13/08/2013
21:12:21
Index du forum Continents Nazum Shajolkapoor Jee

Histoire

Voir fiche pays
8528
L'assassinat de l'empereur Qasimu II

Le 14 avril 1254, un terrible événement s’est produit.

Alors que comme tous les matins, Amish Acharekar, le plus proche conseiller de l’empereur, se rendait dans la chambre de ce dernier dans le but de le réveiller, il n’obtint aucune réponse à ses multiples toquements de porte. Inquiet, il appela l’empereur, haussant la voix. Le continuel silence le poussa à rompre le code impérial et à entrer dans la chambre sans y être invité. Amish Acharekar se stoppa net avec effroi, le visage blême. Le corps de Qasimu II gisait allongé au sol, sur le ventre, inerte, à environ un mètre de la porte. De son lit à baldaquin jusqu’à son emplacement, une traînée de sang se dessinait. Ses bras, tendus vers son conseiller, nous laissaient imaginer ses derniers instants, son espoir d’attendre la porte, et d’être ainsi miraculeusement secouru. Seulement, au vu de la quantité de sang perdu, cet espoir aurait, dans tous les cas, été vain.

Une fois la torpeur passée, Amish Acharekar appela les gardes et leur demanda de sécuriser tous les accès de la capitale, afin de limiter le mouvement de l’assassin, la scène ne laissant planer aucun doute sur la nature criminelle de l’acte. Il se précipita ensuite vers la chambre de Satya, l’épouse de l’empereur, pour lui annoncer le drame. Le vase qu’elle tenait entre ses mains se brisa sur le sol dans un fracas. Elle hurla, fondit en larmes et alla aussitôt prendre dans ses bras le petit garçon encore à moitié endormi qui venait juste de se lever de son lit, réveillé par le bruit. Voyant sa mère pleurer, il l’imita avant même d’en savoir la raison. Séchant ses larmes, essayant de maintenir la prestance que son rôle demandait, elle regarda Krishni et lui dit, d’une voie chevrotante :

« Mon petit Krishni, mon petit tigre. Tu vas devoir être très fort et très courageux. Papa nous a quittés. Et désormais, c’est sur toi que repose l’avenir de l’Empire. Tu vas devoir être bien sage et bien écouter tout ce qu’Amish va te dire. Il va t’aider et t’épauler. Je serai là aussi, évidemment. Mais je vais te demander une chose très importante. Surtout, n’oublie jamais ton père et rends le fier. Maintenant, sèche tes larmes et suis Amish ».

Krishni, tout sanglotant, séchait ses larmes. Il se jeta violemment contre sa maman, la serrant de toutes ses forces, comme s’il essayait de ne faire qu’un avec elle, de revenir à l’état fétal, où ils ne formait encore qu’un être et où aucun problème ne brouillait son existence. Satya glissa une main dans les cheveux de son fils, le caressant avec amour. Après un court instant, elle repoussa doucement Krishni et le dirigea vers Amish. Ce dernier offrit sa main à l’enfant, qui la saisit, et l’emmena avec lui dans ses appartements, afin de le préparer pour son couronnement futur.

Quand la porte de sa chambre se referma, Satya put enfin laisser sortir l’entièreté de ses sentiments. Ses jambes la lâchèrent. À genoux, elle implora son défunt époux et supplia les cieux de l’aider, elle et son fils, à surmonter cette douloureuse épreuve. Elle savait que leur vie ne serait plus jamais comme avant.


La torture de Karuna

Peu après son arrestation, le calvaire de Karuna débuta. Le morceau de son sari découvert sous la main gauche de l’empereur étaient une preuve plus que suffisante aux yeux de tous pour attester de sa culpabilité. Amish Acharekar, une fois informé de l’identité de la coupable, réquisitionna aussitôt quatre gardes et les envoya chercher Karuna sur le champs. C’est dans sa chambre qu’il la trouvèrent. Ne soupçonnant pas un instant son arrestation, elle brossait sereinement ses longs cheveux soyeux de son peigne en ivoire. L’un d’eux se jeta violemment sur elle et lui arracha de force le peigne. Elle hurla de douleur en sentant une touffe de cheveux se déraciner de son cuir chevelu et suivre le peigne dans sa chute. Tous ensembles, ils l’attrapèrent chacun par un membre, et sans la ménager, l’apportèrent à Amish. Au premier signe d’opposition de la jeune femme, un des gardes ne manqua pas de lui assener un coup d’une violence telle au niveau de sa hanche que cela la dissuada de toute nouvelle tentative.

Une fois arrivés devant le premier conseiller de l’empereur, ce dernier leur ordonna de ligoter Karuna et de l’enfermer dans une cellule des cachots. Ils s’exécutèrent aussitôt. Amish décida ensuite de la tenue d’une réunion entre les différents conseillers en vue de se mettre d’accord sur la peine de Karuna et ses modalités d’exécutions. Les débats durèrent des heures. Plusieurs opinions contraires s’opposaient. Pour certains, l’exécution par pendaison lui semblait une évidence. Pour d’autres, la privation de nourriture et d’eau jusqu’à ce que le mort s’ensuive semblait plus adaptée à la violence de son crime. Amish écouta longuement les propositions de ses collaborateurs, réfléchissant à ce qui pourrait le mieux venger la mort de Quasimu II. En effet, il ne pouvait accepter l’acte commis et souhaitait voir Karuna souffrir comme son empereur, et surtout son plus proche amie, avait souffert. Une fois sa réflexion achevée, il se leva et prit la parole :

« Je suis conscient que ce que je vais proposer va vous heurter dans vos consciences et dans vos convictions profondes. Mais face à une attaque si violence et virulente à l’intégrité même de l’Empire, je suis convaincu que la réponse apportée doit être profondément dissuasive, pour qu’une telle offense, jamais, ne se reproduise. Je souhaite que cette meurtrière, qui n’a d’humaine que la forme, mais qui n’est en réalité qu’un démon venu des enfers, qu’une naraki, soit sévèrement punie et subissent ce que Qasimu II a subi à la fin de son existence. C’est-à-dire la douleur, la tristesse, le désespoir. Je propose qu’elle serve d’exemple et que son corps soit offert aux citoyens, jusqu'à ce que le mort s’ensuive. »

Le silence qui s’en suit fut pesant. Tous se regardèrent, se demandant ce qu’Amish entendait précisément par « offert aux citoyens ». L’un d’eux ose enfin demander un éclaircissement de sa pensée.

« Je souhaite que tous soient libres de la tenailler avec un petit couteau, pour qu’elle subisse exactement ce qu’Amish a subi. Étant conscient de ma demande, je propose que la décision quant à la sentence finale revienne à Satya. C’est elle, à mon humble avis, qui est le plus concerné par le besoin de vengeance et la volonté d’honorer une dernière fois son défunt époux, Krishni étant malheureusement encore trop jeune. Je souhaite que ma proposition soit votée à la majorité. »

Il se rassit. À nouveau, le silence se fit. Tous restèrent immobiles. Si l’on avait été autour de cette table avec eux, il nous aurait été possible, on nous concentrant bien, d’entendre les battements de cœurs de certains conseillers, seul son brisant ce silence pesant. Soudain, un des conseillant osa lever la main, en signe d’accord. Lentement, mais progressivement, d’autres mains se levèrent, jusqu’à ce que la totalité des mains soient dressées vers le ciel. Amish, rassurée, soupira de soulagement. Il appela un garde se trouvant à proximité et le somma de faire venir Satya dès que possible. Peu de temps après, elle débarqua. Une fois la situation présentée, sans hésiter, elle choisit la torture. Elle, qui s’était pourtant toujours prononcée en défaveur d’une telle utilisation de la violence, ne pouvait lutter contre cette pulsion la poussant à réclamer la souffrance de celle qui l’avait privé de l’amour de sa vie. Bien qu’elle savait que cela ne lui ramènerait pas son Qasimu, elle espérait pouvoir en retirer un certain soulagement.

C’est comme ça que débuta l’organisation de l’atroce sentence de Karuna. Dès la prise de décision finale, les conseillers s’attelèrent à prévoir la diffusion de la tenue de l’événement aux citoyens de la ville et de ses alentours. La date choisit fut le surlendemain. Plus précisément, il fut décidé que l’événement débuterait à 10 h du matin et aurait lieu sur la place du marché principal, la place Vinshiya. Jusque-là, il fut décidé que Karuna serait nourri et abreuvé avec soin, afin qu’elle soit en pleine forme et que sa torture dure ainsi le plus longtemps possibles. Les conseillers réquisitionnèrent des dizaines de servants et servantes auxquels ils confièrent la tâche de rédiger des missives informatives qui seraient ensuite placardées aux lieux stratégiques où se réunissaient la foule, c’est-à-dire sur les places de marchés, devants les lieux de cultes ou encore devant les tavernes. Des gardes furent chargés d’aller avertir les habitants vivants dans ses fermes reculés et les villages proches de la capitale.

Le grand jour, dès 9 h déjà, la place grouillait de monde. Des gardes veillaient à l’organisation de cette foule et parvinrent à la discipliner et à lui faire former un semblant de file. Radjee Krivu, le coutelier le plus réputé de la ville, avait été débauché pour fournir les armes qui seraient utilisées. Il avait choisi parmi tout son attirail une vingtaine de petits couteaux, en prenant soin à ce qu’ils ne soient point trop affûtes, pour laisser la possibilité au plus grande de personnes de prendre part à l’événement et que Karuna ne succombe pas trop rapidement à ses blessures. Au centre de la place, une grande table vide en beau avait été disposée. À ses quatre coins, se dressait un poteau en bois. Plus le temps passait, plus l’impatience et l’excitation se faisaient sentir.

À 10 h, pétante, des gardes pénétrèrent sur la place, traînant Karuna. Ils atteignirent la table où ils la déshabillèrent violemment et l’attaché le dos contre la table, chacun de ses membres attaché par une corde à un des poteaux. La fraîcheur de l’air et la peur qui la rongeait faisait dresser chacun des poils de Karuna. Elle ne savait pas encore ce qui l’attentait, mais savait bien que, quoi qu’il allait lui advenir désormais, cela marquerait la fin de son existence. Elle ne pouvait seulement s’imaginer ce qu’elle allait devoir subir.

Haut de page