Cabinet des affaires étrangères de Loduarie

Camarade,

Expédions les politesses. Je ne suis pas sûr que les mots d'un représentant du Grand Kah sur votre excellente gestion de la reconstruction de votre pays vous inspirent grand-chose d'autre que les occasionnels soupirs que l'on réserve aux excès de politesse de parfaits inconnus. Vous n'avez pas besoin que l'on vous dise que votre révolution a été un succès, ni que ce succès politique s'est accompagné d'un succès gouvernemental en ce qui concerne la reconstruction de votre pays après la tentative fascisante ayant menacée sa démocratie.

Vous connaissez peut-être le Grand Kah, de nom ou de réputation. Il est vrai que nous ne sommes pas exactement discrets, quand bien même nous le voudrions. Le Grand Kah est, en termes simples, un ami de la Liberté et un ennemi des oppressions. Oppressions capitalistes, impérialistes, colonialistes, fascistes ou toute autre. Par conséquent cela fait du Grand Kah un ami de votre jeune république.

En théorie nous évitons un maximum d'ingérer dans les affaires d'autres pays, et l'Eurysie est déjà bien assez instable sans que l'une des premières puissances du monde ne se mette à y répartir des mises. Ce n'est de toute façon pas notre but. La situation est la suivante : le Grand Kah a une histoire relativement similaire à la vôtre en ce qui concerne ces dernières années. Notre Union a aussi été menacée par une brève tentation fasciste, incarnée par le retour au pouvoir d'une vieille famille impériale et d'une junte de dégénérés, consanguins, réactionnaires et chemises brunes à l'ancienne comme on en fait plus vraiment et comme, de toute façon, on ne devrait plus en faire. Durant cette brève tentative de ramener notre union deux siècles dans le passé, les fascistes ont permis aux Kah-tanais de s'accorder sur deux points que l'on peut considérer comme essentiels.

– Les bourgeois ne sont pas des êtres humains.
– Les bourgeois feront tout leur possible pour déraciner les tentatives par le peuple d'être traité comme des humains.

Nous compatissons naturellement à votre situation, et vous contactons à ce sujet. Il est évident que votre régime est potentiellement en danger, de par sa nature politique seule. Il est aussi évident que vous ne pourrez pas compter sur des partenaires capitalistes pour vous aider à vous défendre, en témoigne le récent refus que votre administration aurait essuyée auprès des industries Jashuriennes.

La Convention Générale, que je représente, a décidée de vous venir en aide.

Nous avons pris connaissance de l'appel d'offre publié par votre armé. Les prix que vous demandez sont bien en deçà de ceux du marché. De fait nous doutons que qui que ce soit vous réponde. L'Union pourrait cependant vous vendre l'armement que vous désirez, à un prix inférieur à ceux du marché, et sous réserve d'un paiement rétrospectif. Cette solution vous laisserait le temps de rassembler les fonds nécessaires à un paiement sans retarder durablement vos efforts de réarmement.

Nous pensons que cette main tendue pourrait s'accompagner de mesures plus diplomatiques telle que l'ouverture d'ambassade ou l'envoie d'officiers formateurs de l'Union sur votre sol pour assister votre armée dans sa remobilisation. C'est à vous de nous dire en quoi l'Union pourrait vous êtes utile.

Veuillez agréer, camarade, l'expression de mes salutations distinguées.