04/07/2013
18:19:21
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[Grand-Kah/Loduarie]"Ptn, comment on enlève ce filtre ?"-Visio entre militaires.

Ce n'était point la première fois que la Loduarie se déployait à l'autre bout du monde. La première fois, cela avait eu lieu au Mokhai, à force de nombreux convois aériens. Et si ce déploiement avait été un véritable fiasco par la suite, il avait permis à la Loduarie de tirer des enseignements précieux sur l'organisation d'un déploiement à l'autre bout du monde. La Loduarie s'était quand même relativement bien sorti de son déploiement au Mokhai, le seul problème avait été les forces étrangères hostiles.

Communaterra était un autre terrain de jeu. Là, la préparation avait été bien plus minutieuse, le matériel embarqué correctement organisé, tout calculé. Et l'électronique Loduarienne, qui avait fait ses preuves au Mokhai, alors même que le déploiement avait été hâté à l'époque, était désormais proche de la perfection. Ordinateur satellite, relais satellite militaire, les moyens avaient été mis sur la table. Car la Loduarie visait désormais la perfection pour son armée, plus question de la sacrifier inutilement, tout était désormais calculé.

Cependant, le problème des forces étrangères hostiles était toujours de mise, malheureusement.
Ainsi, dès l'arrivée des Forces Kah-Tanaises à Communaterra, les Loduariens avaient réagi. Pas question de déboucher sur un nouveau massacre.

Il ne restait plus qu'à passer un appel visio, qui serait, du côté Loduarien, surveillé et protégé de toute tentative d'écoute. La sûreté était de mise.


Vous me recevez ? Rahhhh, ça fonctionne comme cette merde de logiciel ? Là c'est bon ? Ça m'a l'air bon, bon sang.

Je me présente, Commandant Roger Durette de l'opération militaire Loduarienne en Communaterra. Je crois que nous avons à discuter. Vous voulez bien commencer ?
« Ici le citoyen Cormac MacUalraig de la garde communale. Lieutenant-colonel, s’il faut vraiment parler en grades. »

Cormac MacUalraig n’avait ni le ton ni l’expression de quelqu’un qui aurait aimé être là. Son visage un peu dur affichait quelque chose de dur, sans être mécontent il n’avait tout simplement aucune raison de sourire. C’est que l’homme semblait en avoir vue d’autres. Les yeux cernés, mal rasé, il se tenait droit dans son uniforme, col ouverte, un bandeau de tissus gris autour du front. Des officiers autrement plus propres sur eux s’agitaient dans son dos, s’attelant sur des consoles ou transportant des dossiers en vitesse. Le quartier général kah-tanais était manifestement en proie à une certaine agitation.

« Votre gouvernement a dû vous dire qu’on compte vous foutre dehors. Rien de personnel. En théorie ça tient de la formalité mais vos hôtes m’ont l’air d’un autre avis. »

Il haussa mollement les épaules.

« Quelle pitié. Quoi qu’il en soit si vous ne faites rien pour vous opposer à notre présence dans la zone on évitera de vous tirer dessus et, quand ça sera possible, on vous laissera plier bagage proprement. Personne ne veut d’une fusillade. »

Il haussa les sourcils, comme pour signifier qu’il y croyait en fait très moyennement.
Roger cligna des yeux imperceptiblement. Son ton faisait savoir qu'il avait un dur passé.

Éviter une fusillade. En effet. Ce n'est pas pour rien que j'ai demandé à ce que nous nous rencontrions originellement, mais notre "hôte" commun, comme vous le dites, ne semble pas nous laisser cette liberté. Soit.
Cependant, si mon gouvernement quand à lui s'est prononcé en faveur d'un départ des forces que je commande, des conditions ont tout de même étés émises. Notamment un dédommagement matériel qui lui est exigé par mon gouvernement. En l'état, aucun d'entre nous deux, que ce soit à notre niveau qu'au niveau de nos gouvernements, comptons ouvrir le feu en premier. Cependant, il faut comprendre que si vous, vous avez des demandes, nous aussi nous en avons, et que personne ne bougera tant que ces demandes ne seront pas factuellement réalisées. Et que dans le cas où vous finiriez par décider de nous expulser de force, il y aurait des conséquences. La première étant que nous défendront, nous soldats Loduariens en Communaterra, et la deuxième, c'est que des mesures bien plus importantes avec plus d'ampleur, à un niveau étatique, seront mises en place.
Donc j'aimerais savoir ce que vous comptez faire, et si nous pouvons en discuter. Ce, pour éviter plus de morts qu'il n'en faut.
Les demandes loduariennes, oui. Le lieutenant-colonel en avait évidemment entendu parler. Il se souvenait aussi du ton qu'avait employé ses camarades de la convention pour les désigner. Le terme "à prendre ou à laisser" qu'aurait employé la diplomatie loduarienne avait eu le don d'agacer - et prodigieusement - un certain nombre de monde au Affaires Extérieures. De ce qu'il savait ça avait même amené à d'importantes discussions au sein du commissariat et de l'internationale libertaire. Des choses qui le dépassaient, il n'était en fin de compte qu'un militaire, et son rôle était d'organiser la défense de l'Union, pas sa politique.

Tout de même, il acquiesça.

« On m'a parlé des conditions de votre gouvernement. Certaines ne sont pas réalistes : ne pas intervenir en Eurysie ? Nous avons des alliés, là-bas. Des alliés menacés et qui ne se défendront pas tout seuls. Quitter le Golfe des empires ? Ça dépend de la marine, et je doute qu'ils acceptent de sacrifier l'une de leurs bases les plus importantes pour les beaux yeux de la Garde. Vous livrer du matériel c'est déjà plus entendable, encore qu'il ne faudrait pas qu'il tombe malencontreusement sur des alliés. On pourrait armer la Loduarie, ça pourrait même nous être utile. Mais je ne suis pas convaincu que le contexte s'y prête. »

Il se passa une main dans les cheveux avant de reprendre.

« Franchement ces conditions ne sont pas au niveau mon vieux. Votre pays n'a pas vraiment les moyens de nous faire peur, et personne ne veut d'une guerre, pas vrai ? Alors vous n'iriez pas la débuter et nous non-plus. Maintenant les choses risquent de changer en Communaterra. Et si demain les gens des comités veulent vous mettre dehors... Il faudra bien le faire, sinon ça sera état de siège. »

Un haussement d'épaules : cette perspective semblait le fatiguer.

« On peut attendre d'en arriver là, pour sûr. Pas persuadé que ça vous anime particulièrement. Et si ce qu'il vous faut c'est un mot des tauliers, donnez nous quelques jours et on devrait vous fournir une jolie lettre des comités. Autant faire ça bien.

Quoi qu'il en soit je ne vais pas vous déranger avant que la situation avec les autochtones soit à peu près calmée.
»
Le commandant fronça les sourcils.

Les demandes de mon gouvernement se sont basés sur les négociations qui ont eu lieu entre votre pays et le mien avant le déclenchement de la crise.

Alors soyons clairs. Nous ne vous interdisons pas d'aider vos alliés en Eurysie, nous vous demandons de ne plus toucher militairement en Eurysie. Par exemple, vous engager à ne plus nous refaire des coups impérialistes comme vous avez pu en faire en Chérchérie.
Que vous aidiez vos alliés, nous ne pouvons nous y opposer, mais que vous décidiez de répandre le feu et le sang en Eurysie, comme vous l'avez déjà fait, cela nous nous y opposons fermement et nous vous demandons d'arrêter. Du moins mon gouvernement vous le demande.

Votre flotte, situé dans le Golfe des Empires, représente désormais une menace pour notre pays, et globalement pour la stabilité de l'eurysie. Vous menez actuellement une opération militaire dans un pays qui n'est pas le vôtre, actuellement. Qu'est ce qui vous empêcherait de faire de même dans le Golfe des Empires et dans notre région ? Mon gouvernement se le demande, et pour le moment, tant que la confiance ne sera pas au beau fixe entre nos deux pays, mon gouvernement restera sur sa position.

Concernant le don de matériel, vous connaissez les demandes de mon gouvernement. Je ne vais pas les réitérer, elles sont claires. Sachez juste que nous avons autre chose à faire que de les utiliser contre vos alliés, nous avons déjà une défense solide à mettre en place face à certains acteurs de ce monde. Qui ne comprennent pas vos alliés.

Et si les Kommunateros souhaitent nous mettre dehors, qu'ils le fassent, mais pour le moment, j'en doute fort.
« Un coup impérialiste comme en Chérchérie ? »

Le silence qui suivit fut particulièrement long, puis suivit par une quinte de toux.

« Les mots ont un sens, vous savez. Non. La vérité c’est que si on était pas intervenu un autre l’aurait fait pour vous botter le cul. Vous tiriez sur des civils les mecs. D’ailleurs c’est aussi la raison de notre présence ici, à force on pourrait croire que vous apprendriez, vous autres les autoritaires. Allez. On garde les beaux discours pour la presse. De vous à moi ça ne veut rien dire ce que vous racontez : on a pas répandu le sang et la guerre. Vous étiez en train de faire n’importe quoi et nos fameux alliés nous ont demandés d’intervenir. »

Puis il se redressa dans son siège et acquiesça.

« Je vais vous dire, si ça vous intéresse, le truc qui fait qu’on vous tombe pas dessus. La Communaterra nous a donnée des raisons de lui foutre sur la gueule. Vous ? Pas à ce stade.

Concentrez-vous sur vos vrais ennemis. Je laisserai mon gouvernement trancher sur les demandes du vôtre. En attendant je dois simplement savoir si il y aura ou non confrontation armée entre nos forces ici et maintenant.
 »
Le Commandant Roger eu un rictus.

Oui, nous tirions sur des civils. Des civils qui avaient décidé de leur sort au préalable, soit dit en passant. Mais nous avons honoré nos engagements. Et par ailleurs, la situation ne vous regardait pas. Ces civils ont fait le choix de la guerre, et ils l'ont eu, leur guerre. Sans compter que chez beaucoup d'entre eux que nous avons neutralisé, nous avons trouvé des armes de votre manufacture entre leurs mains. Oui, vos armes. Ne me faites pas croire que leur révolution, qui leur a coûté les interventions que nous avons réalisées par la suite, n'était pas un coup monté par vos services. Nous ne sommes pas idiots, vous savez. Votre intervention en Chérchérie était très clairement un coup impérialiste, me prenez pas pour un con. Mais ce n'est pas le sujet.

Donc. Quant à votre question, je serai clair. Tant que nos demandes n'auront pas été satisfaisaites, nous ne partirons pas, mais nous ne tirerons pas non plus. Il n'y aura pas de confrontation armée. Nous ne nous y engagerons pas. Terminé ?
« Écoutez mon gars, les mots ont un sens : vous mainteniez une dictature par la force des armes, nous avons créés une démocratie qui se tient toute seule. L'impérialisme ce n'est pas agir chez les autres, c'est y construire un empire. En l'occurrence je ne vois pas de baraquement ou d'industries kah-tanaises là-bas. Désolé qu'on ait dû éclater les vôtres, maintenant. »

Il sourit puis hausse les épaules.

« La différence entre le Grand Kah et la Loduarie c'est que la Loduarie intervient à l'appel de gouvernements violents pour les défendre. Le Grand Kah intervient à l'appel du peuple pour lui donner les moyens de ses ambitions. Mais c'est de l'histoire ancienne, camarade. Et pour être très honnête avec vous, c'était la Mährenie qui était à la manœuvre. On a suivit de loin.

Revenons-en à nos moutons. Votre position ? C'est une position raisonnable. Les conditions du départ, c'est l'affaire des bureaucrates, et je suis sûr qu'ils vont bien y réfléchir à Axis Mundis. En ce qui nous concerne vous est moi : j'ai ce que je voulais. Vous avez l'assurance que les kah-tanais ne viendrons pas vous pisser sur les rouleaux. On ira pas vous impliquer.
»
Oui, bien sûr. Je vois crois, je vous crois. Ah ah ah !
En fin de compte, nous sommes toujours, nous les soldats, les petits moutons de nos gouvernements, hein ? Vous ressortez la politique de votre gouvernement à merveille et moi tout de même. Bon sang, le Camarade Secrétaire Général me tuerait de ses mains pour avoir dit ça.
En attendant, on a bien vu, tous les deux, ce que la situation a donné là-bas. Elle a belle gueule maintenant, votre démocratie qui se tient toute seule. Ah ah ah.

Mais soit. J'ai également eu ce que je voulais, enfin ce que mon pays voulait. Dites bien à vos camarades diplomates que nous attendons patiemment. Si tout est en ordre, nous commencerons à plier bagages et nous partirons quand nous pourrons. Avons nous fini, ou voulez vous ajouter autre chose ? De mon côté tout est bon, je ne vois rien à rajouter.
« C'est tout. »

Il acquiesça avant de se redresser dans son siège.

« Merci pour votre temps. Bon courage, mon vieux. »

Et il coupa la communication.
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