La Martyre de la MalévieComtesse Sofia de Villablanca, née Sarcellion, (1917-1946) était une résistante et révolutionnaire malévienne devenue une icône du mouvement d’indépendance.
BiographieSofia Sarcellion naît le 21 juin 1917 à l’étranger, l’enfant unique du Vicomte Ernesto Sarcellion, un avocat et haut-fonctionnaire descendant d’une vieille famille noble, et de la Vicomtesse Maria Sarcellion (née de Rada).
En 1918, à la fin de la première grande guerre eurysienne, le père de Sofia est envoyé en Malévie, prenant le poste de conseiller stratégique au ministère de la défense. Ils déménagent donc à la capitale du protectorat, Scar. Lors du terrible massacre à Sorlane, le père rejoint silencieusement le mouvement des Argistes. Après la destitution du Général Soldado, il est honoré par le titre de Comte de Villablanca et devient le véritable bras droit du nouveau gouverneur, corrompu il faut le dire, Général Mantor.
Sofia grandit donc dans le milieu fortuné de l’aristocratie moderne et reçoit une éducation privée et chrétienne. Elle est vite impliquée dans la jeune aristocratie malévienne. Pourtant, elle se rend compte pendant son adolescence de la faiblesse intellectuelle de son milieu, un fait qu’elle regrette. En découvrant le rôle de son père en politique, elle lui reproche ses décisions en dépit de l’affection qu’elle lui porte.
En 1935, Sofia entre à la prestigieuse Académie de Scar pour y étudier la philosophie. Cette fois, c’est un entourage qu’elle apprécie. Elle forge ses meilleures amitiés avec Gustavo Iriel, Elisabeth Myriade, Julia Montevideo et Arthur Dresvyanine. Elle organise des bals et des soirées dans ses palais, et un cercle de l’intelligentsia se forme autour d’elle. Quand elle échappe aux yeux de ses parents, elle participe à des débats et discussions indépendantistes.
Trois années plus tard, en 1938, son père est assassiné par les révolutionnaires. C’est l’aboutissement d’un complot à l’intérieur du mouvement indépendantiste ; il divisera l’opinion des membres. Sofia admet la validité des raisons de l’assassinat, mais est brisée par la perte de son père. Elle restera marquée par cet événement pour toute sa vie, d’autant plus qu’elle deviendra orpheline quatre mois après avec la mort de sa mère.
Deux jours après la mort du Comte de Villablanca, Général Mantor déclare l’état d’urgence et commence à faire arrêter ses dissidents sans scrupules. Le mouvement de la résistance se tranche alors en deux : d’un côté les indépendantistes pacifistes se réunissent autour de la comtesse Sofia de Villablanca (Les Scaristes) et de l’autre côté les radicaux se rassemblent derrière Alberto Levante (Front de la Liberté). Sofia arrive, grâce à la position précédente de son père et à son charme, à éviter la méfiance envers les soirées qu’elle arrange dans les palais qu’elle a hérité. Son réseau de châteaux permet des endroits de réunion sûrs. Peu à peu, la résistance pacifiste remporte l’opinion public.
Mais situation devient de plus en plus difficile pour les résistants. En 1942, Gustavo Iriel est trouvé et arrêté par la police secrète. Finalement, tout change radicalement quand Général Mantor découvre l’affaire des palais de la Comtesse en 1943, et lorsqu’il ordonne l’Opération Macbeth. Pendant les rafles sanglantes, un tiers des Scaristes sont assassinés. Sofia perd des amis très proches : Julia Montevideo et Arthur Dresvyanine. Elle n’est pas tuée, mais elle est emprisonnée sur l’Île de Logure, où elle est torturée sous les ordres du Général. Ce n’est pas clair si ce dernier lui a fait subir ce traitement par motif d’extraire des informations sur le Front de la Liberté, quelle ne possédait pas, ou bien par mépris personnel. Elle est libérée en 1944, lors du Coup de Scar, à la dernière minute quand elle fait face à un peloton d’exécution.
Suite à sa libération, Sofia fait une convalescence étonnante et critique dès l’établissement de la première constitution, qu’elle ne considère pas démocratique, le gouvernement composé uniquement des membres du Front de la Liberté. Ce dernier n’ose pas l’arrêter de nouveau, car elle est vue comme une héroïne de l’indépendance. En 1945, la guerre civile éclate. L’attention se tourne vers les deux camps de la guerre ; les communistes et les fascistes. Sofia tente de dénoncer les atrocités commises par les deux côtés, mais n’est pas écoutée. Dans la foulée, elle écrit son autobiographie « Rouge », qui sera publiée posthume. Posthume, car quelques mois après, elle est retrouvée dans une baignoire trempée de sang.
En apprenant la mort de la Comtesse, la société malévienne se repositionne ; les historiens appelleront ce phénomène le Grand Réveil. La guerre civile perd son fanatisme et la pression civile force les deux côtés à négocier un traité de paix. En 1947, ils signent le Traité de Cazena et Oscar Marques, un ancien Scariste, est élu Président. Sofia de Villablanca sera la première personne à être distinguée par l’Ordre du Mérite National et obtiendra le Prix d’Arisse pour son autobiographie en 1948. En 1950, une statue d’elle sera érigée sur la place des Martyrs à Scar. Elle est engravée dans l’histoire en tant qu’icône de l’indépendance malévienne.