Abunaj, place du marché de la Grande Arche, 11/03/2005
Monsieur Erga était aux anges : accompagné du groupe administratif abjun formé par les Benbhè, chose particulièrement difficile à mettre en oeuvre au vu du nombre de citoyens y siégeant, il repassait en revue les moindres détails d'organisation : maintenant que le détachement de la Garde Républicaine était parfaitement au point sur son plan de sécurité, leurs armes maintes fois vérifiées, les systèmes de surveillance câblés et réglés, les dérogations d'occupation de la voie publique promulguées et le sens de circulation établi il y a cela des semaines, il se concentrait désormais avec le reste du groupe sur ce qui n'avait pu être défini avant l'acceptation de la candidature. L'animation internationale suscitée par l'organisation des événements culturels de 2005 leur avait permis de cerner les premiers pays qui répondront présent à l'Exposition Universelle : on pouvait par exemple déjà compter sur la délégation izcale, lofotène et carnavalaise dont les pays respectifs s'étaient portés volontaires à l'organisation de l'événement. Toutes ces nouvelles informations leur donnaient l'occasion de préciser leurs plans de surveillance, d'entretien et de circulation, mais également de prévoir une certaine cohérence graphique entre le style des œuvres proposées par les différents groupes : mieux valait éviter les mélanges artistiques hasardeux avec ce qui allait potentiellement rester au sein de la capitale à la fois en tant que souvenir, trophée, et peut-être pour certains, source d'inspiration.
-Nous voilà à la question épineuse, commença Malsa Saymn, un citoyen faisant partie de l'administration formée pour l'événement. Quelle parcelle réservons-nous pour notre propre proposition ?
Dans l'air flottait une indécision absolument insupportable. Non pas qu'ils n'en aient aucune idée, bien au contraire. La Grande Arche abondait d'endroits exceptionnels faits pour héberger une pièce aussi centrale que devait être celle du Banairah, le problème était de choisir : près des colonnades, proche du port, à côté de la Grande Arche elle-même ?
-Tout simplement, pourquoi pas le mettre ici ?
Une suggestion qui avait l'air plutôt hasardeuse, mais qui n'était pas dénué de sens : la place du marché était si grande que le pouvait bien y placer quelques-unes des délégations, dont au centre, celle du Banairah. Honnêtement, cela arrangerait probablement l'administration abjun qui voulait restaurer la place, et l'agrandir vers le sud, où il n'y avait encore pas grand-chose. Ou au contraire faire l'inverse ! C'est vrai, il avait oublié, le sud de la place pourrait parfaitement convenir, on avait déjà rallongé celle-ci, grosso modo au double de sa taille. En effet, le marché n'avait cessé de croître, et il devenait difficile de ne pas se marcher dessus malgré ses dimensions titanesques. La solution était simple, et particulièrement rentable :
-C'est vrai qu'avec les derniers travaux, elle est déjà bien rallongé, il ne manque pas tellement. Je suis d'accord avec vous, Ezroud, lui répondit un citoyen.
Parfois, on critiquait les Abjun : trop de travaux, trop d'espace perdu, trop de dépenses...Mais il arrivait souvent un moment où on était content de leurs projets. Grâce à eux, le tourisme augmentait chaque année sur la côte ouest, et de grandes surfaces pouvaient être mises à disposition pour tout projet artistique d'envergure. Abunaj le montrait encore une fois : c'était la vitrine du monde arabe.