
Dans le reste de l’Eurysie l’on dit parfois que c’est la constante anormalité de Carnavale qui mesure la normalité du reste du continent. C’est une façon de jeter la Babylone au bout de son promontoire de granite, là-bas vers la mer, tenue à distance par la solitude de sa kleptocratie frénétique et le dérèglement interne qui en découle. Tant que rien ne va à Carnavale, tout va bien ou presque dans le reste du monde ; c’est ce que l’on a pu se dire dans les savants bureaux d’experts des grandes métropoles du Vieux-Monde lorsque, avec la surprise de sa constante imprévisibilité, Obéron Industries se félicitait d’avoir pulvérisé au missile une cathédrale en Aleucie – tant que Carnavale restera absurde, nous sommes en sécurité, calculèrent les crânes d’œuf de la plus grande organisation interétatique au monde en orchestrant contre l’isolé phare de la folie une intimidation de représailles insincère et de pure forme, renforçant plutôt qu'affaiblissant la publicité commerciale des industries balistiques qui, tant qu'elles resteraient concurrentielles, se garderaient espérait-on d'être une menace sérieuse. Tant que le marché s’y saisit de tout, l'Etat n'y comptera pour rien, et de géant militaire, on aura fait un nain politique ; pensent ceux qui oublient parfois que le degré ironique est un atout sur le velours vert de la table ronde, où cartes cachées et masques de fête densifient un jeu à la finalité mortelle.
L’orage était revenu comme pour s’y acharner. Ses gros rouleaux tonnaient dans l’ombre du ciel et Yu s’était précipité à l’abri car en cette période de production montante dans les secteurs industriels des explosifs et des produits d’entretien, la qualité de l’air doublée d’une météo humide met en grande souffrance les surfaces sensibles à l’acidité. La pluie acide tombe comme la pluie normale mais à la façon dont les gouttes en ruissellent de rigoles percées, trouées, démontées, on comprend qu’il vaut mieux ne pas se tenir longtemps dessous.
La pluie acide est un phénomène saisonnal ; elle arrive aux périodes humides conjuguées aux contrecoups des gains boursiers du secteur pharmaceutique. Le Lofotexit ayant conduit la puissance nordique à sortir du monde, les industriels Carnavalais se retrouvaient en position maîtresse sur le marché du détartreur à oléoduc, du vinaigre ménager, du propyzamide et du dimoxystrobin pour la toux légère, ou encore de l’hydroxyquinoline pour résoudre les problèmes d’impotence, toutes marchandises dont quoi que pouvaient en faire les bien savantes autorités sanitaires des Etats membres d’organisations commerciales diverses, raffolent les gens car ça marche bien quand on en met assez. De cet attrait pour les molécules Dalyoha résultait un accroissement des cadences de production et certes peut-être le dépassement de certains niveaux que le Conseil Municipal, s’il avait été moins bête ou moins corrompu, aurait prévu de mesurer ; et quand l’air saturé de dioxyde de soufre provenant de la cuisson des matières premières était pris dans les précipitations météorologiques fréquentes sur la côte occidentale, il en résultait une pluie bouillonnante, dont la mesure du pH aurait fait frémir les chimistes les plus hétérodoxes des centrales du Drovolski.
Abrité dans la boutique Yu regardait l’eau tomber dans la rue. Une vague de chaleur humide se heurtait au froid sec descendant du pôle et en se tournant autour les deux masses atmosphériques se frottaient l’une à l’autre, s’arrachaient des électrons comme des amants qui se battent, et dans cette tension éclatait des pics foudroyants qui lézardaient comme des éclairs la surface écartelée du ciel. Elle tombait chaude et dégueulasse cette pluie, délivrant une odeur d’ozone mâtinée d’autres composants qu’à coup sûr les ingénieurs de Bourgléon mettraient un point d’attention à mesurer, non pas par souci de santé publique, mais par intérêt scientifique ; les Jardins botaniques, loin de s’en plaindre, s’en glorifiaient. Ils ouvraient obscènement leurs feuilles larges pour la laisser dégouliner, cette huile sale, cette saloperie, jusqu’au fond de leur trachée végétale, imbibant leurs feuilles recouvertes d’une chitine surnaturelle, saturant leurs racines plongées dans ce que la terre compte de plus innommable ; à Carnavale les enfants du vice se reconnaissent dans la pisse du Diable et y ouvrent grand la gorge.
— Maïs grillé ?
L’odeur appétissante provenait d’un vendeur à la sauvette qui, s’étant aussi réfugié sous le hauvent de la quincaillerie, avais soufflé à nouveau sur ses braises pour reprendre son petit commerce. Yu le regarda mais tourna les talons, rejetant l’offre ; quelqu’un d’autre au contraire s’avança pour échanger contre deux pièces argentées un en-cas sous la pluie.
— Le trafic est interrompu entre la place des Epaves et la porte des Echassiers pour cause de submersion de la voie. Veuillez vous référer aux autres itinéraires proposés…
La voix synthétique raisonnait dans le pôle multimodal de Capricorne-Princesse Eugénie. La gare était un grand hall sombre traversé par une foule souffreteuse. Des êtres informes poussaient devant eux des caddies ; dans les coins de carrelage malodorant dormaient des cocons de couvertures rempliées sur des sans-abris ; on se pressait dans les allées pour rejoindre les correspondances. Le tram était interrompu, constata Yu. Il se mordit la lèvre en pestant intérieurement. La pluie dehors redoublait d’intensité, interdisant tout trajet à pied. Mais pour la quarante-quatrième avenue, il n'y avait rien d’autre à faire qu’attendre que le trafic reprenne, ou bien prendre le passage souterrain qui menait à la station jumelle, de l’autre côté de l’autoroute.
— Copium ?
Une figure ravagée le regardait. Les cernes étaient marqués par l’amincissement d’une peau en état de décomposition. Le dealer gardait une main sous son manteau qui aurait très bien pu tenir une arme.
Yu fit non de la tête. L’autre cracha par terre avant de s’en aller. Les sachets de copium, savant élixir délivrant jouissance physique et calme psychique, permettaient au corps de s’abstraire de son état pour retrouver la chambre silencieuse du monde mental ; là, entrant en méditation devant le gong de la force spirituelle, le toxicomane profitait d’une accalmie que plus rien d’autre ne saurait lui fournir dans ce monde sans fin, sans tête, sans trêve.
Vivre à Carnavale devait être une gageure pour rester sain d’esprit ; c’était ce calcul que faisaient les grands empires autant que les Maisons Nobles ; tisonné comme un poulet sur les braises, le peuple, assailli par toutes les maladies, les catastrophes et les folies possibles, n’en représenterait que davantage une pâte élastique, malléable à l’envi, dont on retirera la substantifique moelle de la plus-value avant de le jeter, comme un détritus dans un bac de terreau, pour qu’il se régénère en hargne de réussir et appétit d’intérêt aisément manipulable au fond des rez-de-chaussée de la ville.
Les bulles pétillaient dans la coupe ; elles se glissaient, toutes réjouies à travers le liquide doré, jusqu’à la surface du ménisque où s’amoncelait une douce écume blanche comme la peau d’un Blême. Le parfum fruité et les vapeurs délicates de l’alcool demeuraient contenues dans la forme évasée du verre de cristal, que Phlalie tendit à Coranthym.
Une musique associant rythme sableux de la danse et calme mélodique d’une guitare tropicale étoffait l’appartement d’une atmosphère décontractée et rafraîchissante. Les convives, debout ou bavardant indolemment sur les fauteuils du salon, dégustaient des cacahouètes enrobées d’un caramel au matcha fourrées avec une substance noire qui aurait aussi bien pu être de la pâte de sésame salé que du nécromélange. La façon qu’avait la marque de revisiter les spécialités culinaires mondiales dans ses biscuits apéritifs aurait occupé sans doute l’essentiel de la conversation s’il n’y avait pas la course aéronautique du Grand Trophée Castelage à commenter. Mais d’une caresse aussi sincère qu’autoritaire, Phlalie détourna Coranthym qui s’apprêtait à briller devant les invités pour lui murmurer à l’oreille.
— Chou, tu voudras bien mettre les œufs à réchauffer.
Il sourit bizarrement mais s’exécuta car sa mère baissant les paupières confirma l’ordre de sa fiancée. A vingt-deux ans on a juste l’âge d’obéir à la puissante femme qui régentera votre vie ; le jeune homme, aux cheveux teintés de reflets blonds et à la peau dorée par les rayons orangisants d’un salon de beauté idéalement situé sur l’une des tours des Luminaires, se dirigea vers l’arrière-cuisine. Il saisit les plateaux de petits en-cas, des fœtus de chat grâtinés au basilic et à la moutarde, pour les enfourner.
— On n’attend plus personne ? demanda Agartha à Phlalie.
— Si, une personne.
Phlalie reporta son regard sur les convives. Les hommes arboraient une coupe gominée ou un smoking blanc encravaté de couleurs, selon une mode bien propre aux quartiers ouest proches de la plage. Les femmes avaient un chignon lisse et bien relevé au-dessus de leur tête, qui leur donnait l’air d’ampoules géniales. Ceci fait, Coranthym saisit une coupe et s’approcha de ses amis qui contemplaient, à travers la baie vitrée du balcon, la vue sur Carnavale.
— Alors, Martrein, tu regrettes pas trop ?
— Ah, putain de salope !
L’intéressé pesta ouvertement sans se soucier de politesse de langage car à Carnavale les mœurs ne sont pas aussi guindées que dans les fêtes ennuyeuses de la vieille société eurysienne. Autour d’eux, quelques amis rirent ; l’intéressé se récriminait contre la décision stupide qu’il avait eu d’investir dans Zamour & Associés, l’un des plus grands cabinets d’avocats du pays, quelques jours avant la retentissante nouvelle de la décision du Tribunal Populaire dans le litige Obérons Industries v. Laboratoires Dalyoha, motivée par l’interférence entre les ondes de brouillage de leurs appareils et celles de l’implant neuronal des pilotes, et qui avait abouti à donner raison à la partie défendue par Macqueusais® contre celle représentée par Zamour & Associés ; de cette décision il avait résulté une chute du cours de Zamour dont se détournaient les investisseurs vu sa défaite dans les tribunaux. Celui qui échoue à défendre une Noble Maison perd en général son statut sur la place de Carnavale, où les arbitrages judiciaires sont aussi courants et nécessaires au bon fonctionnement de la société que la masturbation vespérale l'est à la détente de l'organisme ; à la fois rouages du système (qui autrement sombrerait dans la guerre civile, comme il y a un siècle) et contentieux intenses en spéculations (qui attirent mouches, abeilles et frelons financiers), les litiges inter-maisonnées provoquent régulièrement des fracas d’armes numériques et boursières affolants. En d’autres termes, à peu de choses près, Martrein s’était ruiné ; si le cours continuait à dévaler la pente, il ne serait même plus invité chez Coranthym. Lequel, d’ailleurs, se détourna bientôt de lui en entendant la sonnette.
Yu s’engouffra dans le funiculaire au moment où la pluie, soufflée par une brise de terre, était chassée vers l’océan. Bourgléon en recevrait quelques gouttes ; la cabine démarra son ascension le long du câble qui conduisait à l’Elysée, un groupe d’immeubles de deux-cent étages environ construits dans les années 1930 par l’architecte et fameux styliste Erwin Bergliora ; leur silhouette élégante et Art Nouveau, scintillante sous les rayons du soleil qui parvenaient parfois à transpercer la voûte épaisse et nuageuse du ciel, donnait un aperçu du rêve mégalomaniaque de celui qui avait pensé un habitat par et pour les plus riches, dans le confort et la paix de la lumière, à une hauteur depuis laquelle les tréfonds de la ville basse sont dissimulés l’essentiel de la journée par un brouillard de condensations marines et de particules fines. Le funiculaire permettait d’accéder à une plateforme « en altitude », perchée au-dessus du marasme infernal dans lequel gangs, paroisses militarisées et chiens sauvages s’affrontaient ; plusieurs étages, complètement obstrués par une épaisse couche de béton, séparaient le monde des vivants – en haut – de celui des morts ou presque – en bas. Le coûteux ticket de funiculaire permettait d’arriver à ce salon digne d’un zeppelin lofotène où l’on pourrait ensuite retrouver son chemin vers les passerelles intertours et le réseau d’ascenseurs. Il s’y trouvait aussi des centres commerciaux, constamment ravitaillés par un grand aspirateur pneumatique, où les habitants de cet habitat doré comme un nid d’aigle pouvaient à loisir trouver cosmétique, électroménager et produits raffinés du monde.
Arrivé à la plateforme, Yu vit s’ouvrir devant lui les portes du funiculaire et ses occupant en vider la cabine. Le carrelage étincelait sous la lumière artificielle ; il se glissa dehors. Passant devant un magasin de diététique qui vendait des herbes biologiques pour soigner les maux du corps, il songea qu’apporter un petit cadeau n’était pas de trop ; à l’intérieur, il choisit une crème à base d’orties délicates directement cultivées dans la fraîcheur des serres Dalyoha.
— Oh, Yu ! On n’attendait plus que vous.
La porte s’était ouverte sur le visage amène et pâle du jeune homme ; c’était Phlalie qui s’était exclamée, derrière l’épaule de Coranthym dont la main était toujours sur la poignée de la porte.
— Yu Beyazkedi.
Ils se serrèrent la main.
— Coranthym Beurce. Enchanté.
La jeune thésarde, le teint légèrement rosi par la poésie lubrique de faire se retrouver l’un en face de l’autre deux hommes dont elle a partagé la couche, invita le dernier arrivé à se joindre aux festoieries. On avait déjà entamé les fœtus de chats, dont la texture gluante ravissait les papilles insatiables de la grande bourgeoisie aux instincts prédateurs.
— Yu Beyazkedi est mon conseiller fiscal, avoua Phlalie en mentant à ses invités, toute effronterie ayant quitté son regard pour se réfugier dans les spasmes amusés de son ventre. Je l’ai invité pour faire mieux connaissance. Après tout, comme le dit le dicton : votre conseiller fiscal, c’est un ami vital !
Agartha leva un sourcil interrogateur. La jeune femme y répondit, diplomate.
— J’ai demandé à Monsieur Beyazkedi de me faire part de son analyse avant la première audition du procès.
— Je suis expert en question successorales.
Coranthym et sa mère regardaient l’intrus avec circonspection. Le litige qui les opposait à Obéron Industries devait rester relativement discret. Il consistait en la possibilité, pour la famille Beurce, de récupérer certaines participations au capital de l’entreprise qui avaient appartenu à Philippus avant sa mort. Philippus était le père de Coranthym et après son décès, l’entreprise à laquelle il avait dédié sa vie avait refusé de rétrocéder à son fils et à sa veuve plus d’un tiers des parts auxquelles ils prétendaient avoir droit au titre de l’héritage, valeur cardinale qui ne saurait être remise en cause ; plaidant cela, les Beurce n’avaient obtenu que silence de la part de la grande institution, et s’étaient trouvés dans l’obligation de déclencher une procédure devant un juge pour qu’on décrète leur droit à accéder à ces parts qui représentaient tout de même plusieurs milliers de chèques carnavalais. En monnaie de singe, ça fait beaucoup.
— Et vous êtes de quel cabinet, monsieur ? demanda Agartha, un peu inquiète de l’idée extravagante de sa future belle-fille d’avoir choisi un tel jeunot comme conseiller fiscal.
— A mon compte, madame ; je suis indépendant.
— Indépendant ?
Madame Beurce se mit à réfléchir à toute vitesse, soudain déstabilisée. Un conseiller fiscal indépendant ? C’est-à-dire… non côté en Bourse ?
— Je ne savais même pas que c’était autorisé, admit-elle.
— Yu est un professionnel de la négociation avec Obéron Industries. Pas vrai, Yu ?
— J’ai travaillé pour eux en tant que consultant, ajouta-t-il.
Sceptique mais silencieuse, Agartha tourna les yeux vers son fils qui mangeait des olives.
— Si cela peut nous permettre d’augmenter nos chances… soupira-t-il.
— Monsieur Beurce, croyez-moi, vous avez toutes vos chances. Phlalie m’a mis au courant des détails du litige. Obéron Industries semble avoir supprimé le profil de leur ancien salarié de leur base de données, mais vous pouvez encore prouver que votre père a existé. Ainsi, vous débloqueriez le droit à la succession qui, normalement, devrait lever tous les verrous pour que vous puissiez toucher les participations de monsieur Philippus Beurce, votre père…
— Et vous sauriez faire ça, prouver l’existence de mon mari ?
— Les juges ne s’intéressent pas à vos témoignages personnels. Vous pourriez leur proposer de visiter sa chambre, son bureau, montrer ses anciennes photos, son permis de conduire ou le trophée de chasse de ses vingt-trois ans, ils pourraient en conclure que le faisceau d’indices est insuffisant. Ce dont les juges ont besoin, c’est d’une copie du registre de l’entreprise…
— … Ce registre qui ne contient supposément aucune trace de mon mari, fit remarquer Agartha.
— Parce qu’il en a été supprimé, madame, voilà tout. Mais je sais comment accéder à la version antérieure. J’ai, pour cela, ma petite technique… qui a fait ses preuves dans les litiges précédents.
Un silence tomba. Phlalie avait les yeux qui brillaient. Elle prit la main de Coranthym, dont le cœur était saisi de l’espoir d’accéder enfin au pactole de la succession et en même temps tordu par un étrange sentiment vis-à-vis du conseiller fiscal qui, malgré son sérieux, avait un nom un peu bizarre…
— En tant qu’ancien consultant d’Obéron Industries, Yu connaît leurs méthodes de travail. Avec un petit tour de passe-passe, il saura retrouver le registre dont nous avons besoin…
Phlalie avait exprimé tout haut l’essentiel de la stratégie.
— Pour cela, il me faudrait un accès au bureau de monsieur Philippus… Pour copier ses données et les réinjecter dans la base d’Obéron Industries. Et ainsi, figurant à nouveau au registre, son existence deviendrait indiscutable.
— C’est possible, ça ?
Coranthym ne savait plus quoi penser. Phlalie insista.
— Le verdict est le mois prochain. Qu’avons-nous à perdre ?
Ils se turent pour réfléchir, quand soudain un
— Oooooh !
Tous les visages se tournèrent vers l’extérieur. Quelqu’un désignait du doigt un élément du paysage. On se pressa vers la baie vitrée. Dans le tableau gris et bleu de Carnavale, dans un coin du damier, un nuage de fumée se soulevait en même temps qu’un bâtiment disparaissait comme dans des sables mouvants.
— C’est quel coin ?
— Les Epaves, ça, non ?
Rongé par la pluie acide, fragilisé jusqu’au noyau de sa structure, un immeuble de trente étages venait de s’affaisser dans l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale, pour le plus grand plaisir des bourgeois qui applaudirent à ce fabuleux spectacle. En contemplant des hélicoptères de touristes richissimes surexcités à l’idée de survoler la ruine pleine de fourmis affolées, Yu se resservit de cacahouètes, et but un trait de champagne.