-Non, répondit Matilde, je n'ai rien de particulier à ajouter, si ce n'est la satisfaction qu'éprouve le Duché à cette nouvelle. Comprendrez-vous, ce genre de troubles est l'apanage des nations en échec avec lesquels les relations sauraient difficilement être bénéfiques et, disons-le clairement, ne sauraient être d'égal à égal.
Pour vous dire les choses franchement, et puisqu'il s'agit de toute façon d'un fait bien connu, il aurait été impensable que Sylva n'adopte pas une posture maternaliste face à l'éventuel maintien de cette piraterie. Cela n'aurait pas été malveillant, au contraire, mais il y aurait eu une certaine condescendance et un besoin de vous apporter une aide militaire et logistique si nous venions à nous rapprocher. Et je ne parle pas d'une coopération entre deux partenaires, mais bien de l'aide à sens unique d'une nation en bonne santé à une autre en péril.
Mais soit, la question est résolue et vous avez démontré la bonne santé du Yorkshing. Tout ceci est donc de l'histoire, de laquelle nous tirerons des leçons avant de nous tourner vers l'avenir.
-Nous pouvons maintenant poursuivre sur les questions économiques, poursuivit Éléonore. Je vais aller droit au but, le Duché de Sylva réagence de plus en plus son industrie pour la spécialiser dans les secteurs de pointe, particulièrement voraces en métaux stratégiques et terres rares. C'est en ce sens que vos exploitations minières citées de nickel, cobalt et mica seraient particulièrement bienvenues. En fait, nous serions même tentés de vous faire une avantageuse proposition : vous acheter des droits d'exploitation. Quand je dis que nos besoins augmentent, c'est un véritable euphémisme, nous estimons que les besoins vont tripler d'ici à une quinzaine d'année et il nous faut anticiper dès présentement. On ne pourra dès lors pas se contenter de ce que vous produisez et c'est pourquoi nous vous faisons cette proposition : le gouvernement du Yorkshing serait payé pour que les industries du Duché de Sylva puissent prospecter et exploiter de nouveaux gisements chez vous. Ce serait très avantageux pour vous puisque cela représenterait une garantie d'entrées de fonds, sans devoir opérer le moindre investissement ni entreprendre le moindre risque. Tout serait assumé par les industriels sylvois qui, de leurs côtés, pourront contenter les besoins du Duché.
Par contre, je dois être clair : une offre aussi généreuse doit se faire avec un climat de confiance.
Elle fit une pause pour prendre une gorgée de champagne avant de reprendre :
-C'est bien pour cela que mon homologue a exprimé sa satisfaction face à l'amélioration de la situation. Jamais nous n'aurions procédé à une telle offre sans garanties de sécurité.
Ah, et il va de soi que nous importerions de surcroit en quantité les matières premières que vous exporteriez, j'ai même une autre proposition à ce sujet : établir des commandes sur le long terme à coûts avantageux. Sylva va avoir besoin de ces minerais, en quantité gigantesque. Vous accordez avec nous, c'est la garantie d'avoir vos carnets de commande remplis, votre activité assurée et les entrées d'argent constante. Mais Sylva ne peut pas s'engager à vous avoir comme fournisseur d'importance si nous ne sommes certains de vos demandes. Vous comprenez bien qu'on ne peut pas se risquer à voir vos prix du mica doubler dans l'année si on dépend de vous ? Cela nous découragerait de nous focaliser sur vos offres et favoriserait au contraire les mises en concurrence qui vous seraient défavorables. Non, c'est pourquoi je vous propose de nous accorder sur un contrat nous engageant tous deux. Ledit contrat garantirait que les industries du Yorkshing fournissent en quantité suffisante et à des prix raisonnable les minerais, en contrepartie de quoi le Duché s'engagerait à vous acheter ces minerais. Nos deux activités seraient ainsi sécurisées pour l'intérêt de tous.
Alors, que dites-vous de ces propositions ?
