07/06/2013
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Chroniques du Banairah
Histoires, récits, dialogues rapportés, transcrits ou inventés par les Banairais témoignant de la vie au Banairah

Tampon d'impression. Il est coutume d'en utiliser un pour reconnaître les textes relus et corrigés.

SOMMAIRE

*la légende de Methe le Sanglant
*Chronique de l'Exposition Universelle
*Opération réussie
*Un nouvel avenir pour Mel Sehel
*Un frère ambitieux
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La légende de Methe Le Sanglant

Methe Le Sanglant, Jean Savouriet, 1880
Methe Le Sanglant, peinture à l'huile de Jean Savouriet, musée d'Al Kara1880

Lors des temps obscurs, lorsque les fiers Banairais défendaient corps et âmes la Ben Bahè des vils envahisseurs étrangers, combattait un cavalier d'une rare bravoure et cruauté. Respecté et craint de ses ennemis comme de ses alliés, ce soldat sans pareille sauvait jour après jour les campements banairais des pillages, affrontant seul les troupes adverses armé de son sabre et son arc.
Il s'appelait Methe Ar Marka, et était surnommé Methe Le Sanglant.
Cet homme, après de hauts faits à Al Kara, la toute nouvelle cité militaire construite pour surveiller Ben Bahè depuis son promontoire, fut rapidement connu et mis à la tête d'un esquadron spécial d'attaque. Les faucheurs, car c'était ainsi qu'on nommait ses hommes, étaient réputés pour leurs pratiques dissuasives : ceux-ci, sous le commandement d'Ar Marka, mettaient feu aux habitations des intrus souvent construites en partie en bois, forçant ainsi les victimes à sortir désarmés. Après avoir éliminé par les flèches les plus aptes à combattre, les faucheurs descendaient sur les survivants, leur coupant les jambes en passant à cheval.
Il était courant que, non fiers de leurs atrocités, les faucheurs gardent les jambes de leurs ennemis, les plantant en signe de prévention sur les portes des cibles prochaines.
Mais ce ne fut pas dans de telles conditions que Methe Le Sanglant acquérit son nom.
Un jour, alors que les factions colonisatrices du centre afaréen remontaient jusqu'à la Ben Bahè pour y combattre ses habitants, Ar Marka descendait au camp de Sehras et Sil Anh dans un but préventif. Ce fut à cette occasion qu'il prit connaissance de la manœuvre et de la présence d'un de leurs chefs de guerre, le seigneur Amouma Malabe. Disposant d'une infanterie de 3000 hommes, ainsi que de 500 cavaliers. Methe s'empressa d'envoyer des messagers à tous les camps voisins et s'introduisit la nuit dans le camp du seigneur de guerre avec quelques centaines d'hommes dans le camp. 《Que chaque homme prenne un ennemi et l'égorge en silence. Chaque tente doit être prise en revue.》Cet acte, vu comme un grand manque de bravoure, fit trembler ses hommes. Alors Methe, voyant le doute de ces derniers malgré leur manque habituel de pitié, entreprit de commencer la bataille sur place. Pris par surprise, la moitié des tentes fut exterminée. Le restant des soldats se rangea, préparant la riposte. Malheureusement pour eux, de féroces Banairais les prirent par l'arrière en passant par les tranchées de fortifications. Encerclés malgré leur plus grand nombre et visés par les archers banairais depuis leurs propres murailles, ils avaient perdu la majorité de leurs compagnons. Au centre se trouvait Amouma Malabe, dirigeant vaillamment ses derniers hommes. Methe se lança alors seul, évitant les coups de sabre mortels de ses ennemis, répondant sans faille. Alors qu'il s'immisçait dans les rangs désordonnés, Amouma s'interposa. Vint alors un duel entre les deux chefs. À chaque fois que Methe gagnait la main, il tranchait le torse de son ennemi, d'où son nom Le Sanglant. Mais si Methe était peu réputé pour sa justesse, il repoussa efficacement et définitivement les troupes étrangères dans l'Est du pays.
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Abunaj, place du marché de la Grande Arche, 11/03/2005

Monsieur Erga était aux anges : accompagné du groupe administratif abjun formé par les Benbhè, chose particulièrement difficile à mettre en oeuvre au vu du nombre de citoyens y siégeant, il repassait en revue les moindres détails d'organisation : maintenant que le détachement de la Garde Républicaine était parfaitement au point sur son plan de sécurité, leurs armes maintes fois vérifiées, les systèmes de surveillance câblés et réglés, les dérogations d'occupation de la voie publique promulguées et le sens de circulation établi il y a cela des semaines, il se concentrait désormais avec le reste du groupe sur ce qui n'avait pu être défini avant l'acceptation de la candidature. L'animation internationale suscitée par l'organisation des événements culturels de 2005 leur avait permis de cerner les premiers pays qui répondront présent à l'Exposition Universelle : on pouvait par exemple déjà compter sur la délégation izcale, lofotène et carnavalaise dont les pays respectifs s'étaient portés volontaires à l'organisation de l'événement. Toutes ces nouvelles informations leur donnaient l'occasion de préciser leurs plans de surveillance, d'entretien et de circulation, mais également de prévoir une certaine cohérence graphique entre le style des œuvres proposées par les différents groupes : mieux valait éviter les mélanges artistiques hasardeux avec ce qui allait potentiellement rester au sein de la capitale à la fois en tant que souvenir, trophée, et peut-être pour certains, source d'inspiration.

-Nous voilà à la question épineuse, commença Malsa Saymn, un citoyen faisant partie de l'administration formée pour l'événement. Quelle parcelle réservons-nous pour notre propre proposition ?

Dans l'air flottait une indécision absolument insupportable. Non pas qu'ils n'en aient aucune idée, bien au contraire. La Grande Arche abondait d'endroits exceptionnels faits pour héberger une pièce aussi centrale que devait être celle du Banairah, le problème était de choisir : près des colonnades, proche du port, à côté de la Grande Arche elle-même ?

-Tout simplement, pourquoi pas le mettre ici ?

Une suggestion qui avait l'air plutôt hasardeuse, mais qui n'était pas dénué de sens : la place du marché était si grande que le pouvait bien y placer quelques-unes des délégations, dont au centre, celle du Banairah. Honnêtement, cela arrangerait probablement l'administration abjun qui voulait restaurer la place, et l'agrandir vers le sud, où il n'y avait encore pas grand-chose. Ou au contraire faire l'inverse ! C'est vrai, il avait oublié, le sud de la place pourrait parfaitement convenir, on avait déjà rallongé celle-ci, grosso modo au double de sa taille. En effet, le marché n'avait cessé de croître, et il devenait difficile de ne pas se marcher dessus malgré ses dimensions titanesques. La solution était simple, et particulièrement rentable :

-C'est vrai qu'avec les derniers travaux, elle est déjà bien rallongé, il ne manque pas tellement. Je suis d'accord avec vous, Ezroud, lui répondit un citoyen.

Parfois, on critiquait les Abjun : trop de travaux, trop d'espace perdu, trop de dépenses...Mais il arrivait souvent un moment où on était content de leurs projets. Grâce à eux, le tourisme augmentait chaque année sur la côte ouest, et de grandes surfaces pouvaient être mises à disposition pour tout projet artistique d'envergure. Abunaj le montrait encore une fois : c'était la vitrine du monde arabe.
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Opération réussie

Nessh Erkma souriait. Il venait de raccrocher sur de très bonnes nouvelles : ses sbires avaient réussi à s'emparer de stocks usés d'armes d'infanterie de l'armée banairaise. Des armes un peu rustiques qui n'intéressaient plus trop le ministère et qui avaient fini par être délaissées par la sécurité. À la faveur de la nuit, on avait pu détourner l'attention des gardes, pirater le système de surveillance et faire venir des camions de transport. Ça allait faire un scandale dans la presse : un entrepôt militaire pillé par des criminels ! À moins que ce soit étouffé. Dans tous les cas, la situation était sous contrôle
: les armes traversaient déjà la mer des Bohrins dans des bâteaux de sa Confrérie, le Croissant. Ces derniers, une fois le canal passé sans problème au vu de la négligence de l'administration rémienne, allaient pouvoir faire escale à Carnevale, paradis des contrebandiers, pour enfin arriver au port de Nulle-Part, à Kotios. Mais le Croissant n'avait pas été le seul gang à s'être servi : on avait ainsi assisté à un croisement des plans du Gang El Sahe et de l'Ordre du Sabre Noir. Le tuyau avait fuité, si on pouvait dire. Toutes ces armes allaient probablement être distribuées à leurs gangs vassaux sur place. Ça risquait de chauffer en cas de dispute, mais chacun connaissait sa place là-bas. Le Croissant avait fini par se faire une réputation, alors les accords à l'amiable arrivaient, du moins pour l'instant, plus souvent que les affrontements. Nessh termina son cigare et appela Croissant Noir. Le chef devait être mis au courant.
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Un nouvel avenir pour Mel Sehel

Les 3 hommes marchaient dans le désert, sous le vent impétueux. Ça et là, des arbres maigrichons avaient réussi à inscruster leurs racines entre les cailloux. En contrebas s'étendait la ville de Mel Sehel, enfin pour être exact, ce qu'il restait de ses installations. Autrefois puissante et prospère, Mel Sehel faisait porter son nom à la région où elle se situe encore aujourd'hui, quelque part dans le sud banairais. La fermeture des puits de pétrole locaux, source de la prospérité de la cité, avait précipité sa chute déjà dessinée par son isolement géographique et la nouvelle dynamique que prenait le pays. Le sud-ouest agonisait, souffrant d'un manque cruel d'habitants pour maintenir sa jeunesse. Aujourd'hui seules les mines et les puits fonctionnent. Le reste est occupé par les Banairais encore nomades qui entretiennent les oasis qu'ils cultivent lors de leur passage. Ces terres n'en étaient pas moins inintéressantes : elles offraient la possibilité d'effectuer des tests militaires par exemple, ou encore de s'essayer à la terraformation. Des concessions étaient facilement données aux instituts de recherche nationaux. Si les trois hommes étaient ici, c'était pour estimer le potentiel des ruines de la ville en matière de terrain d'entraînement militaire. L'armée banairaise s'était récemment réarmée et formait à tour de bras, seulement elle manquait d'instruction en guerre urbaine, et le sujet était visiblement au goût du jour : Kotios déclarait la guerre à l'Empire Francisquien, les théâtres d'opération au Varanya comptaient surtout des villes et on n'excluait pas à l'état-major banairais une reprise du conflit damann.

《Allons donc voir cela. Le Ministère a besoin de ces informations, ne trainons pas. Qui sait combien de temps peut coûter l'adaptation des lieux. Rien que vérifier s'il n'y a pas de bâtiments instables qui ne puissent être laissés tels quels prendra du temps. Et puis, le mieux serait de construire une armurerie et une caserne plus proche de Mel Sehel.
-Effectivement. Pas besoin de compter le trajet dans l'entraînement. Tous savent conduire dans le désert de toute manière...》

Ils descendirent donc, venant à la rencontre d'une zone d'habitations ouvrières à moitié ensevelie.

《Eh ben, ça n'a pas fait semblant.
-Hm. Cette région est plus instable que les autres. Tous les mois on trouve une colline en train de s'effrondrer. Heureusement qu'il y a peu de passants. Rentrons plus dans la ville, le reste est plus sûr.
-Nous pouvons déjà noter ça. Recentrer la zone, sécuriser les dunes au sud-est.》

En s'enfonçant dans la ville phantôme, ils purent détailler plusieurs immeubles d'affaires aux vitres cassées, des centres commerciaux aux publicités fanées et l'emplacement de parcs encore à moitié vert. Comme quoi, l'irrigation des lieux n'avait été pas si mal faite. Plus loin, ils visitèrent les sites d'extraction, l'aéroport régional et les gares routières. C'en était terrifiant : tout semblait silencieusement vivant, on aurait presque entendu le bruit des avions décollant. Et pourtant, rien, si ce n'est quelques cannettes roulant sur le tarmac.

《Beaucoup de milieux différents, nota un des 3. Aéroport, gare, immeubles, terrain découvert. Possibilité de simulation de siège, quartiers à ruelles étroites...
-Entrepôts reconvertibles, ajouta un autre.
-Exact. Je note. Vous avez pris les photos ?
-C'est dans la boîte, répondit l'autre, désignant son appareil. J'ai tout numéroté selon la carte, ce sera plus facile d'écrire le rapport.
-Parfait, allons-nous en. Nous avons encore d'autres lieux à visiter.》

Le missionné avait raison, la région possédait plusieurs autres villes de ce genre, malheureusement. C'était cela d'avoir eu les premiers gisements. Maintenant d'autres régions étaient à l'honneur, mais celles-ci auront plus de chance : les extracteurs ainsi que le ministère savaient qu'ils devaient sécuriser l'avenir, garantir la prospérité de leur pays à travers les âges. Les ressources minières sont épuisables, ainsi la reconversion énergétique était en discussion et les projets de valorisation des déchets sur la table.
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Un frère ambitieux

《Hmm, un peu conquérant, le peuple de jozor, vous ne trouvez pas ?, releva Siriam.
-C'est sûr qu'il pourrait bien avoir les yeux plus gros que le ventre, répondit Saroud.


Le Khasser était en train de siroter son café dans le bureau de la ministre des Affaires Extérieures avec laquelle il s'entretenait au sujet de la missive diplomatique qu'ils avaient récemment reçus. À peine le pays avait fait apparition sur la scène internationale qu'il projetait des visions expansionnistes. Cela l'amusait et l'inquiétait quelque peu : Saroud n'était pas particulièrement pacifiste, mais il trouvait qu'il y avait assez de guerre et de violence dans ce monde pour en ajouter. Cela dit, il n'avait pas hésité à apporter une aide armée aux forces démocrates en Damanie, qui d'ailleurs avaient pour sa plus grande déception tournée au vinaigre. Siriam, quant à elle, ne voyait que l'intérêt du Banairah, et si celui-ci passait par la guerre, alors il fallait la faire. Néanmoins, tous deux se demandaient bien ce qu'on allait leur sortir.

《Au moins, ce sont nos nationalistes afaréens qui vont apprécier, remarqua Saroud. Ils ne peuvent pas s'empêcher d'avoir ce genre de délires. Les gens manquent parfois d'un peu de lyrisme...

-Ils en ont plutôt trop là. Il faut avoir un sacré paquet d'imagination pour penser être encore aux temps des conquêtes en 2005, argua Siriam. Enfin, je suppose qu'il s'agit d'un choc culturel, rien de plus. On ne peut pas s'attendre que tout le monde pense comme un Banairais.》


Un chat miaula. Il s'agissait de Mia, le chat cémétéen de Saroud.

《Oooh, mais qui voilàà, fit ce dernier. On s'ennuyait à la maison ?

-Ton chat est venu jusqu'ici ?

-Il semblerait, répondit Saroud. Heureusement que les voitures sont rares dans ce pays...Vas savoir comment il est venu.》


Saroud avait pris le chat dans ses bras et le caressait paternellement, chose que ce dernier semblait fort apprécier. Il était rare de voir un chat aussi indépendant et affectueux que Mia : on aurait plutôt dit que Saroud et lui étaient amis plus qu'ils n'étaient maître et animal de compagnie.

《Roudougoudougoudougoudou. Saroud était si attendri par son chat préféré qu'il en avait délaissé la conversation. Mia ronronnait.

-Nous acceptons je suppose ? Siriam devait bien remettre le sujet sur la table tant que c'était possible.

-Hm ? Oui, bien-sûr ! Ils restent des camarades afaréens, nous avons tout intérêt à nous unir. Surtout qu'avant qu'un maudit Eurysien mette encore ses pattes dans les affaires de notre continent...Cette histoire au Varanya m'horripile. Saroud soupira.

-OK, ça marche. Ça m'arrange bien, c'était mon choix aussi. Bon, il suffit maintenant de décider de la personne que l'on va envoyer.》
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