11/11/2014
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Activités étrangères en Clovanie - Page 4

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Bar Union de Monsieur Mattia Abatucci

Robert : "Mattia le Papriarche Zosime XII a publié une bulle concernant les Dévotis."
Mattia : "Ah bon ! Raconte."
Robert : "Il condamne tous les Dévotis et encourage les Clovaniens ortholiques à dénoncer les Dévotis qu'ils connaissent. Il appelle également l'Empereur Pétroléon V à interdire légalement les Dévotis sur le territoire clovanien afin de mettre fin à cette hérésie."
Mattia : "J'espère que l'Empereur va l'écouter, je ne pense pas qu'il ira contre la volonté du Papriarche Zosime XII."
Robert : "Assez parlé d'informations déprimantes, comment se porte ton fils ?"
Mattia : "Il m'appelle régulièrement pour m'assurer que tout va bien mais je m'inquiète, il y tant d'émeutes à Legkibourg, j'espère qu'il ne se trouvera jamais dans une mauvaise posture là bas."
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Bar Union de Monsieur Mattia Abatucci

Lorsque Robert entra dans l'Union, il ne trouva pas Mattia derrière son bar comme à son habitude. Il se demanda d'abord si la femme de son ami, peut-être malade, ne le remplaçait pas; mais ne voyant personne arriver malgré le tintement de la clochette accrochée au dessus de la porte d'entrée, il se dit que quelque chose n'allait pas. Il se dirigea d'un pas rapide et assuré vers les cuisines, il y trouva Mattia accoudé sur le plan de travail en train de pleurer. Robert s'approcha.

Robert : "Mattia c'est moi, que se passe-t-il ? As-tu été cambriolé ?"

Mattia se redressa, et pris son ami dans ses bras. Il se calma doucement, et revint à ses espris.

Mattia : "C'est Enrico, il était aux manifestations à Legkibourg. Il est mort Robert. Comment vais-je annoncer ça à ma femme ? C'était notre seul enfant."

Robert, sous le choc, ne trouva pas les mots. Une larme coulait sur sa joue tandis qu'il serrait toujours son ami dans ses bras.

Robert : "C'était un brave garçon, il n'aurait pas voulu que tu te mettes dans un tel état Mattia. Viens t'assoir dans le bar, je vais fermer la porte, personne ne nous dérangera."

Une fois installé dans le bar, avec chacun un verre en face de lui, Robert se risqua à demander comment ce drame avait pu arriver.

Mattia : "Tu sais, je t'avais dit qu'Enrico était horripilé par la situation. L'Empereur ne disant rien, les Dévotis impunis... il voulait faire entendre sa voix et celles des centaines d'ortholiques. Enrico était certes catholique, mais il me disait souvent que si une pareille secte avait pris une telle ampleur à Grisolia, il aurait aimé que des Clovaniens vivant à Grisolia se battent à ses côtés. Après la bulle du Papriarche Zosime XII, il avait retrouvé espoir, il pensait que l'Empereur Pétroléon V allait enfin agir contre les Dévotis, les exclure, les bannir, les condamner. Mais rien, l'Empereur est resté muet, encore à ce jour alors qu'une trentaine de manifestants, dont huit ortholiques et Enrico, sont décédés, il n'a toujours pas pris la parole."

Mattia marqua une pause pour se retenir de pleurer. Robert mis son bras autour de ses épaules.

Mattia : "Je me sens trahis. Par l'Empereur, mais aussi par l'Impératrice."

Robert : "Je comprends que le silence de l'Empereur alourdisse ta peine, mais de quoi l'Impératrice serait-elle coupable ?"

Mattia : "Lorsqu'Achille de Malmon, celui qui est accusé d'avoir organisé la messe noire au Palais de la Gloire, a été emprisonné, c'est le Duc de Robolioubov qui a pris sa suite à la tête des Dévotis. Et devine quoi ? L'impératrice et le Duc sont fortement liés. De plus j'ai entendu des rumeurs selon lesquelles elle appartiendrait à la secte, elle aussi. Je suis persuadé, et je ne suis pas le seul, que l'Impératrice profite de la maladie de l'Empereur, un autre sujet à propos duquel il ne daigne pas communiquer d'ailleurs, pour protéger les Dévotis et surement elle même !"

Robert : "L'impératrice a toujours eu l'air si amoureuse de l'Empereur..."

Mattia : "Oh tu seras bien étonné lorsque je te raconterai ce que j'ai entendu d'autre à son sujet !"

Robert : "Quoi donc?"

Mattia : "Et bien, en plus de profaner les lieux sacrés de l'Empire lors de leurs messes noires, les Dévotis se laisseraient aller à certaines pratiques peu respectables... Pour être plus clair, si l'Impératrice est réellement une Dévotis, alors il est très probable qu'elle participe à des parties fines."

Robert resta sans voix. "Comment a-t-on pu en arriver là?" pensa-t-il.

En fin d'après-midi, Robert décida de ramener Mattia chez lui et de l'aider à annoncer la terrible nouvelle à sa femme, la mère d'Enrico. Il ferma donc la porte du bar sur laquelle il avait préalablement laissé une note, indiquant que ce dernier resterait fermé jusqu'à nouvel ordre.
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Bar Union de Monsieur Mattia Abatucci

L'Union ne sera finalement resté fermé que très peu de temps. Après avoir consacré quelques jours à l'enterrement et au deuil de son fils, Mattia a voulu retourner travailler pour occuper son esprit. Et puis, se disait-il, la vie n'est pas plus clémente pour mes clients, ils ont besoin de moi, ils ont besoin de l'Union. il est vrai que depuis trois années maintenant, l'Union est un véritable lieu de rencontre et de partage entre les habitants des villes et villages voisins. En ces temps troublés pour la Clovanie, les habitués de l'Union apprécient particulièrement les moments de détente dont ils ne peuvent jouir qu'ici désormais.

Mattia : "Il y a de plus en plus de morts depuis que le nouveau chef de file des Dévotis est le Duc de Robolioubov, on croirait à un réveil des Dévotis qui jusque là ce tenaient tranquilles. Je ne veux qu'aucune autre famille ne subisse la perte d'un de leur membre, c'est trop douloureux, mais quand tout cela va-t-il donc s'arrêter ?"

Mattia était ému, Robert aussi. La douleur de la perte du fils de Mattia était encore très fraiche.

Robert : "Mattia, rassure toi, l'Empereur s'est adressé à nous, il va faire cesser le danger. Il a défendu sa femme l'Impératrice face aux accusations qui la visait, d'après lui elle ne serait pas plus Dévotis qu'infidèle à son mari. De plus, lorsque le Général de Lorminion a déclaré secession du septième Régiment Hoplite de Legkibourg le 15 juin, l'Empereur a immédiatement réagi en déclarant l'état d'urgence et en relevant le Général et ses deux milles quatre-vingt deux soldats de leurs fonctions."

Mattia resta muet.

Robert : "Et tu as vu avec quelle rapidité et efficacité le 1er Régiment Impérial a battu le Général de Lorminion et les séparatistes pendant la bataille de Norient trois jours plus tard? Ils ont été incroyables, encore une preuve du pouvoir de notre Empereur Pétroléon V, il est de retour aux cotés de son peuple, son silence est terminé ! Le Prince Clément lui-même a combattu aux cotés des soldats clovaniens."

Mattia : "Robert, tu te réjouies trop vite."

Robert : "Je t'assures que tout cela est bientôt fini, je sais à quel point c'est dur pour toi de traverser tout ça."

Mattia leva les yeux vers Robert pour la première fois depuis le début de leur échange. Puis d'un air grave il dit :

Mattia : "Robert, les Dévotis n'ont fait que frapper plus fort en organisant pas moins de cinq attentats à Legkibourg, Leongrad, Koslov et Erdaim. Dix-sept personnes ont été tuées. Dix-sept morts de plus."

Robert : "Mais l'Armée Impériale a rapidement trouvé les coupables, ils ont arrêté quarante-cinq Dévotis dont le Duc de Robolioubov. Ce dernier, ainsi que le Comte Achille de Malmon et l'ancien Général de Lorminion ont tous été condamnés à mort !"

Mattia : "Tu ne comprends donc pas, tout cela n'est pas l'oeuvre de l'Empereur Pétroléon V, mais de son frère le Prince Clément. Tu n'as donc pas entendu son discours ? L'Empereur, rongé par la maladie, ne peut plus parler. Il ne condamnera pas les Dévotis par amour pour l'Impératrice, qui est l'une d'entre eux, on en est certain maintenant. Son procès d'ailleurs, n'est que religieux, nous ne sommes même pas sûrs qu'elle sera démise de ses fonctions même en ayant désobéit à la Ve Maxime Impériale."

Robert n'insista pas, Mattia avait raison, le combat ne fait que commencer.
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Bar Union de Monsieur Mattia Abatucci

Le 30 juillet, jour du procès de l'Impératrice Marine, tous le monde s'était donné rendez-vous à l'Union pour regarder la télévision ensemble. Comme le procès ne commençait qu'à treize heures, Mattia servit à manger à tous ses clients, venus plus tôt pour prendre des nouvelles des uns et des autres depuis le confinement. L'Union était très bruyant, il y avait beaucoup d'agitation provoquée par la joie des retrouvailles et par l'anxiété qui régnait dans l'attente du procès.

À treize heures tapantes, Mattia monta le son de la télévision et tout le monde se tut, l'animateur de Direct 1 avait déjà pris la parole. À la suite de Sa Sainteté Zosime XII, le Prince Clément apparut à l'écran. Un murmure parcourut les clients de Mattia. Clément commença son discours, accusant l'Impératrice de bafouer la Ve Maxime impériale, selon laquelle l'Ortholicisme doit demeurer religion d'État, d'avoir manipulé son mari l'Empereur Pétroléon V et pour finir, d'être infidèle.

Robert : Je ne peux m'empêcher de croire qu'elle est innocente, une si belle femme, si rafinée, si intelligente, comment pourrait-elle faire de telles choses ?

Mattia : On verra bien comment elle se défendra. En tout cas, pour l'instant, le Prince Clément semble très sûr de lui dans ses accusations, mais a-t-il des preuves ?

Une fois qu'Olive Freysse eut témoigné contre l'Impératrice, Robert se résigna.

Robert : Maintenant que j'ai entendu ce Olive Freysse, je ne vois pas comment l'Impératrice pourrait s'en sortir, même si elle est innocente, elle est cuite !

Des murmures parcoururent encore l'assemblée lorsque l'Impératrice Marine s'avança devant Sa Sainteté Zosime XII et prit la parole. Lorsqu'elle s'avoua coupable, plusieurs clients se levèrent de leur tabouret en signe d'indignation.

"Comment a-t-elle osé ?"

"Nous avons été trahi !"

"Je croyais à son innocence mais c'en est trop, elle est définitivement coupable !"

"Je vous l'avais dit !!"

Mattia garda le silence mais avait les dents serrées. "Si elle n'avait pas trahi sa religion, l'Empereur et sa patrie, mon fils serait peut-être encore en vie." pensa-t-il.

Le silence revint lorsque le visage de l'Empereur s'afficha de nouveau à l'écran, il n'avait pas l'air en colère, mais plutôt décontenancé.

Mattia augmenta le son du téléviseur lorsque l'Empereur Pétroléon prit la parole à la suite de son épouse. Après quelques bégaiements de l'Empereur, Robert dit :

Robert : Il me semble bien mal en point, tu penses qu'il va lui pardonner ? Il n'a pas l'air fâché, même après tout ce qu'elle vient d'avouer.

Mattia : Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c'est que moi je ne lui pardonnerai jamais. Elle nous a tous trahi, elle mérite la peine capitale ou du moins l'isolement à vie. Je ne veux plus jamais entendre parler d'elle.

Robert : Je comprends, je suis d'accord avec toi. Mais une punition trop sévère pourrait attrister l'Empereur et le fragiliser plus qu'il ne l'est déjà.

La pression se faisait sentir dans l'Union à mesure que les cardinaux exprimaient les sentences qu'ils souhaitaient infliger à l'Impératrice. Tous le monde n'était pas d'accord, bien qu'ils fussent tous profondément offensés par son comportement, sur la gravité de la sentence à appliquer.

Lorsque le Cardinal de Legkibourg, dont le vote était décisif, pris la parole, tous retinrent leur souffle. Il pouvait décider de condamner immédiatement l'Impératrice à la réclusion au couvent fermé à vie, ou provoquer un deuxième vote durant lequel s'affronteraient la réclusion au couvent ouvert à vie et la peine capitale. Il choisit finalement de condamner l'Impératrice, désormais nommée Marine Olivérovitch, à la réclusion au couvent fermé à vie. Mattia fut soulagé, il n'entendrait plus jamais parler d'elle.

Un grand brouhaha s'éleva dans l'Union quand tout à coup de grandes exclamations se firent entendre. L'Empereur Pétroléon V venait de tomber de son estrade et de se cogner la tête sur une marche. La foule était terrifiée, certains criaient même. Rapidement, les images devinrent incompréhensibles car les journalistes étaient poussés dehors. Quelques instants plus tard le Prince Clément et le Prince Éric apparurent à l'écran, sortant presque en courant du Tribunal Inquisitoire de la Sainte Créopole. Un journaliste leur demanda leur avis sur la sentence de l'Impératrice ce à quoi ils répondirent énervés que le moment était mal choisi.

Cette fois les cris furent plus forts, plus nombreux. Les deux héritiers au trône de Clovanie venaient de se faire sauvagement poignarder par un terroriste Dévotis. Des femmes tombèrent dans les pommes. Les parents prirent leursz enfants dans leurs bras et leur bouchèrent les oreilles pour les empêcher de voir ces images terrifiantes. D'autres restèrent sans voix, les yeux rivés sur l'écran plat.

Mattia, hurlant au téléphone : Oui allo ? Venez vite à l'Union, j'ai plusieurs malaises !
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Bar Union de Monsieur Mattia Abatucci

Le 2 août 2014, date des funérailles de l'Empereur Pétroléon V, l'Union était plein. En effet, tous n'ont pas pu se rendre à Legkibourg pour la cérémonie mettant à l'honneur le défunt Empereur mais également son frère, le Prince Clément, et son fils, le Prince Éric. D'autres ont préféré suivre les funérailles à la télévision dans l'Union où ils se sentent plus en sécurité que parmi une immense foule, compréhensible lorsque l'on connait la cause du décès des deux jeunes hommes.

Comme le veut la tradition, le cercueil de l'Empereur a été amené au port à bord de la Flèche, la frégate bâtie sous le règne de ce dernier.

Robert : Comme la foule est calme.

Mattia : Ils doivent être en partie habités par la peur...

Aurélien Bergé, Premier Ministre Régent en l'attente du sacre du jeune Prince Louis, prit la parole. Lorsqu'il eut fini, le silence qui s'était installé dans le bar s’évanouit.

Mattia, souriant : J'ai beaucoup aimé son discours, il met vraiment à l'honneur l'Empereur. On sent qu'il l'a écrit avec le coeur et que ce n'est pas un subalterne qui l'a rédigé. Lorsqu'il a abordé les alliances, j'espérais qu'il citerait de Grisolia, la visite de l'Empereur a tout de même été écourtée à cause du bazar causé par les dévotis. J'espère que les relations diplomatiques entre nos deux nations ne seront pas tuées dans l'oeuf.

Robert : À ce sujet ne te préoccupe pas, le Prince Louis a l'air de bien aimer la Clovanie !

Mattia : C'est vrai ! Il était même le représentant de la Clovanie au mariage d'Alfonso et Alice di Grisolia en mai dernier. Mais n'est-il pas retourné en Clovanie récemment d'ailleurs ?

Robert : Si, mais sans raison officielle il me semble... Il voulait surement s'éloigner du climat si pesant pour un jeune homme.

Mattia : Je crois avoir entendu qu'il est allé voir Sofia di Grisolia, le Grisolia Oggi ne s'était pas gêné pour souligner leur rapprochement durant le mariage de l'héritier au trône grisolien !

Robert : N'a-t-il pas seulement quatorze ans ?

Mattia : Tu sais, je pense qu'il est bien plus mûre que nous l'étions à son âge. Et puis, avec tous ces décès soudain et les mesures décisives qu'il va devoir prendre pour la Clovanie, il va vite prendre en maturité si ce n'est pas déjà le cas. Je ne m'inquiète pas, il sera très accompagné, surtout au début.

Robert : C'est vrai que ces gens n'ont pas des vies normales.

Mattia : Je pense qu'il a été élevé, sinon pour gouverner, pour tenir une place importante dans la société.

Un client commanda une bière à Mattia ce qui coupa court à sa discussion avec Robert. Une fois servi, le client s'éloigna du bar où était accoudé Robert, lorsque Mattia se trouva au niveau de ce dernier, le Papriarche Zosime XII prit la parole devant la Sainte Créopole. Une nouvelle fois, le silence s'empara des clients du bar. La scène était impressionnante, les huit cardinaux encadraient le Papriarche Zosime XII pendant qu'il discourait, tous vêtus de grandes robes noires. Une fois qu'il se tut, les bavardages reprirent, mais l'émotion ne quitta pas l'Union. Tous disaient à quel point la prise de parole du Papriarche les avait touché.

Robert, presque pleurant : Cet hommage était magnifique.

Mattia : Je suis si reconnaissant qu'il ait tant mis à l'honneur le Prince Clément. Il est celui sans qui les dévotis séviraient toujours. Il a payé de sa vie la tranquillité qui regagnera bientôt la nation. Il était si courageux ce jeune homme, il s'est battu contre les dévotis aux côtés des militaires avant qu'ils ne commettent leurs attentats. Je pense que l'on peut très aisément compter sur les doigts d'une seule main les politiques et hauts placés qui auraient eut un quart de son audace.

Robert : Il aurait fait un si bon tuteur pour Éric s'il avait succédé à son père...

Mattia : Ou même pour le Prince Louis...

Une fois les trois cercueils emmenés au Palais de la Gloire, Mattia éteignit la télévision. Un grand silence domina les quelques minutes qui suivirent, puis Mattia prit la parole à voix haute.

Mattia, ému : Mes chers amis, comme vous le savez surement déjà tous, je suis Grisolien de sang mais j'ai perdu mon fils ici, en Clovanie, car il s'est joint aux manifestants contre les dévotis. C'est vrai, j'ai eu énormément de difficultés à l'accepter. Mon fils qui meurt pour défendre une nation qui n'est pas la sienne ? J'en voulais au monde entier, surtout à l'Empereur pour ne pas avoir pris des mesures quand il le fallait. Aujourd'hui, après le procès qui a mis à jour les vrais coupables, je n'en veux plus qu'à l'Impératrice. C'était le choix d'Enrico, il connaissait les risques et il considérait la Clovanie comme son pays. Mais elle nous à tous trahi. Heureusement le Prince Clément, notre héros, a sauvé de son emprise l'Empereur, et par la même nous tous. J'aimerais vous offrir un verre à tous, en l'honneur du Prince Clément, notre sauveur.
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nouveau logotype du Clëron ?

UN ENFANT À LA TÊTE DU GOUVERNEMENT CLOVANIEN

La République Impériale sortie de troubles sans précédent et d'un renversement historique de la hiérarchie dans la famille royale a désormais à sa tête l'Empereur Louis Ier, cousin du défunt Pétroléon V. Après un épisode de guerre civile et une série d'attentats, un pouvoir en recomposition doit faire face à la fragmentation sociale et à la défiance des marchés. Alors même que le nouveau souverain a 14 ans, et qu'aucune régence n'est prévue.


Le Prince Gabriel de Belgique et sa mère la Reine des Belges Mathilde d'Udekem d'Acoz
Le nouvel empereur clovanien Louis Ier, accompagné de sa mère Marie-Hélène Borisévitch, deux jours avant le couronnement ; 1er août 2014, CREDIT : PIERRE BASSEGIR

« Le roi est mort, vive le roi ». C’est l’antienne qu’on entend traditionnellement dans l’Eurysie chrétienne quand un monarque passe l’arme à gauche, et qu’on a entendu résonner sous sa forme impériale dans toute la Clovanie au cours des dernières semaines. L’Empereur bien connu Pétroléon V a succombé à une attaque cérébrale après la condamnation de sa femme, l’impératrice Marine, par le clergé Ortholique pour s’être convertie à la foi Dévotis, considérée comme hérétique par les institutions petroléoniennes. Le même jour, au même endroit, les numéros un et deux dans l'ordre de succession, à savoir le fils unique de l'Empereur et son seul frère encore en vie, ont été victime d'un attentat d'autant plus incompréhensible qu'il était prévisible - les médias clovaniens auront tout le loisir de se demander comment les services de sécurité impériaux n'ont pu sécuriser le lieu où se tenait un procès historique, sous grande tensions, réunissant les personnages les plus importants du pays dans un contexte de troubles socio-politiques sans précédent. Dans ce grand chambardement de la classe dirigeante, le premier dans l'ordre de succession devenant Louis Césarévitch, 14 ans, fils du cousin germain de l'Empereur Pétroléon.

Seulement voilà : en Clovanie, l'Empereur est le seul dépositaire légal de l'autorité de l'État. Parmi les contre-pouvoirs possibles figurent le Premier Ministre qui doit correspondre aux rapports de forces politiques au sein du Parlement, ce dernier qui peut outrepasser le droit de véto monarchique s'il réunit une majorité qualifiée des quatre-cinquièmes, et enfin le clergé ortholique mené par le Papriarche Zosime XII, dont le rôle judiciaire n'est pas à négliger (c'est par le tribunal religieux que l'impératrice Marine a été condamnée). Ainsi, le plénipotentiaire de cette puissance moyenne de l'Eurysie Occidentale est désormais un enfant, âgé de 14 ans. Bien sûr, les textes organiques de la République Impériale prévoient les cas de régence, et s'il on considère cela, il n'y a plus de sujet. Ce serait faire abstraction d'une décision majeure du régent Aurélien Bergé.

Le nouvel empereur a proposé au gouvernement de ne pas appliquer la régence qui devait couler jusqu'à sa majorité. Les ministres impériaux tenant le souverain pour mandant, leur avis n'entre pas vraiment en ligne de compte. Mais M.Bergé, Premier ministre de la Clovanie depuis maintenant treize ans, tient son pouvoir de l'Assemblée Impériale, et de ce fait, il est parfaitement indépendant de l'empereur et aurait pu choisir de refuser, aussi bien légalement puisque la loi lui en donne le droit que politiquement puisque l'opinion n'aurait sans doute pas contesté cette décision. Il a pourtant accepté de renoncer à un mandat promis pour quatre ans et de se subordonner à un adolescent, propulsé soudainement aux rênes de son pays après la mort des trois personnages les plus importants de l'État. Louis Ier aura donc la lourde tâche de relever un pays qui a frôlé l'abîme. Il n'est pas illégitime de douter dans sa capacité à y parvenir, tant les travaux s'annoncent difficiles, même pour un fonctionnaire rompu à l'exercice du pouvoir.

Il n'est pas illégitime de douter dans la capacité de Louis Ier à relever un pays qui a frôlé l'abîme

La République Impériale Pétroléonienne sort d'une série de troubles qui bouleverse fondamentalement les équilibres de ce régime, en paix civile depuis sa création en 1898. La crise sociale que traverse la Clovanie est d'autant plus radicale qu'elle concerne ce qu'il y a de plus inflammable dans la vie d'une communauté : la croyance religieuse. Le culte Dévotis - un culte néo-païen convoquant les divinités de la mythologie rémienne - est celui d'une très large minorité d'un pays largement converti à la religion ortholique. Mais il a eu la spécificité de toucher rapidement les plus hautes sphères de l'aristocratie, jusqu'à la cour impériale et l'impératrice d'alors, pour ne citer qu'elle. La découverte qu'une célébration dévotis s'était tenue au sein même de la résidence impériale, le Palais de la Gloire, sous l'autorité du Comte de Malmon, mit le feu aux poudres. Le conflit qui a agité la Clovanie ces derniers mois était en partie militaire et a même connu une bataille rangée à Norient le 18 juin, mais il a aussi gagné les rues, en témoigne les séries d'attentat et les déchaînement de violence, pro ou anti-dévotis. C'est sur cette société clivée que règne désormais Louis Ier. Car il faut rappeler que si les Dévotis ont perdu leur chef et essuyé une défaite sur le champ de bataille, rien ne présage que la tension redescende dans les rues.

Deuxième aspect de la "série de troubles" que nous évoquions : la crise politique. Comment une société peut-elle espérer un apaisement rapide quand celui qui incarnait l'unité de l'État a d'abord laissé proliférer un séparatisme, puis a trépassé, puis son successeur, et le successeur de son successeur, le tout en quelques jours ? Pour porter enfin au pouvoir une personne qui aura en tous points ses preuves à faire, dont les études ne sont en principe pas terminées, qui n'a pas été préparé à l'exercice du pouvoir et à laquelle l'opinion non plus n'a pas été préparée. Tous les repères du pouvoirs clovanien semblent avoir été pulvérisés en l'espace d'un instant, ce qui laisse la plus petite marge de manœuvre au gouvernement impérial pour racheter la paix civile. Ce constat alarmiste de la situation politique reste à nuancer puisque les institutions politiques émanant du peuple, à savoir l'Assemblée et le Premier ministre, tiennent la barre droite dans la tempête et marquent une continuité. Cependant ces deux corps ne possèdent que peu de marge d'action en comparaison du Palais, leur rôle revient à la conception et au financement de la loi.

« L'économie clovanienne dispose d'une bonne capacité de résilience »
Paul Voutrë, économiste

Enfin, troisième trouble clovanien : la situation économique. Si les constats ne sont pas encore alarmants, les marchés ont manifesté leur défiance envers la santé économique de la Clovanie tout au long de la guerre civile. « Bien sûr, l'économie clovanienne étant largement tournée vers l'agriculture, elle dispose d'une bonne capacité de résilience face à ce genre d'aléas », note Paul Voutrë, économiste chercheur à Centre national des sciences économiques de Ligert. « Mais depuis l'ouverture politique et économique décidée par Pétroléon V, le pays repose plus qu'auparavant sur les exportations de céréales, ce que l'humeur des marchés serait susceptible de venir contrarier ».

Voilà le tableau du défi que l'Empereur Louis a choisi de relever malgré son jeune âge. Voilà également le défi que monsieur Aurélien Bergé a choisi de défausser sur ce tout juste adolescent qui n'a ni été élevé pour gouverner ni encore moins pour sortir un pays de la crise. C'est lui, le Premier ministre, haut-fonctionnaire habitué de l'appareil d'État clovanien, qui aurait dû assumer cette responsabilité. Il rendra compte devant l'Histoire des raisons qui l'ont poussé à accepter cet accord incompréhensible avec son présomptueux souverain. De son côté, l'empereur ne semble pas douter de ses capacités. On entend souvent vantée la maturité du jeune monarque, lui qui est orphelin de père, qui a vu sa royale famille connaître la disgrâce et la mort, et qui à un âge où l'on se découvre des sentiments projette déjà de se marier - il est fiancé depuis peu avec Sofia di Grisolia. Il a en effet fait montre d'une attitude digne d'un chef d'État lors de son couronnement le 3 août, pendant lequel il s'est adressé à la nation.

Mais ce n'est pas seulement avec du charisme, de la dignité et de la volonté, pas plus qu'avec seule une vision, qu'on fait des grands chefs d'État. Louis Ier ne connais pas la politique, l'administration, le management - en un mot, il ne sait pas gouverner. Il n'y a aucune honte à ce qu'il apprenne. Mais c'est à cela que sert une régence. L'Empereur entend incarner une continuité avec son prédécesseur, alors qu'il a justement une crise à résoudre. S'il ne renvoie pas ses ministres et garde les bons services d'Aurélien Bergé, il lui retire la capacité d'initiative. C'est bien de sa main et de son initiative personnelle qu'est signé le décret envoyant un petit millier de militaires (accusés de sédition) au Gondo où la guerre civile vient de reprendre. Le primo-gouvernant entend poser son empreinte sur le gouvernement. Or relever un pays ne se fait pas seul. Louis Ier pas plus qu'un premier ministre régent n'auraient pu résoudre la crise clovanienne de leur seule autorité. Il faudrait, pour remettre la Clovanie sur pieds, choisir l'apaisement et reposer sur une gouvernance plus collégiale. Non se choisir un héros (et faire une erreur de casting entre les deux prétendants). Le grand défi, qui montrera si Louis Césarévitch est à la hauteur du dirigeant qu'il prétend être, est celui de la démocratisation de la Clovanie. Sans verticale du pouvoir, pas de jeux de cour, pas sécession, et un pas de franchi vers un exercice du pouvoir compétent et apaisant.
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