Posté le : 25 juin 2023 à 00:05:54
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Base aérienne de Santo Joao Di Falcone – 26 novembre 2010
La tour de contrôle du Krak des Chevaliers était une tour moderne, dans une base en bon état. Il était bon de voir que la Sérénissime République de Fortuna continuait à prendre soin de ses installations. Le Krak des Chevaliers était littéralement une forteresse médiévale datant des vieilles croisades euryso-afaréennes. L’endroit avait été bien préservé et réaménagé pour accueillir les standards modernes en matière de fortification et de matériel. Il y régnait une ambiance particulière et les forces fortunéennes qui occupaient le lieu avaient pris soin de rénover le château pour en faire un coin sympathique.
Dans la tour de contrôle se pressaient plusieurs officiers fortunéens, qui affichaient sur les grands tableaux les prévisions météorologiques pour la journée et les suivantes, de même que les lignes aériennes, transmises par l’aéroport civil de Santo Joao Di Falcone. L’ambiance était électrique et de nouvelles données étaient publiées de minutes en minutes. Toute l’opération, bien que simple en apparence, pouvait être annulée pour une simple histoire de cumulonimbus sur la zone à repérer.
« Opérateur Alpha, ici tour de contrôle. Le ciel est dégagé. Conditions météorologiques optimales. Le ciel est à vous Alpha. Lancement programmé à 12 :00. A vous.
- Tour de contrôle, ici Opérateur Alpha, nous nous apprêtons à faire décoller le drone. A vous.
- Bonne chance, Opérateur. Terminé. »
Sur le tarmac de la base aérienne de Santo Joao Di Falcone, le drone de reconnaissance était prêt au lancement. A l’abri depuis la tour de contrôle et le bunker fortunéen investit par l’armée de l’air jashurienne, les opérateurs et contrôleurs du ciel s’affairaient à rendre possible l’opération « Pensée Austère ». La base, que l’on surnommait le « Krak des Chevaliers », était l’un des plus importants avant-poste fortunéen dans la zone afaréenne. Depuis maintenant une semaine, les militaires jashuriens de l’armée de l’air et les officiers de Fortuna préparaient une opération visant à cartographier la zone limitrophe entre l’Etat Sarranid et la Ptolémaïe et plus particulièrement cette ville-refuge qui s’était constituée hâtivement à la frontière.
Depuis maintenant plusieurs mois, la frontière orientale du Sarranid se gorgeait de réfugiés, attirés par les promesses de la Ptolémaïe. Si l’on en croyait le Centron de cet Etat, la situation humanitaire était désastreuse et nécessitait une intervention humanitaire d’urgence, avec de nombreux fonds pour aider les réfugiés. Cependant, le manque d’informations venant de l’Etat sarranid et son absence de communication à ce sujet restait inquiétant. Et, disons-le clairement, il était inutile de se fier aux dires du Centron. Mieux valait vérifier par soi-même la véracité de ses propos avant de prendre une quelconque position sur le sujet.
Inquiétée par les revendications territoriales du Centron, la République de Fortuna avait réactivé le jeu des vieilles alliances avec la Troisième République du Jashuria. Ce n’était pas grand-chose : une simple mission de repérage et d’investigation aérienne, menée en toute quiétude depuis la base aérienne de Santo Joao Di Falcone. De quoi tester en situation réelle les drones de reconnaissance de l’armée de l’air jashurienne et surtout de s’entrainer avec les soldats fortunéens. La Troisième République du Jashuria, quant à elle, n’allait pas louper l’occasion de bien se faire voir de ses alliés de toujours et notamment de son ancien colonisateur.
Les deux Etats-majors n’avaient pas mis longtemps pour se mettre d’accord sur la marche à suivre. Les Jashuriens avait fait livrer deux drones de reconnaissance pour l’occasion, accompagnés de plusieurs avions de chasse. Ce matériel militaire, léger, était spécialisé dans les opérations de reconnaissance en temps de paix. Accompagné des opérateurs et des techniciens du Jashuria, les quelques soldats de l’armée de l’air avait débarqué à Santo Joao Di Falcone puis rejoint le Krak des Chevaliers sous la surveillance avisée de la Sérénissime. Un petit contingent de soldats jashuriens de l’armée de l’air avait rejoint les troupes fortunéennes dans le Krak des Chevaliers et pris ses quartiers dans les étages courants du château. Les Fortunéens avaient veillé à ce qu’ils ne manquent de rien, comme le voulait la coutume de la Sérénissime.
Depuis la salle des commandes, les officiers jashuriens étaient en train de démarrer les moteurs du drone et de procéder aux deniers calibrage en fonction des relevés géométriques transmis par la tour de contrôle fortunéenne. Les drones militaires servaient à la base à l’exploration des zones occupées par des ennemis, pour repérer des soldats en territoire hostile, et même pour embarquer ou débarquer du matériel. Mais dans le cadre d’opérations humanitaires, il pouvait aussi effectuer des missions capitales de photographie et de cartographie, sans risquer la vie de soldats. La grande vitesse des drones et leur petite taille en faisaient d’excellents engins furtifs. La technologie des drones était particulièrement appréciée au Jashuria, qui continuait, par le biais de son complexe militaro-industriel de pointe, à tenir la dragée haute à ses alliés de toujours. Le vol de reconnaissance était l’occasion de montrer à ses alliés qu’en matière de technologie, le Jashuria n’était plus à l’ère des vieilles manufactures militaires.
Le drone de reconnaissance – nommé Néphélé – devait parcourir 1000 km de distance pour prendre ses photos du camp de réfugiés, puis revenir à la base du Fortuna. Une mission simple et claire, d’autant que le drone était particulièrement rapide. Lorsqu’il décolla de la base de Santo Joao Di Falcone, les officiers jashuriens suivirent avec attention sa progression le long des côtes ptoléméennes. Accompagné dans la zone internationale par deux chasseurs jashuriens, le drone fut libéré de son escorte au point Delta et se lança vers les côtes du Sarranid.
Le camp de réfugiés apparut bientôt sur les écrans du Fortuna et du Jashuria. Le long de la frontière se dressait le campement de Sodane … ou plutôt la petite ville-refuge de Sodane à en juger par l’immense marée de tentes colorées qui se trouvaient le long de la frontière. Les Jashuriens passèrent le drone en mode manuel et entreprirent de prendre le maximum de clichés de la zone, sans commenter un seul instant les images transmises. L’analyse viendrait plus tard … et le drone, par sa vitesse et sa hauteur, restait pratiquement invisible dans le ciel bleu qui baignait la Leucytalée.
« Bien Alpha. Nous avons nos images. Retournez au point d’extraction Delta. »
Une simple mission de reconnaissance … et des clichés prometteurs. Restait à voir ce que la Sérénissime et la République des Deux Océans en feraient. Déjà, les analystes du Jashuria s’affairaient à publier les tirages et à afficher sur de grandes tables ce qui était apparu sur les caméras du drone. En l’espace de quelques heures, la salle de contrôle se transforma en un véritable centre d’analyse et de cartographie. Autour des tables gravitaient des officiers des deux pays, traçant des traits et comparant certains clichés. Le premier travail d’analyse avait commencé, afin de redonner du sens à ces clichés pris du ciel. Ce travail prendrait un certain temps … le drone devrait certainement refaire quelques vols, afin de préciser certaines zones d’ombre.
Spoiler[HRP]La Troisième République du Jashuria, avec l’aide de la Sérénissime République de Fortuna, mène une opération de reconnaissance simple sur le camp de réfugiés de Sodane, à la frontière de la Ptolémaïe et du Sarranid, afin d’en savoir plus sur l’étendue de ce camp de réfugiés. Les clichés sont réalisés à haute altitude par un drone de reconnaissance et acheminés au Krak des Chevaliers, la forteresse militaire du Fortuna.