Posté le : 04 nov. 2022 à 23:58:08
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Une fois n’était pas coutume, ce fut le Citoyen Sakari qui, manifestement satisfait que la rencontre se soit bien terminée, osa une plaisanterie.
Sakari : « Faites vous toutes vos affaires diplomatiques ivres, camarade Lorenzo ? Je n’ose pas imaginer votre conseil des ministres. »
Son ventripotent homologue pouffa.
Mainio : « Allons ! N’avons-nous jamais été ivre nous-mêmes aux notres ? »
Killikki : « Non jamais, c’est assez peu professionnel. »
Le capitaine leva les yeux au ciel.
Mainio : « Un jour, mon cher Killikki, je vous enseignerai deux trois arcanes de diplomatie. Trinquons à cet accord, toutefois ! Mais avant, je dois lire. »
Il s’avança vers le document et, ses trois compères par-dessus son épaule, en déchiffrèrent les tenants et aboutissants. Mainio hochait la tête d’un air confiant, Killikki fronçait les sourcils, Marketta arborait un petit sourire amusé et Sakari se mâchait l’intérieure des joues, visiblement concentré.
Mainio : « Bien bien, peut-être, quelques précisions toutefois. Un bon contrat dit les termes n’est-ce pas, le droit ne s’embarrasse pas de fioritures j’aime à penser que comme les mathématiques, c’est un modèle froid qui a parfois son charme. »
Sakari : « Comme les femmes : froides au bureau, et chaudes au lit. »
Tout le monde le regarda avec de grands yeux. Le jeune homme s’empourpra et rendit un regard éberlué au Capitaine Mainio.
Sakari : « C’est vous qui avez dit ça une fois ! »
Marketta : « Cher capitaine, vous avez une mauvaise influence sur lui. »
Mainio : « Allons… c'est l'alcool qui parle. Voyons plutôt ce contrat. »
Il se mit à parachever quelques éléments.
Mainio : « Tout d’abord, et ce jusqu’à ce que le croiseur soit terminé, j’apprécierai que cet accord demeure secret. Cela nous évitera des pressions politiques extérieures, préservera l’effet de surprise et nous épargnera un stupide course à l’armement avec vos voisins. Il ne s’agit pas de paniquer toute l’Eurysie, n’est-ce pas ?
Ensuite, plutôt que « le Pharois Syndikaali s'engage à protéger et à aider le croiseur Loduarien dans ses opérations avec une partie de sa flotte » écrivons « le croiseur Loduarien fera l’objet d’exercice d’entraînement à l’escorte navale avec la marine pharoise ». La première forme laisse penser que nous avons une quelconque forme d’obligation or il est de notre droit souverain de refuser d’engager notre flotte si nous jugeons précisément un projet peu… abouti, disons.
Maintenant concernant l’accord numéro, il est important de préciser spécifiquement deux aspects. Le premier est le statut de Dolinne ne pourra être révoqué par la Loduarie sans que celui-ci n’ait prévenu un an à l’avance – minimum. C’est nécessaire pour donner confiance aux investisseurs et leur laisser le temps de récupérer leurs capitaux en cas de problème. Le non-respect de cette close amènerait à une obligation de réparation d’un montant au moins deux fois égal aux capitaux sur place. Ensuite, et c’est un point important, les services de police locaux devront être délégués aux milices de la Merenlävät. Cela protégera les investisseurs des abus, épargnera des frais d’entretien à la Loduarie et… et bien, ce n’est pas que je n’ai pas confiance dans les institutions communistes, mais un étatisme maladif entraîne souvent des formes larvées de corruption et d’immobilisme. Mieux vaut laisser la gestion de la zone à des professionnels du commerce.
Enfin, le dernier point, précisons qu’outre le délais attendu d’un an pour annuler les lois de Dolinne, le Pharois se réserve le droit de réclamer une compensation financière de 20 000 écailles en cas d’annulation de la construction du croiseur à partir du moment où celle-ci aura commencé. Ce projet va mobiliser notre industrie pendant un long moment, je préfère éviter une annulation de dernière minute, vous le comprenez aisément ? »
Le Capitaine Mainio releva la tête et sourit.
Mainio : « Ces modifications vous semblent-elles acceptables, cher ami ? »