Les pièces se tiennent prêtes. La pièce de théâtre qui s’apprête à se jouer à Velsna est sur le point de débuter. Les Triumvirs sont tels des joueurs face à un échiquier prenant la forme de l’univers, et chacun à prit sa place. Pas nécessairement la place la plus désirable pour certains, mais telle est la réalité des choses : la justice n’existe pas à la guerre, pas plus qu’en politique velsnienne, si les deux choses sont différentes… Scaela à Velsna, dans la chaleur du Palais des Patrices. Vittorio Vinola, dans son exode au cœur des montagnes du Zagros, à la lisière de Velsna. Et DiGrassi, dans le désert afaréen.
Dans la chambre haute du Sénat, ouverte aux quatre vents pour faire fuir la chaleur afaréenne, l’état-major de Matteo DiGrassi se rassemble autour d’une table improvisée qui a été déplacée pour l’occasion, la même que celle sur laquelle avaient été signés les accords de Cerveteri entre Velsna et le Grand Kah, quelques mois auparavant. Plusieurs cartes ont été disposées sur la table, qui ont prit la place des tractations de paix. Une carte de Velsna et son réseau de circulation, une autre de l’Océan Espérance, et une autre de l’Eurysie de l’Ouest dans son ensemble. Mais le Triumvir DiGrassi n’est pas seul, il s’est entouré d’individus qui se réclament du meilleur de leur patrie, des individus hauts en couleur, mais non dénués de talent. Raskenois, Miridiens, Kah-tanais du désert, mercenaires…
Le petit groupe entoure cette table qui, d’un coup, paraît bien étroite. DiGrassi prend la parole le premier, les deux mains s’appuyant sur cette dernière :
- Excellences généraux et hommes d’honneur. Bienvenue. L’heure est venue. Nous avons fait un long chemin depuis ces derniers mois, depuis que nous avons débarqué ici. Pour certains d’entre vous, vous venez de loin, et je le sais pertinemment : vous avez vos motivations propres. Ce que je conçois, mais qu’il faut toutefois canaliser devant l’enjeu que je vous présente. Je vous présente nos deux douces maîtresses : l’Océan Espérance, et l’Eurysie. Elles sont belles, mais également cruelles. Ce faisant, au-delà même d’amasser nos troupes, il convient de savoir la façon dont nous comptons traverser les mers, avec l’approbation de Dame Fortune. Nous avons les moyens maritimes théoriques d’amener l’intégralité de nos troupes d’un point A à un point B. Mais dans quelles conditions volons-nous le faire ? C’est là la première question que je vais vous poser. Car Scaela ne s’est pas endormi depuis que nous sommes arrivés. Les fortunéens veillent au grain, et je crains bien qu’ils ne rendent pas la tâche facile. La Sérénissime dispose des meilleurs bâtiments du monde, et nous opposer à eux en bataille conventionnelle sonnera la fin de notre campagne avant même que nous ne la commencions. Aussi, je vous consulte en premier lieu de cette réunion sur une proposition d’itinéraire alternative, dans l’éventualité où Fortuna n’accepte aucun sauf conduit, il est plus laborieux certes, et nous devrons traverser une région désertique de l’Afarée pour finalement débarquer en un point de l’Eurysie qui nous mettra à des milliers de kilomètres de notre objectif. Nous devrons également demander un droit de passage à Valinor en bout de course si nous voulons rallier Velsna. OU BIEN, nous pourrions rester sur notre itinéraire de base, si nous pouvons nous assurer par un moyen ou un autre la passivité de Fortuna. Il faudrait qu’il y ait des raisons pour lesquelles ils n’oseraient pas nous couler. Faire transporter nos troupes par le biais de prestataires privés, par exemple, ou bien assurer la protection de notre flotte par une puissance importante des mers du sud. Avez-vous des suggestions messieurs ?
Je ne vous cache pas que le chemin alternatif ne nous arrange guère, car cela nous fait arriver en plein dans le dispositif de Scaela alors que nos troupes seront certainement épuisées, tandis qu’avec l’autre trajet, nous n’aurons aucun libre passage à négocier, pas plus qu’il n’y aura de garnison pour nous accueillir à l’arrivée. Certes, l’ascension sera difficile, il fera froid et les conditions de traversée d’une région aussi hostile seront terribles. Mais jamais Scaela nous pensera assez fous pour tenter notre chance par là. De plus, nous aurions besoin de déployer notre flotte deux fois dans le deuxième cas. J’attends vos observations avant que nous évoquions nos effectifs et l'invasion de la métropole en elle-même.
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