Posté le : 25 fév. 2024 à 10:58:13
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Cabinet de la première ministre, matinée de décembre, Norja.
Le directeur de cabinet de Kristine Svane, ministre de la défense, marchait d'un pas assuré en direction de l'ascenseur. Ses doigts tapotaient mécaniquement le dossier qu'il tenait à la main. tic-tac-tic-tac, le cliquetis de l'horloge sonnait dans sa tête, il tournait sa langue en continue, sa jambe droite tremblait légèrement. Au fil des années, faute de pouvoir pousser davantage les murs du ministères, on avait serré les bureaux, raccourci les couloirs et enterrés quelques lieux d'importance. Ainsi, Svend descendit de plusieurs étages, la plupart sous la surface du sol, pour arriver au "grand étage". Etrange surnom pensait-il pour un étage qui ne contenait que deux salles. La première, petite, réservée à des hommes et femmes en uniformes lui était inconnue. La seconde, plus grande tout en restant modeste se concentrait sur une table ovale et une série d'écrans et d'ordinateurs avec quelques bureaux. Les tentatives d'ornement de la pièce de quelques fresques et rares tableaux ne lui enlevait rien à son aspect naturellement froid, inhumain. C'est en lieu que les décisions les plus tristes de l'Etat se prennait.
Svend sorti de l'ascenseur, avala rapidement le couloir saluant les deux gardes républicains qui ouvrèrent puis fermèrent mécaniquement la porte métallique et la cacophonie l'envahit. La salle était noire de monde. Comprenez, noire de monde dans le "Grand étage" signifie qu'une vingtaine de personnes y sont, ce qui est rare, et peu normal. Le président, la première ministre, la ministre de la défense, le ministre des affaires étrangères, les quatre chefs d'Etat-Major, la présidente du Congrès fédéral et une dizaines de directeurs de cabinets et quelques directeurs des renseignements. Svend avait un quart d'heure d'avance mais il était déjà en retard.
Quelques instants plus tard, alors qu'il saluait sa ministre lui donnant le dossier, la première ministre fit commencé la réunion, il était 5h51 du matin, ils avaient 9 minutes d'avance.
«»
Jaka Lakkas (PM, Première Ministre) : « Bonjour à toutes et à tous, le conseil de défense restreint est ouvert. Je vais être bref. L'opération Elapida a débuté, la livraison d'équipements de défense anti-aériens non-létaux a débuté auprès de l'Empire du Nord, la question est désormais l'option létale. Kristine, en privé, les ministres avaient pris l'habitude de se tutoyer, à toi la parole. »
Kristine Svane (KS) : « Merci Madame. Merci..., elle cherchait son conseiller du regard, Svend pour les notes. Nous avons actuellement deux options sur la table qu'il nous faut évaluer. La première, dans la continuité de la livraison de nos équipements de radio et de radar, serait de livrer des batteries anti-aériennes mobiles à l'un des membres de la coalition voir à l'Empire du Nord. Cela nous permettrait par ailleurs de renouveler notre équipement vieillissant. La coalition serait plus aisément en mesure de défendre le ciel de leur région voir de chercher à interdire le couloir aérien en direction de la RPZ occupée. La seconde, serait de de délivrer tout ou partie de notre stock de Skjöld [missile sol-mer] à l'un des membres de la coalition et de se procurer des missiles auprès de Faravan ou de Sylva. Combinés, ces éléments pourraient porter un coup important à la flotte loduarienne. Néanmoins les renseignements du SPIE ne peuvent conclure avec certitude sur la réaction qui suivra.»
PM : « Mmhh....Et quelle confiance je peux avoir dans la réaction concernant la livraison de missiles anti-aériens ?»
KS : « Les missiles ne seraient pas délivrés publiquement. Nous avons un délais de 6 mois à un an avant de devoir annoncer publiquement une livraison d'armes, et nous pouvons conserver cela sous le titre de "défense anti-aérienne", sans préciser si il s'agit d'un radar ou d'un lanceur. Publiquement, cela limiterait l'effet. »
c (AK, Présidente du Congrès Fédéral) : « L'Alþingi serait sans doute rapidement mise au courant de la perte de nos stocks de missiles et de batteries. Si une commande est lancée, des équipements neufs achetés ou autres, la crainte d'un désarmement ne devrait pas gagner les rangs de la gauche. Néanmoins, il faudra bien en indiquer la raison. La fourniture d'armes au Rus've ne sera pas populaire, à la Tcharnovie non plus. Auprès d'un allié, sans préciser qu'il s'agit de l'Empire du Nord serait législativement limite mais permettrait d'éviter la question pour un temps. Il faut toutefois réfléchir aux conséquences pour la campagne politique... »
PM : « Vous avez raison. Une accusation de déstabilisation de la région me serait néfaste. Ne parlons pas d'une guerre. Mais si la livraison est faite auprès d'un pays tiers, nous ne sommes pas responsable de ce qu'il advient de nos armes.»
AK : « Cela peut tenir comme défense, chez nous, à l'international je ne sais pas.»
Les têtes se tournèrent vers Mar Loftsson, ministre des Affaires étrangères et des Droits humains.
ML : « L'action loduarienne est impopulaire sur toutes les côtes de la Manche Blanche. Plusieurs pays hors de la région comme la Manche Silice ou encore Sylva prennent des actions diplomatiques ou autres diverses à l'encontre de la Loduarie, sans chercher la confrontation. L'inconnue c'est avant tout la réaction Pharoise ou Alguarenoise. Les premiers sont davantage intéressés par leur domination de la région plus que par le sort des populations. Chasser la Loduarie de la Manche Blanche sans contrevenir à leur domination ne devrait pas les gêner plus que cela. Qui plus est, à aucun moment nous n'envisageons d'y participer directement. Pour Alguarena ou le Grand Kah, leur éloignement semble égal à leur désintérêt pour la situation actuelle. »
Pendant près d'une heure, les divers conseillers et directeurs de cabinets prirent la parole pour apporter une série de précision et de points de contradictions. Aili Kinnunen ainsi que le Secrétaire Général de la première Ministre firent particulièrement attention à mettre en avant les avis exprimés par les divers partis politiques sur la situation au Kolcovo. Nul ne soutenait l'action Loduarienne et tous la condamnait, mais tous les partis, commencer par le Front Tanskien et le PCT ne soutenaient pas activement l'intervention de la coalition elle aussi qualifiée d'impérialiste. Socialistes et centralistes, plus tempérés, adoptaient selon la présidente du Congrès fédéral, une position plus proche et compatible avec l'action gouvernementale.
La décision fut finalement prise. Le SPIE recevait pour ordre de produire, rapidement, une série de notes sur les perspectives liées aux livraisons tandis que d'autres ministères régaliens devaient en étudier la faisabilité. Si le cas des missile anti-aériens ne faisait pas de doute aux yeux de la majorité des personnels présents, celui des missiles antinavires posait davantage de problème. La décision pourrait prendre des semaines, là où il n'avait fallut que quelques jours pour parvenir à un accord sur les véhicules. Svend, comme d'autres, ne dormirait que peu dans les temps à venir.