Le 2 août 2014, date des funérailles de l'Empereur Pétroléon V, l'Union était plein. En effet, tous n'ont pas pu se rendre à Legkibourg pour la cérémonie mettant à l'honneur le défunt Empereur mais également son frère, le Prince Clément, et son fils, le Prince Éric. D'autres ont préféré suivre les funérailles à la télévision dans l'Union où ils se sentent plus en sécurité que parmi une immense foule, compréhensible lorsque l'on connait la cause du décès des deux jeunes hommes.
Comme le veut la tradition, le cercueil de l'Empereur a été amené au port à bord de la Flèche, la frégate bâtie sous le règne de ce dernier.
Robert : Comme la foule est calme.
Mattia : Ils doivent être en partie habités par la peur...
Aurélien Bergé, Premier Ministre Régent en l'attente du sacre du jeune Prince Louis, prit la parole. Lorsqu'il eut fini, le silence qui s'était installé dans le bar s’évanouit.
Mattia, souriant : J'ai beaucoup aimé son discours, il met vraiment à l'honneur l'Empereur. On sent qu'il l'a écrit avec le coeur et que ce n'est pas un subalterne qui l'a rédigé. Lorsqu'il a abordé les alliances, j'espérais qu'il citerait de Grisolia, la visite de l'Empereur a tout de même été écourtée à cause du bazar causé par les dévotis. J'espère que les relations diplomatiques entre nos deux nations ne seront pas tuées dans l'oeuf.
Robert : À ce sujet ne te préoccupe pas, le Prince Louis a l'air de bien aimer la Clovanie !
Mattia : C'est vrai ! Il était même le représentant de la Clovanie au mariage d'Alfonso et Alice di Grisolia en mai dernier. Mais n'est-il pas retourné en Clovanie récemment d'ailleurs ?
Robert : Si, mais sans raison officielle il me semble... Il voulait surement s'éloigner du climat si pesant pour un jeune homme.
Mattia : Je crois avoir entendu qu'il est allé voir Sofia di Grisolia, le Grisolia Oggi ne s'était pas gêné pour souligner leur rapprochement durant le mariage de l'héritier au trône grisolien !
Robert : N'a-t-il pas seulement quatorze ans ?
Mattia : Tu sais, je pense qu'il est bien plus mûre que nous l'étions à son âge. Et puis, avec tous ces décès soudain et les mesures décisives qu'il va devoir prendre pour la Clovanie, il va vite prendre en maturité si ce n'est pas déjà le cas. Je ne m'inquiète pas, il sera très accompagné, surtout au début.
Robert : C'est vrai que ces gens n'ont pas des vies normales.
Mattia : Je pense qu'il a été élevé, sinon pour gouverner, pour tenir une place importante dans la société.
Un client commanda une bière à Mattia ce qui coupa court à sa discussion avec Robert. Une fois servi, le client s'éloigna du bar où était accoudé Robert, lorsque Mattia se trouva au niveau de ce dernier, le Papriarche Zosime XII prit la parole devant la Sainte Créopole. Une nouvelle fois, le silence s'empara des clients du bar. La scène était impressionnante, les huit cardinaux encadraient le Papriarche Zosime XII pendant qu'il discourait, tous vêtus de grandes robes noires. Une fois qu'il se tut, les bavardages reprirent, mais l'émotion ne quitta pas l'Union. Tous disaient à quel point la prise de parole du Papriarche les avait touché.
Robert, presque pleurant : Cet hommage était magnifique.
Mattia : Je suis si reconnaissant qu'il ait tant mis à l'honneur le Prince Clément. Il est celui sans qui les dévotis séviraient toujours. Il a payé de sa vie la tranquillité qui regagnera bientôt la nation. Il était si courageux ce jeune homme, il s'est battu contre les dévotis aux côtés des militaires avant qu'ils ne commettent leurs attentats. Je pense que l'on peut très aisément compter sur les doigts d'une seule main les politiques et hauts placés qui auraient eut un quart de son audace.
Robert : Il aurait fait un si bon tuteur pour Éric s'il avait succédé à son père...
Mattia : Ou même pour le Prince Louis...
Une fois les trois cercueils emmenés au Palais de la Gloire, Mattia éteignit la télévision. Un grand silence domina les quelques minutes qui suivirent, puis Mattia prit la parole à voix haute.
Mattia, ému : Mes chers amis, comme vous le savez surement déjà tous, je suis Grisolien de sang mais j'ai perdu mon fils ici, en Clovanie, car il s'est joint aux manifestants contre les dévotis. C'est vrai, j'ai eu énormément de difficultés à l'accepter. Mon fils qui meurt pour défendre une nation qui n'est pas la sienne ? J'en voulais au monde entier, surtout à l'Empereur pour ne pas avoir pris des mesures quand il le fallait. Aujourd'hui, après le procès qui a mis à jour les vrais coupables, je n'en veux plus qu'à l'Impératrice. C'était le choix d'Enrico, il connaissait les risques et il considérait la Clovanie comme son pays. Mais elle nous à tous trahi. Heureusement le Prince Clément, notre héros, a sauvé de son emprise l'Empereur, et par la même nous tous. J'aimerais vous offrir un verre à tous, en l'honneur du Prince Clément, notre sauveur.