09/06/2013
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[Conflits RP] Affrontements entre les Seigneurs de Guerre et le Culte caaganiste mandrarikan. - Page 3

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Rapport de situation quant à la progression des forces gouvernementales au Basango


5 novembre 2009 - Les Forces Claniques Combattantes perdent un peu plus d’une centaine de miliciens après avoir essuyé des assauts gouvernementaux dans le Basango.


Des soldats de la force gouvernementale engagés dans l'offensive au Basango, en train de patrouiller au milieu des carcasses fumantes, de plusieurs véhicules de la Force Clanique Combattante, détruits depuis les airs par l'aviation légère mandrarikane.
L’armée gouvernementale, engagée dans une offensive à l’Ouest du Basango, a déclaré avoir enregistré des résultats notables, dans ses affrontements face aux forces de la FCC.


Des officiers de l’état-major mandrarikan, ont rapporté aux chaînes du pays qu’une centaine de combattants de la FCC avait été défaite lors d’affrontements à l’Est du Basango.
“La musculation du dispositif militaire mandrarikan porte ses fruits” s’est félicité le colonel Hongaro Kuyubao, des forces gouvernementales mandrarikanes. En effet, les rapports portés à la connaissance des officiers de l’armée gouvernementale font état de perspectives enchanteresses, après la destruction de nombreux convois de la FCC, contraints à se replier plus à l’Ouest de la région. “Les résultats des initiatives militaires entreprises au Basango, commencent à se faire notables…” Constate une nouvelle fois l’officier, arborant face à notre caméra les premières données chiffrées des avancées militaires au Basango. En effet et pour la première fois, la coalition des seigneuries de guerre affiliées à la Force Clanique Combattante connaît des revers constants depuis le démarrage de l’offensive gouvernementale.

Le 2 novembre dernier, une vidéo gouvernementale, filmée par les militaires engagés sur le front au Basango, relatait le niveau de destruction et la capture de plusieurs véhicules appartenant à la FCC, abandonnés sur place par des soudards contraints à une retraite précipitée.

Sur les scènes de cette vidéo, les corps d’une dizaine de combattants des FCC apparaissent, un “simple échantillonnage des pertes réelles de la FCC” nous assure le colonel Kuyubao. Il faut dire que le comparatif des équipements aujourd’hui présentés par les forces gouvernementales mandrarikanes et ceux opposés par les milices de la FCC est très largement en faveur du premier.

“L’aviation légère composée des escadrilles d'hélicoptères fait beaucoup de bien. Elle surprend les positions ennemies, très faiblement équipées en défense antiaérienne et détruit des positions lourdement armées, ce qui limite nos pertes humaines au sol même si celles-ci restent trop élevées en contrepartie des pertes, fussent-elles colossales, parmi ces engeances de la FCC…” Les chiffres qui accompagnent les propos de l‘officier sont effectivement éloquents, faisant état d’une centaine de morts parmi les miliciens de la Force Clanique Combattante, là où l’armée gouvernementale enregistre quant à elle cinq pertes, des pertes subies lors d’escarmouches et embuscades dans des territoires réputés repris.

Les pertes causées à l’ennemi sont le résultat d’actions militaires offensives, accompagnées d’un étalage brut de la puissance de feu des armées gouvernementales. Une approche payante face à laquelle les éléments combattants de la FCC n’ont manifestement pas les moyens de lutter, s’obligeant à organiser des embuscades contre des unités gouvernementales relativement isolées pour espérer entraîner des pertes chez l’ennemi. Une solution insuffisante, pour marquer la différence, et surtout mettre fin à l’offensive gouvernementale en cours, destinée à pousser plus à l’Ouest du Basango.

Selon le récit d’un officier de l’armée mandrarikane, un convoi de la FCC, composé d’au moins une vingtaine de véhicules, aurait pu être intercepté par l’aviation légère, alors qu’il effectuait une manœuvre de repli face à la progression des troupes gouvernementales. Un coup réussi selon le représentant des autorités, qui nous déclare avec assurance qu’au moins 50% des véhicules identifiés ce jour-là ont pu être détruits. “Notre opération aérienne aurait pu causer beaucoup plus de pertes à l’ennemi mais nos hélicoptères ont manqué de munitions… Ces rats ont eu de la chance.”

Mais pour l’officier, l’incapacité de l’aviation légère mandrarikane à détruire l'entièreté du convoi est un échec profitable après qu’une partie des véhicules restants aient littéralement été abandonnés sur place par les miliciens de la FCC. Une perte des FCC doublement dommageable, après la capture de ces véhicules par les soldats des forces gouvernementales engagés au sol. “Les unités blindées de reconnaissance ont pu mettre la main sur plusieurs équipements et engins dont un char léger qui manquera lourdement aux seigneuries de guerre affiliées à la Force Clanique Combattante.”

Avec ses récentes victoires, notamment à Kilibange où elle avait défait une seigneurie de guerre alliée aux forces gouvernementales, la Force Clanique Combattante (FCC) avait l’espoir de pouvoir tenir la partie occidentale du Basango, persuadée que les terres arables cédées par le gouvernement au clan Mamangy, l’allié meurtri de ce dernier, ne verrait plus jamais des soldats gouvernementaux fouler son sol.

Un espoir aujourd’hui douché à l’eau froide, et qui se paie cash quand l'on voit que certaines seigneuries engagées au sein de la FCC, n’avaient pas hésité à mettre à disposition de la coalition armée, le fer de lance de leur parc militaire, notamment un vieux char de conception novigradienne et acquis sur les marchés noirs, aujourd’hui capturé par les forces gouvernementales.

L’emploi de l‘aviation légère par les forces gouvernementales mandrarikanes change la donne, en ce sens qu’elles donnent beaucoup plus de rythme et de mobilité à leur offensive. En effet, avec l’emploi de cette aviation légère, ce sont plusieurs positions ennemies et lourdement armées, qui ont pu être frappées de façon quasi-simultanée, empêchant le repli effectif de l’une d’elle ou des actions de coordination avec les autres unités de la FCC environnantes, ce qui aurait été dommageable pour les troupes gouvernementales engagées au sein de l'offensive débutée ce mois-ci.

Peu habituée à se voir opposer des unités aériennes, la Force Clanique Combattante a de son côté des moyens de lutte contre l’aviation de combat particulièrement limités, ce qui rend d’autant plus destructeurs les assauts aériens perpétrés par les hélicoptères de combat des forces gouvernementales. Une supériorité aérienne qui paie et qui ne pourra pas, malheureusement pour la Force Clanique Combattante, être contrebalancée ou même compensée, tant par le déploiement d’unités aériennes, justifiant de trop de pilotes pour ce faire, que par l’emploi de nouvelles unités antiaériennes, par un cruel manque de moyens.

La domination aérienne du gouvernement de Mpiko devrait fortement influencer la suite des opérations militaires au Basango, considérant l’incapacité des éléments de la FCC, à se mouvoir rapidement pour surprendre l’armée gouvernementale sur des positions que son offensive en cours aurait “fragilisé”. Le caractère obsolète des moyens de lutte antiaériens déployés par les Forces Claniques Combattantes, ne devrait pas priver les forces de l’armée de l’air mandrarikane, d’une victoire écrasante dans ses opérations à venir. Une réussite militaire, qui relègue au second plan les récents efforts d’investissement entrepris par les autorités gouvernementales dans le parc militaire, après la production et l’acquisition d’une quarantaine de véhicules blindés.

La domination aérienne du gouvernement mandrarikan est un sinistre présage pour les seigneurs de guerre s’opposant à lui, car il est évident que leurs forces perdent en mobilité et risquerait prochainement d’être encerclées si des manoeuvres aéroportées s’effectuaient autour des “places fortes” de la FCC, localisées. Sur terre, et bien que la nouvelle dotation de véhicules blindés par le gouvernement peine encore à trouver les opportunités d’affirmer sa valeur ajoutée, les rares affrontements qui ne soient pas rapidement remportés par l’aviation légère gouvernementale sont malgré tout remportés par sa force terrestre.

De son côté, la Force Clanique Combattante ne s'est pas exprimée officiellement, quant aux récents revers qu'elle a pu subir de la part des autorités gouvernementales, allant même jusqu'à défendre la désinformation, selon laquelle elle tiendrait toujours l'Est du Basango. Une communication mensongère, qui ne peut que passer auprès de ses communautés, puisque celles-ci ne jouissent pas de la même accessibilité aux informations et aux reportages, qi peuvent clairement attester de la débâcle des forces armées de la FCC, à l'Est et au centre la région du Basango, une terre d'affrontement et de rivalité honnie par les autorités gouvernementales.
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26 décembre 2009 - Récit 1 sur 4 : Bataille de Tiadougou, une victoire gouvernementale décisive selon les experts locaux.


Pillards et soudards de la Force Clanique Combattante.
Acculées dans la ville de Tiadoudou, les miliciens de la Force Clanique Combattante essuie un nouvel échec majeur, après le début de la grande offensive gouvernementale, destinée à libérer le Basango.


Les affrontements qui donneront forme à la bataille de Tiadougou ont débouché sur une victoire de premier ordre pour les forces gouvernementales engagées dans l’offensive sur les bastions des seigneurs de guerre affiliés à la Force Clanique Combattante (FCC). Conclue par la victoire des troupes mandrarikanes face à celles des seigneuries de guerre des clans Tsiandopy et les Jaonarison, la bataille prive de la FCC d’un important corps d’élite installé à Tiadougou avec de nombreux matériels et équipements qui manqueront, à n’en pas douter, aux troupes de la FCC tandis que la prise de Tiadougou par les forces gouvernementales retire du service une grande plateforme logistique où les véhicules des seigneuries de guerre étaient réparés et conditionnés au combat. La ville de Tiadougou est en effet une ville de dix-sept mille habitants affiliés au clan Tsiandopy, un des trois clans majeurs appartenant à la FCC. Cette dernière, était inscrite parmi les objectifs de guerre défendus par le gouvernement mandrarikan, lorsqu’il a lancé sa grande offensive pour la libération du Basango.

La perte de Tiadougou est un coup dur porté aux seigneuries de guerre affiliées à la FCC car c’était une ville sympathisante de la cause seigneuriale. Le FCC occupe effectivement quelques villes anciennement sous le contrôle gouvernemental mais ses grandes villes d’obédience clanique sont jusqu’ici très limitées et l’arrivée de forces claniques dans les espaces urbains sous administration gouvernementale reste très mal accueillie par les populations, partagées entre l’aversion et la terreur de partager un espace public avec ces milices présentées comme sanguinaires.

Se faire attaquer sur ses fiefs est donc une chose particulièrement nouvelle pour les forces claniques combattantes, qui semblent clairement aujourd’hui perdre l’initiative. Il faut dire que les récentes acquisitions de véhicules militaires par la Mandrarika, achetés aux industriels étrangers, viennent considérablement motoriser l’armée nationale et lui permettre une projection en nombre dans l’arrière pays. Une motorisation et des équipements impactante pour l’évolution des combats qui profite pour l’instant et clairement au gouvernement du premier mandrar, Rakoto Manorohanta.

Si l’on fait grand cas de la plateforme logistique et automobile présente à Tiadougou, la perte de la ville signifie également la perte d’un semblant de réseau bancaire matérialisé par une agence présente dans la ville libérée. Un réseau bancaire qui, ébauche d’une économie parallèle propre aux seigneuries de la FCC, facilite la gestion économique et financière de la micro-communauté des Tsiandopy.

FORCES EN PRESENCE

La bataille de Tiadougou oppose les forces claniques combattantes de deux factions majeures de l’organisation, à celles des forces gouvernementales mandrarikanes.


Contingent de la Force Clanique Combattante a écrit :
Les troupes de la FCC des clans Tsiandopy et Jaonarison, peuvent se détailler de la manière suivante :
  • 400 soldats d’élite du clan Tsiandopy (soldats professionnels),
  • 750 miliciens du clan Tsiandopy (soldats réservistes)
  • 500 miliciens du clan Jaonarison (soldats réservistes),
  • 60 francs-tireurs clan Jaonarison (soldats professionnels)
  • équipements et armements individuels divers

BLINDÉS ET VÉHICULES DE COMBAT
  • 5 chars légers,
  • 15 véhicules blindés légers,
  • 8 véhicules de combat d’infanterie,

TRANSPORTS, COMMANDEMENT ET LOGISTIQUE
  • 85 camions de transport,
  • 20 transports de troupes blindés,
  • 5 camion-citerne,
  • 120 véhicules légers tout-terrain,
  • 3 véhicules de transmission radio,
  • 1 véhicule radar.

DCA
  • 27 canons antiaériens,

ARTILLERIE
  • 30 mortiers tractés,

AVIATION LÉGÈRE (support possible mais non basé à Tiadougou)
  • 4 hélicoptères légers polyvalents,
  • 4 hélicoptères de transport moyen,
  • 1 avion d’attaque au sol,
  • 1 avion de chasse.

Contingent de l'armée nationale mandrarikane a écrit :
Ces forces en défense sont opposées à celles de l’armée gouvernementale, placée sous le commandement du Général de brigade Kitwunu Ramadhani et comprenant:
  • 1000 soldats de l’armée nationale mandrarikane (soldats professionnels),
  • 400 appelés de la réserve opérationnelle (soldats réservistes),
  • équipements et armements individuels divers.

BLINDÉS ET VÉHICULES DE COMBAT
  • 20 véhicules blindés légers,
  • 3 véhicules de combat d’infanterie,
  • 6 chars légers.

TRANSPORTS, COMMANDEMENT ET LOGISTIQUE
  • 20 transport de troupes blindés,
  • 60 véhicules légers tout-terrain,
  • 30 camions de transport,
  • 5 camions-citernes,
  • 5 véhicules de transmission radio,
  • 1 véhicule radar.

DCA
  • 6 lance-missiles antiaériens.

AVIATION LÉGÈRE
  • 1 chasseur-bombardier,
  • 3 hélicoptères d’attaque,
  • 3 hélicoptères de transport moyens.

CHAMP DE BATAILLE

Les affrontements relatifs à la prise de Tiadougou par les forces gouvernementales sont essentiellement cantonnés au sein de l'espace urbain de cette ville. Et pour cause, les chefs de clan de la FCC ne voulaient pas croire à une offensive gouvernementale dans l'Ouest du pays, ce qui les a invité à cantonner leurs troupes au sein des agglomérations leur appartenant.

Cartographie de Tiadougou et ses environs, répartis par secteur d'opération.
Cartographie de Tiadougou et ses environs, répartis par secteur d'opération (clic gauche pour agrandir).

La ville de Tiadougou a été une composante essentielle de l'offensive gouvernementale à l'Ouest du Basango, et la réussite de sa capture par les forces de Mpiko résulte nécessairement d'une analyse scrupuleuse définie par l'état-major de l'armée nationale. Pour appréhender ce théâtre hostile, les officiers en charge de l'offensive sur la ville ont découpé celle-ci en six secteurs destinés à coordonner les manœuvres des troupes. Il faut dire que lorsque vous attaquez une ville, les soldats n'ont pas tous la connaissance des quartiers et noms de place s'y rattachant, c'est pourquoi, lorsqu'ils souhaitent communiquer sur des positions hostiles ou des progressions amies, ils emploient des numéros de secteurs pour permettre à chacun une compréhension et une intelligibilité rapide de la situation ainsi que du positionnement des forces sur place.

Secteur A : le secteur A désigne l'extrémité Ouest de la ville, c'est-à-dire précisément la zone de repli permise pour les forces claniques combattantes dans le cas (et ce sera justement le cas) où les positions des troupes FCC stationnées en ville ne seront plus tenables. Ce secteur abrite plusieurs grands sites d'exploitation du secteur primaire, comme les activités minières et diamantaires, ce ne sont donc pas des espaces urbains à forts risques pour la progression des troupes gouvernementales et leur sauvegarde apparaît d'intérêt pour le gouvernement à Mpiko, qui serait soucieux de rapidement relancer l'économie locale par la réouverture immédiate de ces sites. Leur éloignement de la ville laisse effectivement entrevoir, la possibilité d'y limiter les combats et autrement dit, les destructions associées.

Secteur B : le secteur est caractérisé par la présence d'un espace résidentiel périphérique à Tiadougou. Il s'y trouve un niveau de développement résidentiel modéré, directement lié à la présence de petites exploitations agricoles locales, elles-mêmes dépendantes des aménagements et autres installations d'irrigation, ayant permis l'installation de terres fertiles et arables sur ce secteur. Malgré son caractère "périphérique", les espaces agricoles qui longent le centre de Tiadougou sont d'une importance capitale pour le clan Tsiandopy. Cependant, leur capture ne l'étant pas pour le gouvernement mandrarikan de Mpiko, leur destruction pure et simple reste l'option la plus viable.

Secteur C : cette zone est clairement le centre névralgique de Tiadougou car elle y renferme son centre-ville et l'essentiel des espaces communautaires et institutionnels nécessaires à la bonne marche de cette ville hors norme, cet état dans l'état. La prise de ce secteur, avec ou sans dommages majeurs, constitue une priorité pour les forces gouvernementales, puisqu'elle aurait vocation à décapiter, dans un premier temps seulement, le centre de décision opérationnel dans la région.

Secteurs D et E : Ces secteurs ne revêtent pas d'intérêts stratégiques ou même tactiques pour la suite des opérations gouvernementales amorcées par la grande offensive. Cependant, elles constituent des zones de risque par l'importance des voies routières qui s'y trouvent, permettant une exfiltration rapide des ennemis mais aussi et potentiellement, la survenue de renforts hostiles, à même de prendre en étau un contingent de l'armée nationale, chargée de progresser à l'intérieur de Tiadougou et sa périphérie.

Secteur F : Cette zone est à proprement parler une zone d'infiltration pour les troupes gouvernementales, c'est-à-dire que c'est depuis celle-ci, qu'ils vont approcher Tiadougou avant les premiers échanges de tirs, des actions armées qui officialiseront auprès de l'ennemi, leur présence sur place.
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26 décembre 2009 - Récit 2 sur 4 - CONFIDENTIEL - Actions de reconnaissance militaires aux abords et dans la ville de Tiadougou.


Soldats de la Force Clanique Combattante, appartenant au clan Tsiandopy.
Tiadougou, fief de la seigneurie de guerre des Tsiandopy est à l'avant-garde des futurs affrontements opposant la Force Clanique Combattante et l'armée gouvernementale mandrarikane.


Ce récit est le fruit d'un témoignage exprimé par l'adjudant-chef Bachir Kelbi-Narouk, du 1er régiment de reconnaissance.

"Nous avons été envoyés en mission pour sécuriser le secteur stratégique de Tiadougou, une agglomération à l’Ouest du Basango, et soumise à la loi clanique. Administrée par l’ennemi, Tiadougou était une ville dont la capture était des plus vitales pour notre gouvernement, tant sur le plan tactique que politique. Compte tenu de l’attachement des Forces Claniques Combattantes pour cette ville, l’une des seules acquises à leur cause, nous savions pertinemment que la résistance y serait acharnée et nous étions par conséquent également conscients que ce serait une tâche difficile dont l’ensemble de mes hommes engagés ce jour-là, ne pourrait revenir indemne…

Malgré l’expérience des combats, quelque chose me commandait de rester prudent pour la mission à venir. Mes hommes eux, tournaient comme des lions en cage, pressés de se jeter sur les hyènes de la FCC. Un surnom donné bien volontiers, par la capacité des membres d’élite de la FCC sont connus pour se battre à côté de hyènes, qu’ils élèvent sensiblement pareil à un chien.

Une détermination à réussir qui faisait plaisir à voir, mais reflétait surtout une inexpérience et une immaturité au combat pour la petite troupe placée sous mon commandement. Destinée à reconnaître les abords de la ville, notre escouade a été déployée sur le secteur F, sans le support motorisé de plusieurs véhicules. Nous étions une trentaine, strictement piétons, à moins de cinq cents mètres d’une ville acquise à la cause des Forces Claniques Combattantes et protégée par un peu moins de deux milles hommes et femmes armés. Débarqués à plusieurs kilomètres de la ville et condamnés à marcher pour l’approcher à moins de cinq cents mètres et ainsi s’offrir une visibilité de premier choix pour y reconnaître les forces et personnalités célèbres de la FCC, nous avons été contraints de marcher pendant de longues heures, l’approche pédestre justifiant de plus de discrétion que tout le reste.

On savait que le gros des forces gouvernementales arriverait sous peu mais que, compte tenu de leur importance et de l’avance que nous avions sur elles pour ne pas mettre en alerte la garnison FCC de Tiadougou, il nous fallait considérer que nous étions seuls du début jusqu’à la fin de l’action de reconnaissance. Notre approche du secteur C ne mit pas en péril la mission car les milices de la FCC avaient concentré leurs moyens sur des systèmes de défense antiaériens et plusieurs postes de mortiers. Leur attention était clairement tournée vers la surveillance du ciel et des voies routières où ils craignaient l’approche expéditive d’une colonne de blindés gouvernementaux, placée sous l’appui aérien de plusieurs hélicoptères d’attaque. Des craintes assez justifiées puisque malgré notre arrivée en force, nous savions nos atouts pour la prise de Tiadougou limités à ces éléments. Quoiqu’il en soit et malgré le relatif danger présenté pour l’arrivée du gros des forces motorisés, ce détournement d’attention nous convenait parfaitement et nous permit de nous établir au sein du secteur C.

Nous avons atteint la ville avant l'aube, profitant de l'obscurité pour nous infiltrer discrètement. Nous nous sommes séparés en quatre petits groupes pour éviter d'attirer l'attention, alors que dans la ville, les hommes en armes et de divers clans étaient légions. Mon groupe se chargea de reconnaître une position défensive importante, installée au cœur du centre-ville de Tiadougou sur la place du marché. Nous y avons reconnu pas moins de cinq armoiries de clans différents dont forcément ceux des Tsiandopy et des Jaonarison. Le checkpoint était défendu par un corps d’élite du clan Tsiandopy, reconnaissable par leur facilité à arborer différents trophées de guerre sur des gilets tactiques qu’ils étaient quasiment seuls à porter au sein de toute l’armée des FCC. Des écussons arrachés à des uniformes de soldats gouvernementaux, voire des clans et seigneuries rivales à l’instar du clan Mamangy, défait à Kilibange.

Parfois, c’était même des trophées plus sanglants qui trônaient sur les vestes et équipements de ces soudards, tels que des oreilles ou des doigts. Un marqueur de puissance pour les éléments de ces unités sans foi ni loi, dont l’accumulation de ces trophées de guerre était autant un gage de respect face à l’ennemi, qu’auprès des autres clans composant la FCC, des conflictualités individuelles pouvant éclater entre plusieurs petites unités… Une fois en ville, mon groupe et moi avons marché silencieusement, nos armes prêtes à être utilisées à tout moment. Nous avons évité les rues principales, préférant les ruelles étroites ou des étals de vendeurs agrémentés de longues soies suspendues, dissimulaient notre progression et permettaient ainsi de nous déplacer plus aisément à travers les populations civiles tout en observant la place où la position défensive principale du clan Tsiandopy, avait été installée.
Il faut dire que Tiadougou était tout de même une ville de dix-sept mille habitants avec une répartition assez inégale et concentrée sur le secteur C où nous progressions. Des milliers de personnes suffisaient bien à en dissimuler cinq autres, fussent-elles en armes, dans une ville où l’anarchie régnait.

Après avoir parcouru les différentes ruelles adjacentes à la place principale, nous sommes arrivés dans un quartier densément peuplé, avec des bâtiments hauts. Des bâtiments “ostentatoires” qui contrastaient avec le relatif état d’abandon dominant le reste de la ville. A l’approche du secteur, des patrouilles pédestres de ce même corps d’élite que celui précédemment vu, contrôlaient et fouillaient toutes les personnes désireuses de se rendre dans ces bâtiments. Pas de doute là-dessus, on venait manifestement de mettre la main sur leur centre des décisions opérationnelles.

Un élément à priori anodin, me fit l’effet d’un flash révélateur. La présence d’un hélicoptère biplace et dépourvu d’armements, stationné à l’arrière du bâtiment. Les Forces Claniques Combattantes sont de notoriété publique, une organisation tournée vers la guerre et l’emploi de ces véhicules de liaison biplace, pauvres en capacité de transport, ne se destine par conséquent, qu’aux déplacements d’éléments imminents de leur organisation. A ce moment-là et considérant l’importance du corps d’élite des Tsiandopy, rien ne m’interdisait de croire que Jaafi Tsiandopy pouvait être là.

De cette hypothèse, j’ai été tenté de me rapprocher en nombre réduit, en restant attentifs à chaque bruit et mouvement qui pouvaient inciter les sentinelles à forcer le contrôle en dehors de leur checkpoint à l’entrée du bâtiment. Un officier des FCC vint se présenter à la porte, pour s’assurer que tout allait dans le bon sens. Des galons qu’il m’était permis d’apercevoir, il était manifestement colonel et considérant le respect que lui adressaient les sentinelles, il était permis de croire que ces galons n’avaient pas été récupérés sur un mort ! Le fait même qu’un colonel de la FCC se soit attaché à la supervision de la sécurité d’un bâtiment à Tiadougou, atteste qu’ils protégaient un membre de leur organisation plus éminent encore. Ce faisceau d’indices me parut suffisant pour corroborer l’hypothèse que Jaafi Tsiandopy soit présent à Tiadougou et que par conséquent, des moyens propres à sa capture ou sa neutralisation devaient être mis en place, modifiant quelques peu le plan de bataille initial mais ça à la limite, c’est le rôle de la reconnaissance que de permettre l’aide à la décision et l’ajustement de certains paramètres…

Désormais, sachant tout cela, l’important pour nous était de quitter Tiadougou pour fournir les éléments en notre possession. Une prise de notes rapide me permit d’être assez exhaustif quant à la restitution prévue à l’état-major.

Des bruits de tir ont retenti plus loin dans la ville, nous laissant malheureusement penser qu’une de nos équipes avait été contrainte à engager l’ennemi, un combat nécessairement perdu d’avance pour elle. Sur l’instant je ne savais pas laquelle de mes équipes avait fait l’objet d’un engagement mais nul doute qu’il y aurait des morts et que je garderai traces à vie de ce jour où j’ai perdu des jeunes hommes placés sous mon commandement. Nous avons pris la direction opposée aux tirs, point de convergence de l’ensemble des troupes ennemies.
Un combattant de la FCC, échangeant par radio dans la rue, nous précisa bien malgré lui l’état de la situation. Une unité de miliciens de la FCC avait forcé le contrôle d’un groupe de cinq éléments suspects. Le groupe a refusé le contrôle et a entamé des tirs contre les membres de la FCC, entraînant des morts. Plusieurs éléments de l’unité hostile ont pu être neutralisés et deux combattants restaient encore et activement recherchés au sein de Tiadougou, justifiant les mouvements de troupes vers le quartier concerné que la FCC cherchait à rapidement boucler. Nous avions la chance d’être en dehors de cette nasse humaine, scrutant depuis la fenêtre d’une maison où nous nous étions invités, le passage inarrêtable de forces hostiles.
Nous réussimes à les éviter ainsi, en imposant notre présence armée dans le domicile d’une dame âgée assez accommodante et presque enchantée d’avoir une compagnie pour le quart d’heures à venir. Lorsque les mouvements précipités se torrent enfin dans la rue, nous sortîmes dans celle-ci l’arme au poing, nous dirigeant sans demander un reste vers l'extrémité de la ville.

Mais alors que nous nous présentions à l’extrémité de la ville, un checkpoint semblait avoir été dressé, et dont les armes ainsi que leurs bourreaux, semblaient autant braquer vers l’intérieur que l’extérieur de la ville. Une mitrailleuse lourde, dirigée vers la brousse qui séparait la ville des premières collines, ne nous laissait manifestement et indubitablement, aucune chance pour nous permettre un sprint.

Un de mes hommes fit remarquer un dépôt de munitions à l’arrière du nid de mitrailleuse. Plusieurs caisses avec vraisemblablement à l’intérieur, des roquettes pour les mortiers légers positionnés à l’entrée de la ville. L’emploi d’un lance-grenade depuis l’étage d’une habitation, nous permit d’atteindre ces caisses entreposées, nous laissant un temps suffisant pour déployer plusieurs grenades fumigènes destinées à couvrir notre course folle à découvert vers les hauteurs en dehors de la ville.

Des échanges de tirs que nous avons eu avec les miliciens de la FCC, il m’est impossible de dire combien d’entre eux nous avons tué. Une fois dissimulé sous l’épais brouillard généré par les fumigènes, ce fut au tour de mes hommes d’être livrés à eux car si l’un de nous était touché, impossible pour les autres de le repérer facilement. Ce n’est que lorsque je suis sorti de ce brouillard fumant que j’ai aperçu les gars face à moi, l’équipe partielle et inachevée avec laquelle j’avais débuté la mission.

Nous parvînmes à rejoindre un poste de commandement mobile avancé et le débriefing donna grande satisfaction au capitaine qui en prenait la note. Le récit de notre engagement me valut une médaille du courage, haute distinction des forces gouvernementales mandrarikanes, qui eut malgré tout en moi l’effet inverse, me rappelant de façon indélébile les six éléments que j’avais perdu ce jour-là…

Le gouvernement, et peut-être dans une certaine mesure moi-même, avions tout intérêt à maintenir en vie le caractère héroïque de cette opération de reconnaissance. Pourtant, avec le temps qui passe, le mérite qui m'a été accordé ce jour-là, en dépit des nombreuses pertes et du caractère lâche de mes actions, est devenu un poids écrasant et destructeur pour mon âme..."
El Vigilante

23 mars 2010 - ARTICLE LOCALEMENT CENSURE - Mandrarika, malgré la dictature, la violence et le sectarisme, le tourisme de luxe profite à l’économie locale.


Tourisme de luxe et pays pauvre, l'étrange équation
En Mandrarika, la pauvreté est une notion relative, eu égard à l'oppulence et au faste affichés par le tourisme, essentiellement cantonné sur les activités de luxe.


Malgré tous les regards dédaigneux qui peuvent être portés sur la Mandrarika, un pays perçu comme soumis à de violents affrontements interethniques et pas particulièrement riche ou encore producteur de richesses, force est de constater que d’importants flux financiers y circulent tout de même, notamment par le biais du tourisme de luxe, largement mis en relief par les chasses et safaris.

Le fait est acquis et malgré la présence d’un tissu industriel “honnête”, la majeure partie de l’économie mandrarikane fait reposer son succès autour du tourisme de luxe. Un phénomène croissant qui gonfle les performances enregistrées au titre du PIB mandrarikan, mais reste encore sans incidence et très peu impactant pour le quotidien des citoyens les plus modestes.
Chasses organisées, séjours uniques de luxe, proxénétisme et même mariages arrangés, il faut dire que les filons ne manquent pas pour renseigner les fortunes étrangères sur la manière dont elles peuvent dépenser leur argent. Cependant, considérant le business installé autour de ces pratiques, peut-on considérer que ce tourisme atypique soit réellement impactant ou entretenu de façon marginale?

Le tourisme de luxe est une véritable porte d’entrée pour les devises étrangères et certaines d’entre elles pèsent parfois très lourd en comparaison du mandrain (monnaie nationale). Le poids de ces rentrées d’argent est indéniable pour l’enrichissement de l’état mandrarikan, un enrichissement complété par les “donations” et autres collectes d’argent issues des abus de confiance perpétrés sur les membres de la secte caaganiste, qui donnent sans compter ni dire non, aux différents leaders de la communauté chargés de battre le rappel.

Mais les populations locales peuvent-elles être les bénéficiaires de ces rentrées d’argent colossales? A cette question, la réponse se veut moins catégorique puisque l’activité organisée autour de ces commerces lucratifs est directement organisée par les classes élitistes du pays. Alors bien sûr, certains exécutants en charge d’encadrer les touristes dans le déroulé même de leurs loisirs peuvent jouir d’une paie plus généreuse que le mandrarikan moyen, mais la majeure partie des bénéfices restent à destination des figures éminentes de la secte, qui contrôlent les différents fonds de commerce de ce tourisme première classe.

Ainsi donc, il faut comprendre que la richesse créée en Manrarika souffre encore d’une répartition particulièrement inégale au sein de sa population. Et sous le règne du Premier Mandrar Rakoto Manorohanta, il y a peu de chance que les choses s’arrangent, compte tenu du niveau de vie particulièrement fastueux, que les membres éminents de la secte caaganiste et lui entretiennent.

Constat pire encore à faire, l’entretien d’un tourisme de luxe a une certaine tendance à appauvrir les populations locales et démunies, il nous suffit pour ça de citer l‘exemple de populations installées au sein de petits villages, expropriés par les investisseurs des resorts chargés d’accueillir les touristes étrangers en quête de sensations fortes ou de luxure. Les pauvres vivre essentiellement en ville, on est très loin du schéma qui nous enseigne qu’en ville les gens ont plus de chances et de commodités.

Il faut dire que les populations pauvres de la Mandrarika, fussent-elles adhérentes ou non au culte caaganiste (principalement non adhérentes) pèsent peu de chose dans le recueil des fonds prélevés par la secte. Le degré de satisfaction ou de complaisance qu’elles peuvent entretenir à l’égard du gouvernement de Rakoto Manorohanta, importe peu, voire aucunement. L’autocratie du Premier Mandrar considère que la Mandrarika jouit aujourd’hui de nombreux atouts, sous-entendu, de nombreuses opportunités, pour nourrir ce tourisme de luxe. Une activité lucrative, notamment grâce à l’entretien de paysages spectaculaires, d’une faune exceptionnelle et unique en son genre, de réserves naturelles bien délimitées et étrangères au développement de quartiers résidentiels, qui promet des jours heureux à ce business peu louable sur le plan moral. Il faut avoir qu’en dépit du caractère religieux de la gouvernance théocratique de Rakoto Manorohanta, la moralité et l’éthique sont des points qui soulèvent peu de foule parmi la classe dirigeante de ce “petit” pays d’Afarée, souhaitant l’administrer avec beaucoup d’emprise et une centralisation du pouvoir conséquente, compte tenu de la nécessité pour elle d’entretenir l’approvisionnement financier régulier de cete secte au train de vie insoupçonnable et emprunt d’immoralité.

Malgré les défis rencontrés sur le plan intérieur, la Mandrarika reste tout à fait un exemple valable de ces dictatures qui ont réussi sur le plan économique, notamment par les flux financiers en provenance de l’étranger, à même de porter sa classe dirigeante sur le nuage depuis lequel elle a appris à contempler la misère locale de ses concitoyens.
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26 décembre 2009 - CONFIDENTIEL - Récit 3 sur 4 : Assaut sur la ville de Tiadougou.


Soldats de la République Sacrée de Mandrarika, face à des blindés de la Force Clanique Combattante de Tsiandopy.
Dans la périphérie sud de Tiadougou, les forces armées gouvernementales et celels de la FCC, se sont violemment opposées l'une à l'autre, faisnat à ce jour plus d'une centaine de victimes parmi les populations civiles locales.


Après les récentes échauffourées qui étaient annonciatrices de la capture d’une partie des commandos de l’armée gouvernementale déployée pour opérer la reconnaissance en ville, ce sembla être l’agglomération toute entière qui finit plongée dans un climat de tension palpable. Il faut dire que les Forces Claniques Combattantes avaient concentré l’essentiel de leurs forces à certains endroits de la ville, délaissant ses autres secteurs périphériques. Dans ces circonstances, des strates de la population installée à Tiadougou, pouvaient raisonnablement penser que l’ennemi risquait d’entrer ou d’être déjà présent au sein de la ville. Un climat de psychose pour lequel les chefs de la Force Clanique Combattante sur place, avaient peu de leviers visant à le contrer.

De son côté et malgré la perte d’une unité de reconnaissance gouvernementale qui était probablement écorchée vive à l’heure qu’il est, les autorités de Mpiko restèrent satisfaites de la tournure des évènements, considérant le premier topo dressé sur l’état défensif de cette agglomération rebelle de taille moyenne. Un topo approximatif des forces hostiles en présence avait été dressé par la précédente escouade de reconnaissance, revenue rescapée de sa confrontation avec celle qui était dépeinte comme “la horde clanique”, l’allégorie d’une masse brutale et où la volonté individuelle était annihilée.

Mais les éléments préparatoires à l’assaut sur Tiadougou établis, les autorités gouvernementales mandrarikanes n’entretenaient aucune raison valable pour renoncer à la capture de cette agglomération rebelle majeure pour l’articulation logistique de l’arme de guerre qu’était devenue la Force Clanique Combattante.

Les officiers de l’armée nationale mandrarikane se succédèrent alors sous la tente du Général de brigade Kitwunu Ramadhani qui les y avait convoqués dès les comptes-rendus de l’opération de reconnaissance formalisés. Sur la table qui leur faisait face, un plan grossier de la région se composait sous leurs yeux, avec des pierres de couleurs différentes sur lesquelles un marquage à la peinture venait indiquer la typologie de l’unité combattante qu’elles étaient censées incarner. Des blocs de terres glaises et argileuses peintes en rouge ou bleu pour désigner les contingents d’infanterie respectivement hostile ou ami, des morceaux de craie peints sous les mêmes teintes pour cette fois-ci désigner les contingents motorisés et blindés, un quartz pour matérialiser le centre de commandement adverse, bref… derrière ça c’était finalement tout une panoplie de minéraux divers et variés qui s’alignait, pour offrir un visuel détaillé quant aux forces en opposition.

Pour le commandant-en-chef des opérations, le Général de brigade Kitwunu Ramadhani, le scindement de ses forces en deux contingents blindés était selon lui l’option militaire la plus viable. Deux contingents terrestres approchant les principaux axes routiers conduisant à la ville de Tiadougou par sa périphérie EST et qui, dans leur approche, pourront compter sur l’appui air-sol d’une escadrille d'hélicoptères d’attaque.

“Quand nous donnerons l’assaut à la périphérie EST de la ville, une partie des forces de la FCC risque d’entamer une retraite tactique vers le centre du secteur C. Ces manœuvres devraient limiter le répondant ennemi dans le cadre d’un survol de notre escadrille d’hélicoptères d’attaque” avait supposé le colonel Mshindi Sabelo Mbonambi. “Le temps consacré au redéploiement des forces de la FCC doit nous être profitable pour conduire des attaques aériennes avec notre aviation légère. Incapacité de tirs en mouvement, concentration des forces ennemies sur le secteur C, emprunt par les forces ennemies des axes routiers à découvert, ce sont finalement plusieurs facteurs susceptibles de favoriser les pertes ennemies lors du passage de notre aviation légère…”

Le support aérien délivré par l’aviation légère était capital pour soutenir l’entrée en ville des deux avant-gardes mécanisées, car bien que les éléments de l’offensive nord conduite depuis le secteur F, bénéficieraient du couvert des reliefs au nord du secteur C, les éléments de l’offensive sud, en provenance cette fois-ci du secteur E, se trouveraient plus rapidement exposés aux tirs ennemis, qui serait quant à lui placé sous le couvert des habitations et autres éléments urbains. Des pertes connues et manifestement assumées par le Général Ramadhani, qui répétait inlassablement aux officiers les plus hésitants, qu’ils étaient venus à l’extrémité ouest des territoires claniques de la FCC pour défaire ce mal innommable et que leur sainte quête appellerait son lot de sacrifices. “C’est un affrontement à mort, nous ne voulons pas le respect des seigneurs claniques nous étant hostiles, nous voulons les défaire pour pacifier les territoires qu’ils ont transformé en zone de non-droit. Par conséquent, il est évident que nous aurons notre lot de pertes incompressibles…” avait-il fait tonner au sein de son audience composée des officiers de renom de la République théocratie mandrarikane.

La capacité des unités de l’aviation légère et des colonnes d’infanterie mécanisées à fixer l'ennemi sur l’extrémité EST de la ville, aurait également l’avantage de permettre le déploiement de plusieurs sections d’infanterie, chargées de couper le principal axe routier de repli du secteur A, pour mettre hors d’état de nuire les forces claniques combattantes qui souhaiteraient décrocher des combats à venir sans toutefois s’imposer la reddition à l’ennemi. Un objectif gouvernemental clair et ambitieux, qui serait donc tourné vers l’annihilation complète des forces claniques en présence au sein de la ville de Tiadougou.

Les principales phases de l’offensive passées en revue, le Général Ramadhani en valida les lignes directrices, invitant ensuite chaque officier présent à se mettre en place pour le lancement des manœuvres militaires. A quelques kilomètres de là, la base aérienne de Tambakhokh aiguisait elle-aussi ses atouts, après que la confirmation de vol pour une dizaine de ses hélicoptères fut faite par l’état-major des forces gouvernementales. Les deux colonnes de blindés chargées d’investir les secteurs E et F pointèrent sur l’horizon jaunâtre né de l’aridité du climat. Quelques chars pour ouvrir la marche, mais aussi un certain nombre de transports blindés qui déposaient dans leur sillage, des sections d’infanterie se plaçant à couvert derrière eux.

L’incursion des forces gouvernementales dirigée depuis le secteur E s’exposa très vite aux tirs nourris des sentinelles de la Force Clanique Combattante en faction. Un fait anticipé par les forces gouvernementales puisqu’il avait vocation à permettre à la seconde colonne d’infanterie mécanisée, d’entamer une approche plus franche, depuis le secteur F.
Seules ombres au tableau, les opérations de reconnaissance préalables à l’offensive gouvernementale n’avaient pu identifier les positions renforcées des mortiers de la Force Clanique Combattante, dont les frappes d’artillerie étaient maintenant portées contre l’avant-garde en provenance du sud de Tiadougou. Des pertes évitables mais acceptables pour le Général Ramadhani.

Capitaine Subeer Kubunyaga (forces gouvernementales Amawole-4): Dima-1, ici Amawole-4, l’avancée sur le secteur E est compromise, présence de nombreux ennemis établis sur des positions défensives, demande soutien immédiat.

Général de brigade Kitwunu Ramadhani (forces gouvernementales Dima-1) : Ici Dima-1, bien reçu Amawole-4. Le support aérien arrive, accrochez-vous. Vous avez ordre de maintenir coûte que coûte une formation de combat pour fixer l’ennemi au sein du secteur C, terminé.

Amawole-4 : Compris Dima-1. Terminé.

A la conclusion de l’échange radio entre le Général et l’avant-garde sud, un second de Ramadhani entama une conversation radio avec la base aérienne de Tambakhokh. Face à son initiative, le Général Ramadhani en prit une autre, en débranchant un câble émetteur qui permettait au second d’énoncer les directives. Interloqué, le second du Général lui demanda s’il était nécessaire de solliciter un appui aérien, identiquement aux échanges radio qu’il avait observé entre son supérieur et le capitaine Kubunyaga. Une demande à laquelle l’officier supérieur répondit par la négative d’un basculement de la tête.

Dima-1 : Non, j’ai besoin d’un peu plus de temps pour voir les Forces Claniques Combattantes se regrouper sur le secteur C.

Le second du Général ne sembla pas disposé à solliciter davantage d’explications, reposant l’émetteur radio et son câble débranché, devenu parfaitement inutile.

Sur le théâtre des opérations, les minutes sollicitées par le Général Ramadhani commençèrent à coûter aux forces gouvernementales engagées au sud de la ville. Et pour cause, les tirs de mortiers ennemis commençaient à gagner en justesse, immobilisant un char gouvernemental après que sa chenille fut éclatée d’un obus. Ces déconvenues essuyées par l’avant-garde sud, avait toutefois porté un certain nombre de réussite pour l’armée gouvernementale qui put démobiliser une partie des forces ennemies au Nord de la ville, où sa deuxième colonne blindée d’avant-garde approchait efficacement.

L’infanterie qui accompagnait les blindés gouvernementaux se déploya le long de la route empruntée par le convoi, répliquant à chaque tir essuyé. Bien que dissimulée efficacement dans le fossé longeant la route, l’infanterie mandrarikane entama ses ressources par la prise en compte de ses premières pertes. Il faut dire que les tirs de mortiers ennemis firent leur office lugubre, pouvant exécuter des frappes indirectes que les éléments d’infanterie avaient du mal à contrer, même installés dans le fossé d’une voie de circulation.

Amawole-4 : Dima-1 ici Amawole-4, demande de soutien aérien tout de suite. Plusieurs hommes à terre et des véhicules immobilisés, ça chauffe ici.

Le regard du Général Ramadhani croisa à nouveau celui de son second, et un hochement de tête lent mais perceptible lui annonça son approbation pour le déclenchement des manœuvres aériennes. Son second s’activa de contacter la base aérienne où les escadrons d’hélicoptères d’attaque et transport, attendaient patiemment une quelconque consigne.

Dima-1 : Amawole-4, ici Dima-1, les renforts aériens sont en approche. Arrivée sur zone dans 10 minutes, baissez la tête le moment venu, il va faire très chaud, terminé.

Pour aider la colonne blindée des forces gouvernementales en approche par le Sud à tenir le temps que les renforts et l’appui aérien se mettent en place, ses éléments pouvaient également compter sur plusieurs sections d’infanterie motorisées. Jouissant d’une grande mobilité, celle-ci avait la rapidité et la puissance de feu nécessaire, pour déborder quelques positions défensives et contraindre les forces claniques de la FCC, à déconcentrer leurs tirs. Motorisées et non blindées, ces sections d’infanterie n’avaient toutefois pas assez de matière pour renverser l’équilibre des forces face à la poignée de chars de la FCC. Quoiqu’il en soit, ils fournissent malgré tout un temps profitable aux forces gouvernementales du secteur F, pour joindre le secteur C et profiter du couvert des habitats et autres architectures urbaines.

Sur le même intervalle, l’aviation légère sollicitée par le commandement mandrarikan put joindre la ligne de front, un survol bruyant qui bourdonna aux oreilles des pillards et des soudards de la FCC, provoquant en eux un vif émoi. Embarquée à bord d’hélicoptère d’attaque, l’aviation légère tira plusieurs frappes anti-chars destructrices, au moyen des pods à roquettes. A leur passage, les principales positions défensives des Forces Claniques Combattantes (FCC) volèrent en éclat. Deux des chars de la FCC, qui faisaient la colonne vertébrale de son dispositif défensif, laissaient désormais s’échapper une colonne de fumée noire au-dessus d’eux. Le passage de l'aviation légère gouvernementale, marqua un début de débandade au sein des forces miliciennes parmi les moins aguerries de la FCC, une débandade qui se formalisa notamment par l'embarquement à travers de plusieurs camions, de dizaines de combattants de la FCC prêts à rouler vers l'Ouest de la ville, réputée en meilleure posture face à l'offensive gouvernementale. Une demi-dizaine de camions amassée sur la place de l'hôtel de ville, qui fit d'elle une cible de choix au passage des hélicoptères gouvernementaux. L'un d'eux, soucieux de scrupuleusement détruire chacun des véhicules, manqua totuefosi d'observation et de jugement, lorsqu'il fit exécuter un vol stationnaire à son appareil, incapable d'éviter le tir croisé de plusieurs canons de défense antiaérienne. La carlingue de l'appareil fut aussitôt striée par trois rangées d'impacts dont la létalité était allée chercher la vie du pilote. Incapable de redresser son appareil, étant possiblement mourant, le pilote accompagna l'appareil jusqu'à ses derniers instants, s'écrasant avec perte et fracas contre une habitation où il avait espéré se poser sur le toit. L'opérateur de mitrailleuse et lui-même moururent sur le coup, instantanément.

Vue aérienne de Tiadougou et les manoeuvres gouvernementales.
Cartographie de Tiadougou et ses principaux combats - clic gauche pour agrandir


FORCES EN PRESENCE

La bataille de Tiadougou oppose les forces claniques combattantes de deux factions majeures de l’organisation, à celles des forces gouvernementales mandrarikanes.

Contingent de la Force Clanique Combattante a écrit :
Les troupes de la FCC des clans Tsiandopy et Jaonarison, dirigées par Jaafi Tsiandopy en personne, peuvent se détailler de la manière suivante :
  • 400 soldats d’élite du clan Tsiandopy (soldats professionnels), (-12)
  • 750 miliciens du clan Tsiandopy (soldats réservistes)(-115)
  • 500 miliciens du clan Jaonarison (soldats réservistes) (-70),
  • 60 francs-tireurs clan Jaonarison (soldats professionnels)
  • équipements et armements individuels divers

BLINDÉS ET VÉHICULES DE COMBAT
  • 5 chars légers, (-2)
  • 15 véhicules blindés légers, (-4)
  • 8 véhicules de combat d’infanterie,

TRANSPORTS, COMMANDEMENT ET LOGISTIQUE
  • 85 camions de transport,(-6)
  • 20 transports de troupes blindés,
  • 5 camion-citerne,
  • 120 véhicules légers tout-terrain, (-18)
  • 3 véhicules de transmission radio, (-1)
  • 1 véhicule radar.

DCA
  • 27 canons antiaériens,(-5)

ARTILLERIE
  • 30 mortiers tractés,

AVIATION LÉGÈRE (support possible mais non basé à Tiadougou)
  • 4 hélicoptères légers polyvalents,
  • 4 hélicoptères de transport moyen,
  • 1 avion d’attaque au sol,
  • 1 avion de chasse.

Contingent de l'armée nationale mandrarikane a écrit :
Ces forces en défense sont opposées à celles de l’armée gouvernementale, placée sous le commandement du Général de brigade Kitwunu Ramadhani et comprenant:
  • 1000 soldats de l’armée nationale mandrarikane (soldats professionnels),(-52)
  • 400 appelés de la réserve opérationnelle (soldats réservistes), (-44)
  • équipements et armements individuels divers.

BLINDÉS ET VÉHICULES DE COMBAT
  • 20 véhicules blindés légers,
  • 3 véhicules de combat d’infanterie,
  • 6 chars légers. (-1)

TRANSPORTS, COMMANDEMENT ET LOGISTIQUE
  • 20 transport de troupes blindés,(-1)
  • 60 véhicules légers tout-terrain,(-4)
  • 30 camions de transport,
  • 5 camions-citernes,
  • 5 véhicules de transmission radio,
  • 1 véhicule radar.

DCA
  • 6 lance-missiles antiaériens.

AVIATION LÉGÈRE
  • 1 chasseur-bombardier,
  • 3 hélicoptères d’attaque,(-1)
  • 3 hélicoptères de transport moyens.
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26 décembre 2009 - CONFIDENTIEL - Récit 4 sur 4 : Assaut sur la ville de Tiadougou.


Le lieutenant Kouyaté de l'armée gouvernemental Francs-tireurs du clan Jaonarison
Portraits du lieutenant Ashon Kouyaté (à gauche), de l'armée mandrarikane, opposé aux francs-tireurs du clan Jaonarison (à droite).


Les miliciens tiennent leurs rôles et malgré des imperfections tactiques, ils parviennent à occuper différentes positions au sein de la ville soumise au siège des forces gouvernementales. Dans leur malheur, les forces gouvernementales ont pour elle un ordre libérateur, ne les obligeant à aucune retenue sur les populations civiles séditieuses, de la sorte, abattre un civil qu’on pensait être un milicien armé est plus affaire d’une regrettable erreur de discernement que d’un crime au regard des autorités de Mpiko.

Les forces claniques arrosaient les troupes gouvernementales de tirs sporadiques effectués au fusil d’assaut, se repositionnant lorsque les forces gouvernementales marquaient l’arrêt de leur progression en ville.

Si la manière d’opérer avait pour conséquence un ralentissement de la progression des forces gouvernementales, la manœuvre entamée par les miliciens claniques n’étaient pas à même de stopper l’incursion des forces étatiques en ville. Aux tirs de fusils d’assaut rebelles, l’armée gouvernementale mandrarikane répondait effectivement par des frappes de mortiers légers, transportés à bras par des binômes de fantassins. Une approche expéditive qui créait son lot d’inconvénients avec des destructions et un chaos accentué derrière lequel les miliciens profitaient allègrement des fumées ainsi que des poussières pour prendre la fuite sous couverture face aux tirs des troupes gouvernementales.

La progression dans le secteur E était la plus critique car de nombreuses positions défensives ennemies étaient présentes. Il faudra attendre l’action combinée de plusieurs colonnes gouvernementales, pour submerger et déconcentrer les tirs ennemis opérés dans le secteur C.

L’unité Amawole-4 put reprendre l’initiative sans toutefois pouvoir talonner les forces claniques qui opéraient un retrait tactique vers les secteurs B puis A. Une manoeuvre de repli anticipée par les forces mandrarikanes, qui avaient dépêché une force héliportée dans la zone industrielle du secteur A, pour couper la retraite au gros des forces claniques et particulièrement à celle des personnalités de ces seigneuries dont on suspectait la présence, à commencer par celle de Jaafi Tsiandopy, ni plus ni moins que le seigneur de guerre du clan Tsiandopy, l’une des trois principales factions investies dans la Ligue des Damnés et les massacres de civils perpétrés en zone gouvernementale.

Portée par plusieurs sections d’infanterie de l’armée mandrarikane, l’action héliportée survola la zone industrielle, par chance suffisamment éloignée des positions de la défense antiaérienne clanique pour être rapidement avortée.

Outre leur interposition face aux forces claniques opérant une retraite par le secteur A, les unités aéroportées positionnées sous le groupe Hotamte-1, Hotamte-2 et Hotamte-3 avaient vocation à protéger les infrastructures industrielles de la ville, le gouvernement de Mpiko les considérant avec intérêt pour la relance économique du territoire une fois émancipé des renégats et seigneuries de guerre.

Le lieutenant Achon Kouyaté des forces gouvernementales, avait pris la tête de ces unités positionnées au plus loin derrière les lignes ennemies.

Lieutenant Achon Kouyaté (forces gouvernementales Hotamte-1) : Dima-1, ici Hotamte-1. Les unités Hotamte sont arrivées sur zone, aucun signe d’activités ennemies, on investit le secteur, terminé.

Général de brigade Kitwunu Ramadhani (forces gouvernementales Dima-1) : Hotamte-1, ici Dima-1, bien reçu. Traînez pas, ça va pas durer, on me signale des manœuvres de repli ennemies vers l’Ouest de la ville. Enracinez-vous là-bas et tenez vos positions le temps que les unités Amawole remontent les secteurs C et B, terminé.

Hotamte-1 : Compris Dima-1. Terminé.

Plusieurs cordes tombèrent des hélicoptères de transport moyens affectés à l’opération et demeurant en vol stationnaires au-dessus des infrastructures industrielles jusqu’à lors.

Hotamte-1 : Hotamte-1 pour Hotamte-2 et 3, investissez. Terminé.

Hotamte-2 et Hotamte-3 (respectivement adjudants Sarjo Gassama et Wassa Songaté): Reçu Homtate-1.

Sur les différentes cordes surplombées par les trois hélicoptères de transport, se formèrent différentes grappes humaines des commandos placés sous le commandement du Lieutenant Ashon Kouyaté. Les trois sections d’infanterie s’étalèrent telle une tâche d’encre indélébile sur les hauteurs des bâtiments industriels, installant des dispositifs de lance-missiles antichars ainsi que plusieurs tireurs de précision.

D’autres membres de l’unité étaient en train d’investir le rez-de-chaussée des bâtiments, mettant aux arrêts les rares ouvriers encore présents sur les sites et cherchant différents moyens pour obstruer la route principale qui traversait la zone, à commencer par le déplacement de chariots élévateurs présents au sein d’une aire logistique. Quelques véhicules civils avaient pu quitter une usine, la section Hotamte-2 ayant tardé à identifier et sécuriser le parking. Un duo de civils avait néanmoins été abattu sans ménagement ni sommation, alors qu’il s’arrêtait à cause d’une autre voiture pressée de partir et ayant embouti un plot de béton en sortie de parking. Six impacts sur le pare-brise, centrés par trois à hauteur des visages des victimes, témoignaient de la grande précision des tirs de suppression effectués par les soldats des unités Hotamte.

Néanmoins, à ces tirs en succèdent d‘autres, rompant le silence qui avait enveloppé les chaînes de production désormais à l’arrêt et privées de tout opérateur. Un tireur de précision de l’armée gouvernementale ne tarda pas à prévenir son chef de section, tandis que son viseur voyait poindre un nombre de tangos assez important et convergeant sur leurs positions en zone industrielle.

Adjudant Wassa Songaté pour Hotamte-3 : Hotamte-1, ici Hotamte-3. L’ennemi est là et converge sur Hotamte-2, soutien limité pour Hotamte-2 depuis notre position, quels sont vos ordres?

Sur ces mots, le Lieutenant Kouyaté vint se poster sur la corniche du bâtiment où son hélicoptère l’avait hélitreuillé. Portant ses jumelles aux yeux, l’officier mandrarikan cherchait à corroborer les propos dévoilés plus tôt par son adjudant et chef de section, espérant toutefois qu’il se trompe. Ne disposant pas de la même ligne de mire que les deux autres sections, déployées sur les toits de deux autres infrastructures industrielles, il reprit contact radio avec elles.

Hotamte-1 : Hotamte-2, ici Homtate-1, confirmez visuel, terminé.

Adjudant Sarjo Gassama pour Hotamte-2 : Hotamte-1, ici Hotamte-2, on a un visuel sur l’ennemi, nombreux fantassins à pied, possiblement une cinquantaine d’hommes. Pas de mouvements désynchronisés, ce n’est pas un repli, je crois qu’ils sont là pour nous…

Des tirs nourris vinrent apparaître pour bruits de fond lors de l’échange radio, obligeant l’unité Hotamte-2 à rompre la communication pour engager le combat. L’officier porta son attention sur le fusilier qui l’accompagnait, lui partageant son constat amer. “On ne les pensait pas aussi proches du secteur A, on n'aura pas le choix que de faire avec.”

Un bref instant de complainte, sitôt remplacé par un acte de commandement qu’il diffusa par radio à la 3e section, Hotamté-3, positionnée à la marge des affrontements impliquant Hotamté-2.

Hotamte-1 : Hotamte-3, abandonnez vos positions et engagez les tangos. On vous suit de peu. On redéfinit le périmètre aux deux bâtiments Est, assimilés à la fonderie. Confirmez.

Hotamte-3 : Bien reçu Hotamté-1, on se met en route. Terminé.

Les principaux axes routiers intérieurs à Tiadougou avaient en effet vu apparaître de nouveaux flux ennemis et notamment la présence d’un véhicule de combat adverse dont la puissance de feu ne tarda pas à trancher avec le répondant des forces spéciales mandrarikanes.

Deux commandos des forces armées gouvernementales tombèrent sous les balles des opérateurs du véhicule, tandis qu’ils s’étaient installés dans un guéridon à l’entrée du site industriel. L’adjudant Sarjo Gassama en charge de la section Hotamté-2, accusa de nouvelles pertes plus tard, après qu’un groupe de miliciens claniques ait donné un assaut sur le grand portail pour l’accès au parking de l’usine.

En l’espace de 8 minutes la section Hotamté-2 avait perdu trois de ses valeureux membres, assujettis aux assauts qui ne vinrent se tarir qu’avec le flanquement de Hotamté-3 venu prêter main forte. Un tireur de précision rattaché à Hotamté-2 n’avait pas démérité lui non plus, après avoir abattu sept membres des forces claniques donnant l’assaut sur le portail de l’usine.
Malheureusement, ce fait d’armes ne suffit pas à protéger l’entrée du site, puisque certains des miliciens étaient parvenus à fixer d’une chaîne, le portail au pare-choc du véhicule blindé qui les accompagnait et celui-ci ne tarda pas à disloquer le portail de son emplacement, l’ouvrage métallique retombant instamment au sol.

Plusieurs fumigènes furent tirés par un groupe de franc-tireurs de la seigneurie de Jaonarison, reconnaissable à leurs tuniques d’une couleur sable et les peintures de couleur rouille qui striaient leurs visage. Débusqueurs nés, ces hommes et femmes affiliés à la seigneurie Jaonarison passaient pour des adversaires notables, que le Lieutenant Kouyanté apprendrait à considérer, si ce n’est avec respect, avec méfiance.

La présence de quelques véhicules blindés ennemis mettaient en défaut les positions défensives des sections Hotamté, et le Lieutenant Kouyaté ne tarda pas à solliciter un support aérien de l’aviation légère gouvernementale.

Hotamté-1 : Dima-1, ici Hotamté-1, demande de support aérien aux coordonnées 6-4-18-EST, confirmez à vous.

Général de brigade Kitwunu Ramadhani (forces gouvernementales Dima-1) : Négatif Hotamté-1, la DCA ennemie est plus présente que prévue et le déclenchement des opérations offensives sur Tiadougou est intervenu suffisamment tôt pour permettre aux seigneuries de guerre de faire décoller leurs appareils. Vous êtes seuls, Hotamté-1, suivez le plan et tenez vos positions jusqu’à l’arrivée des renforts terrestres depuis le centre-ville. Terminé.

Le lieutenant interrompit sa communication avec le QG, se tournant vers les hommes de sa section. “On est sorti du plan à l’instant où les tangos avaient un pied dans la zone industrielle. On est seul, on sauve donc le plan si on souhaite une extraction, notamment en repoussant les hostiles de l’usine. Des frappes aériennes claniques sur ces bâtiments considérant l’enjeu logistique et matériel qu’ils offrent sur la capacité militaire des seigneuries de guerre sont peu probables, ils préfèreront déloger 60 commandos du gouvernement à la baïonnette que faire de l’endroit un terrain plat par les bombes… Alors prenons l’endroit, stoppons les unités claniques exerçant un repli par cette route et faisons nous l’enclume pendant que nos forces amies prennent Tiadougou.”

Joignant le geste à sa parole, l’officier engagea une balle dans son arme, avant de se redresser et d’indiquer la voie à des éléments de sa section, prêts à rejoindre Hotamté-2 et 3 sur les échauffourés en cours.

Il faut dire que les deux sections avaient perdu en panache face au nid de mitrailleuse monté sur véhicule. Fixées sur leurs positions, elles se voyaient pendant ce temps contournées par l’infanterie clanique mais également, les francs-tireurs du clan Jaonarison, distinctibles par leurs tuniques de couleur sable et les peintues de guerre couleur rouille qui strillaient leurs visages.

La section Hotamté–1 sous rattachement direct du Lieutenant Kouyatévint au contact de la vague ennemie, l’engageant par le flanc, prit place aux abords du bâtiment industriel dans lequel Hotamté-2 et 3 s’étaient réfugiées dans une posture strictement défensive. Se dispersant à couvert au gré des caisses en bois abandonnées sur les quais logistiques de l‘usine, la section Hotamté-1 obligea l’ennemi à déconcentrer ses tirs, essayant de toucher des commandos du gouvernement mandrarikan étalés sur l’ensemble du champ de bataille.

Vue aérienne de Tiadougou et les manoeuvres gouvernementales.
Cartographie de Tiadougou et ses principaux combats - clic gauche pour agrandir

L’arrivée sur zone de Hotamté–1 permit aux deux autres sections Hotamté de relever la tête, le tir de saturation des forces claniques cessant instantanément. Sur cette initiative, le rapport de force entre les belligérants en présence s’inversa, les tirs des trois sections gouvernementales convergeant sur un même point, là où les milices claniques affichèrent une certaine désorganisation.

Le lieutenant Kouyaté scruta autour de lui pour localiser un binôme de son unité. Captant leur regard, il fit signe à son duo de combattants pour indiquer l’emplacement du véhicule blindé adverse, que leur position à couvert privait d’un contact visuel. Les deux soldats mandrarikans semblèrent acquiescer et l’un d’eux commença à décrocher un lance-roquettes attaché au dos de son camarade, avant d’y engager une munition incendiaire, d’ordinaire destinée à l’antipersonnel.

Le lance-roquettes armé, les échanges de tirs reprirent de plus belle, les soldats mandrarikans opérant des tirs de couverture pour que l’opérateur de lance-roquettes puisse prendre position et viser convenablement le véhicule ennemi.

Le combattant s’élança comme s’il avait la mort aux trousses avant de s’arrêter et de poser un genoux à terre tandis qu’il cale l’engin de mort sur son épaule. Un cri retentit parmi les miliciens lorsque l’un d’eux repéra le servant au lance-roquettes sur leur flanc. C’est à ce moment précis que le soldat gouvernemental, prit d’une nouvelle frayeur, engagea le tir de sa roquette, porté par une légère fumée et une lueur jaune vive avant d’apercevoir son projectile incendiaire s’écraser sur la portière avant du véhicule ennemi. Un nuage de feu émergea aussitôt à l’impact, laissant deux miliciens à proximité porter, au sens littéral, des flammes sur le dos. Le servant du véhicule mitrailleur fut lui aussi brûlé sous l’effet de la déflagration et le confinement imposé dans l’habitacle du véhicule, le priva d’un échappatoire pour se soustraire aux flammes…

FORCES EN PRESENCE

Contingent de la Force Clanique Combattante a écrit :
Les troupes de la FCC des clans Tsiandopy et Jaonarison, dirigées par Jaafi Tsiandopy en personne, peuvent se détailler de la manière suivante :
  • 388 soldats d’élite du clan Tsiandopy (soldats professionnels), (-52)
  • 635 miliciens du clan Tsiandopy (soldats réservistes)(-145)
  • 430 miliciens du clan Jaonarison (soldats réservistes) (-164),
  • 60 francs-tireurs clan Jaonarison (soldats professionnels) (-6)
  • équipements et armements individuels divers

BLINDÉS ET VÉHICULES DE COMBAT
  • 3 chars légers,
  • 11 véhicules blindés légers, (-3)
  • 8 véhicules de combat d’infanterie,(-1)

TRANSPORTS, COMMANDEMENT ET LOGISTIQUE
  • 79 camions de transport,(-11)
  • 20 transports de troupes blindés,(-3)
  • 5 camion-citerne,(-1)
  • 102 véhicules légers tout-terrain, (-14)
  • 2 véhicules de transmission radio,
  • 1 véhicule radar.

DCA
  • 22 canons antiaériens,(-9)

ARTILLERIE
  • 30 mortiers tractés,

AVIATION LÉGÈRE (support possible mais non basé à Tiadougou)
  • 4 hélicoptères légers polyvalents,
  • 4 hélicoptères de transport moyen,
  • 1 avion d’attaque au sol,
  • 1 avion de chasse.

Contingent de l'armée nationale mandrarikane a écrit :
Ces forces en défense sont opposées à celles de l’armée gouvernementale, placée sous le commandement du Général de brigade Kitwunu Ramadhani et comprenant:
  • 948 soldats de l’armée nationale mandrarikane (soldats professionnels),(-84)
  • 366 appelés de la réserve opérationnelle (soldats réservistes), (-47)
  • équipements et armements individuels divers.

BLINDÉS ET VÉHICULES DE COMBAT
  • 20 véhicules blindés légers,
  • 3 véhicules de combat d’infanterie,
  • 5 chars légers. (-1)

TRANSPORTS, COMMANDEMENT ET LOGISTIQUE
  • 19 transport de troupes blindés,(-3)
  • 56 véhicules légers tout-terrain,(-8)
  • 30 camions de transport,(-3)
  • 5 camions-citernes,
  • 5 véhicules de transmission radio,
  • 1 véhicule radar.

DCA
  • 6 lance-missiles antiaériens.

AVIATION LÉGÈRE
  • 1 chasseur-bombardier,
  • 2 hélicoptères d’attaque,
  • 3 hélicoptères de transport moyens.
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26 décembre 2009 - CONFIDENTIEL - Capture de Jaafi Tsiandopy - partie 1 sur 2


Illustration des colonnes de fumées s'échappant de la zone industrielle
Bien que les combats soient manifstement étalés sur l'ensemble de la ville, la zone industrielle présente dans le secteur A souffre d'âpres combats, entre les forces claniques Jaonarison ou Tsiandopy et celles gouvernementales dirigées par le Lieutenant Ashon Kouyaté.


Le son tonitruant de la sulfateuse juchée sur le toit de l'automitrailleuse, avait cédé sa place à celui du crépitement des flammes qui s’en étaient emparées, le blindé des forces claniques apparaissant totalement détruit et ses flammes condamnés à se propager à plusieurs piles de palettes adjacentes.

Les sections Hotamté du lieutenant Ashon Kouyaté avaient neutralisé le nid de mitrailleuse mobile des forces claniques convergeant sur elles. Une réussite, il est vrai, qui leur permit de reprendre l’ascendant sur les forces d’infanterie claniques. Néanmoins, la présence des francs-tireurs du clan Jaonarison leur donnait du fil à retordre, ces derniers étant peu enclins à déserter le champs de bataille contrairement à leurs homologues des milices de Jaonarison ou de Tsiandopy dont les forces avaient commencé à quitter la ville par de grandes enjambées.
Il faut dire que malgré leurs aptitudes au combat urbain, les miliciens des forces claniques manquaient de courage face à des forces gouvernementales mandrarikanes résolues et bien mieux équipées. L’entrée des chars légers gouvernementaux dans la ville, épaulés par des unités d’infanterie chargées de prévenir des tirs antichars embusqués sur les intersections, avaient de quoi porter un coup dur au moral des milices claniques. Des tirs s’échangeaient malgré tout et traverser les rues de la ville de Tiadougou, au gré des retraites systématisées par les forces rebelles.

Le repli des forces claniques présentes dans la ville était une bonne chose mais il fallait considérer le risque d’agglutinement pour partie d’entre elles, sur l’axe routier longeant la zone industrielle du secteur A, ce qui aurait pour effet d’imposer une pression difficilement soutenable aux sections commandos héliportées du Lieutenant Ashton Kouyaté.
Face à un tel scénario, le Général de brigade Kitwunu Ramadhani allait peu à peu se résoudre au recours d’un appui aérien, sous réserve que ses forces engagées dans la ville, puissent également s’opposer aux unités antiaériennes ennemies, de sorte à couvrir leur emploi depuis le sol.

L’entrée des forces gouvernementales dans la ville et l’importante mobilité des chars légers à roues qui les accompagnaient, avait surpris les forces claniques qui n’eurent pas le temps de redéployer leurs canons antiaériens fixes. Cette mollesse permit aux forces gouvernementales, positionnées à l’avant-garde de l’assaut fait à Tiadougou, de localiser et de communiquer les positions des forces ennemies hostiles, non sans en détruire quelques batteries.

Gage de la surprise qui avait frappé les miliciens, plusieurs équipements de lutte antiaérienne avaient été laissé en plan sur certaines places et carrefours de la ville, les forces gouvernementales les sabotant après coup pour poursuivre leur progression dans les quartiers suivants et ne rien perdre de la pression qu’ils exerçaient sur un ennemi en phase de repli généralisé.

Dans le secteur A, la situation allait très vite se dégrader en l’absence de support aérien, considérant la convergence d’un bon nombre des forces claniques engagées sur une manoeuvre de repli et obligées de transiter sur la zone industrielle.

Les sections Hotamté du lieutenant Ashton Kouyaté avaient déjà offert un beau répondant à l’avant-garde des troupes ennemies en repli, dont la puissance de feu s’était tarie après la perte de leur automitrailleuse, mais les francs-tireurs du clan Jaonarison, nourrissaient encore quelques inconnus pour le devenir des forces héliportées gouvernementales.
Et le lieutenant Ashton Kouyaté, à mesure que les communications radio lui annonçaient un repli des forces ennemies à l’ouest de la ville. Son unité s’était retranchée dans la zone industrielle, s’efforçant d’économiser ses munitions face à l’importance des forces ennemies susceptibles de transiter sur leur position. Et à l’exception des unités de francs-tireurs, les miliciens claniques passaient effectivement sans demander leurs restes, privant d’intérêt la nécessité de les abattre d’une balle dans le dos par les forces héliportées du Lieutenant Ashton Kouyaté.

Mais dans l’attente d’un soutien aérien, les hommes du Lieutenant étaient contraints d’affronter les francs-tireurs de Jaonarison, bientôt rejoints par les premiers détachements de soldats appartenant à la garde d’élite de Jaafi Tsiandopy. Une présence peu enviable pour les commandos des forces gouvernementales mais la nouvelle avait pour elle une autre signification, le seigneur de guerre Jaafi Tsiandopy était dans les parages et nul doute qu’il ne tarderait pas à se replier, s’il en était aussi question pour les éléments de sa garde personnelle.

Lieutenant Ashton Kouyaté (forces gouvernementales Hotamte-1) : Dima-1 ici Hotamté-1, répondez.

Au sein du véhicule de commandement, le Général eut tôt de prendre connaissance de cet appel, transmis par un opérateur radio.

Général de brigade Kitwunu Ramadhani (forces gouvernementales Dima-1) : Hotamte-1, ici Dima-1, à vous.

Hotamté-1 : Dima-1, présence de nombreux éléments de la garde personnelle de Jaafi sur secteur A. Présence possible de la cible. Cantonner le support aérien en secteur B. Confirmez.

Dima-1 : Bien reçu Hotamté-1. Je vous confirme le support aérien en secteur B. Terminé.

Le bruit des échanges de tirs prenait un peu plus d’ampleur sur les ondes radio que le Général de Brigade Kitwunu Ramadhani et le Lieutenant Achon Kouyaté se partageaient, obligeant le premier à presser l’aviation légère d’opérer un nouveau survol de la zone et le second à organiser la défense des positions voulues sur la zone industrielle.

Par chance pour les forces gouvernementales présentes sur le secteur A, les véhicules ennemis poursuivaient leur repli sans engagement avec elles, laissant cette tâche ingrate à la charge des éléments d’infanterie qui le suivait et ne pourraient rapidement se soustraire aux tirs des commandos du lieutenant Ashon Kouyaté. Une masse informe de soldats claniques se présenta sur l’axe routier traversant la zone industrielle, plusieurs de ses éléments s’arrêtant le long des éléments de mobiliers urbains, pour tenter d’offrir une couverture au passage de plusieurs véhicules blindés. Observant leur manège, le lieutenant Kouyaté interpella son binôme installé sur le toit du hangar industriel.

Lieutenant Ashton Kouyaté : Abari, ils tentent de faire passer un convoi sous bonne couverture, priorité aux véhicules non combattants…

Sergent Drogo Abari : Compris lieutenant.

Joignant l’acte à la parole, le sous-officier des forces gouvernementales reprit ses positions à plat ventre sur la tôle, collant son oeil au réticule d’une lunette de visée positionné sur un vieux fusil antichar dont les manipulations n’étaient parfois pas aisées eu égard à la vêtusté de ce matériel récupéré sur le marché noir novigradien. Positionné dans l’axe de la route bordant la zone industrielle, le tireur avait le choix de son instant pour faire feu, la cible lui étant facile.

Un premier coup de feu partit en direction du cockpit, bien qu’il eut visé le capot mais sa cible ayant roulé dans un trou au moment le moins opportun. Le tir ne fit aucune victime si ce n’est le pare-brise prétendument blindé qui demeurait maintenant avec un impact de la taille d’un poing fermé. La douille du tir précédemment exécuté demeuré chaude sur le toit qu’un second retentit, touchant cette fois la calandre du véhicule blindé léger, crachant instamment de la fumée blanchâtre. Le conducteur du second véhicule clanique sembla marquer la surprise, tentant de subitement dévier sa trajectoire pour ne pas percuter le véhicule qui le précèdait. Un tir de lance-roquette, opéré par les hommes de la section Hotamté-2 frôla le véhicule avant de frapper une voiture particulière stationnée en bordure de route. Le souffle balaya le véhicule qui vint se garer à la renverse sur la route, finissant d’entraver celle-ci.

Devant pareille scène, plusieurs soldats de la garde du seigneur de guerre Tsiandopy s’étalèrent autour du véhicule accidenté, gageant de l’intérêt qu’il y avait à nourrir pour ses occupants de la part des soldats gouvernementaux. Les tirs continuèrent, les soldats claniques tentant de couvrir l’approche d’un de leurs hommes près du véhicule accidenté, pour scruter à travers la vitre de possibles survivants. Une balle dans la tête, servie par une rafale d’un fusil d’assaut d’un membre de Hotamté-2 le priva de réponse et l’envoi presque immédiat d’un second soldat clanique, pour achever la même tâche, avait convaincu le lieutenant Kouyaté que ses hommes et lui venaient d faire mouche et que Jaafi Tsiandopy gisait certainement en contrebas, à l’arrière du véhicule blindé accidenté.

Le bourdonnement offert par les hélicoptères des forces gouvernementales, arrivant sur le secteur B pour des actions d’appui aérien, entama le moral des forces claniques qui les vit les survoler, avant qu’un bruit sourd et tonitruant ne sembla marquer le début des frappes au sol. Les ondes radio des forces claniques semblèrent grouiller de messages de détresse, à mesure que des colonnes de fumées noirâtres perçaient l’horizon, faisant écho aux roquettes et aux missiles air-sol.

Une agitation palpable pour l’auteur du tir contre le convoi clanique, qui chercha le contact radio avec son supérieur.

Sergent Drogo Abari : Lieutenant, la cible semble immobilisée.

Lieutenant Ashton Kouyaté : Confirmez sa position Abari.

Sergent Drogo Abari : A 4h depuis votre position, nombreux tangos en couverture sur place.

Lieutenant Ashton Kouyaté : Reçu, maintenez le tir de couverture, terminé.

Sitôt la communication coupée, le lieutenant éleva la voix pour son unité l’entourant, contactant les autres par radio. Hotamté-1, avec moi. Hotamté-2 en couverture, Hotamté-3 au contact avec le secteur B. Terminé.

Le lieutenant Kouyaté et son unité se détachèrent de la zone industrielle, opérant différents tirs à mesure qu’ils progressaient le long de l’axe routier où le convoi clanique avait été immobilisé. La sortie des forces gouvernementales et leur pugnacité avait eu raison des francs-tireurs de Jaonarison, dont les forces allaient maintenant se disperser. Seules subsistaient les troupes d’élite du clan Tsiandopy, exécutant un feu nourri vers les commandos qui progressaient lentement mais durablement sur la position du convoi accidenté. Les forces de Hotamté-2 opéraient quant à elles des tirs de couverture depuis les plots bétonnés qui marquaient le début de la zone logistique. Une protection appréciable, qui permit de tenir en respect les ennemis jusqu’ici présentés en surnombre. La section Hotamté-3 était quant à elle partie au contact de possibles renforts claniques sur le secteur A, elle organisait ainsi donc un goulot d’étranglement au moyen de plusieurs structures à étages, marquant l’arrivée sur la zone industrielle. Si les tirs de Hotamté-3 faisaient mouche, la diminution des munitions était palpable, considérant le flux continu d’ennemis qui s’imposait à eux sur l’axe, et plus encore après le second survol de l’aviation légère.

En formation trinôme, trois groupes affiliés à la section Hotamté-1 étiraient leurs positions derrière les obstacles urbains, organisant des tirs de riposte systématisés face à toute manifestement de vie qui se présentait face à eux, n'ayant cure des supplications ainsi que des constitutions prisonniers faites par les soldats claniques. L'un d'eux, agenouillé et main en l'air, se vit même achevé d'une balle logée dans le front, dont le tir à bout portant avait exfiltré le cervelet à l'arrière du crâne.

Plusieurs lancers lobés de grenades furent échangés entre les forces du lieutenant Kouyaté et celles claniques, organisées en protection des véhicules accidentés. Les équipages du véhicule immobilisé par une munition antichar dans la calandre étaient descendus pour défendre à leur tour le véhicule toujours stationné sur le flanc. Le lieutenant Kouyaté descendit deux tangos d'un tir semi-automatique, calme et méthodique, tandis que ses cibles s'étaient exposées pour lui donner le change. Une troisième cible fut abattue par un coéquipier du lieutenant, qui n'était autre que le sergent Abari, installé sur les toits plus loin.
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26 décembre 2009 - CONFIDENTIEL - Capture de Jaafi Tsiandopy - partie 2 sur 2


Passage des hélicoptères
Hélicoptère de l'aviation légère mandrarikane, dédié à l'évacuation.


La neutralisation des éléments de la garde rapprochée de Jaafi Tsiandopy permit une approche rapide du véhicule accidenté par le commando du Lieutenant Ashton Kouyaté. Partagées entre la retraite et la lutte farouche des unités commandos gouvernementales, les forces claniques combattantes passant par la zone industrielle ne demandaient pas leur reste et semblaient peu déterminées à offrir un quelconque support armé au seigneur de guerre qu’ils servaient précédemment.

Partout dans la ville, des colonnes d’une fumée noire s’annonçaient, striant le ciel azur pour préparer les forces claniques à une prochaine victoire des forces gouvernementales mandrarikanes. Les fuyards, qu’ils soient affiliés aux seigneuries de guerre Tsiandopy ou Jaonarison, convergeaient vers la même position en secteur Alpha, se heurtant mais sans réelle combativité, aux groupes commandos du Lieutenant Kouyaté.

Les lâches empruntant l’itinéraire, purent apprendre au passage de la zone industrielle, que la figure de proue de la Seigneurie Tsiandopy était tombée dans une embuscade des forces gouvernementales. Personne ne pouvait pour l’heure, affirmer si la tête du clan en avait été coupée. A dire vrai, peu iraient s’en soucier, la nécessité de sauver leurs vies primant sur tout instinct grégaire. La brutalité de l’assaut gouvernemental et le caractère soudain de la réplique armée fournie par les commandos du secteur A, avaient pour ainsi dire, liquéfié la valeur martiale des troupes claniques engagées, traversant les ruelles sans formation militaire quelconque. Une situation qui n’était pas faite pour amoindrir leurs pertes lorsqu’au détour d’une ruelle ou d’un carrefour, elles s’exposèrent sur la ligne de mire des tireurs de l’armée nationale mandrarikane, placée sous le commandement du Lieutenant Kouyaté et littéralement galvanisées par la réussite de cette embuscade qui avait pourtant laissé beaucoup de place au hasard, quant à la probabilité que le Seigneur de Guerre soit exfiltré par cette zone industrielle.

Une silhouette bien connue et pourtant redécouverte maintenant qu’elle se tenait face à eux, était extirpée avec peine du véhicule fumant. Jaafi Tsiandopy était manifestement une figure allégorique des crimes et sévices infligés en terres mandrarikanes, pourtant dans l’instant présent, il leur apparaissait comme un vieillard rachitique et fragile, dont le moindre des mouvements avait vocation à être guidé.

Une vision biaisée de la menace qu’il était, ou qu’il fut, dès sa mise aux arrêts par les hommes des sections Hotamté sous le commandement du lieutenant Kouyaté. La capture de Jaafi Tsiandopy sonna la fin de mission pour les unités héliportées du lieutenant Kouyaté, qui put à ce titre contacter le quartier général pour solliciter son exfiltration.

Hotamté-1 : Dima-1, ici Hotamté-1.

Dima-1 : Ici Dima-1, sur écoute.

Hotamté-1 : Confirmons la capture de la cible, demandons l'extraction immédiate du secteur alpha.

Dima-1 : Bien pris Hotamté-1. Un EVASAN est-il nécessaire?

Hotamté-1 : Négatif Dima-1, cible consciente et mob… * bruit d’une explosion liée à la combustion des carburants encore présents dans un véhicule accidenté * médicalisé nécessaire.

Dima-1 : Hotamté-1, collationnez.

Hotamté-1 : Je collationne. Cible consciente et mobile, aucun support médicalisé nécessaire au point d’extraction.

Dima-1 : Bien reçu Hotamté-1, on vous envoie le bus volant, beau travail !

La pression sembla retomber de plusieurs crans instantanément, après que le lieutenant eut indiqué à ses hommes que l’évacuation était en chemin. Le regard du nouveau prisonnier qu’était Jaafi se trouva livide, fixant la terre de sable rouge, pour ne pas dire rougie du sang des années de guerre civile, comme si c’était la dernière fois que cela lui était permis. Un son vrombissant perça plus tard le ciel, annonçant le passage de l’hélicoptère dédié à l’évacuation, flanqué de deux hélicoptères de combat en vol stationnaire. Les soldats du lieutenant Kouyaté quittèrent tour à tour leurs positions, rejoignant celui-ci en compagnie de la cible. Une partie des soldats du lieutenant évacueraient par voie terrestre, la ville définitivement acquise aux forces gouvernementales après l’arrêt des derniers combats en centre-ville et l’évacuation en mauvais ordre des combattants claniques y demeurant.

Vue aérienne de Tiadougou et les manoeuvres gouvernementales.
Cartographie de Tiadougou et ses derniers combats - clic gauche pour agrandir
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17 avril 2013 - CONFIDENTIEL - Après ses défaites militaires successives, les Forces Claniques Combattantes sont confrontées au mercenariat étranger.


brasero
Braseros installés aux abords de la ferme.

La capture de Jaafi Tsiandopy, dans l’attente de son procès et l’arrivée des mercenaires étrangers auprès des nouvelles implantations minières du pays, réhaussent les leviers d'action déployables contre les forces claniques combattantes, à commencer par l'emploi de sociétés militaires privées.

A l’oeil nu, l’horizon semble impénétrable, la faute à une nuit noire et suffisamment opaque pour effacer à la vue la blancheur du sable et des poussières qui composent une grande partie de la topographie locale. Mais la quiétude offerte par le manteau nocturne semble ne rien promettre de la suite à des miliciens du clan Jaonarison en faction aux abords d’un campement. Une arme sommaire en bandoulière autour de l’épaule, sans équipement de vision nocturne quelconque, les sentinelles fixent des braseros au loin, chargés d’annoncer l’entrée du campement.

Une mesure nécessaire, puisque sur les petits reliefs qui cernent l’endroit, une escouade de plusieurs silhouettes noires, serpente sur son versant l’arme au poing.

Couverte par l’obscurité, l’unité du capitaine Ezequies Villagrà prend position autour de ce qui d’apparence semble être une bergerie. Mais l'observation prolongée du site ne tarda pas à confirmer les premiers renseignements récoltés auprès des populations, notamment par le caractère régulier des rondes que s’imposent plusieurs hommes armés autour du bâtiment. S’il est monnaie courante d’apercevoir des bergers en armes pour défendre leur cheptel des voleurs ou des prédateurs sauvages, la présence de deux fusils d’assaut parmi eux et le chant familial des Jaonarison entonné par un combattant passablement ivre, vint contraster les idées préconçues sur cette vieille ferme plongée dans une quiétude trompeuse.
Les mercenaires, installés sur le versant d’une colline à environ 250 mètres, passaient la scène sous une lunette infrarouge, pour dénombrer l’étendue du nombre des vies qui occupaient l’endroit.

Manifestement, le corps de ferme captait davantage l’intérêt des sentinelles, que le cheptel présent sous les hangars voisins. Bien qu’une petite enceinte venait soustraire à la vue ses occupants, des figures infantiles avaient été décelées et corroborées l’idée selon laquelle une figure éminente des Seigneuries de guerre s’était réfugiée avec sa famille ici.

Jaafi Tsiandopy capturé par les forces gouvernementales, Mukhtaar Andrianjanaka retranché dans son fief et Dacar Jaonarison attaqué sur ses propres terres par la Seigneurie de guerre Mamangy, alliée au gouvernement, les chefs de clan des Forces Claniques Combattantes apparaissent plus fragilisés que jamais. Une faiblesse perçue par les autorités mandrarikanes, qui prennent le parti de recourir au mercenariat pour tenter de définitivement neutraliser la menace qu’ils représentent, indépendamment du risque de représailles qui pourraient en découler dans le cas d’un échec.

La neutralisation, au sens propre ou figuré, de Dacar Jaonarison, serait un coup décisif porté aux Forces Claniques Combattantes (FCC), car cela signifierait qu’il ne resterait plus qu’en son sein, un clan majeur et très largement majoritaire pour la gouvernance de l’alliance : Mukhtaar Andrianjanaka. Paradoxalement, offrir une forte visibilité à Mukhtaar Andrianjanaka et son clan, au sein de l’alliance des Forces Claniques Combattantes, serait synonyme d’un affaiblissement sur le plan politique car des seigneuries mineures n’auraient plus de leviers pour contrebalancer le pouvoir des Andrianjanaka, notamment en sollicitant audience auprès des Tsiandopy ou des Jaonarison. Les deux figures apparaissant sur le déclin, en détresse ou en cavale, Mukhtaar Andrianjanaka peut instaurer ses décisions avec plus de largesses, au risque de pousser les clans mineurs ayant rejoint les Forces Claniques Combattantes, à se désolidariser.

Mais si les Andrianjanaka approchaient du fil du rasoir, c’était sans comparaison avec la situation actuelle des Jaonarison, contraints à la clandestinité après l’invasion globale des Mamangy, repoussée avec beaucoup de peine. Effectivement et même si la ligne de front avait été percé et le gros des forces Mamangy défaites, il était permis de penser que des secteurs du fief Jaonarison étaient désormais en insécurité, par la présence probable des troupes résiduelles Mamangy en embuscade dans l’arrière pays.

Aussi les forces du Jaguar Paltoterran, mandatées par le gouvernement mandrarikan avaient des chances de trouver sous ce renseignement, la planque d’un Dacar Jaonarison clairement aux abois et maintenu en vie par des excès de paranoïa…

Vue aérienne de Tiadougou et les manoeuvres gouvernementales.
Vue aérienne de la planque de Dacar Jaonarison - clic gauche pour agrandir
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