En octobre 2008, un professeur Clovanien à la Grande Université de Legkibourg, Bauduin de Saint-Maur publie une "étude de mœurs" dénommée "
De la désacralisation du couple dans la jeunesse post-moderne". Ce livre a rencontré un véritable succès au point d'être entrée dans la littérature mainstream et d'avoir été nominée
au Festival international de littérature et bande dessinée de 2009. Plusieurs équipes de sociologues de plusieurs pays (Pomarico & Mirante, 2009 ; Skoog et al., 2009 ; Suaki & Ortooroi, 2010) ont mis en garde contre la politique scientifique de différents pays conservateurs et de son usage à des fins de propagande envers le grand public à l'international. Or cet essai a été publié comme un texte scientifique, mais avec une volonté très claire d'influencer le comportement d'une partie identifiée de la population notamment nationale. Ainsi, lors du Festival d'Aigue-Fauves de Saint-Maur l'essai était résumé ainsi :
"
Dans cet essai publié en 2008 à la Grande Université de Legkibourg, Baudouin de Saint-Maur analyse de fond en comble la déchéance de l'idéal du couple dans certaines sociétés Eurysiennes de notre temps. Un texte poignant qui revient sur les fondamentaux en exposant avec clarté les principes de bases du couple dans nos sociétés, et montrant comment sont nés les plus grands idéaux de nos civilisation, à savoir l'idéal d'Amour, et ce que Saint-Maur appelle l'idéal de progéniture. Surtout, le professeur universitaire nationalement reconnu nous met en garde sur la fragilité de ces idéaux et sur l'urgence qui plane aujourd'hui sur notre jeunesse. Plus que jamais, nous sommes confrontés à une crise des valeurs que l'auteur de cet essai pointe avec une plume incomparable"
Le problème est clair : une population eurysienne considérée jeune ont développé un idéal d'organisation sociale différent de celui des auteurs, et il est urgent de le corriger. Ce texte nous offre ainsi un aperçu des techniques d'ingénierie sociale des pays de l'UMT et de leur usage à l'étranger.
Précision importante, le texte a été écrit dans un contexte eurysien et chrétien (plus exactement ortholique, une religion dérivée du christianisme, voir Bréguet et al., 1996). Il s'agit de sociétés reconnaissant un dieu unique, principalement agraires et très hiérarchisées dans lesquelles l'organisation sociale est organisées en familles monogames, hétérosexuelles, nucléaires ou élargies (Saowaluk, 2005), où les liens communautaires multifamiliaux (clan, tribu...) sont ténus ou inexistants (Donoi & Mungke, 2007), et où l'appariement et l'accès au sexe sont fortement encadrés (Tsarnaeldarkan, 1982). Pour un chrétien, un humain est avant tout une âme qui constitue son identité et permet de le distinguer des autres. Chaque âme dispose d'un corps et d'un esprit. Le corps est un composé matériel qui s'il n'a pas de lien au Dieu, cherche principalement à survivre et se reproduire (ce que l'on appelle les instincts), l'esprit est un composé non matériel reliant l'âme au dieu. Le dieu étant considéré fondamentalement bon et l'humain fondamentalement mauvais, ce qui contamine son âme, une société moralement juste ne peut émerger que si elle est soumise au dieu. C'est donc l'esprit qui doit dominer le corps, les valeurs fournies par le dieu au travers de l'esprit doit lui permettre réprimer et contrôler les instincts du corps. Cette conception chrétienne des humains est une base centrale dans la constitution de la thèse de l'essai, puisque c'est à partir d'elle qu'est formée l'idéal à atteindre en terme d'organisation sociale, et que sont théorisés les éléments qui amène une partie de la population eurysienne à en diverger.
La thèse est la suivante : les humains ont formé des civilisations (des peuples disposant de villes) pour être plus en sécurité, et ce faisant, il est devenu important de dompter les instincts corporels. Mais la structure qu'il faut à un enfant pour être en mesure de survivre est claire : un couple monogame hétérosexuel cohabitant sur de longue période. Les civilisations humaines ont donc formalisé se système d'organisation sociale sous forme d'une institution bien particulière, la famille. Et l'auteur insiste bien sur la dimension hétérosexuelle de la famille, cela vient de la façon dont les genres sont séparés dans une société chrétienne : il en existe deux et uniquement deux, les hommes et les femmes. Les hommes sont dépositaires de l'autorité et sera ainsi le chef d'une famille, les femmes sont dépositaires de l'empathie et de l'affection, et chargées de la bonne implémentation du soin aux membres de la familles sur les instructions du mari. Cette structure familiale est la seule considérée comme capable de transmettre les bonnes valeurs, dites "valeurs nobles" aux enfants qui pourront les transmettre à leur tour aux prochains descendants. Et parmi ces valeurs nobles, deux permettent le maintien de cette structure familiale : l'Amour pour le partenaire, correspondant globalement au souhait de cohabiter avec le partenaire et uniquement lui sur une longue période de temps, et la progéniture, soit l'envie de faire naître et grandir des enfants, et de lui transmettre les bonnes valeurs. Pour s'assurer que ces deux valeurs soient maintenues dans le temps, et que les partenaires comprenne qu'ils sont sensées vivre selon ces idéaux nobles, il faut former une famille, se marier.
Donc, le besoin de sécurité amène les humains à former des civilisations, dans lesquelles les familles monogames hétérosexuelles constitue le seul moyen de permettre à aux valeurs nobles de perdurer, les valeurs nobles permettant de maintenir une civilisation saine. Or maintenir une civilisation saine, c'est ce qu'il faut faire, car ça permet le contrôle des pulsions humaines, ça évite de voir s'exprimer la tendance humaine fondamentale à être mauvais. Cela implique qu'un monde où la sécurité des humains est garantie rend la civilisation, et donc les valeurs nobles caduques, ce qui se traduit par un désintérêt pour les familles monogames hétérosexuelles. Les humains sont plus nobles et plus forts dans des situations de péril, comme par exemple, les guerres. L'auteur remarque que les sociétés eurysiennes libérales actuelles surprotègent leur population, et ainsi, limite les capacités de leur civilisation à contrôler les pulsion humaines, se qui fait ressortir les pulsions animales foncièrement mauvaises de leurs ressortissants, et cela se voit notamment chez les plus jeunes. L'auteur donne une préconisation pour éviter cela : les jeunes clovaniens doivent s'inculquer le devoir de former une famille monogame hétérosexuelle.
Cette thèse ne postule aucun lien à quelque dieu que ce soit, et ne précise pas réellement les bonnes valeurs que ce système d'organisation est censé protéger, elles sont réunies sous l'appellation de "Beauté". Le livre est réellement présenté comme une analyse factuelle de la situation de la jeunesse Eurysienne des pays capitalistes, qui n'implique aucune croyance.
Cet essai est pourtant bien une opinion, et n'a aucune portée scientifique. Des civilisations se sont bel et bien développées en formant des familles polygames (al-Sessay, 1970,
Zeitzen, 2008), et il existe des civilisations dans lesquelles l'éducation des enfantes est assurée en communauté, se partageant le soin aux enfants (Kazuhi & aon Nari, 2008 ; Cozahtli et al., 2009), la famille monogame hétérosexuelle n'est dont pas un prérequis au maintien d'une civilisation. Des groupements humains non civilisés ont aussi des règles concernant le sexe et la reproduction (
Nash, 1981 ; Putyuk et al., 1993), les comportements culturels et instinctifs sont fortement imbriqués et évoluent en tandem au fil des générations chez différentes espèces animales (
Whitehead et al., 2009). Dans les sociétés eurysiennes, l'amour n'a pas toujours été un prérequis au mariage (
Sheehan, 1997 ;
Coontz, 2006). Rien ne justifie scientifiquement l'idée selon laquelle des systèmes familiaux non monogames, non hétérosexuels, non patriarcaux, et ne cohabitant pas sur de longues périodes empêche l'éducation des enfants ou menace la continuité de l'espèce humains ou la survie d'une civilisation, ni que cela encourage des comportements contraires aux normes morales de la société, même en se restreignant à un contexte eurysien.
Cet essai n'est pas destiné à des chercheurs, il ne peut pas passer une revue pas les pairs, et s'adresse directement à des jeunes clovaniens à la fin, mais de l'autre côté, les textes universitaires ne sont pas le moyen le plus aisé d'atteindre la jeunesse clovanienne. Car ce texte garde une forme qui ce veut académique, et ce, dès l'annonce de l'auteur. Il y a un milieu dans lequel cet essai s'est répandu très rapidement : les milieux masculinistes, traditionalistes et d'extrême droite des pays libéraux proches : Fortuna, Milouxitania, Carnavale, Youslévie, Arcania (voir Ocaña et al., 2010). Ce texte a été très rapidement cité et traduit et a inspiré de nouveau travaux. En Milouxitania, sont apparus plusieurs travaux sur l'efféminement des hommes et la façon dont il retirait le pôle paternel du couple, en Fortuna et au Naveces, le texte a soulevé un tas de questionnements sur la perte d'un repère divin (répertorié par Ocaña & Pérez Cardenal, 2010). Il s'agit de tout un milieu pseudo-académique parallèle produisant des centaines d'articles légitimant les systèmes sociaux qu'ils défendent : en général des sociétés très hiérarchisées aux institutions sociales figées, des rôles de genre fortement délimités dans lesquelles les hommes sont en position de pouvoir et dans certains cas, des sociétés très religieuses, xénophobes, militaristes (Ó Conbhuide, 2006). Si les milieux d'extrême-droite produisent bon nombre de texte à volonté académique, leur légitimation passe par des institutions nationales, les pays conservateurs comme la Clovanie et Prima deviennent ainsi des centres de légitimation académiques de ces milieux, tout en y répandant leur vision officielle du traditionalisme à promouvoir (Åkerlund et al., 2005). Ces pays disposent par ailleurs de leurs propres canaux d'édition scientifique qui leur permet de publier les articles qu'ils souhaitent à prix réduit. Cette production légitimée comme universitaire est d'ailleurs une part importante de la radicalisation vers l'extrême droite de ressortissants de ces pays libéraux. Lorsqu'un nouvel arrivant dans un groupe d'extrême droite est initié à de tels travaux académiques, il est peut développer une véritable érudition reconnue par ces pairs, la production de travaux académiques pouvant même constituer une fonction essentielle au sein d'un tel groupe (Anchuteguiecharte & Conejero, 2002). L'étude de ces textes implique également la personne lui demande du temps qu'il ne souhaite pas par la suite considérer comme inutile, il remettra d'autant plus difficilement en cause l'idéologie du groupe (Dérocles, 2001 ; Sandić & Trkulja, 2008). Enfin, ces travaux pseudoscientifiques transmettent non seulement l'idéologie du groupe, et en général du gouvernement qui légitime ces travaux, mais également une défiance tant envers les groupes adverses (
Dixit, 2002), qu'envers les discours académiques officiels (
Bordignon, 2003).
Les conséquences sont diverses : circulation d'informations erronées, légitimation de violences, naturalisation de dominations ethniques et patriarcales, inondation des bases de données scientifiques d'articles de mauvaise qualité, recrutement accéléré de nouveaux membres. La recherche scientifique dans de tels pays traditionalistes n'est pas indépendante du gouvernement, et son financement dépends directement de la capacité des chercheurs à trouver des résultats conformes à la vision officielle du gouvernement (
Alexander, 1949, Toshikazu et al., 1991). Les articles produits sont généralement publiés après une revue par les pairs interne par des chercheurs du même milieu académique alternatif, si revue par les pairs il y a. Les résultats peuvent être utilisés au sein même du pays pour justifier des politiques prises à l'encontre de sa population, naturaliser des discours politiques présentés comme objectifs, et placer les élites du pays dans une position de supériorité intellectuelle sur le peuple qui ne comprends pas ces travaux académiques, et le pays en position de supériorité car dépositaires de valeurs "scientifiquement prouvées" comme supérieurs à celles de cultures étrangères (Gérin-Lajoie, 2000).
En contrôlant la publication scientifique, l'état tente de s'assurer un contrôle du discours objectif, donc par extension, de dépolitiser son discours pour en faire une description objective de la réalité. Il est peu probable que cette politique scientifique soit planifiée, il s'agit probablement d'avantage d'une production scientifique biaisée à laquelle le gouvernement croît. Certains académiciens alternatifs du pays ou des pays voisins savent ce qu'ils font et instrumentalisent clairement la science, ce qui est apparu par exemple dans l'affaire Pena en 1995 ou dans le scandale Syngis en 2007. Les sciences les plus instrumentalisées sont des sciences humaines et biologiques, tels que la sociologie, l'histoire, la génétique, l'évolution, la psychiatrie, l'éthologie. Mais même les mathématiques ou la chimie peuvent en être mises à contribution.
A côté de cela, et parfois par les mêmes personnes, se développe un discours antiscientifique et anti-intellectuel...
Certaines références sont issus de vrai travaux de notre terre véritable, mais pas toutes. S'il n'y a pas de lien hypertexte, c'est inventé. Les raisons sont multiples : trouver des référence, ce n'est pas simple, je fais du RP et ne prétends pas produire un véritable travail scientifique et parfois, des sources fictives ont plus de sens dans le lore. Les dates d'articles réels qui dépassaient 2010 ont été modifiées (en général, elles sont alors laissés en-dehors du lien hypertexte).