'a pas été trop dur ?

Axel Orndorff – Ça va, et vous ? Prêt à compter les barils ? Eheh

Oskar Brötzmann – Boaf, en prenant en compte la profondeur des gisements et en fonction de la dureté de la roche, si on commence à forer maintenant, on en a pour quelques jours si le gisement est peu profond avec des roches pas trop dures, à quelques mois si c’est le contraire. Je passe évidemment sur toutes les installations de traitement, d’acheminement, de raffinage et de port pour l’exportation, bref.

Non, vraiment, c’est plus dur que ça en a l’air, déjà on table sur 2 semaines à un mois pour étudier les caractéristiques d’un gisement. Si en plus il est en mer, ça va nous rajouter quelques mois. En plus, il y a des considérations politiques maintenant qui viennent nous compliquer la vie.

Oskar Brötzmann – Je vois, vous n’aurez qu’à poser la question à Monsieur DiGrassi, il ne devrait plus tarder.


Quelques minutes plus tard, l’avion du Triumvir se posa à l’aéroport.
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" Rasken est une terre de malice remplie de marchands malhonnêtes et faux. A cet égard, je considère que ce peuple est peut-être parmi les plus proches de nous, et de ceux qui nous veulent le moins de mal. Car il n'y a qu'un fou pour croire en politique qu'il faut se fier à quelqu'un que l'on pense honnête."
- Gina DiGrassi, extrait du "Journal du Triumvirat", 7 février 2013

La Réunion:

Le large de Velsna a toujours été riche de ressources marines et la cité vit de la mer depuis des siècles. Mais il faut reconnaître certaines choses qui peuvent déranger dans les milieux politiques velsniens: le tournant de la révolution industrielle a été un échec du point de vu de l'exploitation maritime. La cité brille certes encore dans le domaine de la construction navale, mais il n'était jamais venu à l'idée des gouvernements sucessifs de se servir de l'océan que comme un réservoir de pêche. Or, c'est ce qu'on fait la plupart de ses voisins à la même période, y compris Rasken. Des efforts ont donc été déployés ces dernières années afin de réparer cette erreur considérée comme historique, et le secteur de l'énergie a bénéficié d'investissements massifs de la part des acteurs privés de la cité. Au fil des années, grandes familles et capitaines d'industries ont ainsi fit bâtir barrages hydro-électriques, centrales au gaz naturel et la fin du XXème siècle a vu l'émergence timide d'un secteur du nucléaire, solution pratique afin de palier à l'absence de pétrole sur le territoire velsnien et au déclin du charbon.

Aujourd'hui, à l'instigation de Rasken, ce sont les représentants des trois principales entreprises du secteur à Velsna qui sont présents. Concurrents de toujours, mais tous à l'affut de la publication faite par les géologues rasknenois il y a de cela plusieurs mois. Des gisements dormaient sous leurs pieds tout ce temps...et aujourd'hui ils viennent faire bonne figure devant une société Apex qui a bien l'intention d'ouvrir de nouveaux marchés. Nous pouvions faire la liste de ces hommes:
- Rodrigo Dante: responsable stratégie de Supra, groupe connu pour ses investissements dans le domaine du nucléaire.
- Philippa Georgi: représentante du conseil d'administration de la S.E.B.V (Société des énergies et des barrages de Velsna), entreprise la plus importante en termes de capitaux et par le nombre d'installations possédées.
- Luigi d'Ascona: responsable stratégie et communication du C.H.E.U.M (Confédération des honnêtes énergéticiens d'Umbra et de Munda), structure, dans un premier temps privilégiant l'exploitation de gisements gaziers, depuis peu spécialisée dans la prospection de sources d'énergies plus expérimentales ( géothermie etc...)

A leur tête se trouvait le Triumvir Matteo DiGrassi, qui sortit pour l'occasion de son réduit afaréen pour prendre l'initiative de ces négociations dont on savait qu'elles représenteraient un tournant important dans la vie économique des entreprises qui y participeront. Quant à DiGrassi, nul ne sait encore ce qu'il est venu y faire, si ce n'est lui. C'est ce dernier, qui devant tous les autres prit les devants dés la sortie de l'avion. Les représentants avançaient derrière lui comme des soldats obéissants en direction du comité d’accueil Raskenois.
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Axel Orndorff – Triumvir DiGrassi, comment allez-vous ? Le trajet n'a pas été trop long ? Je dois vous avouer que l'annonce de votre présence fut une surprise pour nous, étant donné que cette journée devait être une simple rencontre entre industriels. Mais soit, votre présence facilitera certainement certains échanges.

Par la suite, le ministre des affaires étrangères présenta le PDG d'Apex Energy et fit également la connaissance des trois industriels velsniens.
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DiGrassi tint fermement la poigne de son homologue en lui répondant avec une courtoisie velsnienne:
- Très bien. Et vous ? Comment se déroulent vos affaires depuis la venue de mon frère ? Il était convenu dans nos accords que la prochaine rencontre entre Apex et des entités velsniennes ferait l'objet d'une attention particulière de la part de notre gouvernement. Nous respectons donc les termes de cet accord, quoi de plus logique... Si cela vous surprend, voyez-y juste l'assurance que nous sommes des interlocuteurs fiables. Ne vous en faites pas cependant, je ne suis pas là pour perturber les tractations entre nos représentants ici présents et Apex. Je suis un marin de formation, pas un prospecteur pétrolier. Je ne serai donc ici qu'un observateur qui vous avisera des limites de vos droits dans l'exploitation des ressources dans les eaux velsniennes, rien de plus. Comprenez ma surveillance toute particulière de cette affaire : d'ici quelques années, le chiffre d'affaire que nous tirerons de ces gisements se compteront en plusieurs milliards de florius par an, c'est donc une affaire qui regarde le Sénat et le Triumvirat au plus haut point.

Le responsable stratégie de Supra, salua à son tour les représentants d'Apex, couvrant de compliments et de courtoisie l'entreprise:
- Messieurs, j'ai beaucoup entendu parler de la gestion d'Apex. Permettez moi de vous dire qu'il s'agit d'un modèle de business plan à Velsna. Nous avons grande hâte de commencer ces discussions. Je suppose que c'est vous qui nous faites l'honneur de nous guider jusqu'à l'endroit où nous pourrons tracter à tête reposée ?
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Axel Orndorff – Je comprends tout à fait. L'industrie en général est un sujet sensible, mais celle des hydrocarbures l'est encore plus, étant donné que nos sociétés modernes en dépendent largement.


Pendant qu'Axel Orndorff discutait avec le Triumvir DiGrassi, le PDG d'Apex discutait avec le responsable de la stratégie de Supra.


Oskar Brötzmann – Il est agréable de discuter en plein air, mais je pense qu'il serait plus approprié pour les négociations de se rendre dans une salle de réunion, vous ne pensez pas ? Pour cela, nous avons libéré une salle de réunion dans le siège d'Apex de la capitale. Si vous voulez bien me suivre.


Après cela, le petit groupe monta dans les véhicules (HRP : des pick-up évidemment, on ne change pas une équipe qui gagne) qui allaient les conduire jusqu'au siège d'Apex.
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Matteo DiGrassi fit un acquiescement des propos de son homologue, qu'il reçut avec une courtoisie distante. Il compléta sa réponse, allant dans le sens de sa réflexion:
- En effet monsieur Orndorff, d'autant plus que Velsna est par habitude un importateur d'énergie fossile, et que le domaine du nucléaire n'est pas encore pleinement développé. L'exploitation d'une telle manne pourrait procurer à la Grande République une autonomie stratégique dont j'estime qu'elle a grand besoin. Maintenant que nous avons les gisements, il nous manque les bonnes personnes pour les exploiter. Et naturellement, n'importe qui en Manche Blanche aurait tendance à se tourner vers Apex. C'est ce que nous comptons faire aujourd'hui. Ce n'est pas dans ma volonté de mettre une quelconque pression, mais ma présence à cette réunion relève de l'exception, y compris dans les standards velsniens. Nous nous retenons en général de mettre notre nez dans les affaires des entreprises privées, ce serait-ce que par principe de liberté économique. Mais il y a beaucoup d'enjeu aujourd'hui.


Une fois à bord du convoi, les représentants des entreprises velsniennes éprouvèrent un grand enthousiasme. La plupart d'entre eux possédaient déjà plusieurs véhicules provenant de Rasken, que ce soit par praticité ou pour le plaisir. Depuis un an, la part des ventes de véhicules dans la Grande République produits par des marques raskneoises avait bondit, et la tendance était à l'accélération depuis la signature du traité Velsna-Rasken facilitant les importations et exportations entre les deux pays. DiGrassi, qui avait des réactions plus mesurées que ses compères, se fendit d'un commentaire élogieux faisant rupture avec ses attitudes laconiques habituelles:
- Impressionnante tenue de route je dois dire. Je ne connaissais pas ce modèle. Cela me rappelle que le prototype de véhicule d'infanterie que Raksen a livré à Velsna est entré en service il y quelques semaines de cela. Il montre des résultats probants, et sa motricité est satisfaisante, tout comme le sont la plupart des véhicules raskenois. En revanche, je n'arrive toujours pas à m'expliquer les raisons de ce choix de couleur qui a été fait pour cette commande...Bref, je digresse. Et si vous me disiez ce que vous attendez de cette réunion, monsieur Orndorff ? Avez vous des aspirations particulières vis à vis du gouvernement velsnien ? Des demandes spécifiques de la part d'Apex qui permettraient son développement plein et entier sur notre territoire, en dehors de ce sujet d'exploitation de gisements ?
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Axel Orndorff – Ce que j’attends de cette réunion ? Bien qu’elle soit très bonne, améliorer nos relations ainsi qu’élargir la coopération entre nos 2 nations dans divers secteurs. J’ai cru comprendre que Velsna était devenue un client important de nos industries militaires, la mise en exploitation des découvertes récentes d’hydrocarbures dans votre sous-sol serait bénéfique aux 2 parties. Vous gagnerez en autonomie en plus de créer une source de revenus supplémentaire et Apex gagne un nouveau marché sur lequel elle peut s’implanter.

De plus, au vu des nombreux dangers auxquels peut faire face cette région, je pense qu’avoir des amis peut être grandement bénéfique.

Edouard Mallet – On arrive sur la HSL, on devrait en avoir pour 5 à 10 minutes. [



Après ces mots, les voitures passèrent le péage et accélérèrent dans un confort rare jusqu’à la vitesse maximale sur les HSL soit 250km/h

Une fois la vitesse maximale atteinte, Edouard Mallet mit la radio comme à son habitude pour écouter de la musique pendant le trajet, il baissa suffisamment le son pour que celle-ci n’importune pas ses passagers.

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Le pick-up accélérait et plaquait les passagers dans leurs sièges, mais étrangement, il n'y avait aucune sensation d'inconfort, et les vibrations étaient elles aussi aussi douces qu'il fut possible de le concevoir dans une telle voiture. Le triumvir se fendit d'une réponse court, mais qui laissa entrevoir une réaction positive à la position de Orndorff:
- Vous êtes clairvoyants, nous faisons confiance aux entreprises raskenoises pour le moment. Après tout, le traité que nous avons déjà signe porte déjà ses fruits dans certains secteurs. Je pense à l'automobile, grâce aux solitudes que vous votre chauffeur à sa pédale d’accelerateur. Les accords de libre échanges se font ressentir positivement sur notre croissance, du moins c'est ce que notre Maître des Balances m'a fait savoir. Je pense que vous ne serez pas déçu de vous implanter à Velsna. Vous pourrez par exemple bénéficier d'une présence sur les marchés aleuciens ou nazuméens en vous implantant dans nos possessions outre-mer. Nous verrons ce que donnera cette nouvelle réunion, mais j'ai un bon pressentiment.

Du point de vue diplomatique, vous avez également raison. Mais je voudrais toutefois vous poser une question avant que nous commencions nos tractactios: Apex Energy est-elle déjà implantée en République d'Achos ou à Kolisburg ?
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Oskar Brötzmann – Pour répondre à votre question, non, nous ne sommes pas du tout implantés dans la République d'Achos. Cependant, nous pourrions peut-être envisager de le faire à l’avenir. Étant donné que maintenant nous savons que vos eaux disposent de ressources exploitables, nous pensons que les roches sous-marines dans vos eaux possèdent sûrement une extension dans les eaux de la République d'Achos, étant donné qu'elle est votre voisine.

Pour ce qui est du Kolisburg, le seul lien que nous avons avec eux est l'envoi de bâtiments de surface pour sonder leur fond marin, à leur demande pour un recensement à l’IRGI.

J'ai cru comprendre que vous n'étiez pas en bons termes avec ces deux pays. Est-ce pour cela que vous me posez cette question ?
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DiGrassi répondit à Brotzmann, sur un ton de plus en plus intéressé:
- Vous êtes perspicaces. En effet, le Sénat a toujours considéré la République d'Achos comme un État voyou ayant des liens probables avec le groupe terroriste de l'AIAN, l'armée de "libération" d'Achosie du Nord. Ce sont des troubles qui remontent à plusieurs siècles, alors même qu'aujourd'hui les cités velsniennes situées au nord de leur territoire sont parfaitement intégrées à la République, et où la majorité de la population ne parle plus la langue achosienne. Bref, nous voudrions une relation plus détendue, mais des facteurs dont ils sont pour partie responsables ne permet pas cet état de fait. A propos d'une éventuelle entente entre votre entreprise et cet État, nous n'avons rien contre dans le principe. Mais je doute que le gouvernement achosien n'ait le moindre sens des affaires, monsieur Brotzmann, ni la volonté politique d'exploiter ces ressources. Après, ce n'est qu'une supposition de ma part, je sais qu'Apex peut se montrer très convainquant. Et en cas de problème, votre entreprise aura le soutien de la flotte de la Marineria, comme le prévoit notre traité. Je n'ai qu'une parole, même si cet accord a été signé par mon frère et non par moi-même.

Je ne vais vous contredire pour ce qui est des ressources supposées d'Achos, je n'ai pas la moindre connaissance en matière de prospection de ressources maritimes.

Concernant Kolisburg, nos différents sont plus récents, une histoire de ZEE et d'insulte diplomatique. Vous savez ce que c'est, de réclamer une zone d'exploitation exclusive dans la Manche Blanche. Le fait que les diplomates de ce pays soient aussi maladroits qu'impolis aggrave leur cas. Là encore, nous comprenons la nature d'une entreprise telle que la vôtre, et nous ne vous tiendrons pas rigueur en cas de tractation entre vous et ce gouvernement. Bref, retournons à nos affaires, je pense que nous avons une longue réunion devant nous.
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Après cela, le petit groupe continua de discuter pendant tout le trajet qui les séparait du siège social d’Apex Energy. La tour qui abritait le siège social d’Apex Energy mesurait près de 470 mètres. Cette hauteur n'a pas été choisie au hasard ; elle fait référence à l’année de nationalisation de l’entreprise Apex en 1947. Avec cette hauteur, le siège social d’Apex domine toute la skyline de la capitale Raskenoise.

Oskar Brötzmann – Messieurs, bienvenue au siège social d’Apex. Si l’un d’entre vous a envie de prendre les escaliers, d'abord, bonne chance, et deuxièmement, nous avons rendez-vous au 18e étage.


Évidemment, personne ne prit les escaliers et quelques secondes plus tard, le groupe se trouvait à 72 mètres du sol.


Oskar Brötzmann – Bien messieurs, bien que nous ayons déjà collecté quelques informations, pourriez-vous me faire un résumé de votre situation ? Par exemple, sur les barrages, votre réseau de transport d’énergie, que ce soit pour l’électricité ou le pétrole/gaz, ou même sur le nucléaire. J'ai cru comprendre que Supra y faisait des investissements.
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DiGrassi se mit légèrement en retrait dés que le sujet de l'énergie fut évoqué avec davantage de détails, et ce dernier n'hésita pas à pousser en avant les représentants des entreprises velsniennes concernées par les demandes des raskenois. C'est Philippa Georgi, jeune représentante de la SBEV qui entra la première dans le vif, conformément à la fougue de son âge:
- Comme vous pouvez déjà le savoir messieurs, Velsna est tout d'abord un territoire desservi par un réseau fluvial important, dont les cours d'eau possèdent un débit relativement puissant. Le cours de la Léandra par exemple, n'a rien à envier à certains fleuves aleuciens. Si bien que l'hydroélectricité a toujours été un élément important de la chaîne d'approvisionnement en électricité. Sur les 150TWh que produit le pays annuellement, les deux tiers sont assurés par notre industrie. Maius bien que ce secteur soit déjà particulièrement développé, des investissements sont toujours possibles, je tiens à vous rassurer. Certaines portions du territoire, je pense en particulier aux Montagnes du Zagros à l'ouest du pays, sont des terrains idéaux, mais ne sont pas encore exploités. Si vous êtes intéressés par ce secteur, c'est là un bon premier angle d'approche. Que puis-je en dire d'autre si ce n'est que c'est une valeur sûre...

Dante, le responsable de Supra, loin de se laisser voler la vedette par la SBEV, industrie plus importante que son groupe, n'hésita pas à aller chasser à la suite de son confrère et concurrent:
- Monsieur Brotzmann. Bien que j'estime ma compatriote ici présent, et que l'hydroélectricité à son utilité, permettez moi de douter cependant qu'il s'agit là de l'avenir de notre pays. D'autant que la multiplication des barrages a provoqué par le passé des perturbations majeures du réseau hydrographique velsnien et que le gouvernement est devenu très frileux à cet égard, et à juste titre. Le nucléaire, a un avantage dont l'hydro n'est pas pourvu: il prend peu de place, perturbe moins les écosystèmes tout en étant également bas carbone et plus rentable. Tout ce qu'il nous faut, c'est davantage de personnelle hautement qualifié. Et nous pouvons enterrer les déchets au besoin sans perturber les populations et les écosystèmes. De plus, contrairement aux barrages, les cités qui composent notre territoire sont plus favorables au nucléaire, et certaines désirent déjà leur présence en vertu des primes exorbitantes que cela impliqueraient pour leurs administrations. Autant dire que le nucléaire bénéficie d'une dynamique positive dans l'opinion publique. Nos négociations risquent donc d'êtres très fructueuses, et nous avons le feu vert du gouvernement en présence de son excellence DiGrassi ici présent. Que rêver de plus.

Le représentant du CHEUM sortit à son tour le grand jeu:
- Mon groupe est dans une position paradoxale, monsieur Brotzmann. Nous sommes littéralement assis sur des montagnes de gaz et de prétrole, comme l'a prouvé votre prospection, ce que nous suspections de longue date, mais nous ne l'exploitons pas. Aujourd'hui est donc l'occasion de rectifier le tir, ne pensez vous pas. Des trois groupes ici présents, nous sommes le plus modeste à n'en pas douter, mais c'est également nous qui avons la marge de rentabilité la plus élevée. En effet, nous n'exploitons rien à l'heure actuelle, et vous avez fait la découverte de de plus d'une dizaine de gisements importants dans nos eaux. La moindre des récompenses serait que nous ne partagions les profits de ces exploitations, ne pensez vous pas ? Vous gagnerez bien plus qu'en investissant dans des barrages déjà existants. Quant au nucléaire, j'ai bien peur que les profits qu'ils génère nécessitent des investissements sur le plus long terme. Avec nous, les profits seront quasi immédiats, car contrairement au nucléaire, il y a déjà un personnel velsnien qualifié sur place qu'il n'y aura pas besoin de former. Une ressource que nous pourrons de plus, exporter chez vous ensuite, car nous ne savons que trop bien que votre secteur automobile est particulièrement dépendant du pétrole.

DiGrassi finit par reprendre la main, connaissant que trop bien la tradition velsnienne de la guerre commerciale:
- Comme vous pouvez le voir Monsieur Brotzmann, vous avez ici des opportunités en or servies par des loups aux dents longues. Je suis sûr que nous parviendrons à un marché des plus avantageux aujourd'hui. Avez vous déjà une piste concernant un secteur en particulier où vous seriez avide d'investir ?
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Oskar Brötzmann écoutait attentivement ce que lui disaient ses interlocuteurs et fut très impressionné par leur motivation.


Oskar Brötzmann – Bien, je vois à peu près la situation. Je vais commencer par Monsieur Luigi d'Ascona. Vous avez à la fois raison et tort, je m’explique. Comme vous l’avez dit, le secteur des énergies fossiles à Velsna n’est pas développé. Donc, effectivement, c’est un secteur qui serait très rentable... à court et moyen terme. En fait, cela dépendra de plusieurs facteurs. Premièrement, la politique d’exploitation que nous allons mettre en place. Alors c’est une grosse approximation, mais par exemple, si l’on décide d'avoir une grosse production, disons 2 millions de barils par jour, le pic surviendrait dans les 10 ans qui suivraient le début de la production. Le deuxième point dépendra plus de nous. D’après les estimations que nous avons réalisées, la Grande République de Velsna aurait sous ses pieds entre 50 et 90 milliards de barils. Disons 76. En fonction des technologies que nous allons utiliser, nous pourrons en sortir plus ou moins. Au début de l’exploitation, quand les puits sont dits éruptifs, on vous garantit un taux de récupération de 15 %, soit environ 11,4 milliards de barils, cependant nous savons que nous allons en sortir plus. Sur nos gisements raskenois, nous avons réussi à faire monter le taux de récupération à environ 35 %, de plus, nous sommes en train d’expérimenter des technologies qui pourraient nous permettre de le faire grimper au-delà des 50 %.

Mais même en prenant tout cela en compte, je vois mal comment nous pourrions repousser le pic de production au-delà de 25 ans suivi d’un long déclin de plus de 60 ans derrière. En comparaison, un barrage centenaire est tout à fait envisageable si on l’entretient convenablement.

Pour répondre à votre question, est-ce que nous allons investir dans votre secteur ? Bien évidemment, car nos sociétés modernes sont dépendantes du pétrole. Si il venait à manquer, notre mode de vie s’effondrerait aussitôt. C’est pour cela que tant que nous n’avons pas d’alternative, il faut continuer à maintenir un approvisionnement constant d’or noir. Car au-delà même de notre mode de vie, le manque de pétrole pourrait déstabiliser la planète entière.

Prenons par exemple un pays A qui dispose de pétrole et un pays B qui n’en dispose pas mais qui possède une bonne armée. Si à cause de la raréfaction du pétrole le pays A refuse de vendre du pétrole au pays B, vous pensez que le pays B va se laisser mourir comme ça ? Il y a de grandes chances que non, le pays B entamera certainement une opération militaire pour rediriger le flux de pétrole vers lui au détriment du pays A. C’est pour cela que de mon point de vue, tant que nous approvisionnons suffisamment les pays du monde, nous repoussons la guerre pour le pétrole. Je préfère 100 fois un monde en paix qu’un monde en guerre, bon les industriels de l’armement ne sont pas d’accord avec ça mais ce n’est pas grave.

Après cette interlude très pessimiste sur l’avenir, j’aurais autre chose à dire. Je ne sais pas vraiment à qui je dois poser la question donc je vais la poser au Triumvir DiGrassi et à vous. J’aimerais obtenir l’autorisation pour Apex de surexploiter l’un des petits gisements de pétrole de la métropole Velsnienne, je m’explique. Le but serait de vider le plus rapidement possible l’un des gisements pour mettre en pratique un programme de recherche qu’Apex mène actuellement. Ce projet a pour nom DVGP ou « Deuxième Vie pour les Gisements de Pétrole ». On ne devait pas être très inspiré ce jour-là, mais bon au moins c’est explicite.

Je pense que vous serez d’accord avec moi, Monsieur Luigi d'Ascona, que la géothermie est une énergie incroyable. Mais son gros défaut est qu’il faut réunir tellement de conditions au même endroit que finalement les lieux où la géothermie est possible sont rares. Le principal problème est de trouver un « gisement géothermique » suffisamment profond pour être assez chaud, que l’eau soit assez mobile dans le réservoir etc. Le but du projet DVGP est de se servir d’anciens gisements de pétrole épuisés pour faire office de « gisement géothermique ». On sait qu’un gisement de pétrole est étanche vu qu’il a contenu du pétrole pendant des millions d’années, en fonction de la profondeur, on connaît la température qui y règne et on peut aussi réutiliser les installations de l’industrie pétrolière. Si cette technologie est mise au point, elle aurait de sérieux avantages, et augmenterait de façon significative le nombre de lieux où nous pouvons faire de la géothermie.


Après cette longue prise de parole, Oskar Brötzmann fit une petite pause pour se désaltérer avant de reprendre.


Oskar Brötzmann – Bien, maintenant je vais traiter en même temps de la question du nucléaire et des barrages. De mon point de vue, la petite guéguerre que vous entretenez pour savoir qui aura le financement est contre-productive. Pour qu’un réseau électrique fonctionne, il faut tout le temps que la production soit égale à la consommation, il faut donc des moyens de production pilotables. Le nucléaire est une énergie pilotable, mais pas au point des centrales thermiques ou des barrages, la puissance d’une centrale nucléaire varie sur plusieurs heures voire jours alors qu’un barrage a sa pleine puissance en 5 minutes.

Pour moi, il ne faut pas opposer le nucléaire et l’hydraulique, mais les voir de manière complémentaire. C’est en tout cas la vision que nous avons à Rasken avec la STEP (Station de Transfert d’Énergie par Pompage) d'Auberlof qui assure la stabilité du réseau national.
Madame Philippa Georgi, tout à l’heure vous avez mentionné le fait que les montagnes de Zagros comme étant encore inexploitées, cela tombe bien, car les chaînes de montagne sont les lieux idéaux pour la construction de STEP.

Si Apex investit dans le nucléaire, nous ferons également des investissements dans au moins une STEP afin d’assurer la stabilité du réseau. De toute façon, avant d’investir, il faut d’abord savoir quels sont vos besoins. La consommation augmente-t-elle rapidement en ce moment?
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La représentante Georgi revérifia rapidement ses notes tout en mettant à l'écrit les remarques du responsable d'Apex. Celle-ci rebondit sur la question des besoins énergétiques du pays soulevée par ce dernier:
- Concernant la mise en place d'une STEP, je pense que la région du Zagros constitue un terrain idéal en effet. Le Zagros est traversé par un réseau hydrique important, avec deux axes fluviaux majeurs à fort débit. Ce projet cadrerait avec l'augmentation significative des besoins en énergie du pays. En effet, vous nous posez la question, et nos projections font état d'un prolongement de la croissance économique et démographique du pays. Ces deux facteurs impliquent nécessairement une hausse de la consommation. Rien que sur l'aspect démographique, la pays est passé de 7 à 7,3 millions d'habitants en un an et demi. Sur ce plan là donc, vous pourrez compter sur un marché en expansion et une conjecture favorable. Il est absolument nécessaire pour nous de poursuivre l'expansion du parc énergétique, au risque d'un tassement de la croissance. Dans ce contexte, nous pourrions donc nous pencher sur des investissements importants dans l'industrie hydroélectrique et nucléaire dans cette région.


Une fois les clarifications de Georgi faites, D'Ascona fait part de ses doutes quant au projet que les représentants d'Apex proposent à l'étude:
- En effet. Je pense qu'en l'état du territoire velsnien actuel ne permet pas de se reposer sur un dépendance à la géothermie. Qui dit géothermie dit activité tectonique, hors très peu de superficie du territoire de la Grande République est affectée par ce phénomène. Toutefois, il y aurait à mon humble avis un endroit particulièrement prisé pour ce type d'investissement. Je pense à l'île de Tercera, au nord du Nazum. Ce serait là l'emplacement idéal. Concernant votre projet , "DVGP", monsieur Brotzmann, je me dois d’émettre une réserve dont je voudrais être rassuré. Mettons que nous épuisions complètement un gisement pétrolier: la profondeur du gisement ne va pas t-elle pas provoquer un coût prohibitif pour une rendement inférieur à un gisement de pétrole ? Un tel plan est-il vraiment rentable ? Non pas que je n'admire pas votre sens du long terme, mais la mise en place d'un programme nucléaire à Velsna ne peut pas pallier à la disparition progressive des puits ? Bref, je désirerais avoir davantage de détails sur cet aspect de votre projet. Concernant l'obtention d'une telle autorisation, je doute que...

D'Ascona fut immédiatement coupé par le Triumvir DiGrassi, qui intervient dans la conversation:
- L'autorisation, ils l'auront, monsieur D'Ascona. Ce n'est pas un problème. Je vous fais confiance pour ce projet monsieur Brotzmann, vous aurez carte blanche. Je constate que vos travaux quant aux ressources pétrolières sont avancés, bien, en dehors des modalités d'exploitation il nous faut établir un partage du produit de l'exploitation, car je suppose que ces investissements ne sont pas gratuits. Sur quek pourcentage du résultat d'exploitation annuel comptez vous, monsieur Brotzmann ? Il n'y a pas de mauvaise réponse.
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Oskar Brötzmann – Je comprends que vous ayez des réserves sur ce projet, notamment sur le rendement. Il est certain que le projet DVGP présente un rendement inférieur à celui d'un gisement de pétrole. Le pétrole est quelque chose de formidable, une immense réserve d’énergie facile à exploiter. L’objectif de ce projet n'est pas de vider un gisement au plus vite pour mettre en place de la géothermie, mais de voir si une fois les derniers barils extraits, nous pouvons donner une seconde vie au gisement, que ce soit dans 5 ans ou 100 ans. De plus, nous savons qu'il y a peu de chances que nous arrivions à générer de l’électricité avec cela, mais cela peut être très intéressant pour les réseaux de chaleur urbaine.

Quant à la profondeur, ne vous inquiétez pas, car à un moment donné, la profondeur va plus nous aider qu'elle ne va nous pénaliser. Du fait des grandes profondeurs, la pression et la température vont nous aider à faire remonter le fluide à la surface.

La raison pour laquelle j'ai demandé de le faire sur un petit gisement de la métropole est que nous n'avons aucune garantie que le projet fonctionne. Plutôt que de gâcher un gisement de la deuxième zone de Velsna qui dispose du plus de pétrole, nous préférons expérimenter sur un petit gisement qui fera office de projet pilote. Si celui-ci s'avère concluant, nous pourrons démocratiser cette technologie à travers le monde sur des gisements déjà épuisés.


Oskar Brötzmann se tue quelques secondes avant de reprendre.


Oskar Brötzmann – Vous avez raison, monsieur le Triumvir. À vrai dire, nos travaux sont bien avancés. Si nous obtenons l’autorisation, nous pensons, avec notre partenaire Kiesling OilRig Groupe, pouvoir lancer la production dans un peu plus d’un an, vers mars/avril 2013. Pour ce qui est du partage des recettes, nous ne demanderons jamais plus de 50 %, car nous considérons que le pays hôte doit recevoir la majorité des bénéfices. Nous considérons un contrat moins intéressant si nous touchons moins de 30 %. Bien évidemment, plus le pourcentage se rapproche de 50 %, plus nous serons ravis, mais entre ces deux bornes, nous considérons qu'il s’agit d'un bon contrat.
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