Au sujet de l'évasion massive de la maison d'arrêt Morris.
Madame, je vous écris ce courrier pour vous informer de récents développements dans l'affaire qui nous occupe, à savoir l'évasion massive de prisonniers de haute sécurité de leur prison de Manticore. Comme vos services l'avaient soupçonné, un certain nombre de fugitifs ont tenté de franchir la frontière gallo-teylaise au cours du mois de mars. Heureusement, nous n'avons à déplorer aucune tentative stupide et risquée par les montagnes du Massif des Soustëts, et donc aucun accident grave. Nous l'avions prévu, les fugitifs ont tenté de passer au Sud, par la plaine du fleuve Ligor. À ce jour, deux tentatives ont été identifiées : les jeudi 29 et vendredi 30 mars. Trois individus teylais correspondant aux signalement des fuyards que vous nous avez transmis ont été interpellés. Il s'agirait de Paul Maurasse, Jacques Gignon et Robert "Bob" Tcheczenko.
Je vous joint le rapport qui m'a été transmis par le Commandement National de la Police Militaire (CNPM), compilant les différentes pièces officielles du dossier policier et militaire de la procédure en cours de façon plus digeste. J'ai également versé au dossier les pièces du dossier judiciaire du monsieur Maurasse, mais j'y reviendrais.
Monsieur Maurasse est entré le premier sur le territoire national, jeudi 29 mars, et a passé une nuit dans la clandestinité à moins de 30 kilomètres de la frontière. Il s'est rendu le lendemain dans le chef-lieu de la province où il a demandé à être reçu à la préfecture. Il y a déposé un dossier, complet, pour demander le Statut de Réfugié politique conformément à la Loi de 1993 sur ce même statut. Il est donc actuellement protégé par l'enquête administrative en cours. Sauf erreur de ma part, il devrait être débouté dans sa demande, mais nous ne pourrons pas l'extrader vers Teyla tant que le juge administratif n'aura pas tranché. Entretemps, il a bien sûr été interpellé par et placé en détention provisoire.
MM. Gignon et Tcheczenko ont été interpellés vers 15h vendredi 30 mars par les services de police fluviale expressément déployés depuis le mois de février. Ils tentaient, semble-t-il, de franchir le fleuve Ligor en bateau pneumatique, afin d’éviter le pont de Joivly qui était surveillé. Ils étaient alors à une cinquantaine de kilomètres de la frontière. Ils ont été arrêtés par les services de police militaire et placés en détention provisoire sur le territoire national. Les agents de la DDS ont fait subir un interrogatoire aux trois suspects le 31 mars, ainsi qu'une confrontation le 2 avril. Ils sont arrivés à la conclusion que les trois individus interpellés correspondaient bien aux signalement des évadés de Morris. Dans le dossier que je vous ai joint, je vous recommande la lecture des annexes 3, 4, 6 et 7, les autres étant sûrement moins importante de votre point de vue.
Le Duché est disposé à extrader vos trois compatriotes vers le Royaume de Teyla dans les meilleurs délai. Les seuls que je peux vous confirmer pour le moment sont Gignon et Tchenczenko, pour le troisième, laissons la justice faire son office. Je reviendrais vers vous quand il sera débouté.
Dans l'attente de votre réponse, je vous prie d'agréer, madame, l'expression de mes salutations distinguées.
M. Yahnick Kard, ministre de l'intérieur du Duché
Premier rapport
Compilé par le brigadier-chef ████ ██████ du CNPM.
« Les officiers ducaux ██████ ████ et ███ ██████ ont rapporté les constats suivant à l’occasion d’une patrouille sur le territoire de la commune de Sant-Victor-la-Queue le 30 mars 2013, dûment consigné dans leur rapport. À 8h06, les officiers ont été alerté par les riverains de la commune de bruits et lumières suspects dans le bâtiment principal du 135 rue de la paix entre 21h et 4h. L’officier ███ ██████ note que le bâtiment est réputé être un squat. À 8h23, le propriétaire des lieux ouvre la salle principale aux agents. Ceux-ci constatent la présence de restes d’un repas et les traces de passage d’un individu X, notamment un trait d’urine d’un mètre de haut le long du mur extérieur et la présence de selles à 10 centimètres de profondeur dans la courette. Sur la base des témoignages du propriétaire, les agents se sont rendus sur le secteur de Rhosse, où il a été constaté une dégradation de la barrière délimitant la forêt régionale de Rhosse. [note de la DNPM : cette forêt est coupée en deux par la frontière avec le Royaume de Teyla]. »
« Les événements du jeudi 29 mars sur la commune de Sant-Victor-la-Queue sont suffisamment concordants avec l’hypothèse d’une violation du territoire national par un criminel teylais pour mener une investigation poussée. La priorité est de déterminer la trajectoire de l’individu X depuis son départ de Sant-Victor-la-Queue, la mobilisation de la DDS sur cet objectif doit être maximale. »
« À 14h le vendredi 30 mars, un individu d’une quarantaine d’années a été introduit dans mon bureau - je m’occupe des dossiers de renouvellement de citoyenneté, identité ou de régularisation. Il s’est présenté en français - je parle cette langue - comme étant Paul Maurasse, citoyen teylais, a décliné son âge et son adresse, et a demandé à recevoir le Statut de Réfugié. Son dossier était complet pour que la demande soit transférée au tribunal administratif de Poifflins, ce que j’ai fait. »
« L'individu interpellé le 30 mars 2013 était bien entré sur le sol national dans la nuit du 29 mars au soir. Il s'agit bien, après vérification, de Paul Maurrasse, évadé de la Prison Morris de Manticore, où il était incarcéré pour association de malfaiteurs terroristes, association en vue de fomenter un attentat terroriste et participation à un crime à caractère terroriste. Il peut donc être considéré comme dangereux. Les agents de la DDS ont exigé avoir droit sur le prisonnier qui a été immédiatement incarcéré en détention provisoire à ████████. »
Second rapport
Compilé par le brigadier-chef ████ ██████ de la CNPM.
« Le vendredi 30 mars à 14h52, la 2e lance de la 3e compagnie (secteur de Joivly) commandée par le sous-lieutenant ███ ██████ qui opérait au kilomètre 1 760 du Ligor sur vedette rapide M42-A a interpellé deux individus de sexe masculin s'exprimant en langue étrangère [note CNPM : il s'agissait du français, formellement identifié a posteriori par l'officier █████] naviguant sur une embarcation pneumatique. Après une sommation, un délit de fuite caractérisé et la sortie par le plus petit des deux hommes d'une arme automatique de catégorie C (postérieurement saisie et cataloguée), l'agent ████ ██████ a été contraint de faire usage de son arme de service, selon la procédure réglementaire, sur l'embarcation qui a aussitôt pris l'eau. L'embarcation a été saisie par la PM, il s'agit d'un canot pneumatique de fabrication pharoise, abimé en de nombreux endroits et consolidé au moyen de ruban adhésif. Les deux individus interpellés ont été immédiatement et formellement identifiés par le sous-lieutenant ███ ██████ comme étant recherchés, ils ont conséquemment été mis en état d'arrestation et placés en détention provisoire à █████████. »
« Les deux individus ont été interrogés par les agents ████ ██████ et ███████ ████ de la DDS. Ils ont reconnu être Jacques Gignon et Bob Tcheczenko, évadés de la prison Morris de Manticore. Ils ont nié être des terroristes. Ils ont demandé à voir un avocat, suite à quoi il leur a été signifié qu'en la circonstance [note CNPM : enquête] ils n'y avaient pas droit. Ils ont refusé d'exposer un motif quant à leur venue sur le territoire national, mais on pourtant nié à toutes les propositions qui ont été faites : perpétrer un crime terroriste, préparer un crime terroriste à l'étranger, renverser la monarchie, mener une action d'espionnage. Ils ont déclaré n'avoir entreprit le voyage qu'à deux et ne connaître personne d'autre. Lorsque le nom de Paul Maurrasse leur a été présenté, Tcheczenko a déclaré le connaître de la prison Morris, pas d'avant, et Gignon a nié avoir jamais entendu parler d'un tel individu. Mis face à son mensonge, il a prétexté une mémoire défaillante. Ces deux individus sont dangereux et ne sont pas digne de confiance, Tcheczenko étant probablement le plus sournois et Gignon le moins fiable. »
« Les trois individus teylais ont été réunis hier 2 avril au ████████ de ████████. Maurasse a ouvertement manifesté qu'il reconnaissait les deux autres, ce que Gignon et Tcheczenko ont nié. Maurasse a été le plus enclins des trois à collaborer. Selon lui, les trois se seraient rencontrés à ████████, à 15 kilomètres de la frontière côté teylais, avec un passeur ██ ███ ██ ████████. Les deux autres ont nié. Toujours selon Maurasse, leur but était d'obtenir le statut de réfugié politique en Gallouèse. Gignon et Tcheczenko ont approuvé et ont demandé expressément à pouvoir transmettre leur dossier. En raison de leur antécédent et de leurs agissements depuis leur entrée illégale sur le sol national [cf annexe n°5], ce droit leur a été refusé. Face au blocage évident, la confrontation s'est arrêtée là. [...] Suite à cela, dans la soirée, Gignon et Tcheczenko ont avoué avoir préparé leur passage avec Maurrasse lorsqu'ils étaient à Teyla. Il semblerait que les deux groupes se soient séparés le soir du jeudi 29 mars, du côté teylais de la forêt de Rhosse. Aucun des trois n'ont déclaré vouloir préparer un quelconque crime républicain en Gallouèse. Gignon prétend que leur entrée en Gallouèse n'avait d'autre motif que d'échapper à la justice teylaise, et Tcheczenko refuse de s'exprimer à ce sujet. De nombreux éléments nous font penser qu'il s'agissait de préparer des actions à Teyla depuis le sol gallèsant. »